Eric Thivant, IAE Lyon - Université Lyon 3
Wilson, Tom D. (dir.). Theory in Information Behaviour Research. Sheffield : Eiconics limited at Smashwords, 2013, 182 p. ISBN 9780957495708. - Disponible à l'adresse : https://www.smashwords.com/books/view/336724
Ont contribué à l’ouvrage : Gérald Benoit, Andrew Cox, Jannica Heinstrom, Elena Macevicuite, Agusta Palsdottir, Rebecca Reynolds, Reijo Savolainen
Ce livre destiné aux chercheurs et aux étudiants en Sciences de l’Information présente huit essais sur des approches théoriques prometteuses utilisées pour l’analyse des pratiques informationnelles en contexte. Pour chaque approche, les auteurs rappellent à chaque fois succinctement le cadre théorique utilisé, propose une liste bibliographique complète sur une théorie et montre comment cette théorie a pu ou peut être mobilisée en Sciences de l’Information. L’idée initiale de cet ouvrage était de faire appel aux auteurs d’articles scientifiques intéressants de la revue « Information research » pour qu’ils présentent en approfondissant les théories qu’ils avaient utilisées et montrent leurs intérêts dans le domaine des pratiques informationnelles.
Cet ouvrage est complémentaire et non concurrent à d’autres livres théoriques qui font aussi le point sur les pratiques informationnelles comme le livre de D. Case « Looking for Information : A Survey of Research on Information Seeking, Needs and Behavior » publié en 2002 ou le livre de K.E. Fisher, S Erdelez & E.F McKechnie, intitulé « theories of Information Behaviour », qui présentent de façon plus large, les cadres théoriques, les méthodologies et/ou les modèles développés à partir de ces théories.
Cet ouvrage n’a pas la prétention d’être exhaustif, il ne recense que sept théories utilisés par des chercheurs en sciences de l'information : la théorie de l'activité décrite par T.D Wilson, la théorie critique présentée par G. Benoit, la théorie du construit personnel expliquée par Rebecca Reynolds, la théorie de la personnalité par Jannica Heinstrom, la théorie de la pratique (ou pragmatique) par Andrew Cox, la théorie socio-cognitive par Agusta Palsdottir et la phénoménologie sociale par T.D Wilson et R. Savolainen. Et E. Macevicuite nous dresse un rapide panorama dans un dernier chapitre des études qui ont été menées en Europe Centrale et Orientale et en Russie et qui complètent les travaux des chercheurs occidentaux.
Toutes ces théories peuvent être utiles aux étudiants et aux chercheurs pour guider leurs travaux, réfléchir sur leurs collectes de données et analyser leurs résultats. Ces théories proposent comme nous l’indique T.D. Wilson des explications alternatives des phénomènes sociaux observés en contexte et non des prédictions sur des futurs comportements informationnels. Chaque chapitre est réalisé suivant le schéma suivant : présentation de la théorie choisie (histoire et principe) et ses applications dans la littérature sur les pratiques informationnelles en sciences de l’Information. Ainsi à titre d’exemple, nous commenterons les premiers trois chapitres de cet ouvrage.
Dans le premier chapitre, T.D. Wilson s’intéresse à la genèse et rappelle les principaux principes de la théorie de l’activité ou « activity theory » développée par L. S. Vygotsky et les dimensions culturelles et historiques de l’activité avec A.N. Leont’ev et Y. Engeström dans une première partie. Puis dans une seconde partie, T.D. Wilson nous dresse un inventaire des recherches menées actuellement sur les pratiques informationnelles qui mobilisent notamment cette théorie, par exemple par C. Khulthau lorsqu’elle évoque le concept de la zone d’intervention ou encore par le groupe de recherche AIMTech à l’Université de Leeds qui l’applique dans des contextes variés. Une bibliographie et une webographie complètent la présentation de cette théorie et de ses applications.
Dans le chapitre suivant, G. Benoît nous présente l’origine et le développement de la « Critical Theory » appelée aussi « théorie critique », issue de l’Ecole de Francfort, depuis la première génération de penseurs du début du 20ème siècle, avec M. Horkheimer, T. Adorno, jusqu’à la seconde génération avec K-O. Appel, H. Joas, A. Honneth, J. Habermas. Le modèle de J. Habermas est présenté ainsi qu’un rapide recensement des travaux en Sciences de l’information issus de ce courant.
Nous évoquerons également le troisième chapitre rédigé par R. Reynolds sur la théorie du construit personnel. Cette théorie a été développée par G. Kelly en 1963 et a été utilisée notamment par C. Kuhlthau pour conceptualiser le processus de recherche d’information et les effets de l’incertitude. Les travaux de C. Kuhlthau restent parmi les plus cités dans la communauté des chercheurs qui travaillent sur les pratiques informationnelles et cet ouvrage permet de faire le point sur la théorie sous-jacente utilisée.
Nous laissons au lecteur le soin de lire les derniers chapitres et de découvrir les théories suivantes comme la théorie de la personnalité, la théorie de la pratique, la théorie sociocognitive qui peuvent permettre de comprendre également ces comportements et pratiques informationnels.
En conclusion nous pensons que cet ouvrage est un bon point de départ pour des jeunes chercheurs ou des chercheurs confirmés qui souhaitent s’appuyer sur des textes de référence théorique et qui est révélateur des derniers travaux des chercheurs de cette communauté.