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The No-nonsense guide to research support and scholarly communication (2020)
Ressi — 17 décembre 2020
Thomas Pasche, Haute Ecole de Gestion, Genève
The No-nonsense guide to research support and scholarly communication (2020)
L’auteure de cet ouvrage paru en 2020, Claire Sewell, travaille au bureau de la communication scientifique de la bibliothèque de Cambridge en qualité de coordinatrice des compétences en matière de soutien à la recherche. Elle est également coordinatrice de conférence pour le conseil d’administration de la Special Librairies Association (SLA) et contributrice pour de nombreuses revues professionnelles.
L’explosion d’internet et la multiplication des plateformes de recherche auraient dû rendre le travail des chercheurs plus simple : plus d’information publiées et plus de points d’accès pour les trouver et les consulter. La réalité est tout autre : la multiplicité des sources d’informations et la prolifération des fake news et autres sources de désinformations rendent le travail des chercheurs de plus en plus compliqué, s’ajoutent à cela les coûts, souvent prohibitifs d’accès aux ressources de qualité ainsi qu’un système de publication de plus en plus restreint, tant économiquement que géographiquement. C’est dans ce contexte que le rôle du bibliothécaire chargé de la communication académique est mis en question. Quelles qualifications doit-il posséder, quelles expertises et quelle place a-t-il dans ce milieu à l’évolution rapide et souvent chaotique.
Le premier chapitre de cet ouvrage pose un cadre à cette question. Il explique le rôle que chacun se doit de jouer, explique les bases de la recherche académique tant du point de vue des chercheurs que du point de vue des bibliothécaires, brouillant parfois l’identité de ces deux rôles, le premier se retrouvant parfois à occuper le poste du second sans pour autant avoir une formation bibliothéconomique. Le rôle du bibliothécaire est par ailleurs changeant en fonction de son répondant, celui-ci ayant un besoin plus ou moins important de guidance et de soutien. Ce chapitre conclut sur le cycle de vie que toute recherche, aussi basique soit-elle, doit suivre afin d’avoir un impact et une portée maximale.
Le second chapitre fait un focus tout particulier sur les données et leur prise en charge. Tout d’abord d’un point de vue linguistique : peut-on encore parler de données lorsque son répondant travaille dans ls domaine des sciences humaines, domaine dans lequel les données vont plutôt être nommées informations. Ainsi, le bibliothécaire devra faire preuve d’adaptabilité en fonction de son répondant afin que son message soit bel et bien compris. Il aura par ailleurs la charge de faire comprendre au chercheur combien il est important d’avoir un plan de gestion des données, tant au niveau du nommage qu’en ce qui concerne leur classement, qu’il soit physique ou numérique. Les données devront ainsi être trouvables, accessibles, interopérables et réutilisables et devront être parfois maniées avec précaution, surtout si ces dernières sont des données sensibles (personnelles, médicales ou juridiques).
L’Open access est au cœur du chapitre suivant, en le définissant comme la possibilité de rendre accessibles librement les résultats de la recherche, en partie grâce à l’essor des nouvelles technologies, notamment celles du web et en s’opposant aux moyens traditionnels de publication. Ce chapitre revient également sur l’historique de l’open access, depuis l’apparition du terme au début des années 2000 et son développement dans les années qui suivirent, notamment par les trois actes fondateurs que sont : l'Initiative de Budapest en faveur de l'accès libre, la Déclaration de Bethesda sur l'édition en libre accès et la Déclaration de Berlin sur le libre accès à la connaissance dans le domaine des sciences. L’auteure aborde également les problèmes afférant à cette méthode de diffusion, en évoquant le cas de certains scientifiques qui craignent que l’open access nuise à la crédibilité de leurs travaux. Il est également question des avantages apportés par l’open access pour les chercheurs ainsi que pour le grand public. Le rôle des bibliothécaires peut être d’apporter des solutions techniques aux chercheurs, une compréhension de ce qu’est l’open access et peut également être utile dans le cadre de leurs propres recherches en leur donnant accès à un vaste volume d’informations utiles.
L’auteure évoque ensuite les méthodes de dissémination des résultats de la recherche. Il est question des différentes questions que les chercheurs doivent se poser quant au partage du résultat de leurs recherches, notamment quant au format ou aux supports servant à partager les données de la recherche : dépôt institutionnel, réseaux sociaux, plateformes dédiées, etc. Le texte met également en garde contre les « éditeurs prédateurs », des organisations qui exploitent l’open access pour un gain financier, en promettant de fournir des services spécialisés en matière de dissémination des données de la recherche, mais qui, finalement, se contentent de publier ce qui leur a été transmis sans travail supplémentaire.
Dans le cinquième chapitre, Claire Sewell évoque les critères servant à mesurer l’impact (en anglais : metrics) et la qualité de la recherche. Les bibliothécaires académiques ont ici un rôle important à jouer, dans la mesure où ils connaissent bien, en général, ces méthodes de mesures d’impact et peuvent aider les chercheurs en les soulageant de ce calcul. Dans cette partie du livre, l’auteure décrit ces différents outils de mesures et dans quelles situations les utiliser.
Le chapitre suivant se différencie des autres parties de ce livre dans la mesure où l’auteure s’adresse directement à des personnes souhaitant entamer une carrière dans le domaine de la communication académique et de l’aide à la recherche. Pour ce faire, Claire Sewell clarifie le vocabulaire propre aux offres d’emploi dans ce domaine et détaille les compétences nécessaires pour travailler dans ce domaine. Le chapitre offre également des études de cas, sous la forme de postes mis au concours dans des bibliothèques académiques et comment les décrypter.
A travers le dernier chapitre, l’auteure encourage les bibliothécaires à publier leurs propres travaux, qu’ils soient dignes de journaux revus par les pairs ou plus modestes. Il est normal pour un bibliothécaire de chercher régulièrement des solutions aux problèmes auquel il va quotidiennement être confronté et les solutions trouvées sont dignes d’être partagées avec les pairs, afin de leur permettre de résoudre des problèmes similaires. Par ailleurs, un spécialiste de l’information entreprenant ses propres recherches, quelle que soit l’ampleur de cette dernière, aura une expérience concrète lui permettant d’aider au mieux les chercheurs car il les aura également vécues. Cette expérience peut aussi ouvrir des possibilités professionnelles car elle permet d’acquérir des compétences managériales, de gestion du temps, de communication, de capacité de recul et de capacités analytiques. Cela permet aussi au chercheur en herbe de se familiariser avec les difficultés habituelles que rencontrent les chercheurs : le temps, les finances, la politique, le perfectionnisme, le manque de confiance et la motivation, pour ne citer qu’eux. Enfin, l’auteure souligne les différents moyens de diffuser le résultat de ces recherches bibliothéconomiques : conférence, poster, publication, newsletter et réseaux sociaux.
Claire Sewell conclut en mettant en avant les thèmes communs aux différents chapitres. La connaissance du domaine du support à la recherche et de ses particularités est acquise via l’expérience, et le domaine est encore pour l’instant une spécialité émergente. Aussi, à défaut de critère de recrutement précis, on préférera des qualités telles que l’adaptabilité, la capacité de communication avec divers types d’interlocuteur et enfin, la capacité de s’adapter au changement, point essentiel pour se maintenir à jour avec les dernières techniques et informations du domaine. Enfin, l’aide à la recherche ne concerne pas uniquement le domaine universitaire mais peut également être abordé plus tôt, y compris en école obligatoire : cela permet en effet de pré-former les enfants à la gestion des informations, leur utilisation et à leur sauvegarde.
En conclusion, l'ouvrage de Claire Sewell, en abordant différentes thématiques, donne un tour d'horizon clair et synthétique du domaine de l'aide à la recherche académique et montre bien comment les bibliothécaires peuvent s’impliquer utilement dans ces processus de soutien aux chercheurs. L'ouvrage comporte de nombreux exemples pratiques et concrets, permettant aux personnes déjà actives dans ce domaine, tout comme au nouveau venu de mieux cerner les enjeux de la communication académique. De plus, le livre propose une documentation fournie permettant à ceux qui le souhaitent d'explorer plus avant les différentes thématiques abordées, faisant de cet ouvrage une référence dans le domaine.
Bibliograhie
SEWELL, Claire, 2020. The No-nonsense Guide to Research Support and Scholarly Communication. London : Facet Publishing. ISBN : 9781783303939
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