Publiée une fois par année, la Revue électronique suisse de science de l'information (RESSI) a pour but principal le développement scientifique de cette discipline en Suisse.
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Les seniors et la lecture
Ressi — 19 juillet 2009
Séverine Dick, Bibliothèque cantonale jurassienne
Résumé
Aujourd’hui, le vieillissement de la population conduit à s’interroger sur la présence des personnes âgées en bibliothèque. La Bibliothèque de la Ville de Delémont a souhaité mener une réflexion autour de la personne âgée et de ses relations avec la lecture et la Bibliothèque. Cela, en vue d’explorer les meilleurs moyens de mettre en contact cette tranche d’âge avec la lecture et d’améliorer ses services envers ce public. Elle voulait aussi découvrir quelles sont les particularités des seniors en ce qui concerne la demande sociale, culturelle, documentaire, en quoi diffèrent leurs usages de la bibliothèque et quelles sont leurs pratiques et motivations de lecture.
Les objectifs du travail de bachelor réalisé par l’auteur furent de définir le public cible, de connaître les attentes et satisfactions des utilisateurs, d’analyser l’existant, de recueillir des informations d’autres services existant en Europe et dans les pays anglo-saxons, de réaliser des entretiens avec des institutions menant des actions auprès des seniors, de trouver des améliorations originales pour mettre en valeur la lecture avec ce type de public, de rédiger un catalogue de propositions adapté à l’environnement de la Bibliothèque et de mettre en oeuvre quelques propositions. Le catalogue est l’aboutissement des différentes phases du projet, qui sera suivi par une phase concrète de réalisation des propositions.
Les seniors et la lecture
Février 2008, lors de la réalisation de mon travail de Bachelor en information documentaire à la Haute École de Gestion de Genève, je suis partie à la découverte des personnes âgées en bibliothèque. Souhaitant créer de nouveaux services adaptés aux besoins des seniors, la Bibliothèque de la Ville de Delémont (1) m’a mandatée, afin de mener une réflexion sur cette tranche d’âge, son rapport avec la lecture et la bibliothèque mais également sur les meilleurs moyens de se mettre en contact avec ce public. Le résultat : une étude, une exposition et un catalogue contenant douze propositions concrètes. Présenté sous le titre « Les seniors et la lecture à Delémont », le travail a été couronné par le prix décerné par le Groupe romand de la Communauté de travail des bibliothèques suisses de lecture publique à un travail de Bachelor.
La première difficulté de mon travail a été de parvenir à clarifier la notion de « personnes âgées ». Cette expression est employée si fréquemment qu’elle ne fait pas l’objet d’un questionnement spécifique. Pourtant, la définition précise de cette notion soulève bien des ambiguïtés par la difficulté de lui attribuer des contours clairs et par les représentations et les idées préconçues qui l’accompagnent.
Comment définir le terme « personne âgée » ? A quel âge correspond cette catégorie ? Quelques définitions de grandes institutions m’ont aidée à répondre à ces questions.
Par exemple, selon l’Organisation mondiale de la santé, le troisième âge correspond à l’âge de la retraite, soit 64 ans pour les femmes et 65 ans pour les hommes en Suisse. Le quatrième âge, quant à lui, coïncide avec l’apparition d’un handicap.
Senior Strategic, réseau international d’experts du marché des Seniors (2), définit également plusieurs catégories de personnes âgées ; les papy-boomers, âgés de 47 à 57 ans, puis, les jeunes seniors, de 57 à 67 ans, ensuite, les seniors, de 68 à 79 ans et pour terminer les grands seniors âgés de plus de 80 ans. Les jeunes seniors correspondent aux personnes qui entrent dans l’âge de la préretraite – retraite. La catégorie des seniors marque l’entrée dans la vieillesse. Les grands seniors représentent les personnes qui ont de plus en plus de difficultés à se déplacer et des problèmes de santé.
D’autre part, en Suisse, selon l’Office fédéral de la statistique, les personnes âgées sont les personnes de 65 ans et plus. L'OFS différencie les personnes de 65 ans à 79 ans et celles de 80 ans et plus.
Il est donc difficile de définir un âge auquel commence la vieillesse. L’âge légal d’entrée à la retraite ne peut pas être comparé à l’entrée dans la vieillesse. D’ailleurs, comme le dit Vincent Caradec (3) : « On est socialement vieux de plus en plus jeune et biologiquement vieux de plus en plus tard ; on peut être vieux à 30 ans et actif à 90 ans».
Pour analyser le public des utilisateurs seniors de la Bibliothèque de la Ville de Delémont (ci-après : BVD), j’ai décidé de retenir les classes d’âge suivantes : les 60-69 ans, représentant les personnes en âge de préretraite - retraite, qui sont encore très actives, ont des contacts avec leur profession et des pratiques culturelles variées et importantes ; les 70-79 ans sont les personnes à la retraite qui commencent à avoir des problèmes pour se déplacer, et les 80 ans et plus qui correspondent aux personnes du quatrième âge.
Ce choix de classes d’âge peut paraître arbitraire, mais pour le besoin de mon travail, j’ai dû définir précisément l’objet de mon étude. Il est vrai que ces catégories d’âge ne constituent pas un groupe de personnes homogènes. Elles n’ont sûrement pas les mêmes pratiques, ni les même hobbies, ni les mêmes attentes.
Un des buts de mon travail était de comprendre comment les personnes âgées sont perçues dans les bibliothèques. J’ai donc cherché les activités existantes dans les bibliothèques et homes du Jura et Jura bernois (partie francophone du canton de Berne). Pour réaliser au mieux cette recherche, j’ai privilégié différentes approches et outils : entretiens, enquêtes, recherches, visites et analyses. Cette étape m’a permis aussi d’avoir une approche pratique des services existant ailleurs qu’à Delémont et m’a inspirée pour choisir les propositions du catalogue.
A Delémont, en 2000, une exposition a été réalisée sur les personnes âgées, suite à « l’Année de la personne âgée » organisée en 1999. Les locaux de la Bibliothèque de la Ville ont été animés par le « regard » des jeunes générations sur le troisième âge, qui ont écrit des textes sur leur perception des seniors. De plus, une lettre était envoyée à tous les nouveaux retraités chaque année, pour leur rappeler que la Bibliothèque est à leur disposition et leur offrir ses services. Cet envoi a cessé en 2002 lorsque l’inscription à la Bibliothèque est devenue gratuite pour les retraités de Delémont. La gratuité de l’inscription a été étendue en 2005 aux seniors des autres communes.
Quelques activités ont été menées ces dernières années en collaboration avec les seniors à la Bibliothèque des Jeunes de Delémont. A l’occasion de l’année de la personne âgée en 1999, un atelier d’écriture entre les grands-parents et leurs petits-enfants a débouché sur la création d’un conte. La Bibliothèque des Jeunes participe aussi au prix Chronos de Pro Senectute (4) par la mise à disposition des livres sélectionnés.
Il y a également des activités en relation avec la lecture dans les homes du Jura et du Jura bernois. A la Fondation Clair-Logis à Delémont, un atelier de lecture a lieu deux fois par mois et est réalisé depuis quelques années. Pendant environ une heure, l’animatrice lit des contes, des poèmes et des fables. Le but est que les gens puissent vivre un moment d’échanges, de partage et parler de leur vie, de leurs souvenirs.
L’animatrice du Foyer Les Planchettes à Porrentruy m’a dit, lors d’un entretien, avoir développé l'animation « Moment de Lecture » depuis maintenant environ quatre ans. Cet atelier se déroule une fois par mois avec une quinzaine de résidants, elle leur lit des textes, des contes, des chroniques d'époque et des poèmes. En parallèle, elle met à disposition des personnes âgées « Les livres en ballade », en se rendant auprès des résidants dans leur chambre avec un chariot de livres.
Suite aux informations recueillies sur les institutions du Jura et du Jura bernois offrant des activités pour les personnes âgées, j’ai cherché des pratiques originales qui existent en Suisse et dans le monde. J’ai orienté mes recherches surtout du côté de la France, des pays d’Amérique du Nord, et vers l’Australie, dont les services en bibliothèque sont très développés. Elles ne sont pas toujours de prime abord destinées aux personnes âgées, mais sont utilisées par de nombreux seniors.
La Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel propose depuis 1999 un service de prêt à domicile en collaboration avec la « Croix-Rouge ». La bibliothécaire et les bénévoles assurent un service de prêt chez les personnes qui ne peuvent plus se déplacer, ainsi que dans les homes de la région qui en font la demande. Elle organise une animation lecture, une ronde autour des livres qu’elle apporte et effectue un prêt de longue durée sur 6 mois.
Il existe également un service de prêt à domicile créé en 1975 par les Bibliothèques municipales de Genève. Ce service s’adresse à toutes les personnes qui ne peuvent plus ou pas se déplacer et qui ne peuvent plus porter les documents. Le service est réservé exclusivement aux habitants de la Ville de Genève. Il touche environ 50 à 60 personnes. Une bibliothécaire s’occupe du service à domicile, cela représente environ 16 heures de travail par semaine.
La Bibliothèque-Médiathèque de Sierre (canton du Valais) a mis en place un service à domicile avec l’aide de bénévoles, cependant l’action n’a pas remporté le succès attendu. Aujourd’hui, le service fonctionne encore, mais seulement pour deux ou trois personnes. Les bibliothécaires travaillent également en collaboration avec le centre médico-social de la Ville de Sierre. Les infirmiers viennent chercher des livres pour certaines personnes vivant à domicile et qui ne peuvent pas se déplacer. La Bibliothèque a développé une large collection de livres en grands caractères, suite à l’exposition qu’elle avait réalisée sur les moyens auxiliaires de lecture.
Les bibliothèques en France ont développé de nombreuses actions en faveur des personnes âgées dans les dix dernières années.
La Bibliothèque départementale de l’Ardèche propose un service très intéressant à destination des personnes âgées : « Culture bleue ». Le projet, lancé en 1998, a pour but de fournir des prestations adaptées aux besoins des personnes âgées, qu’elles vivent à domicile ou dans les institutions d’hébergement.
« Culture Bleue installe dans les établissements de personnes âgées, des dessertes de bibliothèques spécialisées (350 documents env.) constituées de livres en gros caractères, de livres-cassettes, de beaux-livres, de vidéos, de disques-compacts... Qui plus est, le service apporte aussi une aide technique à la lecture, puisque le bibliobus mis à disposition est équipé de télé agrandisseurs (grossisseurs de caractères), et de casque audio permettant une lecture assistée en cas de perte de vue. A chaque passage dans un établissement, le bus s’installe pour la journée : la matinée est réservée à l'échange des ouvrages et à la manipulation des grossisseurs de caractères, l'après-midi quant à elle est consacrée à des ateliers autour de la lecture, de mise en valeur du fonds. » (5)
En Savoie, à la Bibliothèque départementale de prêt de Savoie et de Haute-Savoie, les bibliothécaires ont publié un fascicule s’intitulant : « Lecture & personnes âgées ». C’est un guide pratique destiné aux équipes des bibliothèques qui souhaitent mettre en place des actions pour les seniors. Ce fascicule parle de la présentation des livres et de l’accueil des personnes âgées à la bibliothèque. La Bibliothèque départementale de prêt de Savoie et de Haute-Savoie propose également pour les bibliothécaires de son réseau des cours pour apprendre à lire à voix haute auprès des personnes âgées.
Le Pôle mobile de la Bibliothèque municipale de Lyon se compose de trois bibliobus. Ils desservent 32 résidences pour personnes âgées (6). Les objectifs du Pôle sont d’aller vers les lecteurs ne disposant pas d’une Bibliothèque d’arrondissement, ainsi que vers les lecteurs dits « empêchés » ou « éloignés » de la lecture. Le Pôle mobile travaille en partenariat avec l’Education nationale, les services scolaires et sociaux de la Ville, le SPIP (Service pénitentiaire d’insertion et de probation) et l’ARALD (Agence Rhône-Alpes pour le livre et la documentation).
La Médiathèque Boris Vian de Port-de-Bouc a réalisé une expérience intergénérationnelle en partenariat avec la maison de retraite « La Presqu’île » et les adolescents des centres sociaux Nelson Mandela et Fabien Menot. Ce projet se nomme « Portraits d’anciens ». Cette activité a permis aux adolescents des centres sociaux d’être en contact avec les personnes âgées de la maison de retraite « La Presqu'île » et d’apprendre beaucoup sur leur vie passée. La Bibliothèque a mis en ligne les photos, ainsi que les résumés des entretiens (7).
La Médiathèque Jean-Jacques-Rousseau de Chambéry propose aux personnes déficientes visuelles un service d’accès à la lecture. Il s’agit de l’atelier « Médiavue » qui propose des outils adaptés, logiciels de lecture à haute voix, imprimante braille, loupe électronique. De plus, le personnel est formé pour que chaque personne puisse accéder à tous les services de la Médiathèque (8). Les éclairages et les mobiliers sont étudiés et les collections sont disposées de manière à être très visibles. Le public utilisant cet atelier vient d’horizons différents, les personnes âgées sont les plus nombreuses.
L’Association « FOLA » (Friends of Libraries Australia) a mené une enquête en 2005 auprès de toutes les bibliothèques publiques d’Australie (9). Le but de cette enquête était de déterminer l’offre actuelle pour les seniors et de connaître leurs expériences. Cette enquête a montré que la majorité des bibliothèques n’ont pas défini de standards ni de politique de développement de services spécifiques pour les seniors. Toutefois, 93% des bibliothèques interrogées proposent des services de prêt à domicile. Les services à domicile en Australie sont tout autant évolués que dans les pays d’Amérique du Nord.
Au Canada, les services pour les personnes âgées en bibliothèque sont fortement développés. L’Association canadienne des bibliothèques a rédigé sept lignes directrices pour aider les bibliothèques canadiennes à servir un public qui augmentent d’années en années (10).
Les résidants de la Ville d’Halifax au Canada (11) ont la possibilité, s’ils se trouvent dans l’incapacité de se rendre eux-mêmes à la Bibliothèque ou qu’ils ne peuvent pas porter leurs livres, de se faire livrer les documents à la maison.
La Bibliothèque publique d’Ottawa possède de nombreux services pour personnes handicapées : technologie d’aide ; livres à gros caractères ; livres parlés ; livres et revues au sujet de la vie avec un handicap ; aide à la lecture pour les clients de livres parlés ; livres Daisy ; cassettes audio ; équipement spécialisé, Zoom Text (appareil d’agrandissement de texte) ; postes de travail accessibles par chaise roulante. Un service à domicile est également disponible pour tous les résidants d’Ottawa qui sont incapables de se rendre à une succursale de la Bibliothèque. Elle offre aussi une collection mobile pour les résidences et logements pour personnes âgées (12).
Les Etats-Unis ont des services aussi développés que leur voisin le Canada. L’Association des bibliothèques américaines (The American Library Association, ALA) a également écrit sept lignes directrices, semblables à celles du Canada, que les bibliothèques devraient suivre afin d’offrir les meilleures conditions aux personnes âgées (13). L’ALA soutient les bibliothèques qui développent leurs services envers les personnes âgées et offre un prix de 1'000 dollars à l’institution qui aura mis en place un service original.
Une partie du site de la Bibliothèque publique de Cuyahoga County (14) est destinée aux personnes âgées. Il y a un lien vers la liste d’acquisitions des documents en grands caractères. De plus, des articles qui intéresseraient les seniors sont mis à disposition. On trouve également un service « Ask a librarian for seniors ». Ils ont la possibilité de s’inscrire à un fil RSS pour avoir les dernières informations figurant sur le site par courrier électronique. Aux Etats-Unis, les bibliothécaires ont trouvé un moyen original de réaliser des rencontres intergénérationnelles. La « Old Bridge Public Library » a instauré un programme où les adolescents apprennent aux personnes âgées à jouer à des jeux électroniques (15). On retrouve aussi les services de portage à domicile par la poste dans tous les coins du pays.
Suite aux recherches menées pour découvrir les pratiques existantes dans le monde à l’intention des personnes âgées, je me suis intéressée plus particulièrement aux seniors fréquentant la BVD, à leurs attentes et à leurs suggestions.
J’ai en outre décidé de réaliser un questionnaire, afin de mieux connaître les personnes âgées inscrites à la BVD. Il avait pour but de définir ce public, d’aller à sa rencontre et d’évaluer ses pratiques. Cela m’a permis aussi de mesurer son usage de la Bibliothèque, de connaître son intensité de fréquentation de la BVD et d’établir son degré de satisfaction et ses attentes.
Le questionnaire a été partagé en quatre parties. La première concerne le profil des utilisateurs (sexe, année de naissance, lieu de résidence). Ce premier point m’a permis de comparer les résultats d’autres questions, telles que l’utilisation d’Internet avec l’âge des lecteurs.
La deuxième partie s’intitule « Vous et la Bibliothèque ». Elle regroupe les questions sur les années de fréquentation : est-ce que les seniors se rendent à la BVD depuis longtemps ? À quelle fréquence ? Ont-ils du temps seulement depuis leur retraite ? Pourquoi se rendent-ils à la Bibliothèque ? Une question concerne également la fréquentation d’autres bibliothèques. Je voulais savoir, par cette question, si les personnes âgées habitant en dehors de la Ville de Delémont utilisent d'autres bibliothèques, comme par exemple le Bibliobus.
La troisième partie concerne l’avis des seniors sur la Bibliothèque, notamment sur l'accessibilité, les horaires et l'aménagement intérieur.
Le point quatre se nomme « Vos habitudes de lecture ». Les seniors devaient citer leurs genres de livres préférés. Les autres questions de ce point concernaient l’utilisation d’Internet : ont-ils une adresse e-mail ? La Bibliothèque aimerait mettre en place un système de réservation en ligne, ainsi que la gestion du compte pour les prolongations. La dernière question concerne le téléchargement de documents écrits ou audiovisuels par Internet lors de difficultés de lecture, afin de prendre en compte les nouvelles technologies disponibles pour améliorer la lecture.
J’ai reçu un total de 146 questionnaires valables. Les 146 réponses représentent un peu plus de 41% des personnes interrogées. Le taux de réponses à ce questionnaire constitue donc un réel succès.
Age, sexe et lieu de résidence des seniors
J’ai recensé 87 enregistrements féminins contre 58 masculins. Cela montre que mon échantillon est représentatif de la vie réelle. Cela correspond aux chiffres de l’Office fédéral de la statistique selon lesquels les femmes sont plus nombreuses chez les personnes âgées et ont une espérance de vie plus longue. La plupart des réponses proviennent de personnes qui habitent à Delémont (98 personnes), soit 67,1%. Cela explique peut-être le succès de mon questionnaire.
Fréquentation de la BVD
Les seniors fréquentant la Bibliothèque dans la classe d’âge des 60 à 69 ans forment un groupe de 74 personnes. Cela correspond aux années des « Baby boomers », époque où les personnes ont eu une meilleure éducation et ont pu plus facilement continuer des études. On trouve aussi 50 personnes entre 70 et 79 ans. Toutefois, seules 9 personnes sur les 40 interrogées se situent dans la tranche d’âge des 80 et plus, soit 22% (trois personnes n’ont pas cité leur date de naissance dans le questionnaire).
Accès à la BVD
La question suivante s’intéressait à l’accessibilité de la Bibliothèque. 140 personnes ont répondu avoir facilement accès à la BVD, une seule personne a dit avoir des difficultés à se déplacer, car elle habite à Courroux et serait favorable à un service à domicile. 12 autres personnes, même si elles ont dit n’avoir pas de problèmes pour se déplacer à la BVD, seraient intéressées par un service à domicile, et 3 personnes souhaiteraient éventuellement bénéficier d’un tel service. 5 personnes disent aussi avoir des problèmes de parcage.
Jours et horaires d’ouverture
Les personnes âgées se sont aussi exprimées sur les horaires. Pour la majorité (132 personnes), les horaires conviennent tout à fait. Seules 10 personnes éprouvent d’autres besoins par rapport aux heures d’ouverture actuelles (ouverture entre midi et 13h, samedi après-midi, etc).
Aménagement intérieur
L’aménagement intérieur est très satisfaisant pour les seniors, seules 3 personnes le trouvent peu satisfaisant. Un monsieur dit avoir « des problèmes avec les livres en position basse, car je ne peux lire ni les titres ni les auteurs ». Une dame a du mal à s’y retrouver, car elle doit tirer les livres pour en voir la couverture. Six seniors se sont aussi plaints de l’emplacement des livres trop bas. Une personne aimerait un plan d’accès à l’entrée de la Bibliothèque, pour situer les genres de documents. Deux personnes âgées souhaiteraient une meilleure lumière pour lire. Une autre aimerait plus de places assises et plus d’espace entre les étagères et un monsieur aimerait disposer d'un service d’information pour consulter les livres disponibles au rayon et voir leur emplacement sans avoir recours au personnel. Il ne connaît donc pas le catalogue et son utilité. Ces remarques, qui ne reflètent pas l’avis général, peuvent être précieuses pour la réflexion autour d’un aménagement « idéal » de la Bibliothèque.
Attentes générales
130 seniors estiment que la BVD répond de manière adéquate à leurs attentes, soit plus de 88%. Globalement, peu de remarques négatives ont donc été émises, les seniors ont, à de nombreuses reprises, mentionné leur plaisir de venir à la BVD.
Suite à l’analyse des attentes des seniors, leurs suggestions sur les rencontres intergénérationnelles, l’atelier de lecture, le groupe bénévole de lecture, l’offre plus variée de documents à grands caractères et la présentation du futur catalogue sont des idées à retenir pour le catalogue de propositions.
Habitudes de lecture
On remarque lors de l’analyse de la fréquence des emprunts par genres de livres que les témoignages sont très appréciés par les seniors en général. Puis on retrouve la même proportion de réponses entre les romans historiques, les romans du terroir, les policiers et la littérature classique. Les livres pratiques (cuisine, jardinage, guides de voyage) ont aussi été désignés par 33% des sondés.
En fin de classement arrivent les livres audio, très peu demandés. Il est intéressant de constater que, contrairement à la situation qui prévaut en Suisse romande, les livres audio connaissent un réel succès en Suisse alémanique. Pour terminer, 11% des seniors lisent des livres à grands caractères.
Usage d’Internet
Suite à la question « Utilisez-vous Internet à la maison ?», 72 seniors ont répondu avoir accès à Internet, soit 49,3%, dont 48 personnes se situent dans la catégorie des 60-69 ans, 20 dans celle des 70-79 ans et une seule personne pour les 80 ans et plus. Trois personnes n’ont pas cité leur date de naissance. Ces résultats sont réjouissants. On remarque qu’il y a une réelle envie des seniors d’utiliser les nouvelles technologies.
L’avant-dernière question portait sur l’usage d’un courriel. 72 personnes y ont répondu positivement. C’est le même nombre que ceux qui utilisent Internet. Ils emploient cette technologie comme moyen de contact et pas seulement pour surfer et chercher des informations. La dernière question, quant à elle, concerne le téléchargement de documents audiovisuels et écrits par Internet, en cas de difficultés de lecture. 41 personnes y sont intéressées contre 79. Toutefois, 26 personnes n’ont pas répondu à cette question, sans doute par manque de compréhension du sujet.
Les précédentes phases de mon travail (état des lieux, questionnaire) m’ont permis de définir des propositions en relation avec l’environnement de la Bibliothèque de Delémont (16). J’ai retenu douze propositions, qui touchent différents domaines. Deux projets concernent l’amélioration de l’accès extérieur et intérieur. Il est important que les personnes âgées n’aient aucune difficulté à se rendre à la Bibliothèque, mais aussi qu’elles aient un accès facilité aux collections (rayonnages accessibles et espaces suffisants entre les travées). Les objectifs sont d’attirer le public qui ne vient pas à la BVD par manque de places de parcs et par l’insécurité due aux pavés menant à la BVD, particulièrement glissants en hiver ; d’élargir l’offre des places de parc à tous les usagers ; de mettre à disposition une place de parc pour les personnes à mobilité réduite et aussi d’optimiser l’espace intérieur pour une meilleure organisation des rayonnages.
Afin de promouvoir les collections de la BVD, deux projets ont été réalisés autour de la mise en valeur d’ouvrages. Il s’agit du projet « développement de livres en grands caractères » et du projet « mise en valeur d’ouvrages à l’intention des personnes âgées ». Ces deux projets intéresseront aussi les résidants des homes et les animateurs socioculturels. La BVD a une réelle envie d’améliorer ses services auprès des personnes atteintes de déficience visuelle. La collection des grands caractères disponibles à la BVD n’a pas été renouvelée depuis 2000. Il faut donc procurer davantage de documents facilitant la lecture. De plus, la modernisation de l’offre par les maisons d’édition rendent les collections en grands caractères accessibles à tous et sont souvent demandées par le tout public. On pourrait aussi développer la collection par un prêt d’ouvrages à Bibliomedia (17). Une demande de subvention est aussi à envisager auprès d’institutions spécialisées.
Comme les seniors de la BVD utilisent Internet, ont des ordinateurs à la maison et afin d’adapter la collection aux nouvelles technologies, le projet « Accès au contenu numérisé » a été développé. Son but est de fournir des accès aux documents électroniques à domicile pour donner une alternative à la lecture traditionnelle et d’inviter les personnes âgées à se familiariser aux nouvelles technologies. Les personnes âgées auront donc ainsi la possibilité de télécharger des documents sur leur ordinateur et d’agrandir la police, mais aussi d’écouter des livres audio numérisés. Il sera nécessaire de définir une politique (contrat, budget, acquisition de documents, politique de prêt), de rechercher et choisir un fournisseur (créer un partenariat avec un agrégateur de contenu), puis de former le personnel de la bibliothèque.
Un autre projet, quant à lui, permettra d’initier les seniors aux futurs services en ligne de la Bibliothèque dans l’objectif d’innover et d’offrir des services originaux, mais aussi d’amener les personnes âgées à gérer leur compte personnel. Une des perspectives de développement à long terme serait d’initier les personnes âgées à partager leurs lectures sur un blog et à mettre à disposition des utilisateurs des « podcast » d’émissions culturelles.
Les seniors aiment être en contact avec des personnes de leur génération, mais aussi avec des gens de tous âges. Pour cela, deux projets ont été développés. Il s’agit des projets « atelier de lecture » et « activités intergénérationnelles », afin de favoriser un moment de partage et de rencontre avec des personnes de différentes générations. Un des objectifs serait aussi d’organiser une semaine dédiée aux personnes âgées afin de concevoir différentes activités avec cette tranche d’âge et de valoriser les services qui auront été développés.
De plus, certaines personnes ne peuvent plus se déplacer. Il est important qu’elles ne se retrouvent pas exclues de la bibliothèque et de la lecture. Le rôle des bibliothécaires est d’aller vers ce public empêché, afin de lui offrir des services de portage à domicile et de lecture à domicile. Aucun service de ce type n’existe dans la région. Il serait également possible de collaborer avec des structures existantes (par exemple, avec la « Croix-Rouge, section de Delémont »). L’objectif est d’atteindre aussi de nouveaux lecteurs qui ne fréquentent pas la BVD.
L’avant-dernier projet permettra d’élargir les horaires de la Bibliothèque. L’impact de cette proposition est d’attirer plus de personnes et de satisfaire leurs demandes.
Pour terminer, le dernier projet consiste à concevoir un plan marketing, afin de réaliser de la publicité hors les murs des services qu’offre la Bibliothèque.
Les douze projets sont présentés dans une grille identique (18). Elle permet de décrire en quelques phrases précises le but de chaque projet, son impact, ses avantages et ses obstacles, mais aussi sa mise en œuvre. La rubrique « ressources » contient des pistes sur le coût probable du projet, ainsi que des estimations en heures de travail.
Suite à l’élaboration des douze propositions, une phase pratique a eu lieu. Elle a permis l’achat de nouveaux documents en grands caractères, ainsi que la mise en valeur d’ouvrages sur la vieillesse par le biais d’une bibliographie intitulée « Regards sur la vieillesse ».
En cours de travail, nous avons décidé de réaliser une exposition sur la lecture et les seniors, afin de créer une dynamique autour de mon travail et de remercier les seniors d’y avoir participé. Pour la réaliser, j’ai choisi des personnes de plus de 70 ans et fréquentant régulièrement la Bibliothèque. Quatorze personnes y ont participé et ont répondu à quelques questions concernant leurs pratiques de lecture, leurs coups de cœur et leur première rencontre avec la BVD. Cette exposition a rencontré un énorme succès auprès de la population jurassienne.
Ce travail a permis de constater que les personnes âgées, inscrites dans des bibliothèques, les fréquentent souvent. Depuis le début de leur retraite, elles disposent de plus de temps pour vaquer à leurs occupations, se rendre dans les bibliothèques et lire. Les seniors qui auront lu toute leur vie continueront à lire après la retraite, sauf en cas de problèmes de santé. Les pratiques culturelles sont en grande partie le fruit d’un héritage transgénérationnel transmis au sein des familles et des groupes sociaux. Les personnes âgées développent de plus en plus l’habitude d’utiliser les bibliothèques, de les considérer comme un élément constitutif de leur environnement culturel et, donc de les fréquenter.
Le travail a également permis de remarquer un usage croissant des nouvelles technologies (Internet, par exemple). En effet, la tranche d’âge des 60–69 ans pratique assidûment l’usage de l’informatique et d’Internet.
De plus, les usages et attentes des personnes âgées sont tout aussi divers et variés que ceux des autres usagers. Ce public apparaît donc disparate et non catégorisable.
Il est donc important de se pencher sur ce public, tout en gardant à l’esprit qu’il est aussi complexe à analyser que les autres usagers. Le nombre de personnes âgées augmentera sensiblement au fil des années. Les bibliothèques se doivent donc d’adapter leur environnement à leurs attentes.
(1) Capitale du Canton du Jura, 11 198 habitants (1er janvier 2007)
(2) RESEAU SENIOR STRATEGIC. Le marketing générationnel : pour comprendre les plus de 50 ans [en ligne]. 2005. P. 5. http://www.lemarchedesseniors.com/Strategie_Marketing/documents/marketing_generationnel.pdf (consulté le 15.02.2009)
(3) CARADEC, Vincent. Sociologie de la vieillesse et du vieillissement. Paris : Nathan, 2001. P. 47
(4) Le « Prix Chronos » de littérature a été créé en 1996 par la Fondation nationale de Gérontologie et repris en Suisse romande par « Pro Senectute Suisse ». Ce projet propose aux participants de lire des ouvrages ayant pour thème les relations entre les générations, la transmission du savoir, le parcours de vie, la vieillesse et la mort. Les objectifs de ce prix sont de permettre à des personnes de tous les âges de réfléchir sur la valeur des étapes du parcours de vie, de primer les meilleurs albums et romans traitant des relations entre les générations, de la vieillesse, et de développer le goût de la lecture chez les jeunes.
(5) BOUISSET, Hélène. Culture bleue : une offre de lecture pour les personnes âgées en Ardèche. In : Site de l’Association des directeurs de Bibliothèques départementales de prêt [en ligne]. Publié le 15 août 2005. http://www.adbdp.asso.fr/spip.php?article525 (consulté le 15.02.2009)
(6) LUCIDO EL HARRAG, Aurélia. L’offre de services en direction des personnes âgées «empêchées» : l’exemple de la bibliothèque municipale de Lyon [en ligne]. Mémoire d’étude : Diplôme de conservateur de bibliothèques : ENSSIB : 2006. P. 5. http://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/document-554 (consulté le 15.02.2009)
(7) Portraits d’anciens, rencontres inter-générations à Port-de-Bouc. In : Site de la médiathèque Boris-Vian, Port-de-Bouc [en ligne]. Modifié le 22 mai 2007. http://mediathequeborisvian.mabulle.com/index.php/Portraits-d-anciens/ (consulté le 15.02.2009)
(8) CRABIERES, Yasmina. Chambéry adapte ses outils. Bibliothèques (s) : revue de l’Association des bibliothécaires français ABF. 2004, n°16. P. 34-35
(9) BUNDY, Alan. Community critical : Australian public libraries serving seniors : a report to the nation by Friends of Libraries Australia (FOLA) [en ligne]. Melbourne, 2005. 17 p. http://www.thefreelibrary.com/Community+critical:+Australian+public+libraries+serving+seniors-a0140410662 (consulté le 15.02.2009)
(10) CANADIAN LIBRARY ASSOCIATION. Canadian Guidelines on Library and Information Services for Older Adults [en ligne]. 2002. http://www.cla.ca/AM/Template.cfm?Section=Position_Statements&Template=/CM/ContentDisplay.cfm&ContentID=3029 (consulté le 15.02.2009)
(11) Halifax public library. Website of the Halifax Public Library [en ligne]. 2008. http://www.halifaxpubliclibraries.ca/infodesk/ca_seniors.html (consulté le 15.02.2009)
(12) Services spéciaux. In : Site de la Bibliothèque publique d’Ottowa [en ligne]. http://www.biblioottawalibrary.ca/experience/specialized/special_f.html (consulté le 15.02.2009)
(13) ALA (American Library Association). Guidelines for Library Services to Older Adults [en ligne]. 1999. 4 p. http://www.ala.org/ala/aboutala/offices/olos/outreachresource/docs/elderly.pdf (consulté le 15.02.2009)
(14) Senior spaces. In: Cuyahoga County Public Library [en ligne]. Modifié le 5 juin 2008. http://www.cuyahogalibrary.org/SeniorSpace.aspx (consulté le 15.02.2009)
(15) OLD BRIDGE PUBLIC LIBRARY. Senior spaces. [en ligne]. http://infolink.org/seniorspaces/index.htm (consulté le 15.02.2009)
(16) DICK, Séverine. Les seniors et la lecture à Delémont : travail de Bachelor réalisé en vue de l’obtention du Bachelor HES [en ligne]. Genève, 2008, p. 51-65 (consulté le 15.02.2009) http://doc.rero.ch/lm.php?url=1000,41,9,20090119144830-EK/Seniors_Lecture_Dick_Severine_0908.pdf
(17) Bibliomedia Suisse est une fondation de droit public active dans le développement des bibliothèques et la promotion de la lecture. Elle est en quelque sorte la « bibliothèque des bibliothèques ». Les trois bibliocentres de Lausanne, Soleure et Biasca proposent un large fonds de livres actuels pour tous les âges, dans toutes les langues nationales et dans plusieurs langues étrangères et un fonds d'autres médias (CD musicaux, DVD, livres audio). Définition tirée du site www.bibliomedia.ch.
(18) Librement inspiré de FORNEROD, Elisabeth ; RAIS HUGI, Aline ; RERAT-OEUVRAY, Géraldine. Regards croisés sur les bibliothèques jurassiennes : propositions pour un espace des savoirs partagés. Certificat de formation continue universitaire : Université de Fribourg, 2007. P. 29.
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Une enquête qualitative auprès des publics de BiblioSciences à l’Université de Genève
Ressi — 30 novembre 2007
Florence Muet, Haute Ecole de Gestion, Genève
Céline Bui, diplômée Haute Ecole de Gestion, Genève en Information documentaire
Susanne Lehner, diplômée Haute Ecole de Gestion, Genève en Information documentaire
Nadia Moresi, diplômée Haute Ecole de Gestion, Genève en Information documentaire.
Résumé
Dire que, dans l’univers de la documentation spécialisée, les bibliothèques académiques vivent aujourd’hui une période de transition relève aujourd’hui presque du lieu commun. Un faisceau d’évolutions bouleverse en effet, comme pour d’autres types de services d’information, leur environnement et leurs repères. L’avènement de la documentation numérique modifie en profondeur le métier des bibliothèques, qui passe d’une logique de traitement bibliothéconomique et de conservation de collections à une logique de gestion des accès à des ressources informationnelles multiformes. Le bouleversement vient aussi, et peut-être surtout, des utilisateurs, dont les pratiques documentaires évoluent face à une masse d’informations et de documents numériques directement accessibles, par l’intermédiaire ou non de la bibliothèque. Dans ce contexte, les bibliothèques universitaires sont placées devant l’obligation d’une réflexion sur l’évolution de leur offre de service et de leur positionnement.
L’objectif de cette courte communication est de contribuer à la réflexion sur cette évolution. Il présente les résultats d’une étude qualitative auprès du public potentiel de bibliothèques universitaires, dans le cadre d’un Travail de Diplôme de fin d’études au sein du département Information documentaire de la Haute Ecole de Gestion de Genève. Au-delà de l’objectif de valorisation du travail fait par des étudiantes dans le cadre de leur formation en information – documentation, la présentation de ces résultats, mis en perspective avec quelques autres enquêtes publiées, donne l’opportunité de dresser quelques pistes sur les axes de structuration possibles de l’offre de services des bibliothèques universitaires.
Une enquête qualitative auprès des publics de Bibliosciences de l’Uni Genève
La Faculté des Sciences de l’Université de Genève comprend six sections (Biologie, Chimie, Mathématiques, Physique, Sciences Pharmaceutiques, Sciences de la Terre) et deux départements (Astronomie et Informatique). Elle dispose de sept bibliothèques principalement situées dans Genève : Anthropologie et écologie (Département de Biologie) ; Centre universitaire informatique ; Mathématiques ; Observatoire ; Physique ; Sciences de la Terre ; Sciences II (Biologie, Chimie, Sciences Pharmaceutiques). Ces sept bibliothèques proposent une collection d'environ 300'000 volumes, plus de 1'300 journaux spécialisés, ainsi que de la documentation électronique, gérés par une vingtaine de professionnels. Comme d’autres bibliothèques académiques, elles ont pour mission principale de mettre à disposition des membres de la communauté universitaire la documentation scientifique et technique nécessaire à l’enseignement et à la recherche effectués au sein de l’Université. Le gros de leurs utilisateurs est composé par les membres de la Faculté (étudiants, assistants, professeurs). Le réseau interne constitué par ces sept bibliothèques est aujourd’hui très hétérogène, tant au niveau des budgets que des locaux ou du personnel. Une fonction de coordination a été mise en place (avec la création d’une nouvelle appellation pour l’ensemble des bibliothèques : Bibliosciences), dans la perspective d’une harmonisation progressive de l’offre faite aux utilisateurs. Une réflexion globale est donc engagée sur les évolutions nécessaires de cette offre de service.
C’est dans ce contexte qu’une enquête a été menée entre juin et septembre 2006 par trois étudiantes du département Information documentaire de la HEG Genève, dans le cadre de leur Travail de Diplôme, sous la responsabilité de Florence Muet, professeure à la HEG Genève et d’Anne Christine Robert, coordinatrice de Bibliosciences. L’objectif de l’étude était d’appréhender de façon exploratoire (aucune enquête n’ayant jamais été réalisée dans ce lieu) les pratiques et les comportements documentaires de la communauté desservie par ces bibliothèques universitaires, soit les enseignants et les étudiants. Ce parti pris méthodologique de se centrer sur les pratiques des publics cibles ainsi que sur leur vision des services que devrait proposer une bibliothèque universitaire, et ce dans une logique qualitative (sous la forme d’entretiens semi-directifs en face-à-face), diffère de la pratique plus souvent répandue d’enquêtes d’usages et/ou de satisfaction sous forme d’enquête par questionnaire en sortie de bibliothèque (Renoult, 2006). Au total, une soixantaine de personnes ont été interrogées, dont 18 professeurs, 12 maîtres d’enseignement et de recherche, 14 assistants, 2 chercheurs et 13 étudiants (ces derniers ont été plus difficiles à toucher du fait de la période de réalisation de l’enquête, contrainte par le calendrier du Travail de Diplôme).
Le guide d’entretien proposait un échange autour de quatre principales thématiques, autour desquels nous organiserons la présentation des principaux résultats de l’enquête :
- Les habitudes et lieux privilégiés de travail;
- Les pratiques documentaires personnelles ainsi que la perception des enseignants et des étudiants sur leur propre compétence en matière de recherche d’information;
- L’usage de la bibliothèque et son intégration dans les pratiques personnelles;
- La définition personnelle de la bibliothèque idéale.
Les lieux et les rythmes de travail
Les entretiens montrent la forte mobilité des enseignants mais aussi des étudiants dans leur travail, mobilité dans laquelle la bibliothèque universitaire est repérée comme un des points de chute possibles. Même si des tendances se profilent, il faut noter également la diversité des pratiques, notamment liée aux conditions matérielles de travail disponibles pour les individus.
Les professeurs et assistants possèdent généralement leur propre bureau, salle de travail ou laboratoire. Ils préfèrent effectuer les recherches, lire de la documentation et analyser des données à partir de ce lieu, équipé de tout ce dont ils ont besoin pour leurs activités de recherche. La bibliothèque n’est donc pas utilisée en tant que lieu de travail, mais constitue essentiellement un espace d’accès à l’information papier. « Depuis que l’on trouve pratiquement tout en ligne, il n’y a plus besoin de se déplacer physiquement », déclare un professeur de Physique. « Pour ma part, j’utilise virtuellement la bibliothèque », indique un autre. Cette tendance est générale. Toutefois, certains déclarent se rendre encore occasionnellement sur place afin de consulter et emprunter des ouvrages pour la préparation de leurs cours. « C’est plus pratique d’avoir les livres sur place et comme cela, je n’ai pas besoin de les trimbaler dans mon bureau ! » affirme un physicien. Les enseignants se déplacent énormément pour effectuer leurs activités et travaillent par conséquent souvent ailleurs, voire à l’étranger. Cette mobilité n’a pas véritablement d’impact sur le recours à la littérature scientifique, car ils peuvent accéder aux ressources documentaires de l’université grâce à un accès sécurisé. Dans leurs déplacements, ils peuvent aussi parfois utiliser les bibliothèques locales pour trouver de la documentation.
Les étudiants viennent pour leur majorité utiliser l’espace physique des différentes bibliothèques pour travailler. Bien que certains étudient en priorité chez eux, beaucoup évoquent la distraction à leur domicile : « Je n’arrive pas à travailler chez moi. Il y a le téléphone qui sonne ou je suis souvent tenté de faire autre chose » explique un étudiant. Du coup, « la bibliothèque représente le lieu d’étude par excellence », selon une étudiante en Physique. Les étudiants apprécient le fait de pouvoir venir travailler individuellement à la bibliothèque (ils peuvent même venir avec leur ordinateur portable personnel) mais aussi de pouvoir y retrouver d’autres étudiants. La recherche de contact avec d’autres et le sentiment de solidarité sont ainsi souvent invoqués : « on aime bien se retrouver pour travailler et réviser ensemble… en plus, on a tous les livres sur place». Les périodes d’examens voient également un afflux d’étudiants à la bibliothèque. A l’inverse, on trouvera quelques étudiants qui préfèrent étudier à la maison pour des raisons d’habitude ou parce que la bibliothèque ne leur semble pas assez accueillante (trop bruyante ; pas de véritable salle de lecture).
Le travail à la maison est lié à l’équipement informatique sur place (ordinateur personnel, accès Internet haut débit et imprimante). C’est fréquemment le cas pour les enseignants, qui apprécient également l’isolement possible : « Dans mon bureau, je me fais sans cesse interrompre par le téléphone, des étudiants viennent pour me poser des questions… quand j’ai besoin de calme, je préfère travailler chez moi ». Même si la plupart du personnel enseignant pris en compte affirme ne pas aimer travailler à la maison pour des raisons variées (temps à consacrer à la famille, trop de distractions, etc.), presque tous sont obligés de le faire, le temps à disposition pendant la journée étant parfois insuffisant pour finaliser leurs tâches (lecture et rédaction d’articles, analyse de données ou préparation de cours). En revanche, de manière générale, les étudiants partagent leur temps de travail entre la maison et d’autres endroits, notamment les bibliothèques.
Certains étudiants utilisent plusieurs bibliothèques, celle de leur faculté mais aussi d’autres. Les arguments avancés concernent autant la recherche d’un confort de travail meilleur que la possibilité d’accéder à des collections connexes. On remarquera cependant que plus la bibliothèque est perçue comme bien fournie en ressources documentaires, moins le recours à d’autres bibliothèques est fréquent. Par contre, la qualité du confort de travail devient un critère premier dans les périodes de révision d’examen.
On le voit donc, la bibliothèque n’est plus, et de loin, le seul lieu physique d’accès aux informations et à la littérature scientifique. Les technologies Internet permettent une mobilité des enseignants et des étudiants, mobilité dont ils usent fortement. La tendance est générale. Une étude américaine récente montre que 41,5% de la population académique travaille le plus souvent hors du campus (Friedlander, 2002). Le constat de la forte baisse de la fréquentation des bibliothèques universitaires par les enseignants et les chercheurs est général (Van Dooren, 2006). Une autre enquête auprès de publics étudiants montre en fait deux profils : les assidus, qui fréquentent très régulièrement la bibliothèque pour y travailler sur leurs notes mais aussi exploiter les collections ; et ceux qui utilisent la bibliothèque à distance et ne font qu’y passer pour emprunter voire y séjourner un temps court pour consulter (Maresca, 2005).
Les pratiques documentaires
Les types de documents utilisés
Les articles scientifiques électroniques sont les documents les plus sollicités par les professeurs et assistants interrogés, qui les ont tous cités comme source principale pour la recherche. L’accès aux articles de revues électroniques permet aux enseignants de suivre rapidement l’évolution de leur domaine. Le recours à ce type de document est donc très fréquent pour eux, voire quotidien. Les monographies viennent en second lieu et sont surtout utilisées pour rappeler les connaissances de base ou comme références pour la préparation des cours. Viennent ensuite les actes de conférence. Selon les domaines, certains peuvent avoir recours à d’autres types de documents, par exemple des documents iconographiques ou audiovisuels.
Généralement, les enseignants préfèrent rechercher et effectuer une lecture rapide à l’écran pour des questions d’efficacité afin d’évaluer le contenu du document. Certains professeurs n’aiment pas lire sur écran et impriment systématiquement, le support papier étant plus confortable pour la lecture. D’autres repèrent le titre, lisent l’introduction, l’abstract et la conclusion, puis impriment si nécessaire. Le support papier est donc privilégié pour la lecture approfondie pour des raisons de confort mais aussi pour son côté pratique : il a encore l’avantage d’être transportable et permet de faire des annotations (par exemple l’attribution de mots-clés personnels), des comparaisons, de surligner et reste par conséquent un support de travail très apprécié. Un seul enseignant dit lire à l’écran et utilise pour cela Adobe 7, qui permet de faire directement des annotations.
De leur côté, les étudiants recherchent en priorité les monographies citées dans les bibliographies données par leurs professeurs (dont la valeur prescriptive a déjà été montrée, voir Després-Lonnet et al. 2006). Il s’agit surtout d’ouvrages et de manuels de base, qu’ils privilégient parce qu’il s’agit de document très structurés. La lecture d’un chapitre est généralement préférée à une lecture intégrale de l’ouvrage. Les étudiants préfèrent aller chercher les livres à la bibliothèque, éventuellement les feuilleter avant de les emprunter pour pouvoir les lire ailleurs, notamment à la maison. Ils effectuent aussi souvent des photocopies de parties intéressantes, avec une pratique d’annotation personnelle très répandue. Les articles sont recherchés plus occasionnellement, notamment pour des séminaires et les travaux de fin d’étude. Le reste du temps, les étudiants se basent essentiellement sur les polycopiés distribués par les professeurs pour préparer leurs examens : « Ils sont bien faits, je n’ai donc pas besoin de chercher d’autres informations », déclare un étudiant en Physique. De ce fait, ils connaissent peu les ressources en ligne (périodiques électroniques) proposées par la Faculté des Sciences et une minorité les utilise. La prédominance des polycopies et des ouvrages comme source documentaire première des étudiants a déjà été montrée par des enquêtes plus vastes. Par exemple, un étudiant de sciences humaines de l’Université Paris 4 passe en moyenne deux heures par jour de lecture sur ses polycopiés et notes de cours et autant sur des livres (Singly, 2005).
Il est intéressant de relever que la plupart des personnes interviewées conserve les documents lus, en essayant de suivre une certaine rigueur dans leur classement personnel. Pratiquement tous les étudiants classent ces copies personnelles par cours, alors que les professeurs et assistants semblent plutôt les différencier par thème. L’archivage se fait principalement sous forme papier. L’enregistrement des articles sous forme électronique se répand cependant de plus en plus, souvent d’ailleurs en complément du document papier. Les articles sont enregistrés en format PDF dans des dossiers sous un répertoire personnel. Une minorité de personnes utilise une version étendue d’Acrobate Reader (version PDF Maker) ou un logiciel de gestion de bibliographie comme Endnote ou Reference Manager pour ce type d’archivage. Certains professeurs enregistrent dans un dossier commun les articles électroniques intéressants pour les mettre à disposition du groupe de recherche ou des collègues. On notera aussi que la quasi totalité des enseignants possède une collection personnelle de livres, dont l’ampleur varie beaucoup en fonction du statut et du département de rattachement (dans certains domaines, par exemple en mathématiques, le prix des ouvrages est souvent exorbitant et rend plus difficile une acquisition personnelle). De manière globale, les ouvrages achetés constituent une référence de base dans le domaine de recherche. Ils sont acquis indépendamment du fait que la bibliothèque les possède ou non, les enseignants mettant en avant le besoin d’avoir ces ouvrages sous la main et ce à long terme.
Les sources d’information utilisées
Les professeurs, chercheurs et assistants préfèrent rechercher leur documentation dans les bases de données scientifiques généralistes (ScienceDirect, Web of Science, etc.) ou spécifiques à leur domaine d’activité (par exemple Chemical Abstracts pour la chimie ou MathScinet pour les mathématiques). Très peu d’étudiants consultent régulièrement ce type de source d’information. Bien qu’ils aient la possibilité de découvrir les bases de données relatives à leur domaine en naviguant sur le site web des bibliothèques, ceux qui les connaissent ont découvert ces sources surtout par le bouche-à-oreille entre eux ou dans certains cas grâce aux cours de formations dispensés par les bibliothécaires ou à leurs professeurs.
Certains professeurs et quelques très rares étudiants disent rechercher assez régulièrement des articles dans le catalogue des bibliothèques, sur le portail de périodiques suisses (PSP) ou dans le catalogue collectif suisse des publications en série « RP » (qui n’est pourtant plus actualisé depuis 2002) pour la recherche de documents anciens. Pour la recherche de livres, ils choisissent de consulter le catalogue des bibliothèques de la Faculté, intégré dans le catalogue collectif du réseau documentaire romand RERO. La consultation des catalogues d’autres bibliothèques semble rare. Un seul professeur indique par exemple utiliser de temps en temps le catalogue collectif NEBIS (Netzwerk von Bibliotheken und Informationsstellen in der Schweiz) ou le site web de la Bibliothèque Nationale de France.
Si la plupart des enseignants semble relativement à l’aise avec la recherche dans les catalogues, ce n’est pas du tout le cas pour l’ensemble des étudiants, dont certains ignorent leur existence ou en ont « juste entendu parler ». Un étudiant parmi d’autres précise : « Quand j’ai besoin d’un livre, je vais me promener dans les rayons. Je sais où se trouve le domaine qui m’intéresse. Si je ne trouve pas, je demande aux bibliothécaires ! ». Généralement, les étudiants repèrent les rayons d’ouvrages relatifs à leur domaine d’étude lors de leur première visite à la bibliothèque ou demandent au personnel de lui indiquer où se trouve ce dont ils ont besoin. Par la suite, ils se rendent directement au rayon correspondant. Au niveau des recherches, on peut constater que très peu de personnes connaissent les fonctions de recherches avancées dans RERO.
Notons aussi que le réseau est très actif dans le milieu scientifique : les chercheurs se transmettent les sources et les références entre eux. Deux maîtres d’enseignement et de recherche déclarent avoir installé un système d’alerte personnalisé sur leur profil afin d’être informés régulièrement des actualités du domaine.
Pour les recherches d’informations plus générales, Google est cité par quasiment tous. Ils se servent de Google surtout quand:
- Ils n’ont pas d’informations précises sur un sujet afin de se faire une idée de base et cherchent ainsi à cibler le domaine de recherche;
- Quand ils ont besoin d’une petite information rapide et simple, notamment la recherche d’une définition sur un dictionnaire en ligne;
- Pour la recherche d’informations génériques, comme par exemple celles figurant sur le site Internet d’un chercheur (ex. bibliographie).
Google Scholar est utilisé par quelques professeurs qui le préfèrent à sa version standard : ils trouvent les résultats beaucoup plus ciblés et s’en déclarent très satisfaits. Cet outil a également été cité par quelques rares étudiants (la majorité d’entre eux ne connaît pas l’outil), tout aussi satisfaits quant aux résultats. Cependant, l’un d’entre eux avoue tout de même « ne pas trop comprendre comment ça marche ».
L’usage de la bibliothèque et de ses services
Un autre thème de l’enquête concernait l’usage de la bibliothèque et sa place dans les pratiques documentaires des enseignants et des étudiants. Le niveau de fréquentation des bibliothèques diffère en fonction des différents départements. Cela peut dépendre du fait que des usagers d’un domaine spécifique ont plus besoin de s’y rendre régulièrement que d’autres, comme par exemple en Mathématiques, où la bibliothèque constitue un outil de travail quotidien et indispensable pour les chercheurs.
En général, les individus interrogés vont à la bibliothèque selon leurs besoins ou leur emploi du temps. Leur taux de fréquentation ne dépend donc pas de facteurs internes à la bibliothèque (par exemple trop de monde). En revanche, le type d’utilisation des bibliothèques varie relativement peu au sein des différents départements. Les activités les plus pratiquées dans les sept bibliothèques sont pratiquement les mêmes : la consultation rapide, l’emprunt et le travail sur place.
Trois usages principaux de la bibliothèque ressortent de l’enquête:
- La consultation rapide sur place et l’emprunt des documents sélectionnés. Une pratique assez commune est celle de se promener entre les rayons pour feuilleter des ouvrages. Les ouvrages retenus sont ensuite le plus souvent empruntés. De manière globale, les usagers connaissent assez bien les ouvrages relatifs à leur domaine et ont une connaissance plus générale de l’intégralité de la collection. Ils vont chercher les livres directement au rayon correspondant. Les personnes qui semblent bien connaître le contenu global des bibliothèques sont à la Faculté depuis relativement longtemps et savent où se trouvent les ouvrages à force d’en emprunter. D’autres affirment mieux connaître les nouveautés ou l’actualité relative aux périodiques. Le fait que les bibliothèques de Physique et de l’Observatoire soient petites facilite aussi la connaissance du contenu.
- La consultation d’ouvrages et de revues sur place sans emprunt, qui est presque toujours le fait des enseignants.
- Le travail sur place avec des documents et outils personnels, essentiellement par les étudiants.
- On voit donc que, de manière générale, outre la zone de travail évoquée précédemment, la zone de stockage des bibliothèques reste bien utilisée par les usagers. La plupart viennent repérer les ouvrages intéressants, voir s’il y a des nouveautés ou chercher des livres dont ils possédaient la référence. Le guichet de prêt est également très sollicité par les utilisateurs pour des raisons liées au prêt des ouvrages ou à la demande de renseignements. D’autres usages de la bibliothèque sont mis en avant :
- Commander des articles : c’est l’une des principales raisons pour lesquelles les professeurs se rendent à la bibliothèque. Cette activité a été citée par l’ensemble des professeurs, chercheurs et assistants.
- Proposer des nouvelles acquisitions : pratiquement tous les enseignants se rendent à la bibliothèque pour soumettre leurs propositions ou envoient leurs demandes par courrier électronique au bibliothécaire. En revanche, les étudiants effectuent moins de propositions d’achat soit parce qu’ils n’ont pas la possibilité de le faire dans certaines bibliothèques, soit parce qu’ils ignorent cette opportunité.
- Demander des renseignements : bien qu’aucune bibliothèque ne dispose de service de référence à proprement parler, plus de la moitié des usagers vient régulièrement ou occasionnellement demander des renseignements aux bibliothécaires. Généralement, les questions des enseignants sont plutôt relatives à l’accès aux ressources électroniques alors que celles des étudiants concernent essentiellement la recherche d’ouvrages.
- Faire des photocopies : cette activité est plus particulièrement citée par les assistants et les étudiants. En Pharmacie, certains y vont aussi pour imprimer des posters, car la bibliothèque de Sciences II possède une imprimante couleur.
- Effectuer des recherches bibliographiques : en plus des recherches électroniques, qui peuvent être faites aussi à distance, la plupart des usagers interrogés effectue aussi de temps en temps des recherches bibliographiques de livres ou d’articles dans des revues sur format papier. Les professeurs cherchent plutôt des monographies spécialisées ou des articles ; les étudiants des livres mentionnés dans les bibliographies distribuées par les professeurs ;
La plupart des usagers interrogés connaît les services de prêt, de prêt inter bibliothèques et de renseignements. Ces trois services sont d’ailleurs ceux qui sont les plus utilisés. Les personnes ne fréquentant pas d’autres bibliothèques ont notamment souvent recours au prêt inter bibliothèques.
On remarque donc que ce sont principalement les services de base, « traditionnels », des bibliothèques, qui sont utilisés. Ainsi, la majorité des professeurs et quelques étudiants sondés connaissent l’existence des cours de formation à la recherche documentaire par bouche-à-oreille, mais un seul étudiant de la section de Chimie en a suivi un. D’autres professeurs savent qu’il existe un service d’alerte qui peut les informer par mail des nouvelles acquisitions de la bibliothèque. Malgré la connaissance de l’existence de ce service, un grand nombre de professeurs néglige ces mails d’avertissement. Ce recours principal aux services de base est aussi mentionné dans d’autres études. Par exemple, une enquête auprès des étudiants de la bibliothèque de l’Université Paris X montre également le poids dominant de la consultation sur place et de l’emprunt des ouvrages et la méconnaissance globale des ressources numériques proposées : plus de la moitié des étudiants utilise les ressources papier de la bibliothèque mais seulement un sur dix consulte les périodiques électroniques (Dupuy, 2006). Une étude récente faite auprès du public étudiant de la bibliothèque de l’Université Paris 8 apporte un éclairage plus précis sur les usages sur place de la bibliothèque. Basée sur un volume important de réponses, elle a permis l’identification statistique de trois principaux profils d’usagers : ceux qui utilisent principalement la bibliothèque comme lieu de travail (50%) ; ceux qui utilisent quasi uniquement le service de prêt (23%) ; et enfin, les gros utilisateurs, qui exploitent l’ensemble de la palette des services proposés (23%) (MV2 Conseil, 2007).
La bibliothèque idéale
Enfin, enseignants et étudiants ont été interrogés de façon très ouverte sur leur vision de la bibliothèque idéale. Pour tous, cette bibliothèque devrait d’abord être confortable et disposer d’un bon équipement ; de places de travail en nombre suffisant avec des tables assez grandes et des chaises confortables ; d’une température adéquate (ni trop chaud l’été ni trop froid l’hiver) ; d’une bonne luminosité. Bien sur, elle doit aussi mettre à disposition des ordinateurs avec accès à Internet, des prises électriques pour les portables et un accès Wifi. Cette bibliothèque devrait également être un endroit calme, convivial et spacieux, où décoration, couleurs et plantes apportent une touche de bien-être.
Un nombre non négligeable de chercheurs et d’étudiants voudrait que la bibliothèque devienne également un lieu de détente avec la présence de canapés pour pouvoir se relaxer par moments, la possibilité de se restaurer (avec par exemple la création d’une cafétéria au centre de la bibliothèque) ou la présence de livres « loisirs » (par exemple des bandes dessinées).
Certains chercheurs souhaiteraient aussi que la bibliothèque ne soit pas qu’un lieu de passage et de consultation, mais au contraire un lieu de rencontre, de renseignements et d’enseignement. Afin de favoriser l’échange et en même temps la tranquillité, quelques personnes suggèrent la création d’espaces cloisonnés pour pouvoir parler sans déranger les autres (par exemple des box fermés pour le travail en groupe) et des coins calmes pour travailler.
Tout le monde voudrait un classement simple des livres, un système d’indexation et de cotation lui aussi simple, clair, efficace afin de retrouver les livres facilement. Les personnes rencontrées semblent insister sur la mise en place d’un « endroit fait pour les gens et non pas pour les livres ».
Souvent, les personnes évoquent aussi le fait que leur bibliothèque idéale devrait bénéficier de moyens financiers suffisants, voire élevés, afin d’acheter le plus d’ouvrages possible et d’assurer les abonnements aux revues électroniques. Les usagers interviewés souhaiteraient ainsi disposer sur place de collections complètes (« pas de trous », acquisition de livres à double, etc.), à jour et surtout en libre accès. Ils aimeraient également avoir accès aux archives des périodiques électroniques antérieurs à 1996. Quelques chercheurs sondés proposent de mieux mettre en valeur les ouvrages anciens. La bibliothèque idéale devrait également avoir beaucoup de personnel et des horaires d’ouverture plus étendus. Certains souhaiteraient même avoir un accès permanent, même en l’absence de personnel, afin de travailler quand ils le souhaitent avec les outils de la bibliothèque.
Dans le même sens, on met l’accent sur le fait que la bibliothèque idéale devrait être virtuelle et en réseau avec un accès permanent aux documents. La numérisation de toute la collection (scannage de livres) et l’archivage à long terme des revues électroniques deviendrait nécessaire afin de gagner du temps dans les recherches. L’accès aux bases de données est également évoqué, mais avec des interfaces de recherche plus simples. A l’inverse, d’autres ne voudraient surtout pas d’une bibliothèque uniquement numérique : les ouvrages sur papier et les périodiques électroniques devraient selon eux coexister, du fait de leur complémentarité.
Les personnes consultées semblent aussi attribuer beaucoup d’importance à la mise à disposition d’un service de revue de presse (certains évoquent l’idée d’un « coin actualité »), de services d’alerte personnalisés et enfin au fait d’avoir la possibilité d’effectuer le prêt de manière automatique (introduction de puces dans les livres). Ils imaginent également avoir à disposition un prêt inter - bibliothèques et un service de référence performants (notamment un personnel qui les aide en ligne dans leurs recherches bibliographiques). Quelques chercheurs aimeraient aussi que leur bibliothèque idéale ait un site Internet qui soit convivial et facile d’utilisation et depuis lequel on puisse transmettre des vidéoconférences. D’autres suggestions sont également faites sur l’aide à apporter aux utilisateurs : la mise à disposition de modes d’emplois (par exemple : comment rechercher un livre) mais aussi l’organisation de recherches bibliographiques assistées à la bibliothèque ou encore la réalisation de bibliographies pendant les heures de cours.
Pistes pour une structuration de l’offre de service en bibliothèque académique ?
Bien que menée sur un petit nombre de personnes, l’enquête qualitative réalisée auprès des publics cibles de Bibliosciences pointe des pratiques et des comportements documentaires soulevés également par d’autres enquêtes (dont nous avons cité quelques unes) : l’importance de la bibliothèque comme lieu de travail pour les étudiants ; le recours aux ressources numériques à distance principalement par les enseignants et les chercheurs ; l’usage premier des services sur place dits traditionnels comme le prêt ou la consultation ; etc. L’interrogation ouverte sur la bibliothèque idéale montre différents axes d’attentes de la part de la communauté académique : autour du confort et des conditions d’accès au lieu ; autour de l’offre documentaire (pour laquelle on pourra cependant constater que les attentes énoncées diffèrent parfois des pratiques : on voudrait l’accès à tous les périodiques électroniques, mais, dans la réalité, pour certains types de public, on les consulte assez peu fréquemment) ; et enfin autour des services proposés par les bibliothèques à leur public. Ce résultat nous semble susceptible d’aider à dresser une cartographie possible de l’offre de service en bibliothèque académique autour de trois axes.
Un espace de travail et de rencontre
La question de la baisse de fréquentation physique des bibliothèques académiques, au profit d’un usage à distance des ressources numériques mises à disposition, revient actuellement comme un leitmotiv dans les revues et les colloques professionnels (certaines études amèneraient cependant à relativiser ce constat : une enquête d’ampleur menée auprès des publics étudiants des bibliothèques universitaires de Paris montrait que, en 2003, encore 67% des étudiants fréquentaient régulièrement leur bibliothèque universitaire. Renoult, 2004 ; dans l’enquête menée à Paris 8, on voit que la moitié des étudiants a encore un usage sur place documentaire de la bibliothèque, MV2 Conseil, 2007). Face à ce constat, une première posture serait de mettre résolument l’accent sur les services à distance proposés par la bibliothèque et de désinvestir les services rendus sur place. Or, les différentes études disponibles, dont celle présentée ici, montrent bien l’importance pour les étudiants de la bibliothèque comme lieu de travail et de socialité (d’autres études montrent également la valeur symbolique que revêt la bibliothèque universitaire pour les enseignants, comme lieu de conservation du savoir). Une approche opposée vise alors à revaloriser la bibliothèque comme point d’attache pour la communauté académique, dans une fonction de centre de ressources mais aussi de lieu de vie universitaire. Des projets se développent ainsi autour de la notion de Learning Center, engagée de façon précursive par la Hallam University de Sheffield (Jeapes, 1996). On donnera ici l’exemple plus proche du projet conduit par l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne. Ce projet, qui inclut une ambition architecturale forte, consiste à intégrer la bibliothèque dans ses fonctions traditionnelles (accès aux collections papier ou numériques, consultation, prêt, orientation et référence) dans un espace ouvert et modulable plus vaste, incluant aussi une proposition de services (cafeteria, restaurant), une proposition éducative (zones de travail, laboratoire de langues, etc.) et une proposition culturelle (zone d’exposition, de conférences ou de spectacles). Selon les porteurs du projet, la bibliothèque est ainsi repensée dans une logique de création « d’expérience sensible », avec trois missions : « placer ses collections au milieu d’un complexe de vie et de socialisation ; satisfaire les besoins physiologiques de la communauté (détente, alimentation, consommation) ; mettre en scène le savoir de manière spectaculaire » (Aymonin, 2005). Cette tendance s’inscrit dans un mouvement plus global de « re-enchantement des lieux de consommation » qui (re)met en avant la place de la médiation humaine (Ferchaud, 2003).
L’accès assisté 24/7 aux ressources
Le corollaire de la baisse de fréquentation physique est le développement de l’accès à distance aux ressources proposées via la bibliothèque. Là encore, il faudrait peut-être relativiser le propos. L’étude menée auprès des enseignants et étudiants de la Faculté des Sciences a montré que l’usage des périodiques électroniques est essentiellement le fait des enseignants ; et que les bases de données sont très peu connues et utilisées. D’autres observateurs font le même constat : « la faiblesse du taux d’utilisation des outils informatisés en BU est un fait attesté, et, disons-le, compte tenu des enjeux humains et financiers, problématique… » (Renoult, 2006). Un des enjeux clés est celui de la facilité de l’accès à ces ressources. Une étude américaine récente sur l’utilisation des bibliothèques académiques par les chercheurs montre bien que ceux-ci privilégient un accès immédiat à l’information et n’acceptent plus de passer beaucoup de temps en recherche documentaire (Research information network, 2007). Au-delà de la constitution de l’offre documentaire à distance, dont il faut gérer la qualité et la pertinence (et ce le plus souvent dans un contexte de tension budgétaire), trois dimensions de l’offre de service des bibliothèques académiques semblent importantes.
- La garantie de l’accès 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 aux ressources numériques gérées par la bibliothèque pour sa communauté d’utilisateurs, où que soit situés physiquement ceux-ci, donc dans une logique d’extranet avec des accès sécurisés. C’est par exemple déjà le cas pour les enseignants de la Faculté des Sciences de l’Uni Genève, qui disposent du système VPN (Virtual Private Network).
- La formation à la recherche et à l’utilisation de ce type de ressource. Pour beaucoup, le développement de cette fonction pédagogique, dans une perspective d’enracinement d’une culture et d’une maîtrise de l’information (Information literacy) devient aujourd’hui une des missions essentielles des bibliothèques académiques.
- L’assistance aux utilisateurs. Dans ce domaine, les bibliothèques investissent aujourd’hui fortement autour des services de référence en ligne (Nguyen, 2006), notamment devant le constat général de la chute des demandes pour les services de références sur place. Pour certains, cependant, il faut sortir de cette logique. Elle est basée sur l’idée selon laquelle l’usager sollicite l’aide de la bibliothèque quand il en a besoin alors que toutes les études faites sur les pratiques montrent aujourd’hui le désir d’autonomie de l’utilisateur. Une autre approche peut se développer dans une logique d’accompagnement direct au niveau du réseau, dans une perspective en quelque sorte « éditoriale » : mettre plus de valeur ajoutée dans le catalogue, proposer des orientations dans les sources, développer les produits documentaires électroniques (Balin et al. 2005). Autrement dit, être dans une logique de « push » et non de « pull » de l’assistance documentaire. Une autre dimension de l’assistance concerne l’assistance technique. Certaines bibliothèques ont fait le constat que l’équipement individuel de l’utilisateur, à la fois en logiciels spécialisés et en compétences techniques pour utiliser ces logiciels, est souvent déficient et constitue un frein important à l’utilisation des ressources documentaires numériques. Il y a là un autre axe d’assistance à développer, à l’exemple de cette bibliothèque universitaire australienne qui a mis au point un kit de logiciels et d’outils utiles pour la recherche et le traitement documentaires diffusé sur cd-rom à l’ensemble des étudiants et de la faculté (Cavanagh, 2001).
Des services personnalisés à forte valeur ajoutée
Un troisième axe de structuration de l’offre de service des bibliothèques académiques pour leur public se situe à l’évidence autour du développement de services à valeur ajoutée, se positionnant en complément de l’accès direct aux ressources documentaires, notamment numériques. Les enseignants et étudiants interrogés dans le cadre de l’enquête pour la Faculté des Sciences de l’Université de Genève émettent de fortes attentes vis-à-vis des professionnels des bibliothèques dans ce sens. Le maître mot est ici celui de la personnalisation du service rendu à l’utilisateur, ainsi bien sûr que sa qualité (Ferchaud, 2006) Toute une gamme de produits et de services, notamment liés à la diffusion documentaire, peut être implantée par les bibliothèques universitaires. La Bibliothèque interuniversitaire de médecine de l’Université de Paris 5 a par exemple investi depuis longtemps déjà sur la mise en ligne de bibliographies et de dossiers, dans une logique de portail documentaire. Les bibliothèques ont aujourd’hui des perspectives ouvertes avec les outils issus du Web 2.0. On pourra citer l’exemple de la Bibliothèque universitaire de Médecine de Lausanne, dont le centre de documentation en santé publique a mis en place un système d’alerte documentaire en utilisant le format RSS (Iriarte, 2006). Cet axe de développement suppose de mettre fortement l’accent sur la dimension service de l’activité des bibliothèques et de prendre en compte de façon beaucoup plus ciblée et adaptée les pratiques des différentes catégories d’usagers en présence (Van Dooren, 2006). Autrement dit, il suppose que la bibliothèque sorte d’une posture de prestataire pour engager une relation de « co-production » avec l’utilisateur.
Pour conclure provisoirement, on voit bien que les évolutions de l’accès libre et direct via la documentation numérique aux publications scientifiques obligent les bibliothèques académiques à un repositionnement dans ce nouveau circuit de l’information (Salaun, 2004). Face à ce constat, les bibliothèques académiques ne peuvent plus se concevoir uniquement comme des lieux de conservation et d’accès au savoir, dont elles ne sont plus les seuls récipiendaires, mais plus comme des prestataires de services autour de l’accès à l’information (Bailin, 2003). La question clé est alors de savoir autour de quelle logique de service doit s’orienter chaque bibliothèque académique. L’enquête menée auprès des publics cibles des bibliothèques de sciences de l’Université de Genève a permis de donner à ces bibliothèques des pistes pour orienter et harmoniser leur gamme de services et fourni l’occasion d’une réflexion sur les logiques de structuration de cette offre. Un travail complémentaire reste à faire pour consolider cette réflexion et y ajouter la perspective institutionnelle (avec certainement un quatrième axe de développement du rôle des bibliothèques universitaires autour de la valorisation des productions académiques et scientifiques de l’institution), non prise en compte dans l’enquête menée auprès des utilisateurs potentiels des bibliothèques.
Références
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