Publiée une fois par année, la Revue électronique suisse de science de l'information (RESSI) a pour but principal le développement scientifique de cette discipline en Suisse.
Présentation de la revue
Contenu du site
Se connecter
Bibliothèque de Genève et Centre d’iconographie genevoise en mutation
Ressi — 18 décembre 2014
Nelly Cauliez, Conservatrice responsable de l’Unité Régie, Bibliothèque de Genève
Nicolas Schätti, Conservateur responsable du Centre d'iconographie de Genève
Résumé
Durant la fermeture pour travaux de la Bibliothèque de Genève, le personnel a été mobilisé en masse pour mener au Centre d’iconographie genevoise des chantiers majeurs de conservation préventive aidé de la Protection des biens culturels.
Bibliothèque de Genève et Centre d’iconographie genevoise en mutation
La Bibliothèque de Genève profite d’une période de travaux pour lancer différents chantiers de conservation, en étroite collaboration avec la protection civile et l’Office cantonal de la Protection de biens culturels.
Du 1er au 5 septembre 2014, la Bibliothèque de Genève (BGE) (http://www.bge-geneve.ch) a fermé ses portes pour mener un chantier de rénovation au bâtiment des Bastions. Elle a saisi cette opportunité pour mobiliser ses équipes sur des chantiers de conservation au quai du Seujet, à l’Institut et Musée Voltaire et surtout au Centre d’iconographie genevoise (CIG).
Doyenne des institutions culturelles genevoises, la Bibliothèque de Genève se déploie sur quatre sites ; dans le Parc des Bastions, la bibliothèque publique et patrimoniale, dans le quartier des Délices, l’Institut et Musée Voltaire ; dans la maison des arts du Grütli, la bibliothèque musicale et, au boulevard du Pont d’Arve, le Centre d’iconographie genevoise. C’est dans ce dernier site que les chantiers ont été les plus impressionnants.
Un centre de conservation hors normes
Le Centre d’iconographie genevoise abrite en un lieu unique les collections iconographiques de la Bibliothèque de Genève et celles dites du Vieux-Genève provenant du Musée d’art et d’histoire. Elles comprennent quatre millions de documents ; estampes, dessins, tableaux, sculptures, plans et cartes ainsi que des photographies.
Depuis vingt ans, le Centre d’iconographie genevoise peine, comme d’autres institutions analogues, à faire face à la masse de documents qui lui sont remis, en particulier les archives des photographes actifs dans la seconde moitié du 20e siècle, une mémoire visuelle essentielle pour qui s’intéresse à l’histoire contemporaine mais qui reste très fragile en raison de l’emploi à cette époque de matériaux industriels peu stables. Le problème est aggravé par la masse des documents, qui se comptent en centaines de milliers, et la saturation des espaces de stockage.
En 2013, le Centre d’iconographie genevoise et l’Unité Régie de la Bibliothèque de Genève ont élaboré un projet de réorganisation des locaux et des collections, dans l’attente d’un nouveau bâtiment devenu aujourd’hui indispensable.
Le traitement préventif en guise de priorité
Dans cette perspective, le traitement préventif des fonds reste une priorité absolue, car lui seul donne une idée de l’état matériel des documents, des volumes concernés et de la valeur relative du patrimoine conservé. Le remplacement des conditionnements d’origine, la retranscription des informations historiques inscrites sur les supports anciens qui sont éliminés et la renumérotation des nouveaux contenants constituent cependant des opérations dont on sait qu’elles sont extrêmement longues et, en pratique, difficiles à réaliser dans des délais raisonnables avec les effectifs réduits de l’institution.
Devant l’ampleur de la tâche, la Bibliothèque de Genève a fait le pari de faire appel à du personnel non formé à la conservation préventive pour les mener à bien. Il s’agit d’abord des collaborateurs, occupés en temps normal à des tâches bibliothéconomiques, administratives ou de gestion, que les travaux de rénovation rendaient exceptionnellement disponibles. Pour renforcer ses équipes, la Bibliothèque a accueilli pendant huit jours des astreints de la Protection civile (PCi), plus particulièrement ceux qui avaient volontairement choisi le domaine de la protection des biens culturels (PBC).
Le recours à des ressources externes a augmenté considérablement les forces de travail qui pouvaient être affectées à ces tâches; la collaboration avec la PCi a en outre permis de bénéficier d’équipements supplémentaires (tables, bancs, matériel divers). Du point de vue de la PCi, la participation à une telle entreprise a été l’occasion d’un exercice grandeur nature par immersion dans un milieu patrimonial de valeur, avec une confrontation à d’authentiques documents et une formation approfondie aux exigences de leur manipulation.
Une préparation minutieuse
Les chantiers qui ont été engagés ont été extrêmement diversifiés et se sont déroulés dans l’ensemble des locaux du Centre d’iconographie genevoise pour permettre la répartition optimale d’un nombre élevé de personnes, jusqu’à 70 personnes en même temps, là où on n’en trouve généralement que 6.
L’opération a bien sûr exigé une préparation minutieuse et une organisation sans faille (comprenant notamment une évaluation très précise du matériel de conditionnement nécessaire et la rédaction de protocoles de traitement détaillés) ainsi que, durant les travaux, un fort encadrement des équipes par le personnel du Centre d’iconographie genevoise et de l’Unité Régie, en particulier des restauratrices et des techniciennes en conservation préventive, un point qui est essentiel si l’on veut limiter au maximum le risque d’erreurs.
Le temps de quelques jours, le Centre d’iconographie genevoise a ainsi été le théâtre d’un important remue-ménage. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : plus de 50 collègues de la Bibliothèque de Genève ont œuvré sur divers postes de travail souvent très éloignés de leur mission au quotidien. Pas moins de 135 œuvres d’art désencadrées et une centaine de tableaux emballés et reproduits, 600 estampes, 4000 photographies grands formats ainsi que 8000 plans et cartes du Vieux-Genève, entièrement cotées et reconditionnées, trois fonds de photographes (Wassermann, Georges et Trepper) représentant 40 000 négatifs et 10 000 tirages traités, pour ne citer que les fonds les plus importants. A cela s’ajoutent le catalogage de plus de 400 ouvrages de la bibliothèque et la création d’un espace dévolu au matériel de conservation.
Une étroite collaboration
Ces importants chantiers n’auraient certainement pas pu voir le jour sans l’aide fournie par l’Office cantonal de la Protection de biens culturels, rattaché à l'OCPPAM (Office cantonal de la protection de la population et des affaires militaires) et le domaine PBC de l'organisation régionale de la protection civile (ORPC) de la Ville de Genève, soutenus par des contingents venus des OPC (Organisation de Protection Civile) et ORPC de Carouge, Lac, Lancy-Cressy, Meyrin-Mandement, Seymaz et Valavran. L’opération offrait pour les 56 astreints motivés la mise en pratique dans un contexte réel des thèmes traités lors des cours PBC.
Cet important chantier aura représenté plus de 2670 heures de travail sur 8 jours et une première collaboration cantonale coordonnée de la PBC au service d’une institution culturelle. Le résultat est une progression réjouissante des travaux de conditionnement des collections et la libération d’espaces de stockage qui pourront à l’avenir accueillir de nouveaux fonds.
- Vous devez vous connecter pour poster des commentaires
La revue Ressi
- N° Spécial DLCM
- N°21 décembre 2020
- N°20 décembre 2019
- N°Spécial 100ans ID
- N°19 décembre 2018
- N°18 décembre 2017
- N°17 décembre 2016
- N°16 décembre 2015
- N°15 décembre 2014
- N°14 décembre 2013
- N°13 décembre 2012
- N°12 décembre 2011
- N°11 décembre 2010
- N°10 décembre 2009
- N°9 juillet 2009
- N°8 décembre 2008
- N°7 mai 2008
- N°6 octobre 2007
- N°5 mars 2007
- N°4 octobre 2006
- N°3 mars 2006
- N°2 juillet 2005
- N°1 janvier 2005