N° 17 décembre 2016

Sommaire - N° 17, Décembre 2016

Études et recherches :

Comptes-rendus d'expériences :

Comptes-rendus d'événements :

Recensions :

Editorial

Comité RESSI

Editorial n° 17

C’est un numéro 17 riche en contributions que nous avons le plaisir de vous proposer. Ce numéro couvre les diverses facettes de la science de l’information: la lecture publique, les bibliothèques scientifiques, l’archivage, la conservation numérique, le records management, la veille. Il constitue ainsi un reflet significatif des pratiques, réflexions et préoccupations en science de l’information en Suisse, essentiellement, durant l’année 2016.

Dans la rubrique Etudes et Recherches, vous trouverez une synthèse sur les stratégies et méthodes de collecte de l’archivage du Web, rédigée par Jonas Beausire, assistant à la HEG-Genève, et intitulée L’archivage du web : présentation des méthodes de collecte et recommandations pour l’accès aux contenus – et leur structuration. Cette synthèse recense les différentes approches méthodologiques, les stratégies de collecte, les attentes des chercheurs et propose des recommandations techniques sur les interfaces d’accès aux contenus.

Dans la rubrique « Compte rendus d’expérience », nous vous proposons cinq contributions.

La première, signée Elise Pelletier, assistante au Master de sciences de l’information de la HEG-Genève, intitulée Bibliothèques et quête d’identité résume un Travail de Master qui est une réflexion sur l’identité commune des Bibliothèques municipales de la Ville de Genève ; après la présentation de la méthodologie et des éléments qui composent l’identité, la conclusion revient sur l’importance du dialogue entre élus - bailleurs de fonds- et le Commission des bibliothèques de la Ville de Genève.

On reste à Genève pour la deuxième contribution, toujours centrée sur les bibliothèques municipales : signée par Florent Dufaux, adjoint de direction aux Bibliothèques municipales de la Ville de Genève, l’article Labo-Cité : pourquoi une bibliothèque sans livres ? revient sur l’expérience réalisée à la Bibliothèque de la Cité à Genève qui, pendant son réaménagement, a offert au public, pendant 6 mois, un espace doté de ressources numériques spécifiques, et un programme varié d’ateliers et de rencontres. Cet article en fait le bilan et donne des pistes intéressantes sur les besoins actuels des publics.

On quitte le monde de la lecture publique pour aborder celui du records management et de la gouvernance de l’information avec la troisième contribution, Quelle gouvernance informationnelle pour une PME high tech ?. Rédigé par Aurèle Nicolet, assistant HES, l’article condense un travail de Master consistant en un état des lieux des pratiques de gestion de l’information d’une PME spécifique, Alpes Lasers, une analyse ainsi que des recommandations en gouvernance informationnelle adaptées à cette PME.

Les deux contributions suivantes ont trait aux bibliothèques académiques. L’article InfoTrack, une nouvelle formation en ligne aux compétences informationnelles pour la Bibliothèque de l’UNIGE : retour d’expérience a été co-écrit par trois collaboratrices de la Bibliothèque de l’Université de Genève, à savoir Aurélie Vieux et Anne Ronchi, collaboratrices scientifiques et responsables du projet, ainsi que Laure Mellifluo, bibliothécaire en charge des formations. L’article décrit le contexte du projet InfoTrack, plateforme de formation aux compétences informationnelles, les étapes, la méthode utilisée et en donne un bilan intermédiaire – la plateforme étant disponible depuis septembre 2016 seulement.

L’article suivant insiste, quant à lui, sur la nécessité pour une bibliothèque universitaire de mieux communiquer sur ses services, et notamment sur son service de formation personnalisée. Intitulé Une stratégie de communication pour le service de formation personnalisée de la Bibliothèque de l’EPFL et rédigé par Audrey Bongard, spécialiste de l’information, l’article démontre que les bibliothèques académiques doivent professionnaliser leur marketing pour réellement faire connaître leur offre et leurs compétences.

Dans la rubrique « Compte rendu d’événements », on trouvera un premier article relatant les points forts du congrès de l’association professionnelle BIS (Bibliothèque Information Suisse), qui a eu lieu à Lucerne du 31 août au 3 septembre 2016. L’article, rédigé en allemand par Herbert Staub, président de BIS, s’intitule Bibliothek und Politik, les liens entre bibliothèques et politique - dont leur visibilité - étant le thème du congrès. Celui-ci a battu des records de participation, puisqu’il a réuni plus de 500 personnes et plus de 40 exposants.

Le deuxième article de la rubrique revient sur le congrès iPRES 2016 : International Conference on Digital Preservation qui a eu lieu à Berne, du 3 au 6 octobre 2016, à la Bibliothèque nationale suisse. Ecrit par H. Locher, Responsable de la section Services en ligne à la Bibliothèque nationale, il décrit, sur un ton à la fois personnel et vivant, quelques temps forts des conférences et ateliers de travail qui ont été proposés à plus de 300 participants.

La troisième contribution de la rubrique est un compte-rendu de la dernière Journée franco-suisse sur la veille stratégique et l'intelligence économique, la 13ème, qui a eu lieu le 9 juin 2016 à Genève, sur le thème Big data et intelligence économique : rendre le futur moins incertain. Signé par Angélique Broye, étudiante en information documentaire à la HEG de Genève, il rend compte des différentes interventions illustrant en quoi le big data peut aider une organisation à anticiper et à améliorer ses services.

Un dernier article relate le contenu de la troisième Ecole d’été internationale francophone en science de l’information et des bibliothèques, qui a eu lieu à Dakar, à l’EBAD (Ecole des bibliothécaires, archivistes et documentalistes), entre le 27 juin et le 9 juillet 2016. Intitulé La conservation numérique : un enjeu de taille !, co-écrit par plusieurs participants, Eunsu Ahn, Camille Delaune, Hésione Guémard et Colin Harkat (étudiants en Master professionnel de l’ENSSIB), l’article résume des retours d’expérience et exemples de projets de numérisation, ainsi que les visites effectuées pendant cette école d’été.

Finalement, dans la rubrique « Recensions », il vous est proposé de découvrir trois documents.

La première recension est écrite par Alain Dubois, archiviste cantonal du Valais et rend compte de l’ouvrage de Gilbert Coutaz, directeur des Archives cantonales vaudoises, Archives en Suisse : conserver la mémoire à l’ère numérique. Publié en 2016, l’ouvrage passe en revue l’histoire des archives en Suisse, leurs objectifs, ainsi que leurs rôles et les défis actuels auxquels elles sont confrontées.

La deuxième, sous la plume de Karsten Schuldt, adjoint scientifique à l'Institut des sciences de l'information de la HTW de Coire, est en fait une recension groupée de 7 ouvrages parus entre 2013 et 2016 sur les fablabs en bibliothèque. Ecrit en allemand et intitulé Anleitung und Vorschläge für Makerspaces in Biblioteken : Sammelrezension [Guide et propositions pour des fablabs en bibliothèque : recension groupée], il relativise l’engouement démesuré pour les fablabs tout en mettant en valeur les livres jugés véritablement utiles. La conclusion est aussi disponible en français.

Quant à la troisième, rédigée par Jonas Beausire, également auteur de l’article sur l’archivage du Web, elle est un résumé thématique du livre Entretiens, recueil des expériences de quatre anciens directeurs de bibliothèques suisses, à savoir Jacques Cordonier, Alain Jacquesson, Jean-Frédéric Jauslin et Hubert Villard. Cet ouvrage, édité par Alexis Rivier, conservateur à la Bibliothèque de Genève, donne un aperçu intéressant de l’histoire récente des bibliothèques en Suisse romande, ainsi que des défis à venir.

Nous remercions chaleureusement les auteurs pour leurs contributions, les réviseurs, les relecteurs et ceux qui ont contribué à la mise en ligne de RESSI, et nous vous invitons à nous soumettre des propositions d’articles en tout temps.

Le Comité de rédaction

L’archivage du web : présentation des méthodes de collecte et recommandations pour l’accès aux contenus –et leur structuration-

Jonas Beausire, Haute Ecole de Gestion, Genève

L’archivage du web : présentation des méthodes de collecte et recommandations pour l’accès aux contenus –et leur structuration-

Introduction

Les questions soulevées par l’archivage du web préoccupent les acteurs du monde de l’information depuis presque vingt ans maintenant. Il est aisé de situer dans le temps les prémices des réflexions qui entourent les questions d’une mémoire du web. En effet, des initiatives comme celle, bien connue et la plus ancienne de toute, de la fondation « Internet Archive »[1] ont pris naissance dès 1996 dans un climat d’urgence à se saisir des nouvelles traces qui faisaient déjà la mémoire de la fin du XXe siècle (Peyssard 2012). La multiplication des ordinateurs connectés durant la bulle Internet jusqu’en 2000 confirmera la nécessité de sauvegarder les contenus désormais « nés numériques » du prochain millénaire.

L’établissement, durant la première décennie du XXIe siècle, de programmes d’archivage du web institutionnalisés (le plus souvent au sein de bibliothèques nationales) va peu à peu voir opérer un changement de paradigme essentiel : de la numérisation généralisée du patrimoine, il s’est agi de patrimonialiser le (né) numérique. Ce passage, symptôme de la légitimation de ces nouvelles archives, n’est pas sans poser un catalogue de questions : Comment préserver ces nouveaux documents ? Selon quelles logiques documentaires ? Comment les conserver de façon pérenne ? De quelles façons les rendre accessibles et à qui ? Au fond, comment prendre en charge une masse documentaire exponentielle, qui a valeur de patrimoine, et qui ne cesse de disparaître de plus en plus rapidement ?

Si désormais les contenus nés numériques préoccupent les institutions patrimoniales et constituent un segment de notre mémoire collective, les différents acteurs concernés par leur archivage pointent également une autre réalité : la disparition du web d’hier est toujours plus importante. En effet, les documents et données issus du web sont aujourd’hui trop souvent inaccessibles, hantés par le spectre de l’erreur http 404 (fichier introuvable) ; la durée de vie moyenne d’une page web avant modification ou suppression est d’environ cent jours (Laporte, Kahle, 2011)[2]. La dimension fragile, fuyante et nomade de ces documents exhorte les archivistes, les bibliothécaires et les chercheurs à penser de nouveaux modèles de collecte et plus largement à assimiler de nouveaux lieux de notre mémoire collective. 

Les sources mobilisées pour la réalisation de ce travail proviennent majoritairement du web et étonnent souvent par leur complexité lorsqu’elles sont destinées au public de l’ingénierie informatique, par exemple. Le caractère fondamentalement transdisciplinaire des entreprises d’archivage du web se traduit dans la pluralité des publics auxquels s’adressent les ressources scientifiques disponibles sur le sujet. Les publications liées aux activités de l’International Internet Preservation Consortium (IIPC)[3] demeurent le réservoir privilégié des ressources disponibles aujourd’hui, associant souvent études de cas et réflexions holistiques sur l’archivage du web. Les trois axes majeurs de travail du consortium rejoignent ceux associés au circuit du document en bibliothèque : collecte, consultation et préservation (Illien 2011). Par ailleurs, certains médias, spécialisés ou non, soulignent peu à peu les enjeux de la sauvegarde de cette mémoire numérique et cherchent à sensibiliser des publics plus divers et moins avertis.

Au carrefour des enjeux d’accessibilité, de représentativité, de légitimité et de fiabilité des documents nés numériques, cet article[4] se propose de dégager les grandes approches méthodologiques et stratégies de collecte de l’archivage du web à l’œuvre aujourd’hui, mises en regard avec les programmes de la Bibliothèque nationale suisse (BN) et de la Bibliothèque nationale de France (BnF). Il analysera les attentes et les résistances du public des chercheurs face à ces nouvelles archives et enfin présentera des pistes d’innovation et des recommandations pour mieux appréhender l’archivage du web.

Cadre théorique

Il est possible d’identifier aujourd’hui de grandes approches et stratégies de collecte. Une typologie conceptualisée par Thomas Chaimbault (enseignant à l’ENSSIB) offre à voir un panorama des stratégies et modes de dépôt (voir tableau récapitulatif n°1, p. 5) développés par différents établissements nationaux et soutenus par des consortia (Chaimbault, 2008).

En rappelant que ces approches demeurent de purs cadres théoriques et qu’elles doivent être renouvelées – notamment en raison des mutations techniques extrêmement rapides du web – il est également à souligner que les réalités du terrain sont multiples et mêlent bien souvent plusieurs approches et stratégies pour répondre aux besoins spécifiques d’un seul et même programme d’archivage du web.

Les approches

L’approche dite « intégrale » consiste à collecter l’entier du web, sans distinction ni critère de sélection. Les questions liées à une valeur patrimoniale des documents sont évacuées au profit d’un projet de pure exhaustivité. Le projet « Internet Archive » en est aujourd’hui l’exemple unique et concentre la plus large audience des collections issues du web au travers de son interface d’accès aux documents d’archive, la « Wayback Machine »[5]. Avec près de 273 milliards de pages web collectées (Internet Archive, 2016) et au centre d’un partenariat qui la lie avec près de 440 organismes partenaires, la fondation s’inscrit dans un double mouvement, à la fois celui de la collecte autonome, mais également celui d’un échange continu avec d’autres organisations de collecte. (Leetaru, 2016)

L’approche « exhaustive », quant à elle, vise également une certaine idée de la complétude mais dans un périmètre circonscrit, celui d’un nom de domaine, d’un espace national particulier ou, moins souvent, d’un type de sites. Cette approche, relativement répandue, s’intègre facilement dans les missions d’une institution patrimoniale comme les bibliothèques nationales mais cristallise les ambiguïtés liées à la territorialité du web : des contenus web particulièrement signifiants peuvent être enregistrés sous un nom de domaine hors collecte, par exemple.

A l’inverse des deux précédentes approches, celle dite « sélective » consiste à se saisir de contenus prédéfinis au moyen de critères choisis extrêmement variés : thématiques, en lien avec la nature de la ressource, qualitatifs, etc. Cette approche rompt avec un certain souci d’exhaustivité et se propose de compiler régulièrement des instantanés de sites répondant aux critères de sélection choisis.

Enfin, l’approche « thématique » doit se comprendre comme un embranchement particulier de l’approche sélective : il s’agit d’archiver une collection de sites web en lien avec un événement spécifique. Les collectes des sites web et autres ressources liés aux élections présidentielles françaises menées par la BnF illustrent parfaitement cette approche. (Greffet, 2012) Sa logique renvoie directement à la notion de « collection », voire de « fonds d’archive » puisqu’il s’agit bien pour les bibliothécaires de sélectionner et d’éliminer en vue de former un corpus cohérent, pouvant ainsi former de véritables « produits d’appel » tournés vers un public encore aujourd’hui embryonnaire (Illien, 2008).

Les stratégies

Parallèlement aux différentes approches décrites, Thomas Chaimbault dégage également trois stratégies de collectes différentes. La stratégie « automatisée » qui engage la mise en place d’un logiciel-robot (moissonneur et collecteur du web) : un espace web circonscrit à un domaine choisi est ainsi collecté de façon automatique. Cette stratégie accompagne généralement des approches intégrales ou exhaustives de l’archivage du web. La stratégie « semi-automatisée » implique également l’usage d’un logiciel-robot mais ajoute à son utilisation des critères de sélection plus précis ; elle peut être mobilisée dans le cadre d’une approche sélective du web. Enfin, l’approche « manuelle », même si elle exige également des ressources techniques, replace l’humain au centre des processus de collecte ; les bibliothécaires sont amenés à sélectionner eux-mêmes les sites pertinents. Cette logique combinatoire est essentielle dans le contexte d’une approche thématique.

En assignant la typologie de Thomas Chaimbault au programme d’archivage de la BN, on peut aisément le qualifier de sélectif et thématique. En effet, dans la tradition des Helvetica, la collection « Archives Web Suisse » regroupe en grande majorité des sites web patrimoniaux et helvétiques, selon un périmètre et des critères décidés collégialement. En rejetant tout projet d’exhaustivité et en cartographiant les sites archivés au moyen d’un catalogue de grands principes de sélection et d’exclusion[6], la BN se distingue radicalement de la BnF. En effet, l’institution française combine trois approches : exhaustive, sélective et thématique qui renvoient à autant de modes de collecte. Exhaustive car la BnF procède à des collectes dites « larges » qui moissonnent l’entier du nom de domaine français, mais superficiellement en ce qui concerne la profondeur des sites. Sélective et thématique lorsque la BnF mène ses collectes dites « ciblées » qui visent à s’emparer des sites en profondeur et à une fréquence plus élevée, choisis pour leurs contenus signifiants. (BnF, 2015)

Table 1 : Récapitulatif des grandes approches et stratégies

  Stratégie automatisée Stratégie semi-automatisée Stratégie manuelle

Approche

intégrale

  • Entier du web
  • Pas de critère de sélection
  • Logiciel-robot
Néant Néant
Approche exhaustive
  • Entier du web, mais périmètre précis
  • Nom de domaine ou espace national
  • Logiciel-robot
Néant Néant
Approche sélective Néant
  • Critères de sélection précis
  • Ressources humaines
  • Logiciel-robot
Néant
Approche thématique Néant Néant
  • Critères de la sélection précis
  • Collecte événementielle/thématique
  • Ressources humaines

 

Un cadre légal différencié, des usages communs

Au cœur du régime différencié des programmes de la BN et de la BnF, réside le cadre légal sur lequel repose les approches mises en œuvre. En effet, ce dispositif structure largement les possibilités des deux institutions. Il est également le reflet d’une « accréditation culturelle de l’éphémère » (Merzeau, 2003). L’absence de dépôt légal suisse au niveau national implique pour la BN une approche sélective et thématique du web. A l’inverse, le dépôt légal du numérique permet à la BnF de s’emparer indifféremment de la quasi-totalité de la production éditoriale numérique française, tendant à une forme d’exhaustivité sans jugement de valeur documentaire. L’accessibilité des archives est une conséquence directe du cadre législatif différent de chacune des deux bibliothèques : la BnF est contrainte d’encadrer son accès pour protéger le droit d’auteur des contenus qu’elle moissonne, alors que la BN est plus souple puisque les accords des producteurs ont été obtenus préalablement.

Il est à noter que l’approche dite « thématique » est partagée par les deux institutions : dans les deux cas, des bibliothécaires sélectionnent en amont les sites signifiants et tentent de former des collections parfois thématiques ou gravitant autour d’événements majeurs. Certains outils informatiques et des préoccupations liées à la profondeur de l’archivage sont partagés par les deux bibliothèques. Le rapprochement s’opère également sur le plan international puisque la BN et la BnF sont membres du Consortium IIPC au travers duquel elles collaborent. Comité de pilotage et groupes de travail au sein de ce consortium sont autant de lieux d’échanges et de retours d’expérience, notamment concernant l’usage de divers logiciels développés par certains membres.

Besoins, attentes et résistances des chercheurs

Le public des nouvelles collections issues des différents programmes de l’archivage du web demeure une question centrale. Si des publics variés peuvent aujourd’hui consulter ces nouvelles archives, celui des chercheurs scientifiques semble être le plus important. (Chevallier, Illien, 2011) (Aubry et al. 2008) De nombreuses questions sont soulevées par ce public particulier : un site Internet peut-il réellement constituer une source fiable ? Quelle procédure existerait-il pour valider la qualité d’une telle source ? Comment justifier le choix de convoquer tel site plutôt qu’un autre dans une sitographie ?, etc. (Chevallier, Illien, 2011)

Malgré des attentes contradictoires et des réticences notamment méthodologiques et épistémologiques, la communauté scientifique semble s’accorder sur la nécessité de travailler avec le numérique, de s’interroger sur les conditions d’une meilleure appréhension du patrimoine numérique natif et sur la conservation de nouvelles formes d’expressions numériques. (Joutard, 2013) La conservation d’une mémoire du web nécessite une reconceptualisation des modèles traditionnels de l’archivage en les pensant spécifiquement pour les documents numériques natifs. Les pertes de certains contenus nés numériques et les liens morts inquiètent certains acteurs du monde académique, notamment les historiens, qui voient disparaître des ressources à durée de vie limitée. Les doutes et les interrogations se cristallisent majoritairement autour de la fiabilité de ces nouvelles archives dont les contours documentaires peinent à être scientifiquement définis ; en effet, même si certains chercheurs s’accordent autour du bien-fondé de l’archivage des sites institutionnels et des blogs, les actions ou traces individuelles laissées sur le web sont considérées avec davantage de circonspection. (Chevallier, Illien, 2011) C’est bien entendu la question irrésolue de la légitimation du statut de collection de ces archives qui se pose ici en filigrane. Ainsi, l’organisation, la hiérarchisation, voire la discrimination des contenus du web sont attendues de la part des chercheurs pour considérer plus sûrement les nouveaux corpus. La variété des contenus agrégés exige des efforts organisationnels majeurs pour un usage scientifique de ces données. (Leetaru, 2016) La bibliothèque peut endosser un rôle important dans ce processus de légitimation. (Illien, 2011)

Plus concrètement encore, ce sont les difficultés d’accès, autant physiques que techniques, qui préoccupent les chercheurs : le supposé déplacement au sein des bibliothèques dépositaires des fonds et les interfaces difficiles à prendre en main empêchent trop souvent le public de s’approprier ces nouvelles ressources. L’indexation plein texte constitue toujours la voie d’accès privilégiée aux volumes exceptionnels de ces collections, malgré les insatisfactions récurrentes liées aux technologies utilisées (Gomes, Miranda, Costa, 2011). Enfin, l’instabilité du média Internet, la volatilité des données et la difficulté à traiter de gros volumes de données souvent très hétérogènes constituent les principaux freins méthodologiques rencontrés par le monde de la recherche (Mussou 2012).

Recommandations techniques et innovations

En dehors des grandes initiatives nationales et des projets circonscrits à une institution donnée, l’IIPC peut être considéré comme un laboratoire d’innovations incontournable sur la scène internationale. Cet organisme a notamment pour but de sensibiliser aux enjeux liés à la conservation des ressources nées numériques. (Bonnel, Oury, 2014) De nombreuses sources sont accessibles par le biais de cet institut : articles, études de cas et conférences enrichissent des sources souvent disparates sur l’archivage du web. Le lieu des innovations en matière de conservation du web se situe ainsi surtout dans le cadre de collaborations internationales.

Quelques outils du « web vivant »

Il existe aujourd’hui de nombreux outils de pointe pour appréhender, étudier et investir le « web vivant », par opposition au web archivé. Mais comment valoriser, analyser et exploiter des collections issues du web ? Des chercheurs de l’« Oxford Internet Institute »[7] proposent de transposer certains de ces outils aux archives du web (Meyer, Thomas, Schroeder, 2011). Nous en retenons ici quelques-uns :

La visualisation peut constituer une fenêtre d’accès inédite aux archives. Dans l’esprit des infographies, elle permettrait de visualiser la façon dont les différentes archives sont reliées entre elles. Un fort développement de cet outil pour le web vivant existe déjà. La recherche profonde, quant à elle, permet d’interroger finement de gros ensembles de données. La prolifération des informations postées (puis archivées) exigerait ainsi de nouveaux moyens d’accès à de très gros volumes d’informations. Les outils d’analyse des réseaux sociaux (SNA) n’ont pas été adaptés aux archives. Ceux-ci pourraient permettre aux archivistes du web l’analyse des liens hypertextes comme révélateur de la structure des interactions des différents sites web composant leurs collections. Les liens et leur analyse expriment quelque chose de la nature du réseau, de ses jeux d’interactions. Enfin, cette analyse pourrait être complétée par l’archivage des liens et autres annotations qui pointent vers les sites archivés afin d’observer leurs évolutions dans le temps.

D’autres pistes d’innovation sont énoncées au sein de l’étude de Meyer, Thomas et Schroeder (2011) : la première est celle dite du « web cumulatif » : il s’agit de considérer le web archivé littéralement en parallèle du web vivant. Cette organisation en filigrane de couches d’archives viendrait combler la fragmentation et les trous du web (comme les liens morts qui désormais pointeraient vers la ressource archivée). Cette piste, relativement utopique, supposerait un changement structurel et profond du web.

S’il est aujourd’hui possible de comprendre l’organisation et les usages des sites présents sur le web et de consulter certains d’entre eux qui n’existent plus, il demeure impossible encore de comprendre l’usage passé des archives du web. Afin d’y parvenir, les chercheurs proposent d’archiver également les journaux des serveurs (« servers logs ») des sites d’archivage du web. De cette façon, il deviendrait possible de comprendre et d’étudier comment les archives du web ont été ou sont utilisées. En conservant le web d’hier, mais également les usages associés à ce web disparu, il serait possible de combler l’une des attentes exprimées par les chercheurs sur la nécessité d’interroger les pratiques scientifiques qui entourent ces nouvelles archives.

Un autre usage possible des archives du web est celui de ses images et de son fort potentiel visuel. Il s’agirait de saisir certains changements du monde au travers des images circulant sur la toile. En extrayant sur une certaine durée des images d’archives d’un même objet, cela permettrait de superposer les clichés et de proposer un rendu visuel de l’évolution de l’objet.

L’exploitation statistique des archives constitue également une opportunité majeure. Quels sont les outils d’analyse à mettre en place pour faire parler de très importantes collections d’archives du web ? Comment ces outils statistiques permettraient de mieux comprendre la structure des collections et conséquemment celle du web en général ? En s’intéressant, par exemple, aux langues des sites web ou à leur date de création, il serait possible de dégager de grandes tendances structurelles du web. Les travaux d’analyse menés par l’ « Observatoire du dépôt légal » de la BnF[8] sur ses collectes larges s’inscrivent dans cette logique statistique.

En lien avec une analyse structurelle du web, il serait possible de rendre compte de la prolifération d’une idée sur le web, de sa viralité et de ses déplacements. Pour repérer et comprendre où les idées surgissent et comment elles se propagent sur le web, il faut pouvoir remonter à l’origine de l’idée. Cette archéologie suppose une profondeur et une granularité des archives très importantes. Dans cette perspective, la temporalité du web, c’est à dire le tempo des publications et les hyperliens qui les relient, doit être archivée. Sans une profondeur suffisante de l’archivage, cette dimension est impossible à extraire des archives.

Enfin, la question du web illicite interroge les chercheurs sur la meilleure façon de rendre compte de ces matériaux circulant sur le web. Les contenus sexuels illicites, sur les drogues, sur les groupes prônant la haine raciale, le terrorisme, etc. sont nombreux. Quelle entité serait habilitée à prendre en charge leur archivage et dans quel cadre juridique ? Ce genre d’archive pourrait autant intéresser des chercheurs que certaines autorités, la justice ou encore les professionnels de la santé, par exemple. L’enjeu réside ici dans la mise en place d’un mécanisme juridique pour protéger et légitimer l’institution garante de ces documents au contenu illégal, et qui saurait mettre en valeur leur intérêt scientifique. (Meyer, Thomas, Schroeder, 2011)

Interfaces, accessibilité et contextualisation

Malgré de nouvelles perspectives pour l’exploitation de la mémoire du web, les chercheurs constatent une absence globale d’interfaces stables et conviviales pour construire et accéder à de solides archives du web[9]. Dans ces conditions, le déploiement des différentes initiatives demeure compliqué. Plusieurs études (Bonnel, Oury 2014 ; Leetaru, 2012) insistent sur l’opportunité de mettre en place des interfaces d’accès aux archives les plus efficaces possibles, qui sachent explorer de très gros volumes de données. Selon Leetaru (2012), l’interface de Twitter constituerait un modèle standardisé très simple d’utilisation. Ces interfaces doivent également être spécifiquement pensées pour les chercheurs qui formeront sans doute une communauté importante se saisissant de ces archives. Toujours dans la volonté d’offrir une voie d’accès améliorée aux archives, c’est bien une description fine des collections au travers de métadonnées variées qui constituera une mise en valeur des fonds. Cette pratique suppose que les administrateurs des programmes connaissent précisément le contenu de leurs archives, ce qui n’est pas toujours le cas, surtout dans le cadre d’approches exhaustives ou intégrales.

Si les chercheurs se saisissent petit à petit de ces nouveaux contenus et citent désormais des sources provenant de celles-ci, il s’agit donc de penser également à la normalisation de ces citations. Cette préoccupation participe au travail de leur légitimation, qui ne doit pas échapper aux usages actuels de référencement des sources traditionnelles. La mise en place d’un identifiant unique et permanent de chaque page web archivée participerait à un système de citation efficace dans les publications scientifiques. Comme pour la citation des pages du web vivant, certaines métadonnées comme la date de capture de la page sont essentielles pour la constitution de notices complètes. Certaines tentatives basées sur les standards MLA et impulsées par Internet Archive vont dans ce sens aujourd’hui[10].  

Si les choix documentaires d’acquisition des bibliothécaires sont longtemps restés opaques pour le grand public, il serait envisageable de renverser cette tendance en documentant les biais, souvent algorithmiques, des crawlers et autres robots qui moissonnent le web pour l’archiver. De la même façon qu’une transparence des politiques documentaires, la mise en lumière de certains détails techniques propres à un programme peuvent contextualiser telle ou telle collection. (Leetaru 2016) Parfois, la date d’archivage d’un site peut ne pas correspondre à la date de capture du même site. Cette réalité peut constituer un biais majeur pour l’étude d’une chronologie exacte de l’évolution d’un site. Si l’on cherche à comparer, par exemple, le nombre de pages traitant de la candidature d’un politicien à une élection avec celui d’un concurrent, les résultats obtenus peuvent ne pas correspondre avec la réalité du web d’alors. Le nombre d’occurrences peut être influencé par certaines politiques d’archivage, par l’algorithme selon lequel le robot moissonne le web, etc. La documentation des archives du web doit éclairer ces potentiels biais techniques. Si on donne à un chercheur la possibilité d’accéder au «journal» du crawler, il pourrait connaître les lieux où le robot a peut-être buté contre tel ou tel contenu : les zones blanches des archives peuvent recéler un sens précieux pour ceux qui les étudient. Par ailleurs, si beaucoup de sites dits « dynamiques » adaptent leurs contenus en fonction de l’emplacement physique de l’internaute, la géographie du robot doit également être un élément de contexte documenté pour les utilisateurs des archives du web ; elle influe directement sur les contenus affichés (et donc collectés), l’ordre des pages, etc. En d’autres termes, un crawler installé en Russie ne collectera pas les mêmes contenus qu’un autre localisé en France.

En définitive, l’ensemble de ces préoccupations techniques renvoie à la question de l’archivage du contexte de l’archive. Les liens sortants d’un site archivés donnent à voir un écosystème global dans lequel le site en question se déploie. Les métadonnées associées ou la localisation du crawler s’inscrivent dans cette même  logique. A titre d’exemple, l’archivage des documents audiovisuels du web pratiqué par l’INA suppose l’intégration de paratextes qui vont définir et aider à interpréter et s’approprier les documents d’archive. (Carou, 2007) C’est également une attente spécifique des chercheurs, qui souhaitent pouvoir accéder à toute une série de données contextuelles comme l’URL, la date de capture, la place de la page capturée dans le site, l’arborescence ou encore des statistiques de vue. (Chevallier, Illien, 2011) En conservant le contexte, l’archive fait sens et peut faire rayonner tout son pouvoir mémoriel et remplir sa fonction cardinale de témoignage.  

Archives sociales, fonction d’authentification et pédagogie

Suite à l’avènement d’un web ultra collaboratif où les échanges et les commentaires constituent le régime privilégié des internautes, la dimension sociale représente aujourd’hui une part substantielle de l’écosystème global d’un site. Les interactions sociales qui entrent en résonnance avec les documents présents sur le site doivent également être archivées, en mesurant, bien entendu, le perpétuel enrichissement de ses espaces d’interaction. (Meyer, Thomas, Schroeder, 2011)

Les archives du web pourraient également constituer, à terme, un potentiel agent d’authentification. En effet, elles pourraient pointer, par exemple, les changements intervenus sur une page dans un jeu de comparaison entre une page « primaire » (archivée à un moment t) et une page consultée sur le web vivant. Ce travail comparatif prendrait tout son sens dans le contexte mouvant du web. Les pages des sites gouvernementaux ou médicaux et leurs évolutions pourraient ainsi être authentifiées par les archives qui, une fois de plus, rempliraient leur objectif de garantie d’authenticité du document. (Meyer, Thomas, Schroeder, 2011)

Enfin, afin de sensibiliser les plus jeunes aux enjeux de l’archivage du web, des programmes impliquant des élèves dans l’élaboration de collections d’archive du web ont été mis en place.[11] (Reynolds, 2013) Il s’agit de rendre attentives les futures générations à l’importance de ce patrimoine nouveau. Les « digital natives » doivent prendre conscience que les contenus produits sur le web ne sont pas éternels et qu’une importante partie de notre mémoire collective se crée, circule et meurt parfois sur la toile. Gageons que cette génération, si active sur le web et coutumière de la richesse de ses contenus, mesurera plus facilement les enjeux d’une sauvegarde de la mémoire numérique que ses aînés.

Conclusion

A ce jour, quatre grandes approches de l’archivage du web peuvent être identifiées : intégrale, exhaustive, sélective et thématique. Chacune d’entre-elles peut parfois être accompagnée d’une stratégie de collecte particulière : automatisée, semi-automatisée ou manuelle. Ces différentes approches constituent des cadres théoriques qui se combinent parfois sur le terrain et qui doivent se renouveler et s’adapter notamment à de nouvelles réalités de l’archivage des documents nés numériques.

Les chercheurs ont tout à la fois des attentes et des résistances : quoiqu’issus d’horizons disciplinaires différents, ils s’accordent sur la nécessité de conserver une mémoire du web, alors même que la disparition des documents nés numériques inquiète certains d’entre eux. C’est autour d’une politique documentaire pensée pour former des collections qui n’apparaissent pas toujours comme légitimes ou fiables aux yeux des chercheurs que la sélection des contenus doit s’articuler. La difficile prise en main des interfaces d’accès à ces archives doit être résolue pour faire rayonner toute la richesse de ses contenus. Un échange des usages et des compétences à l’international peut y répondre, comme on le constate au sein de l’IIPC.

Des outils d’analyse du web vivant comme la visualisation des contenus, la recherche au sein de gros ensembles de données ou l’analyse des réseaux sociaux, sont autant de leviers à activer et transposer pour exploiter et mettre en valeur les collections des archives du web. D’autres pistes d’innovations, comme l’archivage des journaux des serveurs pour comprendre l’usage passé des archives, l’exploitation statistique des archives ou encore l’observation de la prolifération d’une idée sur le web forment un avenir prometteur des archives du web. Les interfaces d’accès constituent à la fois les vitrines des collections et les portes d’accès principales aux contenus ; exploratrices de gros volumes de données, elles doivent être sans cesse repensées pour garantir un accès toujours plus facilité. Le travail de description des archives et des robots-crawler et l’inscription systématique de métadonnées sont des recommandations centrales et récurrentes dans les études. L’archivage du contexte de ces archives répond aux attentes des chercheurs et tend à inscrire ces nouveaux corpus dans une tradition théorique archivistique, notamment concernant leur fiabilité.

L’établissement d’une mémoire numérique apparaît sinon urgent, du moins légitime. Il demeure plus que jamais nécessaire de poursuivre les efforts de recherche autour des nombreuses questions posées par les programmes d’archivage du web : la complexité des processus à mettre en œuvre, les innovations technologiques associées, les politiques et les choix documentaires, mais également la place des professionnels de l’information dans les mécaniques d’archivage sont des enjeux majeurs.

En concentrant un maximum les actions du quotidien d’une société sur son réseau, Internet tend à devenir un lieu de notre histoire mondiale. La trace, le signe ou l’indice numérique nous invitent plus que jamais à considérer le web et son archivage comme une véritable archéologie des pratiques humaines.

Notes

[1] Pour davantage d’informations sur le projet et pour notamment accéder à la « Wayback machine », consulter : https://archive.org/index.php

[2] D’autres chercheurs présentent des chiffres moins alarmistes mais néanmoins préoccupants : 80% des pages sont mises à jour ou disparaissent après un an. (Gomes, Miranda, Costa, 2011)

[3] Pour davantage d’informations sur cet organisme international, consulter : http://netpreserve.org/about-us

[4] Il constitue une synthèse du travail de bachelor intitulé « L’archivage du web : stratégies, études de cas et recommandations », disponible dans son intégralité à l’adresse : https://doc.rero.ch/record/257793?ln=fr

[5] A noter que cette interface d’accès permet d’accéder uniquement à un nombre restreint de ressources. En effet, une grande partie des contenus reçus ou collectés par la fondation ne sont que partiellement accessibles en raison d’embargos, contrats de licence et autres politiques d’accès. (Leetaru, 2016)

[6] L’ensemble de ces grands principes de sélection et d’exclusion est disponible au sein du document consultable ici : https://www.nb.admin.ch/nb_professionnel/01693/01699/01873/01895/index.h...

[7] Pour davantage d’informations sur cet institut, consulter : http://www.oii.ox.ac.uk/

[8] Pour davantage d’information sur cet observatoire, notamment les rapports produits, consulter : http://www.bnf.fr/fr/professionnels/depot_legal_definition/s.depot_legal_observatoire.html?first_Art=non

[9] Il est à noter néanmoins que les interfaces ne cessent de s’améliorer pour mieux s’adapter à leurs utilisateurs, comme en témoigne la récente mise à jour de celle de la BnF en octobre 2016.

[10] Consulter à ce propos : http://www.writediteach.com/images/Citing%20from%20a%20Digital%20Archive%20like%20the%20Internet%20Archive.pdf

[11] C’est le cas, par exemple, de l’initiative « K-12 Web Archiving » : https://archive-it.org/k12/

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Bibliothèques et quête d’identité

Elise Pelletier, Haute Ecole de Gestion, Genève

 Bibliothèques et quête d’identité

« Toute bibliothèque constitue en effet un relevé topographique, voire géologique, de l’identité de son possesseur. » (Sfez 2008)

Bien que décrivant les bibliothèques personnelles, cette citation de la philosophe Géraldine Sfez s’adapte aussi parfaitement aux bibliothèques publiques. Du moins, c’est ce que la réalisation d’un mémoire de master sur l’identité des bibliothèques m’a amenée à conclure. Ce travail se basait sur le cas des bibliothèques de la Ville de Genève et était mandaté par le Département de la Culture et du Sport (DCS) par l’intermédiaire de Marie-Aude Python, responsable de l’Unité Projets transversaux. Au fil de ces sept mois, il s’est avéré que le concept d’identité appliqué aux bibliothèques ouvrait un champ de thématiques (pour ne pas dire de problématiques) très actuel pour ces structures. L’intérêt et la difficulté de ce sujet résidait donc dans la sélection d’axes de réflexion à même de répondre aux attentes et besoins du mandant.

A la découverte des bibliothèques de Genève 

Alors que certains travaux de master s’effectuent entre les quatre murs banals d’un bureau, ce mémoire m’a conduit dans des lieux extraordinaires, face à des trésors uniques et toujours accompagnée de personnes passionnées par leur métier…

Un « Plan directeur » comme premier pas

Au départ de ce travail se trouvait paradoxalement la fin de la rédaction d’un document : le « Plan directeur 2016-2020 des bibliothèques du Département de la Culture et du Sport de la Ville de Genève » (DCS et Commission 2016) (ci-après nommé Plan directeur). Validé par tous les directeurs-trices des bibliothèques et musées du DCS, il présente huit « axes stratégiques » détaillés en 29 projets, qui proposent des solutions concrètes pour le développement des bibliothèques dans les quatre années à venir. Paru en juin 2016, il est le fruit du travail de la Commission des bibliothèques. Composée de un ou deux représentants de chacune des structures, cette Commission est le lieu privilégié des échanges entre les bibliothèques et le DCS, représenté dans ce cadre par Marie-Aude Python. Ce Plan directeur est aussi le premier document commun publié par les bibliothèques et le DCS. Il est donc l’affirmation d’une volonté de travailler conjointement et se situe dans la lignée des politiques culturelles de la Ville proposées par Sami Kanaan, magistrat responsable du département de la culture et du sport (DCS).

Dans ce contexte, pourquoi venir interroger les fondements de cette collaboration en abordant la question de l’identité commune de ces bibliothèques ? Plusieurs raisons peuvent expliquer ce choix et la première, et aussi la plus simple, est que ce plan a une durée limitée. La notion d’identité organisationnelle, certes plus théorique, ne se limite pas à une période donnée. La deuxième raison est que derrière cette volonté aujourd’hui affichée de travailler ensemble se cachent des services qui « par leurs missions, leurs publics cibles et leur taille, [sont] de natures très différentes » (Bezençon 2014). En effet, quand on parle des bibliothèques administrativement gérées par la Ville de Genève, on compte six structures : le Service des bibliothèques municipales (BMU), la Bibliothèque de Genève (BGE), la Bibliothèque des Conservatoire et Jardin botaniques (CJB), la Bibliothèque d’Art et d’Archéologie (BAA), la Bibliothèque Marie-Madeleine Lancoux du Musée d’Ethnographie de Genève (MEG) et le Service d’information documentaire spécialisé du Muséum d’histoire naturelle et du Musée des sciences (SIDoS). Plus précisément, il s’agit de dix-sept sites de bibliothèques, qui sont souvent catégorisés en trois groupes : les bibliothèques de lecture publique, les bibliothèques patrimoniales (fonds anciens et encyclopédiques) et les bibliothèques scientifiques. Chacun de ces sites a développé une identité propre en fonction de ses particularités. La troisième et dernière raison, certainement la plus importante, est liée au contexte général dans lequel s’insère cette collaboration. Si depuis longtemps, les politiques culturelles souhaitent obtenir plus de transversalité entre les services, cette incitation est désormais motivée par une inquiétude croissante expliquée par Marie-Aude Python : « Il y a 20 ans, les bibliothèques n’étaient pas un enjeu politique. Le service n’était pas remis en cause et avait une certaine légitimité. Aujourd’hui, il faut argumenter cette légitimité. Ce service est populaire et est identifié mais il n’est plus à l’abri du débat politique »[1]. Sami Kanaan confirme qu’il existe aujourd’hui un « risque réel » pour la culture et que, dans ce contexte, « il est essentiel d’échanger autour de ces questions avec les politiques mais également avec la population »[2]. Ce « débat politique », et plus spécifiquement son issue positive pour les bibliothèques est « essentiel » : d’une part il conditionne les ressources financières allouées aux bibliothèques mais il questionne également la place accordée aux bibliothèques dans la cité. De là l’importance de fédérer ces structures autour d’une vision commune qui passe par une réflexion sur ce qu’elles sont « ensemble ».

L’objectif de ce mandat était donc de proposer des pistes de réflexion sur une identité commune des bibliothèques qui prenne à la fois en compte leur différence vue dans un sens de complémentarité et leur cohérence avec les politiques culturelles ou, plus largement, avec le territoire de la Ville de Genève.

Qu’est ce que l’identité ?

Puisqu’elle était le cœur de ce travail, il est important de définir brièvement cette notion apparemment simple. L’identité d’un individu est constituée d’un certain nombre de données : nom, origine, éléments d’appartenance… Ces données le caractérisent mais surtout permettent de le différencier de ses semblables. Ainsi, si on prend l’exemple d’une bibliothèque, les données sélectionnées seront différentes si son identité est confrontée à d’autres bibliothèques ou si elle est face à un cadre plus large d’acteurs culturels comprenant des musées, des archives, des théâtres… L’identité se construit en fonction de celles qui l’entourent et les données sélectionnées pour la définir seront différentes en fonction du contexte. L’identité organisationnelle fonctionne de la même manière mais répond à la question « qui sommes-nous en tant qu’organisation ? » (Gombault 2003) et les identités individuelles qui constituent cette identité commune impactent directement sa construction. Le philosophe et sociologue Alex Mucchielli explique que « L’identité est donc toujours plurielle » et qu’elle est « toujours en transformation, puisque les contextes de référence de cette identité (…) sont chacun en évolution du fait même des interactions. » (Mucchielli 2015 p. 10). De ce fait, les données constitutives de l’identité sont multiples. Il répartit ces données dans ce qu’il nomme des « référents identitaires » et propose cinq groupes : les référents historiques, écologiques, matériels et physiques, psychosociaux et culturels. Ces groupes sont ensuite déclinés en liste de déterminants (Mucchielli 2015, p12-14). L’auteur précise que pour spécifier une identité, il faut choisir certains de ces éléments et que « rares sont les définitions identitaires complètes qui utiliseraient tous les déterminants » (Mucchielli 2015, p 43). Le contexte conditionnant la sélection des référents identitaires, il est évident que poser la question « qui sommes-nous en tant qu’organisation ? » en tant que personne extérieure aura des conséquences sur l’identité organisationnelle qui ne peut être complétement définie qu’en interne. Ce constat pose la limite de ce travail de mémoire dont le cheminement était par conséquent dirigé vers des pistes de réflexion et des propositions d’outils à même d’être utilisées par la Commission des bibliothèques pour penser elle-même cette identité commune.

Méthodologie

En accord avec le mandant, l’approche s’est surtout concentrée sur le point de vue des directeurs des bibliothèques, de certains membres du DCS et du magistrat en charge de la Culture et du Sport, même si en réalité l’identité organisationnelle concernait un public beaucoup plus large (on pense ici à l’ensemble des professionnels qui travaillent directement ou indirectement pour les bibliothèques). Plusieurs jalons étaient nécessaires pour baliser cette démarche. Le premier était la visite de plusieurs structures, notamment pour repérer des référents écologiques, matériels et physiques. Le second jalon était l’organisation d’entretiens avec les membres de la Commission, avec certains professionnels du DCS et avec Sami Kanaan, le magistrat en charge du DCS. Le troisième jalon était une grille d’analyse basée sur les référents identitaires d’Alex Mucchielli. Ce cadre théorique permettait d’atténuer l’aspect subjectif de ce travail pour se concentrer sur l’apport d’outils concrets. Un cahier des charges présenté lors d’une séance de la Commission des bibliothèques a servi de guide tout au long de ce projet.

Vers une identité commune :

Le rapide panorama proposé dans la partie suivante a pour objectif de présenter quelques exemples de référents identitaires particulièrement représentatifs des enjeux liés à la construction d’une identité commune.

Déambulation d’un référent identitaire à l’autre…

Déterminer les référents historiques qui lient les bibliothèques de Genève constitue un travail d’envergure vu l’âge de la majorité d’entre elles. Il était difficile sans connaissance historique préalable de retracer parallèlement l’origine et l’histoire de chacune des structures. Pourtant, il est certain que le lien entre les bibliothèques et l’Histoire de la Ville de Genève est porteur de beaucoup de sens dans la réflexion sur leur identité. A titre d’exemple, Alain Jacquesson, ancien directeur de la Bibliothèque de Genève (BGE), relève que « on ignore généralement qu’elle [la BGE] fut à l’origine de la lecture publique à Genève » (Jacquesson 2015, p.9). Cette anecdote historique a un écho particulier aujourd’hui où il existe une séparation très visible entre bibliothèques scientifiques et bibliothèques de lecture publique. On peut également citer les traces historiques laissées par les nombreux mécènes et autres donateurs, qui ont grandement participé à la construction des bibliothèques de la Ville de Genève. Ce mémoire se concentre plus sur les « événements marquants » récents car ils étaient plus facilement identifiables et comparables. Par exemple, en à peine dix ans, sur les six structures, quatre ont changé de direction et sur les quatre nouveaux directeurs, trois n’ont pas de formation spécifique dans le domaine des bibliothèques. Face à ce constat, deux visions légitimes s’opposent. D’un côté, l’impression d’une remise en cause des compétences et de la formation des professionnels et de l’autre la volonté d’apporter de nouvelles compétences spécifiques pour mieux appréhender les changements liés à l’évolution de la société. Or ce débat ne peut pas se résoudre dans un positionnement manichéen du pour ou contre mais doit se réfléchir communément en prenant en compte les tenants et aboutissants des deux visions. Si les changements de direction sont des « événements marquants » porteurs d’une dichotomie, d’autres exemples ont des aspects très fédérateurs. L’arrivée du numérique est un événement qui a profondément modifié les bibliothèques de Genève et d’ailleurs. Souvent sources des débats sur leur avenir, le numérique s’avère un réel catalyseur pour la mise en place de projets transversaux. Pour preuve ; la Commission des bibliothèques est née de la volonté des professionnels de gérer les difficultés qui concernaient des questions informatiques. Cette même Commission est à l’origine du premier service transversal à l’ensemble des bibliothèques : InterroGE[3]. Né en 2013, ce service de renseignement à distance est une vitrine concrète de la complémentarité des structures. Plusieurs responsables le citent comme un « événement marquant » car il transforme l’accès aux ressources documentaires et pose la question du rôle du bibliothécaire. Les changements de direction ou l’arrivée du numérique sont des événements récents mais qui influencent déjà l’identité organisationnelle. En interrogeant la question des origines, les référents historiques anciens ou plus récents explicitent la composition et la structure actuelles des bibliothèques.

Les référents écologiques s’intéressent au contexte externe de l’identité et les deux approches présentées ici concernent la répartition et la visibilité des bibliothèques dans Genève. La carte des sentiers culturels « D’une bibliothèque à l’autre » (Ville de Genève et Service de la promotion culturelle 2016) offre un aperçu général du positionnement des dix-sept sites dans la ville. Cette carte récente montre une répartition équilibrée des structures sur l’ensemble du territoire. D’autant plus que ce maillage constitué par les bibliothèques est renforcé par les structures mobiles que sont les Bibliobus et la nouvelle « Mobithèque ». Le nombre important de bibliothèques sur un territoire relativement restreint garantit une relative proximité à toute personne souhaitant se rendre dans une de ces structures. Cependant, si le maillage de la ville est un avantage, il est minimisé par une absence de signalétique. En effet, très peu de panneaux indiquent visiblement la proximité d’une bibliothèque. La plupart s’affiche devant leur porte à l’aide de bannières, pancartes ou totems. La bibliothèque du Museum d’histoire naturelle est difficilement trouvable pour qui ne connaît pas préalablement son existence. Le site des BMU ponctue la présentation de la bibliothèque de la Jonction d’un « Mais où se cache-t-elle donc ? » (BMU 2014). L’exemple de la signalétique est révélateur du travail encore nécessaire pour mieux affirmer la présence des bibliothèques sur le territoire. Pourtant, leurs bâtiments hôtes sont parfois remarquables de par leur aspect historique ou architectural. Leur positionnement varié est également notable entre parcs et immeuble résidentiel. Le tableau suivant illustre cette variété :

Répartition des bibliothèques par environnement

Globalement, les bâtiments sont perçus par les professionnels rencontrés comme des points forts. Une des limitations évoquées est le manque de place qui devrait en partie se solutionner par la réalisation du projet de « dépôts patrimoniaux » de l’Ecoquartier de la Jonction (Ville de Genève et al. s.d.) évoqué dans le Plan directeur. Ces quelques référents écologiques montrent l’ancrage des bibliothèques dans leur territoire. Les différences entre les bâtiments et la variété des sites doivent être envisagées comme complémentaires pour s’intégrer pleinement à la notion d’identité commune.

Les collections sont logiquement l’élément majeur des référents matériels et physiques. Unanimement reconnues comme une réelle richesse, elles sont, par de nombreux aspects, emblématiques de l’identité organisationnelle des bibliothèques de la Ville de Genève. D’ailleurs, plusieurs bibliothèques (la BAA et la BGE notamment) valorisent déjà leur complémentarité par l’intermédiaire de politiques documentaires réfléchies conjointement. Sans détailler ces fonds aussi impressionnants par leur qualité que par leur quantité, un aperçu de ces collections est proposé dans la brochure des sentiers culturels consacrée aux bibliothèques (Ville de Genève et Service de la promotion culturelle 2016). Plusieurs bibliothèques ont pu proposer la photo d’un ouvrage. A côté des livres rares et anciens, la BAA présente « 600 pastilles noires : un livre pop-up pour les enfants de tous âges » de David A. Carter (Carter 2007). Ce petit détail est un signal de l’aspect perméable de la frontière entre le côté scientifique et celui de la lecture publique. Leur avantage, quand on parle d’identité, est qu’elles sont concrètement exploitables dans le sens de la complémentarité. Cependant, les collections sont aussi fortement marquées par l’identité propre de chacune des structures, qui s’est complètement approprié « ses » collections au fil des années. Parallèlement les services proposés aux usagers peuvent aussi être complémentaires mais sont moins empreints de cette identité. De plus, ils sont adaptables aux évolutions rapides de la société ce qui est moins le cas pour les collections. On a déjà évoqué à titre d’exemple le service InterroGE, qui a l’avantage de rassembler l’ensemble des bibliothèques autour d’un service commun. La médiation culturelle est également un service qui se développe de plus en plus mais elle reste un sujet de controverse. Pour certains, elle n’est pas assez présente quand pour d’autres, elle dépasse le cadre de compétences des bibliothécaires. Encore une fois, seul un dialogue pourra solutionner ce dilemme mais la réponse à apporter à cette problématique modifiera dans un sens ou dans un autre l’identité des bibliothèques.

Les référents psychosociaux des bibliothèques sont en lien direct avec leur environnement social. Liées à la fois aux collections et aux services, les missions sont largement diffusées au sein des structures ou sur leurs sites web. Si la comparaison des missions entre toutes les bibliothèques établit deux groupes distincts entre bibliothèques de lecture publique et bibliothèques scientifiques, on peut observer un certain glissement des bibliothèques de musée vers des missions plus traditionnellement réservées aux bibliothèques de lecture publique. Leur souhait de s’ouvrir à un plus large public modifie profondément leur organisation avec l’accroissement des espaces dédiés aux usagers. Ce nouveau signe de perméabilité entre ces deux types de bibliothèques est un axe à approfondir dans la réflexion sur l’identité commune. Autre référent psychosocial porteur de sens, la promotion des bibliothèques est un point de développement évoqué par l’ensemble des personnes rencontrées. Il apparaît d’ailleurs comme un axe stratégique dans le Plan directeur. Comme le constate Marie-Aude Python, « il faut une visibilité et une lisibilité plus claires des offres avec une stratégie de communication efficace ». La nécessité de renforcer la visibilité des bibliothèques n’est pas un point nouveau (petit écho au problème de signalétique) et c’est un problème assez récurrent et universel. Sami Kanaan voit dans cette difficulté des bibliothèques à communiquer une forme de « modestie » : « Leur travail est moins connu et moins mis en valeur (…). La valorisation de leur travail est essentielle. Le plan directeur d’ailleurs est aussi un instrument de communication qui va dans ce sens ». La promotion touche aussi à l’image des bibliothèques et « il est important d’un point de vue stratégique, de créer une image qui coïncide avec l’identité organisationnelle d’un établissement donné » (Stensaker 2007). Le manque de stratégie de communication générale est une opportunité pour la Commission des bibliothèques d’en construire une nouvelle apte à diffuser une image cohérente. Cela est d’autant plus nécessaire que cette identité commune des bibliothèques de la Ville de Genève est brouillée par des réseaux dans lesquels elles s’inscrivent indépendamment. Des conventions tissent des liens entre les bibliothèques du DCS et d’autres structures similaires, ce qui est essentiel à leur inscription dans le territoire. La Convention entre l’Université et la majorité des bibliothèques scientifiques de la Ville de Genève est très pertinente car elle vise à « Identifier les complémentarités dans les missions des institutions afin de les coordonner et d’éviter les redondances » (Convention 2010). Malheureusement, les BMU ne participent pas à cet accord, ce qui crée une faille dans une approche d’identité commune. Parallèlement, la « Convention de coopération culturelle » (Convention 1997) avec les villes frontalières concerne l’ensemble des bibliothèques. Ce partenariat offre la possibilité aux lecteurs inscrits dans certaines autres structures de profiter de l’ensemble de l’offre des bibliothèques de Genève. Néanmoins, c’est avant tout un partenariat administratif et malgré son réel potentiel, cette convention n’est pas encore utilisée activement par les structures. Pourtant, elle pourrait être un vrai facteur de rayonnement et contribuer indirectement à leur promotion.

Les référents culturels se sont avérés moins évidents à déterminer. L’un d’entre eux est apparu assez visiblement lors des visites et des entretiens et correspond à ce qu’Alex Mucchielli appelle les contre-modèles. Cela peut s’apparenter à une construction identitaire par opposition. Pour résumer, les professionnels présentaient souvent leur structure par ce qu’elles n’étaient pas ou ne cherchaient pas à être. L’opposition entre bibliothèques de lecture publique et scientifiques était particulièrement présente mais l’opposition entre « petite » et « grande » bibliothèque était également visible. Cette construction par opposition est normale puisque l’identité se construit par rapport à celle des autres. Toutefois, il ne faut pas que cela devienne un frein à l’idée d’identité commune entre des structures qui s’estiment très, voire trop, différentes. Au contraire, abordée dans un sens de complémentarité, ce qui était un point faible peut devenir un réel atout pour une construction pertinente de l’identité. De plus, cela est un point de convergence avec les discours de transversalité présent dans les politiques culturelles. Les valeurs sont un deuxième référent culturel, qui a la particularité d’avoir été directement abordé lors des entretiens par l’intermédiaire d’un tri par cartes. Le professionnalisme, l’innovation et la collaboration ressortent en tête de cet exercice. Au bilan, la méthodologie, qui nécessite encore des améliorations, est aussi intéressante que les résultats. C’est un exercice simple, toujours très bien accueilli, qui permet de déterminer des valeurs ou tout autre élément les plus représentatifs dans un groupe. La détection des référents identitaires majeurs aurait certainement gagné à utiliser plus largement ce tri.

Sortie de son contexte, cette liste de référents identitaires peut ressembler à un inventaire à la Prévert. Bien que non-exhaustive, elle a permis de faire ressortir les points de convergence et de divergence dans la construction identitaire commune. Le territoire et leur histoire sont des référents identitaires forts et incontournables pour les bibliothèques de la Ville de Genève. Cependant, cette distinction constante entre bibliothèques scientifiques et bibliothèques de lecture publique, enracinée dans leurs collections, les divisent. Pourtant, des services comme InterroGE sont le signe évident d’une complémentarité possible. De même, certaines incompréhensions persistent dans le dialogue entre professionnels et élus malgré un souhait ou plutôt une conviction mutuelle de la nécessité de collaborer avec pour enjeu, l’avenir des bibliothèques.

L’identité comme étendard

Le terme « étendard » peut sembler un peu belliqueux pourtant il s’agit pour les bibliothèques d’affirmer leur identité pour pouvoir mieux se positionner sur l’échiquier des politiques culturelles. Cette perspective justifie aussi l’importance de faire travailler des structures parfois si différentes dans l’objectif de trouver des arguments communs et pertinents dans le débat politique.

Continuer le dialogue

Ce dialogue nécessaire est décrit ainsi par Sami Kanaan : « Les professionnels ont leur place mais les responsables politiques doivent faire des choix, pour fixer les grandes orientations ou pour des questions budgétaires. Le défi est de trouver une harmonie entre les propositions, les desiderata des professionnels et les demandes des élus. ». Marie-Aude Python rappelle quelques-uns des enjeux futurs de ces discussions : « le positionnement des bibliothèques scientifiques vis-à-vis du grand public, la répartition des tâches entre la Ville et l’Etat de Genève, concernant directement la BGE et la transition du catalogue Rero ». Collaboratrice du DCS mais également issue du domaine des bibliothèques, elle a une vision globale qui lui permet de rappeler que « toutes ces questions doivent être pensées communément. Plus on anticipe, plus on sera prêt à toute éventuelle remise en cause politique, notamment en cas de changement de magistrat. Il faut préparer les discours. ». En effet, si Sami Kanaan, affiche dans le Plan directeur son soutien aux bibliothèques, il est pertinent de mentionner que dans la logique législative des villes en Suisse, l’exécutif politique change tous les cinq ans. Le dialogue est en quelque sorte cyclique et doit d’autant plus être fondé sur des bases solides car, comme le note Anne-Marie Bertrand, on doit passer par « cette influence mutuelle entre les acteurs qui déterminent une politique de l’offre » (Bertrand 2015, p. 63). Pour cela, l’identité est un bon outil de communication comme le souligne, dans son article « L’identité dans la communication » Edmond-Marc Lipiansky : « communiquer implique une définition corrélative du locuteur et de l’interlocuteur et de la relation qui les relie. Comment s’adresser à quelqu’un si on ne saisit pas, même confusément, quelle définition de soi va s’actualiser dans l’interaction, en rapport avec l’identité d’autrui ? » (Lipiansky 1993). "Il explique ici l’importance de prendre conscience de son identité et de celle de son interlocuteur pour adapter au mieux son discours. Or, de nombreux professionnels ont l’impression d’être incompris par les pouvoirs publics, pour qui les bibliothèques sont souvent un service noyé parmi tant d’autres. De même, la commission des bibliothèques, centre de ce dialogue, est soutenue par Sami Kanaan mais n’a pas d’existence administrative et certains directeurs de bibliothèque n’y participent plus directement. Pourtant, l'avenir des bibliothèques se joue sur cette prise de conscience mutuelle, qui est le moteur du dialogue entre elles et les élus. Cela passe par une explication du rôle des bibliothèques et du métier de bibliothécaire mais avec un discours adapté à ce contexte particulier, c’est-à-dire qui prenne en compte les enjeux du discours politique et plus largement les besoins spécifiques à la ville. Ce discours doit se nourrir d’indicateurs pertinents, choisis collectivement et mutuellement avec le DCS.

Quelques outils pour avancer

De nombreux outils issus du domaine des bibliothèques ou d’autres domaines sont régulièrement développés et peuvent être très efficaces pour alimenter le dialogue avec les élus. La sélection de ces outils dépend des besoins spécifiques mais aussi des compétences des professionnels, qui de par leur formation et leur expérience maîtriseront mieux l’un ou l’autre. Les deux outils suivants, la norme ISO 16439 et l’analyse PESTEL, sont donc présentés à titre d’exemple. En février 2016, la commission d’experts AFNOR/CN46-8 présidée par Nadine Delcarmine publie un livre blanc sous le titre « Qu’est-ce qui fait la valeur des bibliothèques ? ». Elle explique la norme ISO 16439 « Information and documentation – Methods and procedure for assessing the impact of libraries » parue en avril 2014. Comme les auteurs l’expliquent, « ce qui a intéressé ici les experts internationaux qui ont rédigé cette nouvelle norme, c’est d’évoquer la construction d’indicateurs qui parlent aux élus et aux autorités qui allouent les ressources nécessaires à la création et au fonctionnement des bibliothèques » (Delcarmine et al. 2016, p. 6). L’utilisation par les professionnels de cet outil est une réelle valeur ajoutée, cependant, les auteurs reconnaissent aussi sa complexité et la nécessité d’obtenir de l’aide extérieure pour mieux l’appréhender. Pour cela, les bibliothèques de la Ville de Genève peuvent profiter de la présence sur leur territoire d’associations professionnelles, des universités ou de la filière ID de la Haute école de gestion. Evoquer l’environnement de ces bibliothèques permet de faire le lien avec le deuxième outil : l’analyse PESTEL (Politique – Economique – Socioculturel – Technologique – Environnemental – Légal). « Chaque organisation agit comme un  organisme au sein d’un écosystème qu’il  contribue à modifier et qui le modifie en retour. L’analyse PESTEL va permettre de  dresser un profil détaillé de cet écosystème. » (Moinet et Deschamps 2011). Si l’identité est impactée par le contexte, cette analyse permet de mieux l’appréhender et d’ainsi mieux anticiper les débats avec les élus. Se doter d’outils et de concepts du monde de l’entreprise, comme l’analyse PESTEL ou le management de la relève (Bezençon 2014), peut être bénéfique aux bibliothèques mais en respectant tout ce qui fait la particularité d’un service public. Au contraire, bien utilisés, ils peuvent valoriser le travail des bibliothécaires et permettre d’afficher clairement la valeur des bibliothèques pour la cité.

La fin n’est que le début…

Le cas des bibliothèques de la Ville de Genève a eu le double intérêt de poser la question de l’identité dans le cadre concret du dialogue entre professionnels et élus mais aussi d’être représentatif d’une réflexion plus générale sur la place des bibliothèques dans les politiques culturelles en Suisse. En effet, depuis 2011, la Confédération a lancé une réflexion élargie sur une « politique culturelle nationale » pour que la Confédération, les cantons et les communes se coordonnent mieux dans ce domaine. Le Dialogue culturel national (DCN), créé en octobre 2011, est un « instrument propre à développer les champs d'action et le contenu de cette politique culturelle nationale. » (OFC 2016). Pour la période 2016-2020, les bibliothèques font leur apparition comme un « des thèmes sur lesquels se pencheront des groupes de travail communs » (ibid.). Même si, pour l’instant, aucune réalisation concrète n’est encore visible, les bibliothèques doivent se tenir prêtes à s’emparer du sujet. Les récents propos du directeur de la Bibliothèque universitaire de l’École polytechnique fédérale à Zurich ou les fermetures de bibliothèques outre-manche sont autant de signaux qui doivent interpeller les professionnels. Un nouveau dialogue s’engage entre élus et bibliothécaires pour expliquer, justifier ou parfois défendre la place des bibliothèques au sein des villes. Loin du discours alarmiste, les échanges pourront être constructifs si chaque partie-prenante a bien conscience des enjeux de l’autre. Pour cela, les bibliothèques peuvent s’appuyer sur leur lien étroit avec leur territoire. Chaque bibliothèque a une identité unique qui s’est construite dans une imbrication étroite avec celle de la ville. Le dialogue entre élus et professionnels doit s’ancrer dans cette réalité où la bibliothèque est le miroir de la cité.

Notes

[1]Toutes les citations de Marie-Aude Python sont issues de l’entretien effectué avec elle en mai 2016 dans le cadre de ce mémoire.

[2]Toutes les citations de Sami Kanaan sont issues de l’entretien effectué avec lui en juin 2016 dans le cadre de ce mémoire.

[3]http://www.ville-geneve.ch/themes/culture/offre-culturelle/bibliotheques/interroge/

Bibliographie

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BEZENÇON, Christophe, 2014. Le management de la relève dans les bibliothèques de la Ville de Genève [en ligne]. Haute école de gestion de Genève. [Consulté le 4 mars 2016]. Disponible à l’adresse : http://doc.rero.ch/record/232854

BMU (SERVICE DES BIBLIOTHEQUES MUNICIPALES DE LA VILLE DE GENEVE), 2014. Jonction | Bibliothèques Municipales | Ville de Genève : Sites des institutions. Bibliothèques municipales de la Ville de Genève [en ligne]. 2014. [Consulté le 9 août 2016]. Disponible à l’adresse : http://institutions.ville-geneve.ch/fr/bm/nos-bibliotheques/adresses-et-horaires/jonction/

CONVENTION, 1997. Convention entre la Ville de Genève et les communes frontalières relative au prêt réciproque des livres et des documents audiovisuels. 1997.

CONVENTION, 2010. Convention entre l’Université de Genève et la Ville de Genève fixant les modalités de collaboration de leurs bibliothèques [en ligne]. 2 février 2010. [Consulté le 15 mai 2016]. Disponible à l’adresse : https://www.unige.ch/dis/files/7414/1215/7642/Convention_UNIGE_VdG_02022...

DCS (DÉPARTEMENT DE LA CULTURE ET DU SPORT) et COMMISSION DES BIBLIOTHÈQUES, 2016. Plan directeur 2016-2020 des bibliothèques du Département de la Culture et du Sport de la Ville de Genève [en ligne]. Plan directeur. Genève : Ville de Genève. [Consulté le 3 juillet 2016]. Disponible à l’adresse : http://www.ville-geneve.ch/fileadmin/public/Departement_3/Administration/plan-directeur-bibliotheques-ville-de-geneve.pdf

DELCARMINE, Nadine, MERCIER, Silvère, RIGEADE, Marine et TOUITOU, Cécile, 2016. Qu'est-ce qui fait la valeur des bibliothèques ? Livre blanc [en ligne]. Association française de normalisation (AFNOR), février 2016 [consulté le 10 août 2016]. Disponible sur le Web : http://portailgroupe.afnor.fr/public_espacenormalisation/AFNORCN46-8/Livre%20Blanc%20fev2016.pdf

DESCHAMPS, Christophe., MOINET, Nicolas, 2011. La boîte à outils de l'intelligence économique (La boîte à outils). Paris : Dunod. ISBN 9782100551125

JACQUESSON, Alain, 2015. Les bibliothèques à Genève: essai de chronologie, 1478 > 2014. Genève : L’Esprit de la Lettre. Bibliothéchos. ISBN 978-2-9700838-7-0.

LIPIANSKY, Edmond-Marc, 1993. L’identité dans la communication. Communication et langages. 1993. Vol. 97, n° 1, pp. 31‑37. DOI 10.3406/colan.1993.2452. ISSN 0336-1500 [Consulté le 28 juillet 2016]. Disponible à l’adresse : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/colan_0336-1500_1993_num_97_1_2452

MUCCHIELLI, Alex, 2015. L’identité / Alex Mucchielli. 9e éd. mise à jour. Paris : Presses universitaires de France. Que sais-je ? : le point des connaissances actuelles 2288. ISBN 978-2-13-058920-4.

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Labo-Cité : pourquoi une bibliothèque sans livres ?

Florent Dufaux, Bibliothèques municipales de la Ville de Genève

Labo-Cité : pourquoi une bibliothèque sans livres ?

Introduction

Entièrement dédié au numérique, le Labo-Cité a consisté en un espace temporaire public dans la salle d’exposition de la Bibliothèque de la Cité, principale succursale du réseau des Bibliothèques municipales de la Ville de Genève (BM) entre le 20 septembre 2014 et le 25 avril 2015.

Durant ce laps de temps, la bibliothèque allait faire peau neuve et ses collections seraient inaccessibles. Il s'agissait donc à la fois de proposer une prestation originale et d’évaluer les besoins et attentes des publics en matière de numérique afin d'alimenter le nouveau projet culturel de la Bibliothèque de la Cité. Cette expérience visait aussi un objectif de formation des collaboratrices et collaborateurs du réseau dans le domaine.

Bien que situé dans la « centrale » des BM, le projet a impliqué l’ensemble du réseau (6 bibliothèques de quartiers, le Bibliobus et les services de traitement des documents), ainsi que la Direction des systèmes d’information et de communication de la Ville de Genève. Une équipe de projet a vu le jour afin de s'occuper des différentes phases d’études et de mise en œuvre, mais aussi d’intégrer l’ensemble des services compétents. Ce groupe s’est penché sur la définition du périmètre du projet, sur l’organisation du Labo-Cité ainsi que sur la sélection des ressources numériques.

Afin d’obtenir un certain impact, il a été souhaité que cet espace soit ouvert toute la semaine (du mardi au samedi) de 10h à 17h et qu’un programme de médiation spécifique soit établi. Il fallait donc pouvoir accueillir le public et organiser des activités, tout en répondant à notre objectif de formation interne. Un appel à candidature a été lancé sur l’ensemble du réseau des BM, dont le résultat a dépassé nos attentes. 52 collaboratrices et collaborateurs se sont portés volontaires pour participer à la phase opérationnelle, soit un peu moins d’un tiers des employés. Parmi eux, 16 s’étaient annoncés pour participer à la mise en œuvre d’un programme de formation des usagers.

Un partenariat a été établi avec la Haute école d’art et de design (HEAD) pour la création de l’espace et de sa signalétique. Cette collaboration avec la HEAD a représenté une réelle plus-value. Sur le plan du rendu bien entendu, puisqu’elle nous a permis de bénéficier d’un travail de scénographie de qualité professionnelle, mais aussi grâce aux échanges qu’elle a impliqués. En effet, confronter notre idée de la bibliothèque numérique aux enseignants et étudiants d’autres domaines ainsi qu'à leurs propres représentations s’est avéré riche d’enseignements.

Ressources numériques proposées

La période du Labo-Cité a permis de développer, mais aussi de mettre en évidence les ressources numériques proposées par les BM. Les équipements et plateformes suivants ont été mis à disposition :

  • 9 postes informatiques pour la bureautique et l’accès à Internet.
  • 20 iPads
  • 10 iPads avec une sélection d’applications jeunesse
  • 10 tablettes Android
  • 6 liseuses
  • Réseau Wifi
  • PlayStation 3
  • Sélection de jeux vidéo sur PC
  • Sélection de jeux vidéo sur tablettes (iPad et Android)
  • LeKiosk : kiosque numérique sur tablette, à consulter sur place
  • PressReader : kiosque numérique permettant le téléchargement de journaux et magazines
  • Iznéo : bande dessinée numérique, à consulter sur place[i]

Un point critique du Labo-Cité aura été l’échec de la mise à disposition de la plateforme de prêt de livres numériques PNB. Notre communication, tant en interne qu’en externe, avait été largement axée sur ce point, puisqu’il représentait un levier évident de la question du numérique en bibliothèque. Malheureusement, le déploiement de notre nouveau catalogue qui devait permettre d’y accéder n’a pas pu être réalisé par le prestataire. Cela montre bien, s’il le fallait encore, le rôle central et critique de la technique dans ce domaine. Cet échec a touché l’ensemble des ressources numériques prévues pour être accessibles à distance :

  • Autoformation (Toutapprendre, Orthodidacte et Vodeclic)
  • Europresse, archives de presse.
  • Livres jeunesse avec La Souris qui raconte
  • Livres numériques.

La programmation et les activités de médiation

Des échanges que nous avions  pu avoir avec des collègues ayant mené des expériences similaires auparavant, notamment au Labo BNF[ii], nous avaient convaincus de la nécessité d’animer un tel espace numérique. La programmation du Labo Cité avait donc pour objectif de proposer à un large public des activités permettant d’aborder les différents aspects de la culture numérique et d’en devenir des acteurs. Il s’agissait aussi de mettre en lumière les enjeux du numérique dans le domaine culturel en général et dans les bibliothèques en particulier, aussi bien pour les publics jeunesse qu’adultes.

La programmation se déclinait en 3 axes que nous avions décrits de la manière suivante dans notre note de cadrage du projet :

  • Ateliers donnés par les bibliothécaires 

Les ateliers proposés par les bibliothécaires des BM constituent le corps de la programmation. Dans le prolongement des missions et des collections « physiques » des bibliothèques, ils proposent un panorama des ressources en information, documentation, culture et loisirs auxquels le web donne accès, tout en offrant des outils très pratiques pour favoriser l’accès des toutes et tous.

  • Ateliers créatifs 

Des intervenants sont mandatés pour conduire des ateliers d’initiation à la création artistique ou d’information numérique. Leur objectif est de montrer que le numérique offre des outils accessibles tout en montrant l’importance du geste artistique ou d’une méthodologie pour la création d’information.

  • Rencontres-débats 

Les conférences donnent une perspective plus large sur les enjeux du numérique, dans le domaine culturel, mais aussi si possible dans la société en général.

Mise en œuvre : bilan de l’activité

Utilisation des ressources numériques proposées

L’augmentation du nombre de postes informatiques, de 4 auparavant dans la Bibliothèque de la Cité à 9 postes, a immédiatement suscité une fréquentation supplémentaire. Le nombre d’utilisations des postes a presque doublé pendant la période du Labo-Cité et est restée stable à la réouverture de la bibliothèque, où nous avons choisi de conserver le même nombre de machines. Sur la période du Labo-Cité, nous avions 78 sessions Internet par jour en moyenne.

Les tablettes et autres appareils mis à disposition ont été relativement moins sollicités pour ces usages individuels. Les iPads « adultes », qui ont été les plus utilisés (547 fois au total), ne l’ont été que 4 fois par jour en moyenne. Ces tablettes ont surtout servi aux séjourneurs les plus assidus à prolonger leurs sessions Internet, limitées sur les PC. Les tablettes Android ont été peu demandées par le public, en dehors de quelques personnes connaissant ce matériel et le préférant aux iPads. Nous n’avions par ailleurs pas choisi la meilleure méthode de mise à disposition des tablettes, fournies sur dépôt d’une pièce d’identité, ce qui s’est révélé lourd en termes de gestion et nuisait à la mise en valeur de la prestation. De même, les jeux vidéo, que ce soit sur tablette, PlayStation ou PC ont été très peu demandés pour une utilisation individuelle.

Programme de de médiation

58 activités ont été organisées pendant la période du Labo-Cité, qui ont réuni 648 participants[iii]. Le nombre de visiteurs uniques peut être évalué grâce aux inscriptions aux ateliers. 186 personnes se sont inscrites pour 250 places, soit pour 1,3 atelier en moyenne. Si l’on reporte ce ratio à l’ensemble des participants, on peut estimer que 500 personnes différentes environ ont participé aux activités du Labo.

Le programme de médiation du Labo-Cité aura probablement constitué l’aspect le plus riche du projet, tant en termes de relation avec le public que de nouveaux partenariats et d’enseignements.

Les ateliers donnés par les bibliothécaires

Cette offre (le livre numérique, la musique en ligne, les podcasts, la presse numérique...) a représenté à la fois un succès de fréquentation et de satisfaction du public et un échec en termes de développement du projet, puisque seules deux bibliothécaires sur les seize volontaires pour ce domaine ont donné deux ateliers, en plus des ateliers conduits par l’auteur et un externe.

Les principaux obstacles cités par les bibliothécaires ont été le manque de temps, le manque de connaissances techniques et compétences en formation des usagers. Bien que la question du temps reste évidemment centrale, celles des connaissances techniques est, de notre expérience, secondaire. Si elle peut constituer un facteur d’appel pour les usagers qui se montrent toujours reconnaissants d’obtenir quelques « trucs », ce sont surtout les contenus qui importent et qui permettent de mettre en avant les compétences des bibliothécaires dans la recherche d’information au sens large. Dans cette optique, l’atelier « Information juridique », proposé par Yves Muhlemann, juriste-bibliothécaire à la bibliothèque du Pouvoir judiciaire, est emblématique. Dans cet atelier, qui a été le plus sollicité par le public, c’est très clairement la connaissance du domaine et la maîtrise de la recherche d’informations ciblées qui étaient primordiales.

En ce qui concerne les compétences en matière de formation des usagers, cela constitue un réel enjeu. Nous avions organisé une brève formation en interne dans ce domaine, avec une demi-journée d’initiation, mais cela s’est révélé insuffisant. Un accompagnement sur le terrain pour la mise en œuvre aurait été nécessaire.

Ateliers créatifs

Ces ateliers organisés avec des partenaires ou mandataires ont demandé comme toutes les activités de médiation un travail de programmation et de définition du projet. La dimension technique apportait une complexité supplémentaire, les intervenants arrivant rarement avec des solutions « clés en main » ou devant s’adapter à nos possibilités techniques.

Le projet « Bouge ton son » proposé par Eklekto[iv] s’est révélé emblématique. S’agissant d’une installation musicale et audiovisuelle pilotée par iPad, plusieurs séances de travail et de tests ont été nécessaires pour déterminer les applications à utiliser et ajuster le projet en fonction du matériel audiovisuel disponible. Au final, avec un matériel relativement modeste, grâce aux compétences et à l’engagement des partenaires, un beau résultat a été obtenu. Cette installation permettait au public de manipuler plusieurs types d’interfaces programmées en midi pour créer ensemble un environnement sonore et visuel et donc, potentiellement, d’appréhender quelques fondamentaux de la musique électronique de manière ludique et artistique.

Des ateliers créatifs plus techniques pour enfants ont aussi été proposés. Ainsi « la Robotique avec Thymio » proposé par Paul Oberson[v] permettait en une après-midi de s’initier à la programmation de ces robots simples créés à l’EPFL[vi]. « Les Princes de l’impression 3D » mené par l’association Kidimake[vii] permettait, à travers une histoire, de découvrir la modélisation et l’impression 3D.

Une activité pédagogique a aussi été organisée par le Service écoles-médias (SEM) du Département de l’Instruction Publique. Il s’agissait d’un parcours en Vieille-Ville proposant des activités à partir d’une carte avec des QR-Codes renvoyant vers des énigmes à résoudre mais aussi des informations à collecter et des interviews à réaliser, le tout à partir d’un iPad. L’ensemble de ces ateliers ont rencontré un beau succès.

Les ateliers créatifs pour adultes, par contre, ont été relativement peu fréquentés (musique électronique, ateliers d’écriture numérique). Ce public se montre peut-être plus timide dans l’expérimentation. Dans ce domaine, seuls les ateliers Wikipermanences, menés par Wikimédia Suisse[viii] pour initier le public à enrichir l’encyclopédie libre ont rencontré un certain succès certainement dû en partie à leur régularité, un atelier ayant eu lieu chaque mois.

Ce type d’atelier nous semble toutefois riche de potentialité. L’Initiation à la musique électronique sur tablette du musicien genevois POL[ix] a donné de beaux moments de partage entre jeunes et âgés, tandis que les « Moulin à parole » portés par Pascal Cottin[xi] représentaient un exemple d’utilisation simple et élégante du numérique pour amener un public vers l’écriture, en utilisant des textes, des images et des sons du domaine public ou libres de droit.

Rencontres-débats

En-dehors de la conférence inaugurale donnée par Pierre Assouline, ce cycle a rencontré un succès mitigé. Il semble que ce format nécessite un travail sur la durée afin de constituer un public, ce que la relative brièveté de notre expérience ne nous a pas permis, malgré la qualité des contenus, comme par exemple le cycle « Questions de littérature numérique » proposé par Infolipo[xi].

Médiation documentaire

Dans cette bibliothèque sans livres, les seuls documents papiers ont paradoxalement été des fiches d’orientation consacrées à différents domaines de l’information numérique : les applications jeunesse, les jeux vidéo, la musique en ligne, la presse numérique et la recherche d’information juridique, proposée par la Bibliothèque du Pouvoir judiciaire. Ces fiches venaient soit compléter un atelier ou proposer un éclairage sur une des offres de ressources numériques. Assez généralistes, elles ont été appréciées des publics peu familiers du numérique. Par contre, le volet numérique de cette médiation documentaire est resté en grande partie négligé, alors qu’une stratégie de communication digitale efficace avait été proposée par le chargé de communication des BM.

Communication digitale

Le Labo-Cité représentait la première expérience d’ampleur des BM avec une communication coordonnée sur les canaux classiques et digitaux, ce qui semblait indispensable vu la thématique. Un blog dédié a été créé et les comptes Twitter et Instagram des BM consacrés prioritairement au Labo-Cité. Les efforts consentis en matière de communication ont porté leurs fruits. Un public non familier de la Cité a fréquenté le Labo-Cité. L’expérience a connu des échos positifs dans la presse avec une dizaine d’articles publiés, aussi bien sur l’ouverture du Labo-Cité que sur les différentes activités organisées. Toutefois, comme avec la formation des usagers, nous avons manqué la phase de transfert auprès des bibliothécaires pour que cette stratégie de communication puisse porter aussi sur la médiation documentaire qui aurait probablement pu prendre alors une autre dimension.

Public du Labo-Cité

La fréquentation du Labo-Cité a été mesurée en continu grâce à la présence d’un compteur de visites situé à son entrée. Une enquête auprès des publics a en outre été conduite en octobre 2014.

Sur la durée de son ouverture, 136 jours sur 7 mois[xii], la fréquentation est restée stable, si l’on excepte les mois partiels de septembre et décembre 2014 et avril 2015 :

Au fil de l’activité du Labo-Cité, il est apparu que celui-ci était en grande partie fréquenté par un public de séjourneurs, déjà présents à la bibliothèque, mais qui s’est trouvé concentré dans cet espace. Cette composition du public a largement été constatée sur place, avec des personnes y passant de longues heures, plusieurs fois par semaine. On le relevait aussi avec l’enquête, dans laquelle on pouvait voir, dès les premières semaines d’activité, un public déjà bien installé, un tiers venant déjà au moins une fois par semaine.

Le public du Labo-Cité était en partie seulement le public de la Bibliothèque de la Cité (79%), l’expérience a donc amené un public spécifique et la stratégie de communication a porté ses fruits. A l’inverse, certains habitués de la Cité n’étaient pas au courant de la fermeture et se sont déclarés peu intéressés par cet espace numérique et attendaient la réouverture de la bibliothèque, sans toutefois en comptabiliser le nombre d’occurrences.

Fig. 1 : fréquentation des BM dans les 12 derniers mois

Analyse 

Attentes des publics

La partie consacrée aux attentes des personnes interrogées nous permet de mettre nos constats en perspectives et proposer quelques éléments d’interprétation. Elle montre des usages et modalités d’accès très similaires à celles de l'ensemble de la population suisse. Ainsi 88% des personnes interrogées au Labo-Cité déclaraient avoir accès à Internet à domicile, alors que cette proportion est de 82% pour la Suisse romande[xiii]. Les intervalles de confiance respectifs des enquêtes font que l’on peut rapprocher les deux populations sur ce point.

Les usages de type documentaire en numérique restent faibles, ce qui conforte le fait que la médiation, culturelle ou documentaire, de nos contenus digitaux s’avère indispensable.

Fig. 2 : activités et contenus consultés en numérique

Les attentes par rapport à une offre numérique sont toutefois précises : les journaux et l’autoformation sont les ressources les plus demandées, suivies de près par la vidéo (VOD – video on demand) et la musique :

Fig. 3 : attentes quant aux ressources numériques à proposer aux BM

Pour les personnes interrogées, une bibliothèque devrait plutôt les aider à se repérer dans les ressources numériques, plutôt qu’offrir des documents numériques remplaçant les supports physiques. Cela conforte notre point de vue sur l’importance d’une médiation documentaire numérique forteresse de la formation  :

Fig. 4 : attente quant à la stratégie à adopter par les BM

L’enquête réalisée tôt, ne permet pas de distinguer clairement les publics des activités de médiation et le public de séjourneurs. Toutefois nos observations nous permettent d’affirmer qu'ils ont été très différents et peu mélangés. Les publics jeunesse étaient présents quasi exclusivement dans les animations et les accueils scolaires. Les séjourneurs n’ont pas participé aux activités de médiation qui étaient plutôt suivies par un public « d’usagers emprunteurs adultes », caractéristique particulièrement marquée dans les « ateliers BM ».

L’expérience du Labo-Cité a mis en lumière les caractéristiques, et parfois les problématiques, liées au public séjourneur n’utilisant que l’accès Internet. Le simple fait de pouvoir disposer d’une connexion gratuite dans un lieu sans obligation de consommation se révèle particulièrement attrayant pour ce public, parfois visiblement en situation de précarité. Il reste assez peu concerné par le reste de l’offre de la bibliothèque et en ignore parfois les règles. Une médiation spécifique pourrait constituer une piste et le numérique, un point de contact pertinent.

Formation interne

Les bibliothécaires du réseau constituaient un autre public du Labo-Cité puisqu’ils devaient pouvoir s’y former. Toutefois, comme nous l’avons relevé plus haut, le transfert dans la pratique ne s’est pas effectué, comme par exemple via une participation à la formation des usagers ou le développement d’une médiation documentaire spécifique. En outre, lors de l’enquête interne réalisée début 2015, l’un des principaux points négatifs relevé par les collaboratrices et collaborateurs impliqués avait été le manque de formation apporté par le Labo-Cité, notamment sur les ressources numériques. Pour corriger cela, une série d’ateliers thématiques destinés au personnel ont été programmés portant sur la littérature numérique, la musique sur le web, la veille, les applications jeunesse, le jeu vidéo et la culture numérique.

L’atelier « culture numérique » consistait, après la présentation des grandes tendances du domaine, en un brainstorming sur leurs applications dans le contexte des BM. Si, comme les autres, il a été riche en idées, celles-ci n’ont pas trouvé de prolongements dans la pratique. Tout cela montre bien, que le numérique cristallise une grande partie des enjeux liée à l’évolution des bibliothèques, qui s’étendent bien au-delà des questions techniques. Il s’agit de trouver un modèle nous permettant d’allier formation et transfert direct dans une pratique. Au-delà des connaissances en matière de numérique, cela implique surtout que les bibliothécaires puissent disposer du temps nécessaire pour développer des projets de médiation. Il s’agit donc d’un véritable enjeu pour l’institution, tant en termes de formation que d’organisation du travail et de gestion des priorités.

Constats quant aux activités de médiation

L’ajustement du projet (public cible, objectifs) et de sa communication, pour rendre clair et attractif le contenu de l’atelier, sont particulièrement importants. Cela paraîtra évident, mais des titres techniques, comme « découvrez le logiciel X », ou « apprenez à coder avec Y », sans parler de « perfectionnez votre recherche dans le catalogue » ne rencontrent aucun succès.

Au-delà du titre, qui doit déjà raconter une histoire, il est nécessaire de proposer une séquence pédagogique solide ou une dimension narrative dans l’atelier afin de tenir le public en haleine, mais aussi de proposer une approche dynamique. Le médiateur peut ainsi proposer des liens avec d’autres contenus et supports pour éviter de se noyer dans des considérations techniques.

Nous avons constaté que les tablettes étaient un support à privilégier. Largement utilisées aujourd’hui, elles permettent de se distancer du support ordinateur et des a priori qu’il peut encore susciter. Les tablettes proposent aujourd’hui des applications pointues (interfaces de musique électronique, application d’initiations à la programmation...) Cela demande toutefois des compétences techniques pour la préparation des ateliers et parfois un peu de bricolage, par exemple pour le partage des fichiers entre applications ou simplement de l’impression. Elles permettent aussi une relative autonomie de la bibliothèque et des médiateurs, ce qui n’est pas toujours possible avec les ordinateurs de bureau, souvent bridés par les services informatiques.

Focus sur le jeu vidéo

Le jeu vidéo représente à lui-seul une des grandes problématiques liées au numérique en bibliothèque. Bien qu’on puisse le situer dans la continuité des œuvres présentées traditionnellement en bibliothèque de par ses dimensions graphiques, narratives et musicales, il est aussi un pur produit de la culture numérique, avec des logiques et des usages propres qui restent encore mal connus ou parfois mal compris des bibliothécaires.

De fait, bien qu’on puisse en constituer des collections, comme cela a été fait lors du Labo-Cité, avec un axe sur l’édition indépendante et la création suisse, les possibilités en termes de prêt restent limitées ; cela en fait un champ hors-normes pour le bibliothécaire de lecture publique. De plus, comme indiqué plus haut, une offre de jeu en self-service n’est pas adoptée spontanément par un public non familier. Cela implique qu'une politique de médiation d’autant plus solide doive être engagée sur cette thématique. De par sa richesse et son aspect spectaculaire, le jeu vidéo peut constituer un champ idéal pour expérimenter et développer la médiation et la culture numérique en bibliothèque.

Lors du Labo-Cité plusieurs pistes ont été explorées : conférences (l’histoire, les métiers), rencontres (journée du jeu vidéo avec des éditeurs suisses-romands) et présentation de jeux (apéro jeux vidéo). Nous avons eu la chance pour cela de pouvoir nous appuyer sur les connaissances et le réseau d’un spécialiste de la question, Sandro Dall'Aglio[xiv]. Ces événements ont esquissé l’idée que le jeu vidéo est un domaine de création qui peut être accessible en Suisse et que cette thématique, au vu de la fréquentation de la journée jeu vidéo, semble intéresser le public.

Une médiation documentaire est aussi nécessaire dans ce domaine qui se révèle riche et varié. La sélection a été commentée et explicitée sous forme de fiches évoquées plus haut. D’autres mode de médiation documentaire sont certainement envisageables (liens avec d’autres œuvres de fiction ou documentaires, sélections thématiques, conseils personnalisés…).

Conclusion

L’expérience du Labo-Cité aura confirmé le rôle que les bibliothèques peuvent jouer dans l’accès aux nouvelles technologies mais aussi comme lieux de réflexion sur l’impact du numérique dans la culture et la société.

La médiation culturelle et documentaire que nous pouvons développer dans ce domaine peut aider des personnes aux profils variés à s’orienter dans une offre informationnelle et culturelle foisonnante, à mieux appréhender les enjeux du numérique et à en devenir acteur. Ces propositions sont à même d'intéresser nos publics actuels, mais aussi nous permettre d’en gagner de nouveaux. La médiation des cultures numériques peut se développer grâce à des partenariats. Il existe une réelle émulation dans ce domaine et les bibliothèques y possédent une certaine légitimité. Ces collaborations, quels que soient leurs termes, paraissent indispensables, la bibliothèque ne pouvant maîtriser toutes les compétences nécessaires pour animer un programme de médiation fourni. Les bibliothécaires de leur côté doivent quitter la logique des supports qui consiste à rechercher en numérique des copies de leur collections physiques – des ebooks, des disques et vidéos en téléchargement ou streaming – pour adopter les nouveau modes de diffusion du web et développer une véritable médiation documentaire numérique ou former leurs publics à la gestion de l’information, plus qu’à sa recherche.

Cette expérience a aussi montré que l’idée d’une « bibliothèque sans livres », exclusivement numérique, ne faisait pas sens dans notre contexte. Non seulement elle ne correspond pas à la représentation que le public se fait d’une bibliothèque, mais se couper de nos riches ressources « physiques » reviendrait à ignorer une part incontournable des contenus et surtout, de notre environnement culturel et de nos publics. Cette bibliothèque sans livres aura aussi, comme nous l’avons souligné, manqué de connexion avec les bibliothécaires eux-mêmes et un travail important reste encore à effectuer pour les former et instiller une « logique du numérique » dans leurs activités, sans que cela représente une rupture.

Stratégies pour l'avenir

Concrètement, nous avons identifié trois axes qui nous permettront de développer notre stratégie en matière de numérique pour la bibliothèque de la Cité, mais aussi l’ensemble du réseau des BM.

Les bibliothèques doivent rester un point d’accès au numérique en termes d’équipements et de ressources. Les usages mobiles deviennent majoritaires et l’accès au wifi doit donc être développé dans les bibliothèques. Toutefois certains publics, notamment les séjourneurs, apprécient encore de disposer d’équipement fournis par l’institution. Celle-ci doit toutefois les diversifier, notamment avec des tablettes qui représentent surtout des supports utiles à la médiation.

Par ailleurs, les publics attendent que les bibliothèques leur proposent des documents numériques spécifiques (journaux, autoformation, livres numériques) et il convient de disposer de terminaux pour les mettre à disposition sur place et les « matérialiser ». Cette offre doit être intégrée à la bibliothèque classique.

Une médiation documentaire numérique doit être développée, car le numérique ne fonctionne pas tout seul en bibliothèque comme l’ont montré les usages concrets au Labo-Cité. Jeux vidéo, applications sur tablettes ou ressources en ligne n’ont pas été utilisés spontanément, une grande partie du public se contentant de « surfer » sur des sites connus.

Cette médiation pose la question de la sélection des contenus qui devra se penser dans le cadre des modes de diffusion du web en s’intégrant dans la politique documentaire globale. Les seuls abonnements à des « ressources numériques » ne sauraient suffire pour refléter toute la variété des cultures numériques. De plus, le bibliothécaire ne doit pas uniquement penser portail, dossier documentaire ou service de référence en ligne, mais aussi intégrer les outils de la communication digitale : diffuser une veille, valoriser les traces des activités de médiation sur son blog, proposer ses sélections thématiques à des groupes d’intérêts sur les réseaux. Si ces modes de diffusion augmentent les possibilités, ils ajoutent aussi en complexité, et le bibliothécaire doit s’entourer et accepter l’expertise d’autres professionnels, afin de se concentrer sur les contenus et la mise en valeur des collections.

Les ateliers numériques devraient s’ancrer dans la politique de médiation des BM. L’intérêt du public est notable pour les ateliers liés à la gestion de l’information au sens large, mais aussi pour la création numérique, surtout pour les plus jeunes. Ces ateliers sont le lieu idéal pour faire émerger les besoins des publics, les confronter avec notre offre documentaire et, le cas échéant, l’enrichir. Les quelques mois d’activités du Labo-Cité ont montré que les possibilités de partenariats ou de mandats étaient potentiellement riches sur Genève.

On a vu que l’objectif de formation du personnel n’a pas entièrement été réalisé. Cette dimension doit être mieux prise en compte à l’avenir. Les décalages entre formation et mise en œuvre des projets sont sources de frustration pour les collaboratrices et collaborateurs et représentent une déperdition d’énergie pour l’institution. Il convient de fixer des objectifs réalistes permettant de forger un socle commun. Par exemple, pour le jeu vidéo, tous les bibliothécaires ne pourront rivaliser en termes de connaissances avec les publics de gamers, mais ils devraient posséder des connaissances de base, pour pouvoir au minimum informer les publics, comme ils le font pour les autres collections ou services.

L’expérience du Labo-Cité aura donc montré que les BM doivent dépasser la simple question des « ressources numériques » pour entrer dans les logiques d’usages du numérique de la société actuelle. Les possibilités sont nombreuses que ce soit en proposant des activités de médiation, des cultures numériques ou de la médiation d’information et de contenus culturels numériques, afin de donner une visibilité nouvelle à leurs collections, aux compétences de leur personnel, tout en les développant et en offrant des prestations adaptées à leurs publics actuels et potentiels.

Notes

[i] On trouvera des descriptions détaillées des ressources numériques évoquées sur le site du réseau Carel http://reseaucarel.org 

[ii] Le blog du Labo BNF http://labobnf.blogspot.ch/

[iii] L’ensemble du programme de médiation du réseau des BM attire environ 30'000 personnes par année, visites de classes comprises, mais en dehors de la fréquentation des expositions.

[iv] Geneva Percussion Center – Eklekto http://eklekto.ch

[v] http://sem.unige.ch/oberson/homepage/

[vi] https://www.thymio.org/fr:thymio

[vii] http://www.social-in3.coop/kdmk/

[viii] https://www.wikimedia.ch/fr/

[ix] http://www.otaku.ch

[x] http://pascalcottin.jimdo.com/m-p/

[xi] http://www.infolipo.org une partie des interventions peut être retrouvée sur la chaîne YouTube des BM https://www.youtube.com/user/genevebm

[xii] Au mois d’avril, le Labo-Cité n’a été ouvert que pour des activités de médiation.

[xiii] L’accès des ménages à internet et son utilisation par les individus en Suisse : enquête sur les technologies de l’information et de la communication 2014 auprès des ménages. Neuchâtel, Office fédéral de la statistique, 2015
http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index/news/publikationen.html?publicationID=6595

[xiv] http://uncoindepixel.ch/author/admin/

 

Quelle gouvernance informationnelle pour une PME High Tech ?

Aurèle Nicolet, Haute Ecole de Gestion, Genève

Quelle gouvernance informationnelle pour une PME High Tech ?

Introduction

Fondée en 1998, Alpes Lasers est une jeune société anonyme spécialisée dans la recherche et le développement de laser à cascade quantique, une technologie relativement nouvelle, puisque les premiers essais concluants ont été menés au début des années 90 et les premières commercialisations ont commencé à l’orée des années 2000 (Quantum cascade laser 2016).

Constatant des difficultés à gérer efficacement son information, l’entreprise contacte la Haute école de gestion et lui demande de l’accompagner dans une démarche de gouvernance informationnelle, sous la forme d’un mandat. Deux principaux objectifs sont établis : cartographier les ressources informationnelles et formuler des recommandations.

Méthodologie

Afin de réaliser notre premier objectif, nous avons mené une enquête qui visait à dresser deux états des lieux, celui des ressources documentaires de l’entreprise et celui de ses pratiques de gestion de l’information.

Pour le premier point, nous avons choisi d’établir un inventaire typologique. Pour le second, nous avons opté pour des entretiens semi-directifs. En plus de ces deux états des lieux, nous avons également procédé à une analyse des exigences légales et réglementaires auxquelles est soumise l’entreprise.

Inventaire typologique

Pour réaliser notre inventaire, nous nous sommes inspirés de travaux préexistants, comme celui qu’a réalisé Mme Conus dans le cadre de son travail de Bachelor (Conus 2013, p.77). Nous avons aussi fait le choix de ne concevoir qu’une seul grille, prévue aussi bien pour les documents papiers que pour les documents numériques, car, pour Jean-Pascal Perrein, la non-différenciation du format est l’un des cinq piliers de la gouvernance informationnelle (Perrein 2014a). Notre grille comporte dix entrées :

  • Numéro de référence
  • Lieu de conservation
  • Titre du dossier : Il s’agit du titre inscrit sur le classeur ou la boîte d’archive ; pour les documents numériques, le nom du dossier ou du sous-dossier.
  • Description : le détail du contenu lorsque le titre n’est pas assez explicite ou inexistant.
  • Dates extrêmes
  • Unité productrice : cela désigne l’unité créatrice des documents ou de leur enregistrement.
  • Nature du support
  • Volume : il est donné en mètres linéaires pour les documents papier et en kilo-octet pour les documents numériques afin de faciliter la conversion en giga-octet.
  • État : Pour l’état de conservation, nous avons créé une échelle de trois degrés : bon, moyen et mauvais. Le niveau « mauvais » correspond à un état critique, tels que des moisissures, de l’urine ou d’autres éléments affectant l’intégrité des documents. Le niveau « moyen » est utilisé pour des documents présentant des pliures ou des déchirures, mais qui ne nuisent pas à son intégrité. Enfin, le niveau « bon » correspond à des documents ne présentant pas de dégâts ou extrêmement minimes. Comme l’échelle peut difficilement être reportée pour les documents numériques, nous avons utilisé l’entrée pour noter d’éventuels problèmes de lecture des fichiers.
  • Remarques : elles ont été utilisées pour des notes comme des indications données lors des entretiens ou des constatations au moment de l’inventaire.

Pour commencer notre inventaire, nous sommes partis de la liste de classeurs et de boîtes fournie par l’assistante administrative. Très vite, nous avons constaté que cette liste ne reflétait plus la réalité du terrain. En raison d’un récent déménagement, les lieux de stockage indiqués ne correspondaient plus et les classeurs/boîtes ne respectaient plus un ordre logique. Ainsi, différents éléments d’une même série se retrouvaient dispersés sur plusieurs étagères. De plus, des cartons contenant des classeurs de la filiale allemande n’avaient pas été ouverts.

Tous ces éléments ont engendré un retard sur le planning prévu et nous ont amené à continuer l’inventaire en parallèle des entretiens. Cependant, ce délai supplémentaire n’a pas été uniquement négatif, puisque les entretiens nous ont permis d’affiner notre compréhension sur certains dossiers et de découvrir l’existence de séries de documents que nous n’aurions pas soupçonnée.

Une fois terminé l’inventaire de documents papier, nous nous sommes attaqués aux documents numériques et avons exploré l’espace partagé « Common », le principal lieu de stockage en dehors des bases de données. Nous nous sommes heurtés à deux difficultés : le degré de détail de l’inventaire et l’identification du producteur. En effet, pour des documents physiques, le niveau de description est assez facile. Il s’agit généralement du classeur ou de la boîte d’archives. Dans le cas d’un dossier numérique, la séparation est plus difficile. Nous avons finalement opté pour une description au niveau du sous-dossier, nous réservant néanmoins le droit d’adapter ce niveau de description selon les cas rencontrés. Ainsi, l’organisation labyrinthique du dossier « Admin » nous a amené à affiner le degré de détail, alors que le dossier « Measurement », dont le type de contenu est extrêmement répétitif et standardisé, a été décrit au niveau du dossier.

Pour le deuxième problème, celui de l’identification claire d’un producteur, deux cas se présentaient. Dans l’un, le créateur du fichier ou du dossier n’était pas humain. On peut prendre comme exemple les programmes de mesure qui créent automatiquement des fichiers dans le dossier « Measurement ». Dans l’autre cas, le producteur est humain, mais nous ne possédons aucune indication de son nom ou de sa fonction. Or, au sein de l’entreprise, des personnes peuvent cumuler plusieurs responsabilités et les dossiers peuvent contenir des fichiers appartenant à des services différents.

Ces éléments problématiques ont rendu difficile l’établissement d’une comparaison claire entre les dossiers numériques et les dossiers papier.

Entretiens

Sur la base de l’organigramme, nous avons sélectionné huit personnes à interviewer : les différents de chefs de service/unité, l’assistante administrative et le CEO. Puis, nous avons préparé un guide d’entretien, basé sur un exemple fourni par notre directrice de mémoire (Makhlouf Shabou [ca. 2016]) et sur l’article de Crockett et Foster qui propose plusieurs questions à poser aux producteurs d’archives (Crockett et Foster, 2004, p. 51). Nous avons choisi d’orienter la discussion autour de trois éléments : les fonctions et activités du collaborateur, les problèmes d’accès à l’information et ses pratiques de gestion et d’archivage des documents. Une dernière partie permettait à l’interviewé d’exprimer ses attentes vis-à-vis du projet.

Une fois le guide terminé, nous avons contacté les collaborateurs afin de préciser le but de notre rencontre et fixer une date de rendez-vous. Les entretiens ont duré environ quarante-cinq minutes. Pour une meilleure flexibilité et afin que nos interlocuteurs soient plus à l’aise pour présenter leurs pratiques et problèmes, nous avons fait le choix de ne pas enregistrer les entretiens. Une fois les notes mises au propre, nous en avons envoyé une copie afin de les faire valider par le participant.

Résultats

Volumétrie

Commençons par la volumétrie. Alpes Lasers compte environ 50 mètres linéaires et 360 Go de données numériques. Pour des raisons de calcul, nous avons séparé les documents numériques des documents papier, car il est difficile d’établir une comparaison entre le poids d’un fichier et un métrage linéaire (Chabin 2013).

Figure 1 : Volumétrie des documents papier par service

Trois unités se partagent un peu plus de 90% de la masse documentaire papier. Il s’agit de l’assistante administrative (53%), de la filiale allemande AL-Technologie (23%) et de l’unité Back-End (17%) qui s’occupe du montage, de l’analyse des mesures et de la sélection des lasers. Leur prédominance s’explique assez bien. L’assistante administrative a la charge de la comptabilité, des ressources humaines, des relations avec les fournisseurs ou encore des dossiers des clients. Pareillement, nous retrouvons pour AL-Technologie les dossiers comptables, ceux du personnel et les différentes commandes passées. Or, malgré le développement du numérique, tous ces éléments restent encore très souvent sous format papier. Pour l’unité Back-end, la majorité de ses documents sont des feuilles de mesure et des ordres de fabrication, qui jusqu’à présent étaient systématiquement imprimés.

Concernant la volumétrie de l’espace partagé « common », en raison du problème d’identification claire des producteurs évoqué plus haut, il nous était impossible de la présenter par service. Nous avons donc fait le choix de garder la structure de l’espace.

Figure 2 : Volumétrie des dossiers de l’espace partagé « common »

Quatorze dossiers composent l’espace partagé, mais n’ont pas tous la même importance. Nous pouvons tout de suite remarquer le poids important du dossier « Measurement » et celui dérisoire (<1%) de six dossiers. Pour quatre d’entre eux (« Attic », « Exe », « Lost and founds » et « Test set perms »), la raison est simple. Il s’agit de dossiers utilisés par l’unité IT comme débarras, zone de test ou d’aide à l’installation de programme. Concernant les deux derniers, l’explication est différente. « Produits » est un dossier récemment créé, dont une grande majorité de ses sous-dossiers sont vides, car la documentation pour les produits n’est pas encore rédigée. Enfin, la légèreté du dossier « Documentation » tient à la nature de ses documents : modèles, manuels et autres fichiers de texte.

Besoins et environnement d’Alpes Lasers

En parallèle de l’enquête menée via l’inventaire et les entretiens, nous nous sommes intéressés aux besoins et à l’environnement d’Alpes Lasers afin de les prendre en compte dans notre projet de gouvernance. Trois points sont ressortis : les objectifs stratégiques, les exigences réglementaires et normatives, ainsi que les besoins du secteur.

Puisqu’il n’existe pas de document présentant explicitement les objectifs stratégiques de l’entreprise, nous avons demandé au CEO de nous en dresser une liste. Trois objectifs sont ressortis, qui s’avèrent davantage opérationnels que stratégiques : la réduction du risque de développement, l’optimisation de la prévisibilité de la production et la maximisation des opportunités de comprendre les mécanismes sous-jacents. Ce sont trois éléments que nous pouvons relier à ceux de tout programme de gouvernance informationnelle (GlassIG 2016) : minimiser les risques, minimiser les coûts et optimiser la valeur.

Concernant la législation et dans le domaine qui nous intéresse, Alpes Lasers est principalement soumise, comme toute société anonyme, au Code des Obligations et à l’Ordonnance concernant la tenue et la conservation des livres de comptes (Olico). À ces deux textes, nous pouvons ajouter l’article 70 de la loi sur la TVA qui précise certains délais de conservation dans le cas des créances fiscales. De plus, comme la société a pris en charge les documents de sa filiale située en Allemagne en cours de fermeture, elle est également soumise à la législation allemande.

Pour les entreprises, la recherche et le développement jouent un rôle important, particulièrement dans un domaine novateur comme les lasers à cascade quantique. Deux éléments sont à prendre en compte : les brevets et les données de la recherche.

La quantité de brevets détenus par une société est un élément fondamental dans la course à l’innovation (Seuillot 2015). Ainsi, l’un des fondateurs d’Alpes Lasers, Jérôme Faist a presque dû réinventer le laser à cascade quantique, car les brevets de son invention « appartenaient aux Laboratoires Bell et étaient bloqués » (Fonds national suisse 2007, p. 2).

Depuis plusieurs années, les milieux universitaires et les organismes de financement s’intéressent à la gestion des données de la recherche et surtout à leur réutilisation possible. Ainsi, dans le cadre du programme Horizon 2020, l’Union européenne a lancé un projet pilote qui demande à chaque groupe de chercheurs un plan de gestion des données ou data management plan (DMP). Ce document planifie la gestion des données durant toute la durée d’un projet et au-delà, s’intéressant aux questions de conservation et de diffusion de données. Pour le moment, en Suisse, la rédaction d’un DMP n’est pas encore obligatoire, mais fait partie des mesures du programme pluriannuel 2017-2020 du Fonds national suisse de la recherche scientifique.

On pourrait être tenté de croire que l’adoption d’un DMP ne concerne que la recherche publique, car il a trait à l’ouverture des données, un élément qui coïncide peu avec des intérêts commerciaux. Cependant, il faut bien prendre garde à ne pas assimiler la gestion des données de la recherche à leur partage systématique (Donnelly 2015, p.11). En fait, les entreprises peuvent tirer plusieurs bénéfices d’un DMP, comme une amélioration du flux de données, une plus grande efficacité dans l’enregistrement ou encore la réutilisation des données au sein de l’entreprise (Beagrie, Pink 2012, p. 3).

Problèmes constatés

Notre enquête nous a permis de relever plusieurs éléments problématiques que nous avons ensuite apprécié selon les principes d’ARMA, car « [ils] forment les bases à partir desquelles tout programme efficace de gouvernance de l’information est élaboré, évalué et – que l’organisation ou son personnel les connaisse ou non – un jour ou l’autre jugé. » (ARMA International 2015, p. 2).

Commençons par l’absence d’une direction de l’information qui touche au principe de responsabilité. Cela entraine un manque de vision d’ensemble permettant de coordonner les efforts de chacun. Ainsi, chaque collaborateur développe sa propre méthode sans avoir connaissance de celle des autres ou de retour sur la sienne, un manque qui a plusieurs fois été exprimé lors des entretiens.

Le second élément problématique est celui de la disponibilité. Il est difficile d’accéder à l’information, en dehors des dossiers connus et utilisés régulièrement. Plusieurs facteurs peuvent l’expliquer. Tout d’abord, chaque unité a sa propre méthode de classement. Ensuite, il n’y a pas de processus d’élimination des éléments obsolètes ou redondants, ce qui engendre du bruit. Enfin, l’environnement informatique hétérogène rend l’accès difficile à certains programmes.

Lors de l’inventaire, nous avons relevé la difficulté d’identifier clairement le producteur. Cette absence d’information sur le contexte de création, comme l’identité de l’auteur, rend problématique la vérification de l’authenticité et de la fiabilité d’un document et donc au principe d’intégrité.

D’une manière générale, Alpes Lasers veille à la protection de ses données et à leur confidentialité. Cependant, lors de nos entretiens, nous avons appris que plusieurs collaborateurs utilisaient des services comme Dropbox ou Google Drive pour le travail à distance ou le partage de documents avec des personnes externes à l’entreprise, comme des fournisseurs ou des clients. Cela pose des problèmes de perte de maitrise de l’information, car les conditions exactes de stockage et de protection de ces fournisseurs sont peu transparentes.

En ce qui concerne les principes de conservation et de disposition de l’information, nous relevons l’absence d’un sort final pour les documents. Une fois créés, ils sont conservés, quelle que soit leur valeur. Ceci engendre plusieurs problèmes. Tout d’abord, la présence de documents redondants ou obsolètes entraine un bruit lors des recherches. Ensuite, tôt ou tard, se posera la question de la place.

Enfin, le dernier point problématique touche au principe de transparence. Alpes Lasers documente peu ses processus ou sa production. Cette absence de documentation est caractéristique des PME, « car la proximité permet les échanges oraux sans formalisation écrite » (Hassanaly 2013, p.47). À ce titre, le choix adopté par l’unité IT de proposer une aide ponctuelle plutôt que de concevoir des manuels d’utilisateur est particulièrement illustratif. Consciente de cette lacune, l’entreprise a entrepris des efforts dans ce sens, mais la démarche est récente et apparaît peu dans les entretiens, ce qui tend à penser que cela n’a pas encore été bien intégré par les collaborateurs.

Recommandations

À partir des résultats de l’enquête et des lacunes constatées, nous avons exprimé une série de recommandations qui s’articule autour de trois points : définition d’une politique, engagement d’une personne responsable de l’information et adoption d’outils méthodologiques.

Définir une politique de gouvernance informationnelle

Document qui traduit l’engagement de la direction dans la gestion de l’information, la politique de gouvernance informationnelle cadre et légitime « un ensemble d’exigences et de règles, formalisées et rendues applicables dans un référentiel ». (Perrein 2013). Elle possède quatre objectifs (Makhlouf Shabou 2015, p. 8) :

  • Consigner la stratégie et les décisions prises concernant la gouvernance ;
  • Communiquer cette stratégie et les décisions prises à l’ensemble de l’organisation ;
  • Impliquer la direction ;
  • Uniformiser les pratiques.

Comme il s’agit d’une pratique encore peu répandue, il n’existe, pour le moment, pas de modèle canonique. Cependant, différents éléments tendent à se retrouver dans les politiques que nous avons analysées. On trouve souvent un exposé des bénéfices et des objectifs, une définition des rôles et responsabilités, et enfin une liste des normes et des standards auxquels se référer.

Pour réaliser une première version de notre politique de gouvernance, nous nous sommes inspirés de celle de l’Université de Lausanne (UNIRIS 2014a). Deux éléments ont présidé ce choix. D’une part, son cadre légal est, en partie, similaire à celui d’Alpes Lasers : les deux organisations sont suisses. D’autre part, la forme claire et didactique nous semblait parfaitement convenir pour une entreprise qui n’est pas familiarisée avec les questions de gouvernance. Il faut toutefois noter que la politique proposée dans notre travail, l’est à titre d’illustration. Mettre en place une politique nécessiterait plus de temps que ce que nous avions à disposition.

Nommer une personne responsable

Tous (ARMA International 2015, p. 2 ; Perrein 2015) s’accordent sur l’importance de nommer une personne ou une entité dédiée à la gouvernance de l’information. Dans notre travail, nous avons envisagé de confier cette responsabilité à une seule personne, mais, suite aux remarques de notre expert, il nous semble plus intéressant d’établir un comité en charge de la gouvernance et d’avoir une personne spécialiste de l’information pour sa mise en application. Concernant cette personne, trois scénarios sont possibles : l’engagement d’un ou d’une professionnelle à 40%, l’appel à une entreprise spécialisée ou un partenariat avec la Haute école de gestion.

L’engagement d’un professionnel offre plusieurs avantages. La personne est intégrée dans la société et a une bonne connaissance de ses processus et de ses ressources, ce qui facilite la coordination entre les différents acteurs, comme l’IT, la direction et les producteurs d’information. De plus, elle peut plus facilement s’engager dans des projets à long terme comme la valorisation des archives définitives. Seul inconvénient, l’engagement est une charge fixe, difficile à moduler selon les ressources financières de l’entreprise.

L’appel à une société spécialisée, par rapport à l’engagement d’une personne fixe, offre un avantage d’ordre budgétaire, puisqu’il est plus facile d’ajuster la dépense selon la situation financière ; mais en raison de son externalité, elle risque de ne pas avoir une vision d’ensemble et de coordination entre les services et donc de ne pas conduire à une véritable gouvernance de l’information.

Enfin, le troisième scénario, un partenariat avec la Haute école de gestion, dispose des mêmes avantages et inconvénients que le deuxième. Nous retrouvons une dépense moindre, puisqu’il s’agit d’étudiants en formation, mais le problème d’externalité est augmenté. En effet, il est difficile de disposer d’une vision d’ensemble, lorsque chaque étudiant doit s’approprier le contexte de l’organisation. Le troisième scénario pourrait davantage prendre la forme de mandats ponctuels portant sur des éléments précis, tels que la mise en place d’un plan de classement ou d’un calendrier de conservation.

Mettre en place des outils méthodologiques

Plan de classement

Selon la norme ISO 15489, le plan de classement a trois usages (ISO 15489-2, p. 9). D’une part, il permet d’organiser, décrire et articuler les documents. Il sert également à relier et à partager les documents communs à plusieurs entités, en interne comme à l'extérieur de l'organisme. Enfin, il offre la possibilité d’améliorer l'accès, la recherche, l'utilisation et la diffusion des documents de la manière la plus appropriée.

Une fois le plan de classement validé, se pose la question de sa mise en place. La commission « Records Management » de l’association des archivistes français considère trois stratégies : la renaissance, la reprise partielle ou la reprise totale (Groupe interassociation AAF-ADBS "Records Management" 2011, p. 29).

La stratégie de la renaissance consiste à arrêter une date à laquelle l’ancienne arborescence ne peut plus être modifiée. Seule la lecture est autorisée et les documents ne sont pas repris dans le nouveau classement. L’avantage de cette méthode tient à sa simplicité et à la possibilité de repartir à zéro. Cependant, le constant va-et-vient entre les deux structures risque d’entretenir la confusion plutôt que la dissiper.

La stratégie de la reprise partielle laisse les documents non essentiels et inactifs dans l’ancienne structure et rapatrie les autres dans la nouvelle. Cette option offre un bon compromis. La dépense en temps est moindre que pour la reprise totale. Son principal point noir est le risque de prolonger la transition entre les deux systèmes, mais le problème est moins important que pour la stratégie de renaissance.

La stratégie de la reprise totale fait le choix d’abandonner complètement l’ancienne arborescence et de transférer l’ensemble des documents sur la nouvelle. Cela a le mérite d’assurer une cohérence et une unité à l’ensemble, mais le coût en temps et en moyen est énorme. De plus, il existe un risque, faible mais réel, que certains documents ne puissent être repris dans la nouvelle structure, si certaines activités de l’entreprise ont changé, par exemple.

Pour notre part, nous recommandons cette dernière stratégie. Certes, l’investissement en temps est important, mais ce délai peut être mis à profit en éliminant les éléments obsolètes parallèlement au transfert des documents.

Calendrier de conservation

Présenté généralement sous la forme d’un tableau, le calendrier de conservation répertorie les différents types de documents d’une organisation et définit plusieurs éléments : le responsable de l’exemplaire principal et ceux des exemplaires secondaires pour chaque type de document ; la durée de conservation du document lorsqu’il n’est plus actif et enfin le sort final du document (élimination ou archivage définitif). Cela permettra à Alpes Lasers de maitriser le cycle de vie de ses documents.

Politique de nommage

Un nommage clair et précis rend facile l’identification et la classification des documents. Il peut en outre pallier à une absence de métadonnées (UNIRIS 2014b). Il convient cependant de ne pas imposer une politique artificielle, mais d'harmoniser les pratiques déjà existantes, car le succès dépend de plusieurs éléments, comme la consultation et l'adhésion des utilisateurs (Scaglione 2016, p. 4).

Plan de gestion des données de la recherche

En raison de la part importante de la recherche et du développement au sein d’Alpes Lasers, il nous semble important de mettre en place un DMP pour chaque projet, aussi bien interne qu’externe. Il n’est cependant pas nécessaire d’en créer un de toutes pièces. C’est pourquoi nous proposons d’adopter celui conçu pour le programme d’Horizon 2020 (Commission européenne 2016, p. 5).

Plan de protection

Alpes Lasers a déjà pris certaines mesures, comme la conservation de documents sensibles dans un coffre d’une banque. L’adoption d’un plan de protection des documents essentiels permettra de systématiser et d’unifier la pratique.

Conclusion

L’enquête menée nous a permis de relever plusieurs éléments problématiques, tels qu’une organisation des dossiers propres à chaque unité, voire à chaque collaborateur, ou encore une absence d’élimination des informations obsolètes ou redondantes. Ceci pointe un manque de gouvernance claire chez Alpes Lasers, d’une vue d’ensemble du fonds documentaire et du cycle de vie. Le problème n’est pas propre à notre mandant et touche de nombreux organismes.

Pour pallier ce problème, nous avons proposé une série de recommandations qui relèvent finalement davantage du records management que véritablement de la gouvernance informationnelle. Cela n’est pas étonnant, puisqu’on peut considérer le records management comme le socle de la gouvernance de l’information (Pagnamenta 2014, p. 11). Enfin, nous tenons à rappeler que les recommandations proposées ne constituent pas une fin en soi, mais ne sont qu'une première étape. En effet, la gouvernance de l'information n'est pas un projet à court terme, mais doit être envisagée sur le long terme (Smallwood 2014, chap.1 ; GlassIG 2016).

Bibliographie

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HASSANALY, Parina, 2013. Management de l'information : quelle réalité pour les TPE/PME ?. Documentaliste-Sciences de l'Information [en ligne]. 2013/1 (Vol. 50), pp.46-47. ISSN 0012-4508. [Consulté le 15 juillet 2016]. Disponible à l’adresse : http://www.cairn.info/revue-documentaliste-sciences-de-l-information-2013-1-page-38.htm#s1n6

MAKHLOUF SHABOU, Basma, 2015. Politique de Gouvernance de l’Information. [document PDF]. 1er octobre 2015. Support de cours: Module 10 « Gouvernance de l'Information (GI) », Haute école de gestion de Genève, filière Information documentaire, année académique 2015-2016

MAKHLOUF SHABOU, Basma, [ca. 2016]. Guide d'entretien destiné au personnel du Système de Management Environnemental de l’Etat [document Word].

ORGANISATION INTERNATIONALE DE NORMALISATION, 2001. Information et documentation : "records management". 1ère éd. 2 vol. Genève : ISO, 15 septembre 2001. ISO/IEC, 15489.

PAGNAMENTA, Roxane, 2014. Gouvernance de l’information : définition, enjeux et perspectives en Ville de Genève [en ligne]. Genève : Haute école de gestion de Genève. Travail de master. [Consulté le 01 juillet 2016]. Disponible à l’adresse : http://doc.rero.ch/record/232841

PERREIN, Jean-Pascal, 2013. Définition de la gouvernance de l’information par des mots : Extrait du livre GouvInfo “Océan bleu”. 3org – Points de vue sur le flux Information [en ligne]. 2 avril 2013. [Consulté le 21 juillet 2016]. Disponible à l’adresse : http://www.3org.com/news/gouvernance_de_linformation/definition-de-la-gouvernance-de-linformation-par-des-mots-extrait-du-livre-gouvinfo-ocean-bleu/

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PERREIN, Jean-Pascal, 2015. L’instance de gouvernance de l’information trouve sa légitimité. 3org – Points de vue sur le flux Information [en ligne]. 13 janvier 2015. [Consulté le 2 août 2016]. Disponible à l’adresse : http://www.3org.com/news/flux_information/instance-de-gouvernance-de-linformation-trouve-sa-legitimite/

SCAGLIONE, Marc, 2016. Synthèse du questionnaire « Politique de nommage » [document PDF]. 17 mai 2016. Diffusé sur Swiss-lib Digest, Vol 85, Issue 10

SEUILLOT, Guillain, 2015. Retranscription de l’interview de Nicolas Grandjean sur les lasers. PodcastSciences.fm [en ligne]. 8 avril 2015. [Consulté le 28 juillet 2016]. Disponible à l’adresse : http://www.podcastscience.fm/dossiers/2015/04/08/retranscription-de-linterview-de-nicolas-grandjean-sur-les-lasers/

SMALLWOOD, Robert F., 2014. Information governance: concepts, strategies and best practices. Hoboken : Wiley, 2014. Wiley CIO series. ISBN 978-1-118218-30-3

UNIRIS, 2014a. Politique de records management et d’archivage pour une gouvernance informationnelle [en ligne]. Université de Lausanne, 30 juin 2014. [Consulté le 16 juillet 2016] Disponible à l’adresse : http://www.unil.ch/uniris/home/menuguid/a-telecharger/documents-de-reference.html

UNIRIS, 2014b. Politique de records management : Règles de nommage des documents électroniques [en ligne]. Université de Lausanne, 18 mars 2014. 7 novembre 2014. [Consulté le 16 juillet 2016] Disponible à l’adresse : http://www.unil.ch/uniris/home/menuguid/a-telecharger/pour-les-unites.html

 

InfoTrack, une nouvelle formation en ligne aux compétences informationnelles pour la Bibliothèque de l’Université de Genève : retour d’expérience

Aurélie Vieux, Université de Genève 

Laure Mellifluo, Université de Genève  

Anne Ronchi, Université de Genève  

InfoTrack, une nouvelle formation en ligne aux compétences informationnelles pour la Bibliothèque de l’Université de Genève : retour d’expérience

Un contexte institutionnel favorable

Le projet de formation aux compétences informationnelles InfoTrack a profité d’un contexte institutionnel particulièrement propice à son développement.

Depuis septembre 2006, la Bibliothèque de l’Université de Genève (UNIGE)  formait ses étudiants à la recherche documentaire via le didacticiel CALIS[1] qui avait été introduit d’abord en sciences humaines et sociales (SES) et en théologie, puis en médecine et en sciences. Il avait été créé dans le cadre du programme fédéral du «Campus virtuel Suisse»[2] et visait à offrir une formation générale à la recherche documentaire, mais il a donné lieu à des adaptations disciplinaires et à des solutions technologiques spécifiques sur plusieurs sites[3] et facultés.

Dans le cadre de son plan d’action stratégique 2014-2017[4], la Bibliothèque de l’UNIGE vise une « autonomie accrue des usagers » et prévoit  d’ici fin 2017 de :

  • systématiser les formations documentaires ;
  • concevoir et développer des supports d'auto-apprentissage de type CALIS ;
  • accroître la culture informationnelle des usagers en l’inscrivant dans les cursus universitaires (crédits ECTS).

Suite à une analyse de l’existant réalisée en 2014 sur CALIS, il est apparu nécessaire de repenser cette formation en vue d’une refonte intégrale et de réfléchir à une nouvelle solution technologique. En effet, basé sur des concepts d’apprentissage anciens reposant sur du texte et un parcours entièrement dirigé, CALIS ne répondait plus totalement aux nouvelles pratiques pédagogiques des jeunes générations d’apprenants. De plus, la formation ne couvrait pas la totalité des thématiques liées à la culture informationnelle selon le référentiel suisse[5], notamment l’utilisation de l’information (synthèse, présentation orale, rédaction, etc.). Du côté professionnel, l’effort demandé pour la mise à jour des contenus sur les diverses plateformes était devenu considérable.

Partant de ce constat, un mandat a été rédigé avec les objectifs suivants :

  • répondre aux normes suisses sur les compétences en culture informationnelle[6] ;
  • former de manière uniforme et plus systématique tous les étudiants Bachelor aux compétences informationnelles de base, généralistes et transversales ;
  • faciliter l’intégration de l’apprentissage des compétences informationnelles dans les curricula d’études.

Outre le fait de pouvoir s’appuyer sur la riche expérience de la Bibliothèque en matière de formation à la recherche documentaire, le projet a profité de son alignement avec la vision stratégique de l’Université de Genève, qui ambitionne de se profiler comme un acteur-clé dans le développement des technologies de l’information et de la communication[7]. Dans le contexte du projet institutionnel « Université numérique » qui vise une université connectée d’ici 2020, InfoTrack a obtenu le soutien financier du rectorat. Cette position lui a permis de dépasser le cadre de la Bibliothèque et de se positionner au niveau institutionnel, au même titre, par exemple, que l’Archive ouverte UNIGE.

Les grandes lignes du projet

InfoTrack s’inscrit dans le cadre des projets d’évolution de système d’information institutionnels, ce qui implique le suivi d’une méthodologie de gestion documentée et le respect d’un calendrier global. Un comité de pilotage a été constitué, composé de membres du comité de direction, d’un coordinateur du pôle Communication et Services, d’un collaborateur du service des Nouvelles Technologies de l’Information, de la Communication, et de l’Enseignement (NTICE) et d’un collaborateur du Service de soutien à l’enseignement et à l’apprentissage (SEA). Sous la responsabilité de ce comité de pilotage, le projet est géré par la Bibliothèque comme maître d’œuvre avec le soutien de la Division du système et des technologies de l’information et de la communication (DiSTIC) comme maître d’ouvrage.

Lancé en janvier 2015, il s’est articulé en trois phases : proposition, cadrage et réalisation. À chaque étape, des livrables ont été fixés tels que le concept de formation ; les scénarios ; les vidéos ; la plateforme ; etc. De manière itérative, chaque stade a fait l’objet d’évaluations avec les acteurs concernés, selon le calendrier suivant :

Figure 1 : calendrier du projet

Livré en septembre 2016 pour la rentrée universitaire, InfoTrack a été terminé dans les délais fixés.

Pour accompagner le déploiement de la plateforme sur les sites et son appropriation par les collaborateurs de la Bibliothèque, durant l’été 2016, une campagne de communication interne et externe a été menée auprès du public académique (enseignants, assistants, etc.).

Dans cette phase de mise en œuvre, des référents InfoTrack ont été formés sur chaque site de la Bibliothèque.

Le produit final

InfoTrack est disponible en libre accès depuis septembre 2016 sur https://infotrack.unige.ch. Au final, la formation comprend 24 modules de formation (ou leçons) répartis en 5 thématiques :

  • Comment trouver ?
  • Plan de recherche documentaire
  • Trier
  • Plagiat
  • Rédaction et communication

Figure 2 : page d’accueil de la plateforme InfoTrack

Grâce à ce système modulaire, le dispositif est prévu pour être utilisé aussi bien en auto-formation à distance qu’intégré dans un cours en présentiel sur les compétences informationnelles. De plus, cela permettra de créer sans problème des modules supplémentaires selon les besoins sans nécessiter une réorganisation complète du dispositif.

Chaque module peut être suivi individuellement. Aucun ordre de progression n’est imposé aux utilisateurs. Cependant, ceux-ci peuvent débuter par un test de niveau, qui leur conseillera une sélection de modules en fonction de leurs résultats. De plus, sur chaque page, un bloc propose des modules complémentaires pour poursuivre son parcours sur la plateforme, à l’image des suggestions que l’on est habitué à rencontrer sur YouTube par exemple.

À chaque module correspond un ou plusieurs objectifs pédagogiques. Pour les atteindre, les étudiants disposent en premier lieu d’une vidéo de 3 à 5 minutes : une introduction présente la problématique sous forme d’une mise en situation humoristique mettant en scène des étudiants dans des situations fictives, puis une partie didactique répond aux questions et explique les concepts importants. Un quiz permet ensuite de mettre en pratique ces concepts ou de réviser les points essentiels de la vidéo. Un court résumé conclut le module, parfois accompagné de ressources pour approfondir le sujet. En auto-formation, la durée pour compléter un module est estimée à 10 minutes.

Figure 3 : détail d’un module de formation sur InfoTrack

Pour les étudiants qui souhaitent s’auto-former et gérer eux-mêmes leur progression à travers leur formation, un espace personnalisé est accessible après authentification. Une fois identifié sur la plateforme, l’apprenant peut enregistrer ses résultats aux quizzes et suivre ses progrès de manière autonome. Son tableau de bord personnel lui indique pour chaque thématique le nombre de points obtenus par module.

Figure 4 : tableau de bord personnel pour le suivi de sa progression

La construction collaborative comme mode de développement

Dans la perspective de répondre aux objectifs institutionnels portés par la Bibliothèque et plus largement par l’UNIGE, la méthodologie de gestion de projet employée s’est voulue collaborative et basée sur la mise en place de plusieurs partenariats avec d’autres services de l’UNIGE et un partenaire externe. Au cours des différentes phases, ces contributions ont considérablement enrichi les contenus par l’expertise métier apportée par chacun.

Les contenus pédagogiques

Une équipe projet de trois personnes a été créée au sein de la Bibliothèque avec l’engagement de deux collaboratrices supplémentaires. L’équipe se compose de deux collaboratrices scientifiques pour la chefferie de projet et d’une bibliothécaire-formatrice pour l’expertise métier. L’équipe réunit trois types de compétences complémentaires : une bonne connaissance de la culture informationnelle, des compétences techno-pédagogiques ainsi qu’une solide maîtrise des nouvelles technologies.

Tout au long du processus, elle a travaillé en collaboration avec des bibliothécaires pour la définition du concept de formation et l’élaboration des contenus des modules de cours. Ces derniers ont également participé à la phase d’évaluation par la relecture des scénarios des vidéos, du glossaire, des quizzes et des textes des rubriques « à retenir » et « pour aller plus loin ».

Le Service de soutien à l’enseignement et à l’apprentissage (SEA) est intervenu en tant qu’expert pédagogique dans la construction des modules de cours en lien avec l’utilisation de l’information (synthétiser une recherche, communiquer à l’oral, créer un support visuel pour une présentation orale). Cette équipe a également relu et validé les quizzes ainsi que le test de niveau.

Les scénarios des vidéos didactiques ont été co-écrits par l’équipe projet avec un scénariste de la Société de création multimédia genevoise la Souris verte. Cette société a également été mandatée pour la réalisation des vidéos ainsi que pour la création d’un design pour la plateforme.

En plus de ces différents partenaires, tout le matériel pédagogique a été validé par un panel d’enseignants ainsi que par un panel d’étudiants.

Enfin, il était important de poursuivre la collaboration avec des étudiants pour définir l’architecture et l’organisation des contenus informationnels sur les pages du site. Ainsi, des exercices de tri par carte (card sorting) ont été réalisés avec une quinzaine d’étudiants. Cette méthodologie d’architecture informationnelle a été utile pour regrouper les unités d’apprentissages en thématiques et pour caler la terminologie.

La plateforme

La méthodologie collaborative conduite pour l’élaboration des contenus a été poursuivie pour la conception organisationnelle du site.

L’équipe projet s’est associée avec le service des Nouvelles Technologies de l’Information, de la Communication, et de l’Enseignement (NTICE) de la DiSTIC pour la définition des fonctionnalités techniques, le choix et son développement informatique.

Après une analyse comparative entre plusieurs solutions, le choix s’est porté sur le logiciel de gestion de contenu Concrete5. En effet, bien qu’il s’agisse d’un dispositif numérique à vocation pédagogique, Concrete5 a été privilégié par rapport à un Learning Management System (LMS) comme Moodle ou Chamilo, car il offre plusieurs avantages. Non seulement, il permet de développer un environnement de formation ergonomique avec un design attractif qui porte les objectifs de formation, mais il répond aussi à des exigences fonctionnelles en facilitant les tâches liées à la maintenance et la mise à jour des contenus. De plus, sa souplesse assure à la plateforme une adaptabilité à long terme avec des coûts de maintenance minimaux puisque Concrete5 est déjà utilisé à l’UNIGE pour ses sites web.

Lors de la phase de cadrage, un partenariat avec des étudiants du Master en Sciences de l’information de la Haute Ecole de Gestion (HEG) a enrichi la réflexion autour de l’architecture et le design des contenus informationnels en ligne. Par ailleurs, les préconisations de ces étudiants ont été utiles au moment de la rédaction des textes pédagogiques accompagnant les vidéos de cours.

Son élaboration s’est faite en deux étapes : d’abord une première maquette fonctionnelle a été élaborée et testée avec des étudiants de l’UNIGE, puis, en fonction des retours, un prototype a été développé sur Concrete5. Celui-ci a été testé par des bibliothécaires et des étudiants de Bachelor, ce qui a permis de finaliser l’architecture de la plateforme.

Retour d’expérience

Les tracas administratifs

Le nouveau système de pilotage de projets mis en place au sein de l’UNIGE a demandé aux cheffes de projet un important travail de documentation. Cette étape a permis de faire d’InfoTrack un dispositif de formation porté et financé non seulement par la Bibliothèque, mais aussi par le Rectorat.

Le soutien des plus hautes instances de l’Université est un avantage certain pour l’adoption de la formation par le corps enseignant et son intégration dans les cursus universitaires. Cependant, sa gestion a été considérablement alourdie par le cadre administratif imposé par ce système institutionnel.

L’importance de la coordination

Il est apparu dès le début du projet que celui-ci devait reposer sur des partenariats afin de bénéficier de l’expertise métier, pédagogique ou technique la plus adéquate disponible à l’UNIGE. La participation de bibliothécaires, d’enseignants, de conseillers pédagogiques, d’informaticiens et d’étudiants de l’UNIGE l’a considérablement enrichi et lui a permis d’aboutir à un résultat de qualité non seulement par la pertinence des contenus que les bibliothécaires étaient déjà habitués à présenter dans leurs formations, mais aussi par la forme : validité pédagogique du dispositif et fonctionnalités techniques de l’outil en ligne. Ce point est essentiel aussi pour la suite, car la Bibliothèque ne sera pas la seule entité de l’UNIGE à assurer la promotion d’InfoTrack auprès des étudiants.

Un autre partenariat-clé a été la collaboration avec la Société de création multimédia la Souris verte pour la rédaction des scénarios et la réalisation des vidéos. Ces compétences n’étant pas disponibles à l’interne, il était nécessaire de trouver des professionnels ailleurs.

Cette volonté d’intégrer de nombreux partenaires internes et externes à l'institution a cependant nécessité un important travail de coordination. Pour que chacun se retrouve dans le projet tout en assurant le respect des délais et du budget impartis, il a fallu que les cheffes de projet supervisent de près les différentes tâches et communiquent en continu avec tous les acteurs pour qui InfoTrack n’était pas l’unique réalisation en cours. Un planning et une répartition claire des tâches au préalable ont facilité ce processus.

Une évaluation constante

Pour assurer l’adéquation d’InfoTrack avec les utilisateurs finaux, des tests ont été effectués dès le début auprès de panels d’étudiants et d’enseignants. L’ergonomie de la plateforme a été testée par des étudiants à plusieurs étapes du développement, d’abord sur des maquettes, puis sur le site lui-même au cours de sa réalisation. Les scénarios des vidéos ont tous été relus par des enseignants, puis adaptés selon leurs retours. Cette étape a permis de fixer le format définitif des vidéos comprenant une première partie jouée et drôle, puis un cours plus théorique et finalement une chute comique. Le choix du vocabulaire a fait l’objet d’adaptation pour éviter le jargon bibliothéconomique.

Conclusion

Le défi à relever est de poursuivre la communication institutionnelle autour d’InfoTrack pour améliorer son intégration dans les cursus académiques de l’UNIGE tout en continuant à faire évoluer le dispositif de formation.

Dans cette perspective, la difficulté sera de maintenir la mobilisation des différents partenaires pour la création de modules supplémentaires sur le même modèle de construction collaborative.

Les bibliothécaires ont initié depuis plusieurs années des partenariats avec le corps enseignant pour l’intégration des formations aux compétences informationnelles dans leurs cours. InfoTrack redonne un élan bienvenu à cette collaboration et ouvre de nouvelles perspectives dans certaines filières qui ne profitaient pas encore de cette offre. Le choix d’avoir décliné les objectifs d’apprentissage d’InfoTrack à partir du référentiel suisse dans le domaine apporte un surplus de légitimité à ces efforts et une base cohérente pour des développements futurs.

L’objectif, à terme, est que tous les étudiants de l’UNIGE finissent leur Bachelor en maîtrisant ces compétences. Grâce à InfoTrack, ils disposent maintenant d’un outil moderne et attractif qui va assurément les y aider.

Notes

[1] CALIS est l’acronyme de « Computer-assisted learning for Information searching »

[2] Campus virtuel Suisse (CVS), 2009. Swiss Virtual Campus [en ligne]. 2009 [Consulté le 27.09.2016] Disponible à l’adresse : http://www.virtualcampus.ch/display2625.html

[3] La Bibliothèque de l’UNIGE est formée de quatre sites physiques et d’un service de coordination.

[4] Division de l’information scientifique (DIS), 2014. Plan d’action stratégique de la DIS, UNIGE 2014-2017. DIS [en ligne]. 01.05.2014 [Consulté le 27.09.2016] Disponible à l’adresse : https://www.unige.ch/dis/index.php/download_file/view/38/170/

[5] Groupe de travail Culture informationnelle dans les hautes écoles suisses, 2011. Normes suisses sur les compétences en culture informationnelle [En ligne] Informationskompetenz [Consulté le 30.11.2016] Disponible à l’adresse : http://www.informationskompetenz.ch/fr/ikurz-fr/standards-ch

[6] Idem

[7] Université de Genève (UNIGE), 2016. Vers une université connectée et digitalisée. In : Campus. N°126, dossier «Uberisation », p38-39.

Une stratégie de communication pour le service de formation personnalisée de la Bibliothèque de l’EPFL

Audrey Bongard, spécialiste en information documentaire

Une stratégie de communication pour le service de formation personnalisée de la Bibliothèque de l’EPFL

Les récentes évolutions observées dans le monde de l’information ont amené les bibliothèques, notamment en milieu académique, à effectuer de profondes mutations. De fournisseurs de ressources, elles sont devenues fournisseurs de services. Dans un contexte numérique, où les accès à l’information sont multiples et immédiats, elles sont confrontées à une génération d’usagers de plus en plus exigeants.[1] De nombreuses stratégies ont été explorées afin de s’adapter à un environnement informationnel devenu extrêmement compétitif. Le développement d’une offre de service personnalisé et individuel en est une.[2] D’un métier centré sur les collections, le métier de bibliothécaire est maintenant largement centré sur les usagers et leurs besoins. Cependant, les usagers, encore imprégnés de l’image de la bibliothèque comme sanctuaire des livres, n’ont que peu conscience de l’étendue des compétences des bibliothécaires. C’est pourquoi la valorisation des nouveaux services offerts est devenue une activité vitale pour les bibliothèques.

La Bibliothèque de l’EPFL est une institution d’envergure, qui dessert un public d’environ 13'000 étudiants, professeurs, collaborateurs du corps intermédiaire ainsi que le grand public. Elle enregistre plus de 3800 entrées par jour. Elle a rapidement saisi les opportunités offertes par ces bouleversements sans précédents dans le monde de l’information. Des services plus proches des besoins spécifiques des usagers et une stratégie de communication adaptée sont devenus deux axes importants de sa stratégie.

La Bibliothèque de l’EPFL et la formation

Le développement de l’offre de formation aux compétences informationnelles destinée à la communauté de l’EPFL se situe au cœur des orientations stratégiques de la bibliothèque. En milieu académique, les formations sont souvent des formations uniques prodiguées à un groupe d’étudiants. Longtemps privilégié par le corps enseignant car peu demandant en termes d’investissement, c’est un modèle qui a démontré ses limites au cours du temps. Premièrement pour les étudiants, l’impact de ces formations ponctuelles reste limité, bien que généralement positif. Les interventions uniques ne permettent pas un suivi ou une réelle évaluation des compétences acquises. Ensuite, pour les formateurs, la répétition des mêmes formations sans fin ni réelle évaluation est une source d’épuisement professionnel.

En 2016, afin d’étoffer son offre de formation, la Bibliothèque de l’EPFL repense son service de formation personnalisée et individuelle. Existant déjà sous une forme plus sommaire, le service propose dorénavant une prise de rendez-vous facilitée avec un formateur pour des sessions de formation sur différents sujets. L’objectif est de proposer un support aux étudiants tout au long de leur cursus académique. Les sujets couverts lors de ces séances de formations sont en lien direct avec la maîtrise des compétences informationnelles et des outils de recherche disponibles. Ils recouvrent les problèmes très pratiques que les étudiants peuvent rencontrer lors de leurs études, tels que la complexité des normes bibliographiques, la diversité des bases de données documentaires à disposition, les enjeux de la citation ou de la publication Open Access.

Le service proposé est à différencier d’un service de référence, qui consiste à orienter l’usager dans sa recherche d’information, et d’un service de guichet virtuel, qui fournit des réponses à un vaste ensemble de questions en lien avec des aspects plus pratiques, tels que les horaires d’ouverture ou les modalités de prêt. Il est également à différencier d’un programme de bibliothécaire personnel, qui propose un point de référence à la bibliothèque pour chaque nouvel étudiant et cela tout au long de ses études. Le service de formation personnalisée de la Bibliothèque de l’EPFL se préoccupe de fournir une réelle session de formation et de support, plutôt que de simples réponses à des questions sommaires. Faute de ressources, elle n’est pour l’instant pas à même de proposer un service d’accompagnement personnalisé pour chaque étudiant. Le nouveau service offrira donc une solution de formation sur mesure se concentrant sur les questions et les besoins des usagers qui nécessitent une réponse plus complète et pour lesquelles une formation est nécessaire.

La Bibliothèque de l’EPFL et la communication

Jusqu’en 2010, la Bibliothèque de l’EPFL est composée d’une dizaine de succursales dans les facultés. Elles sont répandues sur le campus, au plus près de leurs usagers. Le nouveau bâtiment du Rolex Learning Center est ensuite construit et la bibliothèque y est centralisée. Le bâtiment intègre de nombreux services afin de servir de centre de vie pour les étudiants. Outre un restaurant, une librairie ou encore les presses universitaires, la bibliothèque est un des services proposés dans ce lieu moderne et conceptuel. Elle intègre donc un projet qui la dépasse largement. Le Rolex Learning Center sert aujourd’hui de « carte de visite » à l’école et fait l’objet d’une communication massive. Il bénéficie donc d’une identité très forte.

Centralisée, distancée de son public et intégrée au Rolex Learning Center, la bibliothèque doit se réinventer. Sa stratégie s’oriente vers une communication consolidée afin de renforcer son identité au sein du Rolex Learning Center. Elle doit donc tout d’abord se démarquer du bâtiment avant de pouvoir se construire une image facilement identifiable par les usagers. Pour ce faire, la communication est devenue une des orientations stratégiques principales de la Bibliothèque de l’EPFL. Elle a pour objectif principal d’implanter ses services au centre des activités de l’école, que ce soit au niveau de l’enseignement, de la recherche ou des études. Afin d’atteindre cet objectif, la valorisation des services offerts aux publics constitue une étape incontournable.

Dans un univers tout en teintes de gris, la bibliothèque a donc décidé de miser sur la couleur pour ses supports de communication. Suite à une collaboration avec un bureau de graphistes, un nouveau logo et des petits dossiers de couleurs sont apparus aux portes d’entrée et sur les différents supports de communication. Un service dédié à la communication a également été créé.

Le regroupement des bibliothèques de facultés en un seul lieu a généré une perte de proximité avec les chercheurs et le personnel des diverses facultés, habitués à disposer d’un point de contact au sein de leur faculté. Un service de bibliothécaires de liaisons a vu le jour afin de pallier ce manque. La création de nouveaux services vise donc à rapprocher la bibliothèque de son public.

Le renouvellement du service de formation personnalisée intervient à l’intersection de ces deux grandes orientations stratégiques à la Bibliothèque de l’EPFL. C’est un service qui permettra une réelle relation de proximité avec les usagers formés. Cependant, puisqu’il met en avant un ensemble de compétences des bibliothécaires méconnues des usagers, le lancement d’un tel service doit être accompagné d’une solide stratégie de communication. En effet, l’utilisation des services par les usagers n’est pas seulement due à la qualité du service offert, c’est aussi le reflet de la façon dont ils sont informés de l’existence de tels services.[3]

Valoriser le service de formation personnalisée de la Bibliothèque de l’EPFL

Avant 2016, la Bibliothèque de l’EPFL mettait déjà à disposition du public un service de formation personnalisée. Il était donc déjà possible de contacter les bibliothécaires pour bénéficier d’une formation individuelle. Le site internet, sous son onglet « Formation », annonce cette possibilité. C’est pourtant un service qui est peu structuré et très mal connu des étudiants. C’est pour cette raison qu’un groupe de travail est mis en place afin de repenser ce service et de le faire connaître aux usagers. Le projet, nommé « Book a librarian », s’inscrit dans l’objectif stratégique qui vise à développer les actions dans le domaine de la formation aux compétences informationnelles.

Une étude des besoins en lien avec ce service a été effectuée par les collaborateurs de la bibliothèque et suite à cela, l’offre et la forme du service ont été redéfinis. Les besoins des usagers en matière de compétences informationnelles sont très variables selon les niveaux d’étude et les sujets de recherche. Le nouveau service offrira donc une solution de formation sur mesure, parfaitement adaptée aux problèmes rencontrés par les usagers individuels. Afin de clarifier l’offre du service et de pouvoir communiquer sur des contenus précis, certains domaines ont été exclus de l’offre. Les sujets qui pourront être couverts lors de séances de formation individuelles sont les suivants :

  • La recherche bibliographique et ses divers aspects : recherche dans les bases de données, diversification des sources
  • L’élaboration et la rédaction de bibliographies, notamment à l’aide de logiciels de gestion de bibliographies
  • La citation
  • Les notions de droit d’auteur et de copyright
  • L’Open access
  • La veille
  • Les données de la recherche

Souvent offerts par des services appelés « Book a Librarian », notamment en bibliothèques publiques, les visites guidées, la création, la relecture ou l’évaluation de produits documentaires, les conseils juridiques et financiers, l’aide à la rédaction de CV ou encore la présentation du système de cotation sont des demandes qui ont été exclues de l’offre de formation. Un nouvel outil de prise de rendez-vous en ligne est également mis en place. L’usager désirant bénéficier d’une formation pourra simplement sélectionner une des plages horaire disponibles qui soit compatible avec son emploi du temps. Cet outil permet d’éviter les nombreux échanges d’emails généralement nécessaires à la prise de rendez-vous. Le service permet donc une réelle personnalisation de l’offre, tant au niveau des thèmes de formation qu’au choix de l’horaire.

Une fois les modalités du service formalisées, l’étape suivante a été l’élaboration d’une stratégie de communication cohérente dans le but de faire connaître la nouvelle offre aux publics de la bibliothèque. La communication, bien que stratégique et essentielle, ne reste qu’un des nombreux outils du marketing. Elle ne peut exister et prospérer que dans le cadre d’une stratégie marketing plus globale.[4] La sélection de canaux et outils de promotion se doit d’être basée sur une connaissance approfondie du public-cible et du service offert. C’est donc dans le but de mieux cerner les diverses facettes du service proposé à la Bibliothèque de l’EPFL qu’une analyse SWOT[5] du service de formation personnalisée a été entreprise. Cette analyse a permis d’évaluer les forces et faiblesses du service de formation individuelle ainsi que d’identifier les menaces potentielles et les opportunités à saisir lors du lancement du service. Enfin, cette démarche a également été utile pour formaliser des objectifs de communication précis, visant à exploiter et mettre en avant les forces identifiées, saisir les nouvelles opportunités de faire connaître le service, parer aux éventuelles menaces et surmonter les faiblesses potentielles du service.

Un nom pour la formation personnalisée

L’analyse des besoins effectuée auprès des usagers visait notamment le nom du service. Elle a révélé que le nom « Book a Librarian » ne convient pas pour un tel service. Bien que souvent utilisé pour des services similaires, il n’a pas rencontré le succès escompté auprès des usagers de la Bibliothèque de l’EPFL. En effet, les étudiants interrogés n’étaient en général pas du tout familiers avec la notion de formation en bibliothèque. Les noms qui leur ont été proposés, « Book a Librarian », « Rent a Librarian » ou encore « Formation à la demande », ne leur évoquaient pas clairement l’image d’un service de soutien personnalisé offert par les bibliothécaires. Ces observations ont été confirmées par les retours d’expérience obtenus auprès d’autres bibliothèques académiques suisses proposant un service similaire sous un de ces noms.

Afin de mettre en place une stratégie de communication efficace, il était donc prioritaire de trouver un nouveau nom pour le service. Le nom du service devra servir de support de communication, il doit donc pouvoir être compris par les étudiants et exprimer au mieux la nature du service.

La première étape pour la recherche d’un nouveau nom s’est déroulée sous la forme d’une session de brainstorming avec les membres de l’équipe de formation en charge du projet. L’objectif de ce processus étant de sélectionner des termes de référence à mettre en avant dans le choix du nom. Ceci dans le but de définir une base pour l’image et la valeur ajoutée qui seront véhiculées par le nom du service.

Une série de mots-clés liés au rôle des formateurs, à la forme des sessions de formation ainsi qu’à leur valeur ajoutée pour les usagers ont été présentés aux participants. Un certain nombre ont été rejetés pour arriver à une sélection de mots-clés qui serviront de base à la communication et au choix du nom.

Les collaborateurs du service de formation ont exprimé leur désir de mettre en avant leur statut d’accompagnateur, de coach ou de conseiller, lors de rendez-vous et de sessions de soutien, d’appui, de coaching ou d’assistance. La principale valeur ajoutée de la formation est la résolution de problèmes individuels pour les usagers. Les avantages d’être sur mesure et à la demande sont également des points importants. Dans un deuxième temps, la valeur ajoutée des formations pour les usagers peut être un gain de temps ou un plus grand succès dans leurs études.

Les termes de formateur et de session de formation ont été mis de côté. Bien que tout à fait adaptés pour décrire le service, ces termes sont problématiques pour les étudiants car peu évocateurs. Ils ne seront donc pas utilisés dans le cadre de la communication avec le public. Il en va de même pour la notion de maîtrise des compétences informationnelles comme valeur ajoutée de la formation. C’est également une problématique au cœur des objectifs d’un service de formation en bibliothèque, cependant, ce n’est pas un message qui doit être utilisé à l’intention du public externe. En effet, bien que très clair pour les professionnels de l’information, le concept de compétence informationnelle reste encore largement méconnu du grand public.

Suite à la définition de ces termes de références, quatre noms potentiels ont été sélectionnés. Les nombreuses nationalités représentées au sein de l’EPFL requièrent une sélection de noms qui soient aisément traduisible en anglais. Les quatre noms sélectionnés sont les suivants :

  • My scientific information coach / Mon coach en information scientifique
  • My personal librarian / Mon bibliothécaire personnel
  • Meet a librarian / Rendez-vous avec un bibliothécaire
  • Librarian on demand / Bibliothécaire à la demande

Afin de sélectionner un nom qui convienne aux étudiants et réponde à leurs attentes, ces noms ont été soumis à un échantillon de cinquante étudiants afin de recueillir leur avis.[6] Les noms préalablement sélectionnés se sont avérés pertinents car la majorité des étudiants ont été capables de nommer un type de formation grâce au seul nom. Leur choix s’est porté en grande majorité sur le concept du bibliothécaire personnel. Le coach en information était également un choix populaire avec, cependant, une réserve sur le terme « scientifique », jugé trop exclusif.

Suite aux résultats du sondage, trois noms – Mon coach en information, Mon bibliothécaire personnel et Bibliothécaire à la demande – sont encore en lice pour devenir le nouveau nom du service.

Une stratégie de communication adaptée

Avant d’élaborer une stratégie de communication autour d’un service, il est important de se pencher brièvement sur les spécificités d’une démarche marketing visant un service. Trois facteurs spécifiques aux services sont à prendre en compte. Tout d’abord, les prestations de service sont des performances intangibles et non des objets. Deuxième point crucial, le destinataire du service est souvent impliqué dans le processus de production du service. Enfin, ces premiers aspects impliquent une hétérogénéité possible dans la production du service.[7] En effet, la personne qui bénéficie du service ainsi que la personne qui le fournit sont susceptibles d’influencer la qualité du service selon le moment de la journée, leur personnalité ou simplement leur humeur au moment de la transaction. Une démarche de communication autour d’un service devra donc tenter de rendre tangible la valeur et les bénéfices du service pour l’usager.

La stratégie de communication pour le service de formation personnalisée de la bibliothèque de l’EPFL a été matérialisée sous la forme d’un plan de communication, outil permettant de rendre cohérent le message de la bibliothèque en l’ancrant dans une réflexion stratégique complète.

En premier lieu, il est important d’associer le plan de communication pour un service aux objectifs stratégiques et à la stratégie de communication globale de la bibliothèque. Le renforcement de la communication avec les publics est un des objectifs stratégiques principaux. La stratégie de communication pour le service de formation s’inscrit donc dans le prolongement de cet effort. En communiquant sur ses services, la bibliothèque verra son image globale également renforcée. Sur la forme : la Bibliothèque de l’EPFL s’est créé une image colorée, accessible et légèrement décalée, trois aspects qui seront pleinement intégrés dans cette démarche de communication.

La deuxième étape est la définition d’objectifs de communication. Suite à l’analyse SWOT du service, quatre objectifs ont été fixés.

1. Faire connaître le nouveau service de formation individuelle aux publics

Le premier et principal objectif de la stratégie de communication est d’ordre cognitif. Bien que la bibliothèque bénéficie d’une très haute fréquentation, cela ne signifie pas pour autant que les étudiants connaissent les services qui y sont offerts. Avant toute chose, il s’agira donc de faire connaître le service aux différents publics cibles.

2. Faire comprendre l’offre du service et sa valeur ajoutée aux publics cibles

Le second est également de type cognitif. Il s’agira d’expliquer ce que le service offre et en quoi les étudiants peuvent en avoir besoin. Les actions de communication viseront à rendre plus clair les compétences des bibliothécaires ainsi que le détail des sujets couverts lors des sessions de formation.

3. Amener les étudiants à utiliser le service

Le troisième objectif est d’ordre conatif. Il est question de faire agir les étudiants en prenant rendez-vous grâce au nouveau portail disponible sur le site internet. Il découle évidemment des deux premiers, le but de faire connaître et comprendre le service étant bien qu’il soit ensuite mis à profit par les étudiants.

4. Faire parler du service

Le quatrième objectif de cette stratégie de communication est également de type conatif. Il vise à augmenter la part du bouche à oreille dans la communication. Une série d’actions sera menée afin d’encourager les étudiants, le corps enseignant et les collaborateurs de la bibliothèque à parler du service et de leur expérience de ce service à leurs collègues.

Ensuite, la sélection d’un message autour duquel sera consolidée la communication est une étape cruciale. Le message délivré dans une campagne de promotion d’un service doit inspirer les usagers et promouvoir une image attractive. Le message sélectionné pour soutenir l’entier des actions de communication est le suivant :

La bibliothèque dispose de ressources dont vous ne soupçonnez pas l’existence, les bibliothécaires sont à votre disposition pour répondre à vos questions et vous accompagner dans la résolution de vos problèmes.

Ce message vise à interpeller personnellement les usagers et à pointer d’éventuels problèmes ou questions, sans être condescendant. Il est focalisé sur les réels besoins des étudiants et le vaste inventaire de ressources et de services disponibles plutôt que sur un éventuel manque de maîtrise des outils informationnels. De plus, les étudiants possèdent de nombreuses représentations de ce qu’est une bibliothèque. Ce message a le pouvoir de bousculer ces idées préconçues en leur montrant qu’elle est en réalité bien plus que ce qu’ils pensent.

Une fois les objectifs et le message définis, le plan des actions de communication a pu être établi. La stratégie sélectionnée est celle des blocs de construction promotionnels.[8] Les actions de communication sont considérées comme des blocs de promotion qui s’empileront au fil de la campagne de promotion. Les actions et les supports de communication seront diversifiés avec l’avancement de la campagne afin de multiplier les points de contacts avec les usagers. La planification des actions tient aussi compte de la nature cyclique du rythme académique.

Les outils et canaux sélectionnés pour cette campagne de valorisation sont majoritairement des outils déjà mis à profit avec succès par la Bibliothèque de l’EPFL. Au moment du lancement du service, une série d’affiches, de dépliants et d’affichages sur les écrans du campus seront combinés à des publications sur le site internet, la page Facebook ainsi que dans le journal du campus.

Les actions de communication choisies viseront également à renforcer l’importance du bouche à oreille dans la stratégie de communication de la bibliothèque. Ce type de marketing est un outil puissant et gratuit, argument de poids dans le monde des services publics. S’il est vrai qu’une part du bouche à oreille échappe à tout contrôle, il est cependant possible d’en encourager le développement en l’intégrant consciemment dans une démarche marketing formelle. Une telle stratégie de communication s’articule autour de trois axes : assurer un service irréprochable, délivrer un message clair et constant et encourager les témoignages.[9]

Afin d’encourager les usagers à faire une publicité honnête et personnelle du service à leurs pairs, il est nécessaire que le service fourni aie pour eux une grande valeur ajoutée. Les usagers ne connaissent souvent pas bien les compétences disponibles à la bibliothèque, il est donc plus facile de les impressionner que ce que l’on pourrait imaginer.

Pour que le message de la communication soit retransmis par les usagers, il doit être clair et cohérent. Le message doit donc être alimenté et répété. Pour ce faire, les collaborateurs de la bibliothèque devront être bien informés de la stratégie de communication et de l’évolution du service. Le message délivré devra être cohérent lors de leurs interactions avec les publics.

Un certain nombre de témoignages seront probablement générés par le simple fait que le service est bon et répond à un besoin. Il existe cependant de nombreuses façons de les encourager. Le témoignage d’un usager satisfait pourra être relayé sur Facebook ou dans le dépliant présentant le service. Dans le contexte académique, il est acquis que les recommandations des professeurs ont un impact fort sur les pratiques des étudiants. Autant que possible, il est donc important de travailler en collaboration avec eux. Le service pourra leur être présenté et mentionné lors de leurs diverses interactions avec les bibliothécaires. Des dépliants pourront également être mis à leur disposition dans le but de les distribuer aux étudiants.

Enfin, toute action de communication se doit d’être périodiquement évaluée. Confrontées au public, certaines stratégies peuvent s’avérer inadaptées aux besoins. Un certain nombre d’indicateurs doivent être mis en place afin de surveiller l’évolution et la réception de la stratégie de communication. Chaque action doit être évaluée et adaptée ou remplacée selon les résultats obtenus.

Une communication plus consciente et plus organisée pour les bibliothèques

La nécessité pour les bibliothèques de communiquer avec leurs publics est un fait largement accepté. Cependant, la mise en pratique d’une démarche marketing globale en bibliothèque se heurte encore souvent à un manque de moyens et à une certaine timidité. Or, l’adoption d’une véritable stratégie de marketing et de communication est un impératif pour les services d’information modernes : les usagers sont exigeants, les alternatives à leur disposition sont multiples. Il est essentiel de les interpeller, de les attirer à la bibliothèque en leur montrant l’ampleur de l’offre qui y est disponible. Les services proposés par les bibliothèques académiques, notamment en matière de formation, répondent à de réels besoins. Communiquer mieux, de façon plus plus consciente et plus organisée autour de ces services permettra aux usagers de mieux se rendre compte de leurs lacunes et de la nécessité d’avoir recours aux professionnels de l’information pour les combler. Les bibliothèques communiquent déjà abondamment, au cours de chaque interaction avec les usagers, par leurs règlements, sur certains médias sociaux. Il est temps de s’emparer de ces nombreuses opportunités de valoriser les services offerts en développant une communication consciente et stratégique.

Notes

[1]GAROUFALLOU, Emmanouel et al., 2013. The use of marketing concepts in library services : a literature review. Library Review [en ligne]. Vol. 62, n°4, pp.312 – 334. 

[2] PRIESTNER, Andy et TILLEY, Elizabeth, 2012. Personalising library services in higher education : The boutique approach. Farnham : Ashgate.

[3] SMITH, Debbi A., 2011. Strategic marketing of library resources and services. College & Undergraduate Libraries [en ligne]. Vol. 18, n°4, pp. 333-349.

[4] LUCAS-ALFIERI, Debra, 2015. Marketing the 21st century library : The time is now. Amsterdam : Elsevier

[5] Les sources utilisées pour réaliser cette analyse sont les données statistiques de la bibliothèque, la dernière enquête de satisfaction menée, l’analyse des besoins menée par le groupe de projet « Book a Librarian » ainsi que des suggestions trouvées dans la littérature et auprès des collaborateurs.

[6]Le sondage s’est déroulé dans l’enceinte de la bibliothèque avec un échantillon aléatoire d’étudiants. Les quatre noms ont été présentés aux étudiants sur des fiches. Il leur a été demandé de réfléchir à une offre de service qui pourrait correspondre à ces noms. Après leurs propositions, le service a été décrit tel qu’il sera effectivement proposé. Une fois l’offre du service explicitée, il leur a été demandé de sélectionner le nom qui, à leur avis, décrirait le mieux cette offre.

[7] LOVELOCK, Christopher, WIRTZ, Jochen et LAPERT, Denis, 2004. Marketing des services. 5 e édition. Paris : Pearson Education France

[8] MATHEWS, Brian, 2009. Marketing today’s academic library: A bold new approach to communicating with students. Chicago: American Library Association.

[9] BARBER, Peggy et WALLACE, Linda K., 2010. Building a buzz: Libraries and word-of mouth marketing. Chicago, Illinois : American Library Association

Bibliothek und Politik: BIS Kongress Luzern, 31.8.-3.9.2016

Bibliothek und Politik: BIS Kongress Luzern, 31.8.-3.9.2016

Der vierte Kongress des Verbandes BIS Bibliothek Information Schweiz fand dieses Jahr mit einer Rekordbeteiligung in Luzern statt. Ausschlaggebend für diesen Erfolg war nicht nur das Kongressthema «Bibliothek und Politik», sondern auch die explizite Ausweitung des Themenspektrums auf alle Bibliothekstypen.

Nach Kongressen in Lausanne, Konstanz und Lugano trafen sich dieses Jahr die Mitglieder des Verbandes BIS und weitere interessierte Kreise in Luzern zur zweijährlich stattfindenden Veranstaltung. Es mag auch am attraktiven Tagungsort Luzern gelegen haben, dass die Zahl der Teilnehmenden die 500er Marke weit überschritt und über 40 Ausstellende die Tagung nutzten, um mit ihren Kunden in Kontakt zu kommen. Hauptgrund war aber sicher, dass der Kongress ganz bewusst auf alle Bibliothekstypen ausgerichtet war. Das Kongressthema «Bibliothek und Politik» traf den Nerv der Zeit: Im Februar 2016 brachte ein Zeitungsinterview mit dem Direktor der ETH-Bibliothek Unruhe in die Bibliotheksszene («Weg mit den Büchern») und im Frühjahr hatten sich die Bibliotheken zum ersten Mal im nationalen Rahmen in grosser Zahl an der Vernehmlassung zum neuen Urheberrechtsgesetz beteiligt. Mobilisierendes Thema dieses Gesetzesvorschlags war die Einführung einer Bibliothekstantieme, die v.a. für kleinere Bibliotheken eine existenzielle Bedrohung darstellt. Weil der Verlauf des weiteren Gesetzgebungsprozesses am Kongress noch nicht bekannt war, wurde an der Generalversammlung, die zum ersten Mal am Tag vor dem Kongress abgehalten wurde, dem Vorstand Carte blanche erteilt für das Ergreifen des Referendums, sollte die Bibliothekstantieme trotz allem Widerstand in der Gesetzesvorlage verbleiben. Mit Applaus wurde an der GV ausserdem einem Vorschlag des Vorstandes zugestimmt, Peter Wille zum ersten Ehrenmitglied des Verbandes zu küren. Peter Wille hat 25 Jahre lang Bibliomedia geleitet und war in den 90er Jahren Präsident des BBS.

Zum Auftakt des Kongresses fand ein Podiumsgespräch statt, das den Bibliotheken eine Antwort auf die Frage geben sollte, ob und wie sie sich in den politischen Prozess einbringen sollten. Die Teilnehmenden, Isabelle Chassot, BAK, Dominique de Buman, CVP Nationalrat, Paul Rechsteiner, SP Ständerat, Res Schmid, SVP Regierungsrat, entpuppten sich alle als Freunde der Bibliotheken. Sie forderten die Bibliotheken auf, durchaus etwas lauter zu werden, sich aktiv in den politischen Prozess einzumischen und speziell die Verbände BIS und SAB, vermehrt Stellung zu beziehen, was Themen aus der Informationswelt betrifft, und - im Sinne der besseren Vernehmbarkeit – nur mit einer Stimme zu sprechen.

In den folgenden eineinhalb Tagen wurden in über 40 Veranstaltungen Themen behandelt, die aktuell die Bibliotheksszene beschäftigen. Es war die Rede von RDA, von Kooperationen, Verbünden und Vernetzung beim Metadatenmanagement und natürlich von den SUK2-Projekten der Swissuniversities. Wolfram Neubauer, der ehemalige Direktor der ETH-Bibliothek, berichtete über Vision und Realisierung der Swiss Library Service Plattform SLSP, während Rafael Ball, sein Nachfolger an der ETH, das Podium kurzfristig seinen Projektleiterinnen Pascalia Boutsiouci und Sabine Friedlein überliess, welche über die Nationallizenzen als eine mögliche Zukunftslösung im Open Access Bereich orientierten. Weitere Themen waren HOPE for Open Access, die Speicherbibliothek und der Lebenszyklus von Metadaten. Aus dem Hochschulbereich wurde zudem die Zusammenarbeit mit Wikimedia, Informationskompetenz, Prozessmanagement, Linked Data oder das Innovationsmanagement thematisiert. Die HEG stellte Open Street Map vor, in der Hoffnung damit die Sichtbarkeit der Schweizer Bibliotheken im Netz zu verbessern. BiblioFreak/AccroBiblio wurde als Beispiel einer Kampagne für Imagebildung präsentiert und was State of the Art bei der Schulung von Informationskompetenz oder bei Bibliothekseinführungen ist, wurde anhand von technischen Möglichkeiten (App) demonstriert.

Ob das Angebot am Tag der öffentlichen Bibliotheken nur für diese von Interesse war, sei dahingestellt. Es half sicher, eine gewisse Schwellenangst zu überwinden. Auch hier ging es um mobiles Lernen, um das Erreichen anderer Nutzergruppen, um das Thema Armut und Bibliothek oder um die Bibliotheksstrategien in den Kantonen AG, VS, SG und ZH. Aktuell und für alle Bibliotheken interessant war das Thema Bibliothek und Migration, das von Interbiblio präsentiert wurde. Angebote für Flüchtlinge oder Migranten sollten sich nicht nur auf die Ausleihe von Medien beschränken – auch ihnen soll das ganze Spektrum des Bibliotheksangebots zur Verfügung stehen. Auch weitere Referate, z.B. über Sponsoring mit einem Erfahrungsbericht aus Nürnberg oder über den Einsatz von Social Media bei den Büchereien Wien, waren nicht auf bestimmte Bibliothekstypen beschränkt. Hier galt wie bei vielen Veranstaltungen am Kongress: Der Blick über den Tellerrand der eigenen Bibliothek ist immer bereichernd. Dass Lobbying gar keine Grenzen kennt, auch keine beim persönlichen Engagement, schilderte Christoph Stuehn, Direktor Memoriav. Bibliothek und Politik pur war das Podium zum Nachrichtendienstgesetz, veranstaltet von der Gruppe Ethikkodex. Hätten sich die Bibliotheken im Vorfeld der Abstimmung stärker einmischen müssen? Leider hat man erst nach Annahme des Gesetzes am 25. September 2016 realisiert, dass Bibliotheken den Datenschutz für ihre Nutzerinnen und Nutzer nicht mehr in der Form garantieren können, wie das im BIS-Ethikkodex formuliert ist.

Am Kongress wurden ausserdem die Ergebnisse der Berufsfeld- und Bedarfsanalyse veröffentlicht, die von den beiden Trägerverbänden der I+D-Grundausbildung, BIS und VSA, in Auftrag gegeben wurde. Mit dieser Analyse wurde eruiert, ob ein Bedarf nach vertiefender Weiterbildung für Lehrabgänger ohne Berufsmatur besteht. Der Vorschlag, eine Berufsprüfung (Bildungsbereich Tertiär B) einzuführen, liegt nun bei den Verbänden. Weitere Informationen dazu finden Sie auf www.ausbildung-id.ch.

Den brillanten Schlusspunkt setzte Prof. Dr. Konrad Umlauf mit seinem Referat über Innen- und Aussensicht, Selbstbild und Fremdbild der Bibliotheken. Anlass für das Referat war das Projekt «Bibliosuisse», das alle Schweizer Bibliotheken und Informationsvermittlungsstellen und deren Mitarbeiterinnen und Mitarbeiter in einem gemeinsamen Verband zusammenschliessen möchte. Umlauf trat, basierend auf seinen Verbands-Erfahrungen in Deutschland, für den Zusammenschluss der Verbände ein und forderte auf, sich dabei der Aussensicht bewusster zu werden. Er machte Mut, folgendes Motto zur Orientierung der bibliothekarischen Leitpolitik zu machen: Skepsis im Geist, Ruhe in der Seele und Tatkraft im Handeln.

Die einzelnen Referate, die hier nur ganz summarisch erwähnt sind, finden Sie frei zugänglich unter http://www.bis.ch/verband/aktivitaeten/kongress/2016-luzern/referate-vortraege.html.

Der nächste BIS-Kongress findet vom 29.8.-1.9.2018 Montreux statt.

Herbert Staub, hat über 20 Jahre in leitender Stellung im Bereich Dokumentation und Archive von SRF gearbeitet und ist heute selbständig. Er ist Präsident von BIS Bibliothek Information Schweiz, Vorsitzender der Ausbildungsdelegation I+D, Chefexperte I+D der Schulregion Zürich und Geschäftsführer von BiblioFreak Schweiz.

iPRES 2016 - International conference on digital preservation, Berne, Bibliothèque nationale suisse, 3-6 octobre 2016

Hansueli Locher, Bibliothèque nationale suisse

iPRES 2016 - International conference on digital preservation

Berne, Bibliothèque nationale suisse, 3-6 octobre 2016

Toute personne active dans le domaine de la conservation d’informations numériques est amenée à s’intéresser à la conférence internationale annuelle iPRES. L’édition 2016 de cette conférence a été organisée par la Bibliothèque nationale suisse et s’est tenue à Berne. Du 3 au 6 octobre elle a proposé à plus de 300 participants un programme riche et varié, avec des présentations, des tables rondes, des ateliers de travail et des posters.

L’origine de iPRES

iPRES résulte d’une invitation en 2003 de l’Académie chinoise des sciences (ACS) et de l‘Electronic Information for Libraries (eIFL) pour une première conférence qui s’est tenue à Pékin en 2004 et à laquelle des experts européens de la conservation numérique participèrent. Après la clôture de ce colloque riche en échanges et enseignements, la Deutsche Forschungsgemeinschaft (DFG, Conseil allemand de la recherche) proposa de renouveler l’expérience. Ainsi vit le jour cette manifestation, qui se tient chaque année sur un continent différent.

Une large palette de thèmes

Les thèmes qui se rapportent à la conservation numérique sont le cœur de iPRES et chaque conférence, dans son programme, met l’accent sur un aspect particulier. Le spectre est donc large. La présentation de solutions concrètes, locales, régionales ou internationales, y trouve sa place, aussi bien que les discussions autour des stratégies à mettre en œuvre.

Les stratégies et les processus de conservation, ainsi que leurs répercussions sur les systèmes d’archivage à long terme, étaient au premier plan de la conférence de Berne. Les orateurs ont abordé des thèmes qui tournaient autour de l’infrastructure, des systèmes (en particulier des systèmes de stockage de données), des outils en relation avec l’archivage numérique. Les défis posés par la conservation dans différentes disciplines, en particulier pour les institutions chargées de transmettre le patrimoine culturel, ont été largement évoqués. Les études de cas, les échanges d’expériences et de « bonnes recettes » trouvées par les uns ou les autres étaient également présents dans ces journées. Une question très actuelle a retenu l’attention : de quelles compétences aura-t-on besoin pour assurer les différentes tâches dans le domaine de la conservation numérique ? Et par conséquent, quelles formations faut-il mettre sur pied et encourager pour avoir la garantie de disposer de personnel qualifié dans ces domaines ?

Je renonce dans cet article à présenter dans le détail les nombreuses contributions : ce serait difficile de le faire de façon à les refléter correctement. Je renvoie le lecteur intéressé à la page web de la conférence, www.ipres2016.ch ; sous le lien « Programme » il trouvera les actes de la conférence (Proceedings) sous forme de documents PDF. Je préfère me concentrer sur quelques points que j’ai trouvés particulièrement forts lors de ces journées.

J’ai observé avec intérêt la façon dont se sont reflétées les approches diverses entre la recherche et la pratique, ou comment les différences entre la théorie et la pratique ont été discutées. Presque à chaque fois elles s’enrichissent l’une l’autre et permettent à chacune de progresser.

Temps forts des discours d’orientation

Les discours d’orientation de la conférence sont restés dans ma mémoire comme des temps particulièrement forts et de haute qualité.

Robert Kahn, directeur général de la Corporation for National Research Initiatives in Reston (USA) nous a parlé le premier jour des défis et des possibilités de l’archivage numérique. Il a entre autre présenté aux participants l’idée d’un registre global d’identificateurs (Global Handle Registry). Il s’agit d’un système mondial de résolution d’identificateurs univoques d’objets numériques, basé sur l’attribution aux organisations d’un préfixe. Celles-ci définissent ensuite des préfixes subordonnés et enfin attribuent pour leur domaine de compétence des suffixes ou indicateurs uniques. Ce système hiérarchique de recensement aurait à son sommet le registre global qui permettrait une identification univoque et assurerait ainsi le référencement des objets numériques.

Le deuxième jour, Sabine Himmelsbach, directrice de la Maison des arts électroniques de Bâle nous présenta les problèmes liés à l’archivage de l’art numérique. Nous apprîmes que la durée de vie de ces œuvres est très dépendante des versions du hardware et du logiciel sur lesquelles elles ont été créées. Dans certains cas, des stratégies telles que des émulations peuvent être appliquées. Mais dès qu’une œuvre tire certains inputs directement de l’internet, il devient difficile de les perpétuer car les technologies du web changent constamment. Dans le meilleur des cas, l’artiste intervient lui-même, comme dans l’exemple que l’oratrice nous a présenté, où des flux provenant de différentes chaînes d’information en continu sont fusionnés et réarrangés pour créer une nouvelle présentation des contenus. Cela signifie aussi que l’artiste modifie son œuvre, qui ne se présente plus telle qu’elle était dans sa version précédente.

David Bosshard, directeur général du Gottlieb Duttweiler Institut für Wirtschaft und Gesellschaft (Institut Gottlieb Duttweiler pour l’économie et la société) examina la question du changement social par les technologies numériques et les potentialités qu’elles offrent. Les frontières de plus en plus floues entre la sphère privée et la sphère publique, ainsi que les attentes toujours plus hautes envers les technologies étaient au centre de son discours. Quels risques et quelles chances présentent les stocks toujours plus grands de données ? Comment se développe la relation entre l’homme et la machine ? Comment seront prises les décisions dans le futur ? Ces questions sont trois exemples parmi celles que l’orateur a discutées avec nous.

Des ateliers de travail intéressants

Des ateliers de travail qui pouvaient répondre à toutes les exigences ont été proposés aux participants. Les identifiants durables pour les objets numériques, des introductions à l’utilisation d’outils ou la discussion sur les stratégies de sorties des services basés sur le « cloud » en sont quelques exemples.

Faire un choix parmi cette offre si variée fut difficile : dans de tels moments, il faudrait pouvoir se cloner ! Comme j’ai plutôt une formation technique, je me suis finalement décidé pour une introduction à "Fedora Repository", logiciel développé par Duraspace pour gérer des collections d’objets numériques. J’ai reçu les instructions d’installation des logiciels nécessaires pour le workshop avant la conférence déjà, ainsi nous avons pu traiter des objets concrets dès le début de l’atelier. Quelques exemples pratiques ont permis de comprendre rapidement le fonctionnement du logiciel. J’ai ainsi découvert avec surprise qu’en plus d’un outil de gestion, je disposais de SOLR, un puissant outil de recherche qui me permettait de formuler des requêtes et d’avoir accès à des ensembles d’objets numériques.

Un deuxième atelier de très haute qualité, consacré aux exigences auxquelles doit répondre un système de stockage à long terme de données, m’a beaucoup intéressé. Dans ce cas aussi, une préparation de l’atelier a été faite avant la conférence, au moyen d’un questionnaire. Il s’agissait de définir, sur la base de nos propres expériences, quelles fonctions et quelles propriétés sont pour nous importantes pour un tel système. Les résultats de l’enquête ont servi de point de départ d’une discussion approfondie. Il était très intéressant de voir pour quelles raisons quelles institutions ont défini des priorités différentes des nôtres ou dans quels domaines nous nous écartons de la norme.

Cet atelier ne s’est pas terminé avec la conférence : ses responsables ont pris l’engagement de traiter et de synthétiser les contributions des participants afin de consolider une liste pondérée d’exigences et de fonctionnalités. Cette liste sera une excellente base pour les institutions qui doivent acquérir un système d’archivage à long terme de leurs données.

Plusieurs niveaux

L’expérience m’a montré que les conférences se déroulent toujours sur plusieurs niveaux. Il y a bien sûr le programme officiel qui sert d’accroche. Mais il y a aussi pour moi – et certainement pour la plupart des participants – un agenda caché. Une conférence est une occasion idéale de mener des discussions informelles, de partager avec les collègues d’autres institutions les questions que l’on se pose et les problèmes auxquels nous sommes confrontés. Les pauses, les repas de midi et les évènements sociaux sont des temps idéaux pour répondre à ce besoin.

La conférence de cette année proposait en plus un « networking wall », sur lequel les congressistes pouvaient faire connaître leurs domaines d’expertise ou les questions pour lesquelles ils cherchaient de l’aide. Un très bon moyen pour trouver un interlocuteur !

Twitter a joué, comme toujours dans les conférences internationales, un rôle important. Je dois avouer que je ne l’ai pas utilisé de façon active. Mais j’ai apprécié de pouvoir connaître par ce biais les impressions sur les présentations auxquelles je n’ai pas pu participer ou de revoir, une fois ces journées terminées, certaines informations qui m’intéressaient et que je n’avais pas eu le temps de creuser sur le moment.

iPRES 2017

La lecture de ce papier vous a-t-elle donné l’envie de participer à la prochaine conférence ?

iPRES 2017 se tiendra en 2017 à Kyoto (Japon), du 25 au 27 novembre.

Pour plus d‘informations:

Twitter: #ipres2016

Page web: www.ipres2016.ch

Big Data et intelligence économique : rendre le futur moins incertain : compte-rendu de la 13eme journée franco-suisse sur la veille stratégique et l’intelligence économique, 9 juin 2016, Genève

Angélique Broye, Haute Ecole de Gestion, Genève

Big Data et intelligence économique : rendre le futur moins incertain : compte-rendu de la 13eme journée franco-suisse sur la veille stratégique et l’intelligence économique, 9 juin 2016, Genève 

Cette 13ème journée franco-suisse sur la veille et l’intelligence économique avait pour but de montrer l’enjeu stratégique des Big Data aujourd’hui dans divers domaines tels le marketing, la santé, les transports publics, la gestion des risques et bien d’autres encore. En matière d’intelligence économique, les enjeux liés à l’exploitation des données du Big Data sont considérables. Ces données transforment les attentes des entreprises qui visent encore plus la performance et l’innovation.

C’est donc sur ce thème que la directrice de la Haute Ecole de Gestion de Genève, Madame Claire Baribaud, a ouvert cette journée de conférences devant la septantaine de personnes présentes dans l’aula du nouveau bâtiment de la HEG-Genève.

S’en est suivi le discours de bienvenue de Monsieur Nicolas Walder, maire de la ville de Carouge, se réjouissant de la continuation des liens franco-suisses par le biais du comité Jveille et invitant les participants à débuter l’écoute des conférences.

Big Data et prospective, par Thomas Gauthier

Monsieur Gauthier cherche à savoir quel est le rôle de l’anticipation pour une entreprise. Il explique qu’actuellement notre monde est devenu complexe. Ainsi, pour qu’une entreprise puisse garder ses clients, il faut qu’elle intègre dans ses produits et services des technologies informatiques qui évoluent vite. Mais il lui faut également des atouts qu’il lui faut chercher internationalement. Le plus important pour elle est donc d’élargir son intelligence et de construire des réseaux de coopération. De ce fait, il faut maintenant qu’une entreprise soit sans frontières.

En parallèle de cela, l’entreprise doit mettre en place une démarche de prospective. Cette dernière s’intéresse au présent et non au futur et doit permettre de mieux agir dans le présent en préparant l’avenir. Thomas Gauthier le démontre par l’exemple de l’entreprise Shell qui, dès les années 70, motive ses équipes à penser « l’impensable » en matière de scénarios catastrophes. Cette culture de la prospective permettra à la compagnie de faire face de manière efficace aux divers problèmes qu’elle a pu rencontrer et ainsi lui permettre une résilience plus aisée.  

Cependant, cette démarche de l’entreprise doit concorder avec la complexité de notre monde actuel et pour cela, plusieurs outils d’appréhension de cette complexité ont été mis en place tels des analyses de tendances et signaux faibles, des analyses de jeux d’acteurs ou encore des diagnostics stratégiques et prospectifs de l’entreprise. Grâce à eux, les entreprises et les sociétés peuvent se faire une idée de leur pérennité et de leur situation future.

Pour développer cette prospective, il faut donc des données et notre monde en dispose toujours plus. Il y a donc là un nouveau gisement à exploiter et qui est de plus en plus facile à stocker. Cependant, il faut savoir exploiter ces données et ne pas tomber dans le piège des biais cognitifs et d’une attitude scientiste. La prospective interroge donc nos modèles mentaux. D’après Peter Drucker, pour prendre des décisions efficaces, il ne faut pas commencer avec des faits mais avec des opinions. Par la suite, nous obtenons des faits grâce aux critères de pertinence qui sont indispensables à cette tâche.

L’intelligence artificielle et le cognitive computing sont-ils réservés aux sociétés multinationales ? par Pierre Kauffmann

Pierre Kaufmann explique l’intelligence artificielle (IA) et le cognitive computing grâce à l’exemple de Watson, IA sur ordinateur créée par l’entreprise IBM. Cette intelligence a été testée lors d’un jeu télévisé de réponses à des questions, Jeopardy, qui l’opposait à deux concurrents humains. Le but pour la machine était de se battre sur la compréhension du langage humain. Elle devait donc comprendre le langage naturel. Pour cela, elle devait passer par une première phase d’analyse du texte de la question. Dans la deuxième phase, Watson tentait de comprendre ce que l’on cherchait. Lors de la troisième phase, il a recherché les informations qui répondaient à la question dans toutes les informations qu’il a intégrées dans son système. Finalement, il a dû décider entre toutes les réponses qu’il a obtenues laquelle était la meilleure pour répondre à la question. Et il a gagné le jeu.

Suite à cela, Watson a été considéré tellement performant qu’il a été commercialisé en 2015 dans le monde de la recherche et notamment de la médecine. En effet, dans ce domaine la machine peut se montrer d’une grande aide pour le professionnel de la santé. Elle lit toutes les publications disponibles sur un sujet donné, elle met les informations en relation et intègre toutes ces données. Le but de cela étant de pouvoir soigner le mieux possible un patient. De ce fait, elle met en relation les informations acquises avec celles concernant la personne devant être soignée afin de proposer le meilleur diagnostic possible. Enfin, elle conseille le médecin qui sera le seul à prendre la décision finale concernant le traitement du patient. La machine est donc là pour montrer les liens entre les données, pour guider et conseiller mais elle ne prend jamais la décision finale.

En 2016, l’IA passe au cognitive computing qui est une solution qui comprend, raisonne et apprend en interaction avec les humains. Elle est également capable de lire et de voir. Tout cela est possible grâce au grand nombre de données intégrées par la machine. Avec le cognitive computing, nous ne sommes plus dans le monde des machines ou des systèmes que l’on programme mais dans un monde où la machine s’adapte à l’environnement qui l’entoure grâce à l’interaction avec l’être humain.

Pour que le cognitive computing puisse prendre vie, il lui faut trois éléments : les données, les algorithmes et la puissance de calcul. Grâce à cela, il est en évolution permanente et peut traiter les données de manière toujours plus performante. De ce fait, le cognitive computing peut donc servir dans diverses situations comme dans les helpdesks afin de répondre aux questions du public et détecter ce qui peut être anormal dans une situation donnée. Il peut aussi servir dans le domaine de la santé grâce à la détection sur photo de potentiels mélanomes sur un corps humain. Une autre utilisation est possible avec le discovery advisor qui permet de travailler sur des modèles prédictifs afin de permettre aux entreprises de faire des économies.

La machine dispose donc de nombreux avantages car elle n’est pas fatiguée, elle peut répondre aux diverses interrogations en tout temps et elle gère une très grande quantité d’informations. Cependant, ces avantages s’arrêtent après un certain niveau de précision au-delà duquel elle a besoin de l’homme. C’est notamment le cas pour les questions d’opinion. Ce n’est donc pas encore aujourd’hui que la machine prendra le pas sur l’humain.

Le Big Data au service des tpg : amélioration de la performance et de la satisfaction client, et outil de prospective, par Antoine Stroh et Mickaël Chopard

Antoine Stroh et Mickaël Chopard expliquent qu’actuellement les transports publics genevois (tpg) observent une montée de la concurrence avec entre autres les CFF, Uber, le CEVA et Google Car. Ils ont donc décidé de se servir des données recueillies par leurs véhicules afin de maintenir leur position.

Avec le transport de près de 500'000 personnes par jour, la quantité de données obtenues est intéressante. En effet, chaque bus peut recueillir des informations par le biais du Wifi, du  GPS, du  ticketing, de la priorité au feu, de la radio et du  système informatique. Le but premier de cette récolte de données était d’assurer la sécurité des voyageurs et de mieux communiquer avec eux. Mais s’est présentée pour les tpg, la question de l’exploitation de ces informations qu’il leur faut donc traiter, analyser afin d’améliorer leurs performances et éventuellement diffuser.

Les tpg sont déjà doués dans le métier du transport. La donnée doit donc leur apporter de la valeur et une vision complémentaire. Elle permet d’améliorer les connaissances et de trouver des solutions aux problèmes de ponctualité, de confort des voyageurs, de charge du véhicule mais aussi des conditions de travail des conducteurs, de leur temps de parcours et de battement.

Messieurs Stroh et Chopard mettent en avant le fait qu’aujourd’hui, avec internet et les smartphones, notre population est habituée à tout avoir rapidement. Les transports misent donc tout sur la ponctualité de leurs véhicules. De ce fait, un retard de bus peut provoquer une série de plaintes sur les réseaux sociaux et cela nuit à la réputation des tpg. Les données sont donc primordiales pour améliorer les services et donc par-là, la satisfaction et la relation client.

Les tpg pratiquent également l’open data. Le citoyen devient ainsi co-créateur et cette démarche permet à l’entreprise d’améliorer sa proximité avec le public, d’être transparente et d’induire une démarche d’innovation.

La valorisation des données permet donc d’aider les personnes à faire leur travail et à s’améliorer.

Le Big Data va-t-il changer les règles de l’intelligence économique ? par Loïc Gourgand

Loïc Gourgand explique que la société Spallian, pour laquelle il travaille, a accès à des bases de données non-exploitées jusqu’à aujourd’hui, qu’elle possède des fonds de cartographie et met en place des stratégies de smart data permettant d’extraire toutes les données utiles à l’entreprise. Par ailleurs, Spallian fait des études de géomarketing et pratique la smart gouvernance. Le but étant d’utiliser la prospective pour avoir un avantage concurrentiel dans le futur. Spallian obtient également ses données en temps réel qu’elle peut exploiter afin de conseiller et d’aider les entreprises qui la mandatent.

Pour tous ces services, Spallian crée des dashboards sur mesure pour ses clients qui intègrent des données en temps réel.

Afin d’obtenir toutes ces informations, elle dispose de plusieurs outils qu’elle a créé. Le premier est un outil Stat’ permettant l’extraction de données et leur traitement en masse. Cela permet à l’entreprise de traiter toutes les données dans un même endroit.

Ensuite, vient Corto qui permet de pratiquer la cartographie analytique. L’exemple d’utilisation de cet outil donné par Monsieur Gourgand concerne un projet d’implantation d’un groupe immobilier dans un parc. Un des buts de ce groupe était de savoir si l’endroit était rentable et sécurisé. Pour vérifier cette dernière donnée, Corto a pu fournir à Spallian une cartographie des données enregistrées par la police concernant des actes malveillants perpétués dans et aux alentours de cette zone.

L’outil a aussi permis de prendre des décisions à court terme notamment dans l’exemple de sécurisation des agences d’une banque lors de l’Euro 2016. Pour ce faire, Corto a répertorié les fanzones, a géolocalisé les réseaux de transports et a finalement couplé les localisations des agences de la banque afin de savoir lesquelles se trouvaient en zone de danger. Cela a permis à la banque de pouvoir prendre des mesures de protection pour les sites concernés.

En plus de cela, Spallian développe des produits permettant l’utilisation de données mobiles. Notamment lors de l’épidémie d’Ebola, un système d’alerte a pu être mis en place afin de géolocaliser des personnes travaillant pour une certaine entreprise dans les zones à risques.

Pour mener à bien ses projets, Spallian dispose d’un département de data scientists qui vérifient les données récoltées. En effet, les outils doivent toujours être mis à jour. De plus, l’entreprise dispose également de personnel formé dans le marketing ou la gestion afin de répondre au mieux aux attentes des clients et aux exigences marketing de l’entreprise.

Par ces exemples, nous pouvons voir dans quelles mesures l’exploitation de Big Data permet de gérer au mieux la sécurité d’une entreprise ou d’une personne mais également d’aider des sociétés et des entreprises à prendre des bonnes décisions, ce qui est aussi une des finalités de l’intelligence économique.

Détection systématique de communautés à l’échelle de Twitter, par Clément Levallois

Clément Levallois explique que Twitter dispose aujourd’hui de 117 millions d’utilisateurs actifs. Ce réseau est très riche en métadonnées grâce aux tweets et aux profils des utilisateurs. Ces éléments permettent aux chercheurs des universités de mener à bien diverses recherches concernant les perceptions d’une marque par les utilisateurs à travers leurs tweets. Il est possible de savoir si une marque est perçue comme écologique en suivant par exemple tous les comptes twitter concernant la marque et tous ceux propres à Greenpeace. En les comparants, c’est-à-dire en regardant si les personnes qui suivent les activités de l’une suivent aussi celles de l’autre, il est possible de répondre à cette question. Notamment en utilisant divers outils présents sur le marché tels Tweetdeck, Bluenod et Visibrain qui permettent de visualiser les communautés de Twitter.

Monsieur Levallois a mené un projet à l’EM-Lyon Business School visant à combler le vide que laissent ces outils. En effet, ces derniers répondent aux demandes faites mais sans vraiment résoudre le problème de la visualisation des communautés. Le but de ce projet était donc d’obtenir, via une carte, une visualisation complète de Twitter pour ensuite détecter les communautés du réseau à une échelle globale. Cela devrait permettre de savoir quels types de communautés parlent de quelle marque mais aussi de comprendre comment une publicité ou un buzz se propage dans le monde. Les réponses à ces questions devraient être disponibles prochainement.

Cependant, les données relationnelles entre utilisateurs de Twitter sont, à l’heure actuelle, difficiles à acquérir. Des substituts ont été imaginés mais sans succès car toute la difficulté est de réussir à suivre les relations entre utilisateurs et de détecter les biais. On estime que les données relationnelles sont pertinentes lorsque les utilisateurs partagent trois listes en commun.

Avec ce projet, Clément Levallois souhaite mettre à disposition du public une carte réseau via un site web ou une API. Cette carte sera remplie au fur et à mesure grâce à la collaboration d’entreprises au projet.

Par cet exemple, nous pouvons observer à quel point le Big Data peut aider des marques à développer leur marketing, cibler leur public et diffuser leur publicité d’une façon plus précise.

Conclusion

Grâce aux exemples des conférences données lors de cette 13ème journée franco-suisse sur l’intelligence économique, nous avons pu constater que la multiplication des données ces dernières années est une nouvelle source d’information permettant aux entreprises de mieux s’armer aujourd’hui pour le monde de demain. La prospective est d’ailleurs un élément non négligeable que cette accumulation de données permet de préciser.

Ces Big Data permettent d’améliorer les services et les performances, mais aussi de trouver les problèmes à résoudre. Par le biais de l’intelligence artificielle et du cognitive computing, elles peuvent faire gagner du temps aux professionnels de divers métiers tout en renforçant leurs compétences décisionnelles. En étant utilisées comme dans l’exemple des tpg, elles permettent d’améliorer les performances d’une entreprise et lui permettent de se maintenir en position de concurrence. Les Big Data sont également très utiles pour une marque souhaitant se démarquer sur les réseaux sociaux et cibler au mieux ses différents publics.

Finalement, quand on sait exploiter ces informations convenablement, elles servent également dans le domaine de choix d’implantation et de sécurité comme l’a démontré l’entreprise Spallian avec ses nombreux exemples.

Nous pouvons donc conclure que les Big Data bien exploitées permettent d’avoir une meilleure prise sur l’avenir et donc, de « rendre le futur moins incertain ». 

La conservation numérique: un enjeu de taille! Retour sur la 3e École d’été internationale francophone en sciences de l’information et des bibliothèques

Eunsu Ahn, ENSSIB

Camille Delaune, ENSSIB

Hésione Guémard, ENSSIB

Colin Harkat, ENSSIB

La conservation numérique: un enjeu de taille!

Retour sur la 3e École d’été internationale francophone en sciences de l’information et des bibliothèques

Entre le 27 juin et le 9 juillet 2016, s’est tenue la 3e édition de l'École d’été internationale francophone en sciences de l’information et des bibliothèques. L’École des Bibliothécaires, Archivistes et Documentalistes (EBAD)[1] de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) (Dakar, Sénégal) a, à cette occasion[2], accueilli chaleureusement pendant deux semaines des étudiants, des professionnels de bibliothèques, de centres de documentation et d’archives, afin de réfléchir ensemble sur les enjeux de la « conservation numérique ». L’école a été l’occasion de suivre des cours et des ateliers, dispensés principalement par Tristan Müller, directeur du service numérisation de la Bibliothèque et Archives Nationales du Québec (BAnQ, Montréal, Canada), d’écouter des retours d’expériences[3], moments forts d’échanges et de débats, et de faire des visites ciblées. Cet article résume l’essentiel des cours et des retours d’expériences, et livre également nos réflexions sur l’espace et la numérisation, la diffusion et la préservation, nous qui avons été des participants à cette 3ème édition de l’école d’été (et qui sommes étudiants en master professionnel à l’ENSSIB).

Espace et numérisation

Cette école d’été a apporté des connaissances sur la gestion de l’espace, car un des atouts indéniable de la numérisation est le gain qu’elle permet d’envisager de ce point de vue dans les structures de conservation. Papa Cheikh Thiéfaye DIOUF, archiviste au service des archives et de la documentation de la Faculté des lettres et sciences humaines de l’UCAD, explique que « la gestion de l’espace est l’une des priorités largement partagée par les spécialistes de l’information documentaire. En effet, les archivistes, les bibliothécaires et les documentalistes, après élimination pour les uns ou désherbage pour les autres, gagnent un minimum d’espace destiné à de nouvelles acquisitions ou à de nouveaux versements ».Nous notons que cette « gestion de l’espace » possible grâce aux projets de numérisation est parfois directement une réponse à des situations d’urgence. Julie Mbarga, de la Bibliothèque Universitaire de l’Université de Douala au Cameroun, illustre ce type de situations avec cet exemple : «des seaux par-ci, par-là sur le sol d’une mezzanine de 300m2 environ qui sert de salle de lecture à cent usagers par jour (chercheurs et étudiants) et de bureau à quinze membres du personnels, du fait d’une étanchéité délabrée. Tel est le spectacle peu reluisant qu’offre cette bibliothèque en saison de pluie».  Mais il faut noter que la situation critique n’est qu’un facteur dans la décision de mettre en place le processus de numérisation. La volonté de diffuser largement, et parfois même au delà de nos frontières, est également un argument de mise en place d’un projet de numérisation.

Diffuser auprès du public: une priorité!

La numérisation des fonds répond souvent à une forte demande de consultation des lecteurs. Le flux permanent des arrivées de documents rend d’autant plus indispensable le suivi des projets. L’école d’été n’a fait que rappeler ces deux aspects essentiels dans l’esprit des participants. En effet, Julie MBARGA témoigne « les cours, les ateliers, les échanges, les visites en entreprises dont nous avons bénéficié, grâce à une bourse de l’AIFBD (Association internationale francophone des bibliothécaires et documentalistes), nous ont montré l’urgence de sauvegarder sous forme numérique, et de mettre en ligne le fonds documentaire de la Bibliothèque universitaire (BU), particulièrement les thèses, les mémoires, les rapports de stage, les actes de décrets présidentiels, contenus dans le quotidien national bilingue du Cameroun : « Cameroun Tribune » que la BU reçoit chaque jour depuis 2003, du fait de la demande forte de notre public ». El Hadji Birame DIOUF, Conservateur des bibliothèques au centre de documentation de l’Institut Fondamental d’Afrique Noire (IFAN, Dakar, Sénégal) ajoute que l’Ecole d’été «a permis de prendre conscience que la conservation numérique de l’information ne signifie pas uniquement éviter l’effacement ou la perte des données ou les conserver intacts et intègres. Mais, cela signifie aussi conserver leur intelligibilité, leur lisibilité et la possibilité de les réutiliser pour satisfaire le besoin informationnel des usagers». Cette réflexion nourrie durant l’école d’été a donc amené les professionnels en poste à concrétiser dans un avenir proche des projets, comme c’est le cas avec Armand N’DA KOUADIO, bibliothécaire stagiaire à l’Institut de Géographie Tropicale (IGT) en Côte d’Ivoire  : « à travers cette formation [à l’école d’été], je souhaiterais mettre en place un dépôt numérique à l’IGT. La mission primordiale de ce dépôt est de préserver et diffuser les documents aux étudiants et aux enseignants chercheurs. Pour réussir cette mission, nous allons mettre en place une politique de numérisation. Cette politique n’est pas limitée à l’action de convertir un document analogue dans une forme numérique, mais comprend également toutes les activités pouvant amener la mise en ligne d’une copie numérique accessible. Alors, plusieurs professionnels en sciences de l’information documentaire et informaticiens peuvent être appelés à participer à ces activités, qui incluent notamment, la sélection des documents originaux, la création des métadonnées, la conversion numérique, les opérations de post-numérisation et la mise en ligne des documents numérisés ».

La bibliothèque de l’Institut de Géographie Tropicale après la crise post-électorale de 2010.

À gauche:  Documents en attente de traitement. À droite: Documents traités et rangés dans les rayons : Source des images : Armand N’DA KOUADIO juillet 2014.  

Par ailleurs, nous avons eu la chance d’assister au retour d’expérience de Sophie MADIBA sur le Centre de Recherche et de Documentation sur les Traditions et Langues Africaines Cerdotola (Yaoundé, Cameroun) qui s’est interrogée sur comment organiser la conservation d’une collection orale ? En effet, comment collecter et diffuser un patrimoine oral afin de le conserver et de le transmettre au grand public, dans l’optique de ne pas l’oublier ? 

Et maintenant ? Se préparer et persévérer

Tristan MÜLLER a voulu attirer l’attention des étudiants sur la préservation à long terme : sur l’importance de connaître la technologie, comme par exemple la rétrocompatibilité, un concept notable. En effet, même si les documents numériques sont conservés, le matériel informatique et les logiciels actuels, les formats de fichier, ne sont pas forcément adaptés à leur lecture. Travailler sur la compatibilité implique de préserver les technologies, les ordinateurs comme les logiciels, ou alors émuler ces derniers, c’est-à-dire chercher à imiter un comportement physique d’un matériel sur un environnement informatique actuel.

De plus, cette démarche de numérisation implique des enjeux financiers et humains que dorénavant personne ne peut ignorer. Par exemple, la question de savoir comment réutiliser les « métadonnées issues des fichiers numériques » est apparue. Par ailleurs, comment « prioriser la conservation d’une collection » ? De nombreuses interrogations ont été soulevées sur cette thématique. En effet, qu’est-ce qui permet de sélectionner un fonds plus qu’un autre ? Prioriser la numérisation d’un fonds est souvent le témoin de la sauvegarde d’un patrimoine déjà en péril. Par exemple, Aminata CISSE, et Nathalie ALOU (respectivement conservateur et assistante conservateur au Ministère de l’Economie et des Finances à Abidjan, Côte d’Ivoire) vont mener un projet de numérisation d’une publication en série[4] en mauvais état afin de la préserver. Pour illustrer ces interrogations et prolonger les échanges, les ateliers, et plus particulièrement le deuxième[5], ont permis de se questionner sur les lois et règles en vigueur (nationales et internationales) relatives à la préservation, la conservation et à la communication des documents.

 Papa Cheikh Thiéfaye DIOUF rappelle qu’ « en tant que professionnel dans le domaine de l’information documentaire et étant averti, l’ambition d’être à la hauteur du temps (l’ère du numérique) ne doit en aucun cas nous pousser à ne pas prendre en compte les exigences très subtiles de la numérisation. N’eût été la nouvelle conception que l’on a aujourd’hui de la numérisation après avoir suivi les ateliers de l’école d’été, on serait aisément « séduit » par les avantages qu’elle offre (dématérialisation, gain d’espace physique, visibilité) sans pour autant s’arrêter un instant sur les préalables que requiert un projet de numérisation ». En effet, les apprenants se sont totalement appropriés, tant d’un point de vue théorique que pratique, les enseignements afin de les intégrer dans leurs milieux professionnels prochainement. Aujourd’hui, Adjovi Essenam FUMEY, étudiante en Master à l’EBAD affirme : « je me sens donc plus opérationnelle dans le cadre de mon emploi actuel pendant lequel nous sommes appelés à muter les documents audiovisuels et audio sur des supports en vu de leur diffusion et de leur conservation ».

Enfin pour conclure, les étudiants de l’Enssib recommandent une participation aux futures écoles d’été. En effet, « en tant que futurs professionnels nous sommes ravis d’avoir participé car au delà de tous ces apprentissages, cette école d’été a été l’occasion pour nous d’échanger culturellement et professionnellement ». La quatrième édition de l’école d’été se déroulera à l’EBSI, l’Ecole de bibliothéconomie et des sciences de l’information à Montréal, (Québec, Canada), et nous espérons vous y voir nombreux !

Eunsu Ahn, Camille Delaune, Hésione Guémard, Colin Harkat

(étudiants en master professionnel à l’Enssib et ayant participé à la troisième édition de l’école d’été internationale francophone en sciences de l’information et des bibliothèques). 

Notes

[1]Les représentants de chaque école sont intervenus durant la cérémonie d’ouverture le lundi 27 juin 2016. Une video est disponible sur la chaîne télévisée RTS (Radiodiffusion Télévision Sénégalaise).

[2]Après une première édition à l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information (EBSI, Montréal, Canada) sur la thématique « marketing et médiation numérique en bibliothèques » et une deuxième à l’École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques (Enssib, Villeurbanne, France) sur « patrimoine, public, numérique », en 2016 le partenariat se renforce puisque la Haute École de Gestion (HEG, Genève, Suisse) a rejoint l’organisation.

[3]Sophie MADIBA sur le Centre de Recherche et de Documentation sur les Traditions et Langues Africaines (Cerdotola) (Yaoundé, Cameroun); Yvonne Berthe CISSE NOUDOFININ sur la Bibliothèque Centrale de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Sénégal); Christian CHABRIER de la société privée de numérisation de fonds anciens Arkhênum (Bordeaux, France); Mor DIEYE de la section Archives de l’EBAD (Dakar, Sénégal).

[4]Elles déclarent : « En effet, notre production REF [Revue Économique et Financière] qui retrace la mémoire économique de la CI [Côte d’Ivoire] est en danger. Un inventaire effectué en 2015, nous révèle que les premiers numéros de cette publication sont en voie de disparition. Nous souhaitons conduire des numérisations des dix premiers numéros de la revue économique et financière ivoirienne. Ce projet permettra la sauvegarde de ce patrimoine et sa diffusion auprès de larges publics ».

[5]Le deuxième atelier portait sur le cas précis des Archives de la construction de la Grande Mosquée de Dakar. L’exercice consistait à estimer les risques, leurs impacts, et ensuite d’imaginer les moyens de prévention pour limiter ces incidents.

Gilbert Coutaz, Archives en Suisse. Conserver la mémoire à l’ère numérique, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires suisses, 2016 (Le savoir suisse, 113), 131 p.

Alain Dubois, Archives de l'Etat du Valais

Gilbert Coutaz, Archives en Suisse. Conserver la mémoire à l’ère numérique, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires suisses, 2016 (Le savoir suisse, 113), 131 p.

La collection « Le savoir suisse », qui a notamment pour ambition de porter à la connaissance d’un large public les résultats de la recherche en langue française, consacre l’un de ses derniers numéros à la question des archives en Suisse. Qui mieux que Gilbert Coutaz, directeur des Archives cantonales vaudoises depuis plus de 20 ans, ancien président de l’Association des archivistes suisses, excellent connaisseur du paysage archivistique suisse et de la communauté professionnelle qui s’y rattache, pouvait s’atteler à cette tâche ? Au final, l’auteur nous livre une analyse fine, érudite et sans concession de la question, d’une lecture très agréable, qui se distingue certes de la vaste synthèse Archivpraxis in der Schweiz. Pratiques archivistiques en Suisse parue en 2007, quand bien même elle en reprend certains éléments.  

Archives en Suisse n’est pas une introduction à l’archivistique. Il ambitionne plutôt de donner la parole aux archivistes et de rappeler au grand public le rôle crucial, mais souvent incompris qu’ils exercent à une époque où l’explosion du volume d’information et le développement rapide des technologies de l’information et de la communication bousculent les repères et transforment les archives en réalités virtuelles qu’il s’agit de gérer au quotidien, de collecter, de conserver, de communiquer et de mettre en valeur. L’ouvrage de Gilbert Coutaz explore ainsi en sept chapitres un domaine peu connu, celui des archives en Suisse, en raconte l’histoire et en présente les objectifs, le rôle et les défis actuels.

Le premier chapitre, intitulé « Les archives aujourd’hui », donne rapidement le ton de l’ensemble du livre. L’archivistique et la communauté des archivistes sont souvent méjugées et incomprises, car considérées comme poussiéreuses (p. 9), alors que dans le même temps les archives exercent un rôle social et sociétal essentiel. Le métier d’archiviste a de fait connu ces dernières années de profondes mutations, que la société en général ignore, puisqu’il nécessite désormais l’acquisition de vastes compétences non seulement pour gérer des fonds d’archives historiques, mais également pour apporter une réponse adaptée aux exigences et aux défis nés des nouvelles technologies de l’information et de la communication et de la société de l’information et de la connaissance. L’archiviste est ainsi sans cesse tiraillé entre ces deux exigences parfois difficiles à atteindre de concert (p. 21). Gilbert Coutaz cherche ensuite à définir dans le second chapitre ce que sont les archives. Il rend tout d’abord attentif le lecteur à la polysémie du terme « archives » en français, explique ensuite précisément le sens des termes « informations », « données », « documents » et « records », utilisés parfois indifféremment, présente les quatre objectifs que poursuivent les archives (prouver, se souvenir, comprendre et s’identifier), avant de s’intéresser à la constitution des fonds et aux modes d’entrée des archives. Il termine son chapitre par l’évocation d’un aspect fondamental du métier : l’évaluation. Et lève à ce propos un cliché tenace : l’archiviste n’est pas un adepte de la conservation effrénée, puisqu’il ne conserve définitivement que 3 à 10% des documents produits ou reçus par une organisation dans le cadre de ses activités (p. 29).

Le troisième chapitre permet à Gilbert Coutaz de montrer ses vases connaissances de l’histoire des archives en Suisse et de dresser un panorama magistral de l’évolution de ces dernières de l’avènement des chancelleries au Moyen Age à la récente professionnalisation du métier, en passant par le développement de la Registratur au début du XVIIIe siècle, l’apparition des outils archivistiques modernes au XIXe siècle (plan de classement et principe de provenance, entre autres) ou la définition de nouveaux champs d’intervention. Succède à cette rapide fresque historique un chapitre consacré à l’archivistique helvétique, qui oscille entre fédéralisme et universalité. Gilbert Coutaz dépeint tout d’abord la mosaïque des dépôts d’archives publiques en Suisse, qui reproduit l’étagement des pouvoirs politiques (confédération, cantons et communes), et démontre que l’organisation archivistique suisse repose finalement sur les Archives cantonales ou les Archives d’Etat (p. 58). Il consacre également quelques pages à l’Association des archivistes suisses, créée en 1922, qui a tout d’abord contribué à l’affirmation progressive d’une véritable communauté professionnelle et garantit désormais aujourd’hui l’expression des droits, des devoirs et des pratiques de ses membres et la qualité des prestations (p. 66). Gilbert Coutaz dresse enfin le panorama de la formation professionnelle, qui s’est mise en place très tardivement par rapport aux pays voisins et se fonde sur les trois piliers suivants : l’apprentissage, la formation HES et les études postgrades. La communauté des archivistes s’est ainsi peu à peu constituée au cours des dernières années une identité professionnelle.

Le cinquième chapitre s’intéresse, pour sa part, aux pratiques archivistiques en Suisse. Celles-ci ont résolument évolué ces dernières années vers l’amont de la chaîne documentaire ; le cycle de vie des documents forme désormais un tout à maîtriser de l’élaboration des documents et la constitution des dossiers à leur versement dans un service d’archives ou à leur élimination contrôlée. Fort de ce constat, Gilbert Coutaz propose avec beaucoup de pertinence de substituer à la théorie des trois âges des archives, théorisée par Theodore Schellenberg en 1956, la « théorie des trois statuts de l’information » (statut de production, statut de trace et statut de source de connaissance) (p. 77-79). Il s’agit d’un apport original d’Archives en Suisse, qui ouvre de stimulantes pistes de réflexion et offre un complément intéressant au principe du records continuum qui tend actuellement à devenir la norme. La maîtrise de l’information nécessite du reste de pouvoir mobiliser différents outils tout au long de son cycle de vie. Gilbert Coutaz présente ainsi en détail les outils et les méthodes de travail qui fondent la pratique professionnelle : plan de classement et calendrier de conservation, qui permettent de gérer l’information au quotidien, évaluation des dossiers au terme de leur durée d’utilité légale ou administrative, ou encore description des archives selon les normes définies par le Conseil international des archives.

Faisant écho au premier chapitre, le sixième chapitre interroge l’identité professionnelle des archivistes, qui a fortement évolué ces dernières années pour embrasser de vastes champs de connaissances liés à l’ensemble du cycle de vie des documents. Les qualifications traditionnelles en paléographie ou en diplomatique ne suffisent en effet plus et doivent désormais être complétées par des formations poussées dans les domaines de la gestion des documents et des technologies de l’information et de la communication, auxquels il convient par ailleurs d’ajouter des compétences sociales avérées que ne mentionnent pas Gilbert Coutaz, mais qui sont pourtant essentielles dans l’exercice du métier au quotidien. Le profil de qualification rapidement brossé est certes exigeant, mais il correspond aux attentes placées dans les archivistes, qui doivent pouvoir exercer un rôle absolument central dans leur propre organisation en tant qu’expert de l’information. Comme l’énonce le septième et dernier chapitre, en guise de conclusion, « les archivistes doivent être actifs, coopératifs et vindicatifs, convaincants et visionnaires. Ils doivent exprimer leurs préoccupations, défendre leurs compétences et souligner leur niveau d’expertise, rechercher partout où cela est possible des collaborations et des alliances pour combler leurs lacunes, dénoncer les dérives, les manipulations et les négligences en matière de gestion d’archivage » (p. 124).

Archives en Suisse est ainsi une contribution majeure sur le rôle et la place des archives et de l’archiviste dans la société actuelle. Destiné à un large public, l’ouvrage explique de manière didactique et érudite, dans un langage simple, les enjeux qui sous-tendent actuellement la profession et qui permettent à la fois de garantir une gouvernance transparente et responsable, et de constituer, conserver et transmettre aux générations à venir la mémoire individuelle et collective de notre temps. Destiné aux historiens, l’ouvrage tend à montrer qu’un fonds d’archives dépend fortement des conditions qui ont présidé à son élaboration et à sa prise en charge, et qu’il convient par conséquent de tenir davantage compte du contexte d’origine des sources sous peine de mal les interpréter. Destiné aux archivistes, l’ouvrage explique parfaitement l’évolution du métier à travers le temps, à travers ses lignes de permanence et de fracture, et permet ainsi d’ancrer la profession dans un long terme qui gagnerait à être mieux connu. Destiné aux décideurs, enfin, l’ouvrage montre la plus-value que peut apporter aujourd’hui un archiviste au sein de la société de l’information et de la connaissance, par ses nombreux champs d’expertise, ou au sein d’une organisation, qu’elle soit publique ou privée, en termes de gestion de l’information. Il s’agit d’une évidence : un service d’archives est un véritable centre de compétences en matière de gestion de l’information, qui dispose des connaissances nécessaires pour apporter des réponses crédibles, pragmatiques et durables aux besoins exprimés dans ce domaine par une organisation et ses collaborateurs. C’est ce message qui fait de l’archiviste un acteur central et recherché qu’il convient de retenir en priorité de l’ouvrage de Gilbert Coutaz.

 Archives en Suisse dresse le portrait d’un archiviste qui travaille en étroite collaboration avec différentes professions pour maîtriser l’information tout au long de son cycle de vie. L’ouvrage évoque ainsi régulièrement la nécessaire coopération avec les informaticiens et les « administratifs » dans le cadre des projets de gestion des documents (p. 93). Dans ce contexte, le contenu du chapitre consacré aux collaborations entre archives, musées et bibliothèques, intitulé « Evitons l’amalgame », est difficilement compréhensible. S’il convient bien évidemment de relever les différences de métier fondamentales qui existent entre ces trois domaines, il me paraît tout aussi important de souligner les collaborations fructueuses qui ont pu être instaurées ces dernières années entre archives, musées et bibliothèques et qui ont débouché sur la mise en œuvre de solutions novatrices et durables, où le rôle des archives a du reste été réaffirmé, voire même renforcé. Quant à la question du rattachement institutionnel, elle me semble mal posée. C’est en effet la figure de l’archiviste, capable d’apporter des réponses crédibles aux besoins de son organisation en termes de gestion des documents et des archives, qui doit être davantage mise en avant que la structure organisationnelle en tant que telle. Si l’on fait aujourd’hui appel à un archiviste au sein d’une organisation, c’est avant tout pour son savoir-faire et non pas en raison de son rattachement hiérarchique à telle ou telle entité. Du moins j’ose l’espérer. Qu’il me soit du reste permis de préciser ici qu’Archives en Suisse se place dans la série « Opinion » de la collection « Le savoir suisse », qui permet aux auteurs invités d’exprimer des vues personnelles sur certaines thématiques. Gilbert Coutaz émet ainsi une position personnelle sur les relations entre archives, musées et bibliothèques, qui n’est pas forcément partagée par l’ensemble de la communauté archivistique.

Finalement, il reste à espérer qu’Archives en Suisse soit diffusé au-delà de la seule communauté des archivistes, qu’il suscite le débat d’idées sur la place de l’archiviste dans la société de l’information et de la connaissance et qu’il nourrisse les réflexions sur le rôle social et sociétal des archives en Suisse et dans le monde.

Anleitung und Vorschläge für Makerspaces in Bibliotheken: Sammelrezension

Karsten Schuldt, Schweizerisches Institut für Informationswissenschaft, HTW Chur

Anleitung und Vorschläge für Makerspaces in Bibliotheken: Sammelrezension

Makerspaces in Bibliotheken: Eine grundsätzlich etablierte Idee

Makerspaces, Fablabs oder ähnlich benannte Abteilungen in Bibliotheken einzurichten, ist auch in der Schweiz einigermassen normal geworden.[1] Viele Bibliotheken haben dies in den letzten Jahren in grösseren oder kleineren Projekten unternommen, einige haben Makerspaces als dauerhaftes Angebot eingerichtet, andere als Veranstaltungsreihen oder nur mit einigen, ausgewählten Technologien, z.B. 3D-Druckern, die in der Bibliothek betrieben werden. Diese Makerspaces können sich kaum mit denen in Millionenstädten messen, die oft in der Literatur besprochen werden, sie erfüllen auch viele der Versprechen, die sich in der Literatur zu Makerspaces gemacht werden (Anderson 2013; Hatch 2014), nicht. Gleichwohl sind sie eine Angebot, dass Bibliotheken nicht mehr grundsätzlich erläutert werden muss. Vielmehr stellen sich praxisorientierte Fragen: Welche Technologien eignen sich für welche Arten von Makerspaces in welchen Bibliotheken? Wie teuer sind sie, auch im längerfristigen Betrieb? Was kann mit ihnen im Rahmen der Bibliothek angeboten werden? Bislang scheinen Bibliotheken diese Fragen jeweils für sich selber zu beantworten, jeweils neu, teilweise, nachdem sie Angebote von anderen Bibliotheken in ihrem Umfeld angeschaut haben.

Es scheint die auch immer wieder einmal in Gesprächen am Rande von Konferenzen und Weiterbildungen  geäusserte Vorstellung vorzuherrschen, dass es bislang keine Literatur dazu gäbe, wie Makerspaces in Bibliotheken eingerichtet werden könnten. Teilweise wird dies als Desiderat geäussert, dass zu schliessen wäre. Das ist nicht korrekt. Vielmehr werden seit einigen Jahren immer wieder neue Anleitungen dazu, wie Makerspaces in Bibliotheken eingerichtet und was in ihnen unternommen werden kann, publiziert, vorrangig in englischer Sprache. Im Folgenden soll eine Anzahl dieser Anleitungen kurz besprochen zu werden.[2] Es scheint allerdings nicht so, als wären diese Publikationen die letzten dieser Art. Vielmehr ist zu vermuten, dass aktuell in den Bibliotheksverlagen viele weitere Manuskripte dieser Art bearbeitet und in den laufenden Monaten und Jahren publiziert werden. Insoweit kann hier nur eine vorläufige Auswahl vorgestellt werden. Grundsätzlich sind die hier besprochenen Publikationen alle in einem sehr einfachen Englisch abgefasst, so dass sie ohne Probleme auch für Bibliotheken in der Schweiz genutzt werden können.[3]

Makerspace Workbench (Kemp 2013)

Obwohl Makerspaces immer lokal gestaltet werden und manchmal der Eindruck vermittelt wird, dass sie alleine deshalb entstehen würden, weil sie sinnvoll sind – Haike Meinhard (Meinhard 2014) oder Megan Egbert (Egbert 2016) sprechen von Maker-Bewegung bzw. Maker-Movement und suggerieren ein ungesteuertes Wachstum –, ist es doch möglich, auf einen Verlag als Antriebskraft hinter dieser Idee zu verweisen, nämlich MakerMedia (http://makermedia.com), San Francisco, die sowohl das Magazin make: (http://makezine.com) herausgibt, als auch die verbreitete Veranstaltungsreihe Maker Faire (http://makerfaire.com) betreut und als Brand hält.[4] Entgegen mehrfach aufgestelltet Behauptungen (z.B. Meinhard 2014) ist die Idee der Makerspace oder Fablab eben nicht in der Zivilgesellschaft, der Hackercommunity, den Schulen oder Bibliotheken entstanden, sondern von MakerMedia – auf der Basis von anderen Einrichtungen – vorangetrieben und auch als Brand etabliert worden. Das heisst nicht, dass diese Firma alle Maker-Aktivitäten kontrolliert oder von ihnen profitiert; aber es ist doch bedenkenswert. Die Firma hat die Darstellung und das Verständnis von Makerspaces (also: Was „kann“ in ihnen gemacht werden? Was nicht?) geprägt, viele positive Darstellungen, gerade der Zeit bis 2014, und Begründungen, warum Makerspaces etwas gutes sind, stammen direkt von ihr und wirken bis heute nach.

Neben dem Magazin make: und der Veranstaltungsreihe Maker Fair gibt die Firma in unregelmässigen Abständen auch Bücher heraus. Diese sind immer wieder ähnlich aufgebaut. Sie richten sich an Personen, die Makerspaces betreiben wollen und präsentieren vor allem Beispiele für Dinge, die hergestellt – also „ge-makt“ – werden können. Dies gilt unter anderem für The Makerspace Workbench von Adam Kemp (Kemp 2013), das hier als ein Beispiel der Produktionen des Verlages besprochen wird. Das Buch startet, wie viele Bücher aus diesem Verlag, mit einem fast schon missionarischem Einstieg in das „Making“ an sich, inklusive einer Kurzversion des „Makerspace Manifesto“. (Vgl. auch die ein Buch lange Ausarbeitung des „Manifesto“: Hatch (2015)) Anschliessend wird in einem Kapitel dargestellt, in welchen Räumen, mit welchen Sicherheitsmassnahmen und Ausstattungen ein Makerspace eingerichtet werden kann. Obgleich das Buch betont, dass es eine grosse Anzahl von Möglichkeiten gibt, arbeitet es doch beständig mit konkreten Beispielen, bis hin zu konkreten Geräten, die genannt, gezeigt und mit denen gerechnet (z.B. die für sie benötigte Elektrizität) wird. Die Beispiele beziehen sich immer auf US-amerikanische Geräte, Sicherheitsvorschriften etc., müssen also bei der Umsetzung in der Schweiz mit „übersetzt“ werden.

Bei all diesen, zum Teil sehr konkreten, Vorstellungen behält das Buch einen missionarischen Charakter bei. So werden z.B. kurz unterschiedliche Makerspaces besprochen (in der Bibliothek, der Schule, dem Klassenraum, in der privaten Garage), aber gleichzeitig bei jedem dieser möglichen Makerspaces noch einmal betont, wie gut sich diese jeweils eignen würden und wie zukunftsgerichtet sie wären. Man würde erwarten, dass dies nicht mehr nötig ist, da ein solches Buch vor allem von Menschen gelesen wird, die schon von Makerspaces überzeugt sind. Weitere Kapitelen besprechen eins zu eins einzelne Werkzeuge, Hilfsmittel und Materialien, die in einem Makerspace vorhanden sein können, inklusive Abbildungen aller dieser Produkte. In den weiteren Kapiteln werden Projekte für Makerspaces, auf der Basis der vorgestellten Materialien etc., vorgestellt, immer als konkrete Anleitungen gefasst, in einfachen Schritten, so wie in Kochbüchern Rezepte vorgestellt werden. Das ist alles sehr feingliedrig, inklusive unzähligen Bildern und Sicherheitstipps. Auffällig ist jedoch, dass sich die Darstellung immer auf das jeweilige Projekt selber bezieht, nicht auf Gruppeaktivitäten im Makerspace, nicht auf pädagogische oder andere Fragen. Zwar gibt es ein Kapitel mit dem Titel „Learning in a Makerspace“, aber auch dieses geht nicht ein auf pädagogische oder didiaktische Fragen, sondern präsentiert Projekte, die sich inhaltlich in das (US-amerikanische) Schulcurriculum eingliedern lassen, ohne z.B. auf mögliche Lernziele dieser Projekte einzugehen.  Es ist ein reines Projektehandbuch, welches allerdings den Grossteil der Publikationen des Verlages MakerMedia widerspiegelt. Dazu zählt das unhandliche A4-Layout, dass dem Buch ein wenig den Anschein einer Kopie aus dem Copyshop verleiht. Dieses Layout findet sich aber auch bei weiter unten besprochenen Publikationen (Preddy 2013, Wall & Pawloski 2014, Hamilton & Hanke Schmidt 2015).

Makerspaces in Schulbibliotheken (Preddy 2013)

Gerade in den USA scheint es, folgt man der Literatur, in zahllosen Schulbibliotheken Makerspaces zu geben. Leslie B. Preddy (Preddy 2013) legte – zumindest für die Schulklassen 6 bis 12, für die anderen gibt es keine vergleichbare Publikation – eine Anleitung für solche Einrichtungen vor. Auch diese Autorin formuliert in einer missionarischen Stimme, dass solche Einrichtungen die Bibliotheken verändern würden, z.B.: „A makerspace is an exciting oppurtunity for school libraries to take that next evolutionary step toward making the library a destination, instead of a fly-by stop.“ (Preddy 2013:1)

In einem ersten Kapitel versucht das Buch, die Arbeit eines Makerspaces in den Kontext US-amerikanischen Schulbibliotheken zu stellen. So postuliert die Autorin, dass Makerspaces in die Standards für Schulbibliotheken (AASL Standards for the 21st-Century Learner) passen würde und gleichzeitig in die Anforderungen, die das die Bundesstaaten übergreifende Schulcurriculum Common Core stellt. Ansonsten ermuntert die Autorin dazu, sich bei der Gestaltung des Makerspaces von der jeweiligen Schule leiten zu lassen.

Anschliessend stellt die Autorin auf über 140 Seiten nacheinander mögliche Projekte vor, zu grossen Teilen auch solche, die keine Technologie erfordern, sondern eher dem Basteln und Werken zuzuordnen sind. Die Projekte sind jeweils kurz beschrieben, mit Bildern angereichert und oft mit weiterführenden Links versehen. Die Beispiele sind durch die ausführliche Darstellung gut nachvollziehbar, aber gleichzeitig in dieser Masse auch ermüdend. Auffällig ist, dass die Beispiele ebenso, wie bei Kemp (Kemp 2014), quasi ohne weitere Hinweise auf pädagogische oder andere Fragen auskommen. Hilfreich ist die listenhafte Aufzählung von Technologien für Makerspaces im Anhang des Buches.

Makerspaces für Kinder und Teens (Wall & Pawloski 2014)

Ähnlich, wie Peddy (Peddy 2014) für Schulbibliotheken gehen Cindy R. Wall und Lyyn M. Pawloski (Wall & Pawloski 2014) in ihrem Buch zu Makerspaces in Bibliotheken für Kinder und Teens vor. Im unhandlichen A4-Format wird in einer kurzen Einleitung wieder mit sehr grossen Versprechen gearbeitet, wenn begründet wird, warum Bibliotheken Makerspaces haben sollten:

The Maker philosophy empowers people with the knowledge that they can create the things that they want and need. In the ideal Maker world, when people have a need, they do not wait for a corporation to acknowledge that need and create a product; instead they make the product themselves. Therefore, library Maker programming should empower participants to believe in their ability to create something through experimentation and trial and error. The Maker Movement allows individuals to free and shift their thinking; it allows everyone to think in terms of unlimited possibilities. (Wall & Pawloski 2014:1)

Diese Aufzählung enthält regelmässig verbreitete Behauptungen über Makerspaces, z.B. das in ihnen durch „Trail and Error“ gelernt werden würde, ohne das dies weiter begründet wird. Diesen grossen Ankündigungen folgen allerdings wieder nur 160 Seiten mit einzelnen Projekten. Diese Projekte sind übersichtlicher dargestellt, als in den bislang besprochenen Büchern und folgen immer der gleichen Struktur (Vorstellung, Kosten, Zeit, Vorteile, „Zielgruppen“, benötigtes Personal, „Zutaten“, Vorbereitung, Durchführung, Varianten, mögliche Zusätze, übrigbleibender Müll und weiterführende Literatur). Der Einsatz von Bildern ist zurückhaltender, ansonsten wird ein gewiss lustig gemeinter Stil durchgehalten, bei dem die Projekte als Kochrezepte (Durchführung heisst z.B. „Bake“) präsentiert werden. Teilweise sind die nötigen Schritte auch sehr differenziert dargestellt. Die Anhänge verorten die Beispiele eher in der Schule, z.B. gibt es Diskussionsfragen für Gruppen, die im Anschluss an bestimmte Projekten gemeinsam diskutiert werden können und auch einige Arbeitsblätter.

Konkrete Beispiele (Bagley 2014; Willingham & de Boer 2015)

Während die bislang besprochen Bücher vor allem konkrete Projekte darstellten, die in Makerspaces umgesetzt werden könnten, versammelt Caitlin A. Bagley (Bagley 2014) konkrete Makerspaces in US-amerikanischen Bibliotheken. Dieser Sammlung stellt sie Überlegungen zu Makerspace voran, die sich vor allem mit der Begründung für diese (Warum sollten sie in einer Bibliothek vorhanden sein?) und Finanzierungsmöglichkeiten beschäftigt. Anschliessend werden neun Einrichtungen in Öffentlichen, Hochschul- und Schulbibliotheken vorgestellt. Diese Vorstellungen folgen grundsätzlich dem immer gleichen Muster (Gründung, Finanzierung, Beschreibung des Ortes selber, Beschreibung der Technologien oder Werkzeuge, die erfolgreich eingesetzt wurden, Veranstaltungen und Betrieb, Marketing, Personal und Betreuung, Gruppen, die den Makerspace nutzen, sowie eine Zusammenfassung). Die Beschreibungen sind als reiner Text gefasst, also ohne Bilder aus den Makerspaces, aber auch ohne Tabellen etc. Die Sprache ist, verglichen mit den andern Büchern, die einen missionarischen Eifer an den Tag legen, sehr konkret an den jeweiligen Beispielen orientiert. Es werden vor allem Erfolge gezeigt, aber auch gesagt, was nicht funktioniert hat oder wo es Schwierigkeiten gab.

Das Buch scheint vor allem zu zeigen, dass es möglich ist, langfristig und erfolgreich Makerspaces in Bibliotheken zu betreiben. Zudem erinnert die Autorin daran, dass es notwendig ist, im Vorfeld zu klären, was für einen Makerspace, mit welchen Zielen und vor allem mit welchen Möglichkeiten eine Bibliotheken haben möchte, bevor sie daran geht, ihn zu planen.

Theresa Willingham und Jeroen de Boer (Willingham & de Boer 2015) verbinden in ihrem in der Reihe Library Technology Essentials – und damit neben anderen Titeln zu technischen Themen – erschienenen Band die Darstellung von Beispielen mit der Darstellung konkreter Veranstaltungen in Makerspaces. Auch dieser Band ist in einer übermässig positiven Sprache verfasst, bei der schnell der Eindruck entsteht, dass über tatsächliche Schwierigkeiten einfach hinweggegangen wird. Sie wagen sich, einen schnellen Überblick zur Geschichte von Makerspaces in Bibliotheken und eine Begründung für solche Räume vorzustellen, der aber sehr strittig ist. Gleichzeitig stellt diese Darstellung nicht den Fokus des Buches dar.

Vielmehr versucht das Buch, auf der Basis von konkreten Erfahrungen in Bibliotheken, alle Themen anzusprechen, die für die Entscheidungen rund um einen Makerspace notwendig sind. Letztlich bleibt vieles der lokalen Interpretation überlassen (Z.B.: „Make the lab an essential part of business operations and try to find as much support as possible within the organization.“, Willingham & de Boer 2015:26), gleichzeitig werden Vorschläge für die Anschaffung von Hardware und Software gemacht (wobei die Software zumeist Open Source Produkte sind), die wohl schon mit der Drucklegung überholt gewesen sein dürften. Das Buch gibt eher Richtungen und zu beachtenden Themen vor. Mehr kann es vielleicht nicht leisten.

Daran an schliessen Vorstellungen von 14 Bibliotheken mit Makerspaces, FabLabs oder ähnlichen Initiativen. Auch diese haben einen starken Fokus auf die USA (ein Beispiel kommt aus Italien, ist aber in Zusammenarbeit mit der dortigen U.S. Embassy realisiert), eine Anzahl stammt aber aus Skandinavien und den Niederlanden. Die Vorstellungen sind jeweils relativ kurz gefasst, je rund zwei bis vier Seiten. Was sie von den Darstellungen bei Bagley (2014) unterscheidet ist, dass sie sich nicht auf stationäre Makerspaces in Bibliotheken beschränken, sondern auch mobile Makerspaces von Bibliotheken (FryskLab, betreut vom Herausgeber des Buches Jeroen de Boer) und Initiativen, die mit Bibliotheken zusammen (temporäre) Makerspaces durchführen, vorstellen. Diese Beispiele zeigen, dass auch solche kurzfristigen Veranstaltungen möglich sind, dann allerdings – was nicht besprochen wird – bestimmte Ansprüche (Community-Bildung, pädagogische Konzepte), die sonst mit Makerspaces verbunden werden, aufgegeben werden, weil sie in temporären Veranstaltungen gar nicht umgesetzt werden können.

Im letzten Drittel des Buches werden, wieder auf der Basis von schon durchgeführten Programmen in Bibliotheken, einzelne Projekte vorgestellt und so beschrieben, dass sie prinzipiell auch anderswo durchgeführt werden können. Diese Projekte unterscheiden sich von denen, die bei Kemp (Kemp 2013), Preddy (Preddy 2013) oder Wall und Pawloski (Wall & Pawloski 2014) beschrieben werden, dadurch, dass sie mehr auf den Kontext Bibliothek eingehen (z.B. Einsatz des Personals) und weniger genau auf das Projekt (z.B. was genau mit dem 3D-Drucker produziert wird).

Grundsätzlich hat auch dieses Buch seine Schwächen, insbesondere sind die Herleitungen und Begründungen für Makerspaces nicht nachvollziehbar. Von allen hier besprochenen Büchern ist es aber das zugänglichste und für Bibliotheken auch motivierenste.

Arbeitsblätter für Makerspaces (Hamilton & Hanke Schmidt 2015)

Auf den ersten Blick kaum von den anderen Anleitungen für Projekte in Makerspaces wie Preddy (Preddy 2013) oder Kemp (Kemp 2013) zu unterscheiden – bis hin zum A4 Format – geht das Buch von Matthew Hamilton und Dara Hanke Schmidt (Hamilton & Hanke Schmidt 2015) doch weiter. Es geht nicht um konkrete Veranstaltungen, die durchgeführt werden, sondern um einen möglichst einfachen Zugang für Bibliotheken, um Makerspaces zu machen. Dafür werden, immer auf der Basis von Erfahrungen von Makerspaces, die in US-amerikanischen Bibliotheken existieren, Angaben zu Projekten gemacht und Vorlagen geliefert, z.B. Vereinbarungen für die Nutzung eines Makerspaces, die quasi direkt kopiert und dann anderswo zu Unterschrift vorgelegt werden können, Sicherheitsreglements oder Schreiben an Lehrpersonen und Eltern. Es werden Angaben über Kosten etc. gemacht und immer wieder in kurzen Interviews Makerspaces vorgestellt. Es wird besprochen, wie Makerspaces geplant und wie sie ausgestattet werden können sowie das sie auch als Medialabs gestaltbar sind. Das alles auf einer sehr anwendungsbezogenen Ebene, teilweise mit Hinweisen zu Technologien, Preisen etc., die schon überholt sein werden. Sichtbar ist an diesem Buch, dass in ihm die Bibliothekarinnen und Bibliothekare, die einen Makerspaces planen sollen, im Fokus stehen.

Die Welt retten mit Makerspaces? (Egbert 2016)

Megan Egbert (Egbert 2016) geht es in ihrem Buch hingegen vor allem darum, zu begründen, wie Makerspaces in Bibliotheken pädagogisch und gesellschaftlich sinnvoll genutzt werden können. Sie bietet keine Anleitung für Veranstaltungen etc., sondern vielmehr ein Begründung für verschiedene Arten des Making. Das Buch ist, fast noch mehr als das von Kemp (Kemp 2013), eine missionarische Schrift, die im Making einen Weg sehen will, der aus den angeblich überholten Bibliotheken (und Schulen) hypermoderne Einrichtungen machen soll. In weiten Teilen ist das kaum lesbar, in einer Marketing-Sprache geschrieben, die keinen Widerspruch und kein kritisches Hinterfragen zuzulassen scheint. So wird oft von überzeugten Vertreterinnen und Vertretern der Makerspaces geschrieben, insoweit ist das Buch als Beispiel für deren Argumentationen interessant. Es ist ein Diskurs, der ohne auf Geschichte und Entwicklung von Einrichtung sowie ohne wirklich die Gesellschaft, in der die Einrichtungen wie Bibliotheken existieren, wahrzunehmen, die Überlegenheit von „Making“ behauptet, weil es neu sei. Selbstverständlich ist es nicht neu, sondern die Wiederkehr älterer pädagogischer Ideen (z.B. wiederholen sich viele Behauptungen, Erwartungen und Ungenauigkeiten aus der Reformpädagogik), nur sehr gereinigt von allen gesellschaftlichen Fragen (und auch der Frage: Wozu? Was sollen Menschen damit lernen?). Ein sicherlich gut gemeinter, aber inhaltlich dürftiger Diskurs, der Grundprinzipien des neoliberalen Denkens (z.B. alles, was vorher war, sei schlecht und übersteuert, es müssen „disruptiv“ geändert werden, ohne zu fragen, wohin und wozu) fortschreibt; offenbar ohne sich dessen bewusst zu sein. In diesem Rahmen werden auch ehemals kritische Anfragen an die pädagogische Realität (z.B. die Frage, wieso Mädchen anderes lernen als Jungen oder die Vorstellung des Konstruktivismus, dass die Menschen ihr eigenes Wissen „konstruieren“ und nicht das, was sie gelehrt bekommen) möglichst in den Diskurs integriert, aber so, dass sie dabei ihrer kritischen Funktion entledigt werden.

Egbert lässt in ihrem Buch immer wieder persönliche Geschichten einfliessen, berichtet z.B. immer wieder von ihren Erfahrungen in ihren Bibliotheken (Meridian Library District, Idaho) und mit ihrer Familie. Das Buch selber ist also in der Realität der Autorin verankert, aber es scheint immer wieder durch, dass Idaho nicht so weit von den Zentren des missionarischen Sprechens über Making, Disruption etc. im Silicon Valley entfernt liegt.

Ansonsten geht das Buch die gleichen Themen durch, wie es auch Willingham und de Boer (Willingham & de Boer 2015) oder Bagley (Bagley 2014) taten: Gründe für Makerspaces, unterschiedliche Makerspaces, Finanzierung, Personal. Egbert geht, ganz in missionarischer Absicht, davon aus, dass es sinnvoll wäre, wenn Personen zu „Makern“ werden und dann auch in anderen Orten eine „Maker-Kultur“ verbreiten würden. Sie denkt dabei vorrangig an Bibliothekarinnen und Bibliothekare.

Die von ihr im Untertitel versprochen „Teaching Revolution“ beschränkt sich darauf, zu behaupten, dass mit Makerspaces konstruktivistische Pädagogik in der Bibliothek etabliert würde. Der Konstruktivismus geht als Lerntheorie davon aus, dass Menschen das, was sie lernen, selber konstruieren und die gesamte Umgebung, z.B. der Lernraum, die Planung einer Bildungsveranstaltung, die Arbeit der Lehrenden, bei diesem Prozess nur unterstützen können. Grundsätzlich kritisiert der Konstruktivismus andere Lerntheorien und stellt die Lernenden selber in den Mittelpunkt. Es ist im Rahmen der „Maker-Bewegung“ zum Allgemeinplatz geworden, zu behaupten, Makerspaces seien quasi die Umsetzung dieser konstruktivistischen Theorien. Das lässt sich bestreiten, schon da der Konstruktivismus weit länger diskutiert wird als Makerspaces. Bestreiten lässt sich auch die in der „Maker-Bewegung“ verbreitet Gegenüberstellung von „altem Lernen“ und „neuem, im Makerspace“. Vielmehr ist der Konstruktivismus schon länger in anderen pädagogischen Projekten ausprobiert worden und Grundlage vieler Veränderungen, die in den letzten Jahrzehnten in Schulen stattfanden. Ebenso kritisch zu sehen ist die in solchen Texten immer wieder als angebliche Neuerung hervorgehobene Partizipation der Lernenden. Auch diese wird seit Jahrzehnten in anderen pädagogischen Zusammenhängen angestrebt und umgesetzt. Egbert hingegen übernimmt die Behauptung der „Maker-Bewegung“ und reduziert sie auf eine sehr banale Ebene, bei der behauptet wird, dass, wenn Menschen in Makerspace „maken“ – also mit den eigenen Händen arbeiten, selber ausprobieren, in eher offenen Situationen agieren und auch, reflektiert, scheitern dürfen – sie besser lernen würden, als z.B. in Schulen.[5] Für die Planung von Makerspaces ist dieses Buch eher ungeeignet, es ist eher eine „Missionsschrift“.

Fazit: Viel Missionierungsanspruch, viele kleinteilige Anleitungen

Es ist in dieser Sammelrezension ersichtlich geworden, dass es grundsätzlich nicht an Literatur zu Makerspaces in Bibliotheken mangelt. Sie ist in grossen Teilen vom US-amerikanischen Denken geprägt, was bei der Nutzung in der Schweiz (oder anderswo) mit beachtet werden müsste. Insbesondere der missionarische Anspruch, möglichst viele Menschen in „Maker“ zu verwandeln, irritiert – zu Recht – immer wieder. Keines der hier referierten Bücher liefert eine nachvollziehbare und vor allem belastbare Begründung  dafür, wozu das gut sein soll. Gerade bei Kemp (Kemp 2013) und Egbert (2016) scheint eine Mentalität durch, wie sie sonst mit den „Start-Up Zentren“ wie dem Silicon Valley verbunden wird: ungesellschaftlich, immer ohne jeden Grund übermässig positiv und vor allem mit der Behauptung auftretend, die Welt vom Grunde auf zu verändern. Das stimmt bei Start-Ups nicht und es wird auch durch Makerspaces in Bibliotheken nicht eintreten.

Gleichzeitig zeigen die Bücher auch, dass es neben diesen Versprechen auch eine funktionierende Praxis von Makerspaces in Bibliotheken gibt. Sie werden die Welt nicht verändern, aber sie bereiten offenbar vielen Menschen – sowohl Nutzenden von Bibliotheken als auch dem Personal selber – Vergnügen und bilden eine sinnvolle Ergänzung anderer bibliothekarischer Angebote. Akzeptiert man diese Einschränkung, dann eignen sich mehrere hier besprochene Bücher für die konkrete Planung von Makerspaces (Willingham & de Boer 2015) oder Veranstaltungen in Makerspaces (Fleming 2015; Preddy 2013). Letztlich werden aber auch in diesen Büchern Bibliotheken immer wieder darauf zurückverwiesen, dass sie die Entscheidungen darüber, welche Angebote sie machen wollen, ob Sie Makerspaces einrichten wollen, und wenn ja, wie und wie sie diese nutzen wollen, immer selber treffen müssen. Es gibt keine überall funktionierenden Konzepte, es gibt keinen überall geltenden Grund, einen Makerspace einzurichten oder nicht einzurichten. Es ist einfach so, dass sie als Einrichtungen Spass machen können, aber auch Arbeit bedeuten. An Literatur, die dabei Unterstützung liefert, die jeweils notwendigen Entscheidungen zu treffen, mangelt es nicht.

Erwähnt werden muss zudem, dass in diesem Artikel, mit einer Ausnahme, nur Bücher besprochen wurden, die sich explizit mit Makerspaces in Bibliotheken beschäftigten. Es gibt weit mehr, erstens für andere Bereichen, z.B. für Schulen und für Makerspaces allgemein. Zweitens existieren neben gedruckten Büchern auch zahlreiche digitale Dokumente, z.B. zahlreiche Studienabschlussarbeiten (z.B. Blanpain, 2014) Handreichungen (z.B. Makerspace Resources Task Force 2014) und Webprojekte (z.B. http://www.makerspace.com). Zahlreiche grössere Makerspace stellen sich selber online dar (z.B. „The Edge“ der State Library of Queensland, Australien http://edgeqld.org.au oder, ausserhalb von Bibliotheken, der Makerspace der New York Hall of Science, http://makerspace.nysci.org). Sicherlich bedarf es immer wieder „Übersetzungsleistungen“ in die jeweiligen lokalen Kontexte, sicherlich muss man die jeweiligen Texte kontextualisieren und ihnen gerade nicht alles glauben. Aber am Ende ist, wer sich dafür interessiert, wie ein Makerspace in Bibliotheken funktionieren kann, heutzutage gut mit Materialien bedient.

Conclusion : beaucoup de revendications prosélytiques, une multitude de petits guides

Il s’est avéré, lors de ces recensions, qu’il ne manque pas de littérature sur les fablabs en bibliothèque. Il faut noter que cette littérature est souvent imprégnée d’une pensée américaine (des Etats-Unis), ce qui est à prendre en considération si on souhaite l’utiliser en Suisse ou ailleurs. En particulier cette approche de prosélyte, qui incite à transformer le plus possible de personnes en « makers », peut, à juste titre, irriter. Aucun des livres recensés ici ne donne de justification solide et compréhensible qui expliquerait pourquoi ce serait bien.

Chez Kemp (2013) et Egbert (2016) justement apparait une mentalité que l’on retrouve habituellement dans les pépinières de start-up ou à la silicon valley : non-sociale, ultra-positive sans aucune raison, et convaincue de changer le monde. Cela n’est pas plus juste pour les start-ups que pour les bibliothèques.

Cependant, ces ouvrages montrent également qu’à côté des promesses tous azimuts, il existe aussi une pratique des fablabs en bibliothèque. Ces fablabs ne changeront pas le monde, mais ils plaisent visiblement aussi bien aux usagers qu’aux personnels des bibliothèques, et représentent un complément intéressant aux autres services de la bibliothèque.

Cette limite étant posée, plusieurs ouvrages se prêtent à une planification concrète de fablabs (Willingham & De Boer, 2015), ou d’évenements dans des fablabs (Fleming, 2015 ; Preddy, 2013). Finalement ces ouvrages insistent sur le fait que c’est aux bibliothèques elles-mêmes de décider quelle offre elles souhaitent, si elles souhaitent mettre sur pied des fablabs, et si oui comment elles veulent les utiliser. Il n’y a pas de concept universel, il n’y a pas de raison valable pour tous, pemettant de mettre en place ou non un fablab.

Simplement ce sont des structures qui peuvent procurer du plaisir mais impliquent aussi du travail. Ce n’est en tout cas pas la littérature qui manque pour aider les bibliothèques à prendre les décisions nécessaires.

Il faut signaler que tous les ouvrages recensés dans cet article, à une exception près, parlent explicitement des fablabs en bibliothèque. Il y en a bien davantage, soit qui concernent les fablabs dans d’autres domaines comme les écoles par exemple, soit sur les fablabs en général. Ensuite il y a non seulement de la littérature imprimée mais aussi de nombreux documents numériques, par exemple des travaux de diplôme (Blancpain, 2014), des boîtes à outils (par ex. Makerspace Resources Task Force 2014) et des projets Web  (par ex. www.makerspace.com). De nombreux fablabs se présentent eux-mêmes en ligne (par ex., « the Edge », de la bibliothèque de l’Etat du Queensland en Australie, http://edgeqld.org.au, ou en dehors des bibliothèques, le fablab du New York Hall of Science, http://makerspace.nysci.org).

Il est certain que les nombreux textes sur le sujet nécessitent toujours un effort de transposition dans chaque contexte local et on ne doit pas tout croire. Mais finalement, celui qui s’intéresse à la manière dont un fablab peut fonctionner en bibliothèque a aujourd’hui tout le matériau qui convient.

Notes

[1]In der Deutschschweiz scheint vor allem von Makerspaces gesprochen zu werden, in der Romandie von Fablabs. Beide Namen meinen ausserhalb der Bibliotheken eigentlich ähnliche, aber nicht gleiche Einrichtungen. In Bibliotheken scheinen sie aber quasi-synonym verstanden zu werden. Im weiteren wird der Begriff „Makerspace“ verwendet.

[2]Die Besprechung entsteht im Zusammenhang mit dem Projekt LLgomo (Library Lab goes mobile) der HTW Chur, bei dem getestet wird, welche Formen und Ideen von Makerspaces sich in kleineren Gemeindebibliotheken umsetzen lassen.

[3]Zumal neben diesen Publikationen noch zahlreiche Anleitungen für Makerspaces / Fablabs in Schulen existieren, die hier nicht besprochen werden, aber für Bibliotheken ebenso interessant sein können.

[4]Das Magazin erscheint neben der englischen Ausgabe in Deutsch als beigeordnetes Heft der c't als Make: (https://shop.heise.de/zeitschriften/hardware-hacks/make-magazin), Maker Faires gibt es auch in der Schweiz (für die Deutschschweiz „betreut“ aus Deutschland, http://maker-faire.de) und im umliegenden Ausland, d.h. Frankreich (http://makerfaire.fr), Deutschland und Österreich (http://maker-faire.de) oder Rom, Italien (http://www.makerfairerome.eu/en/).

[5]Bücher dieser Art liegen auch für andere Bereiche vor. Laura Fleming (Fleming 2015) argumentiert ähnlich oberflächlich, wenn auch mit weniger Text, für Makerspaces in Schulen (und Schulbibliotheken), obwohl sie es als Lehrerin besser wissen müsste. Es ist also keine Besonderheit von Bibliotheken.

Literatur

Anderson, Chris (2013). Makers : the new industrial revolution. New York: Crown Business, 2013

Bagley, Caitlin A. (2014). Makerspaces: Top Trailblazing Projects (A LITA Guide). Chicago: ALA TechSource, 2014

Blanpain, Coline (2014). Un lab en bibliothèque, à quoi ça sert ?.  Villeurbanne Cedex France: enssib, http://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/documents/64259-un-lab-en-bi...

Egbert, Megan (2016). Creating Makers: How to Start a Learning Revolution at Your Library. Santa Barbara ; Denver : Libraries Unlimited, 2016

Fleming, Laura (2015). World of Making: Best Practices for Establishing a Makerspace for Your School. Thousand Oaks: Corwin, 2015

Hamilton, Matthew ; Hanke Schmidt, Dara (2015). Make It Here: Inciting Creativity and Innovation in Your Library. Santa Barbara ; Denver ; Oxford: Libraries Unlimited, 2015

Hatch, Mark (2014). The Maker Movement Manifesto: Rules for Innovation in the New World of Crafters, Hackers, and Tinkerers. New York et al.: McGraw-Hill, 2014

Kemp, Adam (2013). The Makerspace Workbench: Tools, Technologies, and Techniques for Making. Sebastopol: MakerMedia, 2013

Makerspace Resources Task Force (2015) Making in the Library Toolkit, Young Adult Library Services Association, 2015, http://www.ala.org/yalsa/sites/ala.org.yalsa/files/content/MakingintheLi...

Meinhard, Haike (2014). Das Zeitalter des kreativen Endnutzers: Die LernLab-, Creatorspace- und Makerspace-Bewegung und die Bibliotheken. In: BuB 66 (2014) 479-487

Preddy, Leslie B. (2013). School Library Makerspaces, Grades 6-12. Santa Barbara ; Denver ; Oxford: Libraries Unlimited, 2013

Wall, Cindy R. ; Pawloski, Lynn M. (2014). The Maker Cookbook: Recipies for Children's and 'Twenn Library Programs. Santa Barbara ; Denver ; Oxford: Libraries Unlimited, 2014

Willingham, Theresa ; de Boer, Jeroen (2015). Makerspaces in Libraries (Library Technology Essentials, 4). Lanham ; Boulder ; New York ; London: Rowman & Littlefield, 2015

Les grandes bibliothèques à quatre voix

Jonas Beausire, Haute Ecole de Gestion, Genève

Les grandes bibliothèques à quatre voix

Ce recueil, au titre programmatique, laisse distinguer quatre voix singulières et remarquables, celles d’anciens directeurs romands de grandes bibliothèques : Jacques Cordonier, Alain Jacquesson, Jean-Frédéric Jauslin et Hubert Villard[1]. Tous mandatés à la fin du 20e siècle, les quatre hommes ont accompagné leur établissement, qu’il soit cantonal, national et/ou universitaire, dans la transition numérique. Ils racontent, tout au long de ces entretiens[2], leurs années de formation, leur parcours, les innombrables défis et obstacles professionnels auxquels ils ont dû faire face, mais aussi leurs regrets. En apportant leur regard sur les grands enjeux et débats bibliothéconomiques, les quatre directeurs déploient plus largement une réflexion sur ceux de la société de l’information.

Omniprésence de l’informatique

Pédagogie, mathématiques, informatique, lettres et bibliothéconomie sont les disciplines qui ont formé les quatre intervenants. Cette pluralité disciplinaire trouve un dénominateur commun avec l’informatique et son rôle « […] révolutionnaire […] appliqué au traitement de la documentation. » (p. 29). En effet, les processus d’automatisation et d’informatisation sont au cœur d’une révolution documentaire dont témoignent les défis organisationnels de certains directeurs. Le passage d’un système informatique centralisé à la mise en place d’un réseau informatique[3], permettant d’accélérer les échanges et le partage des ressources, est l’occasion d’anecdotes qui renseignent sur une époque où les transferts de bandes magnétiques s’organisaient à coup de voyages en 2 CV et de relais nocturnes. Plus tard, ce seront les services de prêt et des acquisitions qui seront gérés informatiquement. Quel que soit le contexte spécifique de cet avènement de l’informatique documentaire, celle-ci mènera systématiquement vers un décloisonnement des connaissances et des services traditionnels de la bibliothèque et vers de nouvelles possibilités de collaboration entre les institutions.

Stratégies et politique

Ces années de direction sont également racontées au travers du prisme des grandes orientations stratégiques prises par les quatre directeurs. La collaboration internationale et les interdépendances avec les autorités de tutelle structurent les grandes décisions prises mais aussi les limites politiques auxquelles certains ont été confrontés. Ainsi, Jacques Cordonier rappelle comment il a souhaité positionner la Bibliothèque cantonale valaisanne « […] comme la tête d’un réseau fédérant l’ensemble des bibliothèques du Valais […] » (p. 14) ou J-F Jauslin de rappeler comment il a œuvré à placer la Bibliothèque nationale (BN) « […] au niveau international parmi les autres bibliothèques nationales […] » (p. 61). En invoquant le premier septennat de François Mitterrand et les grands travaux de son exceptionnelle politique culturelle[4], J-F Jauslin insiste sur la nécessité de faire dialoguer le monde de la culture avec celui de la politique afin de garantir soutiens, partenariats et financements des bibliothèques. Hubert Villard insiste quant à lui sur « le rôle citoyen prépondérant » (p. 102) des bibliothèques en évoquant la lutte contre l’illettrisme, par exemple.

Accessibilité et renouvellement des collections

L’informatisation, l’accélération des échanges, le développement de certaines technologies et les synergies politico-culturelles ont agi sur le développement des collections physiques et électroniques des différents établissements. Ces entretiens sont également l’occasion d’évoquer les enjeux liés aux nouvelles technologies et la façon dont elles ont permis de conceptualiser de nouveaux accès aux collections, à l’image du portail « Vallesiana »[5] qui fédère les ressources des fonds d’archives, de la médiathèque et des musées du Valais. Les portails e-rara.ch, e-codices.ch et e-periodica.ch[6] signalent la numérisation massive des contenus. Des technologies comme celle mise à disposition à la BN permettent même de « […] numériser un document et de l’imprimer en moins d’une heure à des coûts tout à fait performants. » (p. 72-73). L’association Memoriav[7] illustre également des préoccupations patrimoniales qui s’étendent jusqu’aux documents audiovisuels et leur difficile prise en charge. Certains auteurs rappellent que cette mise à disposition des ressources numérisées au plus grand nombre interroge aussi la capacité des institutions à préserver ces nouveaux contenus dont la durée de vie informatique ne dépasse pas cinq ans (Cordonier et al., p. 80). H. Villard, à la tête de la Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne (BCU), relate comment son institution a contracté un partenariat avec Google afin de faire numériser ses ouvrages libres de droit. Les enjeux patrimoniaux et politiques que soulèvent ce genre de collaboration divisent les différents directeurs dont certains dénoncent le dévoiement des missions fondamentales des bibliothèques et de leur indépendance (p. 79).

Missions et défis de demain

Le spectre des GAFA[8] n’est de loin pas le seul enjeu de l’avenir des bibliothèques ; leur fréquentation et leur organisation interne sont au centre des réflexions des quatre directeurs. Parmi les différentes perspectives sur la façon d’engager une relation pérenne avec leurs publics, une approche centrée sur les besoins de l’utilisateur semble avoir guidé les initiatives de chacune des institutions, comme l’affirme A. Jacquesson : « […] il me semble toujours souhaitable de procéder à l’analyse des besoins des utilisateurs. » (p. 46). Ces attentes multiples convergent vers la finalité du métier de bibliothécaire : « […] satisfaire un besoin d’information du lecteur. » (p. 102). Ainsi, les espaces physiques de la bibliothèque sont tour à tout considérés comme ceux propices au travail, à la tranquillité, au refuge ou aux échanges et Jacques Cordonier de citer les propos rapportés d’un réfugié cubain en conclusion de son entretien : « Lorsque je suis arrivé à Sion, il y a deux endroits où j’ai pu aller librement, où l’on ne m’a pas demandé mes papiers et où l’on ne m’a pas fait payer : la cathédrale et la médiathèque. » (p. 28). Au-delà de ce souci commun des usagers, les quatre hommes expriment leur position quant à l’opportunité d’une loi fédérale spécifique aux bibliothèques, laissant entendre des voix circonspectes sur cet instrument, considéré au mieux comme un levier peu opportun, au pire comme un pari perdu d’avance. Ce sont davantage l’exploitation des big data et les humanités digitales qui constituent de nouveaux champs de recherche et des défis professionnels inhérents à notre société de l’information, comme le souligne A. Jacquesson : « […] de nouveaux professionnels nés avec le numérique vont être chargés de traquer l’information sur les réseaux ; ils auront la lourde tâche d’organiser les big data […] ». (p. 56). En rappelant les chiffres d’une étude qui souligne qu’Internet constitue le 80% des sources utilisées par les doctorants, J-F Jauslin insiste sur le rôle de guide privilégié que les bibliothécaires doivent plus que jamais endosser auprès des chercheurs, soumis à une masse informationnelle en perpétuel accroissement. Cette fonction prescriptrice et d’accompagnement est partagée notamment par H. Villard qui brosse le portrait du bibliothécaire académique « nouvelle mouture » en ces termes : « […] accompagnateur de la recherche, au plus près des chercheurs, professeurs et étudiants. Il leur apporte ses précieuses compétences en matière d’appui à la publication scientifique, de gestion des modalités d’open access, de sauvegarde des données primaires et secondaires de la recherche, de l’archivage à long terme, de l’emploi de métadonnées normalisées, d’analyse de grands ensembles de données, etc. » (p. 105). Le bibliothécaire de lecture publique, quant à lui, doit allier mise en valeur des collections, « compétences sociales » et médiation culturelle comme le souligne J. Cordonier : « […] une bibliothèque est un lieu riche de compétences, de personnes[9] qui osent faire des choix, monter des expositions, inviter des artistes, […] non pas prescrire […] mais proposer, attirer l’attention, sensibiliser. » (p.25). Un horizon d’attentes qui laisse poindre une kyrielle de défis pour inscrire durablement cette nouvelle silhouette professionnelle dans le paysage des bibliothèques.

Critique

La force de ce petit livre d’entretiens réside dans ses différentes strates de lecture ; le recueil peut ainsi se lire à la fois comme un retour d’expérience à l’usage des futurs cadres de grandes bibliothèques et comme un guide inspirant pour le futur des bibliothèques, mais également comme un segment de l’histoire culturelle de la Suisse. En effet, comme le souligne Alexis Rivier dans son préambule, les quatre institutions, sous l’impulsion de leur direction, « […] ont contribué à mettre en place ce qui est peu à peu devenu une norme dans les pratiques sociétales du 21e siècle. » (p. 8). Au fil des pages, le lecteur peut ainsi saisir en quoi les bibliothèques ont grandement participé à l’avènement d’une société de l’information comme nous la vivons aujourd’hui. L’opacité des activités d’une bibliothèque scientifique ou patrimoniale est ici levée pour éclairer avec intelligence la façon dont ces établissements ont façonné des pratiques aujourd’hui généralisées : informatisation des espaces, partage de gros volumes de données, accessibilité des ressources et des savoirs, etc. L’autre intérêt de l’ouvrage est de dessiner rapidement une histoire récente des bibliothèques, du milieu des années 1980 jusqu’aux portes des années 2010.

Le format de l’entretien, ici retranscrit à la première personne, puis découpé thématiquement, apporte une certaine fluidité à la lecture ; la parole est vive et engagée, jusque dans la thématisation de certaines déceptions vécues par les directeurs. On peut regretter parfois que certains sujets ne soient davantage approfondis, notamment concernant les enjeux politiques des bibliothèques. Mais le découpage garantit une variété des sujets abordés qu’il est agréable de comparer entre les prises de parole. Dans un souci de transparence, il aurait été souhaitable d’ajouter en fin de volume le questionnaire reçu par chacun des intervenants. 

Qu’il s’agisse d’un public de néophytes, de bibliothécaires ou encore d’historiens, chacun pourra déceler, au sein de ce recueil d’entretiens inédits, de quoi nourrir ses intérêts. Il est à souligner enfin que la postface d’Alexis Rivier offre un bel effort de synthèse et d’ouverture vers des perspectives futures. A l’heure où certains responsables issus de grandes bibliothèques de notre pays prédisent des scenarios catastrophiques pour l’avenir des bibliothèques, il est cardinal d’écouter ces quatre voix riches d’expériences et d’espérances.

Notes

[1] Respectivement directeurs de la Bibliothèque cantonale du Valais – Médiathèque Valais (1988-2008), Bibliothèque publique et universitaire de Genève (1993-2007), Bibliothèque nationale suisse (1990-2005) et Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne (1986-2008).

[2] Les entretiens, basés sur un questionnaire unique, ont ensuite été retranscrits à la première personne et amendés par les auteurs.

[3] Jacques Cordonier et Hubert Villard notamment évoquent à maintes reprises la mise en place du « Réseau romand des bibliothèques de Suisse occidentale » (Rero).

[4] Nous pensons naturellement au projet de la bibliothèque nationale portant son nom.

[5] Consulter : www.vallesiana.ch

[6] Ces trois portails concernent respectivement les livres anciens, les manuscrits médiévaux et les revues suisses.

[7] Consulter : http://memoriav.ch

[8] Il s’agit de l’acronyme désignant les géants du web que sont Google, Apple, Facebook et Amazon.

[9] C’est moi qui souligne. 

Bibliographie

CORDONIER, Jacques, JACQUESSON, Alain, JAUSLIN, Jean-Frédéric, VILLARD, Hubert. Entretiens. Genève : L’esprit de la Lettre, 2016. (Collection Bibliothécos), 116 p.