Publiée une fois par année, la Revue électronique suisse de science de l'information (RESSI) a pour but principal le développement scientifique de cette discipline en Suisse.
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PMB et ses limites au regard de l’ISBD et du MARC
Ressi — 1 décembre 2011
Eustache Mêgnigbêto, Bureau d'Etudes et de Recherches en Science de l'information (BERSI), Cotonou
Théodore Sossouhounto, Bibliothèque de l'Université d'Abomey-Calavi, Cotonou
Rufin Hounkpè, Responsable de la Bibliothèque-Centre de documentation, Faculté des Sciences Agronomiques, Université d'Abomey-Calavi, Cotonou
Résumé
PMB est un Système intégré de gestion de bibliothèque tournant dans un environnement client/serveur et dont les fonctions sont exécutées à travers un navigateur. Du point de vue des normes ISBD de description de données bibliographiques et MARC de communication de données bibliographiques entre ordinateurs, PMB présente beaucoup d’insuffisances, notamment en ce qui concerne la mention de responsabilité, la mention de responsabilité relative à l'édition, l’adresse en cas de lieu de publication multiple pour un même éditeur. Ces insuffisances observées font que les grandes bibliothèques qui ont l’obligation de produire un catalogue conforme à l’ISBD et au MARC, ou plus simplement les systèmes d’information documentaire tatillons sur l’un ou l’autre de ces deux formats ne peuvent adopter PMB.
Abstract
PMB is a library management system that runs in a client/server environment and whose functions are accessed via a browser. With regard to international standards like ISBD book description standards and MARC bibliographic data communication among computers, PMB has several inadequacies, mainly concerning Statement of responsibility, Statements of responsibility relating to the edition, the address in case of multiple place of publication for the same publisher. The observed inadequacies make that libraries and documentation centres that should produced data into one of these formats could not use satisfactory PMB software.
PMB et ses limites au regard de l’ISBD et du MARC
Introduction
PMB est un logiciel de gestion de bibliothèque libre et open source dont le développement est coordonné par la société PMB Services. Il offre des modules de gestion de plusieurs fonctions de bibliothèque comme l’acquisition, le catalogage, la recherche, le bulletinage, le prêt et les services associés comme la réservation, le renouvellement et le retour. Il n'est donc pas étonnant que des services d’information documentaire de toute taille et de tout type à travers le monde l’aient adopté ou l’adoptent.
Le catalogage obéit à des principes et règles établis par des normes internationales en vue de favoriser l'échange d’information entre systèmes, mêmes internationaux. C’est ainsi que l’International Standard Book Description (ISBD) se charge de fixer les principes et règles de la description bibliographique au plan international et les formats Machine Readable Cataloguing (MARC)(1) se chargent de fixer les règles de stockage et de transmission des données bibliographiques par des moyens informatiques.
De par leur statut ou du fait de leur appartenance à un réseau, certains systèmes d’information, comme les bibliothèques nationales qui fournissent aux systèmes d’information nationaux ou aux autres bibliothèques nationales les références bibliographiques des publications sur leur territoire de compétence, et les bibliothèques universitaires par exemple, ont l’obligation d'adopter un système informatique conforme aux normes ISBD et MARC. PMB devrait respecter ces deux normes internationales pour être utilisé de façon satisfaisante dans de tels systèmes. Cependant, la fonction de catalogage de PMB présente des insuffisances au regard des normes de catalogage ISBD et de communication de données bibliographiques MARC. Dans cet article, nous tâcherons de faire ressortir quelques unes de ces insuffisances qui font que, de notre point de vue, ce SIGB ne peut pas être utilisé par les bibliothèques et centres de documentation qui ont l’obligation de produire des notices bibliographiques conformes aux deux normes, comme les bibliothèques universitaires, les bibliothèques nationales ou leurs dépendances. Nous considérons le PMB dans sa version standard, c'est-à-dire telle que livrée en téléchargement sur le site du producteur(2), sans autres personnalisations.
PMB et ses modules
PMB est entièrement intégré à l'environnement web et repose sur une plateforme Apache-PHP-MySQL. Il fonctionne en mode serveur-client; il est multi plate-forme et tourne donc aussi bien sous Linux, Mac OS que sous Windows. Fonctionnellement, PMB se divise en deux parties ou modules : le module de gestion, et le module d'interrogation ou Open Public Access Catalogue (OPAC), ou encore catalogue public. Le module OPAC est essentiellement pour le grand public, c'est-à-dire les usagers du système d'information documentaire, pour les besoins de recherche documentaire. Le module de gestion présente la plupart des fonctions du logiciel : catalogue, circulation, autorités, éditions, diffusion sélective de l'information et administration. Le principe de catalogage sous PMB repose, pour plusieurs champs, sur la création de vedettes réutilisables ; ces champs ne sont pas directement éditables, mais leur contenu est sélectionné à partir d’une liste préalablement alimentée. PMB intègre, par ailleurs, un serveur Z39.50 en vue de faciliter le catalogage en ligne; l'échange des données peut se faire au format ISO 2709 et en XML.
Méthode
Dans le cadre de la rédaction de cet article, nous avons téléchargé et installé la dernière version du logiciel PMB(3) avec la base de données qui l'accompagne. En effet, PMB est un logiciel personnalisable et, toute personnalisation ou utilisation de descriptions bibliographiques de toutes autres origines pourrait être soupçonnée comme la cause des insuffisances. En prenant la version standard de PMB, nous émettons l’hypothèse que la société productrice de PMB a livré à la communauté un logiciel répondant aux exigences professionnelles avec des descriptions bibliographiques dont elle a l’assurance de la qualité.
Des catalogues en ligne gérés par PMB(4) ont été parcourus afin de détecter les insuffisances dans l’affichage ISBD des notices ; des comparaisons ont été faites avec l’affichage obtenu dans la base de données de la version standard de PMB. Des 45 notices contenues dans la base de données livrée avec le logiciel, une a été extraite (Encadré 1). Une autre référence a également servi à des illustrations(5); mais elle a été importée dans PMB avec le module Z39.50 à partir du catalogue général de la Bibliothèque nationale de France (BnF)(6). En recourant à ce catalogue, nous éliminons, tout biais qui pourrait être dû à un mauvais catalogage. En effet, la BnF a été très active(7) dans la normalisation documentaire au plan international; nous estimons, par conséquent qu'elle ne peut ne pas respecter dans les moindres détails, les prescriptions des normes qu'elle a qualitativement contribué à élaborer. Nous nous sommes également servis de sa description bibliographique comme référence en UNIMARC et en ISBD.
Les insuffisances au regard de l’ISBD
Nous considérons successivement les points suivants : mention de responsabilité, fonction de l'auteur, mention de responsabilité relative à l'édition, et lieu d’édition multiple.
a) Mention de responsabilité
La norme AFNOR Z 44-050 énonce qu’ «une mention de responsabilité peut être composée d’un ou plusieurs nom(s) de personne(s) ou collectivité(s), accompagné(s) ou non d’un mot de liaison ou d’une expression indiquant le rôle de la personne ou de la collectivité. » (Point 1.5.2.1). La norme n’indique pas ici d’exemple. Se basant sur cet énoncé, la transcription faite par PMB en format ISBD des notices bibliographiques contenues dans sa base de données paraît conforme. En effet, PMB affiche chaque mention de responsabilité suivie d’une virgule, puis d’un mot indiquant la fonction dans la conception du document (Encadré 1).
Encadré 1. Exemple d'une mention de responsabilité sous PMB (extrait de la base de données livrée avec PMB)
Dominique Souton, Auteur |
Au point 1.5.2.7, la norme prescrit que les mots ou expressions apparaissant en liaison avec la mention de responsabilité, en particulier ceux qui indiquent le rôle de la personne ou de la collectivité, sont traités comme faisant partie intégrante de la mention de responsabilité. La norme donne des exemples pour illustration (Encadré 2).
Encadré 2. Exemple de mots ou expression en liaison avec une mention de responsabilité extrait de la norme NF Z 44-050
Ecrire la corrida / textes choisis et commentés par Marion Jean et Jean-Marie Le Carpentier. La Genèse / version de Jean Grosjean |
Dans la pratique, tous les mots en liaison avec la mention de responsabilité et apparaissant à la page du titre sont transcrits. Ce sont souvent : par, traduit par, traduit de, préface de, préfacé par, avant propos de, illustré par, illustration de, présenté par, présentation de, introduit par, recueillis par, rassemblés par, textes rassemblés par, avec les commentaires de, avec la participation de, avec l’assistance de, assisté de, traduit de, traduit par, traduction de, etc. PMB n’offre aucune possibilité au catalogueur d’enregistrer ces mots de liaison.
Comparons deux notices, l’une au format ISBD de l’OPAC de PMB (Encadré 3) et l’autre au format ISBD de la BnF (Encadré 4).
Encadré 3. «La métamorphose des fleurs» au format ISBD de l'OPAC de PMB (Notice importée du Catalogue général de la BnF dans PMB à l’aide du module Z39.50)
La métamorphose des fleurs [texte imprimé] / Claude Nuridsany (1946-....), Auteur; Marie Pérennou (1946-....). - Paris : La Martinière, 1997 . - 143 p. dont 4 dépl. : ill. en coul., jaquette ill. en coul. ; 30 cm. ISBN 2-7324-2351-3 |
Encadré 4. «La métamorphose des fleurs» au format ISBD de la BnF (http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb361876293/ISBD)
La métamorphose des fleurs [Texte imprimé] / [texte et photogr. de] Claude Nuridsany et Marie Pérennou. - Paris : La Martinière, 1997 (27-Évreux : Impr. Kapp-Lahure-Jombart). - 143 p. dont 4 dépl. : ill. en coul., jaquette ill. en coul. ; 30 cm. ISBN 2-7324-2351-3 (rel.) : 250 F. |
Les deux descriptions bibliographiques sont très différentes même si elles se rapportent toutes au même et unique document. Dans le format ISBD de la BnF, le nom du premier auteur dans la mention de responsabilité est précédé de [texte et photogr. de]; la conjonction et sépare les noms des deux auteurs; cette mention n’est pas disponible dans l’ISBD de l'OPAC de PMB; il est vrai qu'il y a deux crochets ouvert et fermé indiquant que l'information n'était pas prise à la source prévue par la norme (AFNOR, point 0.4.6 a) ou n’était pas disponible dans le document décrit, ce qui pourrait justifier son caractère facultatif. Cependant, si dans PMB, le catalogueur avait choisi d’inclure cette mention, il n’aurait pas pu, comme il n’aurait pas pu relier les noms des deux auteurs par la conjonction et.
La norme prescrit que « quand plusieurs personnes ou collectivités remplissent la même fonction, ils ne forment qu’une seule mention de responsabilité» (Point 1.5.3). Dans ce cas, ils ne peuvent pas être séparés par un point virgule (confirmation au point 1.5.5.2 pour les auteurs et exceptions au 1.5.5.3 pour les collectivités). Les mots de liaison sont même autorisés lorsqu’ils apparaissent sur la page du titre. Au point 1.5.4.2, la norme NF Z 44-050 rappelle que les mentions de responsabilité sont données sous la forme où elles se présentent sur la page de titre ou son substitut, ou dans toute autre partie de l’ouvrage. Ce qui n’est pas évident sous PMB. Il n’est pas non plus possible d’indiquer les titres et autres qualification liées à la mention de responsabilité comme Dr, Pr, Mgr, …
b) Mention de responsabilité relative à l'édition
PMB ne prévoit pas de champ spécifique pour indiquer la mention de responsabilité relative à l'édition, alors qu'elle est recommandée par l'ISBD. Ainsi, il ne sera pas possible, dans PMB, de signaler l’auteur d’une édition revue et complétée d’un document, comme dans l'exemple donné par la norme au point 2.3.1 (Encadré 5).
Encadré 5. Mention de responsabilité relative à l'édition, exemple extrait de la norme, point 2.3.1
Introduction à la philosophie / René Le Senne. – 5ème éd. / augm. et mise à jour par Edouard Morot-Sir et Paule Levert |
c) Lieu d'édition multiple
Lorsqu’il n’y a qu’un éditeur avec un seul lieu de publication, l’affichage de la zone de l’adresse se fait par PMB conformément aux recommandations de l’ISBD. Mais, il se pose un problème dès que l’éditeur ou le diffuseur est associé à au moins deux villes et que le catalogueur veut en indiquer plus d’une (NF Z 44-050, point 4.1.3.1)(8). En effet, dans le fichier d’autorités Editeurs de PMB, un éditeur à une ville unique ; il n’est pas prévu d’en avoir deux.
d) Fonction et date relatives à l'auteur
Dans toutes les notices extraites de PMB, l’omniprésence de deux mentions saute à l’œil : il s’agit de la fonction de l’auteur et des dates figurant entre parenthèses (Encadré 3 par exemple). Ces mentions ne sont nullement conformes à l’ISBD ; elles devraient plutôt figurer uniquement dans la vedette (NF Z 44-061, point 2.1.3 ; Gorman et Winkler, 1980, p. 438).
Les insuffisances au regard des formats MARC
Nous désignons sous le nom générique de MARC tous les formats issus du MARC originel comme le MARC 21, l'UNIMARC et les MARC nationaux. «Les formats MARC 21 constituent des normes pour la représentation et la communication d'information bibliographique et connexe en un format ordinologue» (LAC – BAC). Une notice MARC se compose de trois éléments : la structure, la désignation de contenu et les données (LAC – BAC). Si la structure et la désignation de contenu sont déterminées et fixées par la norme MARC, «le contenu de la plupart des éléments de données est défini par des normes externes aux formats, par exemple, les Règles de catalogage anglo américaines et la National Library of Medicine Classification» (LAC – BAC). Les Règles de catalogage anglo américaines (RCAA, en cours de remplacement par le Resource Description and Access, RDA) constituent, pour l’Amérique du Nord et le Royaume-Uni, l'équivalent d’un ensemble de normes françaises, dont notamment la norme NF Z 44-050. Il y a donc une relation entre l'ISBD et le MARC ; qui plus est, un format MARC bien respecté facilite l’obtention d’un format ISBD conforme(9). Etant donné que l’ISBD de PMB, comme nous en avons discuté dans le paragraphe précédent, comporte beaucoup d’erreurs, il est évident que celles-ci vont rejaillir sur la qualité des données MARC obtenues.
PMB produit et accepte des données en plusieurs variantes du format UNIMARC : UNIMARC PMB XML – UNIMARC Bretagne – HTML MARC – Texte MARC - Word RTF – UNIMARC ISO2709. Nous avons exporté la base de données de PMB vers tous ces formats ; ceux qui se sont révélés plus proches, et donc, comparables au format en vrac(10) de la BnF ou de la LoC sont le HTML MARC et le Texte MARC. En fait, ces deux formats sont identiques, avec la différence que le premier est en tableau HTML et le second en texte simple. Dans les extraits qui suivent, nous ne considérons que quelques zones assez illustratives des défauts de PMB au regard du MARC.
Encadré 6. «La métamorphose des fleurs », extrait de la description bibliographique au format UNIMARC de PMB. Cette description avait été préalablement importée du Catalogue général de la BnF dans PMB à l’aide du module Z39.50
200 (1 ) $a La métamorphose des fleurs 010 ( ) $a 2-7324-2351-3 101 (0 ) $a fre 215 ( ) $a 143 p. dont 4 dépl. $c ill. en coul., jaquette ill. en coul. $d 30 cm 700 ( 1) $a Nuridsany $b Claude $4 070 $f 1946-.... 701 ( 1) $a Pérennou $b Marie $4 007 $f 1946-.... 210 ( ) $c La Martinière $a Paris $d 1997 |
Encadré 7. «La métamorphose des fleurs », extrait de la description bibliographique au format UNIMARC de la BnF (http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb361876293/UNIMARC)
2001 $aˆLa métamorphose des fleurs$bTexte imprimé$f[texte et photogr. de] Claude Nuridsany et Marie Pérennou 210 $aParis$cLa Martinière$d1997$e27-Évreux$gImpr. Kapp-Lahure-Jombart 215 $a143 p. dont 4 dépl.$cill. en coul., jaquette ill. en coul.$d30 cm 606 $311976152$a Fleurs$311975813$x Ouvrages illustrés$2rameau 686 $a58 $2Cadre de classement de la Bibliographie nationale française 700 |$311917955$aNuridsany$bClaude$f1946-....$4070 701 |$311919113$aPérennou$bMarie$f1946-....$4070 801 0$aFR$bBNF$c19971118$gAFNOR$2intermrc |
La zone UNIMARC 200 correspond à la zone du titre et de la mention de responsabilité de l’ISBD. Elle est composée de plusieurs sous zones : $a Titre propre, $b Indication générale du type de document, $c Titre propre d’un autre auteur, $d Titre propre parallèle, $e Sous titre, complément du titre, $f 1ère mention de responsabilité, $g mention de responsabilité suivante (Cazabon, 1999 : p. 55). Comparons alors les données de la zone 200 produites par PMB (Encadré 6) et celles de la même zone produites par la BnF pour le même document, au format UNIMARC (Encadré 7).
La zone 200 de l'UNIMARC de PMB (Encadré 6) ne comporte que le sous-champ $a; la mention [texte imprimé] qui apparaît dans le format ISBD de l’OPAC n'est même pas présente alors que la sous zone $b de la zone 200 de l'UNIMARC est prévue pour l'accueillir ; la première mention de responsabilité (sous-zone $f) n’est pas présente, les subséquentes non plus. Cependant, l'affichage ISBD de la même référence par PMB (Encadré 3) semble fournir l'information sur la mention de responsabilité. Remarquons au passage que les deux auteurs du document décrit ont chacun une entrée dans les champs UNIMARC 700 et 701 (les vedettes) aussi bien dans le format UNIMARC de PMB (Encadré 6) que dans celui de la BnF (Encadré 7). Rappelons que c’est la référence de l’Encadré 7 qui a été importée dans PMB pour donner celle de l’Encadré 6. De l’information a été perdue lors de la récupération des données par PMB : la zone Mention de responsabilité a été occultée ; les vedettes, contenu dans des zones UNIMARC 700 et 701, ont été utilisées par PMB pour générer la mention de responsabilité dans l'affichage ISBD (Encadré 3).
Commentaires
Il est évident que si nous élargissons notre analyse à d'autres champs de PMB(11), nous mettrons à jour d'autres insuffisances. Par exemple, le programme n’offre aucune possibilité de choisir les indicateurs d’une zone MARC : il les génère lui-même lors de l’exportation ; or la valeur de l’indicateur devrait être appréciée par le catalogueur en fonction du document en cours de description et des orientations du système d’information. Il en résulte que la sortie produite de cette manière ne peut pas toujours convenir.
Les insuffisances relevées sont les conséquences de choix opérés par les concepteurs du logiciel, à savoir, lier certains champs à un fichier d’autorité, et ne pas du tout prévoir certains autres champs comme la saisie de la mention de responsabilité relative à l’édition. Ainsi par exemple, les champs Auteur principal, Autre(s) auteur et Auteur(s) secondaire(s) (relevant de la rubrique Responsabilité dans la grille de catalogage de PMB) qui sont alimentés par le fichier d’autorités Auteurs servent à la fois dans l’établissement de la vedette auteurs et dans la mention de responsabilité de l’ISBD; dans ce dernier cas particulièrement, l’élément d’entrée et l’élément rejeté fournis dans le fichier d’autorité Auteurs sont simplement permutés pour l'établissement du contenu de la mention de responsabilité. Or, les règles d’extraction et de présentation de la mention de responsabilité et de vedette sont différentes, même si ce sont les mêmes informations qui sont exploitées. C’est ce qui explique les « qualificatifs de fonction et de date » (AFNOR, NF Z 44-061, point 2.1.3) qui accompagnent les noms d’auteurs dans le format ISBD de PMB alors qu'ils sont normalement nécessaires dans la vedette. Cela explique également l’absence des sous-zones relatives aux mentions de responsabilités dans le format MARC produit par PMB. Alors que l’ISBD distingue une zone Titre et mention de responsabilité qui s’identifie à une zone unique dans le MARC (200 pour UNIMARC et 245 pour MARC 21) subdivisée en sous-zones, PMB éclate ce champ entre deux rubriques Titre d’une part et Responsabilité de l’autre.
L’affichage dans PMB d’une notice importée avec le module Z39.50 à partir du catalogue de la BnF a révélé que lors du transfert des données, certaines informations ont été perdues. C’est une preuve que les insuffisances, objet de l’article, ne sont ni liées à la qualité de la description bibliographique ni à une personnalisation du logiciel.
L’ISBD est un ensemble de recommandations de l’IFLA fixant les éléments de description bibliographiques, leur présentation, leur ordre ainsi que la ponctuation devant les introduire (Cazabon, 1999, p. 22; Groupe Intermac, 1975, p. 7). Le format ISBD est utile dans la production de catalogue imprimé ou sur fiches et ôte les barrières de langues (Cazabon, 1999, p. 22) ; le MARC permet l’échange de données bibliographiques entre services d’information sans nécessité d’avoir un même système informatique. Les conséquences des insuffisances relevées s’observent aussi bien sur le système d’information et de documentation que sur les utilisateurs. Sur le système d’information et de documentation, l’utilisation de PMB induit i) l'impossibilité d'échanger des données avec des services d'information et de documentation qui n'utilisent pas PMB ou qui ne disposent pas d'un serveur Z39.50, ii) l’impossibilité de produire un catalogue ou une bibliographie conforme aux normes, et iii) le manque de précisions dans la description bibliographique. Pour l'utilisateur des services d'information et de documentation, le manque de précisions dans la description bibliographique ne permet pas d'apprécier la pertinence du document décrit à partir de sa notice bibliographique fournie par PMB. Le lecteur devra alors attendre d'obtenir physiquement le document avant de pouvoir juger. A titre d'illustration, la référence en Encadré 5 importée dans PMB ne peut pas comporter l'information qu'il s'agissait de la cinquième édition revue et augmentée et mise à jour par Edouard Morot-Sir et Paule Levert, parce que justement, PMB n'a pas prévu de champ pour contenir l'information sur la mention de responsabilité relative à l'édition.
PMB ne permet donc pas certaines subtilités du catalogage qui apportent pourtant de la précision à l'information bibliographique; car cataloguer un document, c'est en faire la carte d'identité. Dans ces conditions, on peut légitimement se poser la question "Quels bibliothèques ou centres de documentation peut utiliser de façon satisfaisante PMB ?". La réponse pour nous est évidente : une bibliothèque qui à l'obligation de respecter les normes professionnelles de description bibliographique et de communication de données bibliographiques entre systèmes informatiques ne peut se satisfaire de l'utilisation de PMB. Il est utile de souligner que PMB est un logiciel simple d'installation et offre une facilité relative d'utilisation; il n'exige pas de moyens matériels, humains ou financiers énormes et peut bien convenir aux petites bibliothèques de type scolaire et de lecture publique qui n'ont pas besoin d'une description approfondie et professionnelle de documents. Evidemment, en cas d'une législation sur les bibliothèques qui exige un certain niveau de description bibliographique et un format de communication de données bibliographiques entre systèmes informatiques, ces bibliothèques ne seront plus en mesure d'adopter PMB; il en est de même si elles doivent appartenir à des réseaux pour la mise en commun ou l'échange de données. Ce n'est cependant pas l'avis des promoteurs qui soutiennent que PMB s'utilisent dans tous les types de bibliothèques, même universitaires, et sur tous les continents(12); ils tiennent d'ailleurs à jour une liste des utilisateurs(13). Nous estimons qu'il ne nous revient pas de décréter quel type de bibliothèque peut utiliser ou non tel ou tel programme. Notre article vise simplement à attirer l'attention.
Conclusion
Au regard des remarques faites ci-dessus, il apparaît que les services d'information et de documentation, comme les bibliothèques nationales ou universitaires, qui ont l’obligation de produire des notices bibliographiques en ISBD ou en MARC du fait de leur fonction ou des réseaux auxquels ils appartiennent ou sont appelés à appartenir, ne peuvent se satisfaire de l'utilisation du logiciel PMB. Les insuffisances relevées ont des conséquences aussi bien sur la bibliothèque ou centre de documentation que sur les utilisateurs de ses services. La solution réside dans la mise à disposition d’une grille de catalogage conforme au MARC. En effet, les zones du MARC sont assez détaillées en sous-zones pour convenir à l’ISBD (Hopkinson, 1996) ; et l’ISBD prévoit toutes les informations nécessaires à l’identification d’un document sans équivoque. Par ailleurs, une fois la structure initiale de la base de données définie, il est possible de produire autant de grilles de catalogage qu’exigent les besoins de la bibliothèque utilisatrice du logiciel, des grilles les plus légères ou simples aux plus complètes.
Bibliographie
AFNOR. Voir Association Française de Normalisation
ASSOCIATION FRANÇAISE DE NORMALISATION. Documentation : catalogage des monographies : rédaction de la description bibliographique. Paris : AFNOR, 1989. Normalisation française, NF Z 44-050.
ASSOCIATION FRANÇAISE DE NORMALISATION. Documentation : catalogage : forme et structure des vedettes noms de personne, des vedettes titres, des rubriques et de classement et des titres forgés. Paris : AFNOR, 1988. Normalisation française, NF Z 44-061.
CAZABON, Marie Renée. UNIMARC : manuel de catalogage. Paris : Cercle de la Librairie, 1999. 444 p. (Collections Bibliothèques).
DUCHEMIN, Pierre-Yves. L'art d'informatiser une bibliothèque : guide. Paris : Cercle de la Librairie, 1996. 424 p. (Collections Bibliothèques).
GORMAN, Michael et WINKLER, Paul W. Règles de catalogages anglo-américaines. 2ème édition. Montréal : ASTED, 1980. 935 p.
GROUPE INTERMARC. INTERMARC (M) ; format bibliographique d’échange pour les monographies : manuel. Paris : Groupe INTERMARC, 1975. 132 p.
HOPKINSON, Alan. Problems of implementing ISO 2709 formats on CDS/ISIS. 1996. URL : http://www.gpntb.ru/win/inter-events/crimea96/report/DOC1/63.html (consulté le 10.10.2011).
JACQUESSON, Alain. L'informatisation des bibliothèques : historique, stratégie et perspectives. Paris : Cercle de la Librairie, 1995. 362 p. (Collections Bibliothèques).
LAC-BAC. Voir Library and Archives of Canada – Bibliothèque et Archives du Canada.
Library and Archives of Canada – Bibliothèque et Archives du Canada. Les formats MARC 21 : contexte et principes [en ligne]. http://www.marc21.ca/040010-241-f.html (consulté le 17.10.2011).
MEGNIGBETO, Eustache. Mon compte rendu et mes commentaires : Forum d'échanges sur l'enjeu de l'Open-Source dans la gestion de l'Information et du Document. In : ADADB [liste de diffusion]. 06.12.2010. http://fr.groups.yahoo.com/group/adadb/message/5160 (consulté le 12.10.2011).
Notes
(1) Nous parlons de « formats MARC » pour désigner tous les formats issus du MARC originel comme les MARC nationaux, INTERMAC, UNIMARC, et le MARC21.
(2) PMB SERVICES. PMB Services [en ligne]. http://www.pmbservices.fr (consulté le 03.10.2011).
(3) En décembre 2008 où cette étude a été initiée, la dernière version stable disponible du PMB est la 3.1.27 d'avril 2008. Les observations objet de cet article sont encore valides pour la version 3.4.10 de 2010.
(4) PMB SERVICES. Wiki des utilisateurs de PMB. http://www.sigb.net/wiki_new/wikka.php?wakka=SitesPMB. (Consulté le 12 octobre 2011). Et aussi PMB Belgian user group. Quelques catalogues belges en ligne avec PMB [en ligne]. http://www.patch-works.be/_pmb/?q=node/13 (consulté le 18.10.2011.
(5) NURIDSANY, Claude et PERENNOU, Marie. La métamorphose des fleurs. Paris : La Martinière, 1997. 143 p.
(6) BIBLIOTHEQUE NATIONALE DE FRANCE. BnF catalogue général : recherche simple[en ligne]. http://catalogue.bnf.fr (consulté le 20.01.2009).
(7) Cf. Cazabon, 1999, p. 15-30; Groupe INTERMAC, 1975, p. 5-14; Gorman, 1980, p. IX-XIX.; Jacquesson, 1995, p. 117-128; Duchemin, 1996, p. 143.
(8) Egalement, l’affichage ISBD n’était pas bien observée lorsqu’il y a plusieurs éditeurs ; mais, une conformité a été notée dans les versions 3.4.10 et 3.4.4.
(9) Cela découle de la « philosophie des données bibliographiques » relatives aux principes généraux d’un format tels qu’énoncés dans le manuel d’INTERMARC : « Il n’est pas question de passer de l’ISBD au format MARC mais l’inverse » (Groupe INTERMARC, 1975, p. 13)
(10) Nous désignons sous ce vocable la présentation d'un enregistrement sous la forme d'un tableau où la première colonne contient les étiquettes de zones, la seconde les indicateurs et la troisième les contenus de champs; chaque zone tient sur une ligne.
(11) Il n'y a pas, par exemple, de champs prévus dans PMB pour la mention de responsabilité relative à la collection.
(12) Propos tenus par Eric Robert et Florent Tetard, respectivement Directeur général et Directeur technique de PMB Services, lors du panel organisé le 9 novembre 2010 à l'occasion du "Séminaire international de formation sur le PMB", tenu à Abomey-Calavi (République du Bénin), du 8 au 11 novembre 2010.
(13) PMB SERVICES. Wiki des utilisateurs de PMB. http://www.sigb.net/wiki_new/wikka.php?wakka=SitesPMB. (Consulté le 12 octobre 2011). Et aussi PMB Belgian user group. Quelques catalogues belges en ligne avec PMB [en ligne]. http://www.patch-works.be/_pmb/?q=node/13 (consulté le 18.10.2011).
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Un style de citation standard pour Zotero
Ressi — 1 décembre 2011
Laure Mellifluo, Haute Ecole de Gestion, Genève
Michel Hardegger, responsable de l'Infothèque, Haute Ecole de Gestion, Genève
Raphaël Grolimund, Bibliothèque de l'EPFL
Résumé
Un projet collaboratif (HEG-EPFL) a permis de créer un style de citation basé sur la norme ISO 690 et utilisable par Zotero, excellent logiciel de gestion de références bibliographiques. Ce style, utile pour les étudiants, n’existait pas encore. Il est désormais disponible pour tous!
Un style de citation standard pour Zotero
Intoduction
Zotero est enseigné depuis quelques années dans la filière Information documentaire (ID) de la Haute école de gestion de Genève (HEG). D’autre part, l’Infothèque de la HEG fournit un guide de rédaction des citations et des références bibliographiques inspiré de la norme ISO 690, repris par nombre d’autres Hautes écoles spécialisées (HES) en Suisse romande. Nous avons développé le style de citation pour Zotero basé strictement sur la norme ISO 690.
Le travail réalisé est le résultat d’une collaboration entre la filière ID de la HEG de Genève, l’Infothèque de la HEG et la Bibliothèque de l’EPFL.
Qu’est-ce que Zotero ?
Zotero est un logiciel de gestion de références bibliographiques au succès grandissant (Duong 2010). Ce type de logiciels permet de créer, de trier, de réutiliser et d’exporter des références bibliographiques quel que soit leur support (livre, article de revues, page web, carte, film...). Ces outils sont très utiles aux étudiants et aux chercheurs qui doivent documenter et référencer leurs recherches. (ANON. 2011)
Zotero est un module d’extension pour Firefox, qui permet de créer des bibliographies en quelques clics de souris sans quitter son navigateur. Lorsqu’on se trouve sur la page de résultats d’un catalogue de bibliothèque ou d’une base de données compatible avec Zotero, une icône apparaît dans la barre d’adresse du navigateur. Cette icône représente un livre, un article, etc. selon le type de document présenté sur la page web. Un clic sur cette icône ajoute la référence dans sa bibliothèque Zotero personnelle. Depuis peu, Zotero est également compatible avec les navigateurs Chrome et Safari (Roy Rosenzweig Center for History and New Media 2011a).
Des barres d'outils pour Word ou OpenOffice/LibreOffice permettent de faire appel à ses références sans quitter le traitement de texte. Il est ainsi possible d’insérer des citations dans le texte qu’on est en train de rédiger et d’insérer la bibliographie en fin de document. Ces ajouts sont automatiquement mis à jour si une référence est corrigée dans la bibliothèque Zotero.
Si on ajoute à ces fonctionnalités la gratuité de l'outil et sa licence libre AGPLv3 (Free Software Foundation 2007), Zotero peut parfaitement concurrencer les logiciels propriétaires tels que EndNote, RefWorks ou Mendeley.
Pourquoi ISO 690 ?
Lors de son installation, Zotero propose une quinzaine de styles bibliographiques par défaut, mais il est possible d'en ajouter de nombreux autres. Les styles déterminent à la fois la mise en forme des citations dans le texte et de la bibliographie en fin de document. À ce jour, 1763 styles sont répertoriés dans le dépôt officiel (Roy Rosenzweig Center for History and New Media 2011b). Ces styles correspondent le plus souvent à ceux demandés par des revues scientifiques spécifiques. Toutefois, un style qui n’est pas lié à une revue scientifique particulière est préférable pour les travaux d’étudiants.
S'il existe des styles génériques comme celui du Chicago Manual of Style ou de l'American Psychological Association (APA), on ne trouve aucun style complet basé sur la norme ISO 690 pour la rédaction des références bibliographiques (Organisation internationale de normalisation 2010). De plus, rares sont les styles qui permettent la création de bibliographies commentées et/ou adaptés à un contexte francophone. Nous avons donc décidé de proposer cette possibilité dans le style ISO 690.
Zotero et Citation Style Language (CSL)
La création de styles Zotero n’est pas simple. Ces styles prennent la forme de fichiers .csl (Zelle 2010). Le Citation Style Language est un format XML spécifique pour la mise en forme de bibliographies. Il est indépendant de Zotero. D'autres logiciels de gestion de références bibliographiques comme Mendeley utilisent aussi les styles CSL. Actuellement, il n'existe aucune application permettant de créer des styles selon la spécification CSL à l'aide d'une interface graphique et intuitive. Il faut passer par la lecture de la spécification CSL et le codage à la main. C’est sans doute pour cela qu’un style ISO 690 complet n’est pas encore disponible.
Nous avons décidé de créer quatre styles CSL en respectant au plus près la norme ISO 690, pour laisser le choix aux utilisateurs de choisir celui correspondant le mieux à son contexte :
● un style auteur-date en français
● un style numérique en français
● un style auteur-date en anglais
● un style numérique en anglais
Un style auteur-date présente les citations dans le texte comme illustré dans la Figure 1.
Figure 1: Exemple de citation et de bibliographie avec le style ISO 690 auteur-date.
La bibliographie présente les références citées dans l’ordre alphabétique des auteurs.
À l’inverse, un style numérique numérote les citations dans le texte (voir Figure 2).
Figure 2: Exemple de citation et de bibliographie avec le style ISO 690 numérique.
La bibliographie présente les références citées dans l’ordre croissant, qui correspondent à leur ordre d’apparition dans le texte. La norme ISO 690 laisse le choix entre ces deux styles. Nous avons donc créé les deux.
Tous les styles créés permettent de réaliser des bibliographies commentées avec résumé de l'auteur, cote, localisation et commentaires personnels de l'utilisateur. Si un champ n’est pas rempli dans Zotero, il n’apparaît simplement pas dans la bibliographie.
Une petite précision est nécessaire sur ce point. Il existe plusieurs manières de créer une bibliographie depuis Zotero. La plus simple est le glisser-déposer. Après avoir sélectionné les références désirées, il suffit de les glisser et de les déposer dans un traitement de texte ouvert (Microsoft Word ou OpenOffice.org). Il est également possible de sélectionner des références, de créer une bibliographie (sauvée dans le presse-papier) et de la coller dans un document.
La dernière possibilité implique l’installation d’un autre module destiné au traitement de texte. Le module permet à ce dernier de dialoguer avec Zotero. Il est alors possible de créer la bibliographie en appelant les références présentes dans Zotero directement depuis le traitement de texte. Ce module permet également d’insérer des citations dans le texte lors de la rédaction d’un texte (voir Figure 3).
Figure 3: Fenêtre d’ajout d’une citation dans Word 2007.
Le style de citation est appelé quelle que soit la méthode choisie.
Droits d’utilisation
Comme la plupart des styles CSL, les 4 styles créés sont placés sous licence Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 (Creative Commons Corporation s.d.). L’adaptation de ces styles à un contexte particulier est donc possible. Toute collaboration est la bienvenue.
Des difficultés cachées
Les styles CSL se présentent sous la forme de fichiers XML composés de cinq :
● « info » : ce groupe contient des informations générales sur le style, ses créateurs, les droits associés, etc.
● « locale » : dans cet ensemble, les termes spécifiques sont déclarés dans la langue choisie, pour les utiliser ensuite pour l'affichage dans la bibliographie (par ex. « ANON. » pour un ouvrage anonyme)
● « macro » : les éléments créés ici sont ensuite réutilisés pour la mise en forme de la bibliographie et limiter ainsi les redondances
● « citation » : cette partie permet de déterminer les éléments qui seront utilisés pour les citations dans le texte (auteur-date ou numérique)
● « bibliography » : les différents éléments qui constitueront la bibliographie sont placés ici, en fonction des types de documents, en faisant appel aux macros créées plus haut.
Si cela peut paraître simple au premier abord, de nombreux problèmes ont été surmontés pour arriver au résultat actuel. Quand le projet a débuté en janvier 2011, Zotero utilisait encore la version 0.8 des styles CSL. La migration pour la version 1.0 étant alors déjà prévue par Zotero avec le passage de la version 2.0 à 2.1 du logiciel, nous avons décidé de commencer immédiatement le développement en CSL 1.0. Il existait alors peu de styles CSL en version 1.0 sur lesquels se baser pour débuter le travail. De nombreuses erreurs dans les premières versions des styles IS0 690 provenaient d'éléments copiés depuis des styles en version CSL 0.8 et invalides en CSL 1.0.
Une fois ce point maîtrisé et Zotero enfin officiellement migré vers la version 2.1 (supportant CSL 1.0), tout aurait dû fonctionner pour le mieux. C'est alors l’interprétation de la spécification CSL par Zotero qui a posé problème. Les styles ISO 690 ont été développés en se référant minutieusement à la spécification CSL 1.0 et aux exemples qu'elle fournit. Cependant, Zotero n'interprète pas encore correctement toutes ces règles lors de la création de bibliographies. Il a donc fallu trouver des parades pour respecter la spécification tout en obtenant le résultat final voulu.
Ce problème s'est posé notamment pour le nom de l'auteur. La norme ISO 690 prévoit que le nom de famille de l'auteur soit affiché en majuscules et son prénom en minuscule. Cela est possible avec les styles CSL 1.0, mais, pour une raison inconnue, n'est pas interprété correctement par Zotero lors que ce nom est intégré dans une macro complexe.
La solution a été de créer plusieurs petites « macro-filles » pour l'auteur, l'éditeur et le traducteur et de les regrouper dans une « macro-mère » qui affiche la responsabilité du document (voir Figure 4).
Figure 4: La mise en forme est définie dans les “macros-filles” (author, editor, translator) et le choix de la “macro-fille” à afficher est déterminé dans la “macro-mère” (responsability).
Il est en principe possible d'obtenir la mise en page suivante :
Figure 5: Style de citation numérique tel qu’il devrait s’afficher.
Cependant, Zotero n'interprète pas correctement les informations du style CSL et, dans la plupart des cas, le résultat obtenu est le suivant :
Figure 6: Style de citation numérique tel qu’il s’affiche.
Aucune solution de contournement n’a encore été trouvée à ce jour. Il convient de mentionner que seule la création de bibliographie par glisser-déposer souffre de ce défaut. En utilisant le module pour traitement de texte, tout fonctionne bien. Les autres styles numériques (IEEE, par exemple) rencontrent d’ailleurs le même problème.
Comme cela concerne le logiciel et non notre style, nous n’avons pas tenté de résoudre le problème. Une prochaine mise à jour de Zotero apportera sans doute la correction nécessaire.
Bien que la plupart des difficultés rencontrées aient été d'ordre technique, la norme ISO 690 a également été source de questionnements. Cette dernière reste très générale et laisse souvent le choix. Pour les conférences, la norme énonce par exemple que « si des conférences régulières sont tenues sous le même titre, il peut s'avérer nécessaire d'ajouter la date et le lieu de la conférence à titre de précision » (Organisation internationale de normalisation 2010, p. 13). Lorsque nous avons rencontré des formules similaires dans la norme, nous avons décidé de nous baser sur les exemples fournis dans les annexes de la norme pour trancher.
Finalement, la principale difficulté à laquelle nous n’avons pas pu apporter de solution réside dans la non concordance stricte entre Zotero, CSL et ISO 690. Ainsi, des éléments présents dans la norme CSL (Zelle 2010) ne trouvent pas toujours leur place dans Zotero (et inversement). De même, par exemple, Zotero ne connaît pas la notion de site web telle que la norme ISO 690 la mentionne, mais seulement celle de page web. Ces lacunes contraignent les utilisateurs à contrôler, à modifier et à compléter certaines notices.
La clé de la réussite
La finalisation et la publication des quatre styles a été un travail d'équipe. Élaborer ces fichiers à trois a permis de réduire la charge de travail pour chacun. Le partage des tâches et les discussions que nous avons eues ensemble nous ont permis de confronter nos différentes visions afin de surmonter les problèmes rencontrés et d’avancer dans le projet.
Pour simplifier les corrections, le travail a commencé sur le style auteur-date en français uniquement. Ensuite, à partir du moment où celui-ci a été suffisamment complet et utilisable, nous avons créé le style numérique en français. Ce n’est qu’une fois tous les tests et corrections validés que nous avons dupliqué les styles pour les traduire en anglais. Ainsi, à chaque fois qu’un problème était décelé, il n’a fallu corriger qu’un, puis deux fichiers, et non quatre.
Toujours dans le but de faciliter les modifications et de permettre à d’autres de comprendre le travail réalisé pour l’adapter à leurs besoins, nous avons codé ces fichiers CSL en évitant les raccourcis ou les abréviations. Nous avons également indenté le fichier XML pour une meilleure lisibilité. Ainsi, même dans un fichier de plus de 500 lignes, nous n’avons pas éprouvé de difficulté à retrouver les éléments.
Enfin, quand nous nous sommes posé des questions au sujet de la mise en forme de la bibliographie, nous avons toujours orienté notre choix vers une correspondance maximale à la norme ISO 690, même si cela allait à l’encontre des principes bibliothéconomiques auxquels nous sommes habitués. Nous avons ainsi par exemple décidé de ne pas mentionner le nombre de page pour une monographie, comme le recommande la norme, alors que cette donnée est toujours mentionnée dans les catalogues de bibliothèques.
Et maintenant ?
Ces styles ont été testés de manière intensive par plusieurs personnes, et sont maintenant disponibles dans le répertoire officiel des styles de Zotero: http://www.zotero.org/styles (Roy Rosenzweig Center for History and New Media 2011b). Cependant, il reste sans doute des cas de figure que nous n’avons pas étudiés. Si les problèmes rencontrés dans ces situations sont liés à notre fichier, une mise à jour des styles pourra s’avérer nécessaire.
De même, si la spécification CSL 1.0 est mise à jour, nous aurons certainement des modifications à apporter à ces styles.
Il en va de même pour la norme ISO 690. Si elle devait évoluer, les styles que nous avons créés devraient suivre cette évolution. Mais cela est moins probable.
Il reste un aspect sur lequel nous n’avons et n’aurons aucune prise: l’importation des données par Zotero. Nous rappelons donc que lors de l’ajout d’une référence dans Zotero, il convient de vérifier toutes les informations (auteur, titre, etc.). Si ces données sont correctes, la suite ne posera pas de problème. Si la référence contient une erreur, il suffit de la corriger.
D’autre part, les styles créés ne résolvent pas cent pour cent des cas de présentation des références bibliographiques, notamment pour certaines ressources comme les CD-ROMs ou les sites web, mais ils assurent une correspondance avec la norme ISO 690 dans la plupart des situations habituelles. Nous sommes limités par les possibilités de Zotero et de la spécification CSL. Dans ces cas, les particularités bibliographiques doivent être corrigées dans le traitement de texte.
Il convient donc de rendre attentifs les utilisateurs de Zotero et des styles ISO 690: il est nécessaire qu’ils vérifient leurs références lors de l’importation dans Zotero et qu’ils relisent leur bibliographie dans le traitement de texte pour obtenir un résultat correspondant en tous points aux exigences de la norme ISO 690.
Bibliographie
(créée selon le style ISO 690 auteur-date français pour Zotero)
ANON., 2011. Logiciel de gestion bibliographique. In : Wikipedia [en ligne]. [Consulté le 3 novembre 2011]. Disponible à l’adresse : http://fr.wikipedia.org/wiki/Logiciel_de_gestion_bibliographique
CREATIVE COMMONS CORPORATION, s.d. Attribution-ShareAlike 3.0 Unported (CC BY-SA 3.0). In: Creative Commons [en ligne]. [Consulté le 18 août 2011]. Disponible à l’adresse: http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/
DUONG, Khue, 2010. Rolling out Zotero across campus as a part of a science librarian’s outreach efforts. In: Science & Technology Libraries. S.l. Vol. 29, n° 4, pp. 315-324. DOI 10.1080/0194262X.2010.523309.
FREE SOFTWARE FOUNDATION, 2007. GNU Affero General Public License. In: GNU Operating System [en ligne]. 19 novembre 2007. [Consulté le 17 août 2011]. Disponible à l’adresse: http://www.gnu.org/licenses/agpl.html
ORGANISATION INTERNATIONALE DE NORMALISATION, 2010. Information et documentation: principes directeurs pour la rédaction des références bibliographiques et des citations des ressources d’information = Information and documentation: guidelines for bibliographic references and citations to information resources. 3e éd. 2010-06-15. Genève : ISO.
ROY ROSENZWEIG CENTER FOR HISTORY AND NEW MEDIA, 2011a. Standalone Zotero Alpha. In: Zotero [en ligne]. 9 juin 2011. [Consulté le 17 août 2011]. Disponible à l’adresse: http://www.zotero.org/support/standalone
ROY ROSENZWEIG CENTER FOR HISTORY AND NEW MEDIA, 2011b. Zotero style repository. In: Zotero [en ligne]. 2011. [Consulté le 17 août 2011]. Disponible à l’adresse: http://www.zotero.org/styles
ZELLE, 2010. Citation Style Language 1.0: language specification. In: CitationStyles.org [en ligne]. 30 mai 2010. [Consulté le 17 août 2011]. Disponible à l’adresse: http://citationstyles.org/downloads/specification.html
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PMB à la Bibliothèque municipale de Morges
Ressi — 18 juillet 2009
Luc Jolidon, responsable de la Bibliothèque municipale de Morges
Résumé
Depuis janvier 2008, la Bibliothèque municipale de Morges utilise le logiciel PMB (logiciel open source). Nous avons pu transférer toutes nos données depuis notre ancien logiciel (OPSYS version 8.21). Le prix très avantageux de l'offre PMB, ainsi que la bonne qualité du logiciel, ont été des éléments déterminants dans notre choix. La société PMB Services s'est occupée de l'installation, du transfert des données et de la formation. Le "noyau" du logiciel (prêt, catalogage, recherche) fontionne bien. Nous avons par contre encore quelques petits problèmes avec les éditions et statistiques (nous sommes pour cela entièrement dépendants de PMB Services, qui n'a malheureusement que peu de temps à nous consacrer). Mais nous espérons que ces problèmes pourront être résolus à l'avenir, et, après seize mois d'utilisation, nous devons constater que la solution PMB répond assez bien à nos besoins.
PMB à la Bibliothèque municipale de Morges
1. Les raisons de notre choix
1.1. Présentation de la bibliothèque et contexte du projet
A fin 2006 notre bibliothèque comprend environ 30'000 documents: livres et revues, CD et DVD. Ces collections sont réparties sur deux étages (Section adultes et Section jeunesse). Il y a environ 2'600 usagers actifs qui empruntent chaque année un peu plus de 100'000 documents. Nous disposons de 10 PC, dont 2 réservés à la consultation du catalogue en ligne par le public. Le serveur est installé au Service informatique communal. En cas de forte affluence, nous enregistrons jusqu'à 150 prêts par heure et par PC.
La première automatisation a eu lieu en 1993. Le choix s'était alors porté sur le logiciel OPSYS, dont la dernière mise à jour a été effectuée en 1999 (version 8.21). Ce logiciel fonctionnait correctement, mais:
- il était installé sur un vieux serveur Windows NT 4.0 qui nous a posé quelques problèmes;
- il ne permettait pas la consultation du catalogue via Internet, une fonction que nous souhaitions offrir à notre public.
Ce logiciel n'était plus développé par la société OPSYS, qui propose à ses clients de migrer sur son nouveau logiciel Aloès. Mais cette migration a un coût (installation, formation) non négligeable. Après l'acceptation du crédit de ré-informatisation par le Conseil communal, nous avons lancé un appel d'offre public sur invitation; en y incluant une offre "open source".
1.2. Préparation de l'appel d'offres
Le responsable du projet était Monsieur Philippe Broccard, Chef du Service informatique de la ville de Morges. Le soussigné, responsable de la Bibliothèque, a pu participer à toutes les étapes du projet. Nous avons notamment défini des critères d'évaluation avec pondérations:
# | Critère | Pondération en % |
---|---|---|
1 | Montant et crédibilité du prix | 20 |
2 | Récupération des données existantes | 17 |
3 | Capacité du logiciel à répondre aux exigences techniques | 19 |
4 | Evaluation du logiciel | 11 |
5 | Compétence de la société dans le domaine | 13 |
6 | Qualité des prestations du service après-vente | 9 |
7 | Délais d'installation et de configuration | 6 |
8 | Organisation mise en place par le soumissionnaire pour l'exécution du marché | 4 |
9 | Présentation et qualité de l'appel d'offre et de la documentation technique | 1 |
100% |
Chaque point, et en particulier le point 3 (exigences techniques), a été développé en une série de questions. L'ensemble de ces critères a été envoyé avec l'appel d'offres aux cinq fournisseurs suivants:
- AGATE (logiciel Agate): cette société s'est retirée en cours de procédure par manque de disponibilité
- ALCODA (logiciel Netbiblio)
- ELSA (logiciel BiblioMaker)
- EPSILON (représentant en Suisse la société OPSYS, logiciel Aloès)
- PMB Services (logiciel open source PMB)
Il faut relever que c'est grâce à un article paru dans la revue RESSI ("Le pingouin bibliothécaire", RESSI no 2, août 2005) que notre pré-choix d'un logiciel libre s'est porté sur la société PMB.
1.3. Examen des offres reçues
Nous avons examiné en détail les 4 offres, sur la base des documents reçus. Chaque fournisseur est venu présenter une démonstration à Morges. Nous avons également pris contact avec d'autres utilisateurs de ces logiciels. M. Broccard a préparé un tableau comparatif très détaillé avec les différents critères et questions.
Le logiciel PMB est ressorti au premier rang du tableau comparatif. En effet:
- D'un point de vue financier, ce logiciel est très nettement moins cher que les autres, puisqu'il n'y a aucune licence à payer. Les coûts ne concernent donc que des prestations de service (migration des données, installation et configuration du système, formation des utilisateurs).
- La migration de la base de données comportait un risque plus élevé qu'avec la solution Aloès. Nous avons toutefois jugé que ce risque était acceptable du fait qu'une ancienne collaboratrice (formatrice) d'OPSYS travaille pour PMB; en outre ce logiciel utilise à la base le même format de données qu'OPSYS (norme UNIMARC).
- Concernant les exigences techniques, nous avons jugé que PMB satisfaisait nos besoins, bien qu'il soit légèrement inférieur à la solution Aloès.
- Lors de la démonstration, nous avons été séduits par la simplicité d'utilisation, l'aspect graphique très logique et convivial de la solution PMB. Nous ne sommes pas parvenus à "piéger" les représentants de cette société malgré nos questions très pointues sur certains aspects (notamment la structure notices/exemplaires et les cas de réservations avec plusieurs exemplaires et plusieurs réservants).
- Le logiciel PMB est implanté dans environ 150 sites connus de PMB Services (donc non-compris les téléchargements libres), mais il n'y a que très peu d'utilisateurs en Suisse, et aucun comparable à notre bibliothèque: nous avons donc pris le risque d'être la première bibliothèque publique de cette importance à utiliser toutes les fonctions du logiciel. Nous avons pris contact notamment avec les bibliothèques suivantes (toutes en France):
- Montereau-Fault-Yonne (Seine et Marne): environ 45'000 titres, sur deux sites, mais ils n'utilisaient pas encore les fonctions de prêt (1ère informatisation).
- Eckbolsheim (banlieue de Strasbourg), commune de 5'900 habitants. La bibliothèque possédait à cette époque environ 28'000 titres, mais ne faisait pas autant de prêts que Morges.
- Communauté de communes de Cognac (Charente): environ 10'000 documents répartis sur trois sites (Ars, Louzac et St-Brice).
- Le CNL (Centre national du livre, à Paris), qui a réalisé avec succès une migration depuis OPSYS 8.21 (mais ce n'est pas une bibliothèque publique).
2. Mise en route du nouveau logiciel
2.1. Migration de la base de données et formation des utilisateurs
Le choix de PMB a été accepté par la Municipalité en octobre 2007. Dès cette date nous avons été en contact avec PMB pour la mise au point de la migration. Nous avons eu la chance de pouvoir tester le système sur un nouveau serveur, tout en gardant en exploitation OPSYS 8.21 sur l'ancien serveur (qui a été mis hors service plus tard).
La Bibliothèque a été fermée pendant une semaine, du 17 au 21 décembre 2007. Pendant ces cinq jours nous avons accueilli M. Didier Bellamy de PMB Services pour:
- la formation de l'ensemble du personnel (sur une base de données de test);
- le paramétrage détaillé (et la formation du soussigné à l'administration du système);
- la préparation de la migration: plusieurs essais ont été effectués, et il s'agissait chaque fois pour nous de tester la qualité des données migrées et d'indiquer les corrections à apporter.
Après plusieurs tests suivis de corrections et adaptations, le système a été mis en exploitation le vendredi 11 janvier 2008.
Avec le recul, je pense que nous aurions dû consacrer plus de temps à cette phase délicate, et la séparer en deux phases distinctes:
- premièrement le paramétrage et la préparation de la migration (pendant 3 à 5 jours; comme cette phase ne concerne pas l'ensemble du personnel, on aurait pu pendant ce temps garder la bibliothèque ouverte);
- ensuite la formation du personnel pendant 3 à 5 jours (qui aurait été plus efficace sur une base de données provisoire mais avec nos données et "nos" paramètres).
2.2. Correction des problèmes créés par la migration
Pour différents problèmes "mineurs", nous avons estimé que les corrections pouvaient être apportées après la migration définitive. On trouvera ci-après la description des problèmes les plus importants.
Articles rejetés
Dans le système OPSYS, les articles rejetés étaient saisis entre parenthèses à la fin du sous-champ (titre propre, collection, etc.), et le logiciel les replaçait en tête dans les éditions ISBD. PMB fonctionne simplement avec une liste de mots-stop. PMB Services a pu adapter la base en remettant tous ces articles en tête des sous-champs. Quelques cas spéciaux ont dû être traités à la main, et nous avons dû renoncer à la subtile distinction entre "De" article ou préposition, mais il n'y a pas eu de réclamations ni du public ni des catalogueurs à ce sujet...
Plusieurs titres d'auteurs différents
Ce genre de cas, peu fréquent et utilisé surtout dans les documents sonores (différentes œuvres de différents compositeurs), était traité avec la fonction "tableau d'affectation" d'OPSYS, qui permettait de saisir en vrac tous les titres puis tous les auteurs, et de relier ensuite les bons auteurs aux bons titres dans les éditions ISBD. Ces cas n'ont pas pu être traités de manière 100% satisfaisante par PMB, qui prévoit dans ce genre de situation la création de notices filles. Nous devrons donc reprendre "à la main" 217 notices et les transformer en créant des notices filles.
Fonctions des auteurs secondaires
Les fonctions ("éd.", "réal.", "dir.", etc.) sont définies dans un fichier d'autorité avec un code UNIMARC et le libellé de la fonction. La migration a bien repris les codes UNIMARC (codes de 3 chiffres), mais nous n'avions pas les mêmes codes que PMB. Les codes PMB sont corrects, ce sont ceux qui continuent à être mis à jour par la Bibliothèque de France, gardienne de cette norme. Il s'est avéré que nous les avions un peu trop "bricolés"; d'autres codes manquent dans la liste UNIMARC, notamment pour les non-livres (instruments de musique, tessitures, fonctions du cinéma: réalisateur, etc.). Nous avons donc dû reprendre à la base cette liste de fonctions et PMB a pu adapter nos données selon nos souhaits; nous avons opté autant que possible pour les codes UNIMARC "officiels" et n'avons ajouté des codes personnalisés que si c'était impossible de faire autrement.
Vedettes matières et indexation décimale
Notre système de vedettes-matières ne rentrait pas dans le cadre standard de PMB, qui prévoit plutôt d'une part un système de mots-clés (non structurés et non contrôlés), et d'autre part des "catégories" et une indexation décimale structurées de manière hiérarchique. Nos vedettes-matières (de type Blanc-Montmayeur) n'étaient, pour des raisons historiques, que partiellement structurées en sous-champs (tête de vedette / sous-vedette). Nous avons finalement décidé de tout remettre "à plat" (sur un seul niveau), et nous avons perdu dans cette aventure quelques renvois "voir" ou "voir aussi".
Nous n'utilisons donc pas le champ des mots-clés. Nous avons créé trois "thésaurus" dans le champ des catégories, soit: les sujets, les centres d'intérêt et les genres (correspondant aux anciens champs 610, 901 et 902 d'OPSYS), sans utiliser la possibilité de créer des hiérarchies. Nous utilisons également le champ "Indexation décimale", également sans hiérarchie.
L'idéal serait bien entendu de verser toutes nos vedettes matières dans les mots-clés et de renoncer complètement au contrôle du vocabulaire. Mais pour cela il faudrait avoir une indexation décimale mieux structurée: nos indices n'ont jamais été définis dans le but d'être utilisés pour une recherche publique (indices différents d'une section à l'autre, pas de structure arborescente formalisée, pas d'index alphabétique). On s'y mettra peut-être le jour où nous n'aurons plus rien d'autre à faire...
2.3. Mise en route de l'OPAC
L'accès public au catalogue par Internet n'a pu être ouvert qu'en février 2009, plus d'une année après la migration. Ce retard est dû en partie aux difficultés rencontrées pour définir des règles d'accès au niveau du pare-feu communal. L'OPAC fonctionne bien et permet également aux usagers de consulter leur compte (liste des documents en prêt, etc.) et d'effectuer des réservations ou prolongations.
2.4. Adaptations demandées pour répondre à nos besoins
Plusieurs petits problèmes ont pu être réglés très rapidement. D'autres nous ont donné plus de fil à retordre mais sont maintenant résolus de manière satisfaisante.
Il faut relever que, de manière générale, nous devons toujours énormément insister et patienter pour obtenir du "sur-mesure". Nous n'avons pas le personnel disponible pour écrire nous-mêmes les requêtes SQL qui nous permettraient d'extraire des données selon des critères personnalisés: il faudrait pour cela maîtriser le langage SQL et surtout connaître toutes les tables de données, leur contenu et leurs liens.
Toutefois, étant donné les tarifs de maintenance très bas (moins de 1000 fr. par année), nous ne pouvons en aucun cas en vouloir à la société PMB Services. Ce serait vouloir le beurre et l'argent du beurre !
Confusion entre section et localisation
Au début de 2007, nous avons paramétré la base en ne créant que deux sections (adultes et jeunesse) et deux localisations (idem). Afin d'obtenir des statistiques détaillées de prêt et d'acquisition, nous avons constaté que ce n'était pas la bonne solution. PMB nous a écrit les requêtes nécessaires pour créer des sections plus détaillées en fonction du 1er caractère de la cote. Nous avons donc maintenant la situation suivante:
- La "localisation" PMB correspond en fait à nos sections: adultes (1er étage) et jeunesse (2e étage).
- La "section" PMB correspond à un "rayon" au sens large, un groupe de documents identifiés en gros par le début de la cote: les 9 classes de la CDU, les romans / romans policiers / romans fantastiques et de science-fiction, les documents sonores / audio-visuels, etc.
En partie à cause de cette confusion, nous avons eu beaucoup de peine à obtenir de PMB les requêtes nécessaires pour effectuer nos statistiques: ce n'est qu'après moult rapports, méls et téléphones que nous avons pu finalement (à fin décembre 2008 !) recevoir ce que nous voulions.
Cette structure localisation/section permet également d'utiliser la recherche arborescente de l'OPAC (on clique d'abord sur la localisation, puis sur la section).
Alertes sonores au prêt
OPSYS 8.21 n'émettait une alerte sonore qu'en cas de problème (exemplaires avec message, retours en retard, abonnements échus). Nous avons finalement renoncé à ces alertes sonores pour deux raisons:
- PMB ne pouvait activer l'alerte sonore que dans certains cas: nous avions donc le choix entre une alerte sonore systématique pour chaque prêt ou retour (avec des sons différents selon la gravité des cas), ou alors le silence total... D'autre part, il semble que ces alertes ralentissaient un peu les temps de réponse. Nous avons donc préféré le silence !
- Par contre le système affiche les messages d'alerte en gros et en rouge sur les écrans, et nous nous sommes plus ou moins habitués à ce système (mais il y a un risque d'erreur, par exemple pour les documents prêtés et qui comportent un message du type "annexe" ou "2 CD", etc.: dans ce genre de cas, si la personne au prêt ne regarde pas son écran et oublie de valider le message, le prêt n'est tout simplement pas enregistré).
Problèmes non résolus, adaptations non obtenues
Plusieurs problèmes ou adaptations demandés ne sont pas encore résolus à fin 2008:
- Lenteur des temps de réponse: par rapport à OPSYS, nous constatons que les temps de réponse sont légèrement plus lents. Ceci est dû semble-t-il au fait que PMB ne peut pas accorder de priorité aux transactions de prêts (ce qui était possible avec OPSYS). Le problème des temps de réponse a peut-être été sous-estimé au moment de la comparaison des logiciels; il est cependant difficile à évaluer lors d'une simple démonstration.
- Affichage de la localisation des exemplaires: dans les produits imprimés (lettres de rappel et de réservation), la localisation a pu être ajoutée suite à notre demande. Sur les écrans, elle est affichée aussi bien dans le catalogue (interne) que dans l'OPAC. Par contre elle n'apparaît pas dans la liste des prêts en cours (il faut cliquer sur le no d'exemplaire ou ouvrir une liste de prêts PDF pour la voir), ce qui est un peu gênant.
- Nous n'avons pas encore pu obtenir toutes les éditions souhaitées. Nous souhaitions par exemple pouvoir extraire des données d'exemplaires et les exporter sous forme de tableaux Excel, avec des données qui ne sont actuellement pas accessibles par les instruments de recherche standards de PMB, notamment (pour les exemplaires): la date de création, la disponibilité (disponible / en prêt), la date du dernier prêt, le nombre de prêts. Ces extractions ne fonctionnent pas encore correctement.
3. Conclusion
De manière générale, on peut dire que le "noyau" du système (prêt, catalogage, recherche) fonctionne bien. Le personnel s'est très vite adapté au nouveau logiciel. Je pense que ce produit convient bien à notre type de bibliothèque: il répond parfaitement aux besoins d'une bibliothèque de lecture publique, et il faut relever son aspect convivial et sa simplicité d'utilisation.
Mais la mise en œuvre a été ardue: il a fallu (et il faudra encore) être persévérant et patient pour obtenir les indispensables adaptations (statistiques, produits imprimés, extraction et exportation de données). Nous regrettons donc (bien que nous le comprenions) le manque de disponibilité de la société PMB Services.
Par rapport à l'ancien logiciel OPSYS 8.21, il y a une réelle amélioration; le problème des temps de réponse, un peu plus lents, nous pose toutefois des problèmes en cas de forte affluence.
Par rapport au logiciel Aloès, PMB est certainement un peu moins complet, moins paramétrable. Mais la différence de prix est si importante que, même si ce critère ne comptait que pour 20% dans notre évaluation, elle a été rédhibitoire pour OPSYS. Et, après seize mois d'utilisation, nous ne pouvons que constater que le logiciel PMB répond assez bien à nos besoins.
4. Adresses
Ville de Morges - Case postale 272 - 1110 Morges 1 - http://www.morges.ch/
M. Philippe Broccard, responsable du Service informatique - philippe.broccard@morges.ch
Bibliothèque municipale de Morges - Place du Casino 1 - 1110 Morges
- informations générales: http://www.morges.ch/biblio
- catalogue en ligne (OPAC): http://biblio.morges.ch/
M. Luc Jolidon, responsable de la Bibliothèque - luc.jolidon@morges.ch
PMB Services - 24 & 26, place des Halles - F 72500 Château du Loir - http://www.sigb.net/
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Le pingouin bibliothécaire : les logiciels libres de gestion de bibliothèque
Ressi — 31 août 2005
Ludivine Berizzi, Haute Ecole de Gestion, Genève
Carole Zweifel, Haute Ecole de Gestion, Genève
Le pingouin bibliothécaire : Les logiciels libres de gestion de bibliothèque
Introduction
Lors de notre travail de diplôme, réalisé en 2004 à la fin de nos études en Information documentaire, à la Haute Ecole de Gestion de Genève, nous avons eu l’occasion d’explorer le domaine des logiciels libres de gestion de bibliothèque. La recherche puis l’exploration et l’installation d’un logiciel de ce type furent une expérience très enrichissante… mais assez isolée actuellement en Suisse.
Lors de nos recherches préalables, nous avons constaté que les logiciels libres de gestion de bibliothèque étaient particulièrement méconnus des professionnels de notre branche, en Suisse. Il nous a donc paru judicieux de partager notre expérience et notre avis sur la question. Parallèlement, de plus en plus d’articles et de sites Web, comme le site Free Biblio(1), sont consacrés à cette thématique : le logiciel libre est devenu une évidence…pour ceux qui suivent l’actualité de l’informatique documentaire et s’intéressent aux logiciels libres. Pourtant, il deviendra bientôt indispensable que tout bibliothécaire responsable d’un logiciel documentaire sache de quoi on parle.
Cet article se veut un compte-rendu de notre expérience, enrichi par les recherches de Carole Zweifel dans le cadre de ses fonctions actuelles d’assistante à la HEG. Compte tenu des évolutions rapides des logiciels libres, nous ne pouvons pas assurer que le contenu soit encore actuel dans une année… Dans cet article, nous expliquerons en premier lieu en quoi consiste le mouvement des logiciels libres, puis aborderons les avantages et désavantages des logiciels libres de gestion de bibliothèque par rapport à des solutions propriétaires.
Avant de conclure, nous parlerons plus spécifiquement de l’application pratique d’un logiciel libre à la Fondation Chanson et Musiques Actuelles à Nyon (Suisse).
Précisons que par logiciel de gestion de bibliothèques, nous entendons un système intégré de base de données pouvant gérer un catalogue de documents, permettre des recherches, gérer du prêt ou encore proposer un accès spécifique aux lecteurs (OPAC).
Le mouvement des logiciels libres, une idée généreuse
Historique du mouvement
L’histoire du logiciel libre est riche et complexe et le but de cet article n’est pas de s’y attarder. Signalons cependant les grandes lignes :
Le concept de logiciel libre remonte au tout début de l’informatique, lorsque les chercheurs s’échangeaient des codes pour faire avancer plus rapidement leurs recherches et développer des logiciels, ce qui a permis entre autres le développement d’Internet. Ce concept se développe beaucoup dans les milieux universitaires dès les années septante. L’introduction de licences d’exploitation supplante progressivement cette culture d’échanges et impose des restrictions d’usage.
En 1984, Richard M. Stallman, informaticien au MIT et travaillant à l’amélioration du système d’exploitation UNIX (à l’époque, propriété de AT & T), très irrité par la limitation croissante d’usage des logiciels, crée la Free Software Foundation (FSF) et lance son projet de système d’exploitation libre, intitulé GNU (soit GNU is not Unix). Il crée petit à petit de nombreux programmes dont le code source (2) est intégralement accessible. La dernière pierre de l’édifice, le système d’exploitation, qui permet d’être totalement indépendant de tout système propriétaire, manque pourtant. Celui-ci est crée en 1991 par un étudiant, Linus Torvalds, durant ses temps libres. Linus Torvalds souhaitait simplement proposer un système d’exploitation simple dans la lignée de Mimix, version légère d’Unix. Il se trouva que son système d’exploitation était l’élément manquant du projet GNU. Le résultat est bien connu puisqu’il s’appelle Linux (l’appellation correcte étant GNU/Linux), symbolisé par Tux le pingouin. Depuis sa création, Linux est de plus en plus utilisé par des particuliers, des entreprises mais aussi des administrations.
Il est difficile d’évaluer la part de marché de Linux pour les systèmes d’exploitation. En se basant sur l’usage des navigateurs Web, le W3 Schools (3) tient des statistiques mensuelles à ce propos et estime les parts de marchés suivantes (juin 2005) : 89.8 % pour l’environnement Windows, 3,5 % pour Linux et 3 % pour MacOS (les plateformes comptabilisant moins de 0.5% n’étant pas retenues).
Depuis 1994, date de sa création, Red Hat distribue sa version de Linux et celle-ci est actuellement la plus présente sur le marché. Il existe d’autre sociétés de distribution tel Debian, Mandrake ou Knoppix, qui proposent chacune une version différente de Linux, adaptée au public ou à la langue.
Depuis plus de dix ans, des logiciels libres ont été développés dans presque tous les domaines de l’informatique. En exemple, on peut citer Mozilla (Navigateur web) ou encore le serveur Web Apache, les langages Perl, Python, PHP, XML ou encore les produits Open Office (une version libre de Star Office, développé par Sun Microsystem).
Quant aux logiciels de gestion de bibliothèque, il en existait beaucoup, dans les années 80, tel Sibil, que l’on aurait pu considérer comme libres puisqu’ils étaient libres d’usage et de modifications. Ils furent pour la plupart abandonnées ou rachetés par un éditeur qui, ensuite, s’est attribué les droits d’exploitation. Le premier logiciel libre de gestion de bibliothèques en tant que tel, Koha, date de 1999 et a été réalisé par la société Katipo pour la Horowhenua Library Trust, puis “libéré” pour être utilisable par tous. A la même époque, Peter Schlumpf développe seul un autre logiciel libre : Avanti. Depuis, les initiatives n’ont pas manqué mais le développement dans ce domaine est très récent. Nous présenterons les divers logiciels plus loin.
Définition du logiciel libre
Dans le jargon informatique, on a parfois du mal à différencier les notions de freeware (ou gratuiciel), shareware (ou partagiciel) ou « public domain » (logiciel du domaine public). Définissons déjà ces trois termes avant de définir la notion de logiciel libre ou d’Open Source.
Le logiciel freeware est publié gratuitement et chacun peut se le procurer sans frais. La redistribution commerciale est interdite. Le shareware est également distribué gratuitement, mais sous une version simplifiée ou accessible dans un temps limité. Pour obtenir une version complète, l’utilisateur devra l’acheter. Quant au logiciel « public domain », il s’agit d’un logiciel dont les droits ont expiré. L’utilisateur peut sans autre l’obtenir gratuitement, mais le risque est grand que le logiciel soit abandonné au niveau de son code source et qu’il ne soit donc plus développé ou entretenu par son éditeur.
Ces trois types de logiciels se caractérisent par le fait que le code source n’est pas accessible aux utilisateurs.
A ces trois notions se sont ajoutées récemment les termes « logiciel libre » (free software en anglais) et « Open Source ». Le terme « libre » doit, premièrement, être compris dans le sens de « libéré » et non dans le sens de la gratuité. En effet, le code source du logiciel, sa boite noire en somme, est « libéré » et donc accessible à tous et chacun peut donc le modifier. Les logiciels libres sont, par essence, gratuits même s’il existe des « packs » payants (notamment pour les distributions Linux) qui contiennent les CDs d’installation, un guide voir un certain nombre de jours d’assistance.
La Free Software Foundation donne une définition claire des conditions à remplir pour qu'un logiciel soit considéré comme libre. On retiendra principalement les quatre libertés, édictées par Richard Stallman, qui sont offertes aux utilisateurs :
- La liberté d'exécuter le programme, pour tous les usages (liberté 0).
- La liberté d'étudier le fonctionnement du programme, et de l'adapter à ses besoins (liberté 1). Pour ceci, l'accès au code source est une condition requise.
- La liberté de redistribuer des copies, donc d'aider son voisin (liberté 2).
- La liberté d'améliorer le programme et de publier ses améliorations, pour en faire profiter toute la communauté (liberté 3). Pour ceci l'accès au code source est une condition requise.
Cette définition est contenue dans la licence GNU GPL (General Public Licence), première licence libre, crée par la FSF. Le principe de cette licence est basé sur le concept du « copyleft », c'est-à-dire, en bref, l’utilisation des lois de droit d’auteur dans le but opposé du copyright. Par principe, toute nouvelle version d’un logiciel sous licence GPL doit rester sous cette licence. Il existe d’autres licences du même type, mais souvent plus libérales. On citera entre autre la LGPL (pour Lesser General Public Licence).
Un logiciel libre est donc bien sous licence, comme le serait un logiciel propriétaire, mais cette licence est justement très permissive.
Le terme « Open Source » est apparu en 1998 et n’est pas forcément équivalent, principalement concernant le choix de la licence d’une nouvelle version ou d’une version dérivée. La notion « free software » étant peu claire et la FSF un peu trop rigoriste dans ses prises de position, la société Red Hat et d’autres militants du logiciel libre, réunis au sein de l’Open Source Initiative décident d’utiliser le terme « Open Source », en référence au code source ouvert. Ce terme sera ensuite très vite popularisé et utilisé à toutes les sauces, même par des éditeurs de logiciels propriétaires puisqu’il est possible de commercialiser un logiciel basé sur une partie du code d’un logiciel libre.
Reste que ces deux termes sont semblables dans leur définition. Nous n’utiliserons cependant pas, dans notre article, le terme « Open Source » puisqu’il est plus restrictif et postérieur à la notion de logiciel libre.
Pourquoi un logiciel libre en bibliothèque
Une philosophie commune
Lorsque l’on étudie la philosophie du mouvement des logiciels libres, on est frappé par sa similitude évidente avec la philosophie des bibliothèques.
Prenons un exemple : Eric Anctil (Anctil & Shid Beheshti, 2004) rappelle dans son article les 5 principes à suivre pour les bibliothécaires selon Ranganathan (1931) :
- Books are for use;
- Every reader his or her book;
- Every book its reader;
- Save the time of the reader;
- The Library is a growing organism.
Nous pouvons premièrement constater une similitude entre ces cinq principes et les quatre libertés du logiciel libre.
Ensuite, le combat pour la liberté de l’information et le libre droit à son accès est un combat commun aux deux communautés et les rapproche inévitablement.
Eric L. Morgan (Morgan, 2004b) résume assez bien cette similarité : « À plusieurs égards, je crois que le développement du logiciel ouvert, tel que le décrit [Eric S.] Raymond, est très similaire aux principes mêmes de la bibliothèque. D’abord et avant tout, par l’idée du partage de l’information. Les deux parties mettent l’accent sur l’accès direct. Les deux parties ont la culture du don et gagnent leur statut par la quantité de ce qu’elles diffusent… Les deux parties espèrent que le partage des informations fait progresser chacun dans le monde»
Nathalie Cornée (Cornée, 2003) en arrive aux mêmes conclusions : il paraît évident que les deux mondes collaborent « puisqu’ils partagent les mêmes objectifs ». « Les logiciels libres représentent des outils de travail logiques et naturelles par leur essence pour les professionnels de l’information. »
Cette constatation est donc plutôt pertinente, mais malheureusement les professionnels de l’information ne s’intéressent pas tous aux domaines de l’informatique libre. Un travail important de sensibilisation serait indispensable pour que ceux-ci se rendent compte du potentiel des logiciels libres et que les deux mondes se rencontrent.
Une solution à l’impasse des logiciels propriétaires
Dans les cours qui nous ont été donnés sur les logiciels documentaires ainsi que dans nos pratiques professionnelles, nous avons retenu plusieurs éléments concernant le marché du logiciel documentaire payant. Le choix commercial est important. Les fonctionnalités du logiciel répondent rarement à 100% aux attentes du client. Nous dépendons de l’éditeur, parfois peu disposé à faire des modifications dans le programme. Le développement d’un logiciel coûte cher et n’est pas toujours rentable. Les sociétés commerciales sont donc assez peu enclines à consacrer du temps et de l’argent pour satisfaire un client quant à des adaptations spécifiques à ce client. Mais si cela est possible, le client paie un surcoût qui peut être assez important. Et si celui-ci a peu de moyens, il devra donc s’adapter au produit et attendre patiemment les nouvelles versions. En fait, les logiciels propriétaires peuvent être comparés à du prêt-à-porter alors que les logiciels libres correspondraient mieux à du sur-mesure.
Mais surtout, le marché n’est pas stable. Entre rachat, abandon ou modifications incessantes de ces logiciels, il est difficile de trouver une solution stable et durable dans laquelle nous puissions avoir totalement confiance. Or, les bibliothèques travaillent sur le long terme et la pérennité des données informatiques, et si possible du système, est absolument essentielle. Le professionnel doit donc réfléchir à long terme et pouvoir migrer facilement ses données lorsqu’il change de logiciel documentaire. Ces préoccupations ne sont pas forcément comprises par des développeurs de logiciels propriétaires, même si l’on relève un plus grand intérêt de leur part quant à l’utilisation de formats standards.
A ces égards, les logiciels libres sont une solution très intéressante, au niveau du coût, de la maintenance et de la pérennité des données et du système.
On a trop tendance à réduire l’intérêt des logiciels libres à leur gratuité. Le logiciel libre est gratuit à l’acquisition, certes, mais l’on verra que le coût global n’est de loin pas nul. Lorsque l’on acquiert un logiciel propriétaire, le prix comprend l’installation, le paramétrage, parfois la formation du personnel et la maintenance, souvent avec un surcoût. Ces services ne sont pas proposés avec l’acquisition du logiciel libre, ou tout du moins pas gratuitement. Il faut donc premièrement prévoir du temps ou de l’argent pour l’installation et le paramétrage du logiciel puis la formation du personnel. Si le responsable est compétent et peut gérer la tâche seul ou avec l’aide d’un informaticien de la maison, il s’en tire à peu de frais. Il peut également consulter la communauté en cas de problèmes techniques. Reste qu’il devra consacrer un temps important pour suivre les évolutions du logiciel, adapter le sien ou participer au développement du logiciel selon ses capacités.
Dans le cas où le personnel est peu compétent et n’a pas la possibilité de demander l’aide d’un informaticien interne, il existe des sociétés de service en logiciel libre (SSLL). Ces sociétés proposent des conseils lors du choix d’un logiciel, l’installation et la configuration du logiciel, la résolution de problèmes techniques, une adaptation de celui-ci aux besoins de l’utilisateur ou éventuellement un ajout de modules. Certains développeurs de logiciels proposent également des services, tel PMB services pour le logiciel PMB. Cette société propose, entre autre, l’installation et la configuration du logiciel, un contrat de maintenance ou des cours de formation.
En résumé, si le responsable du logiciel a de bonnes compétences en informatique, il peut se débrouiller à peu de frais pour gérer celui-ci. Peu de coût financier donc, mais un coût important en temps et en investissement personnel. Par contre, s’il souhaite demander de l’aide à des développeurs externes, le coût financier peut être élevé et donc l’investissement dans ce logiciel moins avantageux que prévu.
Eric L. Morgan (Morgan, 2004a) soutient qu’il s’agit principalement d’un coût en temps de travail et nous avons également pu le constater dans notre expérience.
La communauté des utilisateurs est un gage important dans le succès d’un logiciel libre. Elle est composée principalement d’informaticiens, de développeurs et d’utilisateurs. Plus elle est grande, plus le développement et la pérennité du logiciel sont en principe assurés puisque si les développeurs principaux du logiciel abandonnent le logiciel, les membres de la communauté (et surtout les utilisateurs) auront tout intérêt à reprendre son développement. Cette communauté est souvent organisée autour d’un forum sur le site du logiciel mais également grâce à des listes de discussions. Les utilisateurs feront part de leurs besoins et, s’ils sont pertinents pour une partie de la communauté, elle se mettra au travail. Le résultat sera proposé à toute la communauté. L’utilisateur du logiciel, puisqu’il bénéficie de l’aide de cette communauté, devra par solidarité proposer ses services. S’il n’est pas compétent en informatique, il pourra toujours participer à l’élaboration d’un manuel d’utilisateur ou à la traduction du logiciel dans une autre langue, donner son avis sur certaines fonctionnalités ou signaler quelques dysfonctionnements. Ce système de communauté peut donc être très puissant concernant l’évolution d’un logiciel et les modifications et ajouts au logiciel peuvent être réalisés rapidement. A ce propos, nous conseillons la lecture de l’excellent article « La cathédrale et le bazar » de Eric S. Raymond (Raymond, 1998), qui permet de bien comprendre le fonctionnement et la puissance d’une communauté autour d’un logiciel libre.
On peut reprocher aux logiciels libres qu’ils ne soient pas des solutions sérieuses et durables. Au contraire, la communauté peut être très stimulante et les développeurs être très motivés. De plus, l’usage de langages libres s’appuyant sur des normes reconnues est un gage de stabilité. De même, les logiciels libres sont évolutifs : les diverses versions du logiciel ne sont pas figées et, puisqu’elles utilisent le même langage, respectent les versions antérieures et les migrations sont d’autant plus facilitées. Enfin, le soutien d’entreprises (dans le cas de Redhat et Mandrake, par exemple) permet également d’accroître cette stabilité. Évidemment, ces observations sont récentes et l’on ne peut pas deviser sur les vingt prochaines années…
En définitive, grâce à la licence libre de son logiciel, l’utilisateur, avec l’aide de la communauté, obtient un logiciel flexible et adapté aux besoins du SID, de surcroît à peu de frais et souvent assez rapidement.
Avantages des logiciels libres.
Nous avons relevé plusieurs avantages des logiciels libres liés à leur liberté d’utilisation, à l’indépendance par rapport à une société propriétaire. Signalons ici les avantages techniques et pratiques :
Avantages techniques
- Le code du logiciel étant ouvert, il est possible, si l’on possède les compétences suffisantes, d’intervenir dessus et donc de faire des modifications rapides en cas d’erreur ou d’amélioration.
- L’interface Web, particulièrement utilisée par les logiciels libres, demande uniquement l’utilisation d’un navigateur Web et d’un serveur Apache de type EasyPHP (selon notre expérience facilement installé). Elle permet une personnalisation de l’OPAC et facilite également l’usage de l’Unicode. En effet, le navigateur prend en compte la traduction et facilite donc la traduction dans de nombreuses langues. Les logiciels libres peuvent donc facilement proposer des traductions dans de nombreuses langues.
- Les langages de programmation (MySQL, PHP, Perl, Python,…) sont libres, connus et s’appuient sur des normes reconnues.
- Les normes et formats de catalogage (MARC, iso 2709,…) sont, pour la plupart des logiciels, respectés.
- De plus en plus, les logiciels libres gèrent XML, ce qui facilite grandement la migration des données et leur pérennité.
- Les logiciels libres sont moins sensibles aux virus car les failles peuvent être repérées par les développeurs et corrigées immédiatement.
Avantages pratiques
- En règle générale, chaque logiciel dispose d’un site web où l’on accède à la copie du logiciel, à des informations techniques et pratiques, à un forum, à des contacts,
- Une démo du logiciel est souvent disponible sur le site web du logiciel ou sur des sites web associés. L’utilisateur intéressé peut également directement installer le logiciel pour le tester et l’évaluer sur son propre poste.
- L’acquisition du logiciel est très simple puisqu’il suffit souvent de télédécharger simplement un fichier via Internet.
- Grâce à la communauté, on peut obtenir de l’aide et de l’assistance gratuitement. La communauté permet un partage des connaissances et des améliorations.
- Le logiciel est le souci d’une communauté active et permet indirectement la collaboration entre bibliothèques ou centres de documentations parfois très éloignés.
- La bonne connaissance du logiciel offre un contrôle informatique. Le responsable connaît bien techniquement le logiciel et il développe ses compétences informatiques dans un langage utilisé également ailleurs.
- On constate souvent un souci d’esthétisme dans la présentation des logiciels. Une présentation graphique agréable et l’ergonomie semblent faire partie des préoccupations des développeurs.
- Il existe de plus en plus de choix dans les logiciels de gestion de bibliothèque, du plus simple au plus complexe.
Désavantages des logiciels libres
Le choix d’un logiciel libre comporte de nombreux risques et désavantages qu’il est important d’avoir en tête. Signalons cependant que ces désavantages se présentent principalement dans le cas d’une gestion faite par une seule personne. Une gestion en équipe peut considérablement atténuer ces aspects :
Désavantages liés à l’utilisateur
- Il est important que celui qui souhaite installer puis gérer un logiciel libre de gestion de bibliothèque ait, en plus de ses connaissances en bibliothéconomie, de bonnes connaissances préalables en informatique ou qu’il ait à disposition un informaticien compétent, ceci pour pouvoir gérer la maintenance du logiciel de manière autonome.
- L’utilisateur doit suivre régulièrement les développement du logiciel via une mailing-list ou en visitant régulièrement le site web ou le forum du logiciel.
- De même, l’utilisateur devrait également consacrer du temps à la communauté et proposer son aide selon ses compétences.
- Parfois, lorsque le développement d’un logiciel n’est pas terminé ou qu’il n’existe qu’une version beta, l’acquisition du logiciel peut être payante, ceci pour financer son développement. Ce cas est cependant assez rare.
- L’investissement en temps pour l’utilisateur est important.
Désavantages liés au logiciel
- L’installation du logiciel peut être parfois très laborieuse.
- Actuellement, les logiciels à disposition proposent, pour la plupart, des fonctionnalités assez simples et parfois pas suffisamment performantes. On y trouve presque toujours les modules de catalogage, de circulation et un OPAC. Mais peu de logiciels proposent, par exemple, un module d’acquisition ou de prêt inter.
- Certains logiciels ne proposent actuellement que des versions beta, c'est-à-dire des versions encore non terminées et instables. Les développeurs se concentrent au début sur la création de nouveaux modules et « oublient » parfois d’améliorer ce qui a déjà été fait. Certains logiciels, les plus anciens, sont assez peu conviviales et difficiles à utiliser même si ceux-ci se veulent souvent simples d’usage. Les derniers arrivants sont nettement plus convaincants à ce propos.
- Il existe actuellement peu de manuels et de documentation quant à l’utilisation et la gestion des logiciels. C’est assez frappant dans le cas de Koha, logiciel pourtant assez utilisé : Jusqu’à début 2005, on ne trouvait aucune documentation digne de ce nom sur leur site web. Depuis, Koha a développé un site spécifique à ce propos, d’ailleurs assez complet.
- L’interaction avec les logiciels propriétaires n’est pas encore toujours acquise, de même entre les logiciels libres de gestion de bibliothèque.
- Le choix des logiciels actuels est très axé « gestion de bibliothèques » et peu « gestion de centres de documentation ».
Survol des logiciels disponibles actuellement
Un logiciel de gestion de bibliothèque propose en règle générale plusieurs modules tels la circulation (prêt), le catalogage, la recherche dans le catalogue, la gestion des acquisitions, le bulletinage des périodiques, des fonctions de gestion administrative, de statistiques ou encore un OPAC (Online Public Access Catalogue).
Après une brève recherche sur Internet, nous avons constaté qu’il existait un certain nombre de logiciels libres de gestion de bibliothèque(4) disponibles. Nous avons approfondi notre recherche dans des périodiques spécialisés (Argus, Archimag, Documentaliste, etc.), mais aussi sur des sites ressources et sur les sites officiels des logiciels documentaires. Après avoir rassemblé un corpus de textes suffisants et comparé les fonctionnalités de base des logiciels, nous en avons présélectionné sept qui méritaient d’être étudiés d’un peu plus près. Il s’agit de Avanti, Koha, Learning Access ILS, GNUTeca, PMB, OpenBiblio, et Emilda.
Nous les présentons brièvement ci-dessous, dans l’ordre du plus ancien au plus récent, avec une critique succincte de chacun. Nous avons ajouté une brève présentation d’Evergreen (anciennement Open ILS), logiciel récent que nous n’avons pas étudié lors de notre travail de diplôme mais qui semble très prometteur.
Signalons que la plupart de ces logiciels ont été développés pour des bibliothèques et que leurs fonctionnalités sont principalement adaptées à ce type d’institution. Cependant, la plupart peuvent être utilisés par des centres de documentation après quelques adaptations. Il manquera cependant les fonctions propres à un logiciel de gestion d’un centre de documentation telle la génération de produits documentaires (revues de presse, newsletters) ou encore la gestion de documents numériques (GED).
Avanti
Avanti est, à la base, l’oeuvre d’une seule personne, Peter Schlumpf (USA) et date de 1998. Le but était de développer un logiciel aussi simple que possible, flexible et ne demandant pas de grandes connaissances en informatique à ses usagers.
La version actuelle, Avanti MicroLSC, dans sa version 1.0 béta 4, propose un OPAC et un module de catalogage (compatible MARC), fonctionnels mais assez rudimentaires. Le catalogage des documents est possible sur 10 champs uniquement, ce qui peut, pour certaines petites bibliothèques, être suffisant. On ne peut pas préciser la nature du support et les périodiques sont donc mélangés aux monographies sans possibilité de les démarquer. Plus ennuyeux, il n’existe pas de champ date ou de zone de collation. La recherche se veut simple et est donc limitée aux champs « titre » et « auteur » et ne peut donc pas gérer une recherche thématique. Sébastien Thébault (Thébault, 2004) a installé ce logiciel, non sans peine et avertit que cette étape est difficile. La circulation sera intégrée dans la version 1.0 définitive, qui doit paraît courant 2005. Le graphisme est très épuré.
L’intérêt principal de ce logiciel est qu’il peut fonctionner sur n’importe quel système d’exploitation. Basé sur la technologie Java (de Sun), Avanti parie sur la stabilité de ce langage. Ce pari peut être discutable puisque le langage Java rend le logiciel assez lent pour les ordinateurs non récents. Sébastien Thébauld (Thébault, 2004) soutient également que la complexité de la technologie Java explique la lenteur des développements puisque peu de développeurs la maîtrisent. Le logiciel utilise son propre système de base de données nommé PicoDB.
En bref, le développement de ce logiciel est peu avancé et fastidieux puisqu’il est l’œuvre d’une personne assistée d’une équipe de sept développeurs, sans l’aide d’une éventuelle communauté. Autre handicap de taille, Avanti n’est, à priori, utilisé par aucune bibliothèque pilote. Le graphisme est sobre mais pas vraiment agréable. En fait, à force de vouloir être aussi simple que possible, Avanti n’est pas assez complet. A notre avis, il pourrait à peine convenir à de petites bibliothèques. Eric Anctil estime qu’il n’est pas encore prêt pour être implanté à son stade actuel de développement (Anctil & Shid Beheshti, 2004).
Koha
Koha prétend être le premier logiciel libre de gestion de bibliothèque. Il a été initialement développé en Nouvelle Zélande par la bibliothèque d’Horowhenua et la société Katipo en 1999. La bibliothèque souhaitait changer de SIGB (5) et a rédigé un cahier des charges en 1998. Aucune réponse ne la satisfaisait : les solutions étaient trop chères et souvent surdimensionnées. La société Katipo a alors développé Koha et a proposé de « libérer » le logiciel.
Concrètement, Koha comprend un catalogue (compatible MARC, multiples grilles, usage de thésaurus et d’autorités-matière), un OPAC (recherche sur une dizaine de champs, compte lecteur, panier de notices), un module pour la gestion de la circulation des documents et des lecteurs, un module d’acquisition simplifié ou complet (gestion du budget, des commandes, des fournisseurs, suggestions possibles de lecteurs via l’OPAC..), une aide en ligne partiellement complète. Koha fonctionne avec un client Web, sur Windows, Linux et MacOS, utilise les langages Perl pour la programmation et MySQL pour la base de données. Il s’est doté d’un protocole d’interrogation Z39.50 dans la version 2.0 et gère les formats UNIMARC, USMARC, MARC21 et le format d’échange iso 2709. Depuis peu, il existe un site regroupant plusieurs documentations concernant l’installation, la migration des données ou la maintenance.
Le type et la présentation des fonctionnalités de Koha l’orientent plutôt vers les bibliothèques académiques. Utilisé dans le monde entier grâce à des versions multilingues, Koha possède une importante communauté de développeurs, traducteurs et correspondants. Il a le potentiel pour devenir un logiciel universel à condition qu’il suscite toujours autant d’intérêt dans le milieu des centres d’information documentaire (Anctil & Shid Beheshti, 2004). En tout cas, selon Eric Anctil (Anctil & Shid Beheshti, 2004), c’est le logiciel libre de gestion de bibliothèque le plus complet actuellement et le plus avancé technologiquement. Koha a d’ailleurs reçu en 2003 le prix du logiciel libre pour la meilleure application pour structure publique aux « Trophés du Libre ». Par contre, il semblerait que son installation pose encore quelques problèmes. Dans notre cas, nous n’avons pas réussi à l’installer et plusieurs informaticiens de la HEG de Genève ont également essayé, sans succès. La principale difficulté s’est présentée avant l’installation de Koha proprement dite. Il faut en effet installer plusieurs briques logiciels (notamment des composants Perl) et c’est à ce niveau que nous avons été bloqués.
LearningAccess ILS
Le Learning Access Institut de Seattle propose un logiciel libre appelé LearnigAccess ILS. Anciennement nommé OpenBook ou Koha West, LearningAcesse ILS a été développé dès 2000 par J.G. Bell en se basant sur le code de Koha. En ce qui concerne les fonctionnalités, on y trouve trois modules : OPAC, catalogue (avec usage de MARC21) et gestion de la circulation. La gestion des acquisitions est encore en développement. Le catalogage comprend aussi le protocole Z39.50. Tous les modules fonctionnent avec une interface Web et permettent un usage multilingue. Techniquement, LearningAccess ILS fonctionne sur Linux ou Windows et utilise une base de données MySQL, le langage de programmation PHP et l’Unicode.
Le site Web donne accès à plusieurs mailing-lists pour les utilisateurs et permet de visionner un exemple d’application du logiciel au travers d’une base de données avec OPAC et 25'000 notices. Nous avons donc pu voir concrètement comment le logiciel se présente.
Côté négatif, la version n’est pas encore accessible sur le site Web mais on peut se procurer des versions béta sur le site personnel du créateur. Le Learning Access Institute attend d’avoir une version complète et stable avant de la distribuer librement.
Comme Koha, LearningAccess ILS a le potentiel de devenir universel. Via une recherche Internet, on trouve des OPAC de bibliothèques visiblement inspirés de ce logiciel, signe qu’il est déjà utilisé par des institutions. Le projet est supporté par une bonne équipe de développeurs et montre une grande ambition.
GNUTeca
Le projet GNUTeca a démarré en 2001 grâce à trois développeurs brésiliens. Il connaît un grand succès au Brésil dans les bibliothèques publiques, universitaires et même gouvernementales. Le nombre de programmeurs a augmenté et la version actuelle propose un OPAC, un catalogue compatible avec MARC21, une gestion de la circulation, le bulletinage et le prêt inter-bibliothèques. GNUTeca tourne sur Linux, utilise les langages de programmation PHP, PostgreSQL et utilise un langage de base de données libre portugais : Miolo.
Les fonctionnalités de ce logiciel nous semblent très intéressantes et le fait qu’il ait un grand succès populaire au Brésil nous semble de bon augure. Malheureusement, il est ennuyeux que ce logiciel ne fonctionne que sur Linux et qu’il ne soit actuellement pas encore traduit. Lorsqu’il existera une version traduite, ce logiciel pourra être vraiment intéressant dans nos contrées.
PMB
PMB, initié par le bibliothécaire français François Lemarchand et actuellement développé, animé et maintenu par la société PMB Services, date de 2002.
Il propose dans sa version 2.0 un OPAC, une gestion de la circulation des documents et des lecteurs, un catalogue (compatible MARC) avec gestion des autorités, un catalogage de ressources électroniques, le bulletinage des périodiques, un moteur de recherches multicritères et booléen. On peut également avoir accès à une documentation assez complète en ligne.
Tout comme Koha, PMB est basé sur des technologies issues du Web: serveur Apache, langage de programmation PHP et MySQL pour la gestion de base de donnée. Enfin, il utilise le protocole Z39.50 et gère le format UNIMARC ainsi que le format d’échange iso 2709. Le logiciel, déjà disponible en plusieurs langues (français, anglais, italien, espagnol, etc.), fonctionne très bien sur Windows, Linux et MacOS, en monoposte, Intranet ou Internet. Le logiciel est régulièrement mis à jour et la dernière version date de janvier 2005.
L’interface est très simple et conviviale pour les usagers comme pour les professionnels. PMB vise des SID de petite et moyenne taille ainsi que les centres de documentation spécialisés mais équipe déjà des bibliothèques de 180'000 ouvrages et un centre de documentation de 300'000 documents. Il comprend une grande communauté d’utilisateurs et propose des formations à domicile. Le produit est en plus en français. Il est l’un des SIGB les plus complets actuellement et est promis à un bel avenir.
OpenBiblio
Nous avons trouvé peu de références dans la littérature professionnelle à propos du logiciel OpenBiblio. Le site Web du logiciel donne quelques informations. Logiciel assez récent (2002), OpenBiblio propose les fonctionnalités classiques : OPAC, gestion de la circulation, du catalogue et des lecteurs. On y trouve également un module de gestion des employés. Le logiciel fonctionne avec une base de donnée MySQL, le langage de programmation PHP, sur Linux, Unix et Windows et gère l’USMARC. Ce logiciel est assez intuitif, agréable à l’œil, bien documenté (présence d’un forum d’utilisateurs) et facilement installable. Plusieurs traductions sont en cours, notamment en espagnol, en italien, en français ou encore en hébreu ou en indonésien !
Il n’existe encore aucune version définitive, la version actuelle étant la version béta 0.5.0. Le logiciel est pour l’instant principalement utilisé aux États-unis. Le forum indique une certaine activité des développeurs et une ambition internationale.
Emilda
Emilda est un logiciel libre de gestion de bibliothèque finlandais assez récent (la version 1.0 date de 2003).
La version 1.2.2 propose un OPAC, un module de catalogage et de circulation, une aide en ligne, une possibilité de faire des recherches simples et avancées et un paramétrage presque total du logiciel, et ceci très facilement. Une fonctionnalité originale : via l’OPAC, il est possible de mettre un commentaire sur un livre et lui attribuer une appréciation. Le site propose une documentation complète pour l’installation et l’administration du logiciel. Emilda gère entièrement le langage XML, est compatible avec MARC et intègre la recherche via Z39.50.
Emilda était initialement programmé en langage Perl. Il a ensuite été traduit en langage PHP et fonctionne avec une base de donnée MySQL. Ce logiciel fonctionne principalement sur Linux mais les développeurs signalent sur le site que l’installation sur d’autres systèmes serait en principe possible.
Les concepteurs d’Emilda ont particulièrement soigné l’apparence du logiciel et nous l’avons trouvé très agréable. La navigation est simple et aisée. On est vite sous le charme même si le logiciel propose encore des fonctionnalités de base. Emilda fonctionne actuellement dans trois écoles à Espoo, en Finlande.
Les développeurs sont conscients des imperfections de leur logiciel et incitent les visiteurs qui testent leur démo en ligne, à faire des commentaires. Mais le résultat actuel est assez convaincant et nous espérons que ce logiciel évoluera vite.
Evergreen
Evergreen, anciennement nommé Open ILS, est un projet développé par la bibliothèque d’État de Géorgie (USA) pour le Georgia Library PINES Program, un consortium de 251 bibliothèques publiques de Géorgie. Pour des raisons d’inadéquation des produits commerciaux aux attentes de ce consortium, il a été décidé de créer un SIGB libre sous licence GPL qui permette de gérer ce consortium ainsi que les bibliothèques qui y appartiennent selon les besoins précis du système PINES.
Le projet a débuté fin 2004 et le logiciel est encore en développement. Le site web donne encore peu d’informations mais le module de catalogage peut déjà être étudiés via une démo et l’on peut déjà observer le résultat via l’OPAC du réseau PINES.
Techniquement, le logiciel fonctionne avec une base de donnée PostgreSQL, est programmé en C++ et en Perl et fonctionne avec un serveur Apache. Le type de système d’exploitation sur lequel fonctionne ce logiciel n’est pas précisé.
Nicolas Morin, dans son weblog BiblioAcid, a suivi de très près les développements de ce logiciel et semble très impressionné par les premiers résultats. Ce logiciel semble très prometteur puisqu’il s’agira d’un gros système, prévu de fonctionner pour un vaste réseau de bibliothèques.
L’installation de PMB à la FCMA : notre expérience
Le sujet de notre travail de diplôme nous a été proposé par la Fondation Chanson et Musiques Actuelles (Nyon), une petite structure chargée de la promotion des groupes de musique actuelle de Suisse romande et d’une aide sous forme de consulting et de conseils pour leur carrière. Le public est assez restreint et seul le mercredi après-midi leur est, en principe, dévolu pour prendre rendez-vous. Cette association, fondée en 1997, a amassé et acquis une quantité de documentation de tous supports : monographies (environ 250 vol.), périodiques (60 titres dont 6 abonnements), CDs (environ 450), documents audiovisuels, dossiers de presse, etc…dans laquelle le personnel avait parfois bien de la peine à se retrouver. La FCMA ne disposait, en outre, d’aucune communication en externe de son fonds. La nécessité d’implanter un système de gestion global des documents s’est vite imposée à nous pour gérer de façon pratique et homogène toute cette information.
Nous étions cependant soumis à diverses contraintes : la FCMA disposait d’un budget restreint dévolu à la documentation. De ce fait, il nous fallait trouver une solution au prix le plus raisonnable possible. En outre, le système que nous allions mettre en place serait géré par des non professionnels en information et documentation. Il fallait, de plus, prendre en compte le fait que le temps à disposition du personnel pour la gestion de la documentation était limité. La solution que nous devions trouver se devait d’être simple d’utilisation et maniable.
Concernant la maintenance, un informaticien pouvait intervenir à la demande.
Le choix d’un logiciel libre
Lors de nos recherches préalables, nous sommes arrivés à la conclusion que les logiciels « propriétaires » de bibliothèque étaient, dans notre cas, trop onéreux. De plus, les logiciels commerciaux de bibliothèque possèdent en général un certain nombre de modules utiles à la gestion de toutes les tâches courantes en bibliothèque (acquisition, bulletinage des périodiques, prêts, comptabilité, etc.). Or, la FCMA ne prêtant pas de documents et ne gérant pas un fonds important, un grand nombre de fonctionnalités auraient été inutiles. Il était donc superflu d’investir beaucoup d’argent dans un logiciel où peu de fonctionnalités seraient exploitées. Comme nous l’avons évoqué précédemment, les logiciels libres proposent en général des fonctionnalités simplifiées ou ne possèdent pas encore tous les modules des logiciels propriétaires. Vu que les besoins de la FCMA étaient limités, les fonctionnalités présentes étaient de toute façon suffisantes.
Pour ces deux raisons, nous avons axé nos recherches sur les logiciels libres, même si, avouons-le, nous étions assez inexpérimentés dans le domaine.
En Suisse, il nous semblait que les logiciels libres de gestion de bibliothèques étaient encore peu connus et très peu utilisés. Un petit sondage lancé en février 2005 sur Swisslib (6) a montré qu’effectivement, il existe très peu d’initiatives dans ce domaine en Suisse, en tout cas selon les quelques réponses que nous avons obtenues. Un projet romand de logiciel libre de gestion de petite bibliothèque, BiblioApp, nous a été signalé par la Bibliothèque Intercommunale et Scolaire de Mézières qui l’utilise avec satisfaction. Celui-ci sera prochainement renommé Papyrus. Par contre, lors de notre mandat, il n’existait pas d’application des logiciels que nous avons étudiés. Nous avons appris dernièrement que le Centre de documentation et d’information de l’école Moser de Genève utilisait PMB mais aucune visite n’a encore été faite sur place.
Fin 2004, une autre équipe de travail de diplôme a proposé à son mandant le choix de l’installation de Koha ou de Bibliomaker dans une nouvelle bibliothèque mais aucune installation n’a été réalisée à ce jour. Le défi de choisir un logiciel libre dans un centre de documentation était donc, à notre connaissance, une première dans notre région.
Un travail de diplôme est une sorte d’expérimentation où il faut parfois faire preuve d’un peu d’ingéniosité, faire appel au système D et explorer des domaines à la pointe. Nous avons donc trouvé l’occasion excellente pour nous jeter dans l’aventure.
Évaluation et choix définitif du logiciel documentaire
Après un premier tri dans les solutions libres, il s’agissait de trouver la solution la plus appropriée à notre situation. Après un repérage de sept logiciels potentiellement intéressants, nous en avons sélectionné trois (Koha, PMB, Learning Access ILS). Ceux-ci seraient ensuite décortiqués en profondeur, testés et comparés.
Premièrement, il a fallu se procurer une copie du logiciel ou une « démo ». A ce niveau, nous avons déjà dû abandonner Learning Access ILS puisque apparemment, il n’existait aucune copie accessible et plusieurs e-mails de demande au concepteur sont restés sans réponse.
Koha, pour sa part, a posé de sérieux problèmes d’installation. En effet, aucun informaticien que nous connaissions n’a pu réaliser l’installation complète. Nous avons donc fait notre évaluation sur une version « démo », certainement un peu limitée, disponible sur le site Internet de Koha. Le logiciel PMB, quant à lui, a été très facile à télécharger et à installer pour son évaluation.
Suite à la rédaction d’un cahier des charges, il ne restait plus qu’à nous plonger dans l’exploration de Koha et de PMB.
Le choix s’est porté sur le logiciel PMB pour les raisons suivantes :
- L’accès administrateur du logiciel est très facile à utiliser et très intuitif. Il nous a semblé que pour des utilisateurs non professionnels, la facilité d’emploi était indispensable. Le logiciel s’installe très facilement. Les mises à jour sont également assez faciles à réaliser et sont téléchargeables directement sur le site de la communauté de PMB. De plus, il n’y pas besoin de demander de l’aide à un informaticien pour effectuer cette tâche, souvent périlleuse.
- Le logiciel est très convivial. Sa présentation graphique est plaisante et claire et la navigation est aisée et intuitive.
- A l’exception d’un module d’acquisition inexistant (il sera inclus dans le courant 2005), les fonctionnalités répondaient en grande partie à nos exigences et souvent de manière satisfaisante.
- Le logiciel gère plusieurs listes d’autorité dont un thésaurus (entre autre celui de l’UNESCO) et une classification. L’intervention sur les autorités est facile et rapide. De plus, l’usager peut appeler les listes d’autorité depuis le module de catalogage, ce qui rend la tâche plus rapide.
- Le paramétrage est assez facile. Depuis le module administration, l’administrateur peut aisément modifier plusieurs paramètres propres au centre de documentation. Par contre, la modification des fonctionnements spécifiques du logiciel doit se faire via le code et demande donc une connaissance du langage PHP et de MySQL.
- Il existe plusieurs manuels de PMB, sur le site Web et intégrés au logiciel, ainsi qu’une version papier, concernant l’installation, le paramétrage et l’utilisation. Ceux-ci sont bien conçus.
En revanche, le logiciel montre quelques faiblesses au niveau de l’OPAC. Celui-ci est assez performant concernant la recherche mais graphiquement, il est assez peu agréable. Il n’est pas possible de déplacer les éléments de la page. Signalons cependant que l’usage de feuilles de styles CSS permet d’adapter l’apparence graphique. Ce détail nous a semblé pourtant de faible importance puisque nous pensions transposer la base de données sur le site Web de la FCMA, sans utiliser l’OPAC sous la forme proposée.
Installation, paramétrage et prise en main du logiciel
L’installation du logiciel PMB sur un poste de la FCMA fut facile et nous avons pu le faire par nos propres moyens. La mise en réseau sur les autres postes informatiques fut, par contre, plus laborieuse. Pour réaliser ce travail de mise en réseau, nous avons contacté l’informaticien responsable du parc informatique de la FCMA et au bout d’une bonne heure, le logiciel était opérationnel sur toutes les machines.
Nous avons réalisé nous-même, sans aide externe, les paramétrages propres à la FCMA, tels la mention de propriété des documents, le type de documents et leur restriction de prêt, l’entrée des mots-clés déjà choisis, l’entrée de la classification que nous avions créé ou encore les paramètres graphiques de l’OPAC. L’informaticien a lui-même paramétré le lieu de sauvegarde puisque celui-ci était lié au réseau.
Catalogage
Nous avons catalogué nous-même une grande partie du fonds puisqu’il n’y avait aucune description existante ni de moyen de récupérer des notices. Cette étape s’est effectuée très facilement. Certaines fonctionnalités de PMB se sont avérées vraiment agréables tels l’appel automatique de listes d’autorités dans les notices catalographiques ou l’accès à la liste des dernières notices cataloguées. Il est possible de cataloguer plusieurs exemplaires d’un document, de récupérer des notices via un module Z39.50 ou par l’import de notices au format UNIMARC. Le logiciel peut gérer l’usage des codes barres ou générer automatiquement un nouveau numéro d’exemplaire.
Notre avis sur le logiciel PMB
Lors de notre travail de diplôme, nous avons suffisamment travaillé avec la base de donnée PMB pour nous faire un avis objectif sur le logiciel. Les divers modules sont bien pensés et s’utilisent de façon vraiment intuitive, ce qui permet une prise en main rapide du logiciel. En effet, nous n’avons pas eu besoin de nous baser sur la documentation existante du logiciel pour en acquérir les fonctionnalités de base. Le logiciel fonctionne très bien et son temps de réponse est vraiment très acceptable. De plus, un travail simultané en réseau n’a posé aucun problème.
Nous avons remarqué cependant quelques incohérences, notamment, dans la grille de catalogage. La zone que nous appellerions communément indexation, c’est-à-dire la possibilité de mettre des mots-clés à l’ouvrage, est nommée « Catégories » et pour créer une véritable confusion, la zone que nous appellerions classification est intitulée « Indexation »…
Ce problème de dénomination n’est cependant pas bien grave et il suffit d’en être conscient pour passer outre. Par contre, plus ennuyeux, la grille de catalogage des périodiques ne possède pas de champ « périodicité » ni « date ». Nous avons donc mis ces mentions dans les notes, faute de mieux. Ces lacunes devraient disparaître avec l’ajout prochain d’un module de gestion des abonnements. Enfin, dans l’OPAC, les noms de champs sont axés « catalogage de monographie ». On retrouve donc la notion « nombre de pages » devant la durée d’un CD
Ces petites incohérences ne posent aucun problème pour la gestion de documents dans le sein d’une petite institution néanmoins, dans le cas d’une institution de grande importance, il serait nécessaire de faire appel aux développeurs, à la communauté, voir à un professionnel pour régler ce genre de petits désagrégements et avoir au final des notices au format standard pour chaque type de documents.
Suite à la dernière mise à jour du logiciel, nous avons eu un problème sérieux dans la gestion des mots-clés. En effet, un certain nombre de ceux-ci n’apparaissaient plus dans la liste d’autorité ni dans la liste disponible via le module de catalogage. Ce fut donc une « bonne » occasion de tester la communauté. Nous avons expliqué en détail notre problème, via la mailing-list, et avons demander une aide. La réponse se fait toujours attendre et nous supposons que nos mails ont été perdus dans la masse. Nous avons donc, heureusement, résolu le problème par nos propres moyens et avons d’ailleurs obtenu une réponse à notre problème récemment, via un problème semblable présenté à la communauté. Étant inscrite depuis quelques mois sur cette mailing-list, Carole Zweifel a pu constater que la plupart des problèmes obtiennent une réponse et que la communauté est très active et efficace.
Bilan de l’expérience
Le bilan de cette expérience a été très positif pour nous. Le logiciel PMB est vraiment performant et a répondu à un grand nombre de nos attentes de départ. Depuis notre départ et suite à une petite formation dispensée par nos soins, le personnel de la FCMA s’est bien adapté à cet outil, qui est devenu un « compagnon de travail » idéal dans le traitement de l’information et de la recherche de documents. Avec notre aide, ils ont pu installer la nouvelle version du logiciel. Malgré quelques problèmes, auxquels nous avons pu pallier assez facilement, nous pouvons garantir l’efficacité du logiciel à moyen terme dans leurs locaux.
Le logiciel est toujours utilisé et le fonds a été presque entièrement catalogué par les employés et par Ludivine Berizzi lors d’un mandat supplémentaire de quinze jours.
Le libre, la solution d’avenir ?
Une alternative viable
Puisque le domaine des logiciels de gestion de bibliothèque est assez récent, il est difficile de se faire une idée claire de son avenir. A-t-on affaire à un effet de mode ? On aurait pu le craindre mais, à ce stade, on assiste plutôt à l’émergence d’un nouveau marché. Les logiciels libres sont en train de s’implanter petit à petit dans le paysage informatique et les logiciels libres de gestion de bibliothèques suivent le mouvement. Il est difficile de chiffrer le nombre d’installations de ce type de logiciels. Si, en Suisse, les SIGB libres semblent très marginaux, en France, PMB par exemple est installé dans une centaine d’institutions. Koha compte plus de soixante installations dans le monde entier.
Le fait que la philosophie des logiciels libres se rapproche beaucoup de celle des bibliothèques ne peut que les réunir assurément. Nicolas Morin (Morin, 2004) estime d’ailleurs que le combat logiciel libre / logiciels propriétaires, dans son principe, est déjà gagné d’avance. Il se demande cependant si les logiciels libres peuvent s’imposer pour une application métier comme un système intégré de gestion de bibliothèque.
Suite à notre expérience, nous pensons que les logiciels libres peuvent actuellement proposer une alternative vraiment intéressante aux logiciels propriétaires. On remarque en tout cas que les initiatives sont de plus en plus nombreuses et que les bibliothécaires / documentalistes ont de plus en plus de choix en ce qui concerne les logiciels de gestion de bibliothèque. C’est une bonne chose mais faut-il encore que le logiciel soit viable, sérieux et semble stable.
Ces logiciels suivent très souvent les nouvelles technologies tout en maintenant une compatibilité avec les anciennes versions, ce qui permet de faciliter les migrations de données. Ils sont souvent assez esthétiques, en tout cas pour les plus récents. Leur interface est soignée et souvent conviviale. Ils utilisent pour la plupart des plates-formes Web et des langages libres de programmation (PHP, Perl,…).
Par contre, plusieurs logiciels ne sont pas terminés ou proposent des versions bêta. La plupart offre les fonctionnalités de base mais les fonctions plus évoluées, tel un module d’acquisition, de gestion financière, le prêt-inter ou la recherche booléenne, sont plus rares. Enfin, un certain nombre de logiciels ne sont pas encore utilisés réellement dans les bibliothèques, ceci pour des raisons de version inachevée ou peut-être de mauvaise adéquation aux besoins.
Bref, il est indispensable de trier et de tester sérieusement les logiciels les plus avancés, puis estimer si la communauté des utilisateurs est assez importante pour assurer une certaine pérennité du logiciel. En fait, nous n’avons guère trouvé plus de sept logiciels qui nous semblaient convenables et à notre avis seuls PMB, Koha, GNUTeca et éventuellement LearningAccess ILS et Evergreen peuvent actuellement prétendre à un avenir assuré. Ces logiciels conviennent très bien à des bibliothèques et centres de documentation de petite et moyenne importance (et à un grand réseau dans le cas d’Evergreen) et on ne devrait pas les ignorer lors du choix d’un logiciel de gestion de bibliothèque.
Une décision politique
Par contre, dans le cas de grandes bibliothèques, pour être concurrentiels par rapport aux logiciels propriétaires, les fonctionnalités devraient à l’avenir s’étoffer et ainsi obtenir plus de crédibilité. Les développeurs sont souvent très motivés et nous pensons que les logiciels libres se développeront vite et pourront dans un avenir proche, être compétitifs par rapport aux logiciels propriétaires.
Le problème d’une installation en réseau se pose également sérieusement. Que faire en cas de réseaux de bibliothèques ? Peut-on imposer un logiciel libre à toute une communauté de bibliothèques ? A notre avis, il s’agit avant tout d’une question politique. Koha semble, par exemple, en bonne liste pour s’implanter dans de grandes bibliothèques. Ce logiciel est d’ailleurs installé déjà dans des établissements universitaires français (École Nationale Supérieure des Mines de Paris, École des Mines de Nantes, École Supérieure d'Ingénieurs en Électronique et Électrotechnique,…). Quant à Evergreen, il devrait permettre de gérer en réseau plus de 250 bibliothèques de petite à grande importance.
Dans des pays aux moyens plus limités, cette question se pose moins et les logiciels libres constituent, en général, une alternative économique idéale, un moyen de se libérer de l’hégémonie des produits occidentaux, d’obtenir une « indépendance technologique » et de réduire la fracture numérique. L’ouvrage de Perline et Thierry Noisette (Perline & Noisette, 2004) explique très bien les enjeux sociopolitiques et économiques des logiciels libres dans les pays non occidentaux et du Tiers-Monde. Nous ne nous y attarderons pas mais nous pensons que la crédibilité des logiciels libres viendra peut-être de ces pays.
Prenons l’exemple du Brésil. Ce pays est l’un des tous premiers à avoir légiféré en faveur des logiciels libres. Une loi fédérale est actuellement en discussion au parlement pour ne permettre l’usage de logiciels propriétaires par l’administration qu’en cas d’absence de logiciel libre correspondant au cahier des charges (Perline & Noisette, 2004). L’environnement politique brésilien est donc très favorable et ce pays devient le paradis du pingouin Linux et des logiciels libres (Dibbell, 2004). Cela explique que GNUTeca soit très bien implanté au Brésil, autant dans des bibliothèques publiques, universitaires que gouvernementales.
Un risque calculé
L’implantation d’un logiciel libre de gestion de bibliothèque aux dépends d’un logiciel propriétaire est actuellement encore rare. Il s’agit donc d’un pari risqué mais selon Nicolas Morin (Morin, 2004), c’est un risque calculé. Nous pouvons le confirmer, suite à notre expérience. Nous avons, en tout cas, confiance envers le logiciel PMB et sa communauté.
Il est dommage que pour notre travail de diplôme et pour cet article, nous n’ayons pas eu le temps d’installer et tester tous les logiciels. Ce travail reste encore à faire. Nous pourrions également imaginer de réaliser une grille d’évaluation adaptée aux logiciels libres de gestion de bibliothèque.
En attendant un test plus complet, nous incitons déjà tous les professionnels à s’intéresser aux solutions libres et à les tester lors d’un choix de logiciel. Nous pourrions presque assurer que « l’essayer, c’est l’adopter » !
Notes
(1) Toutes les références des sites web se trouvent en fin d’article.
(2) Le code source est une représentation humainement compréhensible des instructions qu’exécute l’ordinateur, c’est, en quelque sorte, le noyau du logiciel.
(3) voir le site web de W3schools : http://www.w3schools.com/browsers/browsers_stats.asp (visité le 16 juin 2005)
(4) Nous n’avons pas investigué dans les logiciels de gestion de bibliothèques numériques puisqu’ils n’auraient pas répondu entièrement aux besoins de la FCMA et que celle-ci ne possède actuellement pas suffisamment de documents numériques.
(5) SIGB : Système Intégré de Gestion de Bibliothèque
(6) Liste de discussion suisse des spécialistes en information et documentation
Bibliographie
Sélection de sites web
- Free Software Foundation (consulté le 16 juin 2005)
- Open Source Initiative (consulté le 16 juin 2005)
- Site d’Avanti (consulté le 16 juin 2005)
- Site française de Koha (consulté le 16 juin 2005)
- Site de Learning Access ILS (consulté le 16 juin 2005)
- Site de GNUTeca (consulté le 16 juin 2005)
- Site de PMB (consulté le 16 juin 2005)
- Site de OpenBiblio (consulté le 16 juin 2005)
- Site de Emilda (consulté le 16 juin 2005)
- Site d’Evergreen (consulté le 16 juin 2005)
- Open Source Systems for Libraries (consulté le 16 juin 2005)
- Free Biblio : l’actualité du logiciel libre et gratuit pour bibliothèques (consulté le 16 juin 2005)
Articles
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CORNÉE, Nathalie (2003). Logiciel libre en bibliothèque. 116 p. Mémoire, Information et documentation d’entreprise, Bordeaux 3.
DIBBELL, Julian (2004). We pledge allegiance to the penguin. Wired, novembre 2004, p. 191-197
FERCHAUD, Bernadette (2004). Les logiciels libres, solutions pour la gestion de l’information ? Documentaliste – Sciences de l’information, vol. 41, no. 3, p. 196-199
LOINTIER, Cécile (2001). Les logiciels documentaires gratuits. Argus, vol. 30, no. 3, p. 7-9.
MORGAN, Eric Lease (2004a). Logiciels libres et bibliothèques. Biblioacid, vol. 1, no. 2-3, p. 1-8.
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PERLINE, NOISETTE, Thierry (2004). La bataille du logiciel libre : dix clés pour comprendre. Paris : La Découverte. Sur le vif. ISBN 2-7071-4384-7

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