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Labo-Cité : pourquoi une bibliothèque sans livres ?
Ressi — 31 décembre 2016
Florent Dufaux, Bibliothèques municipales de la Ville de Genève
Labo-Cité : pourquoi une bibliothèque sans livres ?
Introduction
Entièrement dédié au numérique, le Labo-Cité a consisté en un espace temporaire public dans la salle d’exposition de la Bibliothèque de la Cité, principale succursale du réseau des Bibliothèques municipales de la Ville de Genève (BM) entre le 20 septembre 2014 et le 25 avril 2015.
Durant ce laps de temps, la bibliothèque allait faire peau neuve et ses collections seraient inaccessibles. Il s'agissait donc à la fois de proposer une prestation originale et d’évaluer les besoins et attentes des publics en matière de numérique afin d'alimenter le nouveau projet culturel de la Bibliothèque de la Cité. Cette expérience visait aussi un objectif de formation des collaboratrices et collaborateurs du réseau dans le domaine.
Bien que situé dans la « centrale » des BM, le projet a impliqué l’ensemble du réseau (6 bibliothèques de quartiers, le Bibliobus et les services de traitement des documents), ainsi que la Direction des systèmes d’information et de communication de la Ville de Genève. Une équipe de projet a vu le jour afin de s'occuper des différentes phases d’études et de mise en œuvre, mais aussi d’intégrer l’ensemble des services compétents. Ce groupe s’est penché sur la définition du périmètre du projet, sur l’organisation du Labo-Cité ainsi que sur la sélection des ressources numériques.
Afin d’obtenir un certain impact, il a été souhaité que cet espace soit ouvert toute la semaine (du mardi au samedi) de 10h à 17h et qu’un programme de médiation spécifique soit établi. Il fallait donc pouvoir accueillir le public et organiser des activités, tout en répondant à notre objectif de formation interne. Un appel à candidature a été lancé sur l’ensemble du réseau des BM, dont le résultat a dépassé nos attentes. 52 collaboratrices et collaborateurs se sont portés volontaires pour participer à la phase opérationnelle, soit un peu moins d’un tiers des employés. Parmi eux, 16 s’étaient annoncés pour participer à la mise en œuvre d’un programme de formation des usagers.
Un partenariat a été établi avec la Haute école d’art et de design (HEAD) pour la création de l’espace et de sa signalétique. Cette collaboration avec la HEAD a représenté une réelle plus-value. Sur le plan du rendu bien entendu, puisqu’elle nous a permis de bénéficier d’un travail de scénographie de qualité professionnelle, mais aussi grâce aux échanges qu’elle a impliqués. En effet, confronter notre idée de la bibliothèque numérique aux enseignants et étudiants d’autres domaines ainsi qu'à leurs propres représentations s’est avéré riche d’enseignements.
Ressources numériques proposées
La période du Labo-Cité a permis de développer, mais aussi de mettre en évidence les ressources numériques proposées par les BM. Les équipements et plateformes suivants ont été mis à disposition :
- 9 postes informatiques pour la bureautique et l’accès à Internet.
- 20 iPads
- 10 iPads avec une sélection d’applications jeunesse
- 10 tablettes Android
- 6 liseuses
- Réseau Wifi
- PlayStation 3
- Sélection de jeux vidéo sur PC
- Sélection de jeux vidéo sur tablettes (iPad et Android)
- LeKiosk : kiosque numérique sur tablette, à consulter sur place
- PressReader : kiosque numérique permettant le téléchargement de journaux et magazines
- Iznéo : bande dessinée numérique, à consulter sur place[i]
Un point critique du Labo-Cité aura été l’échec de la mise à disposition de la plateforme de prêt de livres numériques PNB. Notre communication, tant en interne qu’en externe, avait été largement axée sur ce point, puisqu’il représentait un levier évident de la question du numérique en bibliothèque. Malheureusement, le déploiement de notre nouveau catalogue qui devait permettre d’y accéder n’a pas pu être réalisé par le prestataire. Cela montre bien, s’il le fallait encore, le rôle central et critique de la technique dans ce domaine. Cet échec a touché l’ensemble des ressources numériques prévues pour être accessibles à distance :
- Autoformation (Toutapprendre, Orthodidacte et Vodeclic)
- Europresse, archives de presse.
- Livres jeunesse avec La Souris qui raconte
- Livres numériques.
La programmation et les activités de médiation
Des échanges que nous avions pu avoir avec des collègues ayant mené des expériences similaires auparavant, notamment au Labo BNF[ii], nous avaient convaincus de la nécessité d’animer un tel espace numérique. La programmation du Labo Cité avait donc pour objectif de proposer à un large public des activités permettant d’aborder les différents aspects de la culture numérique et d’en devenir des acteurs. Il s’agissait aussi de mettre en lumière les enjeux du numérique dans le domaine culturel en général et dans les bibliothèques en particulier, aussi bien pour les publics jeunesse qu’adultes.
La programmation se déclinait en 3 axes que nous avions décrits de la manière suivante dans notre note de cadrage du projet :
- Ateliers donnés par les bibliothécaires
Les ateliers proposés par les bibliothécaires des BM constituent le corps de la programmation. Dans le prolongement des missions et des collections « physiques » des bibliothèques, ils proposent un panorama des ressources en information, documentation, culture et loisirs auxquels le web donne accès, tout en offrant des outils très pratiques pour favoriser l’accès des toutes et tous.
- Ateliers créatifs
Des intervenants sont mandatés pour conduire des ateliers d’initiation à la création artistique ou d’information numérique. Leur objectif est de montrer que le numérique offre des outils accessibles tout en montrant l’importance du geste artistique ou d’une méthodologie pour la création d’information.
- Rencontres-débats
Les conférences donnent une perspective plus large sur les enjeux du numérique, dans le domaine culturel, mais aussi si possible dans la société en général.
Mise en œuvre : bilan de l’activité
Utilisation des ressources numériques proposées
L’augmentation du nombre de postes informatiques, de 4 auparavant dans la Bibliothèque de la Cité à 9 postes, a immédiatement suscité une fréquentation supplémentaire. Le nombre d’utilisations des postes a presque doublé pendant la période du Labo-Cité et est restée stable à la réouverture de la bibliothèque, où nous avons choisi de conserver le même nombre de machines. Sur la période du Labo-Cité, nous avions 78 sessions Internet par jour en moyenne.
Les tablettes et autres appareils mis à disposition ont été relativement moins sollicités pour ces usages individuels. Les iPads « adultes », qui ont été les plus utilisés (547 fois au total), ne l’ont été que 4 fois par jour en moyenne. Ces tablettes ont surtout servi aux séjourneurs les plus assidus à prolonger leurs sessions Internet, limitées sur les PC. Les tablettes Android ont été peu demandées par le public, en dehors de quelques personnes connaissant ce matériel et le préférant aux iPads. Nous n’avions par ailleurs pas choisi la meilleure méthode de mise à disposition des tablettes, fournies sur dépôt d’une pièce d’identité, ce qui s’est révélé lourd en termes de gestion et nuisait à la mise en valeur de la prestation. De même, les jeux vidéo, que ce soit sur tablette, PlayStation ou PC ont été très peu demandés pour une utilisation individuelle.
Programme de de médiation
58 activités ont été organisées pendant la période du Labo-Cité, qui ont réuni 648 participants[iii]. Le nombre de visiteurs uniques peut être évalué grâce aux inscriptions aux ateliers. 186 personnes se sont inscrites pour 250 places, soit pour 1,3 atelier en moyenne. Si l’on reporte ce ratio à l’ensemble des participants, on peut estimer que 500 personnes différentes environ ont participé aux activités du Labo.
Le programme de médiation du Labo-Cité aura probablement constitué l’aspect le plus riche du projet, tant en termes de relation avec le public que de nouveaux partenariats et d’enseignements.
Les ateliers donnés par les bibliothécaires
Cette offre (le livre numérique, la musique en ligne, les podcasts, la presse numérique...) a représenté à la fois un succès de fréquentation et de satisfaction du public et un échec en termes de développement du projet, puisque seules deux bibliothécaires sur les seize volontaires pour ce domaine ont donné deux ateliers, en plus des ateliers conduits par l’auteur et un externe.
Les principaux obstacles cités par les bibliothécaires ont été le manque de temps, le manque de connaissances techniques et compétences en formation des usagers. Bien que la question du temps reste évidemment centrale, celles des connaissances techniques est, de notre expérience, secondaire. Si elle peut constituer un facteur d’appel pour les usagers qui se montrent toujours reconnaissants d’obtenir quelques « trucs », ce sont surtout les contenus qui importent et qui permettent de mettre en avant les compétences des bibliothécaires dans la recherche d’information au sens large. Dans cette optique, l’atelier « Information juridique », proposé par Yves Muhlemann, juriste-bibliothécaire à la bibliothèque du Pouvoir judiciaire, est emblématique. Dans cet atelier, qui a été le plus sollicité par le public, c’est très clairement la connaissance du domaine et la maîtrise de la recherche d’informations ciblées qui étaient primordiales.
En ce qui concerne les compétences en matière de formation des usagers, cela constitue un réel enjeu. Nous avions organisé une brève formation en interne dans ce domaine, avec une demi-journée d’initiation, mais cela s’est révélé insuffisant. Un accompagnement sur le terrain pour la mise en œuvre aurait été nécessaire.
Ateliers créatifs
Ces ateliers organisés avec des partenaires ou mandataires ont demandé comme toutes les activités de médiation un travail de programmation et de définition du projet. La dimension technique apportait une complexité supplémentaire, les intervenants arrivant rarement avec des solutions « clés en main » ou devant s’adapter à nos possibilités techniques.
Le projet « Bouge ton son » proposé par Eklekto[iv] s’est révélé emblématique. S’agissant d’une installation musicale et audiovisuelle pilotée par iPad, plusieurs séances de travail et de tests ont été nécessaires pour déterminer les applications à utiliser et ajuster le projet en fonction du matériel audiovisuel disponible. Au final, avec un matériel relativement modeste, grâce aux compétences et à l’engagement des partenaires, un beau résultat a été obtenu. Cette installation permettait au public de manipuler plusieurs types d’interfaces programmées en midi pour créer ensemble un environnement sonore et visuel et donc, potentiellement, d’appréhender quelques fondamentaux de la musique électronique de manière ludique et artistique.
Des ateliers créatifs plus techniques pour enfants ont aussi été proposés. Ainsi « la Robotique avec Thymio » proposé par Paul Oberson[v] permettait en une après-midi de s’initier à la programmation de ces robots simples créés à l’EPFL[vi]. « Les Princes de l’impression 3D » mené par l’association Kidimake[vii] permettait, à travers une histoire, de découvrir la modélisation et l’impression 3D.
Une activité pédagogique a aussi été organisée par le Service écoles-médias (SEM) du Département de l’Instruction Publique. Il s’agissait d’un parcours en Vieille-Ville proposant des activités à partir d’une carte avec des QR-Codes renvoyant vers des énigmes à résoudre mais aussi des informations à collecter et des interviews à réaliser, le tout à partir d’un iPad. L’ensemble de ces ateliers ont rencontré un beau succès.
Les ateliers créatifs pour adultes, par contre, ont été relativement peu fréquentés (musique électronique, ateliers d’écriture numérique). Ce public se montre peut-être plus timide dans l’expérimentation. Dans ce domaine, seuls les ateliers Wikipermanences, menés par Wikimédia Suisse[viii] pour initier le public à enrichir l’encyclopédie libre ont rencontré un certain succès certainement dû en partie à leur régularité, un atelier ayant eu lieu chaque mois.
Ce type d’atelier nous semble toutefois riche de potentialité. L’Initiation à la musique électronique sur tablette du musicien genevois POL[ix] a donné de beaux moments de partage entre jeunes et âgés, tandis que les « Moulin à parole » portés par Pascal Cottin[xi] représentaient un exemple d’utilisation simple et élégante du numérique pour amener un public vers l’écriture, en utilisant des textes, des images et des sons du domaine public ou libres de droit.
Rencontres-débats
En-dehors de la conférence inaugurale donnée par Pierre Assouline, ce cycle a rencontré un succès mitigé. Il semble que ce format nécessite un travail sur la durée afin de constituer un public, ce que la relative brièveté de notre expérience ne nous a pas permis, malgré la qualité des contenus, comme par exemple le cycle « Questions de littérature numérique » proposé par Infolipo[xi].
Médiation documentaire
Dans cette bibliothèque sans livres, les seuls documents papiers ont paradoxalement été des fiches d’orientation consacrées à différents domaines de l’information numérique : les applications jeunesse, les jeux vidéo, la musique en ligne, la presse numérique et la recherche d’information juridique, proposée par la Bibliothèque du Pouvoir judiciaire. Ces fiches venaient soit compléter un atelier ou proposer un éclairage sur une des offres de ressources numériques. Assez généralistes, elles ont été appréciées des publics peu familiers du numérique. Par contre, le volet numérique de cette médiation documentaire est resté en grande partie négligé, alors qu’une stratégie de communication digitale efficace avait été proposée par le chargé de communication des BM.
Communication digitale
Le Labo-Cité représentait la première expérience d’ampleur des BM avec une communication coordonnée sur les canaux classiques et digitaux, ce qui semblait indispensable vu la thématique. Un blog dédié a été créé et les comptes Twitter et Instagram des BM consacrés prioritairement au Labo-Cité. Les efforts consentis en matière de communication ont porté leurs fruits. Un public non familier de la Cité a fréquenté le Labo-Cité. L’expérience a connu des échos positifs dans la presse avec une dizaine d’articles publiés, aussi bien sur l’ouverture du Labo-Cité que sur les différentes activités organisées. Toutefois, comme avec la formation des usagers, nous avons manqué la phase de transfert auprès des bibliothécaires pour que cette stratégie de communication puisse porter aussi sur la médiation documentaire qui aurait probablement pu prendre alors une autre dimension.
Public du Labo-Cité
La fréquentation du Labo-Cité a été mesurée en continu grâce à la présence d’un compteur de visites situé à son entrée. Une enquête auprès des publics a en outre été conduite en octobre 2014.
Sur la durée de son ouverture, 136 jours sur 7 mois[xii], la fréquentation est restée stable, si l’on excepte les mois partiels de septembre et décembre 2014 et avril 2015 :
Au fil de l’activité du Labo-Cité, il est apparu que celui-ci était en grande partie fréquenté par un public de séjourneurs, déjà présents à la bibliothèque, mais qui s’est trouvé concentré dans cet espace. Cette composition du public a largement été constatée sur place, avec des personnes y passant de longues heures, plusieurs fois par semaine. On le relevait aussi avec l’enquête, dans laquelle on pouvait voir, dès les premières semaines d’activité, un public déjà bien installé, un tiers venant déjà au moins une fois par semaine.
Le public du Labo-Cité était en partie seulement le public de la Bibliothèque de la Cité (79%), l’expérience a donc amené un public spécifique et la stratégie de communication a porté ses fruits. A l’inverse, certains habitués de la Cité n’étaient pas au courant de la fermeture et se sont déclarés peu intéressés par cet espace numérique et attendaient la réouverture de la bibliothèque, sans toutefois en comptabiliser le nombre d’occurrences.
Fig. 1 : fréquentation des BM dans les 12 derniers mois
Analyse
Attentes des publics
La partie consacrée aux attentes des personnes interrogées nous permet de mettre nos constats en perspectives et proposer quelques éléments d’interprétation. Elle montre des usages et modalités d’accès très similaires à celles de l'ensemble de la population suisse. Ainsi 88% des personnes interrogées au Labo-Cité déclaraient avoir accès à Internet à domicile, alors que cette proportion est de 82% pour la Suisse romande[xiii]. Les intervalles de confiance respectifs des enquêtes font que l’on peut rapprocher les deux populations sur ce point.
Les usages de type documentaire en numérique restent faibles, ce qui conforte le fait que la médiation, culturelle ou documentaire, de nos contenus digitaux s’avère indispensable.
Fig. 2 : activités et contenus consultés en numérique
Les attentes par rapport à une offre numérique sont toutefois précises : les journaux et l’autoformation sont les ressources les plus demandées, suivies de près par la vidéo (VOD – video on demand) et la musique :
Fig. 3 : attentes quant aux ressources numériques à proposer aux BM
Pour les personnes interrogées, une bibliothèque devrait plutôt les aider à se repérer dans les ressources numériques, plutôt qu’offrir des documents numériques remplaçant les supports physiques. Cela conforte notre point de vue sur l’importance d’une médiation documentaire numérique forteresse de la formation :
Fig. 4 : attente quant à la stratégie à adopter par les BM
L’enquête réalisée tôt, ne permet pas de distinguer clairement les publics des activités de médiation et le public de séjourneurs. Toutefois nos observations nous permettent d’affirmer qu'ils ont été très différents et peu mélangés. Les publics jeunesse étaient présents quasi exclusivement dans les animations et les accueils scolaires. Les séjourneurs n’ont pas participé aux activités de médiation qui étaient plutôt suivies par un public « d’usagers emprunteurs adultes », caractéristique particulièrement marquée dans les « ateliers BM ».
L’expérience du Labo-Cité a mis en lumière les caractéristiques, et parfois les problématiques, liées au public séjourneur n’utilisant que l’accès Internet. Le simple fait de pouvoir disposer d’une connexion gratuite dans un lieu sans obligation de consommation se révèle particulièrement attrayant pour ce public, parfois visiblement en situation de précarité. Il reste assez peu concerné par le reste de l’offre de la bibliothèque et en ignore parfois les règles. Une médiation spécifique pourrait constituer une piste et le numérique, un point de contact pertinent.
Formation interne
Les bibliothécaires du réseau constituaient un autre public du Labo-Cité puisqu’ils devaient pouvoir s’y former. Toutefois, comme nous l’avons relevé plus haut, le transfert dans la pratique ne s’est pas effectué, comme par exemple via une participation à la formation des usagers ou le développement d’une médiation documentaire spécifique. En outre, lors de l’enquête interne réalisée début 2015, l’un des principaux points négatifs relevé par les collaboratrices et collaborateurs impliqués avait été le manque de formation apporté par le Labo-Cité, notamment sur les ressources numériques. Pour corriger cela, une série d’ateliers thématiques destinés au personnel ont été programmés portant sur la littérature numérique, la musique sur le web, la veille, les applications jeunesse, le jeu vidéo et la culture numérique.
L’atelier « culture numérique » consistait, après la présentation des grandes tendances du domaine, en un brainstorming sur leurs applications dans le contexte des BM. Si, comme les autres, il a été riche en idées, celles-ci n’ont pas trouvé de prolongements dans la pratique. Tout cela montre bien, que le numérique cristallise une grande partie des enjeux liée à l’évolution des bibliothèques, qui s’étendent bien au-delà des questions techniques. Il s’agit de trouver un modèle nous permettant d’allier formation et transfert direct dans une pratique. Au-delà des connaissances en matière de numérique, cela implique surtout que les bibliothécaires puissent disposer du temps nécessaire pour développer des projets de médiation. Il s’agit donc d’un véritable enjeu pour l’institution, tant en termes de formation que d’organisation du travail et de gestion des priorités.
Constats quant aux activités de médiation
L’ajustement du projet (public cible, objectifs) et de sa communication, pour rendre clair et attractif le contenu de l’atelier, sont particulièrement importants. Cela paraîtra évident, mais des titres techniques, comme « découvrez le logiciel X », ou « apprenez à coder avec Y », sans parler de « perfectionnez votre recherche dans le catalogue » ne rencontrent aucun succès.
Au-delà du titre, qui doit déjà raconter une histoire, il est nécessaire de proposer une séquence pédagogique solide ou une dimension narrative dans l’atelier afin de tenir le public en haleine, mais aussi de proposer une approche dynamique. Le médiateur peut ainsi proposer des liens avec d’autres contenus et supports pour éviter de se noyer dans des considérations techniques.
Nous avons constaté que les tablettes étaient un support à privilégier. Largement utilisées aujourd’hui, elles permettent de se distancer du support ordinateur et des a priori qu’il peut encore susciter. Les tablettes proposent aujourd’hui des applications pointues (interfaces de musique électronique, application d’initiations à la programmation...) Cela demande toutefois des compétences techniques pour la préparation des ateliers et parfois un peu de bricolage, par exemple pour le partage des fichiers entre applications ou simplement de l’impression. Elles permettent aussi une relative autonomie de la bibliothèque et des médiateurs, ce qui n’est pas toujours possible avec les ordinateurs de bureau, souvent bridés par les services informatiques.
Focus sur le jeu vidéo
Le jeu vidéo représente à lui-seul une des grandes problématiques liées au numérique en bibliothèque. Bien qu’on puisse le situer dans la continuité des œuvres présentées traditionnellement en bibliothèque de par ses dimensions graphiques, narratives et musicales, il est aussi un pur produit de la culture numérique, avec des logiques et des usages propres qui restent encore mal connus ou parfois mal compris des bibliothécaires.
De fait, bien qu’on puisse en constituer des collections, comme cela a été fait lors du Labo-Cité, avec un axe sur l’édition indépendante et la création suisse, les possibilités en termes de prêt restent limitées ; cela en fait un champ hors-normes pour le bibliothécaire de lecture publique. De plus, comme indiqué plus haut, une offre de jeu en self-service n’est pas adoptée spontanément par un public non familier. Cela implique qu'une politique de médiation d’autant plus solide doive être engagée sur cette thématique. De par sa richesse et son aspect spectaculaire, le jeu vidéo peut constituer un champ idéal pour expérimenter et développer la médiation et la culture numérique en bibliothèque.
Lors du Labo-Cité plusieurs pistes ont été explorées : conférences (l’histoire, les métiers), rencontres (journée du jeu vidéo avec des éditeurs suisses-romands) et présentation de jeux (apéro jeux vidéo). Nous avons eu la chance pour cela de pouvoir nous appuyer sur les connaissances et le réseau d’un spécialiste de la question, Sandro Dall'Aglio[xiv]. Ces événements ont esquissé l’idée que le jeu vidéo est un domaine de création qui peut être accessible en Suisse et que cette thématique, au vu de la fréquentation de la journée jeu vidéo, semble intéresser le public.
Une médiation documentaire est aussi nécessaire dans ce domaine qui se révèle riche et varié. La sélection a été commentée et explicitée sous forme de fiches évoquées plus haut. D’autres mode de médiation documentaire sont certainement envisageables (liens avec d’autres œuvres de fiction ou documentaires, sélections thématiques, conseils personnalisés…).
Conclusion
L’expérience du Labo-Cité aura confirmé le rôle que les bibliothèques peuvent jouer dans l’accès aux nouvelles technologies mais aussi comme lieux de réflexion sur l’impact du numérique dans la culture et la société.
La médiation culturelle et documentaire que nous pouvons développer dans ce domaine peut aider des personnes aux profils variés à s’orienter dans une offre informationnelle et culturelle foisonnante, à mieux appréhender les enjeux du numérique et à en devenir acteur. Ces propositions sont à même d'intéresser nos publics actuels, mais aussi nous permettre d’en gagner de nouveaux. La médiation des cultures numériques peut se développer grâce à des partenariats. Il existe une réelle émulation dans ce domaine et les bibliothèques y possédent une certaine légitimité. Ces collaborations, quels que soient leurs termes, paraissent indispensables, la bibliothèque ne pouvant maîtriser toutes les compétences nécessaires pour animer un programme de médiation fourni. Les bibliothécaires de leur côté doivent quitter la logique des supports qui consiste à rechercher en numérique des copies de leur collections physiques – des ebooks, des disques et vidéos en téléchargement ou streaming – pour adopter les nouveau modes de diffusion du web et développer une véritable médiation documentaire numérique ou former leurs publics à la gestion de l’information, plus qu’à sa recherche.
Cette expérience a aussi montré que l’idée d’une « bibliothèque sans livres », exclusivement numérique, ne faisait pas sens dans notre contexte. Non seulement elle ne correspond pas à la représentation que le public se fait d’une bibliothèque, mais se couper de nos riches ressources « physiques » reviendrait à ignorer une part incontournable des contenus et surtout, de notre environnement culturel et de nos publics. Cette bibliothèque sans livres aura aussi, comme nous l’avons souligné, manqué de connexion avec les bibliothécaires eux-mêmes et un travail important reste encore à effectuer pour les former et instiller une « logique du numérique » dans leurs activités, sans que cela représente une rupture.
Stratégies pour l'avenir
Concrètement, nous avons identifié trois axes qui nous permettront de développer notre stratégie en matière de numérique pour la bibliothèque de la Cité, mais aussi l’ensemble du réseau des BM.
Les bibliothèques doivent rester un point d’accès au numérique en termes d’équipements et de ressources. Les usages mobiles deviennent majoritaires et l’accès au wifi doit donc être développé dans les bibliothèques. Toutefois certains publics, notamment les séjourneurs, apprécient encore de disposer d’équipement fournis par l’institution. Celle-ci doit toutefois les diversifier, notamment avec des tablettes qui représentent surtout des supports utiles à la médiation.
Par ailleurs, les publics attendent que les bibliothèques leur proposent des documents numériques spécifiques (journaux, autoformation, livres numériques) et il convient de disposer de terminaux pour les mettre à disposition sur place et les « matérialiser ». Cette offre doit être intégrée à la bibliothèque classique.
Une médiation documentaire numérique doit être développée, car le numérique ne fonctionne pas tout seul en bibliothèque comme l’ont montré les usages concrets au Labo-Cité. Jeux vidéo, applications sur tablettes ou ressources en ligne n’ont pas été utilisés spontanément, une grande partie du public se contentant de « surfer » sur des sites connus.
Cette médiation pose la question de la sélection des contenus qui devra se penser dans le cadre des modes de diffusion du web en s’intégrant dans la politique documentaire globale. Les seuls abonnements à des « ressources numériques » ne sauraient suffire pour refléter toute la variété des cultures numériques. De plus, le bibliothécaire ne doit pas uniquement penser portail, dossier documentaire ou service de référence en ligne, mais aussi intégrer les outils de la communication digitale : diffuser une veille, valoriser les traces des activités de médiation sur son blog, proposer ses sélections thématiques à des groupes d’intérêts sur les réseaux. Si ces modes de diffusion augmentent les possibilités, ils ajoutent aussi en complexité, et le bibliothécaire doit s’entourer et accepter l’expertise d’autres professionnels, afin de se concentrer sur les contenus et la mise en valeur des collections.
Les ateliers numériques devraient s’ancrer dans la politique de médiation des BM. L’intérêt du public est notable pour les ateliers liés à la gestion de l’information au sens large, mais aussi pour la création numérique, surtout pour les plus jeunes. Ces ateliers sont le lieu idéal pour faire émerger les besoins des publics, les confronter avec notre offre documentaire et, le cas échéant, l’enrichir. Les quelques mois d’activités du Labo-Cité ont montré que les possibilités de partenariats ou de mandats étaient potentiellement riches sur Genève.
On a vu que l’objectif de formation du personnel n’a pas entièrement été réalisé. Cette dimension doit être mieux prise en compte à l’avenir. Les décalages entre formation et mise en œuvre des projets sont sources de frustration pour les collaboratrices et collaborateurs et représentent une déperdition d’énergie pour l’institution. Il convient de fixer des objectifs réalistes permettant de forger un socle commun. Par exemple, pour le jeu vidéo, tous les bibliothécaires ne pourront rivaliser en termes de connaissances avec les publics de gamers, mais ils devraient posséder des connaissances de base, pour pouvoir au minimum informer les publics, comme ils le font pour les autres collections ou services.
L’expérience du Labo-Cité aura donc montré que les BM doivent dépasser la simple question des « ressources numériques » pour entrer dans les logiques d’usages du numérique de la société actuelle. Les possibilités sont nombreuses que ce soit en proposant des activités de médiation, des cultures numériques ou de la médiation d’information et de contenus culturels numériques, afin de donner une visibilité nouvelle à leurs collections, aux compétences de leur personnel, tout en les développant et en offrant des prestations adaptées à leurs publics actuels et potentiels.
Notes
[i] On trouvera des descriptions détaillées des ressources numériques évoquées sur le site du réseau Carel http://reseaucarel.org
[ii] Le blog du Labo BNF http://labobnf.blogspot.ch/
[iii] L’ensemble du programme de médiation du réseau des BM attire environ 30'000 personnes par année, visites de classes comprises, mais en dehors de la fréquentation des expositions.
[iv] Geneva Percussion Center – Eklekto http://eklekto.ch
[v] http://sem.unige.ch/oberson/homepage/
[vi] https://www.thymio.org/fr:thymio
[vii] http://www.social-in3.coop/kdmk/
[viii] https://www.wikimedia.ch/fr/
[x] http://pascalcottin.jimdo.com/m-p/
[xi] http://www.infolipo.org une partie des interventions peut être retrouvée sur la chaîne YouTube des BM https://www.youtube.com/user/genevebm
[xii] Au mois d’avril, le Labo-Cité n’a été ouvert que pour des activités de médiation.
[xiii] L’accès des ménages à internet et son utilisation par les individus en Suisse : enquête sur les technologies de l’information et de la communication 2014 auprès des ménages. Neuchâtel, Office fédéral de la statistique, 2015
http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index/news/publikationen.html?publicationID=6595
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Editorial
Ressi — 31 décembre 2016
Comité RESSI
Editorial n° 17
C’est un numéro 17 riche en contributions que nous avons le plaisir de vous proposer. Ce numéro couvre les diverses facettes de la science de l’information: la lecture publique, les bibliothèques scientifiques, l’archivage, la conservation numérique, le records management, la veille. Il constitue ainsi un reflet significatif des pratiques, réflexions et préoccupations en science de l’information en Suisse, essentiellement, durant l’année 2016.
Dans la rubrique Etudes et Recherches, vous trouverez une synthèse sur les stratégies et méthodes de collecte de l’archivage du Web, rédigée par Jonas Beausire, assistant à la HEG-Genève, et intitulée L’archivage du web : présentation des méthodes de collecte et recommandations pour l’accès aux contenus – et leur structuration. Cette synthèse recense les différentes approches méthodologiques, les stratégies de collecte, les attentes des chercheurs et propose des recommandations techniques sur les interfaces d’accès aux contenus.
Dans la rubrique « Compte rendus d’expérience », nous vous proposons cinq contributions.
La première, signée Elise Pelletier, assistante au Master de sciences de l’information de la HEG-Genève, intitulée Bibliothèques et quête d’identité résume un Travail de Master qui est une réflexion sur l’identité commune des Bibliothèques municipales de la Ville de Genève ; après la présentation de la méthodologie et des éléments qui composent l’identité, la conclusion revient sur l’importance du dialogue entre élus - bailleurs de fonds- et le Commission des bibliothèques de la Ville de Genève.
On reste à Genève pour la deuxième contribution, toujours centrée sur les bibliothèques municipales : signée par Florent Dufaux, adjoint de direction aux Bibliothèques municipales de la Ville de Genève, l’article Labo-Cité : pourquoi une bibliothèque sans livres ? revient sur l’expérience réalisée à la Bibliothèque de la Cité à Genève qui, pendant son réaménagement, a offert au public, pendant 6 mois, un espace doté de ressources numériques spécifiques, et un programme varié d’ateliers et de rencontres. Cet article en fait le bilan et donne des pistes intéressantes sur les besoins actuels des publics.
On quitte le monde de la lecture publique pour aborder celui du records management et de la gouvernance de l’information avec la troisième contribution, Quelle gouvernance informationnelle pour une PME high tech ?. Rédigé par Aurèle Nicolet, assistant HES, l’article condense un travail de Master consistant en un état des lieux des pratiques de gestion de l’information d’une PME spécifique, Alpes Lasers, une analyse ainsi que des recommandations en gouvernance informationnelle adaptées à cette PME.
Les deux contributions suivantes ont trait aux bibliothèques académiques. L’article InfoTrack, une nouvelle formation en ligne aux compétences informationnelles pour la Bibliothèque de l’UNIGE : retour d’expérience a été co-écrit par trois collaboratrices de la Bibliothèque de l’Université de Genève, à savoir Aurélie Vieux et Anne Ronchi, collaboratrices scientifiques et responsables du projet, ainsi que Laure Mellifluo, bibliothécaire en charge des formations. L’article décrit le contexte du projet InfoTrack, plateforme de formation aux compétences informationnelles, les étapes, la méthode utilisée et en donne un bilan intermédiaire – la plateforme étant disponible depuis septembre 2016 seulement.
L’article suivant insiste, quant à lui, sur la nécessité pour une bibliothèque universitaire de mieux communiquer sur ses services, et notamment sur son service de formation personnalisée. Intitulé Une stratégie de communication pour le service de formation personnalisée de la Bibliothèque de l’EPFL et rédigé par Audrey Bongard, spécialiste de l’information, l’article démontre que les bibliothèques académiques doivent professionnaliser leur marketing pour réellement faire connaître leur offre et leurs compétences.
Dans la rubrique « Compte rendu d’événements », on trouvera un premier article relatant les points forts du congrès de l’association professionnelle BIS (Bibliothèque Information Suisse), qui a eu lieu à Lucerne du 31 août au 3 septembre 2016. L’article, rédigé en allemand par Herbert Staub, président de BIS, s’intitule Bibliothek und Politik, les liens entre bibliothèques et politique - dont leur visibilité - étant le thème du congrès. Celui-ci a battu des records de participation, puisqu’il a réuni plus de 500 personnes et plus de 40 exposants.
Le deuxième article de la rubrique revient sur le congrès iPRES 2016 : International Conference on Digital Preservation qui a eu lieu à Berne, du 3 au 6 octobre 2016, à la Bibliothèque nationale suisse. Ecrit par H. Locher, Responsable de la section Services en ligne à la Bibliothèque nationale, il décrit, sur un ton à la fois personnel et vivant, quelques temps forts des conférences et ateliers de travail qui ont été proposés à plus de 300 participants.
La troisième contribution de la rubrique est un compte-rendu de la dernière Journée franco-suisse sur la veille stratégique et l'intelligence économique, la 13ème, qui a eu lieu le 9 juin 2016 à Genève, sur le thème Big data et intelligence économique : rendre le futur moins incertain. Signé par Angélique Broye, étudiante en information documentaire à la HEG de Genève, il rend compte des différentes interventions illustrant en quoi le big data peut aider une organisation à anticiper et à améliorer ses services.
Un dernier article relate le contenu de la troisième Ecole d’été internationale francophone en science de l’information et des bibliothèques, qui a eu lieu à Dakar, à l’EBAD (Ecole des bibliothécaires, archivistes et documentalistes), entre le 27 juin et le 9 juillet 2016. Intitulé La conservation numérique : un enjeu de taille !, co-écrit par plusieurs participants, Eunsu Ahn, Camille Delaune, Hésione Guémard et Colin Harkat (étudiants en Master professionnel de l’ENSSIB), l’article résume des retours d’expérience et exemples de projets de numérisation, ainsi que les visites effectuées pendant cette école d’été.
Finalement, dans la rubrique « Recensions », il vous est proposé de découvrir trois documents.
La première recension est écrite par Alain Dubois, archiviste cantonal du Valais et rend compte de l’ouvrage de Gilbert Coutaz, directeur des Archives cantonales vaudoises, Archives en Suisse : conserver la mémoire à l’ère numérique. Publié en 2016, l’ouvrage passe en revue l’histoire des archives en Suisse, leurs objectifs, ainsi que leurs rôles et les défis actuels auxquels elles sont confrontées.
La deuxième, sous la plume de Karsten Schuldt, adjoint scientifique à l'Institut des sciences de l'information de la HTW de Coire, est en fait une recension groupée de 7 ouvrages parus entre 2013 et 2016 sur les fablabs en bibliothèque. Ecrit en allemand et intitulé Anleitung und Vorschläge für Makerspaces in Biblioteken : Sammelrezension [Guide et propositions pour des fablabs en bibliothèque : recension groupée], il relativise l’engouement démesuré pour les fablabs tout en mettant en valeur les livres jugés véritablement utiles. La conclusion est aussi disponible en français.
Quant à la troisième, rédigée par Jonas Beausire, également auteur de l’article sur l’archivage du Web, elle est un résumé thématique du livre Entretiens, recueil des expériences de quatre anciens directeurs de bibliothèques suisses, à savoir Jacques Cordonier, Alain Jacquesson, Jean-Frédéric Jauslin et Hubert Villard. Cet ouvrage, édité par Alexis Rivier, conservateur à la Bibliothèque de Genève, donne un aperçu intéressant de l’histoire récente des bibliothèques en Suisse romande, ainsi que des défis à venir.
Nous remercions chaleureusement les auteurs pour leurs contributions, les réviseurs, les relecteurs et ceux qui ont contribué à la mise en ligne de RESSI, et nous vous invitons à nous soumettre des propositions d’articles en tout temps.
Le Comité de rédaction
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N° 17 décembre 2016
Ressi — 31 décembre 2016
Sommaire - N° 17, Décembre 2016
Études et recherches :
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L’archivage du web : présentation des méthodes de collecte et recommandations pour l’accès aux contenus –et leur structuration– - Jonas Beausire
Comptes-rendus d'expériences :
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Bibliothèques et quête d’identité - Elise Pelletier
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Labo-Cité : pourquoi une bibliothèque sans livres ? - Florent Dufaux
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Quelle gouvernance informationnelle pour une PME High Tech ? - Aurèle Nicolet
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InfoTrack, une nouvelle formation en ligne aux compétences informationnelles pour la Bibliothèque de l’Université de Genève : retour d’expérience - Auréie Vieux, Laure Mellifluo et Anne Ronchi
- Une stratégie de communication pour le service de formation personnalisée de la Bibliothèque de l’EPFL - Audrey Bongard
Comptes-rendus d'événements :
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Bibliothek und Politik: BIS Kongress Luzern, 31.8.-3.9.2016 - Herbert Staub
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iPRES 2016 - International conference on digital preservation, Berne, Bibliothèque nationale suisse, 3-6 octobre 2016 - Hansueli Locher
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Big Data et intelligence économique : rendre le futur moins incertain - Angélique Broye
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La conservation numérique: un enjeu de taille! Retour sur la 3e École d’été internationale francophone en sciences de l’information et des bibliothèques - Eunsu Ahn, Camille Delaune, Hésione Guémard et Colin Harkat
Recensions :
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Archives en Suisse, Conserver la mémoire à l’ère numérique - Alain Dubois
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Anleitung und Vorschläge für Makerspaces in Bibliotheken: Sammelrezension - Karsten Schuldt
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Les grandes bibliothèques à quatre voix - Jonas Beausire
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Bibliothèques et quête d’identité
Ressi — 31 décembre 2016
Elise Pelletier, Haute Ecole de Gestion, Genève
« Toute bibliothèque constitue en effet un relevé topographique, voire géologique, de l’identité de son possesseur. » (Sfez 2008)
Bien que décrivant les bibliothèques personnelles, cette citation de la philosophe Géraldine Sfez s’adapte aussi parfaitement aux bibliothèques publiques. Du moins, c’est ce que la réalisation d’un mémoire de master sur l’identité des bibliothèques m’a amenée à conclure. Ce travail se basait sur le cas des bibliothèques de la Ville de Genève et était mandaté par le Département de la Culture et du Sport (DCS) par l’intermédiaire de Marie-Aude Python, responsable de l’Unité Projets transversaux. Au fil de ces sept mois, il s’est avéré que le concept d’identité appliqué aux bibliothèques ouvrait un champ de thématiques (pour ne pas dire de problématiques) très actuel pour ces structures. L’intérêt et la difficulté de ce sujet résidait donc dans la sélection d’axes de réflexion à même de répondre aux attentes et besoins du mandant.
A la découverte des bibliothèques de Genève
Alors que certains travaux de master s’effectuent entre les quatre murs banals d’un bureau, ce mémoire m’a conduit dans des lieux extraordinaires, face à des trésors uniques et toujours accompagnée de personnes passionnées par leur métier…
Un « Plan directeur » comme premier pas
Au départ de ce travail se trouvait paradoxalement la fin de la rédaction d’un document : le « Plan directeur 2016-2020 des bibliothèques du Département de la Culture et du Sport de la Ville de Genève » (DCS et Commission 2016) (ci-après nommé Plan directeur). Validé par tous les directeurs-trices des bibliothèques et musées du DCS, il présente huit « axes stratégiques » détaillés en 29 projets, qui proposent des solutions concrètes pour le développement des bibliothèques dans les quatre années à venir. Paru en juin 2016, il est le fruit du travail de la Commission des bibliothèques. Composée de un ou deux représentants de chacune des structures, cette Commission est le lieu privilégié des échanges entre les bibliothèques et le DCS, représenté dans ce cadre par Marie-Aude Python. Ce Plan directeur est aussi le premier document commun publié par les bibliothèques et le DCS. Il est donc l’affirmation d’une volonté de travailler conjointement et se situe dans la lignée des politiques culturelles de la Ville proposées par Sami Kanaan, magistrat responsable du département de la culture et du sport (DCS).
Dans ce contexte, pourquoi venir interroger les fondements de cette collaboration en abordant la question de l’identité commune de ces bibliothèques ? Plusieurs raisons peuvent expliquer ce choix et la première, et aussi la plus simple, est que ce plan a une durée limitée. La notion d’identité organisationnelle, certes plus théorique, ne se limite pas à une période donnée. La deuxième raison est que derrière cette volonté aujourd’hui affichée de travailler ensemble se cachent des services qui « par leurs missions, leurs publics cibles et leur taille, [sont] de natures très différentes » (Bezençon 2014). En effet, quand on parle des bibliothèques administrativement gérées par la Ville de Genève, on compte six structures : le Service des bibliothèques municipales (BMU), la Bibliothèque de Genève (BGE), la Bibliothèque des Conservatoire et Jardin botaniques (CJB), la Bibliothèque d’Art et d’Archéologie (BAA), la Bibliothèque Marie-Madeleine Lancoux du Musée d’Ethnographie de Genève (MEG) et le Service d’information documentaire spécialisé du Muséum d’histoire naturelle et du Musée des sciences (SIDoS). Plus précisément, il s’agit de dix-sept sites de bibliothèques, qui sont souvent catégorisés en trois groupes : les bibliothèques de lecture publique, les bibliothèques patrimoniales (fonds anciens et encyclopédiques) et les bibliothèques scientifiques. Chacun de ces sites a développé une identité propre en fonction de ses particularités. La troisième et dernière raison, certainement la plus importante, est liée au contexte général dans lequel s’insère cette collaboration. Si depuis longtemps, les politiques culturelles souhaitent obtenir plus de transversalité entre les services, cette incitation est désormais motivée par une inquiétude croissante expliquée par Marie-Aude Python : « Il y a 20 ans, les bibliothèques n’étaient pas un enjeu politique. Le service n’était pas remis en cause et avait une certaine légitimité. Aujourd’hui, il faut argumenter cette légitimité. Ce service est populaire et est identifié mais il n’est plus à l’abri du débat politique »[1]. Sami Kanaan confirme qu’il existe aujourd’hui un « risque réel » pour la culture et que, dans ce contexte, « il est essentiel d’échanger autour de ces questions avec les politiques mais également avec la population »[2]. Ce « débat politique », et plus spécifiquement son issue positive pour les bibliothèques est « essentiel » : d’une part il conditionne les ressources financières allouées aux bibliothèques mais il questionne également la place accordée aux bibliothèques dans la cité. De là l’importance de fédérer ces structures autour d’une vision commune qui passe par une réflexion sur ce qu’elles sont « ensemble ».
L’objectif de ce mandat était donc de proposer des pistes de réflexion sur une identité commune des bibliothèques qui prenne à la fois en compte leur différence vue dans un sens de complémentarité et leur cohérence avec les politiques culturelles ou, plus largement, avec le territoire de la Ville de Genève.
Qu’est ce que l’identité ?
Puisqu’elle était le cœur de ce travail, il est important de définir brièvement cette notion apparemment simple. L’identité d’un individu est constituée d’un certain nombre de données : nom, origine, éléments d’appartenance… Ces données le caractérisent mais surtout permettent de le différencier de ses semblables. Ainsi, si on prend l’exemple d’une bibliothèque, les données sélectionnées seront différentes si son identité est confrontée à d’autres bibliothèques ou si elle est face à un cadre plus large d’acteurs culturels comprenant des musées, des archives, des théâtres… L’identité se construit en fonction de celles qui l’entourent et les données sélectionnées pour la définir seront différentes en fonction du contexte. L’identité organisationnelle fonctionne de la même manière mais répond à la question « qui sommes-nous en tant qu’organisation ? » (Gombault 2003) et les identités individuelles qui constituent cette identité commune impactent directement sa construction. Le philosophe et sociologue Alex Mucchielli explique que « L’identité est donc toujours plurielle » et qu’elle est « toujours en transformation, puisque les contextes de référence de cette identité (…) sont chacun en évolution du fait même des interactions. » (Mucchielli 2015 p. 10). De ce fait, les données constitutives de l’identité sont multiples. Il répartit ces données dans ce qu’il nomme des « référents identitaires » et propose cinq groupes : les référents historiques, écologiques, matériels et physiques, psychosociaux et culturels. Ces groupes sont ensuite déclinés en liste de déterminants (Mucchielli 2015, p12-14). L’auteur précise que pour spécifier une identité, il faut choisir certains de ces éléments et que « rares sont les définitions identitaires complètes qui utiliseraient tous les déterminants » (Mucchielli 2015, p 43). Le contexte conditionnant la sélection des référents identitaires, il est évident que poser la question « qui sommes-nous en tant qu’organisation ? » en tant que personne extérieure aura des conséquences sur l’identité organisationnelle qui ne peut être complétement définie qu’en interne. Ce constat pose la limite de ce travail de mémoire dont le cheminement était par conséquent dirigé vers des pistes de réflexion et des propositions d’outils à même d’être utilisées par la Commission des bibliothèques pour penser elle-même cette identité commune.
Méthodologie
En accord avec le mandant, l’approche s’est surtout concentrée sur le point de vue des directeurs des bibliothèques, de certains membres du DCS et du magistrat en charge de la Culture et du Sport, même si en réalité l’identité organisationnelle concernait un public beaucoup plus large (on pense ici à l’ensemble des professionnels qui travaillent directement ou indirectement pour les bibliothèques). Plusieurs jalons étaient nécessaires pour baliser cette démarche. Le premier était la visite de plusieurs structures, notamment pour repérer des référents écologiques, matériels et physiques. Le second jalon était l’organisation d’entretiens avec les membres de la Commission, avec certains professionnels du DCS et avec Sami Kanaan, le magistrat en charge du DCS. Le troisième jalon était une grille d’analyse basée sur les référents identitaires d’Alex Mucchielli. Ce cadre théorique permettait d’atténuer l’aspect subjectif de ce travail pour se concentrer sur l’apport d’outils concrets. Un cahier des charges présenté lors d’une séance de la Commission des bibliothèques a servi de guide tout au long de ce projet.
Vers une identité commune :
Le rapide panorama proposé dans la partie suivante a pour objectif de présenter quelques exemples de référents identitaires particulièrement représentatifs des enjeux liés à la construction d’une identité commune.
Déambulation d’un référent identitaire à l’autre…
Déterminer les référents historiques qui lient les bibliothèques de Genève constitue un travail d’envergure vu l’âge de la majorité d’entre elles. Il était difficile sans connaissance historique préalable de retracer parallèlement l’origine et l’histoire de chacune des structures. Pourtant, il est certain que le lien entre les bibliothèques et l’Histoire de la Ville de Genève est porteur de beaucoup de sens dans la réflexion sur leur identité. A titre d’exemple, Alain Jacquesson, ancien directeur de la Bibliothèque de Genève (BGE), relève que « on ignore généralement qu’elle [la BGE] fut à l’origine de la lecture publique à Genève » (Jacquesson 2015, p.9). Cette anecdote historique a un écho particulier aujourd’hui où il existe une séparation très visible entre bibliothèques scientifiques et bibliothèques de lecture publique. On peut également citer les traces historiques laissées par les nombreux mécènes et autres donateurs, qui ont grandement participé à la construction des bibliothèques de la Ville de Genève. Ce mémoire se concentre plus sur les « événements marquants » récents car ils étaient plus facilement identifiables et comparables. Par exemple, en à peine dix ans, sur les six structures, quatre ont changé de direction et sur les quatre nouveaux directeurs, trois n’ont pas de formation spécifique dans le domaine des bibliothèques. Face à ce constat, deux visions légitimes s’opposent. D’un côté, l’impression d’une remise en cause des compétences et de la formation des professionnels et de l’autre la volonté d’apporter de nouvelles compétences spécifiques pour mieux appréhender les changements liés à l’évolution de la société. Or ce débat ne peut pas se résoudre dans un positionnement manichéen du pour ou contre mais doit se réfléchir communément en prenant en compte les tenants et aboutissants des deux visions. Si les changements de direction sont des « événements marquants » porteurs d’une dichotomie, d’autres exemples ont des aspects très fédérateurs. L’arrivée du numérique est un événement qui a profondément modifié les bibliothèques de Genève et d’ailleurs. Souvent sources des débats sur leur avenir, le numérique s’avère un réel catalyseur pour la mise en place de projets transversaux. Pour preuve ; la Commission des bibliothèques est née de la volonté des professionnels de gérer les difficultés qui concernaient des questions informatiques. Cette même Commission est à l’origine du premier service transversal à l’ensemble des bibliothèques : InterroGE[3]. Né en 2013, ce service de renseignement à distance est une vitrine concrète de la complémentarité des structures. Plusieurs responsables le citent comme un « événement marquant » car il transforme l’accès aux ressources documentaires et pose la question du rôle du bibliothécaire. Les changements de direction ou l’arrivée du numérique sont des événements récents mais qui influencent déjà l’identité organisationnelle. En interrogeant la question des origines, les référents historiques anciens ou plus récents explicitent la composition et la structure actuelles des bibliothèques.
Les référents écologiques s’intéressent au contexte externe de l’identité et les deux approches présentées ici concernent la répartition et la visibilité des bibliothèques dans Genève. La carte des sentiers culturels « D’une bibliothèque à l’autre » (Ville de Genève et Service de la promotion culturelle 2016) offre un aperçu général du positionnement des dix-sept sites dans la ville. Cette carte récente montre une répartition équilibrée des structures sur l’ensemble du territoire. D’autant plus que ce maillage constitué par les bibliothèques est renforcé par les structures mobiles que sont les Bibliobus et la nouvelle « Mobithèque ». Le nombre important de bibliothèques sur un territoire relativement restreint garantit une relative proximité à toute personne souhaitant se rendre dans une de ces structures. Cependant, si le maillage de la ville est un avantage, il est minimisé par une absence de signalétique. En effet, très peu de panneaux indiquent visiblement la proximité d’une bibliothèque. La plupart s’affiche devant leur porte à l’aide de bannières, pancartes ou totems. La bibliothèque du Museum d’histoire naturelle est difficilement trouvable pour qui ne connaît pas préalablement son existence. Le site des BMU ponctue la présentation de la bibliothèque de la Jonction d’un « Mais où se cache-t-elle donc ? » (BMU 2014). L’exemple de la signalétique est révélateur du travail encore nécessaire pour mieux affirmer la présence des bibliothèques sur le territoire. Pourtant, leurs bâtiments hôtes sont parfois remarquables de par leur aspect historique ou architectural. Leur positionnement varié est également notable entre parcs et immeuble résidentiel. Le tableau suivant illustre cette variété :
Répartition des bibliothèques par environnement
Globalement, les bâtiments sont perçus par les professionnels rencontrés comme des points forts. Une des limitations évoquées est le manque de place qui devrait en partie se solutionner par la réalisation du projet de « dépôts patrimoniaux » de l’Ecoquartier de la Jonction (Ville de Genève et al. s.d.) évoqué dans le Plan directeur. Ces quelques référents écologiques montrent l’ancrage des bibliothèques dans leur territoire. Les différences entre les bâtiments et la variété des sites doivent être envisagées comme complémentaires pour s’intégrer pleinement à la notion d’identité commune.
Les collections sont logiquement l’élément majeur des référents matériels et physiques. Unanimement reconnues comme une réelle richesse, elles sont, par de nombreux aspects, emblématiques de l’identité organisationnelle des bibliothèques de la Ville de Genève. D’ailleurs, plusieurs bibliothèques (la BAA et la BGE notamment) valorisent déjà leur complémentarité par l’intermédiaire de politiques documentaires réfléchies conjointement. Sans détailler ces fonds aussi impressionnants par leur qualité que par leur quantité, un aperçu de ces collections est proposé dans la brochure des sentiers culturels consacrée aux bibliothèques (Ville de Genève et Service de la promotion culturelle 2016). Plusieurs bibliothèques ont pu proposer la photo d’un ouvrage. A côté des livres rares et anciens, la BAA présente « 600 pastilles noires : un livre pop-up pour les enfants de tous âges » de David A. Carter (Carter 2007). Ce petit détail est un signal de l’aspect perméable de la frontière entre le côté scientifique et celui de la lecture publique. Leur avantage, quand on parle d’identité, est qu’elles sont concrètement exploitables dans le sens de la complémentarité. Cependant, les collections sont aussi fortement marquées par l’identité propre de chacune des structures, qui s’est complètement approprié « ses » collections au fil des années. Parallèlement les services proposés aux usagers peuvent aussi être complémentaires mais sont moins empreints de cette identité. De plus, ils sont adaptables aux évolutions rapides de la société ce qui est moins le cas pour les collections. On a déjà évoqué à titre d’exemple le service InterroGE, qui a l’avantage de rassembler l’ensemble des bibliothèques autour d’un service commun. La médiation culturelle est également un service qui se développe de plus en plus mais elle reste un sujet de controverse. Pour certains, elle n’est pas assez présente quand pour d’autres, elle dépasse le cadre de compétences des bibliothécaires. Encore une fois, seul un dialogue pourra solutionner ce dilemme mais la réponse à apporter à cette problématique modifiera dans un sens ou dans un autre l’identité des bibliothèques.
Les référents psychosociaux des bibliothèques sont en lien direct avec leur environnement social. Liées à la fois aux collections et aux services, les missions sont largement diffusées au sein des structures ou sur leurs sites web. Si la comparaison des missions entre toutes les bibliothèques établit deux groupes distincts entre bibliothèques de lecture publique et bibliothèques scientifiques, on peut observer un certain glissement des bibliothèques de musée vers des missions plus traditionnellement réservées aux bibliothèques de lecture publique. Leur souhait de s’ouvrir à un plus large public modifie profondément leur organisation avec l’accroissement des espaces dédiés aux usagers. Ce nouveau signe de perméabilité entre ces deux types de bibliothèques est un axe à approfondir dans la réflexion sur l’identité commune. Autre référent psychosocial porteur de sens, la promotion des bibliothèques est un point de développement évoqué par l’ensemble des personnes rencontrées. Il apparaît d’ailleurs comme un axe stratégique dans le Plan directeur. Comme le constate Marie-Aude Python, « il faut une visibilité et une lisibilité plus claires des offres avec une stratégie de communication efficace ». La nécessité de renforcer la visibilité des bibliothèques n’est pas un point nouveau (petit écho au problème de signalétique) et c’est un problème assez récurrent et universel. Sami Kanaan voit dans cette difficulté des bibliothèques à communiquer une forme de « modestie » : « Leur travail est moins connu et moins mis en valeur (…). La valorisation de leur travail est essentielle. Le plan directeur d’ailleurs est aussi un instrument de communication qui va dans ce sens ». La promotion touche aussi à l’image des bibliothèques et « il est important d’un point de vue stratégique, de créer une image qui coïncide avec l’identité organisationnelle d’un établissement donné » (Stensaker 2007). Le manque de stratégie de communication générale est une opportunité pour la Commission des bibliothèques d’en construire une nouvelle apte à diffuser une image cohérente. Cela est d’autant plus nécessaire que cette identité commune des bibliothèques de la Ville de Genève est brouillée par des réseaux dans lesquels elles s’inscrivent indépendamment. Des conventions tissent des liens entre les bibliothèques du DCS et d’autres structures similaires, ce qui est essentiel à leur inscription dans le territoire. La Convention entre l’Université et la majorité des bibliothèques scientifiques de la Ville de Genève est très pertinente car elle vise à « Identifier les complémentarités dans les missions des institutions afin de les coordonner et d’éviter les redondances » (Convention 2010). Malheureusement, les BMU ne participent pas à cet accord, ce qui crée une faille dans une approche d’identité commune. Parallèlement, la « Convention de coopération culturelle » (Convention 1997) avec les villes frontalières concerne l’ensemble des bibliothèques. Ce partenariat offre la possibilité aux lecteurs inscrits dans certaines autres structures de profiter de l’ensemble de l’offre des bibliothèques de Genève. Néanmoins, c’est avant tout un partenariat administratif et malgré son réel potentiel, cette convention n’est pas encore utilisée activement par les structures. Pourtant, elle pourrait être un vrai facteur de rayonnement et contribuer indirectement à leur promotion.
Les référents culturels se sont avérés moins évidents à déterminer. L’un d’entre eux est apparu assez visiblement lors des visites et des entretiens et correspond à ce qu’Alex Mucchielli appelle les contre-modèles. Cela peut s’apparenter à une construction identitaire par opposition. Pour résumer, les professionnels présentaient souvent leur structure par ce qu’elles n’étaient pas ou ne cherchaient pas à être. L’opposition entre bibliothèques de lecture publique et scientifiques était particulièrement présente mais l’opposition entre « petite » et « grande » bibliothèque était également visible. Cette construction par opposition est normale puisque l’identité se construit par rapport à celle des autres. Toutefois, il ne faut pas que cela devienne un frein à l’idée d’identité commune entre des structures qui s’estiment très, voire trop, différentes. Au contraire, abordée dans un sens de complémentarité, ce qui était un point faible peut devenir un réel atout pour une construction pertinente de l’identité. De plus, cela est un point de convergence avec les discours de transversalité présent dans les politiques culturelles. Les valeurs sont un deuxième référent culturel, qui a la particularité d’avoir été directement abordé lors des entretiens par l’intermédiaire d’un tri par cartes. Le professionnalisme, l’innovation et la collaboration ressortent en tête de cet exercice. Au bilan, la méthodologie, qui nécessite encore des améliorations, est aussi intéressante que les résultats. C’est un exercice simple, toujours très bien accueilli, qui permet de déterminer des valeurs ou tout autre élément les plus représentatifs dans un groupe. La détection des référents identitaires majeurs aurait certainement gagné à utiliser plus largement ce tri.
Sortie de son contexte, cette liste de référents identitaires peut ressembler à un inventaire à la Prévert. Bien que non-exhaustive, elle a permis de faire ressortir les points de convergence et de divergence dans la construction identitaire commune. Le territoire et leur histoire sont des référents identitaires forts et incontournables pour les bibliothèques de la Ville de Genève. Cependant, cette distinction constante entre bibliothèques scientifiques et bibliothèques de lecture publique, enracinée dans leurs collections, les divisent. Pourtant, des services comme InterroGE sont le signe évident d’une complémentarité possible. De même, certaines incompréhensions persistent dans le dialogue entre professionnels et élus malgré un souhait ou plutôt une conviction mutuelle de la nécessité de collaborer avec pour enjeu, l’avenir des bibliothèques.
L’identité comme étendard
Le terme « étendard » peut sembler un peu belliqueux pourtant il s’agit pour les bibliothèques d’affirmer leur identité pour pouvoir mieux se positionner sur l’échiquier des politiques culturelles. Cette perspective justifie aussi l’importance de faire travailler des structures parfois si différentes dans l’objectif de trouver des arguments communs et pertinents dans le débat politique.
Continuer le dialogue
Ce dialogue nécessaire est décrit ainsi par Sami Kanaan : « Les professionnels ont leur place mais les responsables politiques doivent faire des choix, pour fixer les grandes orientations ou pour des questions budgétaires. Le défi est de trouver une harmonie entre les propositions, les desiderata des professionnels et les demandes des élus. ». Marie-Aude Python rappelle quelques-uns des enjeux futurs de ces discussions : « le positionnement des bibliothèques scientifiques vis-à-vis du grand public, la répartition des tâches entre la Ville et l’Etat de Genève, concernant directement la BGE et la transition du catalogue Rero ». Collaboratrice du DCS mais également issue du domaine des bibliothèques, elle a une vision globale qui lui permet de rappeler que « toutes ces questions doivent être pensées communément. Plus on anticipe, plus on sera prêt à toute éventuelle remise en cause politique, notamment en cas de changement de magistrat. Il faut préparer les discours. ». En effet, si Sami Kanaan, affiche dans le Plan directeur son soutien aux bibliothèques, il est pertinent de mentionner que dans la logique législative des villes en Suisse, l’exécutif politique change tous les cinq ans. Le dialogue est en quelque sorte cyclique et doit d’autant plus être fondé sur des bases solides car, comme le note Anne-Marie Bertrand, on doit passer par « cette influence mutuelle entre les acteurs qui déterminent une politique de l’offre » (Bertrand 2015, p. 63). Pour cela, l’identité est un bon outil de communication comme le souligne, dans son article « L’identité dans la communication » Edmond-Marc Lipiansky : « communiquer implique une définition corrélative du locuteur et de l’interlocuteur et de la relation qui les relie. Comment s’adresser à quelqu’un si on ne saisit pas, même confusément, quelle définition de soi va s’actualiser dans l’interaction, en rapport avec l’identité d’autrui ? » (Lipiansky 1993). "Il explique ici l’importance de prendre conscience de son identité et de celle de son interlocuteur pour adapter au mieux son discours. Or, de nombreux professionnels ont l’impression d’être incompris par les pouvoirs publics, pour qui les bibliothèques sont souvent un service noyé parmi tant d’autres. De même, la commission des bibliothèques, centre de ce dialogue, est soutenue par Sami Kanaan mais n’a pas d’existence administrative et certains directeurs de bibliothèque n’y participent plus directement. Pourtant, l'avenir des bibliothèques se joue sur cette prise de conscience mutuelle, qui est le moteur du dialogue entre elles et les élus. Cela passe par une explication du rôle des bibliothèques et du métier de bibliothécaire mais avec un discours adapté à ce contexte particulier, c’est-à-dire qui prenne en compte les enjeux du discours politique et plus largement les besoins spécifiques à la ville. Ce discours doit se nourrir d’indicateurs pertinents, choisis collectivement et mutuellement avec le DCS.
Quelques outils pour avancer
De nombreux outils issus du domaine des bibliothèques ou d’autres domaines sont régulièrement développés et peuvent être très efficaces pour alimenter le dialogue avec les élus. La sélection de ces outils dépend des besoins spécifiques mais aussi des compétences des professionnels, qui de par leur formation et leur expérience maîtriseront mieux l’un ou l’autre. Les deux outils suivants, la norme ISO 16439 et l’analyse PESTEL, sont donc présentés à titre d’exemple. En février 2016, la commission d’experts AFNOR/CN46-8 présidée par Nadine Delcarmine publie un livre blanc sous le titre « Qu’est-ce qui fait la valeur des bibliothèques ? ». Elle explique la norme ISO 16439 « Information and documentation – Methods and procedure for assessing the impact of libraries » parue en avril 2014. Comme les auteurs l’expliquent, « ce qui a intéressé ici les experts internationaux qui ont rédigé cette nouvelle norme, c’est d’évoquer la construction d’indicateurs qui parlent aux élus et aux autorités qui allouent les ressources nécessaires à la création et au fonctionnement des bibliothèques » (Delcarmine et al. 2016, p. 6). L’utilisation par les professionnels de cet outil est une réelle valeur ajoutée, cependant, les auteurs reconnaissent aussi sa complexité et la nécessité d’obtenir de l’aide extérieure pour mieux l’appréhender. Pour cela, les bibliothèques de la Ville de Genève peuvent profiter de la présence sur leur territoire d’associations professionnelles, des universités ou de la filière ID de la Haute école de gestion. Evoquer l’environnement de ces bibliothèques permet de faire le lien avec le deuxième outil : l’analyse PESTEL (Politique – Economique – Socioculturel – Technologique – Environnemental – Légal). « Chaque organisation agit comme un organisme au sein d’un écosystème qu’il contribue à modifier et qui le modifie en retour. L’analyse PESTEL va permettre de dresser un profil détaillé de cet écosystème. » (Moinet et Deschamps 2011). Si l’identité est impactée par le contexte, cette analyse permet de mieux l’appréhender et d’ainsi mieux anticiper les débats avec les élus. Se doter d’outils et de concepts du monde de l’entreprise, comme l’analyse PESTEL ou le management de la relève (Bezençon 2014), peut être bénéfique aux bibliothèques mais en respectant tout ce qui fait la particularité d’un service public. Au contraire, bien utilisés, ils peuvent valoriser le travail des bibliothécaires et permettre d’afficher clairement la valeur des bibliothèques pour la cité.
La fin n’est que le début…
Le cas des bibliothèques de la Ville de Genève a eu le double intérêt de poser la question de l’identité dans le cadre concret du dialogue entre professionnels et élus mais aussi d’être représentatif d’une réflexion plus générale sur la place des bibliothèques dans les politiques culturelles en Suisse. En effet, depuis 2011, la Confédération a lancé une réflexion élargie sur une « politique culturelle nationale » pour que la Confédération, les cantons et les communes se coordonnent mieux dans ce domaine. Le Dialogue culturel national (DCN), créé en octobre 2011, est un « instrument propre à développer les champs d'action et le contenu de cette politique culturelle nationale. » (OFC 2016). Pour la période 2016-2020, les bibliothèques font leur apparition comme un « des thèmes sur lesquels se pencheront des groupes de travail communs » (ibid.). Même si, pour l’instant, aucune réalisation concrète n’est encore visible, les bibliothèques doivent se tenir prêtes à s’emparer du sujet. Les récents propos du directeur de la Bibliothèque universitaire de l’École polytechnique fédérale à Zurich ou les fermetures de bibliothèques outre-manche sont autant de signaux qui doivent interpeller les professionnels. Un nouveau dialogue s’engage entre élus et bibliothécaires pour expliquer, justifier ou parfois défendre la place des bibliothèques au sein des villes. Loin du discours alarmiste, les échanges pourront être constructifs si chaque partie-prenante a bien conscience des enjeux de l’autre. Pour cela, les bibliothèques peuvent s’appuyer sur leur lien étroit avec leur territoire. Chaque bibliothèque a une identité unique qui s’est construite dans une imbrication étroite avec celle de la ville. Le dialogue entre élus et professionnels doit s’ancrer dans cette réalité où la bibliothèque est le miroir de la cité.
Notes
[1]Toutes les citations de Marie-Aude Python sont issues de l’entretien effectué avec elle en mai 2016 dans le cadre de ce mémoire.
[2]Toutes les citations de Sami Kanaan sont issues de l’entretien effectué avec lui en juin 2016 dans le cadre de ce mémoire.
[3]http://www.ville-geneve.ch/themes/culture/offre-culturelle/bibliotheques/interroge/
BERTRAND, Anne-Marie, 2015. Les bibliothèques. 5e éd. Paris : La Découverte. Repères. Culture - communication. ISBN 978-2-7071-8796-3.GOMBAULT, Anne, 2003. La nouvelle identité organisationnelle des musées. Revue française de gestion [en ligne]. 1 février 2003. Vol. n° 142, pp. 189‑203. ISSN 0338-4551 [Consulté le 06 mars 2016]. Disponible à l’adresse : http://www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion-2003-1-page-189.htm
BEZENÇON, Christophe, 2014. Le management de la relève dans les bibliothèques de la Ville de Genève [en ligne]. Haute école de gestion de Genève. [Consulté le 4 mars 2016]. Disponible à l’adresse : http://doc.rero.ch/record/232854
BMU (SERVICE DES BIBLIOTHEQUES MUNICIPALES DE LA VILLE DE GENEVE), 2014. Jonction | Bibliothèques Municipales | Ville de Genève : Sites des institutions. Bibliothèques municipales de la Ville de Genève [en ligne]. 2014. [Consulté le 9 août 2016]. Disponible à l’adresse : http://institutions.ville-geneve.ch/fr/bm/nos-bibliotheques/adresses-et-horaires/jonction/
CONVENTION, 1997. Convention entre la Ville de Genève et les communes frontalières relative au prêt réciproque des livres et des documents audiovisuels. 1997.
CONVENTION, 2010. Convention entre l’Université de Genève et la Ville de Genève fixant les modalités de collaboration de leurs bibliothèques [en ligne]. 2 février 2010. [Consulté le 15 mai 2016]. Disponible à l’adresse : https://www.unige.ch/dis/files/7414/1215/7642/Convention_UNIGE_VdG_02022...
DCS (DÉPARTEMENT DE LA CULTURE ET DU SPORT) et COMMISSION DES BIBLIOTHÈQUES, 2016. Plan directeur 2016-2020 des bibliothèques du Département de la Culture et du Sport de la Ville de Genève [en ligne]. Plan directeur. Genève : Ville de Genève. [Consulté le 3 juillet 2016]. Disponible à l’adresse : http://www.ville-geneve.ch/fileadmin/public/Departement_3/Administration/plan-directeur-bibliotheques-ville-de-geneve.pdf
DELCARMINE, Nadine, MERCIER, Silvère, RIGEADE, Marine et TOUITOU, Cécile, 2016. Qu'est-ce qui fait la valeur des bibliothèques ? Livre blanc [en ligne]. Association française de normalisation (AFNOR), février 2016 [consulté le 10 août 2016]. Disponible sur le Web : http://portailgroupe.afnor.fr/public_espacenormalisation/AFNORCN46-8/Livre%20Blanc%20fev2016.pdf
DESCHAMPS, Christophe., MOINET, Nicolas, 2011. La boîte à outils de l'intelligence économique (La boîte à outils). Paris : Dunod. ISBN 9782100551125
JACQUESSON, Alain, 2015. Les bibliothèques à Genève: essai de chronologie, 1478 > 2014. Genève : L’Esprit de la Lettre. Bibliothéchos. ISBN 978-2-9700838-7-0.
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VILLE DE GENEVE, SERVICE DE LA PROMOTION CULTURELLE, 2016. Genève, sentiers culturels d’une bibliothèque à l’autre: en ville. [carte] [en ligne]. Genève : Ville de Genève. [Consulté le 18 juillet 2016]. Disponible à l’adresse : http://www.ville-geneve.ch/fileadmin/public/Departement_3/Autres_fichiers/sentier-bibliotheques-ville-de-geneve.pdf
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Bibliothek und Politik: BIS Kongress Luzern, 31.8.-3.9.2016
Ressi — 31 décembre 2016
Herbert Staub, BIS
Bibliothek und Politik: BIS Kongress Luzern, 31.8.-3.9.2016
Der vierte Kongress des Verbandes BIS Bibliothek Information Schweiz fand dieses Jahr mit einer Rekordbeteiligung in Luzern statt. Ausschlaggebend für diesen Erfolg war nicht nur das Kongressthema «Bibliothek und Politik», sondern auch die explizite Ausweitung des Themenspektrums auf alle Bibliothekstypen.
Nach Kongressen in Lausanne, Konstanz und Lugano trafen sich dieses Jahr die Mitglieder des Verbandes BIS und weitere interessierte Kreise in Luzern zur zweijährlich stattfindenden Veranstaltung. Es mag auch am attraktiven Tagungsort Luzern gelegen haben, dass die Zahl der Teilnehmenden die 500er Marke weit überschritt und über 40 Ausstellende die Tagung nutzten, um mit ihren Kunden in Kontakt zu kommen. Hauptgrund war aber sicher, dass der Kongress ganz bewusst auf alle Bibliothekstypen ausgerichtet war. Das Kongressthema «Bibliothek und Politik» traf den Nerv der Zeit: Im Februar 2016 brachte ein Zeitungsinterview mit dem Direktor der ETH-Bibliothek Unruhe in die Bibliotheksszene («Weg mit den Büchern») und im Frühjahr hatten sich die Bibliotheken zum ersten Mal im nationalen Rahmen in grosser Zahl an der Vernehmlassung zum neuen Urheberrechtsgesetz beteiligt. Mobilisierendes Thema dieses Gesetzesvorschlags war die Einführung einer Bibliothekstantieme, die v.a. für kleinere Bibliotheken eine existenzielle Bedrohung darstellt. Weil der Verlauf des weiteren Gesetzgebungsprozesses am Kongress noch nicht bekannt war, wurde an der Generalversammlung, die zum ersten Mal am Tag vor dem Kongress abgehalten wurde, dem Vorstand Carte blanche erteilt für das Ergreifen des Referendums, sollte die Bibliothekstantieme trotz allem Widerstand in der Gesetzesvorlage verbleiben. Mit Applaus wurde an der GV ausserdem einem Vorschlag des Vorstandes zugestimmt, Peter Wille zum ersten Ehrenmitglied des Verbandes zu küren. Peter Wille hat 25 Jahre lang Bibliomedia geleitet und war in den 90er Jahren Präsident des BBS.
Zum Auftakt des Kongresses fand ein Podiumsgespräch statt, das den Bibliotheken eine Antwort auf die Frage geben sollte, ob und wie sie sich in den politischen Prozess einbringen sollten. Die Teilnehmenden, Isabelle Chassot, BAK, Dominique de Buman, CVP Nationalrat, Paul Rechsteiner, SP Ständerat, Res Schmid, SVP Regierungsrat, entpuppten sich alle als Freunde der Bibliotheken. Sie forderten die Bibliotheken auf, durchaus etwas lauter zu werden, sich aktiv in den politischen Prozess einzumischen und speziell die Verbände BIS und SAB, vermehrt Stellung zu beziehen, was Themen aus der Informationswelt betrifft, und - im Sinne der besseren Vernehmbarkeit – nur mit einer Stimme zu sprechen.
In den folgenden eineinhalb Tagen wurden in über 40 Veranstaltungen Themen behandelt, die aktuell die Bibliotheksszene beschäftigen. Es war die Rede von RDA, von Kooperationen, Verbünden und Vernetzung beim Metadatenmanagement und natürlich von den SUK2-Projekten der Swissuniversities. Wolfram Neubauer, der ehemalige Direktor der ETH-Bibliothek, berichtete über Vision und Realisierung der Swiss Library Service Plattform SLSP, während Rafael Ball, sein Nachfolger an der ETH, das Podium kurzfristig seinen Projektleiterinnen Pascalia Boutsiouci und Sabine Friedlein überliess, welche über die Nationallizenzen als eine mögliche Zukunftslösung im Open Access Bereich orientierten. Weitere Themen waren HOPE for Open Access, die Speicherbibliothek und der Lebenszyklus von Metadaten. Aus dem Hochschulbereich wurde zudem die Zusammenarbeit mit Wikimedia, Informationskompetenz, Prozessmanagement, Linked Data oder das Innovationsmanagement thematisiert. Die HEG stellte Open Street Map vor, in der Hoffnung damit die Sichtbarkeit der Schweizer Bibliotheken im Netz zu verbessern. BiblioFreak/AccroBiblio wurde als Beispiel einer Kampagne für Imagebildung präsentiert und was State of the Art bei der Schulung von Informationskompetenz oder bei Bibliothekseinführungen ist, wurde anhand von technischen Möglichkeiten (App) demonstriert.
Ob das Angebot am Tag der öffentlichen Bibliotheken nur für diese von Interesse war, sei dahingestellt. Es half sicher, eine gewisse Schwellenangst zu überwinden. Auch hier ging es um mobiles Lernen, um das Erreichen anderer Nutzergruppen, um das Thema Armut und Bibliothek oder um die Bibliotheksstrategien in den Kantonen AG, VS, SG und ZH. Aktuell und für alle Bibliotheken interessant war das Thema Bibliothek und Migration, das von Interbiblio präsentiert wurde. Angebote für Flüchtlinge oder Migranten sollten sich nicht nur auf die Ausleihe von Medien beschränken – auch ihnen soll das ganze Spektrum des Bibliotheksangebots zur Verfügung stehen. Auch weitere Referate, z.B. über Sponsoring mit einem Erfahrungsbericht aus Nürnberg oder über den Einsatz von Social Media bei den Büchereien Wien, waren nicht auf bestimmte Bibliothekstypen beschränkt. Hier galt wie bei vielen Veranstaltungen am Kongress: Der Blick über den Tellerrand der eigenen Bibliothek ist immer bereichernd. Dass Lobbying gar keine Grenzen kennt, auch keine beim persönlichen Engagement, schilderte Christoph Stuehn, Direktor Memoriav. Bibliothek und Politik pur war das Podium zum Nachrichtendienstgesetz, veranstaltet von der Gruppe Ethikkodex. Hätten sich die Bibliotheken im Vorfeld der Abstimmung stärker einmischen müssen? Leider hat man erst nach Annahme des Gesetzes am 25. September 2016 realisiert, dass Bibliotheken den Datenschutz für ihre Nutzerinnen und Nutzer nicht mehr in der Form garantieren können, wie das im BIS-Ethikkodex formuliert ist.
Am Kongress wurden ausserdem die Ergebnisse der Berufsfeld- und Bedarfsanalyse veröffentlicht, die von den beiden Trägerverbänden der I+D-Grundausbildung, BIS und VSA, in Auftrag gegeben wurde. Mit dieser Analyse wurde eruiert, ob ein Bedarf nach vertiefender Weiterbildung für Lehrabgänger ohne Berufsmatur besteht. Der Vorschlag, eine Berufsprüfung (Bildungsbereich Tertiär B) einzuführen, liegt nun bei den Verbänden. Weitere Informationen dazu finden Sie auf www.ausbildung-id.ch.
Den brillanten Schlusspunkt setzte Prof. Dr. Konrad Umlauf mit seinem Referat über Innen- und Aussensicht, Selbstbild und Fremdbild der Bibliotheken. Anlass für das Referat war das Projekt «Bibliosuisse», das alle Schweizer Bibliotheken und Informationsvermittlungsstellen und deren Mitarbeiterinnen und Mitarbeiter in einem gemeinsamen Verband zusammenschliessen möchte. Umlauf trat, basierend auf seinen Verbands-Erfahrungen in Deutschland, für den Zusammenschluss der Verbände ein und forderte auf, sich dabei der Aussensicht bewusster zu werden. Er machte Mut, folgendes Motto zur Orientierung der bibliothekarischen Leitpolitik zu machen: Skepsis im Geist, Ruhe in der Seele und Tatkraft im Handeln.
Die einzelnen Referate, die hier nur ganz summarisch erwähnt sind, finden Sie frei zugänglich unter http://www.bis.ch/verband/aktivitaeten/kongress/2016-luzern/referate-vortraege.html.
Der nächste BIS-Kongress findet vom 29.8.-1.9.2018 Montreux statt.
Herbert Staub, hat über 20 Jahre in leitender Stellung im Bereich Dokumentation und Archive von SRF gearbeitet und ist heute selbständig. Er ist Präsident von BIS Bibliothek Information Schweiz, Vorsitzender der Ausbildungsdelegation I+D, Chefexperte I+D der Schulregion Zürich und Geschäftsführer von BiblioFreak Schweiz.
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Une stratégie de communication pour le service de formation personnalisée de la Bibliothèque de l’EPFL
Ressi — 31 décembre 2016
Audrey Bongard, spécialiste en information documentaire
Une stratégie de communication pour le service de formation personnalisée de la Bibliothèque de l’EPFL
Les récentes évolutions observées dans le monde de l’information ont amené les bibliothèques, notamment en milieu académique, à effectuer de profondes mutations. De fournisseurs de ressources, elles sont devenues fournisseurs de services. Dans un contexte numérique, où les accès à l’information sont multiples et immédiats, elles sont confrontées à une génération d’usagers de plus en plus exigeants.[1] De nombreuses stratégies ont été explorées afin de s’adapter à un environnement informationnel devenu extrêmement compétitif. Le développement d’une offre de service personnalisé et individuel en est une.[2] D’un métier centré sur les collections, le métier de bibliothécaire est maintenant largement centré sur les usagers et leurs besoins. Cependant, les usagers, encore imprégnés de l’image de la bibliothèque comme sanctuaire des livres, n’ont que peu conscience de l’étendue des compétences des bibliothécaires. C’est pourquoi la valorisation des nouveaux services offerts est devenue une activité vitale pour les bibliothèques.
La Bibliothèque de l’EPFL est une institution d’envergure, qui dessert un public d’environ 13'000 étudiants, professeurs, collaborateurs du corps intermédiaire ainsi que le grand public. Elle enregistre plus de 3800 entrées par jour. Elle a rapidement saisi les opportunités offertes par ces bouleversements sans précédents dans le monde de l’information. Des services plus proches des besoins spécifiques des usagers et une stratégie de communication adaptée sont devenus deux axes importants de sa stratégie.
La Bibliothèque de l’EPFL et la formation
Le développement de l’offre de formation aux compétences informationnelles destinée à la communauté de l’EPFL se situe au cœur des orientations stratégiques de la bibliothèque. En milieu académique, les formations sont souvent des formations uniques prodiguées à un groupe d’étudiants. Longtemps privilégié par le corps enseignant car peu demandant en termes d’investissement, c’est un modèle qui a démontré ses limites au cours du temps. Premièrement pour les étudiants, l’impact de ces formations ponctuelles reste limité, bien que généralement positif. Les interventions uniques ne permettent pas un suivi ou une réelle évaluation des compétences acquises. Ensuite, pour les formateurs, la répétition des mêmes formations sans fin ni réelle évaluation est une source d’épuisement professionnel.
En 2016, afin d’étoffer son offre de formation, la Bibliothèque de l’EPFL repense son service de formation personnalisée et individuelle. Existant déjà sous une forme plus sommaire, le service propose dorénavant une prise de rendez-vous facilitée avec un formateur pour des sessions de formation sur différents sujets. L’objectif est de proposer un support aux étudiants tout au long de leur cursus académique. Les sujets couverts lors de ces séances de formations sont en lien direct avec la maîtrise des compétences informationnelles et des outils de recherche disponibles. Ils recouvrent les problèmes très pratiques que les étudiants peuvent rencontrer lors de leurs études, tels que la complexité des normes bibliographiques, la diversité des bases de données documentaires à disposition, les enjeux de la citation ou de la publication Open Access.
Le service proposé est à différencier d’un service de référence, qui consiste à orienter l’usager dans sa recherche d’information, et d’un service de guichet virtuel, qui fournit des réponses à un vaste ensemble de questions en lien avec des aspects plus pratiques, tels que les horaires d’ouverture ou les modalités de prêt. Il est également à différencier d’un programme de bibliothécaire personnel, qui propose un point de référence à la bibliothèque pour chaque nouvel étudiant et cela tout au long de ses études. Le service de formation personnalisée de la Bibliothèque de l’EPFL se préoccupe de fournir une réelle session de formation et de support, plutôt que de simples réponses à des questions sommaires. Faute de ressources, elle n’est pour l’instant pas à même de proposer un service d’accompagnement personnalisé pour chaque étudiant. Le nouveau service offrira donc une solution de formation sur mesure se concentrant sur les questions et les besoins des usagers qui nécessitent une réponse plus complète et pour lesquelles une formation est nécessaire.
La Bibliothèque de l’EPFL et la communication
Jusqu’en 2010, la Bibliothèque de l’EPFL est composée d’une dizaine de succursales dans les facultés. Elles sont répandues sur le campus, au plus près de leurs usagers. Le nouveau bâtiment du Rolex Learning Center est ensuite construit et la bibliothèque y est centralisée. Le bâtiment intègre de nombreux services afin de servir de centre de vie pour les étudiants. Outre un restaurant, une librairie ou encore les presses universitaires, la bibliothèque est un des services proposés dans ce lieu moderne et conceptuel. Elle intègre donc un projet qui la dépasse largement. Le Rolex Learning Center sert aujourd’hui de « carte de visite » à l’école et fait l’objet d’une communication massive. Il bénéficie donc d’une identité très forte.
Centralisée, distancée de son public et intégrée au Rolex Learning Center, la bibliothèque doit se réinventer. Sa stratégie s’oriente vers une communication consolidée afin de renforcer son identité au sein du Rolex Learning Center. Elle doit donc tout d’abord se démarquer du bâtiment avant de pouvoir se construire une image facilement identifiable par les usagers. Pour ce faire, la communication est devenue une des orientations stratégiques principales de la Bibliothèque de l’EPFL. Elle a pour objectif principal d’implanter ses services au centre des activités de l’école, que ce soit au niveau de l’enseignement, de la recherche ou des études. Afin d’atteindre cet objectif, la valorisation des services offerts aux publics constitue une étape incontournable.
Dans un univers tout en teintes de gris, la bibliothèque a donc décidé de miser sur la couleur pour ses supports de communication. Suite à une collaboration avec un bureau de graphistes, un nouveau logo et des petits dossiers de couleurs sont apparus aux portes d’entrée et sur les différents supports de communication. Un service dédié à la communication a également été créé.
Le regroupement des bibliothèques de facultés en un seul lieu a généré une perte de proximité avec les chercheurs et le personnel des diverses facultés, habitués à disposer d’un point de contact au sein de leur faculté. Un service de bibliothécaires de liaisons a vu le jour afin de pallier ce manque. La création de nouveaux services vise donc à rapprocher la bibliothèque de son public.
Le renouvellement du service de formation personnalisée intervient à l’intersection de ces deux grandes orientations stratégiques à la Bibliothèque de l’EPFL. C’est un service qui permettra une réelle relation de proximité avec les usagers formés. Cependant, puisqu’il met en avant un ensemble de compétences des bibliothécaires méconnues des usagers, le lancement d’un tel service doit être accompagné d’une solide stratégie de communication. En effet, l’utilisation des services par les usagers n’est pas seulement due à la qualité du service offert, c’est aussi le reflet de la façon dont ils sont informés de l’existence de tels services.[3]
Valoriser le service de formation personnalisée de la Bibliothèque de l’EPFL
Avant 2016, la Bibliothèque de l’EPFL mettait déjà à disposition du public un service de formation personnalisée. Il était donc déjà possible de contacter les bibliothécaires pour bénéficier d’une formation individuelle. Le site internet, sous son onglet « Formation », annonce cette possibilité. C’est pourtant un service qui est peu structuré et très mal connu des étudiants. C’est pour cette raison qu’un groupe de travail est mis en place afin de repenser ce service et de le faire connaître aux usagers. Le projet, nommé « Book a librarian », s’inscrit dans l’objectif stratégique qui vise à développer les actions dans le domaine de la formation aux compétences informationnelles.
Une étude des besoins en lien avec ce service a été effectuée par les collaborateurs de la bibliothèque et suite à cela, l’offre et la forme du service ont été redéfinis. Les besoins des usagers en matière de compétences informationnelles sont très variables selon les niveaux d’étude et les sujets de recherche. Le nouveau service offrira donc une solution de formation sur mesure, parfaitement adaptée aux problèmes rencontrés par les usagers individuels. Afin de clarifier l’offre du service et de pouvoir communiquer sur des contenus précis, certains domaines ont été exclus de l’offre. Les sujets qui pourront être couverts lors de séances de formation individuelles sont les suivants :
- La recherche bibliographique et ses divers aspects : recherche dans les bases de données, diversification des sources
- L’élaboration et la rédaction de bibliographies, notamment à l’aide de logiciels de gestion de bibliographies
- La citation
- Les notions de droit d’auteur et de copyright
- L’Open access
- La veille
- Les données de la recherche
Souvent offerts par des services appelés « Book a Librarian », notamment en bibliothèques publiques, les visites guidées, la création, la relecture ou l’évaluation de produits documentaires, les conseils juridiques et financiers, l’aide à la rédaction de CV ou encore la présentation du système de cotation sont des demandes qui ont été exclues de l’offre de formation. Un nouvel outil de prise de rendez-vous en ligne est également mis en place. L’usager désirant bénéficier d’une formation pourra simplement sélectionner une des plages horaire disponibles qui soit compatible avec son emploi du temps. Cet outil permet d’éviter les nombreux échanges d’emails généralement nécessaires à la prise de rendez-vous. Le service permet donc une réelle personnalisation de l’offre, tant au niveau des thèmes de formation qu’au choix de l’horaire.
Une fois les modalités du service formalisées, l’étape suivante a été l’élaboration d’une stratégie de communication cohérente dans le but de faire connaître la nouvelle offre aux publics de la bibliothèque. La communication, bien que stratégique et essentielle, ne reste qu’un des nombreux outils du marketing. Elle ne peut exister et prospérer que dans le cadre d’une stratégie marketing plus globale.[4] La sélection de canaux et outils de promotion se doit d’être basée sur une connaissance approfondie du public-cible et du service offert. C’est donc dans le but de mieux cerner les diverses facettes du service proposé à la Bibliothèque de l’EPFL qu’une analyse SWOT[5] du service de formation personnalisée a été entreprise. Cette analyse a permis d’évaluer les forces et faiblesses du service de formation individuelle ainsi que d’identifier les menaces potentielles et les opportunités à saisir lors du lancement du service. Enfin, cette démarche a également été utile pour formaliser des objectifs de communication précis, visant à exploiter et mettre en avant les forces identifiées, saisir les nouvelles opportunités de faire connaître le service, parer aux éventuelles menaces et surmonter les faiblesses potentielles du service.
Un nom pour la formation personnalisée
L’analyse des besoins effectuée auprès des usagers visait notamment le nom du service. Elle a révélé que le nom « Book a Librarian » ne convient pas pour un tel service. Bien que souvent utilisé pour des services similaires, il n’a pas rencontré le succès escompté auprès des usagers de la Bibliothèque de l’EPFL. En effet, les étudiants interrogés n’étaient en général pas du tout familiers avec la notion de formation en bibliothèque. Les noms qui leur ont été proposés, « Book a Librarian », « Rent a Librarian » ou encore « Formation à la demande », ne leur évoquaient pas clairement l’image d’un service de soutien personnalisé offert par les bibliothécaires. Ces observations ont été confirmées par les retours d’expérience obtenus auprès d’autres bibliothèques académiques suisses proposant un service similaire sous un de ces noms.
Afin de mettre en place une stratégie de communication efficace, il était donc prioritaire de trouver un nouveau nom pour le service. Le nom du service devra servir de support de communication, il doit donc pouvoir être compris par les étudiants et exprimer au mieux la nature du service.
La première étape pour la recherche d’un nouveau nom s’est déroulée sous la forme d’une session de brainstorming avec les membres de l’équipe de formation en charge du projet. L’objectif de ce processus étant de sélectionner des termes de référence à mettre en avant dans le choix du nom. Ceci dans le but de définir une base pour l’image et la valeur ajoutée qui seront véhiculées par le nom du service.
Une série de mots-clés liés au rôle des formateurs, à la forme des sessions de formation ainsi qu’à leur valeur ajoutée pour les usagers ont été présentés aux participants. Un certain nombre ont été rejetés pour arriver à une sélection de mots-clés qui serviront de base à la communication et au choix du nom.
Les collaborateurs du service de formation ont exprimé leur désir de mettre en avant leur statut d’accompagnateur, de coach ou de conseiller, lors de rendez-vous et de sessions de soutien, d’appui, de coaching ou d’assistance. La principale valeur ajoutée de la formation est la résolution de problèmes individuels pour les usagers. Les avantages d’être sur mesure et à la demande sont également des points importants. Dans un deuxième temps, la valeur ajoutée des formations pour les usagers peut être un gain de temps ou un plus grand succès dans leurs études.
Les termes de formateur et de session de formation ont été mis de côté. Bien que tout à fait adaptés pour décrire le service, ces termes sont problématiques pour les étudiants car peu évocateurs. Ils ne seront donc pas utilisés dans le cadre de la communication avec le public. Il en va de même pour la notion de maîtrise des compétences informationnelles comme valeur ajoutée de la formation. C’est également une problématique au cœur des objectifs d’un service de formation en bibliothèque, cependant, ce n’est pas un message qui doit être utilisé à l’intention du public externe. En effet, bien que très clair pour les professionnels de l’information, le concept de compétence informationnelle reste encore largement méconnu du grand public.
Suite à la définition de ces termes de références, quatre noms potentiels ont été sélectionnés. Les nombreuses nationalités représentées au sein de l’EPFL requièrent une sélection de noms qui soient aisément traduisible en anglais. Les quatre noms sélectionnés sont les suivants :
- My scientific information coach / Mon coach en information scientifique
- My personal librarian / Mon bibliothécaire personnel
- Meet a librarian / Rendez-vous avec un bibliothécaire
- Librarian on demand / Bibliothécaire à la demande
Afin de sélectionner un nom qui convienne aux étudiants et réponde à leurs attentes, ces noms ont été soumis à un échantillon de cinquante étudiants afin de recueillir leur avis.[6] Les noms préalablement sélectionnés se sont avérés pertinents car la majorité des étudiants ont été capables de nommer un type de formation grâce au seul nom. Leur choix s’est porté en grande majorité sur le concept du bibliothécaire personnel. Le coach en information était également un choix populaire avec, cependant, une réserve sur le terme « scientifique », jugé trop exclusif.
Suite aux résultats du sondage, trois noms – Mon coach en information, Mon bibliothécaire personnel et Bibliothécaire à la demande – sont encore en lice pour devenir le nouveau nom du service.
Une stratégie de communication adaptée
Avant d’élaborer une stratégie de communication autour d’un service, il est important de se pencher brièvement sur les spécificités d’une démarche marketing visant un service. Trois facteurs spécifiques aux services sont à prendre en compte. Tout d’abord, les prestations de service sont des performances intangibles et non des objets. Deuxième point crucial, le destinataire du service est souvent impliqué dans le processus de production du service. Enfin, ces premiers aspects impliquent une hétérogénéité possible dans la production du service.[7] En effet, la personne qui bénéficie du service ainsi que la personne qui le fournit sont susceptibles d’influencer la qualité du service selon le moment de la journée, leur personnalité ou simplement leur humeur au moment de la transaction. Une démarche de communication autour d’un service devra donc tenter de rendre tangible la valeur et les bénéfices du service pour l’usager.
La stratégie de communication pour le service de formation personnalisée de la bibliothèque de l’EPFL a été matérialisée sous la forme d’un plan de communication, outil permettant de rendre cohérent le message de la bibliothèque en l’ancrant dans une réflexion stratégique complète.
En premier lieu, il est important d’associer le plan de communication pour un service aux objectifs stratégiques et à la stratégie de communication globale de la bibliothèque. Le renforcement de la communication avec les publics est un des objectifs stratégiques principaux. La stratégie de communication pour le service de formation s’inscrit donc dans le prolongement de cet effort. En communiquant sur ses services, la bibliothèque verra son image globale également renforcée. Sur la forme : la Bibliothèque de l’EPFL s’est créé une image colorée, accessible et légèrement décalée, trois aspects qui seront pleinement intégrés dans cette démarche de communication.
La deuxième étape est la définition d’objectifs de communication. Suite à l’analyse SWOT du service, quatre objectifs ont été fixés.
1. Faire connaître le nouveau service de formation individuelle aux publics
Le premier et principal objectif de la stratégie de communication est d’ordre cognitif. Bien que la bibliothèque bénéficie d’une très haute fréquentation, cela ne signifie pas pour autant que les étudiants connaissent les services qui y sont offerts. Avant toute chose, il s’agira donc de faire connaître le service aux différents publics cibles.
2. Faire comprendre l’offre du service et sa valeur ajoutée aux publics cibles
Le second est également de type cognitif. Il s’agira d’expliquer ce que le service offre et en quoi les étudiants peuvent en avoir besoin. Les actions de communication viseront à rendre plus clair les compétences des bibliothécaires ainsi que le détail des sujets couverts lors des sessions de formation.
3. Amener les étudiants à utiliser le service
Le troisième objectif est d’ordre conatif. Il est question de faire agir les étudiants en prenant rendez-vous grâce au nouveau portail disponible sur le site internet. Il découle évidemment des deux premiers, le but de faire connaître et comprendre le service étant bien qu’il soit ensuite mis à profit par les étudiants.
4. Faire parler du service
Le quatrième objectif de cette stratégie de communication est également de type conatif. Il vise à augmenter la part du bouche à oreille dans la communication. Une série d’actions sera menée afin d’encourager les étudiants, le corps enseignant et les collaborateurs de la bibliothèque à parler du service et de leur expérience de ce service à leurs collègues.
Ensuite, la sélection d’un message autour duquel sera consolidée la communication est une étape cruciale. Le message délivré dans une campagne de promotion d’un service doit inspirer les usagers et promouvoir une image attractive. Le message sélectionné pour soutenir l’entier des actions de communication est le suivant :
La bibliothèque dispose de ressources dont vous ne soupçonnez pas l’existence, les bibliothécaires sont à votre disposition pour répondre à vos questions et vous accompagner dans la résolution de vos problèmes.
Ce message vise à interpeller personnellement les usagers et à pointer d’éventuels problèmes ou questions, sans être condescendant. Il est focalisé sur les réels besoins des étudiants et le vaste inventaire de ressources et de services disponibles plutôt que sur un éventuel manque de maîtrise des outils informationnels. De plus, les étudiants possèdent de nombreuses représentations de ce qu’est une bibliothèque. Ce message a le pouvoir de bousculer ces idées préconçues en leur montrant qu’elle est en réalité bien plus que ce qu’ils pensent.
Une fois les objectifs et le message définis, le plan des actions de communication a pu être établi. La stratégie sélectionnée est celle des blocs de construction promotionnels.[8] Les actions de communication sont considérées comme des blocs de promotion qui s’empileront au fil de la campagne de promotion. Les actions et les supports de communication seront diversifiés avec l’avancement de la campagne afin de multiplier les points de contacts avec les usagers. La planification des actions tient aussi compte de la nature cyclique du rythme académique.
Les outils et canaux sélectionnés pour cette campagne de valorisation sont majoritairement des outils déjà mis à profit avec succès par la Bibliothèque de l’EPFL. Au moment du lancement du service, une série d’affiches, de dépliants et d’affichages sur les écrans du campus seront combinés à des publications sur le site internet, la page Facebook ainsi que dans le journal du campus.
Les actions de communication choisies viseront également à renforcer l’importance du bouche à oreille dans la stratégie de communication de la bibliothèque. Ce type de marketing est un outil puissant et gratuit, argument de poids dans le monde des services publics. S’il est vrai qu’une part du bouche à oreille échappe à tout contrôle, il est cependant possible d’en encourager le développement en l’intégrant consciemment dans une démarche marketing formelle. Une telle stratégie de communication s’articule autour de trois axes : assurer un service irréprochable, délivrer un message clair et constant et encourager les témoignages.[9]
Afin d’encourager les usagers à faire une publicité honnête et personnelle du service à leurs pairs, il est nécessaire que le service fourni aie pour eux une grande valeur ajoutée. Les usagers ne connaissent souvent pas bien les compétences disponibles à la bibliothèque, il est donc plus facile de les impressionner que ce que l’on pourrait imaginer.
Pour que le message de la communication soit retransmis par les usagers, il doit être clair et cohérent. Le message doit donc être alimenté et répété. Pour ce faire, les collaborateurs de la bibliothèque devront être bien informés de la stratégie de communication et de l’évolution du service. Le message délivré devra être cohérent lors de leurs interactions avec les publics.
Un certain nombre de témoignages seront probablement générés par le simple fait que le service est bon et répond à un besoin. Il existe cependant de nombreuses façons de les encourager. Le témoignage d’un usager satisfait pourra être relayé sur Facebook ou dans le dépliant présentant le service. Dans le contexte académique, il est acquis que les recommandations des professeurs ont un impact fort sur les pratiques des étudiants. Autant que possible, il est donc important de travailler en collaboration avec eux. Le service pourra leur être présenté et mentionné lors de leurs diverses interactions avec les bibliothécaires. Des dépliants pourront également être mis à leur disposition dans le but de les distribuer aux étudiants.
Enfin, toute action de communication se doit d’être périodiquement évaluée. Confrontées au public, certaines stratégies peuvent s’avérer inadaptées aux besoins. Un certain nombre d’indicateurs doivent être mis en place afin de surveiller l’évolution et la réception de la stratégie de communication. Chaque action doit être évaluée et adaptée ou remplacée selon les résultats obtenus.
Une communication plus consciente et plus organisée pour les bibliothèques
La nécessité pour les bibliothèques de communiquer avec leurs publics est un fait largement accepté. Cependant, la mise en pratique d’une démarche marketing globale en bibliothèque se heurte encore souvent à un manque de moyens et à une certaine timidité. Or, l’adoption d’une véritable stratégie de marketing et de communication est un impératif pour les services d’information modernes : les usagers sont exigeants, les alternatives à leur disposition sont multiples. Il est essentiel de les interpeller, de les attirer à la bibliothèque en leur montrant l’ampleur de l’offre qui y est disponible. Les services proposés par les bibliothèques académiques, notamment en matière de formation, répondent à de réels besoins. Communiquer mieux, de façon plus plus consciente et plus organisée autour de ces services permettra aux usagers de mieux se rendre compte de leurs lacunes et de la nécessité d’avoir recours aux professionnels de l’information pour les combler. Les bibliothèques communiquent déjà abondamment, au cours de chaque interaction avec les usagers, par leurs règlements, sur certains médias sociaux. Il est temps de s’emparer de ces nombreuses opportunités de valoriser les services offerts en développant une communication consciente et stratégique.
Notes
[1]GAROUFALLOU, Emmanouel et al., 2013. The use of marketing concepts in library services : a literature review. Library Review [en ligne]. Vol. 62, n°4, pp.312 – 334.
[2] PRIESTNER, Andy et TILLEY, Elizabeth, 2012. Personalising library services in higher education : The boutique approach. Farnham : Ashgate.
[3] SMITH, Debbi A., 2011. Strategic marketing of library resources and services. College & Undergraduate Libraries [en ligne]. Vol. 18, n°4, pp. 333-349.
[4] LUCAS-ALFIERI, Debra, 2015. Marketing the 21st century library : The time is now. Amsterdam : Elsevier
[5] Les sources utilisées pour réaliser cette analyse sont les données statistiques de la bibliothèque, la dernière enquête de satisfaction menée, l’analyse des besoins menée par le groupe de projet « Book a Librarian » ainsi que des suggestions trouvées dans la littérature et auprès des collaborateurs.
[6]Le sondage s’est déroulé dans l’enceinte de la bibliothèque avec un échantillon aléatoire d’étudiants. Les quatre noms ont été présentés aux étudiants sur des fiches. Il leur a été demandé de réfléchir à une offre de service qui pourrait correspondre à ces noms. Après leurs propositions, le service a été décrit tel qu’il sera effectivement proposé. Une fois l’offre du service explicitée, il leur a été demandé de sélectionner le nom qui, à leur avis, décrirait le mieux cette offre.
[7] LOVELOCK, Christopher, WIRTZ, Jochen et LAPERT, Denis, 2004. Marketing des services. 5 e édition. Paris : Pearson Education France
[8] MATHEWS, Brian, 2009. Marketing today’s academic library: A bold new approach to communicating with students. Chicago: American Library Association.
[9] BARBER, Peggy et WALLACE, Linda K., 2010. Building a buzz: Libraries and word-of mouth marketing. Chicago, Illinois : American Library Association
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InfoTrack, une nouvelle formation en ligne aux compétences informationnelles pour la Bibliothèque de l’Université de Genève : retour d’expérience
Ressi — 31 décembre 2016
Aurélie Vieux, Université de Genève
Laure Mellifluo, Université de Genève
Anne Ronchi, Université de Genève
Résumé
Dans la société de l’information scientifique actuelle, former les étudiants à rechercher, trier et exploiter les informations dont ils ont besoin pour leurs études est devenu un enjeu majeur pour les universités. Consciente de la corrélation entre la formation aux compétences informationnelles et la réussite universitaire, la Bibliothèque de l’Université de Genève a développé InfoTrack : une plateforme de formation aux compétences informationnelles. Accessible en ligne depuis septembre 2016, la formation comporte 24 modules de cours permettant aux étudiants Bachelor d’acquérir les compétences généralistes et transversales essentielles à maîtriser pour mener à bien des travaux dans le cadre de leurs études universitaires (recherche, sélection, utilisation de l’information et sensibilisation au plagiat). Chaque module est composé d’un cours sous forme de vidéo, d’un quiz, d’un résumé avec les éléments clés de la leçon et des ressources complémentaires. InfoTrack peut être utilisé soit comme outil d’auto-formation soit comme support pédagogique dans le cadre d’un cours. Dans cet article, il s’agit de présenter le contexte du projet, son déroulement, les acteurs impliqués, la méthodologie de travail employée, et de proposer un retour d’expérience.
InfoTrack, une nouvelle formation en ligne aux compétences informationnelles pour la Bibliothèque de l’Université de Genève : retour d’expérience
Un contexte institutionnel favorable
Le projet de formation aux compétences informationnelles InfoTrack a profité d’un contexte institutionnel particulièrement propice à son développement.
Depuis septembre 2006, la Bibliothèque de l’Université de Genève (UNIGE) formait ses étudiants à la recherche documentaire via le didacticiel CALIS[1] qui avait été introduit d’abord en sciences humaines et sociales (SES) et en théologie, puis en médecine et en sciences. Il avait été créé dans le cadre du programme fédéral du «Campus virtuel Suisse»[2] et visait à offrir une formation générale à la recherche documentaire, mais il a donné lieu à des adaptations disciplinaires et à des solutions technologiques spécifiques sur plusieurs sites[3] et facultés.
Dans le cadre de son plan d’action stratégique 2014-2017[4], la Bibliothèque de l’UNIGE vise une « autonomie accrue des usagers » et prévoit d’ici fin 2017 de :
- systématiser les formations documentaires ;
- concevoir et développer des supports d'auto-apprentissage de type CALIS ;
- accroître la culture informationnelle des usagers en l’inscrivant dans les cursus universitaires (crédits ECTS).
Suite à une analyse de l’existant réalisée en 2014 sur CALIS, il est apparu nécessaire de repenser cette formation en vue d’une refonte intégrale et de réfléchir à une nouvelle solution technologique. En effet, basé sur des concepts d’apprentissage anciens reposant sur du texte et un parcours entièrement dirigé, CALIS ne répondait plus totalement aux nouvelles pratiques pédagogiques des jeunes générations d’apprenants. De plus, la formation ne couvrait pas la totalité des thématiques liées à la culture informationnelle selon le référentiel suisse[5], notamment l’utilisation de l’information (synthèse, présentation orale, rédaction, etc.). Du côté professionnel, l’effort demandé pour la mise à jour des contenus sur les diverses plateformes était devenu considérable.
Partant de ce constat, un mandat a été rédigé avec les objectifs suivants :
- répondre aux normes suisses sur les compétences en culture informationnelle[6] ;
- former de manière uniforme et plus systématique tous les étudiants Bachelor aux compétences informationnelles de base, généralistes et transversales ;
- faciliter l’intégration de l’apprentissage des compétences informationnelles dans les curricula d’études.
Outre le fait de pouvoir s’appuyer sur la riche expérience de la Bibliothèque en matière de formation à la recherche documentaire, le projet a profité de son alignement avec la vision stratégique de l’Université de Genève, qui ambitionne de se profiler comme un acteur-clé dans le développement des technologies de l’information et de la communication[7]. Dans le contexte du projet institutionnel « Université numérique » qui vise une université connectée d’ici 2020, InfoTrack a obtenu le soutien financier du rectorat. Cette position lui a permis de dépasser le cadre de la Bibliothèque et de se positionner au niveau institutionnel, au même titre, par exemple, que l’Archive ouverte UNIGE.
Les grandes lignes du projet
InfoTrack s’inscrit dans le cadre des projets d’évolution de système d’information institutionnels, ce qui implique le suivi d’une méthodologie de gestion documentée et le respect d’un calendrier global. Un comité de pilotage a été constitué, composé de membres du comité de direction, d’un coordinateur du pôle Communication et Services, d’un collaborateur du service des Nouvelles Technologies de l’Information, de la Communication, et de l’Enseignement (NTICE) et d’un collaborateur du Service de soutien à l’enseignement et à l’apprentissage (SEA). Sous la responsabilité de ce comité de pilotage, le projet est géré par la Bibliothèque comme maître d’œuvre avec le soutien de la Division du système et des technologies de l’information et de la communication (DiSTIC) comme maître d’ouvrage.
Lancé en janvier 2015, il s’est articulé en trois phases : proposition, cadrage et réalisation. À chaque étape, des livrables ont été fixés tels que le concept de formation ; les scénarios ; les vidéos ; la plateforme ; etc. De manière itérative, chaque stade a fait l’objet d’évaluations avec les acteurs concernés, selon le calendrier suivant :
Figure 1 : calendrier du projet
Livré en septembre 2016 pour la rentrée universitaire, InfoTrack a été terminé dans les délais fixés.
Pour accompagner le déploiement de la plateforme sur les sites et son appropriation par les collaborateurs de la Bibliothèque, durant l’été 2016, une campagne de communication interne et externe a été menée auprès du public académique (enseignants, assistants, etc.).
Dans cette phase de mise en œuvre, des référents InfoTrack ont été formés sur chaque site de la Bibliothèque.
Le produit final
InfoTrack est disponible en libre accès depuis septembre 2016 sur https://infotrack.unige.ch. Au final, la formation comprend 24 modules de formation (ou leçons) répartis en 5 thématiques :
- Comment trouver ?
- Plan de recherche documentaire
- Trier
- Plagiat
- Rédaction et communication
Figure 2 : page d’accueil de la plateforme InfoTrack
Grâce à ce système modulaire, le dispositif est prévu pour être utilisé aussi bien en auto-formation à distance qu’intégré dans un cours en présentiel sur les compétences informationnelles. De plus, cela permettra de créer sans problème des modules supplémentaires selon les besoins sans nécessiter une réorganisation complète du dispositif.
Chaque module peut être suivi individuellement. Aucun ordre de progression n’est imposé aux utilisateurs. Cependant, ceux-ci peuvent débuter par un test de niveau, qui leur conseillera une sélection de modules en fonction de leurs résultats. De plus, sur chaque page, un bloc propose des modules complémentaires pour poursuivre son parcours sur la plateforme, à l’image des suggestions que l’on est habitué à rencontrer sur YouTube par exemple.
À chaque module correspond un ou plusieurs objectifs pédagogiques. Pour les atteindre, les étudiants disposent en premier lieu d’une vidéo de 3 à 5 minutes : une introduction présente la problématique sous forme d’une mise en situation humoristique mettant en scène des étudiants dans des situations fictives, puis une partie didactique répond aux questions et explique les concepts importants. Un quiz permet ensuite de mettre en pratique ces concepts ou de réviser les points essentiels de la vidéo. Un court résumé conclut le module, parfois accompagné de ressources pour approfondir le sujet. En auto-formation, la durée pour compléter un module est estimée à 10 minutes.
Figure 3 : détail d’un module de formation sur InfoTrack
Pour les étudiants qui souhaitent s’auto-former et gérer eux-mêmes leur progression à travers leur formation, un espace personnalisé est accessible après authentification. Une fois identifié sur la plateforme, l’apprenant peut enregistrer ses résultats aux quizzes et suivre ses progrès de manière autonome. Son tableau de bord personnel lui indique pour chaque thématique le nombre de points obtenus par module.
Figure 4 : tableau de bord personnel pour le suivi de sa progression
La construction collaborative comme mode de développement
Dans la perspective de répondre aux objectifs institutionnels portés par la Bibliothèque et plus largement par l’UNIGE, la méthodologie de gestion de projet employée s’est voulue collaborative et basée sur la mise en place de plusieurs partenariats avec d’autres services de l’UNIGE et un partenaire externe. Au cours des différentes phases, ces contributions ont considérablement enrichi les contenus par l’expertise métier apportée par chacun.
Les contenus pédagogiques
Une équipe projet de trois personnes a été créée au sein de la Bibliothèque avec l’engagement de deux collaboratrices supplémentaires. L’équipe se compose de deux collaboratrices scientifiques pour la chefferie de projet et d’une bibliothécaire-formatrice pour l’expertise métier. L’équipe réunit trois types de compétences complémentaires : une bonne connaissance de la culture informationnelle, des compétences techno-pédagogiques ainsi qu’une solide maîtrise des nouvelles technologies.
Tout au long du processus, elle a travaillé en collaboration avec des bibliothécaires pour la définition du concept de formation et l’élaboration des contenus des modules de cours. Ces derniers ont également participé à la phase d’évaluation par la relecture des scénarios des vidéos, du glossaire, des quizzes et des textes des rubriques « à retenir » et « pour aller plus loin ».
Le Service de soutien à l’enseignement et à l’apprentissage (SEA) est intervenu en tant qu’expert pédagogique dans la construction des modules de cours en lien avec l’utilisation de l’information (synthétiser une recherche, communiquer à l’oral, créer un support visuel pour une présentation orale). Cette équipe a également relu et validé les quizzes ainsi que le test de niveau.
Les scénarios des vidéos didactiques ont été co-écrits par l’équipe projet avec un scénariste de la Société de création multimédia genevoise la Souris verte. Cette société a également été mandatée pour la réalisation des vidéos ainsi que pour la création d’un design pour la plateforme.
En plus de ces différents partenaires, tout le matériel pédagogique a été validé par un panel d’enseignants ainsi que par un panel d’étudiants.
Enfin, il était important de poursuivre la collaboration avec des étudiants pour définir l’architecture et l’organisation des contenus informationnels sur les pages du site. Ainsi, des exercices de tri par carte (card sorting) ont été réalisés avec une quinzaine d’étudiants. Cette méthodologie d’architecture informationnelle a été utile pour regrouper les unités d’apprentissages en thématiques et pour caler la terminologie.
La plateforme
La méthodologie collaborative conduite pour l’élaboration des contenus a été poursuivie pour la conception organisationnelle du site.
L’équipe projet s’est associée avec le service des Nouvelles Technologies de l’Information, de la Communication, et de l’Enseignement (NTICE) de la DiSTIC pour la définition des fonctionnalités techniques, le choix et son développement informatique.
Après une analyse comparative entre plusieurs solutions, le choix s’est porté sur le logiciel de gestion de contenu Concrete5. En effet, bien qu’il s’agisse d’un dispositif numérique à vocation pédagogique, Concrete5 a été privilégié par rapport à un Learning Management System (LMS) comme Moodle ou Chamilo, car il offre plusieurs avantages. Non seulement, il permet de développer un environnement de formation ergonomique avec un design attractif qui porte les objectifs de formation, mais il répond aussi à des exigences fonctionnelles en facilitant les tâches liées à la maintenance et la mise à jour des contenus. De plus, sa souplesse assure à la plateforme une adaptabilité à long terme avec des coûts de maintenance minimaux puisque Concrete5 est déjà utilisé à l’UNIGE pour ses sites web.
Lors de la phase de cadrage, un partenariat avec des étudiants du Master en Sciences de l’information de la Haute Ecole de Gestion (HEG) a enrichi la réflexion autour de l’architecture et le design des contenus informationnels en ligne. Par ailleurs, les préconisations de ces étudiants ont été utiles au moment de la rédaction des textes pédagogiques accompagnant les vidéos de cours.
Son élaboration s’est faite en deux étapes : d’abord une première maquette fonctionnelle a été élaborée et testée avec des étudiants de l’UNIGE, puis, en fonction des retours, un prototype a été développé sur Concrete5. Celui-ci a été testé par des bibliothécaires et des étudiants de Bachelor, ce qui a permis de finaliser l’architecture de la plateforme.
Retour d’expérience
Les tracas administratifs
Le nouveau système de pilotage de projets mis en place au sein de l’UNIGE a demandé aux cheffes de projet un important travail de documentation. Cette étape a permis de faire d’InfoTrack un dispositif de formation porté et financé non seulement par la Bibliothèque, mais aussi par le Rectorat.
Le soutien des plus hautes instances de l’Université est un avantage certain pour l’adoption de la formation par le corps enseignant et son intégration dans les cursus universitaires. Cependant, sa gestion a été considérablement alourdie par le cadre administratif imposé par ce système institutionnel.
L’importance de la coordination
Il est apparu dès le début du projet que celui-ci devait reposer sur des partenariats afin de bénéficier de l’expertise métier, pédagogique ou technique la plus adéquate disponible à l’UNIGE. La participation de bibliothécaires, d’enseignants, de conseillers pédagogiques, d’informaticiens et d’étudiants de l’UNIGE l’a considérablement enrichi et lui a permis d’aboutir à un résultat de qualité non seulement par la pertinence des contenus que les bibliothécaires étaient déjà habitués à présenter dans leurs formations, mais aussi par la forme : validité pédagogique du dispositif et fonctionnalités techniques de l’outil en ligne. Ce point est essentiel aussi pour la suite, car la Bibliothèque ne sera pas la seule entité de l’UNIGE à assurer la promotion d’InfoTrack auprès des étudiants.
Un autre partenariat-clé a été la collaboration avec la Société de création multimédia la Souris verte pour la rédaction des scénarios et la réalisation des vidéos. Ces compétences n’étant pas disponibles à l’interne, il était nécessaire de trouver des professionnels ailleurs.
Cette volonté d’intégrer de nombreux partenaires internes et externes à l'institution a cependant nécessité un important travail de coordination. Pour que chacun se retrouve dans le projet tout en assurant le respect des délais et du budget impartis, il a fallu que les cheffes de projet supervisent de près les différentes tâches et communiquent en continu avec tous les acteurs pour qui InfoTrack n’était pas l’unique réalisation en cours. Un planning et une répartition claire des tâches au préalable ont facilité ce processus.
Une évaluation constante
Pour assurer l’adéquation d’InfoTrack avec les utilisateurs finaux, des tests ont été effectués dès le début auprès de panels d’étudiants et d’enseignants. L’ergonomie de la plateforme a été testée par des étudiants à plusieurs étapes du développement, d’abord sur des maquettes, puis sur le site lui-même au cours de sa réalisation. Les scénarios des vidéos ont tous été relus par des enseignants, puis adaptés selon leurs retours. Cette étape a permis de fixer le format définitif des vidéos comprenant une première partie jouée et drôle, puis un cours plus théorique et finalement une chute comique. Le choix du vocabulaire a fait l’objet d’adaptation pour éviter le jargon bibliothéconomique.
Conclusion
Le défi à relever est de poursuivre la communication institutionnelle autour d’InfoTrack pour améliorer son intégration dans les cursus académiques de l’UNIGE tout en continuant à faire évoluer le dispositif de formation.
Dans cette perspective, la difficulté sera de maintenir la mobilisation des différents partenaires pour la création de modules supplémentaires sur le même modèle de construction collaborative.
Les bibliothécaires ont initié depuis plusieurs années des partenariats avec le corps enseignant pour l’intégration des formations aux compétences informationnelles dans leurs cours. InfoTrack redonne un élan bienvenu à cette collaboration et ouvre de nouvelles perspectives dans certaines filières qui ne profitaient pas encore de cette offre. Le choix d’avoir décliné les objectifs d’apprentissage d’InfoTrack à partir du référentiel suisse dans le domaine apporte un surplus de légitimité à ces efforts et une base cohérente pour des développements futurs.
L’objectif, à terme, est que tous les étudiants de l’UNIGE finissent leur Bachelor en maîtrisant ces compétences. Grâce à InfoTrack, ils disposent maintenant d’un outil moderne et attractif qui va assurément les y aider.
Notes
[1] CALIS est l’acronyme de « Computer-assisted learning for Information searching »
[2] Campus virtuel Suisse (CVS), 2009. Swiss Virtual Campus [en ligne]. 2009 [Consulté le 27.09.2016] Disponible à l’adresse : http://www.virtualcampus.ch/display2625.html
[3] La Bibliothèque de l’UNIGE est formée de quatre sites physiques et d’un service de coordination.
[4] Division de l’information scientifique (DIS), 2014. Plan d’action stratégique de la DIS, UNIGE 2014-2017. DIS [en ligne]. 01.05.2014 [Consulté le 27.09.2016] Disponible à l’adresse : https://www.unige.ch/dis/index.php/download_file/view/38/170/
[5] Groupe de travail Culture informationnelle dans les hautes écoles suisses, 2011. Normes suisses sur les compétences en culture informationnelle [En ligne] Informationskompetenz [Consulté le 30.11.2016] Disponible à l’adresse : http://www.informationskompetenz.ch/fr/ikurz-fr/standards-ch
[6] Idem
[7] Université de Genève (UNIGE), 2016. Vers une université connectée et digitalisée. In : Campus. N°126, dossier «Uberisation », p38-39.
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Editorial
Ressi — 30 décembre 2015
Comité de rédaction
Editorial
RESSI a atteint ses 10 ans d’existence ! Le premier numéro a effectivement paru en janvier 2005, et depuis cinq ans, c’est désormais sur une périodicité annuelle que RESSI contribue à diffuser l’état de la recherche et de la pratique de la science de l’information en Suisse. Essentiellement en Suisse romande, mais aussi dans l’ensemble de la Suisse, et les pays francophones.
C’est ainsi que nous avons le plaisir de vous proposer un seizième numéro riche en contributions, et multilingue (français, anglais et allemand).
Dans la rubrique « Etudes et recherches », un article de deux chercheurs, Eliane Blumer, coordinatrice du projet, et collaboratrice scientifique à l’Université de Genève et Pierre-Yves Burgi, chef de projet, directeur suppléant de la division Systèmes et technologies de l'information et de la communication de l’Université de Genève, décrit le projet national sur la gestion du cycle de vie des données appliquées à la recherche. L’article, en anglais, intitulé Data Life-Cycle Management Project: SUC P2 2015-2018, présente les objectifs, la méthodologie et les questions de recherche de ce projet financé par la Confédération, coordonné par l’Université de Genève et réalisé en partenariat avec sept autres établissements suisses d’enseignement supérieur.
On trouvera sous la rubrique « Compte rendu d’expérience » un premier article de Danielle Kauffmann, responsable du service juridique de la bibliothèque de l’Université de Bâle. Le texte fait un état des lieux sur la révision prochaine de la loi suisse sur le droit d’auteur et les problèmes qui se posent –et actions à entreprendre-pour les bibliothèques et services d’information scientifiques. Intitulé Aktuelle juristische Herausforderungen für Bibliotheken und die wissenschaftliche Informationsversorgung, et rédigé en allemand, l‘article est accompagné d’un résumé exhaustif en français réalisé par Nicolas Prongué, assistant de recherche à la HEG-Genève
Le deuxième article de la rubrique est intitulé Les archivistes comme spécialistes de la gestion de l’information : conseil et soutien des Archives de l’Etat du Valais auprès de l’Administration cantonale et des communes valaisannes, et écrit par deux archivistes du Canton du Valais, Alain Dubois, archiviste cantonal, et Florian Vionnet, archiviste-records manager. L’article rappelle que les archivistes sont d’abord des professionnels de la gestion de l’information et fait un bilan du projet valaisan, qui grâce à la mise en œuvre de guides et d’un plan de formation, permet de positionner les archivistes comme des spécialistes reconnus de la gestion de l’information au sein des administrations communales et cantonale.
Le troisième article de la rubrique, intitulé swissbib, Katalog, data hub, Plattform, et rédigé par Oliver Schihin, responsable du projet swissbib à la bibliothèque de l’université de Bâle, décrit le méta-catalogue swissbib, qui permet d’interroger simultanément les catalogues des bibliothèques des universités suisses. Ses origines, ses composantes et ses fonctionnalités sont détaillées dans un article en allemand, précédé d’un résumé en français.
Le quatrième article de la rubrique présente un autre catalogue, le catalogue Volage, qui est le catalogue en ligne des manuscrits du Musée Voltaire à Genève. Co-écrit par le conservateur François Jacob et par l’adjoint scientifique Flávio Borda d’Àgua, tous deux rattachés au Musée Voltaire, l’article intitulé Voltaire à Genève : une affaire sérieuse, rappelle la raison d’être, l’historique du catalogue ainsi que son contenu, et est agrémenté de photos.
Le cinquième article de la rubrique «Compte rendu d’expérience», rédigé par Laurent Voisard, directeur de Bibliomedia Suisse à Lausanne, donne un bilan de la plateforme e-bibliomedia, un an après son lancement. Dans son article intitulé La plateforme de prêt de livres numériques e-bibliomedia, il décrit sa genèse, la politique d’acquisition, le lectorat, les statistiques de prêt et les principaux enseignements.
Le dernier article de cette rubrique relate les résultats d’une étude provenant d’une veille de plusieurs mois sur les offres d’emploi en veille et intelligence économique en Suisse romande. Ecrit par Raphaël Rey, assistant à la HEG de Genève, spécialisé dans les outils de veille et de KM, l’article qui a pour titre La veille et l’intelligence économique dans le marché de l’emploi en Suisse romande indique quels sont les secteurs économiques qui recrutent, quels sont les types de veille demandés, quelle est la terminologie utilisée, et quels sont les profils recherchés.
Dans la rubrique «Compte rendu d’événements», on trouvera un premier article relatant la dernière conférence du CERN sur les innovations concernant la communication scientifique. Sous la plume d’Anne Gentil-Beccot et de Salomé Rohr, bibliothécaires à la bibliothèque du CERN, intitulé Compte rendu du CERN Workshop on Innovations in Scholarly Communication (OAI9), 17-19 juin 2015, Genève, cet article, rédigé en français, donne le résumé des communications de toutes les sessions, incluant aussi bien la technique, les processus, les barrières et impacts, l’assurance de la qualité, l’institution comme maison d’édition, que le traitement et la préservation numérique d’objets scientifiques complexes.
Un dernier article relate le contenu de la deuxième école d’été internationale francophone en science de l’information et des bibliothèques. Intitulé Le patrimoine : un enjeu pour les bibliothèques… mais aussi pour le public! , co-écrit par plusieurs participants, Hésione Guémard, Bassirou Ba et Paul Faure, étudiants en Master 2 de l’ENSSIB « Politique des bibliothèques et de la documentation », l’article détaille les enjeux des projets participatifs dans la valorisation du patrimoine.
Finalement, dans la rubrique «Recensions», il est proposé deux articles, recensant deux ouvrages.
Le premier est écrit par Aurélie Vieux, adjointe scientifique à la division de l’information scientifique (DIS) de l’Université de Genève. Intitulé Le livre et les bibliothèques : c’était mieux avant il rend compte du livre polémique de Virgile Stark, « Crépuscule des bibliothèques », publié en 2015, qui prédit la fin prochaine des bibliothèques. La recension d’Aurélie Vieux résume le livre et en fait une critique sans concession.
Et le deuxième, sous la plume d’Alain Jacquesson, ancien directeur de la Bibliothèque de Genève, rend compte du livre Au pays de Numérix d’Alexandre Moatti, publié en 2015. Celui-ci décrit de manière désabusée les ratés de la politique française sur le numérique (numérisation d’ouvrages, moteur de recherche).
Nous remercions vivement les auteurs pour leurs contributions, les réviseurs, les relecteurs et ceux qui ont contribué à la relecture et la mise en ligne de RESSI, et nous vous invitons à nous soumettre des propositions d’article en tout temps.
Le Comité de rédaction
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La plateforme de prêt de livres numériques e-bibliomedia
Ressi — 27 décembre 2015
Laurent Voisard, Directeur de Bibliomedia Suisse, Lausanne
Résumé
Lancée en novembre 2014, la plateforme e-bibliomedia (www.e-bibliomedia.ch) permet aux bibliothèques publiques et scolaires de secondaire II d’offrir à leurs lecteurs l’emprunt de livres numériques. Cette collection est actuellement construite pour répondre aux besoins de lecture de divertissement et de loisirs.
Bibliomedia est une fondation de droit public active dans le développement des bibliothèques et la promotion de la lecture. Elle est en quelque sorte la « bibliothèque des bibliothèques », le nœud central du réseau des bibliothèques de lecture publique suisses. Elle travaille aussi avec les bibliothèques scolaires ou directement avec les classes. Elle s'active également dans des projets de promotion de la lecture. Les trois bibliocentres de Lausanne, Soleure et Biasca proposent un large fonds de livres actuels pour tous les âges, dans toutes les langues nationales et dans plusieurs langues étrangères et un fonds d'autres médias (CD musicaux, DVD, livres audio).
Genèse
Profitant de la volonté - et des subsides - de l’Office fédéral de la culture de favoriser l'accès à la littéralité au travers de la culture numérique, la fondation Bibliomedia Suisse a contribué dès 2013 à la mise en réseau de plateformes de prêt de livres numériques. En Suisse alémanique d’abord, grâce à DIVIBIB, puis en Suisse romande par l’intermédiaire de PNB-Dilicom et la plateforme canadienne Cantook.
Les bibliothèques publiques de Suisse romande ont longtemps été éloignées du prêt de ebooks puisqu’aucune solution ne leur était proposée. La solution Numilog, choisie par quelques bibliothèques, dont la pionnière Médiathèque Valais, a été fermée à la Suisse à la fin 2013 pour des questions de droits internationaux et de géo-territorialité.
Questionné au sujet des spécificités de la territorialité pour la Suisse, Hadrieur Gardeur, PDG de Feedbooks, un serveur commercial de livres numériques situé en France, répond : « C'est un sujet très compliqué, il y a différents paramètres qui rentrent en compte:
- le fait que pour les diffuseurs papier, la Suisse est un territoire distinct alors que la France et la Belgique sont considérées comme un seul et même territoire.
- du coup, ils peuvent confier à un autre diffuseur l'activité en Suisse
- dans les flux de métadonnées, l'Europe est de plus en plus régulièrement traitée comme un seul marché (prix et disponibilité pour toute l'Europe) mais la Suisse est souvent oubliée
- certaines grosses plateformes (Amazon, Apple etc.) opèrent aussi des plateformes par pays et ont tendance à avoir des particularités vis à vis de la Suisse (pas de gestion du CHF par exemple) qui compliquent les choses
- La TVA n'est pas vraiment un problème, la Suisse est traitée comme un territoire où on vend des livres en HT au lieu de le faire en TTC (le cas est beaucoup plus complexe en Europe depuis qu'on a basculé au 1er Janvier sur une facturation selon le pays de l'acheteur).
Du fait de ces raisons, il en découle que les usagers et consommateurs en Suisse ont souvent accès à des catalogues plus limités.
Ce n’est qu’à l’automne 2014, et face à notre insistance, que PNB-Dilicom (PNB, Prêt Numérique en Bibliothèque / Dilicom, société française d'agrégation et de distribution de livres numériques), s’est enfin ouverte à la Suisse romande. e-bibliomedia, la bibliothèque numérique des bibliothèques publiques romandes, a ainsi pu être lancée en compagnie d’une quinzaine de bibliothèques avec l’objectif de desservir toutes les bibliothèques publiques et scolaires qui le souhaiteraient.
Qu’en est-il aujourd’hui ?
Avec ses 40 bibliothèques affiliées à la plateforme, et ses 1'785 usagers actifs, e-bibliomedia, dont le fonds de livres numériques se monte à ce jour 2'115 titres, a comptabilisé depuis son ouverture plus de 10'000 prêts. Un groupe de travail issu des bibliothèques affiliées s’est réuni dernièrement afin de définir les grandes lignes de la politique d’acquisition. Il ne s’agit pas à proprement parler d’un consortium étant donné que les frais de fonctionnement ne sont pas répartis entre les bibliothèques affiliées mais pris en charge par Bibliomedia. Les bibliothèques romandes bénéficient de l’infrastructure de la fondation et le montant de leur abonnement annuel est versé dans un pot commun qui sert de socle aux acquisitions. Bibliomedia complète ce fonds financier par un apport annuel substantiel d’environ 20'000 francs.
Politique d’acquisition
Au premier rang des acquisitions figurent inévitablement les fictions adultes, et en particulier les romans grand public. Utilisés en complémentarité des livres papier, les livres numériques doivent servir de solution de repli pour le lecteur en mal de disponibilité de bestsellers. Les institutions pourront d’ailleurs profiter de cette bouffée d’oxygène offerte par le numérique pour acquérir moins d’exemplaires des peu durables blockbusters, et équilibrer et diversifier leurs fonds de manière plus sereine. Parmi les genres fictionnels figurent également les bandes dessinées, dont les premiers volumes issus des fonds Casterman et Fluide glacial viennent d’arriver sur la plateforme. Précisons que ces médias en format PDF sont lisibles de préférence sur une tablette.
A la demande de certaines bibliothèques affiliées, des romans en anglais ont été acquis. Il apparaît maintenant que les ouvrages en langues étrangères sont des incontournables du prêt numérique. Il est donc question, en plus d’agrandir le fonds anglo-saxon, d’acquérir des titres dans d’autres langues, dont au moins l’allemand et l’italien. Toutes les réflexions au sujet du choix des titres sont en cours et aucun genre n’est a priori exclu.
Dans les recommandations du groupe de travail figure également la ligne à tenir concernant les ouvrages autres que les romans. Il faut acquérir des documentaires sur l’actualité brûlante, mais bien entendu aussi les genres qui fonctionnent bien, comme le développement personnel, les guides de voyage, les biographies, etc…
Un fonds jeunesse, orienté plutôt en direction des adolescents, a également fait son apparition et représente fin 2015 environ 250 titres.
Où et comment acheter des livres numériques ?
Pour prêter des livres numériques, il est nécessaire de disposer d’une plateforme dédiée à cet usage. PNB propose celle développée par l'entreprise canadienne "De Marque" et baptisée Cantook. C’est celle choisie par Bibliomedia. Il existe des solutions mises au point par des développeurs de système intégré de gestion de bibliothèque (SIGB) comme par exemple BibliOnDemand soutenu et promu par Archimed qui utilisent également l’interface de PNB-Dilicom. Mais la concurrence existe également. Outre Numilog déjà citée, nous pouvons signaler Immatériel, Bibliovox-by-Cyberlibris, Storyplayr (littérature de jeunesse), E-Fraction Diffusion et Knowledge Unlatched. On pourra lire à ce sujet l’article de SavoirCom1 dont le lien se situe au bas de cet article.
Quels lecteurs ?
Les lecteurs de la plateforme e-bibliomedia sont recrutés par les bibliothèques affiliées. Leur nombre n’est pas limité et peut donc énormément varier selon leur provenance. Actuellement et sans surprise, ce sont les plus grandes bibliothèques qui inscrivent le plus de lecteurs : Lausanne, Bienne et La Chaux-de-Fonds tiennent la corde mais les lecteurs d’Yverdon-les-Bains sont bien représentés également. En décembre 2015, sur le Canton de Genève, seule la bibliothèque municipale de Meyrin fait appel à e-bibliomedia. Charlotte Benzi, la responsable du développement de la plateforme e-bibliomedia, indique que la majorité des lecteurs se recrutent parmi les femmes de plus de 50 ans, et que la catégorie la moins représentée est celle des jeunes de 15 à 30 ans, alors que nous aurions pu attendre des « digital natives » un intérêt instinctif pour ce média en ligne. Pour la petite histoire, le doyen de la plateforme est un Chaux-de-Fonnier de 89 ans ; comme quoi les clichés sont vite dépassés.
Comment lire et à quelles conditions
L’avantage offert par PNB-Dilicom est incontestablement la possibilité pour le lecteur de pouvoir télécharger le livre numérique sélectionné sur la plateforme et le lire à l’endroit de son choix, et sur le terminal de son choix également (ordinateur, tablette, liseuse, etc). Actuellement il n’est obligé de passer par sa bibliothèque que pour son enregistrement initial. Les livres mis à disposition sur e-bibliomedia sont prêtés pour 21 jours. Chaque lecteur peut emprunter 5 ouvrages à la fois. Il a la possibilité d’effectuer un retour anticipé, ce qui lui permet de réemprunter d’autres ouvrages si son compteur était déjà parvenu à 5 titres empruntés.
Et quelles difficultés ?
Lire en numérique implique quelques manipulations pour le téléchargement que les tablettes rendent plus faciles, une fois passé l’écueil de l’identifiant "Adobe Digital Edition" (ADE). Mais les liseuses offrent un confort de lecture supérieur grâce à leur écran à encre électronique dont le rendu visuel se rapproche fortement de celui du livre papier.
Les principaux problèmes rencontrés, gérés soit au travers de l’aide en ligne e-bibliomedia ou par les responsables dans les bibliothèques affiliées, sont pratiquement tous liés au téléchargement. La version d’ADE et le modèle de liseuse y jouent un rôle crucial.
Du côté des éditeurs
Portée à bout de bras par Gallimard, l’offre des éditeurs francophones reste encore actuellement un peu décharnée, même si la situation s’est améliorée dernièrement avec l’arrivée d’éditeurs tels qu’Actes Sud, Robert Laffont ou Flammarion, car la question de la territorialité prive encore les bibliothèques de certaines ressources. De plus, un nombre important d’éditeurs ne souhaitent pas offrir l’accès numérique à leurs titres pour le prêt en bibliothèque. Ce qui explique que seuls 10’000 titres sont actuellement disponibles pour les bibliothèques suisses. L’avenir est heureusement plus séduisant puisque l’on nous annonce pas moins de 25'000 titres pour début 2016. Ce sera alors vraiment Noël pour les lecteurs romands.
La polémique est vive en France au sujet de la politique de vente de PNB-Dilicom aux bibliothèques. On critique notamment la chronodégradabilité du fonds. En effet, la majorité des titres achetés ont une durée d’emprunt de 6 ans, 3 pour Actes Sud par exemple, et après 30 prêts, l’accès à la licence doit être racheté.
Avenir pour les bibliothèques affiliées…
Dès le mois de janvier 2016, les bibliothèques affiliées à e-bibliomedia devront s’acquitter d’un abonnement annuel calculé sur la base de 2% de leur crédit d’acquisition, selon le modèle pratiqué dans les réseaux alémaniques tels que DIVIBIB (Digitale Ausleihportale für Bibliotheken) qui demandent quant à eux 5%. A noter encore que les montants récoltés serviront, dans leur intégralité, à alimenter le budget d’acquisition des livres numériques.
Et ensuite ?
Outre l’élargissement progressif du fonds avec des groupes importants d’éditeurs tels que Hachette et Immatériel, l’ajout de langues étrangères et de titres pour les jeunes publics, l’avenir passera manifestement par une valorisation et une médiation de l’outil auprès des lecteurs traditionnels de la bibliothèque. Nous souhaitons aussi toucher les non-usagers des institutions publiques qu’une telle offre, atteignable depuis leur domicile, pourrait indubitablement convaincre.
Un enjeu de taille pour les bibliothèques et e-bibliomedia, mais le succès n’arrive jamais sans effort ni créativité.
Le lecteur curieux pourra se renseigner plus en détail au sujet de la polémique française autour de PNB en consultant les liens ci-dessous :
http://www.reseaucarel.org/page/le-point-du-pnb-fevrier-2015
Au sujet du HUB Dilicom et de PNB :
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Swissbib : Katalog, data hub, Plattform
Ressi — 27 décembre 2015
Oliver Schihin
Résumé
Swissbib : catalogue, plateforme, et concentrateur de données
Depuis 2009, Swissbib est le catalogue central de toutes les bibliothèques universitaires suisses, de la bibliothèque nationale, de plusieurs bibliothèques cantonales et d’autres bibliothèques spécialisées. Son site et moteur de recherche associé, d’accès public, aisément reconnaissable à sa couleur verte, propose une série de services de recherches et de traitement de données (www.swissbib.ch).
Le projet s’inscrit dans l’histoire du catalogage en Suisse. Avec l’introduction des systèmes électroniques de gestion et de catalogage sont apparus différents réseaux régionaux, dotés de systèmes différents. Si le catalogage centralisé s’avérait impossible, on pouvait envisager un système de méta-recherche. Grâce aux nouvelles technologies de recherche, l'idée de swissbib est née en reliant les deux idées d'une base de données centrale et d'une recherche de simplicité similaire aux grand moteurs de recherche web.
Le défi d'un tel projet réside dans la diversité des systèmes de gestion et de catalogage en Suisse : l'intégration des données, des bibliothèques et des autres institutions avec leurs fonds est un exercice itératif et permanent. Les outils choisis trouvent leur place dans une architecture ouverte, reliant les applications avec des interfaces standardisées. En effet, après analyse des offres du marché et des logiciels open source, il s’est avéré qu’il n‘existait aucune solution qui répondait à toutes les exigences, d’où ce choix en faveur d’une architecture ouverte.
Swissbib est constitué d'un système bibliographique (CBS de OCLC) qui est capable de transformer, normaliser et, surtout, dédoublonner les fichiers pour les envoyer à un index central qui sert de base pour la présentation et la recherche (VuFind) et les interfaces d'interrogation du catalogue (SRU, OAI).
Grâce à son engagement et son investissement dans des interfaces ouvertes et les logiciels libres, swissbib est à la base de différents projets de recherche en Suisse –finalisés ou en cours-, notamment le catalogue swissbib Basel Bern qui dessert les deux sites universitaires de Bâle et de Berne, ainsi que jusbib, portail de littérature juridique. D’autres partenaires profitent également des composantes de swissbib, comme le Kartenportal.CH, WorldCat avec la publication des données vers WorldCat par les réseaux IDS ou encore le projet associé « linked.swissbib.ch » qui vise à transformer les données dans un format RDF pour les intégrer au Web sémantique. Dans le cadre du programme CUS-P2, swissbib a conclu un partenariat avec le projet de licences nationales pour la transformation et la présentation de ses métadonnées.
L'avenir de swissbib dépend d’une part d'un cadre de financement et d'organisation solide, ce qui est recherché dans le cadre du programme CUS-P2 et du nouveau projet SLSP (Swiss Library Service Platform). Et pour le bon fonctionnement d'une base de données centrale, de son index de recherche et de ses interfaces, swissbib est aussi dépendant de systèmes de gestion qui fournissent leurs données librement, ainsi que de la volonté des réseaux et bibliothèques.
Swissbib nahm Ende 2009 den Betrieb als gesamtschweizerischer Katalog auf. Die öffentlich zugängliche Suchmaschine in charakteristischem Grün ist der sichtbarste Teil einer ganzen Reihe von Daten- und Suchdiensten und, im komplexen Umfeld der schweizerischen Bibliotheks- und Verbundslandschaft, auch die „raison d'être“ dieses nationalen Projekts. In diesem Aufsatz soll ein Überblick des Projekts geboten werden. Ein erster Teil skizziert Hintergründe, Entwicklungslinien und den Projektrahmen, danach wird in drei Teilen auf den Aufbau des Angebots und gefundene Lösungen eingegangen, eng zusammenhängend mit dem Betrieb und entsprechenden Weiterentwicklungen, zuletzt werden Nutzungen dargestellt. In einem abschliessenden Kapitel sollen Ausblicke gemacht und Problembereiche skizziert werden.
Hintergründe und Ausgangspunkte
Hintergrund für swissbib bilden zwei Entwicklungslinien der Schweizer Bibliotheks- und Kataloggeschichte, einerseits verschiedene Ideen und Projekte eines schweizerischen Gesamtkatalogs sowie die wechselläufigen Bewegungen der Automatisierung und Verbundskatalogisierung seit den 1980er Jahren.
Nützlich für Bildung und Wissenschaft und im Dienste der Fernleihe etablierte sich an der Nationalbibliothek ab 1904 zuallererst ein „Schweizerischer Zeitschriftengesamtkatalog“, der bis 2002 aktiv gepflegt und danach durch ein Suchportal(1) ersetzte wurde. Das Projekt eines Gesamtkatalogs, konzeptionell ausgerichtet am entstehenden Zentralkatalog in Zürich, entwarf Hermann Escher im Jahr 1908. Vorhandene gedruckte Bandkataloge als Rohmaterial nutzend, sollte ein Zettelkatalog(2) entstehen. Umgesetzt wurde die Idee letztendlich ein Vierteljahrhundert später in reduzierter Form, der schweizerische Gesamtkatalog diente als Nachweis ausländischer Monografien. Er wurde erst vom Berufsverband gepflegt, dann von der Nationalbibliothek, und genährt durch regelmässige Sendungen von Zetteldoppeln der teilnehmenden Bibliotheken. Als „das wichtigste Arbeitsinstrument für den interbibliothekarischen Leihverkehr in der Schweiz“(3) blieb er doch an vorelektronische Techniken gebunden, der GK wurde ab 2003 nicht mehr weitergepflegt und archiviert. Als Mittel der Fernleihe war er auch ein primär bibliothekarisches Arbeitsinstrument.
In den 1970er Jahren begann auch in der Schweiz die Erschliessung und Verwaltung in Datenbanksystemen, erst in Eigenentwicklungen, ab den 1990er Jahren in Verbundsystemen, die sich auf weltweit verwendete kommerzielle Software stützen. So entstand eine äusserst vielfältige Landschaft unterschiedlicher Systeme, Anwendungsregeln und Institutionen.(4) Damit konnten Synergien genutzt werden und mit den Verbünden entstanden institutionenübergreifende Lösungen. Was fehlte, war, politisch und organisatorisch gesehen, eine „übergreifende Strategie“(5) und, katalogtechnisch gesehen, ein zentraler Katalog und eine gemeinsame Datenbasis mit einheitlichem Format, Autoritätsdateien, Formaten und Regelwerk. Gesamtkataloge liessen sich nun jedoch zumindest virtuell relativ einfach erstellen, über entsprechende Schnittstellen konnten Bibliothekare und geübte Benutzerinnen entfernte Datenbanken abfragen. Diese an verschiedenen Orten angebotene „Metasuche“ hat sicherlich dazu beigetragen, weitere Vorstösse in Richtung Zentralisierung und nationale Dienste zumindest zu bremsen. Auch wenn die Nutzerfreundlichkeit und Geschwindigkeit dieser Dienste stark eingeschränkt war, existierten sowohl für die Fremddatenübernahme in der Katalogisierung wie für die Fernleihe gute Lösungen.
Eine verbundsübergreifende Datenfusion kam, weder ganz noch in Teilen, auch mit Beginn der 2000er Jahre nicht in Frage. Doch neue technische Lösungen, als „Resource Discovery“ oder „Next Generation Library Catalogs“ bezeichnet,(6) versprachen, aus unterschiedlichen Datenquellen einen gemeinsamen Suchindex mit ansprechender Weboberfläche aufzubauen. Ein auf solcher technologischer Basis gebautes gesamtschweizerisches „Portal“ kann als Notbehelf angesichts unbeweglicher Verwaltungsstrukturen angesehen werden, aber auch als Gelegenheit, möglichst unbelastet von diesen Strukturen einen eigenen Such- und Datendienst aufbauen zu können. Inhaltlich sollte swissbib so die in den Bibliothekssystemen der Schweizer Hochschulbibliotheken und der Nationalbibliothek nachgewiesenen Bestände enthalten, erweitert um institutionelle Repositorien und digitale Bibliotheken. Ansprechen soll swissbib Kundinnen und Kunden aus dem In- und Ausland, die unbesehen von Verbundgrenzen Ressourcen und Dienste der Schweizer Bibliotheken nachfragen.
Den organisatorischen und finanziellen Rahmen für das Projekt bot ab 2008 das Innovations- und Kooperationsprojekt „e-lib.ch – Elektronische Bibliothek Schweiz“ der Schweizerischen Universitätskonferenz (SUK). Gesichert durch eine Bundesfinanzierung, vorerst für die Jahre 2008-2011, begann bald darauf ein zweiköpfiges Projektteam an der Universitätsbibliothek Basel mit dem Aufbau des Dienstes. Nach mehreren Verlängerungen und Übergangslösungen wird swissbib seit 2014 als nationales Projekt von der Schweizerischen Universitätskonferenz und swissuniversities als Teil des Programms SUK-P2 "Wissenschaftliche Information: Zugang, Verarbeitung und Speicherung" gefördert.(7) Dieses vom Bund finanzierte Programm „fördert die Bündelung und Entwicklung der heute verteilten Anstrengungen der Hochschulen für die Bereitstellung und Verarbeitung von wissenschaftlicher Information.“ Als Projekt ist swissbib bis Ende 2016 finanziert, die Programmunterstützung hat es ermöglicht, das Kernteam des Projekts auf drei Personen auszuweiten. Assoziierte Projekte haben eine weitere Verbreiterung der personellen Basis zur Folge gehabt, parallel zu einem Ausbau der Dienste und Angebote.
Aufbau und Lösungen
Seit Projektbeginn im Jahr 2008 besteht die primäre Herausforderung darin, einen heterogenen Raum aus ähnlichen, aber häufig sich unterscheidenden Daten und Systemen zu integrieren. Diese Integrationsleistung ist dabei keine einmalige Sache mit Aussicht auf spätere gemeinsame Nutzung und Pflege, sie bleibt eine dauerhafte Aufgabe, ein Nachvollzug ohne Rückwirkung zu den Quellen. Sie ist dazu mit begrenzten Mitteln zu leisten, das Team von swissbib ist nicht grösser als dasjenige eines kleinen bis mittleren Verbunds. Worin bestehen die Herausforderungen in einer detaillierteren Übersicht:
- Verwaltungssysteme: Bei Projektbeginn waren zwei grosse Systemanbieter (Exlibris Aleph / VTLS Virtua) mit etwa einem Dutzend Instanzen und Konfigurationen anzutreffen. In der Zwischenzeit hat sich die Situation weiter diversifiziert. Einerseits ist ein erster Verbund (Alexandria) auf ein cloudbasiertes SaaS-System(8) der dritten Generation (Exlibris Alma) umgestiegen, anderseits bietet sich bei mittelgrossen kantonalen und regionalen Verbünden ein noch bunteres Bild. Ebenso divers ist die Situation bei open-Access-Repositories, digitalen Bibliotheken und Systemen von Spezialsammlungen oder Archiven.
- Datenlieferung: Zwar hat sich das Datenaustauschverfahren OAI-PMH bei den meisten Partnern als Standard etabliert, doch werden einige Datenbestände auch mit anderen Verfahren wie einfachem Secure Copy (SCP) oder WebDAV geliefert. Geliefert werden die Daten in der Regel in einer XML-Codierung.
- Datenformate: Die Bibliotheken erschliessen und liefern ihre bibliografischen Daten in einem MARC-Format, jedoch in unterschiedlicher Ausprägung. Die Deutschschweizer Verbünde wenden noch bis Ende 2015 den regionalen Standard IDSMARC an, die Nationalbibliothek und der Westschweizer Verbund RERO nutzen seit langem MARC21. Ab 2016 kann mit einer gewissen Vereinheitlichung gerechnet werden, wobei Altdaten bestehen bleiben. Repositorien und digitalen Bibliotheken geben unterschiedliche Formate wie Dublin Core oder MODS aus, bei Spezialsammlungen sind eigene Implementierungen von MARC oder EAD anzutreffen.
- Regelwerke: Für die bibliothekarische Erschliessung kommen unterschiedliche Adaptionen von AACR2 zum Zug, in der Deutschschweiz sind dies die regionalen Regeln (KIDS). Diese werden Ende 2015 vom neuen internationalen Standard RDA (Resource Description and Access) abgelöst werden. Da der Westschweizer Verbund RERO erst später auf RDA umsteigen wird, bleibt eine vorerst disparate Situation erhalten. Ebenso werden nach altem Regelwerk katalogisierte Aufnahmen kaum vollständig an die Regelwerke angepasst werden, unterschiedlich ist die Lage wieder bei weiteren Datenquellen.
- Normdateien: Zwar hat sich die Situation sowohl bei der Formal- wie der Sacherschliessung in den letzten Jahren massiv verbessert. Zu Projektbeginn 2008 verwendeten beinahe alle Bibliotheken eigene Normdateien, teilweise wurden sogar in denselben Verbünden unterschiedliche Autoritäten verwendet. Zumindest in der Deutschschweiz werden 2016 die IDS-Bibliotheken und die Nationalbibliothek die Gemeinsame Normdatei (GND) einführen. Weiterhin bestehende Unterschiede in den Personenansetzungen sowie in den verwendeten Thesauri schlagen direkt auf die Benutzer- und Suchqualität durch, und sie stellen auch in anderen nationalen Projekten (wie z.B. e-rara.ch(9)) ein Hindernis dar. Es ist schwierig abzuschätzen, ob und wie neue technische Verfahren (linked data) und gemeinsame Anstrengungen der Bibliotheken und Verbünde hier die Situation zu verbessern in der Lage sein werden.
- Dedublizierung: Aus den getrennt geführten Katalogsystemen folgt eine getrennte Erschliessung identischer Ressourcen oder Titel, für ein und dasselbe Buch erhält swissbib bis zu einem Dutzend Aufnahmen. Diese sollen wenn immer möglich zusammengeführt werden, wobei entsprechende Algorithmen zum Einsatz kommen. Aktuell bezieht swissbib ungefähr 35 Millionen Titelaufnahmen, durch Zusammenführungen verbleiben noch gut 20 Millionen. Die Qualität der Zusammenführung kann als gut angesehen werden, doch gibt es keine Möglichkeit oder Bereitschaft, über technische Verfahren hinaus in den Prozess manuell einzugreifen.
- Mehrsprachigkeit: Katalogisiert wird in der Schweiz in vier Sprachen (deutsch, französisch, italienisch, englisch). Dies kann bei der angestrebten Dedublizierung durchaus zu Problemen führen, auch weil die verwendeten Sprachen nicht codiert erfasst werden. Unabhängig von diesen Katalogisierungsfragen muss eine gesamtschweizerische Benutzeroberfläche zwingend in den drei wichtigsten Landessprachen und in Englisch angeboten werden.
Swissbib erbrachte zu Beginn primär einen Suchdienst, darauf aufbauend Datendienste, und das Projekt ist im Rahmen dieses Auftrags frei in der Lösungswahl sowie unbelastet von einer Verbundverwaltung. Diese Bedingungen haben entsprechende Entscheidungen stark mitgeprägt. Eine frühe Entscheidung betraf die Architektur des Dienstes. Schon früh war offensichtlich, dass keines der auf dem Markt verfügbaren Produkte den komplexen Anforderungen alleine entsprechen kann, was sowohl für Open Source-Software wie für lizenzierte Produkte galt und immer noch gilt. Ein frühes und im Wesentlichen immer noch gültiges Anforderungsprofil lautete: „A technical solution was needed that could prepare the bibliographic data independently of the local system. Furthermore, the component for data preparation must be able to cope with the differences in cataloguing rules and must provide flexible mechanisms for deduplication and clustering. The search engine must be powerful and speedy to deliver results considerably faster than the OPACs and federated search tools while also getting the maximum out of the data with respect to multilingualism. And the user interface must be versatile and open enough to allow a connection to the local services.“(10)
In dieser Situation entschied sich das Projektteam für ein Angebot der Firma OCLC, das sowohl die einzelnen Komponenten beinhaltete wie die grundlegenden Anforderungen an die Architektur erfüllte. Wenig hat sich seither am Bau einer offenen, aus dedizierten Hosts bestehenden und durch transparente Standardschnittstellen verbundenen Softwarearchitektur verändert. Verändert haben sich im Verlauf der letzten Jahre einzelne Komponenten, die inhaltlich angepasst und verbessert oder ausgetauscht wurden. Diese wichtigsten Komponenten sollen im Folgenden kurz dargestellt werden.
Harvesting und Rohdatenspeicher
Die von den Verbundsystemen in der Regel via OAI-PMH bereitgestellten Metadaten werden von swissbib täglich bezogen. Dies garantiert, dass Löschungen, Korrekturen und Neuaufnahmen innerhalb ein bis zweier Tagen in swissbib nachgeführt sind. Zentral dabei ist eine Komponente namens „contentCollector“(11). Vor der Weiterverarbeitung werden die Daten in einem Rohdatenspeicher unverändert abgelegt. Diese Schattenkopie der bibliografischen Metadaten ermöglicht es, Korrekturen und Verarbeitungen zu tätigen, ohne die lokalen Systeme belasten zu müssen. Ein kompletter Neuaufbau der swissbib-Datenbank lässt sich so falls nötig ohne direkte Beteiligung der Lokalsysteme bewerkstelligen.
Normalisierung und Zusammenführung
Für die zentrale Aufgabe der Datenverarbeitung nutzt swissbib seit Projektbeginn die Software CBS (Central Bibliographic System) des Anbieters OCLC. CBS ist als zentrales Verbundsystem weltweit im Einsatz, unter anderem in den Verbünden mehrerer europäischer Länder oder auch in Australien. In der Regel fungiert CBS dort jedoch als zentrale Katalogisierungsdatenbank. Die Flexibilität des Systems ermöglichte es, auch automatische Verfahren zur Normalisierung, Konvertierung, Anreicherung und Clusterbildung anzuwenden. CBS bietet Transformationsroutinen mittels verketteter Skripte an und nutzt ein eigenes internes Speicherformat. Die Importprozeduren und Transformationen lassen sich je Datenquelle unabhängig konfigurieren und anpassen. Zur Dedublizierung und Clusterbildung werden zwei Verfahren angewendet:
- Matching & Merging: Nach der Normalisierung werden die Aufnahmen in einen zweistufigen Algorithmus daraufhin überprüft, ob sich sich bereits eine Aufnahme derselben Ressource in der Datenbank befindet.
- Geprüft werden lediglich Aufnahmen, deren aus dem Haupttitel gebildeter Schlüssel und / oder Identifikationsnummer (ISBN / ISSN) identisch ist. Dies verhindert einen Abgleich über den gesamten Datenbestand.
- Für die Identitätsprüfung werden Indexe der jeweiligen Aufnahme auf Übereinstimmung geprüft. Entscheidend sind Autorenansetzungen, Titel, Auflage, Erscheinungsjahr, ISBN/ISSN und Format. Vordefinierte Kategorien wie Archivmaterial oder entsprechend codierte Altbestände werden von der Zusammenführung ausgeschlossen.
Sind zwei oder mehrere Aufnahmen als identisch erkannt, kommt ein Merging-Verfahren zum Zug, in welchem eine „starke“ Aufnahme als Vorlage ausgewählt wird. Bestandsangaben, Sacherschliessungselemente und weitere Informationen werden von den anderen Aufnahmen addiert, ein erstes Anreicherungsverfahren. Dieser sogenannte „Master Record“ wird später für Indexierung und Präsentation exportiert.
- FRBR-Cluster: Neben der Zusammenführung werden auch Ähnlichkeitsprüfungen durchgeführt. Diese ermöglichen es, Aufnahmen desselben Werks in unterschiedlichen Auflagen oder Formaten zusammenzuführen. Die entsprechenden Aufnahmen werden nicht physisch zusammengeführt, sondern mittels einer entsprechenden Identifikationsnummer verbunden.
Für die Indexierung und Präsentation benötigt swissbib ein einheitliches Datenformat. Mit unterschiedlichen MARC-Derivaten konfrontiert lag es nahe, den internationalen Standard MARC21 zu wählen.(12) MARC21 ist in der Lage, sämtliche Eigenheiten auch von IDSMARC verlustfrei abzubilden, für gewisse Informationen und Erweiterungen stehen eigene swissbib-Felder zur Verfügung.(13) Mittelfristig ist zu überlegen, ob weitere Datenformate oder zusätzliche Erweiterungen notwendig sind, um Datenbestände aus Archivsystemen, Forschungs- oder Artikeldaten abzubilden.
Indexierung
Die von CBS ausgegebenen Metadaten im Format MARC21 werden in zwei Schritten für die Suchmaschine aufbereitet, angereichert und indexiert.
- Aufbereitung: In der Transformationsapplikation „content2SearchDocs“(14) werden die Aufnahmen vom Format MARC21 in ein Indexierungsformat transformiert. Im selben Ablauf werden die Metadaten angereichert, so beispielsweise mit den Texten von gescannten Inhaltsverzeichnissen oder den Nebenvarianten von Normdaten.
- Die Indexierung erfolgte für die ersten Jahre des Projekts in der mitlizenzierten Suchmaschine FAST.(15) Ab 2011 stieg swissbib erfolgreich auf die freie Suchmaschine Apache Solr/Lucene(16) um. Die von swissbib betriebenen performanten Suchmaschinencluster bilden die Basis für die Such- und Datendienste von swissbib. Ein grosser Vorteil der eingesetzten Suchmaschine besteht darin, ohne Programmierkenntnisse einfach und transparent die Indexierung von strukturierten Dokumenten steuern zu können.
Präsentation
Zu Projektbeginn verwendete swissbib die Software TouchPoint (OCLC) als Benutzeroberfläche. Diese Lösung ermöglichte eine Anbindung an den Index FAST, die Webtechnologie erlaubte ein attraktives und eigenständiges Design.(17) Dieses Design in charakteristisch leuchtendem Grün prägte swissbib über einen Systemwechsel hinaus bis ins Frühjahr 2015. Anpassungen der Software TouchPoint wurden jedoch zunehmend schwieriger und die Anbieterfirma entwickelte die Software in eine andere Richtung weiter. In dieser Situation wurde 2011 entschieden, auf das freie Discovery-System VuFind umzusatteln.(18) Dieser Entscheid erwies sich in den folgenden Jahren als richtig und wichtig für die Weiterentwicklung des Dienstes. VuFind ist ein in der Programmiersprache PHP geschriebenes Frontend für Solr/Lucene, bringt aber vor allem auch Treiber für die meisten offenen und kommerziellen Suchindexe (Primo Central, Summon, WorldCat, EBSCO) mit. Auch wurden durch die weltweite Entwicklergemeinschaft zahlreiche Anbindungen an unterschiedliche Authentifizierungsmechanismen (shibboleth, Bibliothekssysteme, LDAP) entwickelt. Die Integration von Benutzerfunktionalitäten des klassischen OPAC lässt sich relativ einfach umsetzen und erweitern, begrenzt in der Regel lediglich durch die Schnittstellen der Bibliothekssysteme selbst. Eine wachsende Nutzergemeinschaft gerade in Deutschland prägt die ursprünglich aus den USA stammende Software mit. VuFind baut auf verbreiteten Frameworks auf, was die Entwicklung erleichtert und es ermöglicht, vom Knowhow externer Entwickler profitieren zu können. Dem allgemeinem Trend folgend, führte swissbib im Frühling 2015 ein Responsive Design ein, eine Benutzeroberfläche, die sich dynamisch der Bildschirmgrösse des Endnutzers anpasst.
Schnittstellen
Neben der Benutzeroberfläche stehen bei swissbib auch maschinelle Schnittstellen zur Nutzung bereit. Aktuell handelt es sich um die bei Bibliotheken verbreiteten Technologien SRU und OAI:
- Die SRU-Schnittstelle von swissbib bietet eine performante Suche im swissbib-Bestand, die von verschiedenen Diensten genutzt werden kann.(19) Die wichtigste Anwendung, welche die SRU-Schnittstelle von swissbib aktuell nutzt, ist der Karlsruher Verbundkatalog KVK.(20) Seit kurzem wird sie auch von einer bei der Sacherschliessung verwendeten Applikation eingebunden.(21)
- Die OAI-Schnittstelle von swissbib ermöglicht es, den gesamten Datenbestand von swissbib für den Aufbau eigener Datenbanken oder Indexe zu beziehen. Entworfen wurde sie ursprünglich für das Projekt eines übergreifenden Portals von Projekten des Programms e-lib.ch, welches die Metadaten von swissbib bezog. Nach der Abschaltung dieses parallelen Suchdienstes 2014 wird OAI unterdessen vom Kartenportal verwendet, einem Fachportal der Kartensammlungen in Schweizer Bibliotheken.(22)
Bibliotheksverwaltung
Gewissermassen als Nebenprodukt eines gesamtschweizerischen Katalogs entstand ein Verwaltungsinstrument für Codes und weitere Metadaten wie Adressen, Namen und Links der beteiligten Institutionen. Seit 2012 verwendet swissbib dazu eine kleine Webapplikation, libadmin genannt.(23) Die darin gepflegten Daten stellen das wohl aktuellste und umfassendste Verzeichnis von wissenschaftlichen und weiteren öffentlichen Bibliotheken in der Schweiz dar. Verwendet werden die Daten zur Gruppierung von Institutionen und deren Bezeichnungen in der Benutzeroberfläche, auf einer entsprechenden Liste(24), verwendbar sind sie auch im Kontext von linked data.
Angebote und Nutzungen
Swissbib hat in den letzten fünf Jahren zahlreiche Angebote bereitgestellt und mit unterschiedlichen Partnern Projekte initiiert und durchgeführt. Ermöglicht wurden diese Angebote einerseits dadurch, dass mit swissbib ein einzigartiger gesamtschweizerischer bibliografischer Datenbestand existiert. Anderseits ermöglichen die freien Komponenten und die offene Architektur unterschiedliche Anknüpfungspunkte an Daten und Software. Hier soll ein kurzer Überblick der wichtigsten Dienste geboten werden.
swissbib
Zentrales Angebot von swissbib ist der nationale Katalog swissbib.ch. Er weist aktuell (Stand: Oktober 2015) mehr als 21 Millionen Aufnahmen mit gut 50 Millionen Bestandsangaben nach. Die Seite wird monatlich von gut 50'000 Benutzern aufgerufen. Ein Viertel der Anfragen werden dabei vom Karlsruher Verbundkatalog KVK generiert, diesen Besuchen geht eine Abfrage an die SRU-Schnittstelle voraus.
swissbib Basel Bern
Swissbib Basel Bern ist der gemeinsame Katalog der Hochschulbibliotheken in Basel und Bern und der Schweizerischen Nationalbibliothek. Er wurde ab 2012 aufgebaut und fungiert als primärer Katalog und als Resource Discovery-System der beiden Universitäten. Swissbib Basel Bern nutzt die Metadaten des Projekts swissbib und dieselbe Software, jedoch in einem eigenen Index und mit eigenen Instanzen für die Benutzeroberfläche. Nachgewiesen sind darin ebenso die lizenzierten E-Book-Bestände, die nicht (mehr) im Bibliothekssystem verwaltet werden. In einem zweiten Reiter der Trefferliste werden elektronische Ressourcen des Anbieters Serial Solutions / Summons angeboten. VuFind ist an das lokale Bibliothekssystem Aleph angebunden, swissbib Basel Bern bietet sämtliche verfügbaren Benutzerfunktionalitäten und Kontoinformationen.
jusbib
jusbib ist ein Metakatalog von Schweizer Rechtsbibliotheken und weiteren relevanten Beständen der juristischen Literatur. Jusbib nutzt den zentralen Suchindex von swissbib.ch, mittels eines Filters werden die entsprechenden Bestände ausgewählt. Der flexible Suchindex ermöglicht eigene Sucheinstiege und Facetten, ebenso steht eine hierarchische Suche in einer gesamtschweizerisch verwendeten juristischen Klassifikation zur Verfügung. Das Projekt wurde von der „Vereinigung der juristischen Bibliotheken der Schweiz“ gestartet und in enger Zusammenarbeit mit dem Team von swissbib durchgeführt. Es erhält eine finanzielle Unterstützung des Bundesamtes für Justiz und des Vereins eJustice.CH.
linked.swissbib
Das Projekt linked.swissbib(25) wird ebenfalls seit 2014 vom Programm P2 "Wissenschaftliche Information: Zugang, Verarbeitung und Speicherung" gefördert und gemeinsam mit den Fachhochschulen in Genf und Chur durchgeführt. Ziel ist es, den gesamtschweizerischen Katalog ins semantische Web zu integrieren, dazu werden die Metadaten in ein RDF-Datenmodell überführt und mit externen Datenquellen verlinkt. Ergebnisse sowohl im Bereich Metadaten wie in der Entwicklung und Adaption von Software sollen während der Projektlaufzeit in den Katalog swissbib integriert werden.
Kartenportal
Kartenportal.CH ist ein Fachportal für Karten in Schweizer Bibliotheken und Archiven.(26)Ursprünglich ein e-lib.ch-Projekt, wird es unterdessen als Kooperation der beteiligten Institutionen betrieben. Für die verbundsübergreifende Kartensuche stellt swissbib die Metadaten zur Verfügung, für die vollständige Anzeige wird auf swissbib zurückverlinkt. Ebenso stellt swissbib Codes und Metadaten der Schweizer Bibliotheken zur Verfügung.
WorldCat-Export
Als Teil der Zusammenarbeit mit der Firma OCLC werden die bibliografischen Metadaten des „Informationsverbunds Schweiz“ und entsprechenden Partner über die bibliografische Datenbank CBS von swissbib in den globalen Katalog WorldCat(27) exportiert. Dies erhöht die Sichtbarkeit der Bestände der Deutschschweizer Bibliotheken, eine Aktualisierung via swissbib garantiert dabei eine regelmässige wöchentliche Aktualisierung.
Metadatenmanagement Nationallizenzen
Das Projekt „Nationallizenzen“ zielt auf eine flächendeckende Versorgung des Hochschul- und Forschungsplatzes mit wissenschaftlicher Literatur durch die zentrale Lizenzierung von Backfile-Paketen grosser Verlage ab.(28) Es wird ebenfalls durch das Programm SUK-P2 finanziert. In diesem Rahmen übernimmt swissbib die Verarbeitung und Bereitstellung der gelieferten Metadaten von Artikeln und E-Books. Neben einem zentralen Sucheinstieg sollen die Metadaten auch für weitere Nutzungen durch Bibliotheken über Schnittstellen bereitgestellt werden.
Betrieb und Entwicklungen
Aus dem Betrieb und den Entwicklungen der Jahre seit dem öffentlichen Start von swissbib Anfang 2010 ergeben sich einige Punkte:
- Die als Grundkonzept festgelegte offene Softwarearchitektur funktionaler Applikationen hat sich bewährt. Swissbib ist damit stets in der Lage geblieben, auf Veränderungen in der komplexen Landschaft von Systemen und Metadaten in der Schweiz zu reagieren.
- Mit Ausnahme von CBS verwendet swissbib quelloffene Software. Auch durch die Verwendung von klar definierten Schnittstellen zwischen den einzelnen Komponenten ist so Transparenz gewährleistet. Eine Fehlersuche innerhalb von swissbib gestaltet sich technisch relativ einfach, auch wenn sie natürlich der aufwendigen Suche nach der Nadel im Heuhaufen gleichen kann. Die Verwendung von quelloffener Software garantiert überdies die mögliche Nachnutzung und spart Lizenzkosten.
- Von aussen an das Projekt getragene Anforderungen, so beispielsweise neue Authentifizierungsmechanismen oder auch das sich verändernde Suchverhalten von Nutzerinnen und Nutzern können in dieser Architektur durch gezielten Austausch oder Erweiterungen an bestehenden Komponenten gemeistert werden.
- In den ersten Jahren arbeitet swissbib stark mit der Firma OCLC zusammen. Der Dienst wurde auf Servern der Firma gehostet und drei Kernkomponenten waren darüber lizenziert. Die Zusammenarbeit mit OCLC ist weiterhin wichtig, insbesondere im Bereich des Metadatenmanagements mit CBS. In anderen Bereichen aber stützt sich swissbib neben eigenen Kräften auf unterschiedliche Partner. Für das Hosting und den Betrieb wurde eine enge Zusammenarbeit mit der Rechenzentrum der Universität Basel etabliert. Für die Pflege und Weiterentwicklung von VuFind kann swissbib sich auf Firmen in der Schweiz verlassen, welche sich rasch das notwendige Knowhow aneignen konnten. Für zahlreiche Probleme im Bereich Suche und Präsentation arbeitet das Projekt mit internationalen Entwicklungsgemeinschaften. Und selbstverständlich steht swissbib in engem Kontakt mit Kolleginnen und Kollegen in den Schweizer Verbundzentralen bereit, unverzichtbare Hilfen im Dschungel schweizerischer Bibliothekssysteme. Eigene Kompetenzen und breit abgestützte Partnerschaften verringern die Abhängigkeit von einzelnen Anbietern und erlauben zielgenaue Lösungen.
- Gleichzeitig ist der Austausch und die Erweiterung von Komponenten aufwendig. Auch wenn der Austausch eines Suchindex oder einer Transformationskomponente konzeptionell einfach vor sich geht, kann ein solches Projekt während Monaten Kräfte binden. Entsprechend müssen Entscheide dieser Art gut begründet, die Umsetzung personell und technisch gut geplant sein. Zwingend dazu ist Fachpersonal mit sowohl technischem wie bibliothekarischem Knowhow. Aktuell ist swissbib in diesem personell gut aufgestellt.
Ausblicke
Die von unterschiedlicher Seite als „stark fragmentiert“(29) bis „bizarr“(30) charakterisierte Schweizer Verbundlandschaft bringt bekannte Probleme der Datenqualität mit sich. Diese Schwierigkeiten kollidieren immer stärker mit dem Bedürfnis, Metadaten in anderen Kontexten und Formaten (externe Suchmaschinen, Fachportale, Forschungsprojekte) zu verwenden und sie mit anderen Datenbeständen zu verlinken. Erschwert werden dadurch auch grosse Projekte wie der gemeinsame Umstieg auf das neue Regelwerk RDA oder die Verwendung der Gemeinsamen Normdatei GND zur Formal- und Sacherschliessung. Jeder lokale Verbund ist mangels zentraler Möglichkeiten gezwungen, Anpassungen selbst vorzunehmen, sowohl in (halb-)automatischen wie in manuellen Teilen.
Auch hat insbesondere der stark wachsende Bestand an elektronischen Medien und die entsprechenden Anforderungen an die Verwaltung zu einer weiteren Zersplitterung der Systemlandschaft geführt. Bestehende Koordinationsgremien haben hier über den Informationsaustausch kaum Wirkung entfaltet. Eine weitere Zersplitterung ist nun bei der Einführung von Verwaltungssystemen der nächsten Generation (cloud-basierte SaaS-Systeme) bereits angelaufen. Gleichzeitig wird mit dem Projekt einer gemeinsamen „Swiss Library Service Platform“ versucht, den offensichtlichen zentrifugalen Tendenzen mit dem zentralen Betrieb eines neuen Bibliothekssystems Gegensteuer zu geben.(31) Ob und in welcher Form sich ein nationaler System- und Dienstleistungsanbieter etablieren wird, zeigt sich ab 2017 in der Phase der Implementierung. Im Bereich von open-Access-Repositories, insbesondere aber bei Archiven und Spezialsammlungen sind die Unterschiede in der Erschliessungstradition, bei Systemen und Datenformaten gross, wobei sich hier keine vorderhand keine Zentralisierung abzeichnet.
Als gesamtschweizerischer Katalog, als Suchmaschine und nationaler Datenhub wird swissbib auch in einer sich verändernden Umgebung flexibel und anpassungsfähig bleiben müssen. Die Fokussierung auf den Nachweis und als Einstiegspunkt für Such- und Datendienste hat sich hier als zielführend erwiesen. Gleichzeitig ist swissbib als technische Lösung ein Kind föderalistischer Strukturen und dezentraler Dienste. Die Qualität der angebotenen Dienste ist hoch, doch sind Fehler ohne manuelle Eingriffe unvermeidbar. Dies zeigt sich bei der Zusammenführung von Titeln aus unterschiedlichen Systemen und mit unterschiedlichen Regelwerken oder auch bei der Verlinkung mit externen Datenquellen. Eine bessere Einbindung von swissbib in die Arbeitsabläufe der Verbünde könnte zu Verbesserungen beitragen.
Für swissbib als schweizerischer Katalog und für sämtliche Such- und Datendienste sind in Zukunft zwei Dinge wichtig: Technisch müssen Verwaltungssysteme in der Lage sein, Metadaten und Zugangsinformationen vollständig über offene Schnittstellen bereitzustellen. Und organisatorisch muss ein Rahmen geschaffen werden, der einen langfristigen Betrieb und die Finanzierung über begrenzte Programme hinaus gewährleistet. Hier sollen das aktuelle Finanzierungsprogramm SUK-P2 ebenso wie die „Swiss Library Service Platform“ einen stabile Grundlage bieten.
Notes
(1) http://ead.nb.admin.ch/web/swiss-serials/psp_de.html [05.10.2015]
(2) Zur Geschichte der Zettelkataloge siehe: Krajewski, Markus. Zettelwirtschaft. Die Geburt der Kartei aus dem Geiste der Bibliothek. Berlin: Kulturverlag Kadmos, 2002.
(3) Accart, Jean-Philipp. „Der Schweizerische Gesamtkatalog (GK)“. Arbido 1–2 (2005): 28–29.
(4) Barth, Robert. „Bibliotheken in der Schweiz zwischen Tradition und Innovation“. B.I.T.online 15, Nr. 4 (2012): 333–43, S. 336-338.
(5) Dora, Cornel. „Eine Bibliotheksstrategie für die Schweiz?“ Bibliothek Forschung und Praxis 36, Nr. 1 (Januar 2012), S. 81. doi:10.1515/bfp-2012-0009.
(6) Breeding, Marshall. Next-generation library catalogs. Bd. 4. Library technology reports 43. Chicago: American Library Association ALA, 2007.
(7) http://www.swissuniversities.ch/de/organisation/projekte-und-programme/suk-p-2-wissensch-information-zugang-verarbeitung-speicherung/ [16.10.2015]
(8) https://de.wikipedia.org/wiki/Software_as_a_Service (06.10.2015).
(9) „Le manque de renvois entre les différentes formes des noms propres [...] produit du silence dans les réponses et complique la mise en oeuvre des listes alphabétiques ou des facettes.“ Zit.: Rivier, Alexis. „E-rara.ch. Une bibliothèque numérique pour les livres anciens“. Ressi No. 15 (2014).
(10) Viegener, Tobias. „Switzerland builds next-generation metacatalogue“. Research Information, Nr. August/September (2009): 18–21, S. 19.
(11) https://github.com/swissbib/contentCollector
(13) http://www.swissbib.org/wiki/index.php?title=Swissbib_marc
(14) https://github.com/swissbib/content2SearchDocs
(15) https://en.wikipedia.org/wiki/Fast_Search_%26_Transfer
(16) https://en.wikipedia.org/wiki/Apache_Solr
(17) Zur Implementierung von TouchPoint siehe v.a. Viegener, Tobias. „Switzerland builds next-generation metacatalogue“. Research Information, Nr. August/September (2009): 18–21, S. 20.
(18) https://vufind-org.github.io/vufind/
(19) Die Schnittstelle steht zur Verfügung unter http://sru.swissbib.ch. Dokumentation findet sich hier: http://www.swissbib.org/wiki/index.php?title=SRU
(20) http://www.ubka.uni-karlsruhe.de/kvk.html
(21) Siehe http://data.bib.uni-mannheim.de/malibu/isbn/suche.html [16.10.2015]
(22) http://www.kartenportal.ch/
(23) Der Quellcode ist verfügbar unter https://github.com/swissbib/libadmin
(24) Abrufbar unter https://www.swissbib.ch/Libraries, für Zugriff auf die strukturierten Daten stehen Schnittstellen bereit.
(25) Für weitere Informationen: http://linked.swissbib.ch [16.10.2015]
(26) Erreichbar unter http://www.kartenportal.ch/ [17.10.2015]
(27) http://www.worldcat.org/ [19.10.2015]
(28) http://www.swissuniversities.ch/fileadmin/swissuniversities/Dokumente/DE... [26.10.2015]
(29) Viegener, Tobias. „Die Schweizer Verbundlandschaft – ein Hemmnis für die Entwicklung der Bibliotheken?“ 027.7 Zeitschrift für Bibliothekskultur / Journal for Library Culture 1, Nr. 2 (24. September 2013). doi:10.12685/027.7-1-2-29, S. 33.
(30) Barth, Robert. „Bibliotheken in der Schweiz zwischen Tradition und Innovation“. B.I.T.online 15, Nr. 4 (2012): 333–43, S. 336.
(31) Über Projektfortschritte informiert ein Blog: http://blogs.ethz.ch/slsp/ [2. November 2015]
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