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La contribution suisse dans la recherche sur la communication institutionnelle dans les hôpitaux
Ressi — 20 décembre 2018
Pablo Medina Aguerrebere, Institut de Santé Globale, Faculté de Médecine – Université de Genève
Emmanuel Kabengele, Institut de Santé Globale, Faculté de Médecine – Université de Genève
Résumé
La gestion stratégique de la communication institutionnelle aide les hôpitaux à mieux répondre aux nouvelles exigences des patients et à s’adapter aux changements sociaux et technologiques en cours, ce qui est fondamental pour renforcer leur positionnement stratégique dans le marché des soins. La communication institutionnelle dans le domaine hospitalier devient un sujet de plus en plus important pour les chercheurs et les décideurs politiques. L’objectif de cet article est d’évaluer la contribution de la recherche suisse dans le domaine de la communication hospitalière. Dans cette perspective, nous avons analysé la production scientifique de 1997 à 2017 des principales revues de référence dans ce domaine au niveau international (Journal of Health Communication, Health Communication, Journal of Communication in Healthcare et The American Journal of Public Health), au niveau national suisse (Swiss Medical Weekly, Revue Médicale Suisse) et la base de données Medline afin de repérer des travaux centrés sur le contexte hospitalier suisse. Il en ressort que la recherche suisse dans le domaine est très peu présente dans les revues analysées.
Abstract
Strategic management of corporate communication helps hospitals to better respond to new patient demands and to adapt to social and technological changes, which is fundamental to strengthening their strategic positioning in the healthcare market. Corporate communication in the hospital field is becoming an increasingly important topic for researchers and policymakers. The aim of this article is to evaluate the contribution of Swiss research in the field of hospital communication. In this perspective, we analyzed the scientific production from 1997 to 2017 of the main reference journals in this field at international level (Journal of Health Communication, Health Communication, Journal of Communication in Healthcare and The American Journal of Public Health), at Swiss level (Swiss Medical Weekly, Revue Médicale Suisse) and the Medline database to identify papers focusing on the Swiss hospital context. It shows that Swiss research in the field is very little present in the journals analyzed.
Introduction
La gestion stratégique de la communication institutionnelle dans les hôpitaux est devenue un domaine prioritaire pour les institutions qui souhaitent optimiser leur fonctionnement interne et externe pour ainsi renforcer les rapports établis avec les différentes parties prenantes (employés, patients, médias, autorités publiques, etc.). Les synergies existantes entre ces deux milieux professionnels – hôpital et communication- ont mené plusieurs chercheurs à produire des travaux sur la communication médecin-patient, la communication interne et externe dans les hôpitaux, la gestion de l’image de marque, l’impact des réseaux sociaux sur la réputation de l’hôpital, etc. Ainsi, des revues scientifiques spécialisées dans ce domaine ont vu le jour à travers le monde, comme par exemple Health Communication, Journal of Health Communication ou Journal of Communication in Healthcare. L’objectif de cet article est d’évaluer la contribution de la recherche suisse dans le domaine de la communication hospitalière. Dans cette perspective, nous avons réalisé une revue de littérature sur les principaux axes dans ce domaine (communication institutionnelle, communication interne et externe, réputation et réseaux sociaux) ; et, ensuite, nous avons analysé la production scientifique de 1997 à 2017 des principales revues dans ce domaine au niveau international (Journal of Health Communication, Health Communication, Journal of Communication in Healthcare et The American Journal of Public Health) et national (Swiss Medical Weekly, Revue Médicale Suisse) ainsi que la base de données Medline afin de repérer des travaux centrés sur le contexte hospitalier suisse.
La communication institutionnelle dans les hôpitaux
La communication est un facteur stratégique qui influence la pratique des professionnels de santé dans les hôpitaux (Brent, 2016 ; Burleson, 2014). Les relations synergiques entre la communication et la santé ont mené plusieurs chercheurs à s’intéresser à ce domaine ; ainsi, plusieurs travaux ont porté sur la gestion globale de l’information médicale, la communication médecin-patient ou encore l’impact des nouvelles technologies de la communication sur le fonctionnement de l’hôpital (Hannawa et al. 2015). L’influence de la communication sur les comportements et les résultats médicaux obtenus par les patients qui se rendent à l’hôpital a mené certains, comme Nazione et al. (2013), à affirmer que la communication hospitalière est un domaine de recherche stratégique pour l’avenir de la société. L’augmentation de la production scientifique dans ce domaine montre l’intérêt dans une meilleure connaissance sur le comportement du patient pour ainsi lui offrir un meilleur service médical (Kreps, Query, Bonaguro, 2007). Par ailleurs, ces recherches permettent aussi aux institutions sanitaires d’améliorer l’efficacité de leurs campagnes de communication et de promotion de la santé (Weberling, McKeever, 2014).
Même si les rapports entre la communication et les hôpitaux sont nombreux, nous pouvons souligner cinq domaines de recherche principaux : a) la communication entre le professionnel de la santé et le patient, b) la communication interne dans les hôpitaux, c) la communication externe hospitalière, d) la gestion de l’image de marque et de la réputation et e) l’impact des réseaux sociaux sur la communication institutionnelle des hôpitaux.
La communication entre le patient et le professionnel de la santé est un domaine stratégique pour le bon fonctionnement de l’hôpital. Selon Gilligan et al. (2016), les Facultés de Médecine doivent promouvoir les formations en communication interpersonnelle afin que les futurs professionnels de la santé sachent offrir aux patients un service médical efficace et centré sur les vrais besoins des patients en vue d’améliorer le fonctionnement de l’hôpital. L’empowerment du patient est devenu une priorité pour les organisations hospitalières : ainsi, le patient apparaît comme un acteur autonome et responsable de sa propre santé et assume dorénavant un rôle très actif dans les rapports établis avec les professionnels de la santé (Bureau, Herman-Mesfen, 2014). Ce dernier doit développer des compétences en communication interpersonnelle, écoute et analyse du contexte afin de pouvoir adapter son discours à la situation personnelle de chaque patient (D’Agostino, Bylund, 2014). En ce qui concerne le patient, celui-ci assume un rôle de plus en plus actif dans les rapports établis avec le professionnel de la santé, d’où la nécessité de se former en communication interpersonnelle (Medina Aguerrebere, 2013). Lors d’une consultation médicale à l’hôpital, la satisfaction du patient est déterminée par les compétences en communication interpersonnelle du professionnel de la santé ; autrement dit, la courtoisie, le respect, les habilités linguistiques et la capacité pour expliquer clairement les informations scientifiques (Al-Abri, Al-Balushi, 2014). Pour faciliter les rapports communicationnels établis entre le professionnel de la santé et le patient, il est souhaitable que ces rapports se basent sur l’argumentation rationnelle, laquelle permet de renforcer le rôle prioritaire du patient (Labrie, Schulz, 2014) ; mais aussi sur le contrôle des émotions, pour ainsi éviter les tensions communicationnelles et, donc, les erreurs dans la diffusion d’informations médicales (Dean, Oetzel, 2014).
Dans le milieu hospitalier, la communication interne est devenue une activité stratégique qui influence la qualité du service médical proposé au patient. Selon Welch et Jackson (2007 : 193), « la communication interne est une activité communicationnelle, qui a lieu entre les managers stratégiques et les parties prenantes, et dont le but est la promotion chez l’employé de l’engagement avec l’organisation, le sentiment d’appartenance, la prise de conscience sur l’environnement changeant et la compréhension des objectifs collectifs ». Dans le domaine hospitalier, les professionnels de la communication interne font face à plusieurs défis : le manque d’experts dans le domaine, la difficulté à mettre en place certaines actions de communication interne et la difficulté à divulguer les informations scientifiques (Burleson, 2014). Ces professionnels doivent baser leurs plans d’actions sur une approche multi-stakeholders, autrement dit, ils doivent identifier et caractériser les différentes parties prenantes existant à l’organisation – managers stratégiques, superviseurs, employés, etc.- et adapter leur communication à chacun d’eux (Welch, Jackson, 2007). Dans un contexte médical caractérisé par le changement des attentes qu’ont les patients et par le rôle communicationnel de plus en plus important de l’employé, la communication interne devient un outil fondamental pour aider l’organisation à garder la cohérence entre l’image de marque et le comportement des employés (Naveen, Anil, Smruthi, 2014).
L’objectif de la communication institutionnelle externe est d’aider l’hôpital à établir des rapports satisfaisants avec ses différentes parties prenantes, notamment les patients, les médias et les autorités sanitaires –nationales ou internationales-. L’implantation d’une stratégie efficace de communication externe exige une phase préalable de recherche permettant à l’organisation d’évaluer les attitudes et les attentes des différentes parties prenantes (Moser, Greeman, 2014). Par ailleurs, les responsables de communication utilisent des outils de mesure pour expliquer la valeur ajoutée par la communication externe à l’organisation en terme de réputation, marque, identité, leadership, motivation des employés, prévention de crises et relations avec les parties prenantes (Zerfass, Viertmann, 2017). Dans le cadre de la communication institutionnelle externe, les hôpitaux peuvent avoir recours à la publicité et au marketing. Ces deux disciplines s’appliquent parfaitement dans le domaine hospitalier ; ainsi, par exemple, plusieurs études démontrent que le public est très réceptif aux informations médicales diffusées par les hôpitaux dans les campagnes de publicité (Moser, Greeman, 2014). D’ailleurs, la publicité réalisée par les hôpitaux influence le choix des patients ainsi que les résultats économiques de l’institution (Nanda, Telang, Bhatt, 2012). La communication institutionnelle externe, le marketing et la publicité permettent à l’hôpital de renforcer son image de marque, laquelle, selon Naveen, Anil et Smruthi (2014), détermine les décisions et les perceptions des patients sur l’organisation.
La création d’une image de marque solide constitue une priorité pour le Directeur de Communication de l’hôpital. La marque représente des qualités tangibles et intangibles qui apportent à l’organisation une valeur ajoutée (Esposito, 2017). Dans le domaine hospitalier, la marque ne fait pas référence uniquement au nom de l’organisation, mais aussi à toutes les expériences vécues par les patients à l’hôpital ainsi qu’à leurs attentes vis-à-vis de la promesse de l’organisation (Wang et al. 2011). Pour construire une marque solide, les hôpitaux doivent identifier leur niche de marché, analyser le comportement des parties prenantes et construire une marque basée sur la confiance suscitée par la qualité du service médical proposé au patient (Vinodhini, Kumar, 2010). En fonction de leur statut – public ou privé-, les hôpitaux doivent gérer leur marque d’une manière différente: ainsi, les hôpitaux publics doivent transmettre une image cohérente avec celle de l’administration dont ils dépendent afin que les usagers perçoivent les mêmes valeurs dans les deux institutions ; par contre, les hôpitaux privés doivent offrir une image différenciatrice, de qualité et attrayante pour ainsi attirer les différents publics (Ruiz-Granja, 2015).
Pour construire une marque solide et réputée, les hôpitaux utilisent actuellement les réseaux sociaux comme outil de communication institutionnelle. Ces plateformes facilitent les activités communicationnelles de l’hôpital et promeuvent l’empowerment du patient (Fischer, 2014 ; Househ, Borycki, Kushniruk, 2014), ce qui contribue à la construction d’une marque réputée. Néanmoins, il s’avère nécessaire que ces organisations règlent préalablement certains problèmes concernant les réseaux sociaux, comme par exemple la confidentialité, la sécurité, la gestion de l’identité et la désinformation (Househ, Borycki, Kushniruk, 2014). D’ailleurs, elles doivent parier sur la formation des patients et des professionnels de la santé dans l’usage efficace de ces outils (Moorhead et al. 2013). La stratégie sur les réseaux sociaux doit viser la satisfaction des besoins communicationnels ou cliniques des différentes parties prenantes dont dépend l’hôpital (McCarroll et al. 2014), d’où l’importance que ces organisations gèrent les conversations avec les patients pour ainsi mieux satisfaire lesdits besoins (Abramson, Keefe, Chou, 2015).
La gestion stratégique de la communication – interpersonnelle, interne, externe et online- contribue à la création d’une marque hospitalière solide, ce qui est fondamental pour renforcer le positionnement stratégique de l’organisation dans le marché des soins. La recherche sur ce domaine, notamment la communication médecin-patient, devient de plus en plus nécessaire pour les hôpitaux, mais aussi pour les institutions universitaires qui souhaitent mettre en valeur un domaine de recherche qui concerne toute la population. La réalisation de recherches qualitatives ou quantitatives sur la communication médecin-patient, la communication online ou la communication externe de l’hôpital est très présente dans certains pays, comme par exemple les États-Unis. Néanmoins, ces dernières années, nombreux chercheurs de différents pays se sont intéressés à ce milieu de recherche, ce qui met en évidence l’importance grandissante de la communication institutionnelle dans les hôpitaux.
Méthodologie
Afin de connaître la contribution des chercheurs suisses à la production scientifique sur la communication institutionnelle dans les hôpitaux, nous avons analysé individuellement toutes les publications relatives à ce domaine scientifique qui ont paru entre 1997 et 2017. Pour ce faire, nous avons consulté la base de données PubMed, ainsi que le site web individuel des principales revues de référence internationale dans ce domaine (Journal of Health Communication, Health Communication, Journal of Communication in Healthcare et The American Journal of Public Health). Les trois premières publications sont les revues spécialisées en communication santé les mieux classées dans le ranking JCR Thompson Reuters 2016; en ce qui concerne la quatrième revue, il s’agit d’une des revues les mieux classées dans le classement « public, environnemental and occupational health » (JCR Thompson Reuters 2016), et spécialement ouverte envers le domaine de la communication. Afin de trouver les informations précises concernant notre recherche, nous avons analysé le titre et le résumé de tous les articles publiés entre 1997 et 2017. Pour ce faire, nous avons eu recours à différents mots clés - en anglais- combinés de différentes manières : hospital, Switzerland, communication, interpersonal, internal, brand, reputation et social media. Nous avons réalisé toutes les combinaisons possibles afin de trouver les meilleures informations; ainsi, par exemple, pour le mot « hospital », nous avons mené sept recherche différentes : hospital et Switzerland, hospital et communication, hospital et interpersonal, hospital et internal, hospital et brand, hospital et reputation, et hospital et social media. Nous avons fait la même chose avec tous les mots. Une fois évaluées ces quatre revues, et afin de compléter cette étude, nous avons utilisé les mêmes mots clés – en français et en anglais- et les mêmes combinaisons pour analyser les articles publiés entre 1997 et 2017 par les deux revues scientifiques de référence en Suisse dans le domaine de la santé publique (Swiss Medical Weekly, Revue Médicale Suisse) et par la base de données Medline. Pour ce faire, nous avons eu recours à la base de données PubMed. L’analyse de 6 revues scientifiques et de la base de données Medline a été menée du 30 octobre 2017 au 10 décembre 2017.
Résultats
Depuis 1997 jusqu’à 2017, les trois journaux de référence internationale dans le domaine de la communication de santé (Journal of Health Communication, Health Communication et Journal of Communication in Healthcare) et l’un des journaux les plus représentatifs sur la santé publique (The American Journal of Public Health) ont publié 13.703 articles portant sur la communication, la santé publique, les organisations sanitaires, les pathologies, les traitements, etc. (voir Tableau 1. Production scientifique 1997-2017). Les auteurs de ces articles travaillent dans différentes universités internationales, notamment aux États-Unis, en Grande Bretagne et au Canada.
Malgré le volume élevé de production scientifique, il y a très peu de travaux qui analysent le rôle de la communication institutionnelle dans les hôpitaux de Suisse. Ainsi, parmi les 13.703 articles considérés, il n’a pas été trouvé des travaux centrés spécifiquement sur la communication institutionnelle dans les hôpitaux suisses : communication interpersonnelle, communication interne, communication externe, marque, réputation ou réseaux sociaux. Seules 8 articles ont été repérés en lien avec la communication institutionnelle hospitalière en Suisse (voir Tableau 2. Articles sur la communication hospitalière en Suisse).
Tableau 1. Production scientifique 1997-2017
Revue |
Années |
Périodicité |
Nombre d’articles publiés |
Nombre de volumes publiés |
Nombre moyen d’articles publiés par volume |
Journal of Health Communication |
1997-2017 |
Mensuelle |
1 707 |
179
|
9,5 |
Health Communication |
1997-2017 |
Mensuelle |
1 391 |
133 |
10,5 |
Journal of Communication in Healthcare* |
2008-2017 |
Bimensuelle |
335 |
38 |
8,8 |
The American Journal of Public Health |
1997-2017 |
Mensuelle |
10 270
|
277 |
37,1
|
* Le premier numéro de ce journal a été publié en 2008
Tableau 2. Articles sur la communication hospitalière en Suisse
|
Revue |
Titre article |
Année |
Auteurs |
Sujets analysés |
1 |
Journal of Health Communication |
An International Comparison of the Association among Literacy, Education, and Health across the United States, Canada, Switzerland, Italy, Norway, and Bermuda: Implications for Health Disparities. |
2015 |
Takashi Yamashita, Suzanne Kunkel |
Santé, éducation, communication. |
2 |
Journal of Health Communication |
Empowering People and Organizations through Information |
2012 |
Najeeb Al-Shorbaji |
Communication interne, information, gestion des connaissances. |
3 |
Health Communication |
Discharge Communication in Patients Presenting to the Emergency Department With Chest Pain: Defining the Ideal Content |
2015 |
Selina Ackerman et al. |
Communication interne, diffusion d’informations, communication médecin-patient. |
4 |
Health Communication |
Physician-Perceived Contradictions in End-of-Life Communication: Toward a Self-Report Measurement Scale |
2014 |
Rebecca Amati, Annegret Hannawa |
Soins palliatifs, communication interne, communication interpersonnelle. |
5 |
Health Communication |
Relational Dialectics Theory: Disentangling Physician-Perceived Tensions of End-of-Life Communication |
2013 |
Rebecca Amati, Annegret Hannawa |
Soins palliatifs, communication interne, communication interpersonnelle. |
6 |
Health Communication |
Physicians' Communicative Strategies in Interacting With Internet-Informed Patients: Results From a Qualitative Study |
2012 |
Maria Caiata, Peter Schulz |
Hopital, communication interne, communication interpersonnelle. |
7 |
Health Communication |
Health Communication Research in Europe: An Emerging Field |
2010 |
Peter Schulz, Uwe Hartung |
Recherche académique, communication santé, patients. |
8 |
Journal of Communication in Healthcare |
Differential appraisal of age thresholds for mammographic screening in Holland and Switzerland |
2014 |
Peter Schulz, Bert Meuffels |
Cancer de sein, communication interne, brochures. |
Les sujets analysés sont une liste de sujets ad hoc nous permettant de clarifier les contenus analysés
L’analyse menée sur les 13.703 articles publiés par ces quatre journaux met en évidence certaines tendances. En premier lieu, l’absence marquée d’articles dans le domaine de la communication institutionnelle dans les hôpitaux, que ce soit dans le contexte suisse ou ailleurs. Même s’il y a quelques articles sur la communication interne et interpersonnelle dans le domaine hospitalier, nous n’avons trouvé aucun texte centré sur la communication institutionnelle qu’un hôpital peut mettre en place pour construire sa marque et améliorer ses rapports avec les parties prenantes. Néanmoins, il faut mettre en évidence le cas du Journal of Health Communication, qui a consacré un numéro spécial à la communication interpersonnelle dans le domaine du cancer (2009, vol. 14, sup. 1, State of the Sciences of Communication for Cancer Prevention and Control) ; celui de Health Communication, qui a publié plusieurs articles sur la communication interpersonnelle dans différentes situations - urgences, soins palliatifs, soins de premiers secours- ; et celui du Journal of Communication in Healthcare, qui a publié plusieurs recherches sur les campagnes de santé publique et le marketing sanitaire.
En deuxième lieu, la plupart des travaux analysent la réalité des États-Unis, la Grande Bretagne ou le Canada. Ainsi, par exemple, dans la revue American Journal of Public Health, nous avons trouvé plusieurs textes centrés sur les problèmes de santé publique dans certains états des États-Unis (Californie, Floride, etc.), l’impact sur la santé publique de certains évènements qui ont eu lieu dans le pays (Ouragan Katrina, attaques terroristes à l’anthrax, attentats du 11 Septembre, etc.) ou encore les comportements sanitaires des minorités habitant aux États-Unis – hispanos, africains, etc.- Néanmoins, le Journal of Health Communication a publié plusieurs articles sur les problèmes et défis de santé publique dans d’autres pays, comme par exemple le Kenya, l’Inde ou la Chine ; et le Journal Health Communication a consacré un numéro spécial au développement de la santé publique dans ce dernier pays.
En troisième lieu, les quatre revues analysées priorisent la publication d’articles centrés sur le cas concret de pathologies ou traitements. Ainsi, le Journal of Health Communication a publié plusieurs textes sur le tabac, le VIH, le cancer et la santé mentale ; la revue Health Communication, sur la santé sexuelle, les soins palliatifs, la santé mentale et le don d’organes ; le Journal of Communication in Healthcare, sur la gestion des informations concernant le patient, l’alimentation, la health literacy et le cancer ; et l’American Journal of Public Health, sur la drogue, la contraception, l’ alcool, les styles de vie et la contraception.
Et finalement, en quatrième lieu, le peu de textes qui s’intéressent à la communication en santé publique sont rédigés sous une approche journalistique (couverture médiatique d’un traitement ou une pathologie, campagnes médiatiques contre le tabac, impact de la presse sur la santé publique, etc.), et non pas sous une approche de communication institutionnelle qui vise l’analyse de sujets clés pour une organisation, comme par exemple l’image de marque, la réputation ou le rapport avec les parties prenantes.
Afin de compléter cette étude, nous avons analysé les travaux publiés par les deux meilleures revues de santé publique en Suisse (Swiss Medical Weekly, Revue Médicale Suisse) et par la base de données Medline. Nous avons trouvé des résultats qui confirment le manque de publications centrées spécifiquement sur la communication institutionnelle dans les hôpitaux de Suisse. Ainsi, de 1997 à 2017, la Swiss Medical Weekly a publié uniquement 5 articles en lien avec la communication institutionnelle dans les hôpitaux suisse (voir Tableau 3. Articles parus dans Swiss Medical Weekly) ; la Revue Médicale Suisse, 18 articles (voir Tableau 4. Articles parus dans la Revue Médicale Suisse); et la base de données Medline, 5 articles (voir Tableau 5. Articles parus dans Medline).
Tableau 3. Articles parus dans Swiss Medical Weekly
|
Revue |
Titre article |
Année |
Auteurs |
Sujets analysés |
1 |
Swiss Medical Weekly |
HIV screening: better communication instead of searching for a needle in a haystack? |
2016 |
Pietro Vernazza |
Communication interne, communication médecin patient, prévention. |
2 |
Swiss Medical Weekly |
Teaching communication skills: beyond wishful thinking |
2015 |
Junod Perron et al. |
Communication interpersonnelle, communication médecin patient, profils de patients. |
3 |
Swiss Medical Weekly |
Discharge communication in the emergency department: physicians underestimate the time needed |
2012 |
Selina Ackermann et al. |
Communication interne, communication médecin patient, service urgences. |
4 |
Swiss Medical Weekly |
Language difficulties in outpatients and their impact on a chronic pain unit in Northwest Switzerland. |
2010 |
Ruppen W, Badschapp O, Urwyler A. |
Hopital, communication interpersonnelle patients chroniques. |
5 |
Swiss Medical Weekly |
Communication training and antibiotic use in acute respiratory tract infections |
2006 |
Mathias Brieck et al. |
Communication interne, communication médecin patient, antibiotiques. |
Les sujets analysés sont une liste de sujets ad hoc nous permettant de clarifier les contenus analysés
Tableau 4. Articles parus dans la Revue Médicale Suisse
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Revue |
Titre article |
Année |
Auteurs |
Sujets analysés |
1 |
Revue Médicale Suisse |
Formation à la communication clinique : malaise dans la médecine |
2017 |
Céline Bourquin, Friedrich Stiefel |
Communication institutionnelle, communication interne, communication interpersonnelle |
2 |
Revue Médicale Suisse |
Enseignement prégradué à la communication et à la relation médecin-patient |
2017 |
Alexandre Berney et al. |
Communication, communication médecin patient, discours. |
3 |
Revue Médicale Suisse |
Vaccination de la personne âgée : quelques outils pour mieux communiquer |
2017 |
Lisa Hentsch et al. |
Communication, prévention, personnes âgées. |
4 |
Revue Médicale Suisse |
Communiquer, converser, s’émerveiller |
2017 |
Marco Vannotti |
Hopital, communication médecin-patient, accompagnement. |
5 |
Revue Médicale Suisse |
Communiquer à la femme enceinte: avantages, risques et incertitudesde la vaccination |
2017 |
Aude Freiburghaus, Elena Ferro-Luzzi, Joël Krüll |
Communication interne, communication interpersonnelle, femmes enceintes. |
6 |
Revue Médicale Suisse |
Communication du risque en médecine des voyages |
2015 |
Reto Auer et al. |
Communication, prévention, médecine de voyage |
7 |
Revue Médicale Suisse |
Gestion et communication de l’information en surveillance biologique: une approche éthique et interdisciplinaire |
2015 |
Laetitia Pralong |
Communication, gestion de l’information, surveillance biologique |
8 |
Revue Médicale Suisse |
Stratégies de communication au service de la formation : quelques outils pratiques |
2015 |
David Gachoud, Sylvie Félix, Matteo Monti |
Communication institutionnelle, communication externe, formation. |
9 |
Revue Médicale Suisse |
Réseaux sociaux : de nouveaux outils de communication et de formation pour les médecins ? |
2015 |
François Bastardot, Peter Vollenweider, Pedro Marques-Vidal |
Hopital, communication, médias sociaux. |
10 |
Revue Médicale Suisse |
Relation soignant-soigné : quand les blogs s’en mêlent |
2014 |
Céline Rondi, Alexandre Berney |
Hopital, communication, médias sociaux. |
11 |
Revue Médicale Suisse |
Communication lors de la consultation : une compétence qui s’apprend et... s’enseigne |
2012 |
Louis Simonet |
Hopital, communication médecin-patient, enseignement. |
12 |
Revue Médicale Suisse |
Menaces épidémiologiques : réflexions sur la communication |
2011 |
Christian Chuard, Daniel Genné |
Communication, prévention, épidémiologie |
13 |
Revue Médicale Suisse |
Perception et communication du risque : du diabète à la maladie cardiovasculaire |
2010 |
Francesco Gianinazzi et al. |
Communication interne, risque, maladie cardiovasculaires. |
14 |
Revue Médicale Suisse |
La communication médicale et les recommandations relationnelles : à contre-courant |
2007 |
C. Luthy C. Cedraschi |
Communication interne, communication médecin-patient, évaluation. |
15 |
Revue Médicale Suisse |
Améliorer les compétences communicationnelles : expérience «clinique» et évaluation scientifique |
2006 |
F. Stiefel I. Rousselle J.-N. Despland P. Guex |
Communication interne, communication interpersonnelle, profil patients. |
16 |
Revue Médicale Suisse |
Chaque praticien est aussi enseignant : la communication pédagogique |
2006 |
J. Sommer N. Junod Perron |
Communication interne, communication médecin-patient, enseignement. |
17 |
Revue Médicale Suisse |
Quelle place donner à la messagerie électronique dans la communication patients-médecins ? |
2004 |
J.-L. Vonnez |
Hopital, communication online, email. |
18 |
Revue Médicale Suisse |
La communication : un élément central en soins palliatifs |
2002 |
F. Stiefel, I. Rousselle et P. Guex |
Communication institutionnelle, communication médecin-patient, soins palliatifs. |
Les sujets analysés sont une liste de sujets ad hoc nous permettant de clarifier les contenus analysés
Tableau 5. Articles parus dans Medline
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Revue |
Titre article |
Année |
Auteurs |
Sujets analysés |
1 |
Psychiatry Research |
Informal coercion as a neglected form of communication in psychiatric settings in Germany and Switzerland. |
2017 |
Elmer et al. |
Communication interne, communication interpersonnelle, psychiatrie. |
2 |
BMC Health Services Research |
Use of email, cell phone and text message between patients and primary-care physicians : cross-sectional study in a French-speaking part of Switzerland. |
2016 |
Dash et al. |
Communication interne, communication online, email. |
3 |
The UMSCH |
Telemedicine in Switzerland |
2015 |
Denz MD |
Hôpital, communication, télémédecine. |
4 |
Burns |
Evaluation of the online-presence (homepage) of burn units/burn centers in Germany, Austria and Switzerland. |
2012 |
Selig H. et al. |
Hôpital, communication online, page d’accueil. |
5 |
BMC Medical Education |
Self-assessment of intercultural communication skills: a survey of physicians and medical students in Geneva, Switzerland. |
2011 |
Hudelson P, Perron N, Perneger T. |
Hôpital, communication médecin-patient, interculturalité. |
Les sujets analysés sont une liste de sujets ad hoc nous permettant de clarifier les contenus analysés
Discussion
La communication institutionnelle dans le milieu hospitalier constitue une priorité stratégique pour toutes les organisations qui souhaitent renforcer leur image de marque (Medina, Lahmadi, 2012). Grâce à la communication, l’organisation peut améliorer ses rapports avec les parties prenantes dont elle dépend et renforcer son positionnement stratégique dans le marché (Anisimova, 2013). Malgré l’importance stratégique de la communication institutionnelle dans le milieu hospitalier, la communauté académique ne semble pas trop s’y intéresser. Plusieurs aspects permettent d’expliquer cette réalité.
En premier lieu, les Facultés de Communication des universités, qui sont très bien instaurées dans certains pays comme les Etats-Unis, ne sont pas très présentes dans d’autres pays, ce qui rend difficile le développement d’un axe de recherche portant sur la communication hospitalière. D’ailleurs, la plupart de ces Facultés proposent des formations en journalisme, lesquelles semblent ne pas répondre aux besoins des hôpitaux du point de vue de la communication institutionnelle. Par ailleurs, les autres Facultés de Médecine accusent un peu de retard dans l’instauration de cours obligatoires sur la communication institutionnelle, ce qui ne correspond pas avec les demandes des futurs professionnels de la santé. Ainsi, ces professionnels ont besoin de développer leurs habilités de communication interpersonnelle afin de mieux interagir avec les différents types des patients -différences culturelles, sociodémographiques, linguistiques, religieuses, etc.- et pouvoir ainsi leur offrir un service intégral du point de vue médical et humain (Dean, Oetzel, 2014).
En deuxième lieu, la plupart des hôpitaux accusent un certain retard dans le développement de structures formelles de communication institutionnelle (Kemp, Jilipalli, Becerra, 2014). Pendant des années, plusieurs organisations hospitalières n’ont pas eu besoin de développer leur image de marque ni leurs rapports avec les différents parties prenantes (Maier, 2016). Néanmoins, depuis plus de vingt ans, de plus en plus d’hôpitaux doivent faire face à différents problèmes de management comme par exemple le déficit budgétaire ; le disfonctionnement dans les processus internes de travail ; la concurrence grandissante entre les hôpitaux privés, publics et les groupes hospitaliers internationaux présents dans différents pays ; les nouvelles technologies de la communication et la cybersanté ; ou encore le rôle de plus en plus actif du patient lors des consultations médicales. Le nouveau contexte hospitalier oblige ces organisations à renforcer la gestion professionnelle de la communication : il existe un écart entre la diffusion de certains contenus de communication (magazines, sites web, etc.) et le travail stratégique réalisé par un département de communication. La création de ces structures formelles constitue l’un des défis prioritaires pour ces organisations (Martini, 2010).
Et, en troisième lieu, l’effectif limité de revues scientifiques spécialisées dans le domaine de la communication hospitalière a rendu difficile le développement de cet axe de recherche. Ainsi, à part les revues scientifiques analysées dans cette étude (Journal of Health Communication, Health Communication, Journal of Communication in Healthcare), il y a très peu de revues académiques qui portent sur le domaine de la communication hospitalière. Ces dernières années, dans certains pays d’Europe et d’Amérique Latine, plusieurs universités ont créé des revues dans le domaine, comme par exemple Revista Española de Comunicación y Salud (Université Carlos III à Madrid, Espagne) ou l’International Journal of Communication and Health (Université de Bucarest, Roumanie); néanmoins, il s’agit de revues qui ne mobilisent pas encore la communauté académique puisqu’elles ne sont pas encore bien classées dans les bases de données (Thompson Reuters, Ebsco, etc.).
Ces trois aspects présents dans la plupart des pays rendent très difficile le développement de la communication hospitalière comme un axe stratégique de recherche scientifique. En Suisse, comme dans la plupart des pays, ces trois aspects sont aussi présents. Les données analysées dans cet article montrent que dans les quatre revues scientifiques de référence internationale, il n’y a aucune publication sur les stratégies de communication institutionnelle que les hôpitaux suisses mettent en place pour renforcer leur marque et ainsi l’image perçue par les différents parties prenantes (patients, médias, autorités publiques, etc.). Même si certains auteurs ont publié des articles sur la communication interpersonnelle ou la communication interne dans le milieu hospitalier suisse, le vrai enjeu de la communication hospitalière réside dans la définition de stratégies globales de communication institutionnelle qui visent la création d’une marque solide capable d’aider l’hôpital à renforcer son positionnement stratégique dans le marché des soins sur le long terme. En ce qui concerne les deux revues suisses (Swiss Medical Weekly, Revue Médicale Suisse) et la base de donnée Medline, la plupart des articles portent aussi sur la communication interne et, surtout, la communication médecin-patient, ce qui met en évidence une carence de travaux sur l’approche stratégique de la communication institutionnelle en milieu hospitalier.
Malgré la situation actuelle, la Suisse constitue l’un des meilleurs pays au monde pour devenir une référence internationale dans la recherche sur la communication institutionnelle dans les hôpitaux. Trois raisons permettent d’asseoir cette affirmation. En premier lieu, la Suisse accueille de nombreuses organisations internationales dans le domaine de la santé, comme par exemple l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), Médecins Sans Frontières (MSF), le Comité International de la Croix Rouge (CICR), Alliance Mondiale pour les Vaccins et la Vaccination (GAVI), Fond Mondial ou encore OnuSida. Le leadership international de ces organisations peut contribuer favorablement au développement de cette recherche, non seulement en Suisse, mais aussi dans tous les pays où ces organismes internationaux sont présents. En deuxième lieu, les universités suisses sont très réputées au niveau international, ce qui facilite la mise en oeuvre de plans de recherche transversaux sur ce domaine. Ainsi, selon le Classement de Shanghai 2017, parmi les 100 meilleures universités au monde, il y a 5 universités helvétiques : Ecole Fédérale Polytechnique de Zurich (19), Université de Zurich (58), Université de Genève (60), Ecole Fédérale Polytechnique de Lausanne (76) et Université de Bale (95). Et, en troisième lieu, depuis des années, le système hospitalier suisse est classé parmi les meilleurs systèmes de santé au monde (GBD, 2017). Les hôpitaux à renommée internationale, comme le Centre Hospitalier Universitaire Vaudois ou les Hopitaux Universitaires de Genève, peuvent mener, en collaboration avec les universités, des projets de recherche sur la communication institutionnelle des hôpitaux.
Malgré l’intérêt de cette étude, nous pouvons signaler quelques limitations. En premier lieu, l’absence d’informations sur la production scientifique d’autres pays dans le domaine de la communication institutionnelle dans les hôpitaux. Ce manque d’information rend difficile les comparaisons avec la situation de la Suisse. En deuxième lieu, le manque d’informations concernant les axes stratégiques de recherche dans les différentes universités de Suisse, autrement dit, les sujets d’analyse prioritaires, les approches suivies, les revues internationales où les chercheurs soumettent leurs travaux, etc. En troisième lieu, le manque d’informations sur l’origine géographique et les universités d’affiliation des chercheurs qui ont publié dans les différentes revues scientifiques considérées dans cette étude depuis 1997 jusqu’à 2017. Et, finalement, en quatrième lieu, il s’avère compliqué de bien utiliser les différents mots-clés pour trouver une liste précise des articles portant sur la communication santé en Suisse, vu que, souvent, les chercheurs ne sont pas très précis au moment de choisir les dits mots.
Conclusion
L’analyse de la production scientifique depuis 1997 jusqu’à 2017 par les revues de référence dans le domaine de la communication institutionnelle dans les hôpitaux, autant au niveau international (Journal of Health Communication, Health Communication, Journal of Communication in Healthcare, The American Journal of Public Health) que national (Swiss Medical Weekly, Revue Médicale Suisse), met en évidence l’absence de travaux scientifiques sur la communication institutionnelle dans les hôpitaux suisses. Afin de conclure ce texte, nous apportons trois dernières réflexions. En premier lieu, la recherche académique en Suisse sur la communication institutionnelle dans les hôpitaux n’est pas diffusée dans les meilleures revues scientifiques dans ce domaine au niveau international, ce qui rend difficile la visibilité des chercheurs travaillant sur ce domaine. En deuxième lieu, les quatre revues scientifiques de référence internationale analysées dans cet article, priorisent la publication d’articles portant sur des pathologies, traitements et problèmes de santé qui ont lieu dans certains pays, notamment les Etats-Unis, l’Angleterre et le Canada. Et, en troisième lieu, les deux revues suisses considérées dans cette étude montrent un intérêt marqué envers la communication interne et interpersonnelle, mais non pas envers la gestion stratégique de la communication institutionnelle dans le milieu hospitalier. Dans les prochaines années, les travaux des chercheurs devraient tendre à combler ces lacunes.
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Pourquoi une revue suisse de science de l'information ?
Ressi — 22 janvier 2005
Jacqueline Deschamps, Haute Ecole de Gestion, Genève
Résumé
La création d’une revue scientifique constitue à la fois un défi éditorial et académique. La Revue électronique suisse de science de l’information (RESSI) veut faire mieux connaître la science de l’information, discipline qui mérite une meilleure visibilité. La promotion de cette discipline bénéficie d’une situation institutionnelle particulière liée à la création des Hautes Ecoles Spécialisées (HES). La création des HES élargit et complète le domaine des hautes écoles suisses et donne une impulsion à la recherche appliquée. Nous nous proposons de montrer que la création de RESSI s’inscrit dans un contexte scientifique spécifique et dans un développement social et historique.
La création d’une revue scientifique est un défi à plusieurs niveaux. Un défi éditorial, étant donné les multiples difficultés auxquelles se heurte généralement ce genre d’entreprise. Un défi académique aussi, compte tenu de la concurrence qui règne dans ce domaine entre les instances institutionnelles de production et de diffusion de la connaissance scientifique (universités ou sociétés scientifiques) dont les revues constituent l’une des expressions les plus importantes. Mais si la publication d’une nouvelle revue scientifique constitue une véritable gageure, c’est surtout parce que, en dehors de la contribution d’un nouvel espace de publication des progrès de la recherche et du travail théorique de la discipline concernée, une telle revue doit, par l’originalité des approches, des analyses et des traitements de son objet d’étude, se distinguer des autres revues avec lesquelles elle entre en compétition.
Bien sûr, nous n’avons pas la naïveté de croire que la naissance d’une nouvelle revue scientifique en Suisse suffise par elle-même à susciter une révolution épistémologique ni même celle de croire que le comité de lecture peut espérer la sélection et la publication d’articles inaugurant une nouvelle façon de penser la discipline. Nous avons bien plus modestement le désir de créer un forum pour favoriser le dialogue entre les divers acteurs, d’exprimer des sensibilités, des interrogations, des réflexions, des doutes, quelle que soit l’insertion professionnelle des auteurs, au-delà de la traditionnelle distinction entre bibliothèques, archives ou documentation mais sous la bannière de la science de l’information.
Quant à savoir dans quelle mesure une revue scientifique relève le défi, cela dépend naturellement en premier lieu des auteurs qui lui apportent sa matière première, laquelle dépend elle-même des spécialistes qui acceptent d’assumer le rôle aussi déterminant que difficile d’experts, c’est-à-dire de décider si un travail réunit ou non les conditions définies par la communauté scientifique et expressément requises par le comité de rédaction afin qu’il puisse être publié dans la revue. Nous avons d’un côté, la responsabilité de la qualification scientifique et la volonté politique des responsables de la revue et de l’autre, le rôle plus occulte mais sûrement catalyseur, de l’institution qui héberge la revue et le contexte sociopolitique dans lequel elle s’inscrit.
S’agissant de l’implication de la portée scientifique du comité de rédaction qui puise essentiellement son autorité dans la reconnaissance dont jouissent les experts de la revue au sein de la communauté scientifique, nous pouvons supposer qu’elle est à peu près la même que dans d’autres disciplines. Là où les choses diffèrent sensiblement c’est dans le rôle que joue moins ouvertement d’une part l’institution à qui revient la diffusion de la nouvelle revue et d’autre part les conditions socioculturelles dans lesquelles cette édition est entreprise.
Nous pouvons dans les grandes lignes opérer une distinction entre les revues qui constituent les organes éditoriaux officiels de différentes associations scientifiques nationales et les revues qui sont publiées par des sociétés scientifiques de composition et/ou de vocation internationale ou multinationale. L’élément déterminant ici réside dans le fait que RESSI est l’émanation d’une communauté scientifique qui ne s’est délibérément pas constituée en association (une de plus !) mais ressemblerait plutôt à un « collège invisible » d’enseignants et d’acteurs de terrain, rassemblés autour des problématiques de la science de l’information. Il y a dans la création de RESSI un désir de faire reconnaître une discipline qui mérite une meilleure visibilité. Les engagements de la vie professionnelle nous ont amenée à rencontrer des collègues, à partager leurs préoccupations et à nous rendre compte que dans le monde francophone, nous avons tous besoin de nous ancrer dans notre discipline, de la légitimer, de la faire évoluer.
La science de l’information est une discipline académique pour certains, un terrain d’application ou un champ interdisciplinaire pour d’autres, elle est souvent associée à la communication avec qui elle entretient des rapports qui ne sont pas toujours aussi limpides qu’on veut bien le croire. C’est aussi intentionnellement que nous parlons de Science de l’information en optant pour science au singulier parce qu’en Suisse, à la différence de la France, nous n’avons pas jumelé science de l’information et communication en « Info-com ». Tout au plus pourrions-nous parler d’info-doc s’il fallait s’allier à un autre champ alors que la science de l’information est en soi une entité complète qui inclue bibliothéconomie, archivistique et documentation. L’utilisation même des expressions « science de l’information » ou « sciences de l’information » n’a pas été établie une fois pour toutes. Pour Le Coadic, c’est la science de l’information... mais par exemple pour Benoît, ce sont les sciences de l’information. « Il semble que l’extension illimitée des phénomènes associables à ce mot décourage a priori toute synthèse, et disqualifie l’idée même d’une discipline. Aussi parle-t-on des sciences de l’information et de la communication, les SIC, mais cet insurmontable pluriel a de quoi rebuter les esprits rigoureux. »(1). Ou encore, pour Estivals (2) « Le pluriel de sciences de l’information et de la communication couvre l’imprécision. L’argument qui consiste à dire que nos domaines ne sont pas assez avancés pour qu’on puisse les délimiter est une pirouette qui dissimule mal notre ignorance. Est-il besoin de dire que le risque est grand, dans le milieu scientifique de n’être pas pris au sérieux ? »
Discipline dont on dit qu’elle se cherche tout en ayant une légitime existence, en France, elle fait partie du paysage universitaire où elle est enseignée au premier, deuxième et troisième cycle et confère tous les grades universitaires. En Suisse, elle n’apparaît officiellement dans aucun cursus universitaire et c’est cette situation qui nous interpelle.
Son existence est incontestable et pourtant on remarque un besoin constant de se positionner scientifiquement comme s’il fallait prouver qu’il s’agit bien d’un domaine scientifique. « La science se fait, elle agit, elle produit ; elle ne s’observe pas elle-même comme science en train de se faire. S’il doit exister « une science de l’information », va-t-il donc lui être demandé de faire justement tout cela, tout ce que le reste de la science ne fait pas, sans davantage s’occuper de tout ce « reste » que la science sait elle-même si bien faire ? (3) La science de l’information aurait-elle des raisons d’être considérée comme un terrain d’application et non comme un champ scientifique autonome ? L’ambiguïté est aussi entretenue par ses propres acteurs puisqu’on voit déjà qu’il y a un désaccord dans la terminologie fondamentale. Dès lors, nous savons bien que notre tâche n’est pas facile et risque de nous entraîner dans des débats délicats mais c’est un pari que nous prenons.
On peut se poser la question du lien des bibliothécaires avec la science de l’information. Les bibliothèques sont peu souvent l’objet de recherche universitaire. Pourtant, la recherche qui exige production et investissement intellectuel est susceptible de donner une légitimité dont les effets structurent l’identité professionnelle. On peut aussi penser que la visibilité des bibliothèques par la recherche - fondamentale ou appliquée - représenterait aussi un atout significatif, tant pour les bibliothécaires que les instances institutionnelles.
On peut toujours nous rétorquer que le professionnel de l’information aux prises avec ses difficultés quotidiennes ne ressent pas la nécessité de s’intéresser à une discipline, quelle qu’elle soit. Ce sont avant tout des professionnels qui ont des besoins bien concrets et les réponses à leurs préoccupations quotidiennes se trouvent la plupart du temps dans des solutions pragmatiques. Devrions-nous dire, de concert avec Calenge à propos de la documentation que nous avons-là une « science pratique » à organiser autour d’interrogations concrètes ? Il est vrai que les connaissances qui relèvent des savoirs et celles qui relèvent des pratiques n’ont pas toujours bien été définies et peut-être faut-il parler de discipline à forte dimension pratique ? Parlons plutôt de théorisation, de formalisation ou encore de modélisation ; les lois sont une chose trop sérieuse pour affirmer que la science de l’information possède des lois, tout au plus peut-on parler de modèle.
Notre désir de promouvoir la discipline vient également d’une situation institutionnelle particulière liée à un projet de grande envergure en Suisse : la création des Hautes Ecoles Spécialisées (HES). La création des HES marque un tournant pour les spécialistes de l’information dans toute la Suisse, en modifiant leur système de formation, en leur conférant une reconnaissance fédérale et un titre protégé.
Les HES, dénommées aussi University of Applied Sciences, constituent désormais un élément important du système éducatif suisse. Elles se veulent en phase avec les standards internationaux et il est donc tout naturel pour elles de prôner la mise en œuvre de la « Déclaration de Bologne » et donc d’entamer toute une série de réformes. La Conférence suisse des HES (CSHES) propose ainsi un modèle d’année académique et de formation modulaire. Les HES constituent un véritable laboratoire d’études aussi bien sur le plan de la modification du système de formation professionnelle (et sa promotion dans l’enseignement de niveau tertiaire) que sur le plan de la revalorisation des formations qui y sont dispensées.
La réforme de l’éducation tertiaire est intervenue en Suisse plus tardivement que dans les pays de la Communauté européenne. Paradoxalement, la bonne qualité de la recherche universitaire en sciences et en ingénierie et la qualité de la formation professionnelle qui permettait à la majorité des jeunes adultes en formation professionnelle d’entrer sur le marché du travail, n’ont pas incité à la mise en route de changements importants. Sous l’augmentation de la demande individuelle et sociale d’éducation tertiaire, alimentée par les compétences exigées par le marché du travail, la vigueur croissante du savoir comme force motrice de l’activité et des performances économiques, des changements touchant l’ampleur, la nature et la valeur de la recherche dans son acception large et d’une dynamique « européenne », l’éducation tertiaire a fait alors l’objet de réformes importantes. La création des HES en Suisse, élément de nature conjoncturel, correspond aussi à un mouvement d’harmonisation des formations universitaires au niveau européen.
La transformation des écoles supérieures en Hautes écoles spécialisées vise à élargir l’offre de formations universitaires en Suisse en y incluant des filières de formation du niveau des hautes écoles, de caractère à la fois scientifique et pratique et à renforcer l’euro compatibilité des diplômes. L’un des objectifs qui a présidé à la naissance des HES a été aussi d’élargir la fonction des écoles qui jusque-là était limitée à l’enseignement en leur confiant des tâches de recherche appliquée, de développement et de prestations de services à l’intention de l’économie (transfert de connaissances et de technologies). Si la coopération avec les milieux économiques ou institutionnels existait déjà, il en allait tout autrement pour la recherche.
La création des HES va élargir et compléter le domaine des hautes écoles. Les enseignants de ces écoles sont donc appelés à exercer des activités de recherche appliquée et de développement. La pratique d’activités de recherche et de développement est un moyen de ne pas prendre de retard sur les progrès de la science et sur l’évolution de la pratique professionnelle.
Notre propos n’est pas d’écrire l’histoire de la science de l’information ; des auteurs l’ont fort bien fait avant nous et leurs écrits ont d’ailleurs nourri notre réflexion aussi nous ne faisons que mettre en lumière quelques aspects qui nous semblent importants. Nous voulons montrer que la création de notre revue s’inscrit dans un contexte scientifique spécifique et dans un développement social et historique.
Lorsqu’on parle de science de l’information la première question que l’on pose généralement est : la science de l’information est-elle une discipline scientifique ? Et ceux qui posent cette question tentent bien souvent de vous prouver que non.
Généralement les disciplines scientifiques se distinguent par un vocabulaire spécifique, savant, hermétique au profane. La science de l’information utilise des vocables simples, appartenant au langage ordinaire, et compréhensibles par tous tels, information, livre, document, bibliothèque, film, photographie, lecteur, etc. Existe t-il un véritable vocabulaire scientifique ? Y a-t-il un vocabulaire théorique qui serait propre à la discipline ? Nous avons bien conscience de soulever des questions récurrentes qui ont déjà marqué les premières années d’existence de la discipline mais qui restent prégnantes aujourd’hui.
Une discipline désigne une matière enseignée, une branche de la connaissance. Dans une définition plus complète, on trouve « une discipline scientifique est une branche du savoir qui étudie une série de situations en ayant pris une perspective particulière, soutenue par des théories, des présuppositions, des réseaux scientifiques, des institutions, des contrôles sociaux, des appareils de mesure, des technologies, des publications, des diplômes universitaires, etc. » (4). Selon cette définition, oui la science de l’information est une discipline scientifique.
On peut, à juste titre s’étonner de voir que la science de l’information a été élevée au rang de « science » seulement quelques décennies après sa création. Prenant comme point de départ cette affirmation de Bourdieu (5), « la science n’a d’autre fondement que la croyance collective dans ses fondements que produit et suppose le fonctionnement même du champ scientifique », la science de l’information vient alors s’intégrer dans la famille des sciences et spécifiquement des sciences humaines et sociales.
Le critère de validité généralement retenu est celui de l’existence sociale d’une discipline reconnue comme science par la communauté de ceux qui la pratiquent, par les institutions académiques et par la société. En dehors des moments critiques de rupture épistémologique ou paradigmatique, qui engendrent de nouveaux équilibres sociaux autour de nouvelles définitions de la science, l’activité scientifique routinière s’identifie à l’ensemble des pratiques d’une communauté unie par des consensus théoriques et méthodologiques et par une vision commune du monde comme nous l’apprend Kuhn.
Dans le cas de la science de l’information, les consensus théoriques et méthodologiques ne sont pas complètement stabilisés, ce qui fait généralement dire que la science de l’information est une science en constitution. Kuhn insiste sur le caractère social du paradigme : il est propre à une communauté, c’est ce que tous les chercheurs d’un même domaine ont en commun et ce que l’on enseigne aux étudiants. Pour qu’il y ait science, il faut donc un objet et des méthodes scientifiques, des techniques, des services, etc. C’est un ensemble de phénomènes.
Qu’est-ce que la science de l’information ? Les définitions lexicales permettent de donner une description et de délimiter des frontières aux sujets couverts par le champ, mais elles ne peuvent en donner une compréhension plus approfondie. « Information science is that discipline that investigates the properties and behavior of information, the forces that govern the flow and use of information, and the technique, both manual and mechanical, of processing information for optimal storage, retrieval and dissemination» (6).
La science de l’information est un champ de pratique professionnelle et de recherche scientifique traitant du problème de la communication des enregistrements du savoir parmi les humains, dans le contexte du besoin social, organisationnel et individuel pour l’usage de l’information. Les débats sur la définition « propre » de la science de l’information peuvent paraître stériles. La science de l’information, comme science, et comme savoir théorique professionnel, étant finalement définie par les problèmes qu’elle soulève et les méthodes utilisées pour les résoudre.
La science de l’information est un objet qui intéresse nombre d’auteurs, elle est l’objet de rencontres scientifiques et pourtant elle ne semble pas rassembler la communauté scientifique dans un même consensus mais se maintient dans une nébuleuse aux contours encore flous. Il est un consensus sur lequel la communauté des chercheurs s’entend, c’est la classification dans la catégorie sciences humaines et sociales. Le caractère de science sociale avait déjà été avancé par Cossette à propos de la bibliothéconomie, mais en la désignant comme une science sociale dont l’objet est plus restreint que les autres sciences sociales et limitée à un milieu particulier, la bibliothèque. Elle présente un aspect particulier avec un aspect pratique plus développé, elle est à la fois science et art.
D’après Bourdieu (7) « le champ des sciences sociales est dans une situation très différente des autres champs scientifiques ; du fait qu’il a pour objet le monde social et qu’il prétend en produire une représentation scientifique, chacun des spécialistes y est en concurrence non seulement avec les autres savants, mais aussi avec les professionnels de la production symbolique (écrivains, hommes politiques, journalistes) et plus largement avec tous les agents sociaux qui, avec des forces symboliques et des succès très inégaux, travaillent à imposer leur vision du monde social ».
Le flou relatif à propos de la dénomination de la discipline, que nous avons mentionné au préalable, atteste l’existence de conflits sous-jacents à propos des frontières qui séparent la science de l’information des disciplines traditionnelles. Il se traduit également dans les diverses conceptions concernant l’objet de la science de l’information.
L’objet d’étude de la science de l’information est encore à l’heure actuelle matière à débat et loin d’être unanimement partagé au sein de la communauté scientifique, divisée qu’elle est entre plusieurs approches théoriques de l’univers informationnel et donc de l’objet même de la discipline. A cette instabilité correspond une certaine fragilité de ses fondements intellectuels. La science de l’information s’intéresse avant tout à l’élaboration sociale et au partage du savoir. Tout type de savoir étant concerné, qu’il s’agisse de savoir pratique, technique, scientifique, encyclopédique. Quant à l’élaboration et au partage, ils se réalisent dans des contextes sociaux et culturels divers que ce soit une communauté scientifique, professionnelle, culturelle, nationale, internationale ou une organisation humaine telle une entreprise, une université, etc. Pour Le Coadic (8), la science de l’information a pour objet « l’étude des propriétés générales de l’information (nature, genèse, effets) c’est-à-dire plus précisément l’analyse des processus de construction, de communication et d’usage de l’information et la conception des produits et des systèmes qui permettent sa construction, sa communication, son stockage et son usage ». C’est la vision défendue par Taylor, Goffman, Zunde qui la définissent comme une science empirique qui cherche à établir des principes généraux afin d’expliquer, de quantifier et de prédire des phénomènes. Selon l’acception nord-américaine défendue par Brookes ou Shera, la science de l’information a pour objet scientifique l’information à travers le message, sa forme, ses codes. Pour Saracevic ou Salton, l’objet est limité à un type d’information, l’information scientifique et technique. Fondin (9) définit l’objet de la science de l’information comme « le système d’échange entre différents acteurs autour d’une recherche d’information dont on veut comprendre le fonctionnement et surtout le rôle qu’y joue chaque acteur, pour éventuellement intervenir dessus ». Varet la définit comme « une discipline rigoureuse » et, pour cet auteur, c’est en édifiant une science de l’information que nous saurons un jour ce qu’est l’information pas avant, car si l’objet était connu avant que d’être étudié, cela voudrait dire que nous n’avons aucun besoin d’en instaurer la connaissance.
L’objet scientifique de la science de l’information nous paraît bien être la compréhension d’un processus d’échange, de partage qui relève de la préoccupation de la récupération de l’information (connaissance communiquée), quelle qu’elle soit (technique, culturelle, etc.), quel que soit son support (physique ou électronique), son cadre (individuel ou collectif), la raison (gratuit ou utilitaire) et dont les éléments essentiels sont en priorité les hommes, avant les techniques. La science de l’information s’intéresse à une activité humaine finalisée, elle est donc une discipline d’ordre communicationnel et elle appartient bien aux sciences humaines et sociales.
La science de l’information présente trois caractéristiques générales qui marquent son évolution. On peut aussi les voir comme des problématiques que traite, ou en tout cas que devrait traiter, la science de l’information.
- La science de l’information est de nature interdisciplinaire : cependant les relations entre les diverses disciplines sont changeantes et ne sont pas figées.
- La science de l’information est inexorablement liée à la technologie de l’information. La technologie contribue grandement à l’évolution de la science de l’information tout comme à la société de l’information dans son ensemble.
- La science de l’information est, avec d’autres champs, un acteur de l’évolution de la société de l’information. La science de l’information a une dimension sociale et humaine forte, au-dessus et au-delà de la technologie.
Vickery et Vickery et Saracevic ont souligné que la science de l’information se structure en deux champs relativement autonomes, eux-mêmes composés de plusieurs sous-champs. Lorsqu’en 1998, Buckland célèbre le cinquantième anniversaire du Journal of the American Society of Information Science, il évoque les deux traditions qui selon lui existent dans le champ anglo-saxon de la science de l’information : les approches fondées sur les documents, les enregistrements signifiants et celles fondées sur l’utilisation de résultats de techniques formelles (techniques ou mathématiques). Nous ne possédons pas d’étude d’envergure concernant les auteurs francophones et leurs domaines de recherche, mais nous distinguons également deux courants de recherche, l’un rattaché aux aspects techniques, à la conception de systèmes et l’autre tourné vers les aspects humains, les pratiques socioculturelles. En France, l’appartenance au domaine de l’information ou de la communication est toujours polémique, peut-être à cause du rapprochement de la science de l’information et de la communication dans une même section universitaire ?
L’autonomie du champ est un autre élément fondamental, mais dans le cas d’une science humaine en constitution, celle-ci ne peut être que faible. Autant l’élaboration conceptuelle, que la légitimation, doit s’opérer en se tournant vers l’extérieur du champ disciplinaire, en direction d’autres sciences. Selon nous, cela ne dévalorise en rien ce champ de savoir, l’une de ses forces consistant justement à savoir se tourner avec discernement vers les champs extérieurs.
Le terme de « information science » fut employé dès 1960 et remplaça progressivement le terme de « documentation ». Buckland et Liu le définissent comme relevant à la fois de la sphère d’application spécialisée (bibliothèques, archives, techniques documentaires, etc.) et d’un univers de recherche.
Pourtant cet univers de recherche ne semble pas si facile à circonscrire. « Nos études sont tiraillées entre la monographie, voire la microscopie des phénomènes et une vision plus contextuelle et transversale ; entre l’instantané, ou la fascination pour la nouveauté technique, et la longue durée de l’histoire ; entre la description empirique et l’appel à des concepts et à des paradigmes, seuls capables de favoriser le dialogue étendu et transdisciplinaire que nous appelons de nos vœux » (10).
Influencée par la théorie de Shannon, la problématique classique des recherches en science de l’information est selon Fondin celle du codage et du décodage de « l’information – contenu » et de sa bonne transmission. Il s’ensuit soit une préoccupation orientée vers le « document – message » souvent d’ailleurs assimilée au lieu de conservation, soit une « approche – objet » vers le système technique qui en assure le traitement et la transmission, soit une « approche – système ». Les professionnels ont encore une autre expression pour exprimer le changement de logique de fonctionnement, ils parlent de « logique de stock vers une logique de flux », slogan à connotation économique. Dans le domaine organisationnel, les chercheurs ont un intérêt commun pour les systèmes d’information mais, informaticiens et spécialistes de l’information sont également intéressés par l’interaction homme - ordinateur. En même temps qu’ils élargissent le contexte des activités d’information, les spécialistes de l’information examinent de nouveau la nature de l’information qu’ils traitent.
En faisant remonter les origines de la science de l’information au travail des documentalistes, dans la première moitié du vingtième siècle, on met une forte emphase sur le texte comme forme de base de l’information. Aujourd’hui, il est admis que l’on doit considérer d’autres représentations de l’information, comme égales aux phrases verbales. Cet élargissement du contexte dans lequel les spécialistes de l’information placent leur travail est naturellement lié à l’extension d’activités. Il serait bon, de ce point de vue, de comparer les sujets couverts à l’heure actuelle, dans les revues de science de l’information avec les sujets traités auparavant. Ceci donne une autre raison de penser qu’il est probablement peu profitable d’essayer de tracer une frontière autour de la science de l’information : ses limites changent constamment.
Le problème de la méthodologie en science de l’information est un domaine encore peu exploité. Du fait que le champ d’étude est vaste, la science de l’information embrasse différentes méthodologies. Quand on les examine, on voit qu’elles couvrent quelques techniques aisément reconnaissables en sciences sociales.
Dans le processus de cognition, l’homme utilise des règles afin de comprendre la réalité, de trouver des solutions à des tâches que la vie lui impose. Ces règles universalisent les résultats de la pratique et de la cognition. Dans la science, par exemple, ce sont les moyens d’accès à de nouvelles connaissances ou encore, en économie c’est un ensemble de mesures qui visent à atteindre les objectifs de la production. Cet ensemble de règles qui s’appuie sur l’expérience de la vie ou les connaissances scientifiques porte le nom de méthode. La méthode est donc constituée par l’ensemble des principes, des procédés d’étude théorique et d’action pratique qui permet d’atteindre les objectifs fixés et de résoudre les tâches voulues. Une méthode est déterminée par la nature des phénomènes ou les objets auxquels elle s’applique mais elle a ceci de particulier qu’elle sert à expliquer tous les domaines de la nature, de la société, de la pensée, c’est-à-dire des problèmes de caractère universel.
L’appartenance aux sciences humaines et sociales incite à classer la science de l’information dans la catégorie « sciences molles » par opposition aux « sciences dures ». Or, la distinction n’est pas si évidente. « La présence des sciences de l’information dans la « base » Pascal de l’Institut de l’information scientifique et technique (INIST) jusqu’à la fin des années 1990 n’est pas non plus étrangère à la situation » (11). De même la science de l’information figure dans la base de données INSPEC, plus spécifiquement dédiée aux sciences de l’ingénieur et plus proche des sciences dures.
Dans quelle mesure peut-on dire qu’un sujet est considéré « hard » ou « soft » ? Hard signifierait quantitatif et rigoureux tandis que soft signifierait plutôt qualitatif et plus approximatif ? Pour un sujet comme la science de l’information, qui possède à la fois des aspects « durs » et des aspects « mous », ceci pose une question majeure et justifie peut-être le fait qu’il n’y ait pas de consensus autour d’un paradigme méthodologique standard ?
Sur une cartographie virtuelle de la discipline, certains pics sont fondés sur des méthodologies dures (analyses bibliométriques par exemple), et d’autres sur des méthodologies molles (études d’usagers par exemple), dans quelle mesure peut-on développer le terrain intermédiaire ? Les questions de base qui intéressent la science de l’information peuvent, dans certains cas, recourir à un mélange d’approches dures et molles pour une résolution adéquate. Par exemple, la recherche documentaire a deux composants – comment les usagers décident de ce qu’ils veulent comme information et comment, une fois cette décision prise, décider de l’obtention de l’information. En termes méthodologiques, le premier est l’issue « molle » et le second la « dure ». Pour résoudre la plupart des problèmes en science de l’information, il est parfois nécessaire d’avoir recours à deux types de méthodologies mais selon nous, c’est plus une force qu’une faiblesse pour la discipline. La science de l’information, s’est appliquée depuis une dizaine d’années au moins, à tirer parti des possibilités d’améliorer les analyses quantitatives et qualitatives concernant les relations dynamiques qui unissent des collectifs d’objets au sein de diverses communautés et leurs modes de représentations graphiques (analyses des communautés, cartographies de recherches, etc.) dans un ensemble de recherches formalisées dans la scientométrie. Des évolutions sont aussi perceptibles du côté de l’ingénierie documentaire, renforcées par l’apparition des mémoires numériques portées par Internet. L’importance grandissante des méthodes d’analyses statistiques et la nécessité de décrire les phénomènes d’émergence de formes stables et instables au cœur de corpus hétérogènes ont renforcé l’usage de modèles comme les graphes conceptuels par exemple. Les pratiques, les comportements et les usages se développent aussi en interaction directe avec l’environnement.
Les chercheurs ont développé leurs propres approches théoriques de façon indépendante. Par exemple, les débats sur la théorie en bibliométrie n’ont pas grand-chose en commun avec les systèmes d’information. Ceci signifie-t-il que la base théorique de la science de l’information comprend essentiellement un ensemble de théories sans rapport entre elles, qui sont simplement sélectionnées pour leur application au sujet en considération ? Tout au long de la variété des théories centrales qui traduisent certainement un besoin, il y a de la place pour une théorie « surplombante » qui essaie de rassembler les différents composants de la science de l’information. Dans la mesure où les composants de base du monde moderne de l’information sont des êtres humains et des machines, on peut s’attendre à ce qu’une métathéorie les relie entre eux.
La science de l’information est presque invariablement vue comme appartenant à la catégorie « appliquée ». Ceci est vrai en termes de «pratique de recherche», mais soulève le rôle de la théorie dans la science de l’information. La plupart des sujets appliqués tendent à prendre leurs théories dans des sources diverses. Les pionniers de la science de l’information ont vu ceci comme une menace importante pour leur champ nouvellement établi. Ils pensaient qu’une base théorique agréée était nécessaire pour que le sujet développe une voie consistante et compréhensible. D’un côté, ils craignaient que la science de l’information ne devienne une étiquette pour une collection de compétences pratiques, sans cohérence théorique sous-jacente. D’un autre côté, ils sentaient qu’une telle base théorique serait impossible à formuler à moins que les activités d’information ne soient étudiées et discutées avec leurs propres termes, non avec les termes de leur possible application.
Dans les pays francophones, les domaines scientifiques et technologiques sont séparés et l’on retrouve cette séparation entre « recherche fondamentale » et « recherche appliquée ». Cette séparation se retrouve en science de l’information où la recherche est plus appliquée (c’est-à-dire visant à améliorer) que théorique (visant à comprendre), et que les chercheurs sont en fait plus ingénieurs que chercheurs. On comprend aussi qu’il y a là sujet de tensions entre les chercheurs, comme le fait remarquer Metzger (11) : « On observe des oppositions, des rivalités, parfois exacerbées … et la communauté de ces chercheurs… est tiraillée, sinon écartelée, entre plusieurs tendances… et les chercheurs qui se réclament de l’une ou l’autre ?de ces approches? d’entre elles inclinent à adopter les cadres théoriques et les méthodes des secteurs scientifiques qui leur paraissent proches et dont, souvent ils proviennent ».
La question de la méthodologie nous renvoie à la question des différences entre les disciplines, les sciences dites « dures » arguant qu’il existe une « méthode scientifique » unique et générale. Or, il existe des différences profondes entre les disciplines, portant sur la méthodologie scientifique. On s’accorde pour reconnaître que les sciences humaines sont moins avancées que les sciences de la nature et, effectivement, il est vrai que certains corps de connaissances ne sont pas acceptés par tous les chercheurs d’une discipline comme c’est le cas dans des sciences « dures ». Mais, peut-on dire que cette absence de consensus est réellement liée à un développement insuffisant ?
Pour savoir où va la science de l’information, il est nécessaire de regarder son histoire pour déterminer les courants qui se dessinent. Depuis quelques années, bibliothécaires et documentalistes se penchent sur leur histoire (Histoire des bibliothèques, Histoire de la documentation, Histoire de l’information scientifique et technique etc.). La base scientifique de la discipline constitue un thème récurrent, parmi les enseignants et les chercheurs. Bien que les problèmes relatifs à l’information et à son maniement aient toujours existé, la science de l’information est essentiellement une création de la seconde moitié du vingtième siècle. Le terme « information scientist » apparaît dans les années 50 et décrit un scientifique qui est un professionnel de l’information. En 1955, Farradane invente le terme « science de l’information » impliquant qu’il représente une discipline académique plutôt qu’une activité professionnelle. L’ « information scientist » est décrit comme étant proactif en cherchant, numérisant la littérature et présentant les résultats à ses clients. Il est aussi caractérisé comme ajoutant de la valeur à son travail en évaluant la littérature qu’il a cherché, ignorant le matériel de mauvaise qualité et attirant l’attention sur certaines références clés. Dans les années 50, le mot scientifique a une image attirante en Grande-Bretagne en étant associé aux technologies de pointe ; les « information scientists » sont impliqués dans les renseignements militaires, dans la recherche médicale ou encore la production d’électricité à bas prix ! On trouve aussi dans l’histoire de la science de l’information un lien entre les dénominations « special librarians » et « information officers ». Dans les pays francophones, on utilise le terme documentaliste pour information scientist.
La science de l’information a émergé avec la seconde guerre mondiale, en parallèle à l’informatique. Cette émergence correspond au phénomène de l’explosion de l’information. L’information a toujours été capitale, quelle que soit la société et l’époque, mais son rôle et son importance ont varié. Avec l’évolution de l’ordre social vers la société post-industrielle ou ce que nous appelons communément la société de l’information, le savoir et l’information assument un rôle central dans chacun des aspects de la vie.
Vakkari et Cronin ont souligné l’incertitude que les praticiens montrent envers ce que l’on appelle l’information. Si l’opposition entre aspect technique (la conception de systèmes) et aspect humain (étude des pratiques socioculturelles et capacités cognitives) partage le champ disciplinaire, cette opposition semble partager aussi les praticiens (opposition entre les bibliothèques universitaires et les bibliothèques de lecture publique). Mais l’articulation entre ces aspects peut, peut-être, constituer un nouvel enjeu pour la science de l’information. Il semble qu’actuellement aucune nouvelle théorie n’émerge du champ de la science de l’information pour développer de nouvelles voies de pensée. Dans le champ académique, les programmes de recherche anglo-saxons, par exemple, se sont plutôt centrés sur des problèmes pratiques comme la fourniture de documents à un nombre croissant d’étudiants. Les programmes sont concentrés sur la construction de modèles pour le futur des bibliothèques et investiguent des nouvelles voies de création et d’accessibilité à des sources d’information en développant le concept de bibliothèque virtuelle ou « hybrid library ».
Nous ne pouvons terminer cette réflexion, sans évoquer les liens entre la bibliothéconomie, la communication et la science de l’information.
Les relations entre la bibliothéconomie et la science de l’information sont souvent ambiguës et floues. Dans ce débat récurrent, la science de l’information apparaît généralement comme une discipline à portée théorique beaucoup plus grande que la bibliothéconomie ou la documentation, celles-ci étant perçues comme des domaines professionnels. « The aim of librarianship at whatever intellectual level it may operate is…to bring to the point of maximum efficiency the social utility of man’s graphic records, wether the patron served is a child absorbed in his first picture book or the most advanced scholar engaged in some esoteric inquiry » (12).
Dans le Dictionnaire encyclopédique des sciences de l’information et de la communication, la bibliothéconomie est définie comme « l’ensemble des processus, règles, moyens humains et financiers à mettre en œuvre pour offrir les meilleurs produits et/ou services, au moindre coût, en tenant compte des besoins des consommateurs (clients ou usagers du service de la bibliothèque) ». Ou encore pour Line, c’est un ensemble composite de connaissances, de compétences et de pratiques qui sont pour la plupart tout aussi utiles dans d’autres domaines professionnels. Calenge l’aborde avec quatre définitions recouvrant l’ensemble du concept :
- Au sens général c’est l’activité qui utilise et coordonne l’ensemble des sciences qui sont orientées vers la meilleure appropriation du savoir par les individus dans diverses communautés (fonds + services).
- La bibliothéconomie « pure » est l’activité de modélisation des situations et processus relatifs à la bibliothéconomie, les méthodologies de gestion de la collection et des services.
- La bibliothéconomie « appliquée » concerne la conception et la réalisation d’outils visant à diagnostiquer des anomalies dans l’appropriation du savoir.
- L’art bibliothéconomique consiste à mettre en œuvre les outils élaborés dans le cadre de la bibliothéconomie appliquée.
Bibliothéconomie et science de l’information ont en partage le rôle social et l’utilisation effective des enregistrements sur tous supports, par les individus. Mais il y a aussi des différences significatives, essentiellement dans la manière d’aborder les problèmes. En bibliothéconomie, les problèmes soulevés sont avant tout pratiques. Le bibliothécaire cherche une solution pour résoudre son problème sans référer forcément à un modèle théorique. Les outils et méthodes utilisés relèvent avant tout de la technologie.
Ces divergences conduisent à la conclusion que bibliothéconomie et science de l’information sont deux champs distincts dans des relations interdisciplinaires. Ce n’est pas que l’une soit moins bonne que l’autre, mais les oppositions se situent dans la sélection et/ou la définition des problèmes posés et les paradigmes de référence. Bibliothéconomie et science de l’information sont bien reliées mais dans des champs différents.
Une profession s’identifie généralement avec un objet ou un champ d’action précis or, le bibliothécaire ne se définit pas par rapport à la bibliothéconomie (encore moins à la science de l’information), mais comme un professionnel des bibliothèques. Ce lien ne remet pas en cause les tâches propres et les caractéristiques principales d’un métier. Le rôle premier du bibliothécaire est bien de gérer des connaissances ou plus globalement une partie du savoir de l’humanité. L’opposition entre bibliothéconomie et science de l’information est un faux débat, la bibliothéconomie peut juste dans certains de ses aspects, toucher à certains champs de la science de l’information. Même si elle n’est pas « science » au sens strict, la bibliothéconomie peut entreprendre une démarche scientifique. Il faut un modèle théorique pour faire une observation et c’est en construisant ce modèle qu’elle prend une dimension scientifique. Il ne s’agit pas du modèle au sens mathématique mais de la formalisation de scénarios d’analyses et de procédures réutilisables dans diverses situations. La bibliothéconomie se fonde sur la pratique et donc le débat opposant bibliothéconomie et science de l’information serait un faux débat, la science de l’information étant discipline et la bibliothéconomie pouvant, dans certains de ses aspects toucher au champ de cette discipline. « Les sciences de l’information, les sciences humaines ou sociales, n’ont pas besoin de la bibliothéconomie pour poursuivre leur projet, alors que la bibliothéconomie a besoin de ces sciences, sans pouvoir s’identifier à elles ». (13)
Toute science a été précédée d’une technique qui lui a fourni des problèmes, un matériel et des moyens de contrôle. La bibliothéconomie, contrairement à la plupart des autres sciences sociales, a surtout développé le côté pratique en négligeant l’aspect théorique. Ainsi, la bibliothéconomie a placé la théorie et les principes de la discipline en dehors de la profession, à l’extérieur de la sphère d’influence des bibliothécaires eux-mêmes. La bibliothéconomie a pourtant le mérite d’offrir un langage commun et le partage de techniques ce qui donne aux bibliothécaires identité et reconnaissance.
Le regard du spécialiste de l’information se porte sur l’information comme telle, celui du bibliothécaire se porte sur le support. Le champ d’exercice du spécialiste de l’information est la gestion de l’information où qu’elle soit, celui du bibliothécaire est la bibliothèque. On peut toujours mettre en avant les théories diverses de la science de l’information : la théorie de Shannon, la loi de Bradford ou celle de Zipf-Mandelbrot, etc., ou encore une méthode propre comme la bibliométrie. La science de l’information se caractérise par l’étude du phénomène du transfert de l’information et la bibliothéconomie se préoccupe de ce qui se passe dans les bibliothèques. « La science de l’information apporte à la bibliothéconomie et à l’archivistique un cadre théorique plus large, un contexte, une perspective holistique qui encourage la réflexion et la recherche » (14).
Tout se passe comme si la discipline était tiraillée entre d’une part, une science de l’information partie intégrante de la démarche des sciences sociales et donc appelée à respecter les règles de la rigueur épistémologique dans la construction autonome de l’objet, et, d’autre part, une science de l’information plus portée sur l’ingénierie documentaire, confortée qu’elle peut être dans cette voie par une demande plus ou moins pressante qui la pousse à offrir des « solutions » à des problèmes documentaires. Reste à se demander comment gérer cette tension. On pourrait se demander si l’on n’éviterait pas des malentendus en procédant à l’identification plus précise des différentes postures avec d’un côté des enseignants – chercheurs en science de l’information de type « social scientists » et de l’autre, des spécialistes de l’information, ingénieurs d’un savoir pratique spécialisés dans les questions documentaires. Cette distinction poserait la séparation entre ce qui relève d’abord de la recherche des savoirs et ce qui appartient au champ de la pratique documentaire.
Si les relations de la science de l’information et de la bibliothéconomie sont floues, celles qui concernent la communication ne sont pas aussi limpides qu’il y paraît.
Pourquoi, par qui, dans quelles conditions rassembler dans un même ensemble les sciences de la communication et celles de l’information alors qu’elles appartiennent à deux mondes qui fonctionnent presque toujours ailleurs de façon séparée ?
Les protagonistes qui ont présidé à la naissance officielle de la discipline dans les années 70 en France, ont hésité entre diverses appellations telles que « Sciences des représentations » ou encore « Sciences des significations ». Ceci montre que, même s’ils étaient attirés par une même réflexion théorique, ils ne poursuivaient pas les mêmes buts. Si certains avaient pour préoccupation l’institutionnalisation des formations et de la recherche, d’autres ont continué à fonctionner intellectuellement dans leur discipline d’origine. La terminologie retenue, tout en favorisant l’ouverture intellectuelle a aussi entretenue une certaine ambiguïté. L’association des sciences de l’information et celles de la communication (SIC) - que l’on appelle couramment info-com aujourd’hui - permet de servir les intérêts de divers groupes de spécialistes sans prendre une position définitive sur l’épistémologie du domaine. Cette position explique peut-être que la structuration du domaine a mis quelques années à se faire et les spécificités des SIC ne s’imposent pas sans difficulté.
On peut définir l’objet de la science de la communication ainsi : « La science de la communication cherche à comprendre la production, le traitement et les effets des symboles et des systèmes de signes par des théories analysables, contenant des généralisations légitimes permettant d’expliquer les phénomènes associés à la production, au traitement et aux effets » (Chaffee et Berger, cités par Lazar (15) ).
Un noyau dur des études en communication réside dans l’histoire des technologies du traitement et de la transmission des messages. Ce noyau déborde de l’histoire exclusivement en direction d’une médiologie qui va examiner l’outil de transmission ou le média, sous toutes ses facettes et tous ses aspects (sémiologiques, pragmatiques, systémiques, imaginaires).
Les études en communication s’intéressent aux usages, aux effets symboliques et, par la logique des médias, c’est l’interpersonnel et le social qui entrent en jeu. La communication est partout, elle est « comme un gros nuage que les vents poussent et déchirent, et qui plane sur à peu près tous les savoirs » (10).
Wolton rejette l’existence d’une discipline : « La communication est un objet de connaissance interdisciplinaire, à la mesure de sa dimension anthropologique, et cette dimension de carrefour doit être préservée pour éviter une spécialisation, apparemment rassurante mais en fait réductrice et appauvrissante ». Wolton recommande de se servir du capital d’expérience et de connaissance des disciplines qui participent du champ de recherche, de favoriser la production de connaissances et non la description, de penser la communication dans son contexte et de contribuer à la construction du milieu scientifique en favorisant les revues.
Le couplage des deux disciplines n’a peut-être pas été toujours favorable à la science de l’information. On constate aujourd’hui en France, que les laboratoires et les équipes de recherche qui se revendiquent expressément de la science de l’information sont moins nombreux que ceux qui se réclament des sciences de la communication et la communauté de la science de l’information – documentation est moins nombreuse que celle des sciences de la communication.
Dans ce contexte, il va de soi que répondre à la question « pourquoi RESSI ? » est aussi malaisé que nécessaire, pour des raisons inhérentes à l’essence même de la connaissance informationnelle plutôt qu’à la conjoncture dans laquelle s’inscrit la création d’une nouvelle revue scientifique.
Répondre à cette question est nécessaire parce que nous devons examiner tout ce que nous venons de dire et le mettre en perspective avec la capacité de la nouvelle revue à promouvoir la réflexion épistémologique, la confrontation des pratiques méthodologiques et l’échange des points de vue théoriques tels qu’ils émergent, s’appliquent et se produisent dans la sphère scientifique suisse en premier lieu et internationale ensuite. Mais répondre à cette question est en même temps difficile parce que, outre la modestie élémentaire qu’exige la déontologie scientifique des responsables d’une telle initiative et la modération que leur impose le sens commun, il paraît arrogant de prétendre que l’organe éditorial d’une communauté à peine née dans un petit pays, qui n’a, à son actif, qu’une tradition « récente » en matière de science de l’information peut réussir là où de l’avis partagé d’éminents confrères peu de résultats probants ont à ce jour été enregistrés au niveau international. RESSI ne se pose pas en concurrente des revues professionnelles dont les objectifs sont d’ailleurs différents des nôtres mais elle complète le paysage informationnel suisse en le dotant d’une nouvelle tribune.
RESSI se propose donc de contribuer à cet effort avec toutes les forces qu’elle pourra puiser dans la faveur de son public de lecteurs, dans la confiance de ses auteurs et dans le soutien des membres du comité de lecture. C’est pourquoi elle ouvre ses pages à toutes les tendances et domaines de la science de l’information dans l’espoir d’accueillir dans chacun de ses numéros des articles reflétant des théories concurrentes, des méthodologies diverses et des orientations épistémologiques différentes. Cette volonté de pluralisme n’est pas synonyme de rabais scientifique, autrement dit si RESSI est ouverte à tous les aspects et les points de vue, elle n’est pas pour autant disposée à accueillir des opinions personnelles non fondées ou des données de recherche lacunaires. Le niveau scientifique des membres du comité de lecture, appelés à expertiser les textes qui seront proposés, constitue une garantie suffisante du sérieux avec lequel nous avons l’intention de nous acquitter de cette tâche difficile. Car il s’agit d’offrir à la communauté suisse et internationale une nouvelle tribune sur laquelle viendront se rencontrer, s’affronter et se mesurer les expressions de la science de l’information avec l’espoir de contribuer à l’impression d’un souffle nouveau à la connaissance informationnelle.
Bibliographie
(1) BENOIT, Denis. Introduction aux sciences de l’information et de la communication. Paris : Ed. d’Organisation, 1995
(6) BORKO, H. Information science : what is it ? American Documentation, January 1968, 19 (1), p. 3 - 5
(10) BOUGNOUX, Daniel Sciences de l’information et de la communication : textes essentiels. Paris : Larousse, 1993
(7) BOURDIEU, Pierre. La cause des sciences. Comment l’histoire sociale des sciences peut-elle servir le progrès de ces sciences. Actes de la recherche en sciences sociales, 1995, n° 106-107, p. 3-10
(5) BOURDIEU, Pierre. Le champ scientifique. Actes de la recherche en sciences sociales. 1976, 2-3, p. 99
BOURE, Robert. Quelle histoire pour les sciences de l’information et de la communication ? In. BOURE, Robert (Ed.). Les origines des sciences de l’information et de la communication : regards croisés. Villeneuve d’Ascq : Presses universitaires du Septentrion, 2002. P. 17-44
BUCKLAND, Michael, LIU, Zimmimg. History of Information Science. Annual Review of Information Science and Technology (ARIST).1995, vol. 30, p. 385- 415
(13) CALENGE, Bertrand. Peut-on définir la bibliothéconomie ? essai théorique. Bulletin des Bibliothèques de France, 1998, t. 43, n° 2, p. 8-20
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