Editorial

Editorial n°20

Après le numéro spécial pour les 100 ans de la filière Information documentaire de la Haute Ecole de Gestion de Genève, paraît cette année le vingtième numéro de RESSI.
Lorsqu'en janvier 2005 paraissait le premier numéro, nous avions bien conscience de lancer un défi car la création d’une revue scientifique en est un à plusieurs niveaux. En premier lieu, un défi éditorial, étant donné les multiples difficultés auxquelles se heurte généralement ce genre d’entreprise. Ensuite, un défi académique, compte tenu de la concurrence régnant dans ce domaine, entre les instances institutionnelles de production et de diffusion de la connaissance scientifique (universités ou sociétés scientifiques) dont les revues constituent l’une des expressions les plus importantes. Mais avant tout, la publication d’une nouvelle revue scientifique constituait une gageure. En effet, en dehors de la contribution d’un nouvel espace de publication aux progrès de la recherche et du travail théorique de la discipline concernée, une telle revue doit, par l’originalité des approches, des analyses et des traitements de son objet d’étude, se distinguer des autres revues avec lesquelles elle entre en compétition.

Bien sûr, nous n’avions pas alors la naïveté de croire que la naissance d’une nouvelle revue scientifique en Suisse suffirait par elle-même à susciter une révolution épistémologique inaugurant une nouvelle façon de penser la discipline. Nous avions bien plus modestement le désir de créer un forum pour favoriser le dialogue entre les divers acteurs, pour exprimer des sensibilités diverses, susciter des interrogations, des réflexions, des doutes ; et cela, quelle que soit l’insertion professionnelle des auteurs, au-delà de la traditionnelle distinction entre bibliothèques, archives ou services de documentation, mais sous la bannière de la science de l’information. RESSI complète le paysage informationnel suisse, en offrant une tribune aux jeunes qui représentent la relève.

RESSI ouvre ses pages à toutes les tendances et domaines de la science de l’information, en accueillant dans chacun de ses numéros des articles reflétant des méthodologies diverses.

Ce vingtième numéro ne déroge pas à cette ligne éditoriale et vous propose des contributions variées et nombreuses, puisqu’il y en a quatorze.

Dans la rubrique « Etudes et Recherches », vous trouverez un article intitulé Faciliter et soutenir le travail des chercheurs : état des lieux, perspectives et réflexions sur l’exemple de la Haute école de travail social de Genève. Signée par Claire Wuillemin, assistante d’enseignement à la HEG-Genève, cette recherche, synthèse d’un travail de Master, explore la notion de soutien à la recherche, appliquée à la HETS-Genève, et fait des propositions de développement de ces services, applicables à tout type d’institution d’enseignement supérieur amenée à faire de la recherche.

Dans la rubrique « Compte rendus d’expérience », nous vous proposons six contributions.

La première est signée de plusieurs mains : Susana Cameàn, bibliothécaire chargée de secteur, coordinatrice InterroGE, Jürgen Haepers,  bibliothécaire chargé de secteur, coordinateur InterroGE et Florent Dufaux, adjoint de direction, responsable d'Interroge, tous les trois travaillant aux Bibliothèques municipales de la Ville de Genève, et fait le bilan de six années de fonctionnement d’InterroGE, dans un article intitulé InterroGE : le service de référence en ligne des bibliothèques de la Ville de Genève.

La contribution suivante émane de Françoise Simonet, responsable des renseignements et formation des usagers, et de Christophe Bezençon, responsable du développement des collections, à la Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne, site Riponne. Elle détaille la méthodologie, les conclusions et les enseignements d’une enquête de satisfaction menée auprès du public du site Riponne, site grand public et patrimonial situé au centre-ville de Lausanne, dans un article intitulé Enquête 2018 sur les besoins non documentaires du public du site Riponne de la BCUL : méthodologie et principales conclusions.

La troisième contribution de cette rubrique, intitulée Alignement et enrichissement des données de l’inventaire d’un fonds d’archives en Linked Open Data : le cas du Montreux Jazz Digital Project,

est due à Alain Chardonnens, spécialiste en information documentaire, et décrit le travail qui a consisté en l’établissement et l’utilisation de critères permettant le transfert d’un jeu de données (émanant du fonds des archives audiovisuelles du Montreux Jazz Digital Project) vers une plateforme de crowdsourcing ou « collaborative knowledge graph ».

La quatrième contribution, signée Pierre-Yves Burgi, Directeur adjoint des systèmes d’information de l’Université de Genève, relate la genèse et les justifications du projet de loi genevois PL 12146 dans un article intitulé PL 12146 : Infrastructures et services numériques pour la recherche.

Enfin la dernière contribution de cette rubrique, due à Ludovic Ramalho, assistant de recherche à la HEG-Genève, constitue la synthèse de son travail de bachelor et s’intitule Un plan de sinistres pour la Ville de Montreux : de la conception à la mise en œuvre, et décrit la méthodologie adoptée pour ce travail d’analyse des risques dans un bâtiment d’archives, et donne des recommandations pour la mise à jour d’un plan de gestion de sinistres adapté.

Dans la rubrique Compte rendus d’événements, on trouvera quatre recensions.

La première, une recension à plusieurs voix, émanant de Florence Burgy, Matthieu Cevey, Anouk Santos, Michel Gorin et Benoît Epron, respectivement assistants d’enseignement, maître d’enseignement et professeur associé à la HEG-Genève, rend compte de différentes conférences du congrès IFLA qui a eu lieu du 24 au 30 août 2019 à Athènes (Grèce). Sont notamment recensées des exposés sur la stratégie de l’IFLA, des expériences de réalité augmentée et de réalité virtuelle, le marketing des bibliothèques sur les réseaux sociaux, l’advocacy, l’évaluation de l’impact des bibliothèques, la numérisation de livres…

La deuxième contribution, signée Cynthia A. Germond, étudiante en Master IS à la HEG-Genève, relate les différentes interventions de la journée dédiée à l’Open Science à la HES-SO, qui ont concerné à la fois l’open science (ou la science en libre accès) et les open data (ou données ouvertes) et qui s’est tenue à Lausanne le 18 mars 2019, intitulée Première journée Open Science de la HES-SO.

La suivante, intitulée Forum annuel des bibliothèques HES-SO, 22 août 2019 : les données de la recherche, « un marché à occuper », et signée par Elise Pelletier, collaboratrice scientifique à la HEG-Genèvefait état des différentes interventions, qui montrent cependant que cette prise en main des données de la recherche par les bibliothécaires doit s’accompagner d’une formation de ceux-ci et d’une information accrue auprès des chercheurs.

Le dernier compte rendu de conférence est consacré à la Journée franco-suisse sur la veille et l’intelligence économique, dont la seizième édition a eu lieu le 20 juin dernier à Genève et a porté sur le social listening ou l’écoute des réseaux sociaux. Intitulée De la veille classique au social listening : expérimenter et comparer les outils et les méthodes, cette journée comportait non seulement des témoignages, résumés par l’auteure de ces lignes, rédactrice en chef de RESSI, mais aussi des démonstrations d’outils.

Finalement, la rubrique « Recensions » comporte quatre articles.

Le premier rend compte de l’ouvrage Ce que le numérique fait aux livres de Bertrand Legendre et est signé par Benoît Epron (déjà cité).

Le deuxième article, signé par Elise Pelletier (déjà citée), résume l’ouvrage La médiation : un concept pour les sciences de l’information et de la communication, ouvrage de Jacqueline Deschamps, co-signataire de cet éditorial, paru en 2018.

On trouvera également une recension du livre publié par l’ALA New Top Technologies Every Librarian needs to know (2019) sous la plume de Claire Wuillemin (déjà citée) et qui contient 24 contributions sur des technologies liées aux données, aux services, aux dépôts, à l’accessibilité et à l’interopérabilité.

Finalement, on trouvera, signée par Karsten Schuldt, adjoint scientifique à l'Institut des sciences de l'information de la Fachhochschule Graubünden (Coire), une recension groupée de plusieurs ouvrages parus depuis 2016 sur les fablabs en bibliothèque. Cet article constitue la suite d’une première recension parue dans RESSI en 2016. Ecrit en allemand et intitulé Einleitungen und Vorschläge für Makerspaces in Bibliotheken: Sammelrezension, Teil II (2017-2019) [Introductions et propositions pour des fablabs en bibliothèque : recension groupée, 2ème partie], il montre que l’engouement des bibliothèques pour les fablabs est passé, mais appelle à une recherche empirique sur le sujet. La conclusion est aussi disponible en français.

Nous vous souhaitons une excellente lecture et rappelons que nous sommes ouverts à toute proposition de contribution. 

Pour le comité de rédaction:

Jacqueline Deschamps, co-fondatrice de la revue RESSI, Hélène Madinier, rédactrice en chef