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Publiée une fois par année, la Revue électronique suisse de science de l'information (RESSI) a pour but principal le développement scientifique de cette discipline en Suisse.

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Editorial no.8

Ressi — 9 décembre 2008

 

Editorial no.8

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N°8 décembre 2008

Ressi — 9 décembre 2008

Sommaire - N°8, Décembre 2008

  • Editorial no.8

Comptes-rendus d'expériences :

  • La théorie sur la "voie verte" de l'Open Access - Jocelyne Jerdelet et Sandrine Reyes

Evénements :

  • Un exemple de coopération et de solidarité: les 10 ans d’« Archivistes sans Frontières » - Alfred Garcia i Puig, adap. Didier Grange et Giovanni Gregoletto
  • Intelligence économique et gestion des risques : mieux maîtriser l'incertitude [5ème Journée franco-suisse Intelligence économique et veille stratégique - Neuchâtel - 12 juin 2008] - Jacqueline Deschamps, François Courvoisier, Françoise Simonot
  • Quels services d’information documentaire aujourd’hui ? Pistes de réflexion issues d’une Journée d’étude organisée récemment par le département Information documentaire de la HEG Genève - Florence Muet
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Editorial n°7

Ressi — 30 avril 2008

 

Editorial n°7

C’est un numéro 7 particulièrement riche que nous vous proposons. Dans sa première livraison de l’année 2008, le Comité de rédaction a toujours l’ambition que RESSI soit une chambre d’écho des recherches menées dans notre discipline en Suisse mais aussi à l’étranger.

Dans la rubrique Etudes et Recherches, Cynthia Dufaux, Jan Krause et Aline Maurer évaluent de manière originale la collection de monographies de la Faculté des sciences de l’Université de Genève. A partir de données recueillies dans plusieurs bibliothèques, les auteurs ont élaboré un dendogramme qui montre les distances entre les collections des bibliothèques et donc fournit un instrument pour une gestion centralisée des documents par domaines. Mahmoud Brahimi et Laid Bouzidi se sont penchés sur le capital de connaissances des entreprises, souvent mal exploité. Nos collègues lyonnais tentent alors de répondre à un certain nombre de questions sur les connaissances liées au processus métier. Lorraine Filippozzi a étudié la question de la fonction diffusion des archives et tout particulièrement de la présence des archives sur Internet et les conséquences pour les chercheurs. Carole Zweifel fait une étude comparative de quelques logiciels libres de gestion de références bibliographiques donnant ainsi un aperçu de leurs fonctionnalités. Cet article intéressera chercheurs et étudiants en quête d’outils informatisés. Nicolas Bugnon, Simone König et René Schneider abordent le thème de la transposition du Web 2.0 dans le monde des bibliothèques. Il s’agit là d’une préoccupation actuelle pour les professionnels des bibliothèques et, en plus de quelques points de repères, les auteurs entament une réflexion qui ne fait que commencer.

Dans les comptes-rendus d’expériences, Didier Grange nous fait partager une réflexion menée aux Archives de la Ville de Genève sur les risques et catastrophes pour les archives. Les nombreuses références présentées par l’auteur vont être indéniablement utiles aux institutions en réflexion sur ce thème. Un groupe de bibliothécaires de l’Université de Genève nous montre un bel exemple de collaboration entre professionnels en nous présentant la mise en œuvre d’un wiki comme outil de communication et de partage des connaissances.

Dans la rubrique Evénements Ariane Rezzonico, qui a suivi le Congrès Online à Londres en décembre 2007 nous fait part des dernières tendances en matière d’information où le Web 2.0 est encore au cœur des débats. Ce numéro se clôt avec le texte d’une conférence prononcée par Andreas Kellerhals sur la solidarité archivistique pour les Archives fédérales suisses. Qu’est-ce que la solidarité archivistique et où s’exerce- t-elle ?

Nous avons beaucoup de plaisir à vous proposer un numéro aussi riche et nous le devons aux auteurs qui y ont contribué aussi nous les en remercions vivement. Nos remerciements vont aussi aux membres du Comité de lecture.
RESSI ne peut vivre sans auteurs, c’est pourquoi nous vous invitons à nous proposer des articles pour nos prochains numéros et par avance nous vous en remercions.

Le Comité de rédaction

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Bibliothèque 1 ½ - Le passage vers la modernité : de l'importance et de la confrontation entre les bibliothèques et le Web 2.0

Ressi — 30 avril 2008

Nicolas Bugnon

Simone König

Rene Schneider

 

Dernière modification: 
26/06/2009

Bibliothèque 1 ½ - Le passage vers la modernité : De l'importance et de la confrontation entre les bibliothèques et le Web 2.0

Un débat a lieu en ce moment concernant la transposition des principes du Web 2.0 dans le monde professionnel des bibliothèques. Ce qui ne se fait pas sans difficultés, car le concept du Web 2.0 est très hétérogène et les conditions de sa transposition pas encore tout à fait résolues. Cependant, ses principes ne sont pas du tout nouveaux, mais sont basés sur des techniques culturelles très anciennes. Dans leur nouvelle forme technologique, elles offrent également une série de points d'accès pour le monde des bibliothèques.

Classement

« Une société est considérée comme moderne, si elle est affirmative envers un pluralisme de sources d'inspiration, c'est-à-dire : un marché des confessions, servant de lieu de rencontre pour des gens qui s'enthousiasment et qui s'inspirent pour différents sujets ; une culture est considérée comme ‘moyenâgeuse‘, quand elle se définit par un monisme de l'inspiration; dans laquelle ‘celui qui fait le nécessaire‘ détient un monopole en tant que source de l'enthousiasme légitime.» (1) De ce point de vue le Moyen Age du WoldWideWeb est prétendument dépassé. Rétrospectivement, nous l'appelons le Web 1.0 et célébrons, en plus du triomphe de l'individu (appelé désormais user), également le triomphe de l'intelligence collective dans une modernité portant le nom de Web 2.0. Dans ce cadre, chacun peut être son propre journaliste dans des blogs, auxquels il est possible de s’abonner par leurs flux RSS; chacun son propre photographe, metteur en scène, promoteur, mettant à disposition ses œuvres sur des plateformes de photos et de vidéos pour des recensions. Finalement chacun est son propre créateur dans le jeu du Cyberspace. Un phénomène qui ne signifie rien d'autre que la réanimation de la parole présupposée morte, «chacun selon ses capacités, chacun selon ses besoins ! » (2) et, transposé dans le monde des bibliothèques, « chacun son propre bibliothécaire, chacun sa propre bibliothèque ».

Evolution et discontinuité

Ces éléments permettent la distinction entre deux générations de Web, mais le problème est l’abstraction de toute base à cette distinction. Au tout début du Web, le rôle de l'utilisateur était déjà décrit comme s'il était pensé pour le Web 2.0. : «Bien ces possibilités soit limitées, il est très utile de connaître qui a fait quoi, qui est qui, quels sont les documents existant, etc. On peut ainsi garder trace de l'utilisateur et ajouter quelques informations» (3). Cette correspondance fait la différenciation de deux types de Web, mais note tout de même une retenue (“possibilités limitées“). Il s’agit des limites techniques des premières années du Web qui ont été perfectionnées par une série d'évolution et de développement. Certains changements représentatifs sont à mentionner, comme le développement de nouveaux langages de programmation, par exemple AJAX (4) ou le nouveau langage de description XUL (5). Tous deux mettent l'accent sur l'importance accrue des dérivés d'XML. En découlent une augmentation de la bande passante d'information et une hausse de multimédialité du contenu, dont la manipulation devient de plus en plus facile et les interfaces de plus en plus fluides.
Curieusement, ces arguments ne sont mentionnés que très rarement dans les discussions sur la transition du Web 1.0 au Web 2.0. L'événement décisif marquant la distinction entre les versions du web est lié à l'éclatement de la bulle d'Internet et du crash boursier consécutif de l'année 2002. Par la suite la question s'est posé de savoir comment et pourquoi quelques entreprises ont pu surmonter si facilement ce crash. Ce phénomène s'explique par les faits suivants :

  • le moteur de recherche le plus connu peut accompagner chaque requête d’une publicité correspondante, peu importe la taille du groupe d'intérêt;
  • par des chaînes de requête du type « celui qui a lu ce livre, a également lu celui-là », une offre à la fois élargie et spécifique peut être faite;
  • les ventes aux enchères sur Internet peuvent satisfaire chaque besoin d'achat en dépit d'une demande massive.

De manière générale, cela signifie un épanouissement des niches communément appelées « The Long Tail » (6) qui aboutie à une mise en exploitation de l'intelligence collective : « Le principe central ayant permit le succès des géants nés à l’âge du Web 1.0, étant ceux qui ont survis pour amener l’âge du Web 2.0, semble être le fait qu’ils ont compris le pouvoir du web d’exploiter l’intelligence collective» (7).
Cependant certaines communautés du Web créées par une intelligence collective existent depuis le début d'Internet. En fin de compte, ce qui a été décisif est le développement technique ayant amené de nouvelles bases plus conviviales pour les utilisateurs, et permettant non seulement un échange d'informations entre personnes mais aussi un échange collectif sur des artefacts humains.

Outils de l'intelligence collective

Cet échange est soumis à quelques principes du patrimoine culturel qui nous sont familiers depuis l'Antiquité. Depuis, ceux-ci ont trouvé, en partie indépendamment et en partie dans de nouvelles combinaisons, un chemin dans l'ère virtuelle. Il s'agit plus particulièrement de :

  • la publication de messages personnels ou d’oeuvres artistiques, comme cela se passe dans les blogs, les plateformes de photos ou de vidéos, combinant souvent informations textuelles et visuelles;
  • l'étiquetage ou le tagging, qui par leur assemblage forment une folksonomie, sont devenu un nouvel outil pour les moteurs de recherche et également une alternative à l'indexation contrôlée;
  • La formulation de critiques, c'est-à-dire d’annotations ciblées, souvent polémiques, sont avec les tags, des composants essentiels de toute plateforme du Web 2.0;
  • La pratique du palimpseste (8), c’est-à-dire l'effacement de textes et leur réécriture; une technique qui empêche, particulièrement dans les wikis, la pérennité de composants informationnels;
  • La constitution de paquets ou fascicules composés de feuilles volantes ou l’assemblage de fragments ou d'éclats, pouvant être comparé à un patchwork ou une mosaïque, pratiqué dans la technologie des mash-ups, ainsi que dans les pages personnelles de sites communautaires.

Toutes ces activités demandent différentes compétences des utilisateurs et selon les niveaux de ces derniers et les bases technologiques du Web, une utilisation très différente en sera faite. Les possibilités d’applications résultantes semblent énormes, ce qui provient de la multitude des individus participant et des possibilités de combinaisons des différents points cités.
Le point fort de ces outils d'intelligence collective est qu’ils sont utilisables avec très peu de moyens, aussi bien pour la réalisation de petits projets que pour la gestion de grands projets complexes : ainsi, les participants d'un projet peuvent se connecter à un groupe à travers leurs pages personnelles, des informations intéressantes concernant le projet peuvent être réunies dans un Wiki ou dans des social bookmarks, la progression du projet peut être communiquée dans un blog et par conséquent diffusée par des flux RSS. Il est également possible de rassembler les résultats d’un projet de manière visuelle dans un Mash-up.

Bibliothèque 2.0

L’utilisation de ses outils devrait également retenir l’attention dans les domaines des bibliothèques, des archives et de la documentation. Pourtant, l’emploi interne des technologies du Web 2.0 dans les bibliothèques n’amènent pas automatiquement à celle dont on parle tant, la Bibliothèque 2.0.
« Etonnamment, la simple utilisation des techniques du Web 2.0 pour la gestion et la présentation d’information par les bibliothèques, comme dans des blogs ou des Wikis, est considérée comme étant une Bibliothèque 2.0. Cet amalgame n’existe que dans le monde des bibliothèques : en effet, il est difficile d’accepter que les marchands de pneus qualifient un blog sur leur commerce de commerce du pneu 2.0. (9)» L’organisation d’une bibliothèque 2.0 digne de ce nom, demande en conséquence, que la gestion bibliothéconomique soit conduit à l’aide du monde du Web 2.0, comme cela arrive déjà dans quelques excellentes applications et offres au public.

C’est le cas entre autres, lorsque les bibliothèques produisent leurs propres fils RSS, pour informer des nouvelles acquisitions et d’autres événements d’actualité les concernant. Selon la taille de la bibliothèque et l’hétérogénéité du public, ces fils RSS sont si divers, qu’il est possible de répondre aux besoins de tous les groupes d’utilisateurs de manière ciblée.
Cet exemple montre que la bibliothèque 2.0 signifie, dans un premier temps, atteindre les utilisateurs (non seulement les utilisateurs existants, mais aussi les potentiels), qui dans un deuxième temps s’intègreront à une communauté ou rendront accessible à la collectivité leur propre savoir à travers les technologies du Web 2.0. Dans ce contexte, on ne doit pas exclure une variante de la bibliothèque 2.0, proposant que les petites bibliothèques et centres de documentation, avant tout les institutions qui sont passées à côté du Web 1.0, puissent se considérer elles-mêmes comme des individus et mettre leurs ressources à disposition des utilisateurs à l’aide des outils du Web 2.0.
Le logiciel en ligne de gestion de bibliothèque Library Thing illustre bien ce propos (10): le concept est de transformer les privés en gestionnaires de leur propre bibliothèque, c’est-à-dire que chacun catalogue ses livres pour ainsi dire de manière professionnelle et se met en relation avec les personnes ayant les mêmes intérêts par l’intermédiaire de la plateforme. Cet outil représente une alternative intéressante pour les institutions qui ne sont pas encore «en ligne», et en particulier les petites bibliothèques. Celles-ci peuvent rattraper la mise en ligne de leur catalogue de cette manière et en même temps présenter leur offre aux utilisateurs intéressés.
Une autre application ayant purement trait aux bibliothèques serait que les utilisateurs ouvrent leurs comptes personnels, ou une partie de ceux-ci, à la vue de tous. Les critiques et les tags laissés par les uns au sujet de leurs emprunts et de leurs lectures sont pleins de sens pour les autres lecteurs. La réunion de ces données dans un moteur de recherche aboutirait à un service orienté utilisateurs, dont le capital-sens dépasserait de loin la prise en compte des citations.
Ce sont en fait les tags attribués de manière libre qui représentent un outil très pertinent non seulement pour l’établissement de signets communautaires, mais aussi pour l’indexation du contenu de livres et autres médias, ce qui enrichirait dans tous les cas le travail des bibliothèques. Avec les derniers développements dans le domaine des interfaces utilisateurs, différencier les descripteurs attribués par les bibliothécaires de ceux attribués par les utilisateurs est devenu un jeu d’enfant. Cela peut être concrétisé par exemple par la couleur ou par une différence de taille des mots affichés. Ces tags librement attribués forment finalement une folksonomie, particulièrement riche de sens, qui est ensuite amplement utilisable par des moteurs de recherche. En définitive, une attention particulière devrait être accordée à la folksonomie et aux fils RSS, car tous deux, vu leur fort potentiel et de leur large diffusion, vont survivre à la mode du Web 2.0.
Par contre, les possibilités que les mash-ups deviennent une nouvelle forme de service d’information des bibliothèques est encore difficile à évaluer. A ce propos, l’intégration d’autres sources de données aux informations scannées par les catalogues, mais aussi l’intégration du moteur de recherche du catalogue dans des pages web personnelles est facilement réalisable. La connexion à différents médias (les bibliothèques numériques et le reste du web) représente encore une autre possibilité. Comme les mash-ups demandent si bien une compétence qu’une habilité de recherche et de rassemblement de résultats, le bibliothécaire pourrait jouer le rôle de l’Information Broker afin de rendre accessible ce service.

Bibliothèque 1 ½

La présence en parallèle d’applications concrétisées et de théories sur la Bibliothèque 2.0 laissent penser qu’actuellement le terme de bibliothèque 1 ½ est plus approprié, d’autant plus qu’il reste encore à faire de profondes analyses du transfert vers le Web 2.0 dans le monde professionnel. D’autre part, il est également imprévisible de dire dans quelle direction se développent les technologies du web. Dans certains cercles, on parle déjà du Web 3.0, mais on n’y apprend finalement que rarement de quoi il s’agit exactement. Dans tous les cas, cela ne devrait pas mener à délaisser les développements technologiques, si ce n’est que pour ne pas encore une fois être dépassé par ceux-ci.
La plus grande gêne provient des prétendus intérêts économiques, qui sont liés au Web 2.0 et le fait que jusqu’à aujourd’hui, pratiquement aucun bénéfice n’a été dégagé avec les technologies concernées. Ce n’est pas la première fois que des rêves économiques devraient prétendument être réalisés. Au contraire, le bilan de l’achat du plus populaire fournisseur de téléphonie internet par la plus grande maison de vente aux enchères en ligne s’est récemment terminé avec une perte d’un milliard. Pour tous ceux qui se souviennent encore de la place de la bulle Internet 1.0, cela devrait être plus qu’un simple avertissement.
Un rapide coup d’œil sur les plateformes du Web 2.0 montre que les utilisateurs ont un grand intérêt aux produits qu’ils ont eux-mêmes engendrés et ceux qui y sont apparentés. Ainsi, les groupes qui enlèveraient le catalogage aux bibliothécaires ou qui voudraient y participer, excéderaient à peine la masse critique qui est nécessaire à une application du Web 2.0 aux catalogues, car peu d’utilisateurs seraient prêts à tagger les références qui ne les concernent pas directement. Il est également important de garder à l’esprit que l’introduction de grandes solutions « bibliothèque 2.0 » doit être accompagnée par des mesures internes de gestion du changement.
En outre, il est plausible que, dans quelques années et de manière analogue aux développements du domaine des multimédias, beaucoup d’éléments que nous qualifions aujourd’hui de web 2.0 trouvent leur place dans le web sans que quelqu’un ne fasse d’association entre eux et le qualificatif, alors qu’ils seront largement utilisés. Ceci représente un argument pour déterminer les bibliothèques et les centres d’information à s’approprier les technologies du Web 2.0 et à développer des alternatives aux services d’information traditionnels, mais ces institutions doivent s’y intéresser également pour éviter que leurs compétences ne soient encore plus absorbées par le web, comme cela s’est déjà passé avec les moteurs de recherche. Finalement, la décision du succès ou de l’échec des nouveaux services revient aux utilisateurs, indépendamment de quelle numéro de version est attribué au web.

Notes

(1) Peter Sloterdijk : « Der mystische Imperativ. Bemerkungen zum Formwandel des Religiösen in der Neuzeit. » in : ders. (Hrsg.) : Mystische Weltliteratur. Diederichs Gelbe Reihe. 2007, S. 9. « Als modern bezeichnen wir eine Gesellschaft, wenn sie einen Pluralismus an Inspirationsquellen zugesteht, sagen wir : einen Pluralismus an Inspirationsquellen zugesteht, sagen wir : einen Konfessionen-Markt; auf ihm können sich Menschen begegnen, die sich für verschiedenes begesistern und Verschiedenem inspiriert werden; "mittelalterlich" nennen wir eine Kultur, die sich durch einen Monismus der Inspiration definiert; in ihr besitzt das " Eine das nottut" ein Monopol darauf, als Quelle legitimer Enthusiasmen zu wirken. »

(2) Karl Marx : Kritik des Gothaer Programms, 1987, MEW 19, Seite 21. "Jeder nach seinen Fähigkeiten, jedem nach seinen Bedürnissen!"

(3) Tim Berners-Lee : « Information Management. A proposal. » März 1989, Mai 1990. http://www.w3.org/History/1989/proposal.html. vérifié le 05.10.2007. «Although limited, it is very useful for recording who did what, where they are, what documents exist, etc. Also, one can keep track of users, and can easily append any extra little bits of information »

(4) Asynchronous JavaScript and XML

(5) XML User Interface Language

(6) Chris Anderson : The Long Tail. Wired 12.10. Octobre 2004. http://www.wired.com/wired/archive/12.10/tail.html. vérifié le 05.10.2007.

(7) Tim O’Reilly : What is Web 2.0 ? Design Patterns and Business Models for the Next Generation of Software. September 2005. http://www.oreillynet.com/pub/a/oreilly/tim/news/2005/09/30/what-is-web-20.html. vérifié le 05.10.2007. « The central principle behind the success of the giants born in the Web 1.0 era who have survived to lead the Web 2.0 era appears to be this, that they have embraced the power of the web to harness collective intelligence.»

(8) Dans le contexte de la programmation du Web 2.0, parfois aussi appelé version Beta perpétuelle

(9) Ulrich Herb : Ohne Web 2.0 keine Bibliothek 2.0. Telepolis. 13.09.2007.http://www.heise.de/tp/r4/artikel/26/26013/1.html, vérifié le 08.10.2007. «Ausserdem wird erstaunlicherweise unter Bibliothek 2.0 auch die reine Nutzung von Web 2.0-Techniken zur Verwaltung und Präsentation bibliothekarischer Information etwa in Blogs oder Wikis gehandelt. Das lässt auf bibliothekarisches Standesbewusstsein schliessen : Kaum anzunehmen, dass Reifenhändler ein Weblog über ihr Geschäft als Reifenhandel 2.0 bezeichnen würden.»

(10) www.librarything.de

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Le web comme outil de diffusion des archives

Ressi — 30 avril 2008

Lorraine Filippozzi, Haute Ecole de Gestion, Genève

Résumé

 

Internet est aujourd’hui un outil de communication privilégié dans de nombreux domaines d’activité, dont les archives font partie. Dans cet article, je présenterai un état des lieux de la présence des archives sur Internet en commençant par une synthèse de la littérature sur le sujet suivie d’une analyse des sites internet d’archives actuels. Cet état des lieux permettra de contextualiser et d’appuyer la démarche de conception d’un site web d’archives que je présenterai en fin d’article. Ce guide méthodologique de diffusion constitue l’aboutissement d’un projet de recherche sur la diffusion des archives sur Internet mené dans la continuité d’un travail de diplôme sur le même sujet.

 

Dernière modification: 
23/06/2009

Le web comme outil de diffusion des archives

La diffusion des archives : synthèse de la littérature

Les évolutions technologiques dans le domaine de la diffusion des archives méritent que l’on s’intéresse aux nouveaux enjeux qui en résultent. En effet, Internet est à présent le point de départ de la plupart des recherches, et un service d’archives, s’il souhaite être connu du public et mener à bien sa fonction de diffusion, se doit d’y être présent. Le web offre par ailleurs de nombreuses possibilités encore sous-exploitées.

La diffusion comme fonction archivistique

Selon la théorie de la discipline, la diffusion est à la fois une fonction archivistique et une mission pour les services d’Archives. Elle est une fonction archivistique car elle constitue l’aboutissement des activités de création et/ou d’acquisition, d’évaluation, de classification, de description et de préservation. Elle est aussi une mission car « la diffusion de l’information que contiennent les archives est parmi les finalités les plus importantes de l’archivistique » (Couture, [et al.], 2003 : p. 22). Ainsi, on la définit comme étant « l’action de faire connaître, de mettre en valeur, de transmettre et/ou de rendre accessible une ou des informations contenues dans des documents d’archives à des utilisateurs (personnes ou organismes) connus ou potentiels pour répondre à leurs besoins spécifiques » (ibid. : p. 22). Cette définition sous-tend les notions de communication et de promotion, ce qui démontre la tendance actuelle allant vers l’ouverture et la transparence des archives (Laurent, 2003 : p. 13). On observe véritablement une « mutation de la pratique vers des priorités axées sur la diffusion, sur la promotion de nos interventions et sur l’accroissement de l’accès à la connaissance et au savoir » (Aubin, 1999-2000 : p. 11).

Cet effort d’ouverture et de promotion est aussi dû au fait que « la diffusion assure aux centres d'archives une renommée grâce à laquelle ils peuvent justifier les ressources qui leur sont attribuées et prétendre au développement des archives dont ils ont la garde ainsi qu'au développement des services qu'ils offrent » (Couture, [et al.], 2003 : p. 386). Ainsi, le positionnement de la diffusion au sein du système de gestion d’un service d’archives est stratégique. En effet, la diffusion étant le meilleur moyen d'obtenir visibilité et notoriété, elle permet le maintien, voire l'augmentation des ressources pour l'ensemble du service. Il est par conséquent capital d'intégrer cette fonction à la planification générale des activités et, plus globalement, à la stratégie de l'institution. Occupant une position stratégique au sein du système de gestion des archives, la diffusion se doit d’être intégrée à l’appareil normatif et administratif du service d’Archives. Dans ce but, il est recommandé d’établir une politique de diffusion. Cette dernière permet de formaliser et de coordonner les différents aspects liés aux activités de diffusion d’un service d’Archives, ainsi que d’optimiser l’usage des différents moyens de diffusion possibles.

Les moyens de diffusion

Selon la littérature existante, on peut distinguer deux ordres de diffusion des archives : la diffusion par les archives et la diffusion par les archivistes (Couture, Rousseau, 1983 : p. 257). La diffusion par les archives inclut notamment la mise à disposition des archives, la mise à disposition d'instruments de recherche et d'informations générales, la publication (sur tous supports) et l’exposition de documents d’archives, d’instruments de recherche et d’informations générales. Tandis que la diffusion par les archivistes comprend la réglementation de l'accès, de la consultation, de la reproduction, la gestion des chercheurs (le service de référence, la consultation), la participation à des activités culturelles ou de formation et l'entretien des relations publiques.

La diffusion des archives est fondée sur différents moyens, chacun d’eux entraînant le choix et la mise en œuvre d’outils spécifiques. Ces moyens sont le service de référence, la règlementation, la consultation, la publication et la promotion. L'accès est une notion à appréhender tant au niveau intellectuel, physique, que légal. Le service de référence a pour but d’assurer la médiation entre le chercheur et le matériel mis à sa disposition. Il permet l'accès intellectuel aux documents d'archives, mais il doit tenir compte de la réglementation en vigueur. La règlementation peut être de trois types : « la restriction à la consultation, celle qui empêche la reproduction et celle qui interdit la diffusion » (Couture, [et al.], 2003 : p. 404). Ceux-ci influencent considérablement les possibilités de recherche offertes au chercheur, c’est pourquoi un service d'Archives doit faire preuve de transparence dans l’application des lois, règlements et politiques en vigueur. Il s'agit de ce fait d'instaurer « un équilibre entre les besoins des uns et les intérêts ou les ressources des autres » (ibid. : p. 408). La notion de consultation, quant à elle, inclut l'ensemble des éléments permettant l'accès physique aux documents. Elle dépend directement du service de référence qui la précède et l'accompagne. Autre moyen de diffusion, « la publication peut prendre plusieurs formes : publications de documents d'archives, publication d'instruments de recherche, publication d'informations générales » (Couture, Rousseau, 1983 : p. 257). La publication des documents d'archives, principalement sous forme de microfiches ou de documents numériques, permet d'élargir l'accès aux sources tout en les préservant. Mais avant les pièces elles-même, la publication des instruments de recherche permet au chercheur d'estimer l'utilité des fonds proposés sans avoir à se déplacer. De manière complémentaire, la publication d'informations générales, de la présentation du service à l’article historique complet, est aussi un excellent moyen de diffusion et de promotion. Les types et les supports de publication sont aujourd'hui nombreux : dépliant, guide de recherche, livre, périodique, audiovisuel, site web, etc. Ils permettent par ailleurs de contribuer à la promotion des archives.

Le contact entre les archives et leurs publics

Le contact entre les archivistes et les chercheurs peut être établi en face-à-face ou à distance, par téléphone, courrier ou Internet (Cohen, 1997 : p. 6). La diffusion par Internet, « assimilable à une publication, permet de pallier la pénurie des ressources qui limite les possibilités de publication d’instruments de recherche ou de guides du chercheur tout en favorisant un accès à distance et une mise à jour régulière à des coûts, à moyen terme tout au moins, plus faibles. Le contenu de ces sites est à la croisée du contenu du guide du chercheur, du dépliant et de l’état général des fonds. Il informe souvent sur les dernières acquisitions du centre d’Archives. Il peut aussi donner accès aux instruments de recherche spécifiques des fonds ou collections et même aux documents numérisés (unités de description complètes ou spécimens). Parfois, il rend aussi disponibles les normes, procédures et règles suivies par le centre d’Archives dans le cours de ses activités » (Couture, [et al.], 2003 : p. 397).

En informant le chercheur de manière inédite, un site Internet permet ainsi de rassembler en un lieu d’accès unique tous les moyens de diffusion précédemment exposés. Il offre une vitrine des Archives au public, il permet de fédérer tous les moyens de diffusion sur une même plateforme. En effet, un site web permet de proposer simultanément les informations sur l'institution, sur les fonds qu'elle conserve, sur les services offerts et sur la réglementation, ainsi qu'exposer des documents. Permettant à la fois d'anticiper une partie du travail de référence, de préparer le chercheur à la consultation, de disposer d'un espace de communication et d'exposition tout en participant à la promotion de l'institution à moindre coût, un site web se substitue parfaitement aux autres formes de publication (Abraham, 1996 : p. 2).

De plus en plus, l’internaute accède aux sites et aux inventaires d’archives grâce aux moteurs de recherche (Hamburger, 2004). Les services d’Archives se doivent donc d’y apparaître en bonne position. Pour cela il s’agit de suivre les recommandations concernant le bon référencement d’un site ainsi que de démarcher les moteurs de recherche afin que leurs robots recensent aussi les enregistrements contenus dans la base de données du service (Hill, 2004).

Loin de le rendre inutile, tous les moyens de diffusion mis à disposition du chercheur révèlent le rôle de médiateur de l’archiviste. La relation entre l’archiviste et le chercheur est un échange, et la « mission d’information n’est pas à négliger. C’est à l’archiviste qu’il incombe souvent de traduire la demande en termes d’archives » (Favier, 2000 : p. 192). En proposant un nouveau moyen d’accès à leurs utilisateurs, les services d’Archives doivent aussi se donner les moyens de répondre à la demande : salle de consultation adéquate, procédure de réquisition des documents, copies, indication des droits et devoirs de chacun, etc. (Couture, [et al.], 2003 : p. 400). « L’enjeu [de la diffusion] est de faire en sorte que la mémoire soit diffusée de façon à susciter l’intérêt et la curiosité et augmenter le nombre de personnes qui s’y intéressent : il faut adapter, modifier, créer, innover sans nécessairement vulgariser » (Aubin, 1999-2000 : p. 13).

Les activités liées à la diffusion abordent donc à la fois les notions de stratégie, de législation, de gestion des chercheurs et de communication des documents. Intégrée à un système de gestion des archives global et cohérent, la diffusion est un bon moyen d’obtenir visibilité et notoriété, et ainsi de justifier les ressources allouées au service auprès des décideurs.

La présence des Archives sur Internet : analyse des sites actuels

Internet a permis de faire évoluer la communication des services d’Archives et d’influencer leur mission de diffusion des fonds historiques. La littérature spécialisée donne un bon aperçu des attentes du public, des pratiques et des différents enjeux qui se présentent actuellement. Parallèlement, une analyse des sites web d’archives existant sur Internet permet de dresser schématiquement un modèle de site web et de souligner les spécificités techniques qui leur sont propres.

L’évolution des publics

Le monde des Archives l’a vite compris, Internet représente une opportunité à saisir. A la fois source de développement pour la diffusion des documents conservés et nouveau moyen de valorisation des fonds, l’outil web offre de multiples possibilités de présentation des fonds et des services d’Archives au public. Avant de les exposer, il s’agit cependant de mieux comprendre les attentes de ce public, qui change et se diversifie.

Le public classique des Archives, constitué d’historiens et de chercheurs universitaires, a de moins en moins de temps. A l’ère des moteurs de recherche généralisés, « les usagers sont habitués […] à une information rapide, aisément disponible, accessible quasiment à domicile » (Ermisse, 1994 : p. IX). Ils sont de plus en plus réticents à se déplacer sans savoir ce qu’ils trouveront. L’ordinateur est devenu l’outil de travail privilégié, et Internet leur permet de rassembler à distance les informations qui leur seront utiles lors de leur déplacement dans le service pour recherches approfondies. En marge de ces chercheurs avertis, d’autres types d’utilisateurs fréquentent les Archives. Il s’agit principalement des généalogistes, qui depuis une vigtaine d’années ne cessent d’augmenter. A leurs côté, étudiants, amateurs passionnés d’histoire et professionnels de divers domaines (architecture, sciences politiques, géographie, etc.) commencent à s’intéresser aux archives (ibid. : p. 3). Pour canaliser ces différents publics, les services d’archives peuvent leur donner les moyens d'estimer à distance la spécificité et la pertinence des fonds conservés.

L’enjeu pour les services d’Archives est de ne pas passer à côté de cette nouvelle génération familiarisée avec l’outil informatique et développant de nouvelles habitudes de recherche. Il s’agit donc de continuer à promouvoir l’utilisation des fonds et à favoriser la recherche historique en s’daptant à ces nouveaux besoins d’information. Rendu possible par le web, ce véritable rapprochement avec le public permet aux archives de dynamiser leurs activités et de donner d’elles-même une image plus attirante. Pour ces différentes raisons, que les services d’archives ont bien saisies, il est primordial d’être présent sur Internet.

Sites web d’archives : différents niveaux

Pour répondre aux besoin de ces différents publics lors de l’élaboration d’un site web d’Archives, il est possible de rendre disponibles simultatément plusieurs niveaux d'information (Uhde, 2001). Les quelques exemples proposés démontrent que la préoccupation de répondre aux attentes des publics distincts est constante.

Le premier niveau, le plus basique, contient les informations de présentation générale des services d’Archives. Il est composé des informations pratiques sommaires comme les coordonnées de contact, les heures d’ouverture, une description sommaire des fonds (type et volume), et éventuellement le guide du chercheur. A ce niveau déjà, différentes options existent pour présenter les fonds et les collections : listes alphabétiques, répertoires numériques ou thématiques, cadre de classement, regroupement des fonds par périodes historiques ou par sujet. Il est aussi possible de prévoir des chemins d'accès différents pour chaque type de chercheurs ou pour des centres d’intérêt spécifiques.

Le deuxième niveau offre la fonction de recherche dans les archives en mettant à disposition les inventaires des fonds selon les différents procédés possibles. Il est ainsi envisageable de scanner les inventaires et de les proposer en format image ou texte sur le site. Un autre procédé est la conversion des inventaires en format HTML (2). De manière plus élaborée que ces deux premières options plutôt « bricolées », la plupart des services d'Archives mettent à disposition des outils de recherche dynamiques. Il s’agit de moteurs de recherche directement liés aux bases de données des services. Il est en effet possible, selon le système utilisé pour la description, d'en proposer une interface de recherche en ligne (Rosenbusch, 2001 : p. 46), laquelle peut être guidée par différents index et listes d’autorités (géographiques, noms de personnes et de collectivités, etc.). On peut alors véritablement parler de salle des inventaires virtuelle.

Le troisième niveau offre à l’utilisateur la possibilité de consulter directement les pièces du fonds numérisées à l’écran. Les documents d’archives sont accessibles au format image ou même en texte, grâce aux logiciels de reconnaissance optique des caractères. On peut alors parler d’« archives virtuelles » (Valacchi, 2003 : p. 190 ; Lemay, 1998-1999 : p. 12), voire de « salle de lecture virtuelle ». Une des premières réalisation de ce niveau d'information est le site des Archives municipales de Rennes (Rennes, en ligne), qui, depuis 2003, donne progressivement accès en haute résolution aux registres paroissiaux, à une partie du cadastres et des recensements ainsi qu'à deux tiers de l'état civil. Cette option est également souvent utilisée pour mettre en valeur des fonds cartographiques et photographiques. « Depuis 2003, les statistiques de fréquentation des sites internet des services d’archives ayant mis en ligne ce type de documents montrent un afflux de visites dans ces salles de lectures virtuelles » (Minstère de la culture et de la comunication, 2007 : p. 5).

Complémentairement à ces différents niveaux d'information, plusieurs éléments accessoires sont utiles sur un site web d’Archives. Ainsi, avant même de lui donner accès aux sources, il est intéressant d'indiquer au chercheur l'usage qu’il pourra faire des archives. Dans cette optique, il est intéressant de relever l’offre de didacticiels et de foires aux questions (FAQ). Par ailleurs, la mise à disposition de formulaires de demande de recherche et de réservation de documents permet aux chercheurs d'émettre l’objet de leurs recherche et les documents requis et ainsi de préparer leur venue.

Le site web «modèle»

La majorité des services d'Archives a choisi de créer un site à plusieurs niveaux, chacun s'adressant à un public spécifique, du profane à l'averti. « Le contenu de ces sites est à la croisée du contenu du guide du chercheur, du dépliant et de l'état général des fonds » (Couture, [et al.], 2003 : p. 397). La combinaison d’éléments des différents niveaux permet de brosser le portrait d’un site web « modèle », qui contient au moins les rubriques suivantes : présentation du service, informations pratiques, présentation des fonds et des inventaires et, finalement, la proposition de sources complémentaires.

La présentation du service permet de décrire la mission et les activités de l’organisme, d’exposer sa structure interne et son personnel. En tant que « vitrine » du service, cette présentation doit être attractive afin de véhiculer une image positive du service.

Les informations pratiques regroupent tous les éléments ponctuels utiles aux chercheurs qui envisagent une visite du service : horaires d’ouverture, adresse et plan d’accès, conditions d’accès aux documents, présence d’un service de référence, procédures de demandes de recherche, règlement de consultation et de reproduction, etc. Ces informations doivent lui permettre de préparer sa venue dans les meilleures conditions. Dans cette rubrique peut aussi être offert un moyen de contact des archives : téléphone, email, formulaire de contact, etc.

La présentation des fonds et des inventaires constitue le cœur du site web d’un service d’archives. Elle peut contenir différents moyens d’accès aux fonds : liste des fonds, cadre de classement, inventaires statiques ou dynamiques avec ou sans lien aux fonds numérisés ainsi que diverses options de recherche. Cette rubrique centrale remplit une double fonction : d’information d’une part, en fournissant des informations aussi exhaustives que possible pour permettre au chercheur de juger de l’utilité d’une visite ; de promotion d’autre part, en mettant en valeur et en attirant son attention sur certains thèmes ou documents particulièrement intéressants.

Les sources complémentaires permettent de diriger le chercheur vers d’autres sites ou sources d’informations utiles : bibliothèques, services d’archives, portails thématiques, associations, etc.

L’ensemble de ces rubriques permet de remplir les différentes fonctions que l’on attend d’un site web d’archives. Chacune participe à guider et à canaliser le chercheur dans sa recherche d’information. Cependant celui-ci demande avant tout d’avoir accès aux instruments de recherche (Salzmann, 2004 : p. 46).

Les instruments de recherche en ligne

Les choix stratégiques de diffusion des instruments de recherche dépendent directement de la technologie utilisée dans le service d’archives. En effet, le logiciel employé et les possibilités qu’il offre au niveau de la recherche et des formats de résultats influenceront largement le niveau d’information offert au public sur Internet. Tous les systèmes de gestion de bases de données offrent actuellement des options de recherche et de rendu de rapports de recherche paramétrables.

Ainsi la plupart des systèmes de gestion de bases de données utilisent le format SQL, qui est le standard le plus répandu pour la structuration de bases de données. Or, en informatique, des données standardisées peuvent être utilisées par différents logiciels, contrairement aux données propriétaires. Il est donc possible d'exploiter directement ces données bien adaptées au web soit en élaborant soi-même - ou avec l'aide d'un informaticien qualifié - un module de connexion à cette base de données au web, soit en utilisant un autre logiciel permettant de mettre en ligne une base de donnée de format SQL (3).

Une autre option est le recours au standard XML (4). Le format XML est adopté par de plus en plus de professionnels, comme une méthode de description de données digitales, internationale, non propriétaire et indépendante. Ce format facilite l'échange de données électroniques, la manipulation des données et la recherche Internet (Higgins, 2003 : p. 199). XML est d'autant plus approprié à la description des archives qu'il a été spécialement adapté à la norme ISAD(G) par l'élaboration de EAD, une définition de type de document (DTD) spécialement conçue pour la recherche Internet de données hiérarchisées d'archives (ibid. : p. 204). En outre, XML est le format utilisé dans la plupart des projets exposés dans la littérature professionnelle (Higgins, 2003 ; Burgy, 2004). Le transfert des systèmes de gestion dans un environnement XML est une possibilité pour mettre en ligne les inventaires d’archives. Actuellement, les principaux logiciels documentaires utilisés dans les services d’archives offrent des fonctions d’export automatique des données en XML. Par ailleurs, un tel transfert permet d'être en phase avec les pratiques archivistiques actuelles, de conformer tous les inventaires qui ne le sont pas encore à la norme ISAD(G), de se détacher de la dépendance envers les sociétés propriétaire et de s'inspirer des projets de mise en ligne d'inventaires menés par différentes institutions.

Il est aujourd’hui capital d’appliquer les différentes recommandations de la profession concernant les normes techniques et l’usage de formats libres pour permettre une collaboration optimale entre les institutions. Cette collaboration est nécessaire à une plus grande ouverture des archives car, par un effort commun de partage de compétences et de moyens, elle rend possible un accès public étendu aux informations conservées dans les services d’archives.

Perspectives et enjeux actuels

Comme le démontrent les exemples exposés précédemment, les technologies offertes par le web rendent possible de nouveaux concepts, tels que celui de salle des inventaires, voire de salle de lecture virtuelle. Cette tendance a été accentuée par l’avènement du web 2.0, ou web de seconde génération, qui permet une plus grande interaction entre les archivistes et leurs publics. Ici encore, les Archives municipales de Rennes ont été pionnières en proposant à leurs internautes volontaires (surtout des généalogistes) un procédé d’indexation collaborative des registres d’état civil rennais (Rennes, en ligne). Bien cadrée par des procédures de contrôle de la qualité de l’indexation proposée, cette opération a rencontré un vif succès et a fait naître d’autres projets du même type, notamment avec l’Université de Rennes. Autre réalisation intéressante faisant participer le public aux tâches archivistiques, le projet « Your Archives » des Archives nationales du Royaume Uni, où les usagers contribuent aux descriptions, transcriptions et rédaction des notices biographiques (England, Wales and United Kingdom, en ligne). Les mécanismes de « navigation sociale » offerts par le web 2.0 permettent en outre aux internautes de commenter, de filtrer les requêtes en fonction des intérêts (filtre collaboratif), de marquer les pages ou encore de voir qui est en ligne (Yakel, Shaw, Reynolds, 2007).

En outre, l’élan d’ouverture des archives tend a se fédérer et à se structurer. Ainsi, Archives Canada propose son Réseau canadien d’information archivistique, métamoteur permettant d’effectuer une seule recherche dans l’ensemble des bases de données des services participants (Archives Canada, en ligne). Dans le même ordre d’idée, « Bora Archives privées » fédère les bases de données des archives privées françaises (Direction des Archives de France, en ligne). « Les passerelles sont également nombreuses entre patrimoine et archives dans le domaine de la recherche et de la mise en valeur documentaire » (Rambaud, 2005 : p. 96). En effet, les efforts de diffusion mis en œuvre par les Archives tendent de plus à rejoindre ceux des autres institutions patrimoniales telles que les bibliothèques et les musées. Les attentes des utilisateurs et la mise en place de standards facilitant la mise en place d’outils de recherche transversaux conduisent à un rapprochement entre institutions patrimoniales. Des portails en tels que « MICHAEL » [Multilingual inventory of cultural heritage in Europe] démontrent d’une volonté commune de partage et de transversalité entre insitutions patrimoniales et témoignent de la mise en œuvre d’une véritable « mémopolitique », ou politique patrimoniale coordonnée (MICHAEL, en ligne). Seule l’absence de standard commun et le relatif cloisonnement des pratiques professionnelles freinent ce rapprochement et créent une prolifération des outils de recherche qui nuit à leur utilisation.

Les enjeux actuels sont donc la normalisation des pratiques de descriptions archivistiques, l’adoption de standards favorisant l’interopérabilité entre institutions patrimoniales ainsi que l’homogénéisation des outils de recherche offerts. Ainsi le public, jusque là usager mais peu critique face à la prolifération d’outils de tout genre, pourra réellement bénéficier d’instruments cohérents et de données normalisées. L’impact des outils proposés sur le public est encore peu étudié, mais les services d’archives proposant de véritables salles de lecture virtuelles ont constaté une nette diminution des visites dans le service. Face à cette baisse de fréquentation et en l’absence de statistique d’utilisation des sites web et des outils de recherche qui y sont proposés, les services émettent certaines craintes légitimes. Comment, en effet, justifier les ressources allouées au service de référence en l’absence d’usagers ? Et, paradoxalement, comment faire revenir le public dans les archives après lui avoir donné les moyens de s’en distancer ?

Démarche de conception d’un site web d’archives

Afin de correspondre au mieux aux exigences archivistiques ainsi qu’aux besoins du public, la démarche de conception d’un site web d’archives peut être divisée en six grandes étapes, dont voici une brève présentation. La première étape est l’analyse de l’existant et des besoins. Elle permet de cibler les objectifs du service ainsi que les attentes de ses usagers en matière de diffusion. La seconde étape propose la mise en place d’une stratégie de diffusion, qui détermine la politique de diffusion du service ainsi que ses priorités en termes de diffusion. La troisième étape consiste en la modélisation du site sur la base d’un cahier des charges établi à partir des informations recueillies durant les étapes précédentes. Suit alors l’étape de la réalisation, qui nécessite des choix logistiques et techniques ainsi que la priorisation dans la création du contenu. Il est en effet inévitable, et c’est l’objet de cette avant-dernière étape), de procéder à des choix. Ceux-ci concernant notamment les modalités d’accès aux documents, qui posent des problèmes tant intellectuels que techniques : sous-traitance de la création du site, traitement des informations confidentielles, tarification des services, etc. La dernière étape permet d’inscrire le site dans la durée en assurant sa maintenance et sa promotion. L’ensemble de ces étapes est détaillé et enrichi dans un wiki relatant l’ensemble de la démarche et son contexte de recherche.

A propos du guide de diffusion des archives…

Toutes les réalisations existantes convergent vers une diffusion de plus en plus large des archives. Cependant tous les services n’ont pas encore entamé cette démarche, c’est pourquoi j’ai capitalisé dans un wiki les résultats de mes recherches sur la diffusion ainsi qu’un guide exposant la démarche de conception et de réalisation d’un site web d’archives. Cette plateforme se veut évolutive et je laisse le soin à qui le souhaite d’y intégrer ses considérations. Elle se trouve à l’adresse suivante : http://archiveswebsites.pbwiki.com.

Pour conclure…

La fonction « diffusion » bénéficie largement de l’esprit d’ouverture et de promotion qui s’est développé dans le domaine des archives. Intégrée à la stratégie des services, elle s’institutionnalise et se traduit par la mise en œuvre souvent combinée de différents moyens de diffusion. Dans cette fonction, les archivistes ont su tirer parti des avancées technologiques pour répondre aux besoins du public. Ils offrent ainsi aux chercheurs, très demandeurs de services à distance, un accès de plus en plus complet au monde des archives, allant de la présentation des services aux documents d’archives numérisés en ligne. Par des sites web offrant plusieurs niveaux d’information destinés aux différents publics, ils guident à distance les chercheurs vers les sources appropriées. La mise à disposition d’instruments de recherche est l’élément central à résoudre lors de la conception d’un site web d’archives. Différentes technologies et systèmes de description se côtoient, avec pour conséquence un manque d’homogénéité des sites existant. Cependant un effort de normalisation (notamment avec EAD) et une volonté de synergie entre institutions patrimoniales présupposent une harmonisation prochaine des pratiques. De plus, les apports d’outils de type « web 2.0 » aux sites web d’archives ont déjà été salués par les chercheurs, qui en apprécient les nouvelles possibilités d’interaction.

Notes

(1) BUGNON, Nicolas, ERARD, Reynald, FILIPPOZZI, Lorraine (2006). RAS on the web : élaboration d'une stratégie de diffusion et création du site web du Service Records et Archives de l'OMS. 136 p. Travail de diplôme, Haute Ecole de Gestion, Filière Information et documentation, Genève, [consulté le 05.12.2007]. http://doc.rero.ch/search.py?recid=6529&ln=fr
(2) HTML [Hypertext markup language] est un langage informatique de balisage conçu pour écrire des pages web [Wikipédia]
(3) SQL [Structured query language], ou langage structuré de requêtes, est un pseudo-langage informatique standard et normalisé destiné à interroger ou à manipuler une base de données relationnelle [Wikipédia]
(4) XML [Extensible markup language], ou langage de balisage extensible, est un langage de balisage générique destiné à faciliter l’échange automatisé de contenus entre systèmes d’information hétérogènes [Wikipédia]
(5) OFFICE FEDERAL DE LA CULTURE (SUISSE). « Mémopolitique » - la mémoire nationale. Berne, Office fédéral de la culture, 2006. 5 p. [consulté le 05.12.2007]. Publications, Administration Suisse

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  • Publié par Ressi

Risques et catastrophes : une approche en trois phases et trois plans

Ressi — 30 avril 2008

Didier Grange, Archiviste, Ville de Genève

 

Dernière modification: 
23/06/2009

Risques et catastrophes : une approche en trois phases et trois plans

1. – Contexte

Ces dernières années, de nombreuses institutions préservant des archives ont été victimes de dégâts importants suite à des catastrophes naturelles ou à des catastrophes dues à l’action de l’homme (1).Quelques minutes peuvent suffire pour que des pans entiers de la mémoire locale, nationale ou internationale soient gravement endommagés, voire même disparaissent.

Certes, toutes les catastrophes n’ont pas la même ampleur et les mêmes conséquences. Les institutions sont le plus souvent confrontées à des incidents (2). Toutefois, les professionnels ont le devoir de tout mettre en œuvre pour diminuer les risques que court leur institution, intervenir en cas de catastrophes et prendre les mesures nécessaires pour sauver le patrimoine qui leur est confié.

Or, à l’échelle internationale, même si des progrès ont été accomplis lors des dernières décennies, les lacunes sont encore importantes. D’après une étude réalisée aux Etats-Unis en 2005, par exemple, un tiers seulement des institutions conservant des archives disposerait d’un plan d’urgence (3). Ce résultat est plutôt faible. Si une telle enquête était menée en Europe, le pourcentage serait certainement encore plus bas.

Il y a une dizaine d’années, les Archives de la Ville de Genève (AVG) ont créé un Plan d’urgence. Or, au fil du temps, la façon d’aborder les risques et les catastrophes dans notre service a fortement évolué. Nous estimons que nous ne pouvons plus nous reposer uniquement sur un Plan d’urgence. Après réflexion, nous avons décidé de changer notre approche et produire de nouveaux instruments.

Bien que les travaux entrepris ne soient pas encore achevés au moment de la rédaction de cette contribution, nous avons pensé qu’il serait intéressant de partager notre expérience. Elle est susceptible de nourrir la réflexion, susciter un débat ou encourager certaines institutions à chercher leur voie en matière de gestion des risques et des catastrophes.

2. – Renouveler notre approche

En 2006, nous avons entamé la révision de notre Plan d’urgence. Conçu à la fin des années nonante, il nous paraissait mélanger trop souvent les genres, les cibles, voire les publics. Mais, au-delà des critiques que nous pouvions formuler, et au-delà du contenu même de ce document, c’est surtout notre approche que nous avons souhaité changer. Nous nous étions focalisés jusqu’alors sur la réponse à donner en cas de catastrophe (Plan d’urgence). Or, il nous a paru nécessaire de prendre un peu de recul et élargir notre horizon pour prendre en considération tout le cycle des catastrophes (voir Figure 1).

Nous avons choisi de découper le cycle en trois phases : prévention / urgence / rétablissement (4). Nous avons considéré que pour chaque phase un plan particulier devait être créé. C’est pourquoi, en plus de la révision du Plan d’urgence dont nous disposions déjà, nous avons préparé deux autres plans : le Plan de prévention et le Plan de rétablissement.

Figure 1 : Le cycle des catastrophes
Figure 1 : Le cycle des catastrophes

En résumé, on peut dire que le Plan de prévention se concentre sur les risques et les mesures de précaution. Cette phase doit faire l’objet d’une attention particulière, car c’est en limitant les risques qu’on a le plus de chance de ne jamais devoir utiliser le second Plan, le Plan d’urgence.

Si, malgré les mesures préventives décidées, un problème -mineur ou majeur- survient, on recourt alors au Plan d’urgence. Celui-ci vise uniquement à couvrir la période de crise, que l’on peut évaluer, en général, à 48 heures (voire 72 heures) depuis le moment où l’alerte est donnée.

Ensuite de quoi, le Plan de rétablissement prend le relais. Ce dernier tente d’aborder les nombreux problèmes qui résultent d’une catastrophe, une fois l’urgence passée. Les travaux à accomplir peuvent alors s’échelonner sur de nombreux mois, voire parfois des années. Les institutions doivent être en mesure de suivre le processus sur une longue durée.

Figure 2 : Trois phases, trois plans
Figure 2 : Trois phases, trois plans

3. – Les trois Plans (1)

Le contenu des trois Plans doit être adapté à chaque phase. La répartition des informations entre ces trois documents est cruciale. Ceux-ci doivent s’articuler les uns avec les autres. Bien que distincts, ils sont complémentaires. Nous les aborderons ici tour à tour, sans entrer dans les détails. Toutefois, de manière à ce que lecteur puisse se faire une idée du contenu de chacun des plans, nous avons mis en exergue la table des matières des trois documents.

3.1 – Le Plan de prévention

3.1.1 - Prévenir plutôt que guérir

Nous n’insisterons jamais assez sur le fait qu’il faut faire de la prévention une priorité dans chaque institution. Les catastrophes naturelles sont une fatalité, mais bien des problèmes graves pourraient être évités -ou atténués- si des mesures adéquates étaient prises et appliquées méthodiquement.

De très nombreuses institutions font de la prévention. Mais les règles que doivent suivre les collaborateurs ne sont pas toujours clairement établies, et les consignes sont données trop souvent par oral. Très vite, la routine s’installe et la vigilance se relâche ; la probabilité que l’institution rencontre un problème augmente alors. C’est pourquoi nous recommandons que le Plan de prévention soit écrit, tenu à jour et partagé par l’ensemble des collaborateurs d’une institution.

On peut considérer que le Plan de prévention est directement lié à la conservation préventive (6). Il n’en constitue cependant qu’un élément, car il ne prend pas en compte tous les facteurs que couvre normalement cette activité. Il se focalise en particulier sur la notion de risque. Si l’on se réfère au Petit Larousse (1997), le risque est un danger ou un inconvénient plus ou moins probable auquel on est exposé (7). Les risques que peuvent encourir les bâtiments d’archives et les documents eux-mêmes sont nombreux. Des listes ont été publiées dans des ouvrages spécialisés ou mises à disposition sur des sites web (8). Chaque institution doit déterminer les mesures nécessaires afin de prévenir les risques auxquels elle est exposée ; elle doit ensuite les atténuer ou les éliminer – quand cela est possible. Dans le même temps, elle doit établir les responsabilités et déterminer qui fait quoi, à quel moment et avec quel(s) moyen(s).

3.1.2 - Le Plan de prévention

Notre Plan de prévention est assez simple et concis : il ne comprend que dix pages. Plus que l’élaboration du document ou le choix des points qui doivent être vérifiés, la mise en place et le suivi des mesures préconisées constituent le cœur même de l’exercice. Au quotidien, une certaine discipline est nécessaire, faute de quoi, on retombe dans les travers dénoncés plus haut.

Notre Plan de prévention comprend six parties (Figure 3). Les cinq premières ont trait à l’organisation du travail, la mise en application du Plan et sa tenue à jour. La dernière partie comprend la liste des actions ainsi que leur planification dans le temps.

Figure 3 : Table des matières du Plan de prévention
  PLAN DE PREVENTION
 
  1. Contexte
  2. Objectifs
  3. Responsabilités
  4. Mise à jour
  5. Distribution
  6. Liste des actions

Les actions correspondent à une série de contrôles qui doivent être effectués. Nous devons vérifier par exemple l’état des canalisations qui passent à proximité de nos locaux, le fonctionnement du système d’alarme effraction et incendie, l’étanchéité de la dalle se trouvant au-dessus de notre magasin et le remplacement régulier du filtre à particule de l’appareil qui ventile notre local de conservation. La liste établie comprend vingt points.

Les actions peuvent être quotidiennes, hebdomadaires, mensuelles, voire être planifiées de manière à être effectuées plusieurs fois dans l’année. Nous avons également défini quelle est la personne au sein de notre équipe responsable de chaque action, son remplaçant, la fréquence à laquelle la tâche doit être faite et, si possible, à quelle date.

Figure 4 : Extrait du Plan de prévention (Liste des tâches quotidiennes). Les initiales correspondent aux personnes qui doivent effectuer les tâches.
No Quoi Qui Remplaçant
1.1 Vérifier en début de journée les relevés de température et d’hygrométrie NM DG
1.2 Vérifier en fin de matinée et de journée la fermeture de la porte d’entrée des AVG [Archives de la Ville de Genève] JD DG
1.3 Vérifier en fin de journée la fermeture de la porte du compactus [salle dans laquelle sont conservées les archives] JD DG
1.4 Vérifier en fin de journée que les appareils électriques sont éteints et débranchés JD DG
1.5 Vérifier en fin de journée que les armoires mobiles du compactus sont bien fermées JD DG
1.6 Vérifier que les clés sont à leur place JD DG
1.7 Vérifier la fermeture de la porte du local de Saint-Léger DG FB

Parallèlement, nous avons créé un tableau de bord récapitulatif qui permet de suivre la totalité des actions. Dans ce document, une colonne permet de signaler si l’action a été réalisée et de faire d’éventuelles observations. L’Archiviste de la Ville suit l’ensemble des opérations et intervient si cela s’avère nécessaire.

3.2. - Le Plan d’urgence

3.2.1 – Quand la catastrophe survient

Malgré toutes les précautions prises, une institution peut être projetée dans une situation de crise plus ou moins grave. Le cas échéant, c’est le Plan d’urgence qui devient le document de référence. Celui-ci couvre les premières 48 heures (voire 72 heures) de la crise ; il ne va pas au-delà. Ce laps de temps correspond à la période qui va du déclenchement de l’alarme à la fin de l’intervention des spécialistes des catastrophes (pompiers en particulier). Une fois la situation maîtrisée, les spécialistes se retirent et laissent place aux personnes qui doivent prendre en charge les conséquences de la catastrophe. Parmi ces dernières, il y a les archivistes. Le sauvetage des documents touchés peut alors commencer.

3.2.2 - Nos sources d’information

Nous avons effectué des recherches dans la littérature professionnelle afin de trouver des points de comparaison et des documents qui puissent nous servir de sources d’inspiration (9). Quelques catastrophes récentes, comme l’ouragan Katrina, ont contribué à l’essor du nombre de publications liées à la gestion des catastrophes. Elles ont parfois aussi poussé des institutions à préparer des plans d’urgence. En Europe, des initiatives ont été prises ces dernières années, mais elles demeurent encore peu nombreuses à ce jour. Mentionnons le plan d’urgence mis en ligne par les Archives nationales hollandaises (10), les recommandations des Archives nationales anglaises (11), la base de données développée en Allemagne, baptisée NORA (Notfall-Register Archive) (12) ou le réseau mis en place par différentes institutions de Lausanne, baptisé COSADOCA (Consortium de Sauvetage du Patrimoine Documentaire en cas de Catastrophe) (13). Les réalisations ou les travaux en cours ne se limitent pas au continent européen. Des initiatives ont été prises dans différentes régions du monde (14). La prise de conscience de la nécessité de disposer d’un Plan d’urgence est particulièrement marquée aux Etats-Unis. En effet, avec le passage de Katrina, les Etats-Unis ont dû faire face à l’une des pires catastrophes que le pays ait vécues. Même si, sur le moment, la réponse apportée en particulier par le Gouvernement fédéral n’a pas toujours été à la hauteur des attentes des citoyens et des institutions, il faut reconnaître que, depuis lors, on assiste à une poussée très forte dans le domaine de la prévention et de la réponse aux catastrophes. Ce mouvement est également perceptible dans la sphère des archives. Nos collègues américains ont produit ces derniers mois beaucoup de matériel et d’exemples fort utiles pour toutes les institutions et personnes qui souhaitent se lancer dans la préparation et la rédaction d’un plan d’urgence (15).

3.2.3 – Le Plan d’urgence

Même si nous avons décidé de reprendre en bonne partie le cœur du Plan d’urgence de 1999, nous avons effectué quelques modifications et apporté des compléments. Nous avons revu par exemple l’ordre dans lequel se font les appels téléphoniques en cas d’alerte et mis en place une liste d’appels téléphoniques en cascade. Nous avons établi de manière plus claire les responsabilités entre les différents intervenants et défini la chaîne de commandement sur le champ des opérations. Nous avons également établi une liste de volontaires. Nous avons ajouté dans notre liste de contacts les coordonnées du responsable des Assurances de la Municipalité et celui de l’Information. Et, finalement, nous avons étoffé la partie consacrée aux premières mesures à prendre en cas d’urgence, en particulier par rapport à celles qui ont trait aux documents endommagés (16).

Figure 5 : Table des matières du Plan d’urgence
  PLAN D’URGENCE
 
  1. Alarme
  2. Conduite de l’intervention
  3. Equipes d’intervention
  4. Sauvetages prioritaires
  5. Listes du matériel disponible
  6. Biens et services
  7. Mesures d’urgence
  8. Documenter
  9. Assurances
  10. Communication
  11. Transferts des documents endommagés ou à protéger
  12. Mises à jour
  13. Distribution
  14. Plans
  15. Annexes

Au final, il n’y a pas eu une véritable révolution par rapport à notre Plan d’urgence précédent. Nous avons effectué des aménagements et introduit des compléments qui mériteront d’être testés et revus si nécessaire. Notre but est de rendre ce document aussi opérationnel et fiable que possible.

3.2.4 – Les réseaux

Dans une catastrophe, on se sent bien démuni et seul. Il serait important que des réseaux se développent entre institutions, à l’image du réseau COSADOCA (17). Même si l’éventualité de la création d’un tel réseau a été abordée à maintes reprises à Genève, rien ne s’est fait jusqu’à présent. Nous aurions pourtant la taille critique et les compétences nécessaires dans notre milieu professionnel pour réaliser un tel projet. Comme différentes institutions genevoises se sont lancées dans la préparation d’un Plan d’urgence récemment, nous espérons que le débat sera relancé et qu’il aboutira à un résultat concret.

3.3. - Le Plan de rétablissement

3.3.1 - Après la catastrophe

Le dernier document que nous avons créé est intitulé « Plan de rétablissement ». Il est consacré aux mesures qui doivent être prises pour rétablir la situation après une catastrophe.

Lors d’une catastrophe, les premières actions entreprises visent bien sûr à sauver des vies humaines et ensuite à sauver un maximum de documents. Les documents, triés en fonction de leur état physique, doivent être emballés, transportés dans d’autres locaux et nettoyés. Mais une fois cette phase accomplie, les travaux menant du simple empaquetage à la restauration, voire à l’élimination des documents trop endommagés, peut durer plusieurs mois voire plusieurs années. Comme le précise Helen Forde, « Recovery is the slowest part of any plan » (18). Le travail à effectuer est complexe et demande l’intervention de différents corps de métiers spécialisés. Les ressources financières permettant d’entreprendre les travaux nécessaires ne sont pas toujours disponibles au moment de la catastrophe. On peut également rencontrer des problèmes d’intendance : manque de place, matériel inadéquat, logistique défaillante, spécialistes indisponibles, négociations difficiles avec les assurances, etc.

La littérature spécialisée consacrée aux mesures liées au rétablissement de la situation après une catastrophe est assez abondante. Aussi, notre idée de départ était de rédiger une synthèse en nous basant sur les informations collectées et de les compléter par nos propres observations. Après réflexion, nous avons cependant changé d’idée. Plutôt que de rédiger une synthèse, nous avons préparé un Plan de rétablissement divisé en deux parties. Dans la première, nous avons mis les photocopies de documents provenant de la littérature ou de sites web relatifs aux traitements qui peuvent être administrés aux différents supports de l’information ayant subi des dommages. Dans la seconde, nous avons constitué une liste récapitulative des points essentiels auxquels une institution doit penser lors d’une phase de rétablissement. Le Plan de rétablissement comprend dix chapitres (voir Figure 6).

Figure 6 : Table des matières du Plan de rétablissement
  PLAN DE RETABLISSEMENT
  Introduction

  1. Traitement par supports
  2. Suivi des documents abîmés
  3. Réintégration : sécurité et locaux
  4. Réintégration des documents
  5. Documenter
  6. Assurances
  7. Communication
  8. Bibliographie sélective
  9. Mise à jour et distribution
  10. Documents de références

4. – Un bilan provisoire

La manière d’approcher les risques et les catastrophes peut être différente d’une institution à l’autre. De nombreux facteurs peuvent entrer en ligne de compte au moment de traiter cette question : contexte, risques, ressources, compétences, existence ou absence d’un réseau, etc.

En modifiant notre approche et en créant les trois plans que nous venons de décrire brièvement, nous sommes convaincus d’avoir passé un cap. Nous ne reviendrons plus en arrière en nous contentant seulement d’un Plan d’urgence, comme nous l’avons fait jusqu’à présent. Les documents que nous avons préparés remplissent des objectifs différents, mais complémentaires. Ils ont leur raison d’être.

Même si, a priori, nous sommes globalement satisfaits du résultat, nous sommes conscients que ces documents ne sont pas parfaits. Ils subiront certainement des aménagements voire des changements radicaux, si cela s’avère nécessaire.

Toutefois, à ce stade, nous devons tenter de ne plus nous concentrer uniquement sur la préparation de documents, mais d’appréhender la réalité en mettant en pratique ces plans. En résumé, nous devons tester les Plans que nous avons conçus. Qu’en est-il des méthodes, des techniques, du matériel, de la conduite des uns et des autres en cas de crise ? Seules des simulations nous permettraient de mesurer l’écart entre notre approche et les besoins. C’est pourquoi il serait souhaitable que dans un avenir proche nous organisions des exercices avec des partenaires et nos volontaires, sur le modèle de ce que fait COSADOCA dans le Canton de Vaud. Cette confrontation nous permettrait non seulement de retoucher nos différents plans mais aussi d’améliorer la réaction des personnes qui pourraient être impliquées dans de tels événements (19).

De plus, nous nous interrogeons sur un certain nombre de points :

 

  • la répartition des informations entre les plans est-elle vraiment adéquate ? Par exemple, où mettre les recommandations relatives aux mesures d’urgence à prendre pour tenter de sauver les différents types de supports ? Doivent-elles être placées dans le Plan d’urgence ou dans le Plan de rétablissement ? Voire dans les deux ?
  • que faudrait-il faire par rapport à la phase de préparation à l’intervention ? Doit-on rédiger un document particulier à ce sujet -en-dehors des trois plans- ou mettre un chapitre dans le Plan de prévention ?
  • en ne voulant pas donner trop de détails, avons-nous omis une information importante ? Aurions-nous dû en dire plus sur certains points ?

Les questions sont encore nombreuses.

 

Finalement, le doute oblige à rester vigilant, à s’interroger, à peser les pour et les contre et à remettre l’ouvrage sur le métier. Cette approche en trois phases et trois plans ne peut se concevoir que d’une manière itérative. La pratique et l’expérience doivent nourrir sans cesse notre réflexion et nous amener à améliorer, dans la mesure du possible, non seulement nos plans mais aussi nos comportements.

5. – En guise de conclusion

Le découpage des phases et les instruments qui sont mis en place importent peu. Chaque institution doit trouver sa voie en tenant compte de ses propres caractéristiques. L’accumulation d’expériences, la collaboration avec d’autres corps de métiers et la possibilité de recourir à un réseau de professionnels sont autant de possibilités d’enrichir la façon d’aborder la problématique. Aussi, avec le temps, chaque institution peut arriver à un résultat satisfaisant.

De toute manière, nous ne pouvons pas échapper à notre responsabilité ; nous devons créer les instruments nécessaires afin de gérer -au mieux- les risques et les situations de crise. Cette responsabilité n’est pas uniquement valable pour les personnes qui assument des fonctions hiérarchiques, mais touche tous les employés. L’ensemble du personnel doit en effet consacrer le temps et l’énergie nécessaires pour accompagner, soigner -quand nécessaire, protéger et transmettre le patrimoine qui lui a été confié. Il s’agit là d’une véritable responsabilité collective.

Orientation bibliographique

Au fil des ans, la bibliographie consacrée à la gestion des risques et des catastrophes s’est considérablement allongée. Elle est encore en majorité anglo-saxonne, et nord-américaine en particulier (20). Plutôt que de préparer une bibliographie, j’ai préféré signaler dans les notes un certain nombre de références utiles.

De nos jours, pour suivre l’évolution des stratégies, méthodes, techniques et projets en matière de gestion des risques et des catastrophes, le plus simple est certainement de visiter régulièrement certains sites web, soit d’Archives et de Bibliothèques nationales, soit d’institutions spécialisées. La bibliographie va encore s’étoffer ces prochaines années au vu des nombreux projets en cours dans des institutions patrimoniales ou ceux entrepris par des gouvernements.

Notes

Tous les liens aux sites web mentionnés dans les notes ont été vérifiés le 29 août 2007.

(1) Au fil des ans, négligences, actes de malveillance, erreurs humaines et faits de guerre endommagent ou détruisent de nombreux documents dans les quatre coins du monde. Des événements récents sont là pour nous le rappeler. On peut signaler les destructions récentes perpétrées au Liban et en Irak par exemple. Plus largement, voir : CONSEIL INTERNATIONAL DES ARCHIVES, Memory of the World at Risk. Archives Destroyed, Archives Reconstituted, Munich : K.G. Saur, 1996 (Archivum XLII) dans lequel plusieurs cas de destructions dues aux guerres sont mentionnés. Voir également le rapport de Hans VAN DER HOEVEN ; Joan VAN ALBADA, Mémoire perdue. Bibliothèques et archives détruites au XXe siècle, Paris : UNESCO, 1996, http://unesdoc.unesco.org/images/0010/001055/105557fb.pdf.

(2) En terme de catastrophes, on définit différentes catégories. Selon Andrea Giovannini, on en trouve quatre : sinistre mineur, sinistre limité, sinistre majeur et catastrophe. Andrea GIOVANNINI, « La gestion des catastrophes : pour un plan de prévention et d’intervention en cas de catastrophe », Archi’V, n.23, octobre 2005, pp.43-44. Pour mémoire, mentionnons quelques catastrophes récentes : les inondations qui ont touché l’Allemagne ainsi que le centre et l’est de l’Europe (2002), le tsunami qui a ravagé certains pays du Sud-est asiatique (2004), l’ouragan Katrina qui a causé des dégâts considérables sur son passage à travers une bonne partie des Etats-Unis, du Mexique et de Cuba (2005), l’inondation qui a endommagé le bâtiment historique des National Archives and Records Administration (NARA), à Washington (2006). Cette liste n’est bien sûr pas exhaustive.

(3) HERITAGE PRESERVATION, A Public Trust at Risk : The Heritage Health Index Report on the State of America’s Collections, s.l., 2005, p.7. Pour consulter le rapport en ligne, voir : http://www.heritagepreservation.org/HHI/index.html. Pour le chapitre relatif à la préparation en cas de catastrophe, voir : http://www.heritagepreservation.org/HHI/HHIchp7.pdf.

(4) D’autres modèles répartissent le cycle en quatre phases : prévention, préparation, réponse et récupération (prevention, preparedness, response, recovery). Voir par exemple Maria Barbara BERTINI, La conservazione dei beni archivistici e librari. Prevenzione e piani di emergenza, Roma : Carocci Editore, 2005, p.155 ; voire en cinq phases : prevention, preparation, reaction, recovery, evaluation, Helen FORDE, Preserving archives, Londres : Facet Publishing, 2007, p.121.

(5) Cette partie est largement inspirée d’un texte à paraître dans la revue Lligal, intitulé « Les Archives de la Ville de Genève face aux risques et aux catastrophes : une nouvelle approche » et pour ce qui a trait au Plan de prévention (3.1), je me suis inspiré d’un texte présenté à La Habana, le 7 mai 2007, intitulé « Mas vale prevenir que lamentar : la importancia de un Plan de prevención » (Actes à paraître).

(6) On peut définir la conservation préventive comme étant « l’ensemble des actions destinées à ralentir le processus de vieillissement et de destruction des biens culturels en limitant la probabilité de dommages éventuels », ARCHIVES DEPARTEMENTALES DU VAUCLUSE, Blessures d’archives, Rêve d’éternité. De la conservation préventive à la restauration, Avignon : Archives départementales du Vaucluse, 2004, p.49. Voir également Maria Barbara BERTINI, Op.cit., pp.19-38.

(7) Toutefois, cette définition peut être nuancée en fonction des contextes et des interlocuteurs, comme le montre très bien le site web du Bouclier Bleu Français : http://www.bouclier-bleu.fr/risques/les-risques.htm.

(8)Voir par exemple l’ouvrage de l’Association des Archivistes Français, La sécurité dans les Services d’archives, Paris : Association des Archivistes Français, 2007 et Jonathan ASHLEY-SMITH, Risk Assessment for Object Conservation, Oxford : Butterworth-Heinemann, 1999, p.26. Le Bouclier Bleu Français met à disposition sur son site une liste : http://www.bouclier-bleu.fr/prevention/aide-memoire-2.htm. Il en est de même sur les sites de l’ICOM (International Council on Museums) : http://icom.museum/guide12A.html, de l’Institut Canadien de Conservation : http://www.cci-icc.gc.ca/tools/framework/index_f.aspx?content=framework et de The National Archives, intitulé « Protecting archives and manuscripts against disasters » : http://www.nationalarchives.gov.uk/documents/memo6.pdf, par exemple. On peut consulter une bibliographie établie pour un cours dédié aux risques dans le domaine du patrimoine, organisé à Ottawa en 2006 par l’Institut Canadien de la Conservation et l’ICCROM (International Centre for the Study of the Preservation and Restoration of Cultural Property), http://www.iccrom.org/eng/prog2006-07_en/02preven_en/archive_en/2006_10risks_biblio_en.pdf. Finalement, on peut consulter le module du Portail International d’Archivistique Francophone (PIAF) intitulé « Lutter contre les catastrophes » : http://www.piaf-archives.org/sections/formation/module_08/.

(9) En plus des informations mises à disposition sur les sites web de nombreuses institutions, nous avons utilisé différentes publications. Parmi celles-ci, nous recommandons : Johanna WELLHEISER ; Jude SCOTT, An Ounce of Prevention, Boston : The Scarecrow Press, 2002 (2e ed.), CONSEIL INTERNATIONAL DES ARCHIVES, Guidelines on Disaster Prevention and Control in Archives, Paris : CIA, 1997, Maria Barbara BERTINI, La conservazione dei beni archivistici e librari. Prevenzione e piani di emergenza, Roma : Carocci Editore, 2005, pp.145-189, Virginia A. JONES ; Kris E. KEYES, Emergency Management, for records and Information Management Programs, Prairie Village : ARMA International, 2001 (2nd ed.), Judith FORTSON, Disaster Planning and Recovery, New-York-Londres : Neal-Schuman Publishers, 1992, Miriam B. KAHN, Disaster response and Planning for Libraries, Chicago, Londres : American Library Association, 1998, Robert E. SCHNARE Jr ; Susan G. SWARTZBURG ; George M. CUNHA, Bibliography of Preservation Litterature, 1983-1996, London : The Scarecrow Press, Lanham, 2001, Helen FORDE, « Managing risks and avoiding disaster », Preserving archives, Londres : Facet Publishing, 2007, pp.113-139.

(10) http://www.en.nationaalarchief.nl/images/4_6107.doc. Le document mentionné est en anglais.

(11) The National Archives, Protecting Archives and Manuscripts against disasters (juin 2004), http://www.nationalarchives.gov.uk/documents/memo6.pdf - consulté le 3 octobre 2006, et The National Archives, Business Recovery Plan (novembre 2005), http://www.nationalarchives.gov.uk/documents/business_recovery_plan.pdf.

(12) Pour une brève introduction à ce programme, http://www.bundesarchiv.de/aktuelles/fachinformation/00044/index.html (en allemand). Voir aussi Das deutsche Notfallvorsorge-Informationssystem (ou deNIS), Système allemand de préparation en cas de catastrophe, http://www.denis.bund.de/ueber_denis/index.html (en allemand).

(13) Le site créé par des étudiants de la Haute Ecole de Gestion de Genève pour leur Travail de Diplôme comprend nombre d’informations utiles : http://www.cosadoca.ch.

(14) Mentionnons par exemple les travaux présentés par différents collègues latino-américains lors d’une conférence internationale qui s’est tenue à Cuba, entre les 7 et 9 mai 2007 intitulée « Taller sobre la Conservación del Patrimonio documental y la Prevención contra Catástrofes en Países de Clima Tropical » (Actes à paraître). Le Japon, pays où les tremblements de terre et les typhons sont fréquents, semble avoir développé des instruments intéressants. Malheureusement, faute de traductions, la littérature est difficile d’accès. Les collègues australiens ont aussi produit des recommandations, comme, par exemple, le Disaster Preparedeness Manual for Commonwealth Agencies (http://www.naa.gov.au/recordkeeping/preservation/disaster/contents.html).

(15) Les références sont très nombreuses. Mentionnons plus particulièrement : Conservation on Line (CooL), qui présente un grand nombre de liens sur des conseils et des exemples de Plans d’urgence ainsi qu’une rubrique spéciale consacrée à Katrina (http://palimpsest.stanford.edu/bytopic/disasters/) ; Northeast Document Conservation Center (NEDCC), qui met à disposition des petites brochures spécialisées, des ressources ainsi qu’un logiciel qui permet de créer son propre Plan d’urgence, baptisé « dPlan » (http://www.nedcc.org/home.php) ; National Archives and Records Administration (NARA), qui met à disposition différentes ressources en ligne (http://www.archives.gov/preservation/disaster-response/) ; American Institute for Conservation (AIC) (http://aic.stanford.edu/library/online/disaster/index.html) ; Heritage Emergency National Task Force (http://www.heritagepreservation.org/PROGRAMS/TASKFER.HTM ainsi que http://www.heritagepreservation.org/PROGRAMS/TFHurricaneRes.htm) ; Council of State Archivists (CoSA), dont la rubrique « Emergency Preparedness and Preservation » de son site renvoie à des liens (http://www.statearchivists.org/arc/index.htm). Cette organisation a également réalisé le « Pocket Response Plan (PReP), outil de travail fort utile (http://www.statearchivists.org/prepare/framework/prep.htm). Finalement, la Society of American Archivists a également été très active durant Katrina en mettant à disposition aussi bien des informations sur l’évolution de la situation qu’en prodiguant des conseils - http://www.archivists.org/index.asp.

(16) Des échanges avec nos collègues Pompiers nous ont convaincus que seuls des ajustements étaient nécessaires. Nous avons donc conservé les listes relatives aux personnes à prévenir, au matériel, aux fournisseurs de biens et services ainsi qu’aux sauvetages prioritaires par exemple. La description des installations physiques, quelque peu complétée, a également été reprise ainsi que les plans des installations (électricité, eau, etc). Quant aux procédures qui avaient été établies, une bonne partie d’entre elles ont été reconduites dans le nouveau document. En revanche, nous avons créé, comme signalé, un petit groupe de volontaires qui pourrait nous soutenir en cas de besoin.

(17) Ce Consortium regroupe trois institutions importantes, soit la Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne, les Archives cantonales vaudoises et le SISB, c’est-à-dire le regroupement des bibliothèques scientifiques de l’Ecole Polytechnique Fédérale. Ces trois partenaires mettent en commun leurs connaissances, leur expérience, leur matériel et des locaux de repli en cas de crise. Ils réalisent également des exercices et mettent à disposition un site web. http://www.cosadoca.ch/.

(18) Op.cit, p.136.

(19) Nous pourrions aussi choisir d’introduire, sur le modèle de ce qui se fait maintenant aux Etats-Unis, une journée particulière dédiée à la préparation et à la réaction en cas de catastrophe. Les institutions américaines ont choisi la date du premier mai de chaque année pour célébrer. Cette journée a été baptisée « Mayday » ; « Archives, libraries, museums, and historic preservation organizations across America are setting aside May 1, 2007, to participate in MayDay, a national effort to protect collections from disasters. The Heritage Emergency National Task Force urges cultural institutions across the country to observe MayDay by taking at least one step to prepare to respond to a disaster », http://www.heritagepreservation.org/PROGRAMS/TASKFER.HTM. Voir également le site de la Society of American Archivists, http://www.archivists.org/mayday/index.asp.

(20) La consultation de différents sites bibliographiques nous confirme la chose : PIAF (Portail International d’Archivistique Francophone) http://www.piaf-archives.org/, CIDA (Centro de Información Documental de Archivos ), http://www.mcu.es/archivos/MC/CIDA/index.html (pour les mots « plan de emergencia » et « catastrofes »), Bibliographie se trouvant dans l’article intitulé « Preservation of Archives in Tropical Climate », Comma 2001, 3-4, pp.33-257.

  • Publié par Ressi

WikiBiGe, un wiki qui bouge

Ressi — 30 avril 2008

Marie-Laure Berchel, Iris Buunk, Jean-Blaise Claivaz, Dimitri Donzé, Jan Krause, Aline Maurer, Pedro Nari, Anne-Christine Robert, Estelle Tinguely

Résumé

Ce compte-rendu décrit l’expérience d’un groupe de bibliothécaires dans la mise en place d’un wiki comme outil de communication et de partage de connaissances pour les bibliothécaires de l’Université de Genève. Les statistiques de consultation des pages du wiki sont analysées depuis sa création afin de dégager les tendances de son utilisation. Il en ressort que le dynamisme et la mise à jour de l’information sont cruciaux pour que les pages soient consultées. L’utilisation du wiki pour gérer les projets en cours et en informer les professionnels est un bon moyen pour motiver la consultation et la participation.

Abstract

This report reviews the experience of a group of librarians who set up a wiki as a communication and knowledge-sharing tool for librarians at the University of Geneva.
Through analysis of visitor statistics of the wiki pages consulted since its creation, a sense of the usage trends of the target community has been developed. The results of the study highlight that frequency of information change and the addition of up-to-date information are crucial factors for pages to be frequently consulted and re-visited. It was found that the use of the wiki for managing on-going projects and keeping participants informed was a good means to encourage consultation and participation within the community.

Mots-Clés: 
Wiki, Web 2.0, Bibliothèque universitaire / Keywords : Wiki, Web 2.0, University Library
Dernière modification: 
23/06/2009

WikiBiGe, un wiki qui bouge

Introduction

Suite à une présentation d’Iris Buunk, bibliothécaire à la Faculté des sciences économiques et sociales, sur les outils du Web 2.0 et ses applications possibles dans les bibliothèques, un groupe de bibliothécaires de différentes Facultés de l’Université de Genève s’est formé spontanément pour mettre sur pied un wiki au service des bibliothécaires. Le but était d’avoir un outil qui facilite l’échange et le partage d’informations, d’idées ou d’expériences, et renforce la communication et la cohésion entre des bibliothécaires dont les lieux de travail sont disséminés en plusieurs endroits de la ville.

Pourquoi un wiki ?

à la différence d’une plateforme collaborative classique, la mise en place et la gestion d’un wiki sont simples, ce qui permet un gain de temps notable et évite l’implantation d’un système plus complexe, souvent géré par l’intermédiaire d’informaticiens dont on dépend par la suite. La facilité d’édition en temps réel est un autre atout non négligeable, car cela permet effectivement de travailler “ensemble” et (presque) en même temps sur un dossier.

La définition du wiki donnée par Wikipedia (2007) reprend effectivement ces deux aspects liés à la collaboration et à la simplicité : « Un wiki est un système de gestion de contenu de site Web qui rend les pages Web librement et également modifiables par tous les visiteurs autorisés. On utilise les wikis pour faciliter l’écriture collaborative de documents avec un minimum de contraintes.»

Un wiki, outil typique du Web 2.0, rime également avec transparence, puisque toutes les modifications des pages peuvent être librement consultées, et partage, puisqu’il permet le travail collaboratif, ce qui en fait un excellent outil de “Knowledge Management”.

Pourquoi un wiki des bibliothécaires à l'Université de Genève?

De telles fonctionnalités ont vite séduit les bibliothécaires qui ont constitué spontanément un groupe de travail. Le WikiBiGe (Université de Genève, 2007) était né.

Certes, c’était un moyen de se mettre à la page et d’appliquer les développements du Web 2.0 de façon concrète. Mais outre cet “effet de mode” (avant le WikiBiGe, la création d’un blog avait été envisagée), un outil collaboratif de ce type devait contribuer à renforcer l’échange et la collaboration entre les professionnels.

Assez vite, les objectifs du WikiBiGe ont donc été définis comme suit :

  • améliorer la communication entre les différents professionnels des bibliothèques
  • disposer d’un espace d’échange collaboratif
  • favoriser et consolider la collaboration
  • fédérer l’accès à l’information professionnelle
  • partager les connaissances
  • capitaliser les compétences

De tels objectifs pouvaient sembler ambitieux et malgré tout, le groupe de travail s’accordait à dire que “l’outil” wiki n’allait pas changer les pratiques d’échanges d’informations - aussi limitées fussent-elles jusqu’alors - du jour au lendemain. Le WikiBiGe ne resterait qu’un moyen incitant à échanger entre collègues, fournissant une plateforme pour cet échange. Il n’allait pas être LA solution miracle qui ferait de ses utilisateurs des “hypercommunicants”. L’utilisation de l’outil wiki ne devait pas être une finalité en soi, mais constituer une forte incitation à renforcer ce qui faisait légèrement défaut : la communication.

Création du WikiBiGe

L’enthousiasme des participants au groupe de travail a été tel qu’il a provoqué une gestion de projet un peu particulière : plutôt que de débuter par des études d’opportunité et de faisabilité, et donc de multiplier les réunions, il a été décidé de créer le wiki aussi vite que possible ! Certains ont donc commencé par élaborer le contenu et la structure du wiki, pendant que d’autres recherchaient et testaient divers logiciels. Le choix s’est assez rapidement porté sur le logiciel libre DokuWiki (DokuWiki, 2007). Les principaux arguments en sa faveur relèvent de la technique : scripts écrits en PHP - langage maîtrisé en interne, importante communauté d’utilisateurs, donc nombreux templates (modèles) et plug-ins, simplicité intrinsèque due à l’absence de base de données. Plus pragmatiquement, le choix a également été effectué en fonction de ce qu’il était possible d’installer sur les serveurs de l’Université avec l’aide du webmaster. Notons qu’un blog a été créé pour échanger les informations dans le groupe de projet, mais celui-ci a vite été abandonné, car la plus classique communication par e-mail s’est révélée être amplement suffisante lors de cette phase de démarrage.

Deux mois après la rencontre initiale, le wiki était en ligne: léger au niveau du contenu, mais néanmoins installé avec les fonctionnalités de base permettant de le développer. Le choix du contenu a bien sûr évolué depuis le début, mais les thèmes principaux sont restés les mêmes. La structure thématique s’est également adaptée à la mise en place de groupes de travail réfléchissant à une réorganisation générale des bibliothèques universitaires de Genève.

Fig. 1: Exemple d’une page du WikiBiGe: la page du projet WikiBiGe lui-même
Fig. 1: Exemple d’une page du WikiBiGe: la page du projet WikiBiGe lui-même

Formation

Le wiki a été officiellement présenté au personnel des bibliothèques en mai 2007 lors d’une séance de travail. Celui-ci a eu la possibilité de s’autoformer ou de participer à des sessions de formations organisées. Dès lors, chacun-e a eu la possibilité de consulter, d’insérer ou de modifier le contenu du wiki.

Autoformation :

Dans une Boîte à outils, plusieurs documents permettent à chacun de se familiariser avec le wiki:

  • Le wikikit ou kit de démarrage fournit les informations nécessaires à l’inscription sur le wiki.
  • Avant toute nouvelle utilisation, chaque personne est tenue de consulter la charte d’utilisation.
  • Un mode d’emploi présente les principales manipulations.
  • Un bac à sable permet de faire ses premiers pas sans risques.

Formation en groupe :

Des formations en petits groupes d’une dizaine de personnes ont été proposées sur chaque site de l’Université de Genève en juin 2007. Commençant par la présentation du principe du wiki ainsi que des principales manipulations, elles ont permis à chaque participant de se familiariser avec le WikiBiGe en pratiquant quelques exercices. Notons que ces formations ont rencontré un vif succès !

Thématiques et usages actuels :

Voici les thématiques principales présentes dans WikiBiGe :

  • Gouvernance : tout ce qui touche à la direction et à la gestion des bibliothèques
  • Professionnel-le-s : profils (et compétences) des collègues, formation continue, offres d’emploi
  • Public et services : prêt, formation documentaire, services de référence, catalogues
  • Collections : politique d’acquisitions, catalogage, indexation, classification, ressources électroniques
  • Promotion et marketing : mission, animations
  • Agenda : agenda des formations continues et évènements professionnels
  • Projets en cours : espace réservé aux projets en évolution (WikiBiGe, archives institutionnelles, implantation de SFX, etc.)
  • Humour : page essentielle!
  • Littérature : page qui regroupe des liens sur des sites web et des articles d’intérêt professionnel, classés par thème.

Ou, puisqu’une image vaut mille mots:

Fig. 2: Tag cloud du WikiBiGe
Fig. 2: Tag cloud du WikiBiGe

Ce tag cloud ou “nuage d’étiquettes” se base sur la version HTML du wiki qui contient près de 100’000 “mots”! Les étiquettes représentées ici sont constituées d’au moins trois lettres et apparaissent au minimum 30 fois (les noms de personnes ont été éliminés, l’algorithme utilisé est celui de mozcloud). Plus le mot est gros, plus il apparaît fréquemment dans le wiki.

Rubriques les plus utilisées

Des statistiques d’utilisation ont été récoltées, correspondant au nombre de clics sur une rubrique par mois (y compris plusieurs clics lorsqu’on désire éditer une page). Les graphiques ci-dessous donnent une idée de la consultation du WikiBiGe, mais il faut garder à l’esprit que le nombre de clics n’est pas forcément égal au nombre de personnes ayant consulté la page et encore moins à l’utilisation de cette page. A noter également que le nombre de personnes inscrites sur le wiki est de 117 le 6 décembre 2007.
La figure 3 montre la fréquentation globale du wiki. On observe nettement un grand intérêt durant les mois de mai et juin (le wiki a été lancé en mai), puis une diminution au fil des mois suivants. Le regain de consultation que l’on pouvait attendre après la pause de l’été est visible, mais relativement faible. On retrouve logiquement la même tendance dans les autres graphiques.

Nombre de consultations totales du WikiBiGe

En ce qui concerne les rubriques principales (figure 4), les Projets sont très consultés car ils permettent au personnel des bibliothèques de se tenir au courant des projets en cours ainsi que de leur évolution. Chacun peut donc être au même niveau d’information quel que soit le poste qu’il occupe dans la bibliothèque. La page Professionnel-le-s a également du succès car elle contient les pages personnelles des collègues, toujours très consultées (voir figure 7). A noter que la seule page à nouveau bien consultée après la pause de l’été est celle des projets en cours. Les autres pages sont liées aux différents groupes de travail, gelés jusqu’à nouvel avis.

Nombre de consultations des principales rubriques du WikiBiGe

La figure 5 détaille la consultation des pages Projets. Très logiquement, c’est le projet du Wiki lui-même qui est le plus consulté puisque les bibliothécaires instigateurs de cet outil sont des convaincus et l’utilisent pour la gestion complète du processus (y compris la rédaction de cet article). Les autres projets concernent les divers groupes de travail (les données “Groupes de travail” correspondent au total des consultations de sept groupes). Ceux-ci étant gelés, leur consultation tend vers zéro.

Nombre de consultations des pages Projets du WikiBiGe

La figure 6 présente les projets ajoutés au wiki dès septembre. Ces pages suscitent une consultation modeste (chaque projet n’intéresse pas forcément toute la communauté des professionnels) mais réelle.

Nombre de consultations des nouveaux projets du WikiBiGe

Dans la figure 7, les autres rubriques sont analysées et comme mentionné plus tôt, ce sont les pages personnelles des collègues qui ont le plus de succès, mais l’intérêt retombe lorsque tout le monde les a visitées. On peut remarquer le concours de la plus belle page personnelle lancé en juillet : le pic de juillet concerne l’appel à créer ces pages, et le pic de septembre l’appel à voter pour la meilleure.

Nombre de consultations de diverses rubriques du WikiBiGe

La figure 8 enfin représente la consultation des divers outils permettant à chacun de se familiariser avec le wiki et ses fonctionnalités. Le bac à sable a été pris d’assaut lorsque tout le monde a voulu y faire ses premiers pas, puis l’intérêt pour ces outils est vite retombé.

Nombre de consultations des outils du WikiBiGe

Et l'avenir alors ?

Cet outil est encore jeune, mais on peut déjà noter que le nombre d’utilisateurs inscrits dépasse la centaine, et les graphiques ci-dessus montrent que certaines rubriques rencontrent de l’intérêt.

Pour que ce type d’outil Web 2.0 apporte un vrai plus à la communication (par rapport à un site web simple, ou une communication par e-mail), il est nécessaire d’encourager la consultation et la participation, ce qui constitue un véritable défi. Comme le dit Liziard (2007), <« l’utilisateur doit pouvoir s’approprier le site et avoir un intérêt à y participer.»

Pour rendre la consultation du WikiBiGe attractive, quelques idées ont déjà été mises en oeuvre comme le concours de la plus belle page personnelle, mais d’autres actions sont nécessaires. On peut remarquer que lorsqu’une page est statique, sa consultation tend vers zéro après quelques temps. La mise à jour et l’apport de nouvelles informations sont donc cruciaux pour que l’intérêt demeure. A noter par exemple que l’organisation de la page d’accueil a été repensée: elle va être utilisée pour mieux diriger l’utilisateur, tout en restant claire et dynamique (ajout de nouvelles, etc.). L’ajout de pages consacrées aux nouveaux projets est également un bon moyen de rendre le wiki indispensable à tous ceux qui désirent se tenir informés.

Le taux de participation à la vie du wiki dépend, lui, de la motivation de la communauté à être proactive. En général, seul un petit pourcentage des personnes participent véritablement à l’enrichissement du wiki, les autres se contentant de le consulter. Encourager les groupes de projet à utiliser cet outil pour leur communication interne ou externe permet par exemple aux professionnels de s’habituer à son utilisation.

Il sera également intéressant d’observer ce qu’il se passera dans le cas où la nouvelle directrice nommée au poste de Direction de l’information scientifique pour l’Université de Genève reprend ce wiki comme outil de communication, comme cela avait été initié à la naissance de ce wiki avec la directrice précédente.

Dans tous les cas, il est indéniable que le suivi et la sauvegarde de l’historique des projets des bibliothécaires et de la vie des bibliothèques en général en sont facilités. Le côté convivial de l’outil ressort également des nombreuses consultations des profils des bibliothécaires et du concours du plus beau de ces profils.

Quoi qu’il en soit, s’habituer à un nouvel outil prend toujours du temps et la surveillance des statistiques de consultation futures permettra de confirmer ou non le succès à long terme de WikiBiGe.

Conclusion

Cet article a été rédigé, corrigé, modifié et recorrigé à 18 mains, mais sur des claviers différents... C’est aussi ça, la “magie” du wiki. Les bibliothécaires de l’Université de Genève sont-ils désormais en plein surf sur les vagues du Web 2.0 ? Même si les vagues ne sont pas encore hautes, c’est déjà un début !

Bibliographie

DOKUWIKI (2007). Wiki:dokuwiki. In : DokuWiki [en ligne]. Modifié le 07 mars 2007, [consulté le 06.12.2007]. http://wiki.splitbrain.org/wiki:dokuwiki

LIZIARD, David (2007). Travail collaboratif avec un wiki : pistes à partir d’expériences de bibliothécaires. Bulletin des Bibliothèques de France [en ligne], [consulté le 19.12.2007], t. 52, no. 6, p. 56-59. http://bbf.enssib.fr/sdx/BBF/frontoffice/2007/06/document.xsp?id=bbf-2007-06-0056-012/2007/06/fam-dossier/dossier&statutMaitre=non&statutFils=non

UNIVERSITE DE GENEVE (2007). WikiBiGe : le wiki des bibliothécaires de l’Uni [en ligne]. Modifié le 04 décembre 2007, [consulté le 06.12.2007, accessible uniquement depuis le réseau informatique de l’Université de Genève]. http://lnxweb.unige.ch/biblio/WikiBiGe/doku.php?id=accueil

WIKIPEDIA (2007). Wiki. In : Wikipédia, l’encyclopédie libre [en ligne]. Modifié le 23 novembre 2007, [consulté le 06.12.2007]. http://fr.wikipedia.org/wiki/Wiki

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La notion de solidarité archivistique pour les Archives fédérales suisses : définition, historique de leur engagement, activités actuelles et autres réflexions sur la question

Ressi — 30 avril 2008

Andreas Kellerhals

Dernière modification: 
23/06/2009

La notion de solidarité archivistique pour les Archives fédérales suisses : définition, historique de leur engagement, activités actuelles et autres réflexions sur la question

NDLR : A l’occasion d’une rencontre du Forum des Archivistes genevois, Monsieur Andreas Kellerhals, directeur des Archives fédérales suisses est intervenu sur le thème de la solidarité archivistique. La finalité première du texte qui a servi de support à son intervention n’était certes pas la publication mais le contenu étant intéressant, nous avons décidé de le proposer à nos lecteurs.

S’il est question de solidarité inter-archivistique, donc de projets de soutien entre Archives auxquels les Archives fédérales suisses (AFS) participent, c’est d’habitude le projet de coo-pération avec les Archives nationales d’Albanie qui est mentionné en premier.

Programme de modernisation des archives d’Albanie

Ce projet court depuis 1994 et il est le programme d’entraide le plus complet que nous ayons réalisé. Grâce au financement de la Direction du développement et de la coopération (DDC) et à l’aide de nos experts, les Archives nationales d’Albanie ont pu être modernisées fonda-mentalement. Les locaux administratifs et magasins d’archives ont été entièrement rénovés et un système IT complet a été mis en place. Ce projet de longue haleine a engendré en outre une large palette d’actions complémentaires, telles que l’édiction d’une nouvelle loi sur les archives, la digitalisation des instruments de recherche, la création d’un site internet per-mettant l’interrogation des fonds d’archives (1), l’ouverture d’une nouvelle salle de lecture et la mise en place d’une formation en archivistique pour la région. L’engagement de la Suisse auprès des Archives nationales d’Albanie a ainsi permis de renforcer la position de cette ins-titution auprès de son gouvernement et du public et a surtout permis la promotion de la « bonne gouvernance » pendant la période de transition en Albanie.

Cela dit, il ne faut pas oublier que c’est aussi un projet qui a traversé nombre troubles politi-ques : chez notre partenaire de projet se sont succédés trois gouvernements et quatre direc-teurs d’Archives – en 1997, pendant une courte guerre civile, nous avons même connu trois directeurs différents en six mois. Ces changements, ainsi que le dernier changement de gouvernement en juillet 2005, ont souvent occasionné d’importants retards dans l’avancement du projet.

Cette coopération avec l’Albanie est-elle typique de la solidarité archivistique ? Ou encore : Que faut-il entendre par solidarité archivistique ? Nous pouvons en donner une définition gé-nérique en parlant des efforts de la communauté archivistique internationale pour mener des projets d’assistance à l’étranger dans le but de développer les outils et l’expertise nécessaire aux communautés en voie de développement et à celles en transition. Adoptons cette pers-pective, mais n’oublions pas que le terme de solidarité a également une connotation plus combative provenant du mouvement ouvrier ou des mouvements de libération, un élément que l’on ne retrouve pas nécessairement dans la coopération entre gouvernements ou agen-ces étatiques.

Les formes d’actions de la communauté internationale sont diversifiées et la distinction entre coopération et solidarité reste parfois vague. Il est ainsi possible de trouver réunis sous cette appellation tant :

  • La collaboration avec des partenaires pour partager informations et expériences pro-fessionnelles, ce qui représente plutôt une forme de partenariat qu’une action de so-lidarité au sens stricte du terme.
  • Les échanges d’experts dans des buts de formation et d’enseignement. Dans ce contexte s’inscrit ainsi notre coopération au projet PIAF (2) mené par l’Association inter-nationale des archives francophones – un projet qui a récemment été présenté dans le cadre du Forum des Archivistes Genevois.
  • La fourniture de fonds, d’expertise et/ou de matériel pour réaliser des projets archivis-tiques concrets.

Il faut noter en outre que la solidarité archivistique ne se déploie pas uniquement sur le plan international et dans l’axe nord-sud, mais également au niveau européen ou même national. Elle ne se limite pas non plus à une solidarité entre institutions mais peut aussi bien se dé-ployer entre professionnels. Les actions de solidarité peuvent donc viser à former des archi-vistes, à fortifier une institution d’Archives ou même à consolider, par l’appui aux Archives, la démocratie et l’état de droit ainsi que de protéger les droits de l’homme.

La solidarité archivistique a une longue tradition et au cours du temps les initiatives locales, régionales et internationales se sont multipliées. Il est toutefois difficile d’en obtenir une vision globale et les actions entreprises mériteraient souvent d’être coordonnées pour gagner en efficacité, au lieu de se trouver dans une situation de concurrence peu fructueuse entre les pays « donateurs ». Pour répondre à ce besoin d’orientation et de coordination, le Conseil International des Archives, à travers son projet « Archives solidaires », s’est attelé à la tâche du recensement des nombreuses formes d’assistance et de relations qui s’établissent entre institutions d’archives à travers le monde.(3)

Mais revenons à l’action des Archives fédérales suisses. Initialement grâce à la sensibilité de mes prédécesseurs, puis dès 1998, conformément à l’inscription du principe dans la loi sur l’archivage, les AFS ont poursuivi plusieurs projets de collaboration avec des institutions d’archives étrangères.

En jetant un regard en arrière, je crois pouvoir identifier quatre types d’action de notre part :

  1. Une première prise de conscience de notre responsabilité se manifeste dans l’engagement continu des AFS au sein du Conseil international des Archives depuis les années 1970 (Oscar Gauye en a été le président, Christoph Graf le vice-président et président de la Conférence Internationale de la Table rondes des Archives). La solidarité s’oriente vers la promotion de la fonction de l’archivage et les échanges dans la profes-sion. Il s’agit donc en première ligne d’une solidarité dans la profession et non entre les institutions.
  2. Depuis les années 1980, les AFS en tant qu’institution relativement nantie ont mené une série d’actions ponctuelles et bilatérales à l’égard des institutions les plus défavorisées. Ces actions étaient toutefois très dispersées et leurs résultats difficilement quantifiables. Cela englobait tant des activités de formation, des échanges de littérature, des visites scientifiques que l’élaboration de programmes de développement ou de numérisation, etc.
  3. La dissolution de l’ex-bloc soviétique et les besoins consécutifs en expertise et finance-ments européens sont ensuite venu modifier quelque peu la donne. Afin de mener une action efficace et concertée, la communauté archivistique européenne a dû concentrer son action. Dès ce moment, les AFS sont donc entrées dans une phase d’action intensive et recentrée. Conformément à une répartition tacite des sphères d’influence, l’Albanie a dès lors principalement bénéficié de notre expertise et de nos ressources. D’autres projets de coopération nous on également conduit en Lituanie (formation générale en collaboration avec la Suède), en Russie (numérisation des archives de la KOMINTERN).
  4. Par la suite, nous avons été motivés par une volonté d’action plus générale et moins immédiatement basée sur les besoins matériels des institutions aidées. En collaboration avec la Direction du développement et de la coopération (DDC), les AFS ont lancé un programme de sensibilisation intitulé « Information et bonne gouvernance ». L’objectif était de sensibiliser les institutions d’archives de pays émergents aux liens étroits qui existent entre la gestion de l’information et des documents, d’une part, et l’Etat de droit et le processus de démocratisation, d’autre part. Cet ambitieux programme ainsi que le volume global de notre action d’entraide a toutefois dû être drastiquement redimensionné en raison de contraintes politiques et financières.

Cette distinction de quatre types d’actions reste toutefois purement analytique. Les différents styles d’engagement des AFS ne se sont pas succédé dans le temps. Chaque nouveau projet a englobé la somme des expériences faites précédemment (lessons learned) pour évoluer vers la forme d’action la plus adaptée à l’objectif poursuivi. La solidarité archivistique telle que pratiquée par les AFS présente donc un mélange de formes, d’actions et d’objectifs comme vous pourrez le constater dans les deux exemples suivants :

  1. INCOMKA, programme international de numérisation et d'indexation des archives de la IIIème Internationale – dite Internationale communiste ou Komintern – est l’un des plus grands projets de coopération archivistique jamais entrepris. Le projet piloté par le Conseil International des Archives (ICA), placé sous l'égide du Conseil de l'Europe et soutenu par huit organisations partenaires, dont les AFS, a conduit, après 10 ans de travail, à la réalisation et l’enrichissement d'une base de données documentaire consacrée au communisme interna-tional. Regroupant l'ensemble des inventaires du fonds du Komintern (22 000 pages et 1 059 354 documents numérisés choisis par un comité scientifique), cette base constitue une réelle avancée pour les chercheurs qui s'intéressent à l'histoire politique de l'Entre-deux-guerres. Ce projet est donc un projet multilatéral qui ne s’adresse pas à un seul pays bénéficiaire mais inclut le partenaire russe comme partenaire équivalent et qui a comme objectif d’une part de renforcer les institutions des Archives mais également de promouvoir la transition démocratique en Russie, en empêchant une relecture de l’histoire glorifiant les phases non-démocratiques, voir dictatoriales.
  2. Nous nous concentrons aujourd’hui sur des activités axées sur la thématique « Archives et Droit de l’homme » dont voilà l’un des projets conduits par les AFS : Accueil d’une copie des archives de la police guatémaltèque. En ma qualité de responsable de l’axe de programme prioritaire du CIA intitulé « Défense et promotion des archives », j’ai souhaité plaider notre cause auprès du Conseil des droits de l’homme, qui siège à Genève. Organisé conjointement par les AFS, le DFAE et le CIA, un side-event fut donc proposé aux délégués du Conseil, afin de les sensibiliser à l’importance des archives pour la défense des droits de l’homme. Dans le panel d’intervenants, une émissaire du procureur national des droits de l’homme au Guatemala a relaté les faits suivants afin d’appuyer notre démonstration : En 1996, des accords de paix ont mis fin à un conflit qui a duré plusieurs décennies au Gua-temala. Par la suite, le gouvernement a toujours nié l’existence d’archives de police. Toute-fois, en 2005, on découvre par hasard environ 8km/l d’archives de la police nationale dans les caves d’une caserne : rapports de police, plans, décrets officiels sont empilés à même le sol, disposés là comme de simples déchets. C’est la compilation la plus importante de ce genre découverte en Amérique latine. Grâce au soutien de la coopération internationale, plus de 200 personnes travaillent aujourd’hui à la remise en état de ces archives, à leur conserva-tion et à la mise en place d’une réglementation de consultation. A ce jour, presque 1,5 millions de documents ont pu être numérisés, un travail de recherche est effectué parallèlement afin de clarifier nombre de cas de violations des droits humains. Ces informations étant des plus sensibles, les archives ne sont toutefois pas à l’abri d’une tentative de destruction à la faveur d’un éventuel retournement politique. Au terme de la table-ronde, la Suisse s’est donc déclarée prête à accueillir une copie de sécurité des archives de la police nationale du Gua-temala dans le but d’en assurer la sauvegarde à long terme.

Voilà donc un échantillon d’exemples concrets de la solidarité archivistique telle que pratiquée par les AFS. Malgré cela, le concept même de solidarité archivistique reste une notion vivante qu’il faut sans cesse redéfinir au gré des changements d’ordre politique, économique et/ou éthique que connaissent nos institutions. Pour preuve en est le fait que la question a encore été discutée lors de la première journée des archivistes nationaux dans le cadre de la dernière Conférence Internationale de la Table rondes des Archives, qui s’est tenue il y a quelques semaines à Québec :

Un retour sur investissement doit-il devenir le critère pour octroyer son aide à des institutions démunies ? Et ce, afin d’éviter de disperser ses ressources pour arroser le désert. Ou bien la solidarité est-elle une action qui se doit d’être désintéressée et affranchie de telles notions d’ordre économique ? Toute institution archivistique légitimée mérite-t-elle un soutien ?

La réponse qui se profile actuellement est qu’un acte de solidarité doit toujours être un acte de solidarité responsable qui inclut la faculté de rendre des comptes. Il faut certes viser un retour sur investissement, même indirect. Mais le critère décisif semble plutôt être la capacité à convaincre nos décideurs politiques. Et l’inscription de tels projets dans une perspective de développement durable nous facilite cette tâche. Renforcer l’état de droit et la démocratie est un bon retour sur investissement, même si nous risquons de nous retrouver proches des missionnaires, en faisant la promotion du système politique juste en lieu et place du dieu juste. La solidarité reste donc un acte à la balance délicate.

Notes

(1) http://www.albarchive.gov.al

(2) Portail International Archivistique Francophone : www.piaf-archives.org/

(3) Groupe de travail « Archives solidaires » créé en 2000 ; http://archives3.concordia.ca/Solidarity/quoi.html

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ONLINE INFORMATION 2007 - Appliquer le Web 2.0 : innovation, impact et implémentation

Ressi — 30 avril 2008

Ariane Rezzonico, Haute Ecole de Gestion, Genève

 

Mots-Clés: 
Congrès Online Information, Web 2.0
Dernière modification: 
23/06/2009

ONLINE INFORMATION 2007 - Appliquer le Web 2.0 : innovation, impact et implémentation

Le congrès Online s'est tenu à Londres du 4 au 6 décembre 2007. Cette 32ème édition a rencontré un succès très important puisque 900 participants représentant 43 pays ont assisté aux nombreuses conférences proposées. Les professionnels participant à cette conférence sont bibliothécaires dans le secteur public ou privé, documentalistes, managers de l'information, spécialistes des NTIC, courtiers, architectes de l'information, spécialistes de knowledge management, webmaster, éditeurs, diffuseurs de contenu, etc.

Les nombreux changements dans les organisations liés à l'évolution du web 2.0  expliquent ce succès et l’on sent aussi une certaine peur de l'avenir exprimée parmi la profession des bibliothécaires en Grande Bretagne. On assiste actuellement à un manque de repères et les thèmes du congrès étaient tout à fait dans l'air du temps et de nature à conforter certains professionnels dans leurs pratiques ou consolider leurs connaissances.

Afin de renforcer les liens entre les participants du congrès, un blog les invitait à commenter les conférences et, nouveauté 2007, ils pouvaient se retrouver sur Facebook.En 2006, beaucoup de conférenciers avaient présenté des expérimentations autour du web 2.0. L'année 2007 a permis de montrer à quel point l'utilisation des réseaux sociaux au sein des organisations devenait courante.

Jimmy Wales, fondateur de Wikipedia a ouvert les feux en revenant sur le travail accompli et en présentant leur nouveau projet WIKIA (1). Wikia est un moteur de recherche basé, comme Wikipedia, sur la communauté des internautes et contrairement à Google, offrant plus de transparence sur son fonctionnement (le code est en open source). Les internautes sont invités à évaluer les résultats et participent à la création de mini-articles de synthèse sur le terme de recherche. Cet outil veut se distinguer de Google par la qualité des résultats et la protection des données privées. Actuellement, l'outil n'est pas encore performant pour réellement concurrencer Google.

Jimmy Wales s'engage dans la mise à disposition de l'encyclopédie sur le continent africain en s'impliquant personnellement  dans les projets sur le terrain. Il souhaite que l'encyclopédie rassemble toujours plus d'articles dans des langues actuellement peu représentées. Quant à la fiabilité des informations, il reste toujours prudent en conseillant aux utilisateurs de l'encyclopédie de confronter les informations sur d'autres sources, Wikipedia n'étant pas une source académique !

Les moteurs de recherche : nouveaux acteurs

De nombreux spécialistes des moteurs de recherche ont présenté les dernières innovations dans ce domaine et nous pouvons retenir quelques outils intéressants pour leurs fonctionnalités tels que Facbites.com (2) ou Intelways.com (3). Le premier permet de découvrir dans quel contexte est utilisé un terme de recherche en proposant des résultats sous la forme de phrases extraites des pages. On peut éviter ainsi d'ouvrir des pages qui n'ont pas de lien avec le contenu de notre recherche. Le second offre la possibilité d'effectuer une recherche puis de sélectionner toute une série d'outils dont certains du web 2.0 offrant une comparaison des résultats. Grâce à une série de boutons, on navigue d'un outil à l'autre à travers une interface très conviviale. Ces deux outils sont utiles pour démarrer des recherches.

Tous les spécialistes relèvent que l'utilisation de plusieurs outils pour une recherche professionnelle renforce la pertinence car la couverture du web n'est pas identique d'un outil à un autre et les paramètres de classement et de recherche diffèrent sensiblement. Quant à la notion de "privacy", beaucoup de conférenciers l'ont évoquée en rappelant les liens entre moteurs de recherche, sociétés publicitaires, outils de création de blogs, réseaux sociaux etc. Une image du New York Times illustre bien cette problématique en imaginant l'interface de Google en 2084 (4)! Ces alliances avec les sociétés publicitaires permettent aux moteurs de recherche d'avoir accès à une masse d'information sur les internautes et leurs pratiques sur le web (sites consultés, mots clés, achats). La recherche de blogs, de personnes, de réseaux sociaux, de podcasts, de flux RSS devient très importante et les outils ont tous développé des fonctionnalités offrant ce type de recherche. Des outils permettent d'ailleurs une compilation des résultats sur une même page en présentant ces différents types d'information. L'intégration de types de documents hétérogènes parmi les résultats est toujours plus importante. La recherche autour d'une personne ou d'une organisation est toujours plus accessible grâce à des outils comme LindedIn (5). Cet outil propose un répertoire des internautes inscrits auquel on accède sans s'identifier. Toutefois, pour consulter un profil plus complet, il faut s'identifier.

Les bibliothèques: l'impact des outils du web 2.0

Confrontées à des publics issus de la "génération Google", les bibliothèques ont présenté des applications utilisant YouTube, Second Life, Facebook ou des développements autour des OPAC. Ces derniers sont beaucoup plus proches de ce que proposent depuis longtemps déjà des sites comme Amazon. L'idée est d'aller chercher leurs usagers là où ils se trouvent en leur offrant des applications utiles à leurs besoins. Comme exemple, on peut retenir des présentations des événements de la bibliothèque sur YouTube ou de l'équipe des bibliothécaires (6). La présentation de l'actualité de la bibliothèque sous forme vidéo prend du temps mais semble rencontrer un grand succès. D'autres ont choisi ce moyen pour présenter tous les services de la bibliothèque ou de ses ressources. La British Library a engagé une personnalité connue du public pour cette présentation.

Les OPAC évoluent également en fonction de ces nouveaux outils. La recherche dans les catalogues se transforme et intègre des suggestions orthographiques (did you mean?) à l'instar de Google, des conseils de lectures (ceux qui ont emprunté tel document ont également emprunté tel autre) comme le proposent de nombreux services commerciaux (ITunes, Amazon, etc.). Tout est fait pour encourager la serendipité. Les lecteurs peuvent ajouter des commentaires, classer les documents selon leurs préférences. La recherche visuelle permet de voir quels sont les termes les plus utilisés et l'on peut les mettre en relation avec les emprunts.

Les entreprises 2.0 : knowledge management, rseaux sociaux et intelligence collective

Les jeunes collaborateurs engagés dans les entreprises arrivent avec d'autres méthodes de travail et une grande pratique des réseaux sociaux. Il est donc difficile de leur demander d'utiliser l'e-mail pour travailler sur des projets ! Tant IBM que Microsoft ont intégré depuis déjà plusieurs années le web 2.0 dans leur manière de travailler. Les blogs sont utilisés pour communiquer tant à l'interne qu'à l'externe. Ils permettent également de documenter et organiser son propre travail. Le blog produit parfois des connexions inattendues : des personnes qui ne se connaissent pas entrent en communication et partagent des savoirs. Les employés peuvent mettre leurs photos, ajouter des données (tags) et l'on peut ainsi savoir qui est expert dans quels domaines. Chez IBM, des conférences sont organisées sur Second Life permettant ainsi à tout le monde d'y assister. Ces entreprises créent des mondes virtuels pour s'initier à de nouvelles techniques, rencontrer des personnes ou partager des contenus. Tous les conférenciers ont insisté sur l'importance de distinguer les espaces publics et privés afin de protéger les données sensibles. Le succès de ces applications et de leur utilisation importante dans certaines organisations est totalement dépendant du temps dont dispose le collaborateur pour intégrer ces nouvelles pratiques dans son travail. Certains managers l'ont compris et les conférenciers ont insisté sur cet aspect important.

L’exposition professionnelle : reprer les nouveauts

Pour conclure, quelques mots sur l’exposition professionnelle. Elle rassemble plus de 250 exposants provenant de différentes sphères professionnelles (fournisseur de contenu, gestion de contenus, associations, etc). Elle offre une très belle vitrine à ces exposants qui rencontrent les milliers de visiteurs présents durant ces trois jours. Enfin, une centaine de séminaires gratuits permet de découvrir de nouvelles interfaces de bases de données, d’apprendre des techniques de recherche sur le web ou d’identifier les compétences des professionnels de demain.

Si cette édition 2007 a peu évoqué le web 3.0 voire 4.0, il semble certain que la prochaine conférence de 2008 (7) abordera de manière plus approfondie ces thématiques. Le rendez-vous est fixé du 2 au 4 décembre à Londres.

Notes

(1)http://www.wikia.com/wiki/Wikia

(2)http://www.factbites.com

(3)www.intelways.com

(4)http://www.nytimes.com/imagepages/2005/10/10/opinion/1010opart.html

(5)http://www.linkedin.com

(6)Lea bibliothèque du Williams College prsentent son quipe – The L-Team – sur YouTube à l'adresse : http://www.youtube.com/watch?v=YwCUtpbUWgk

(7)http://www.online-information.co.uk/online07/index.html

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  • Congrès Online Information
  • Web 2.0

N°7 mai 2008

Ressi — 30 avril 2008

Sommaire - N°7, Mai 2008

  • Editorial n°7

Etudes et recherches :

  • Concordance des classificiations et étude comparative du recoupement des collections : les bibliothèques de la Faculté des Sciences de l'Université de Genève - Cynthia Dufaux, Jan Krause, Aline Maurer
  • Eléments d'architecture pour une mémoire d'entreprise orientée processus métier - Mahmoud Brahimi et Laid Bouzidi
  • Le web comme outil de diffusion des archives - Lorraine Filippozzi
  • Logiciels de gestion de références bibliographiques : citons le libre ! - Carole Zweifel
  • Bibliothèque 1 1/2 : le passage vers la modernité : De l'importance et de la confrontation entre les bibliothèques et le Web 2.0 - Nicolas Bugnon, Simone König et René Schneider

Comptes-rendus d'expériences :

  • Risques et catastrophes : une approche en trois phases et trois plans - Didier Grange
  • WikiBiGe, un wiki qui bouge - Marie-Laure Berchel, Iris Buunk, Jean-Blaise Claivaz, Dimitri Donzé, Jan Krause, Aline Maurer, Pedro Nari, Anne-Christine Robert et Estelle Tinguely

Evénements :

  • La notion de solidarité archivistique pour les Archives fédérales suisses : définition, historique de leur engagement, activités actuelles et autres réflexions sur la question - Andreas Kellerhals
  • ONLINE INFORMATION 2007 - Appliquer le Web 2.0 : innovation, impact et implémentation - Ariane Rezzonico
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