Galaup, Xavier (dir.). Développer la médiation documentaire numérique. Villeurbanne : Enssib, 2012. 228 p. ISBN 9782910227999.

Stéphanie Pouchot, Haute Ecole de Gestion, Genève

Galaup, Xavier (dir.). Développer la médiation documentaire numérique. Villeurbanne : Enssib, 2012. 228 p. ISBN 9782910227999. - Accessible gratuitement en ligne http://mediationdoc.enssib.fr/.

Ont contribué à l’ouvrage : Noëlle Balley, Bertrand Calenge, Marie-Gabrielle Chautard, Sébastien Dalmon, Didier Desmottes, Philippe Diaz, Isabelle Fabre, Cécile Gardiès, Perrine Helly, Alexandre Lemaire, Léo Mabmacien, Véronique Mesguich, Claire Nguyen, Christine Perrichon, Jérôme Pouchol, Franck Queyraud, Bernard Strainchamps, Pascal Thibault, Geneviève Vidal.

Faire se rencontrer lecteurs et documents, interagir avec les usagers, favoriser leur appropriation des contenus : les enjeux de la médiation documentaire pour les bibliothèques sont nombreux et demeurent aujourd’hui, malgré le passage au numérique. L’ouvrage coordonné par Xavier Galaup propose aux acteurs de la culture et de l’éducation les clefs pour comprendre ces enjeux et cadrer la médiation documentaire numérique. Organisé en quatre parties, il est largement basé sur des retours d’expériences et des exemples concrets permettant aux professionnels concernés de se projeter dans le sujet.

La première partie, « Le périmètre de la médiation numérique documentaire » définit ce type de médiation, notamment en posant les points communs et les différences avec une médiation plus classique. Cette démarche  basée sur les technologies numériques d’information et communication est qualifiée d’« hybride » : elle conjugue en effet mise en valeur, communication et relation à l’usager. Le cadre en est fixé grâce aux exemples de la Médiathèque intercommunale Ouest Provence et du milieu muséal et patrimonial. Devant des publics aux compétences multimédia et à la culture numérique extrêmement hétérogènes, le rôle des médiateurs est désormais central et doit permettre tant la pose de repères et l’accompagnement que l’autonomisation. La « démocratisation culturelle » en est l’un des enjeux et peut passer par le blog ou encore un service de questions-réponses.

Les cinq étapes de la définition d’un projet de médiation numérique documentaire font l’objet de la deuxième partie : le pourquoi du projet, ses objectifs et moyens, son organisation et son déroulement, sa communication et sa valorisation et, enfin, son évaluation.  Cette mise en œuvre repose largement sur les publics : il s’agit entre autres de rester au plus proche de leurs attentes et de partir de leurs besoins pour construire les portails et mettre en place les outils numériques afférents. L’accent est mis sur les aspects de scénarisation et de contextualisation des projets de médiation numérique. Des indices d’évaluation internes et externes sont proposés.

Etant donnée la jeunesse du concept et les changements induits, la question de la formation et de l’accompagnement des personnels semble centrale. Par ailleurs, de par la nature des projets de médiation numérique, la collaboration avec les services informatiques est, de fait, essentielle. La troisième partie est consacrée à ces aspects et se focalise sur le travail des équipes et la culture numérique, en prenant notamment l’exemple du blog. Les cas de l’université de Bretagne occidentale et de la Bibliothèque départementale du Cher sont décrits dans le détail.

Jeux vidéo, blogs (figés, vivants, métablogs), réseaux sociaux, agrégateurs de flux, catalogues participatifs, expositions virtuelles : autant d’outils au service de la médiation numérique documentaire. Ils font l’objet de la dernière partie de l’ouvrage qui insiste sur l’aspect ludique de certains et leur complémentarité. Le focus est mis ici sur deux médiathèques (Quimperlé et Melun) et des exemples issus du monde académique  (SCD de l’université de Lyon 1, Bibliothèque Cujas).

Même si, de prime abord, la lecture du sommaire peut effrayer, tant le contenu paraît riche et ambitieux, on entre vite dans le sujet : une fois la lecture commencée on veut rapidement en savoir plus et découvrir cette véritable « boîte à outils » de la médiation documentaire numérique. L’un des atouts de cet ouvrage réside dans la variété des horizons et cultures des différents auteurs (université, bibliothèque, librairie). Le cadre général et un point de vue théorique sont ainsi complétés par des remontées terrain, des témoignages concrets, détaillés et illustrés.

Le lecteur trouvera les éléments essentiels pour à la fois faire le point sur sa situation et ses pratiques mais également trouver des points de repère et s’inspirer de l’expérience de pairs pour se conforter dans sa démarche de médiation numérique, la faire évoluer ou, simplement,  l’amorcer.

D’un point de vue stratégique, la nécessité d’intégration de cette médiation au projet d’établissement et l’articulation avec la politique documentaire au sens large est mise en évidence. L’importance de penser en termes de contenus et non pas en termes de supports ressort également de la lecture des différents chapitres. Et c’est justement cette production de contenus multimédia qui démontre la polyvalence accrue attendue aujourd’hui de la part des bibliothécaires : au-delà de leur bagage en information documentaire, ils doivent également porter une casquette de libraire, une veste de journaliste et un sac à dos de guide. Le tout, bien entendu, en ayant en tête que les publics aujourd’hui ne se connectent pas uniquement via leurs ordinateurs mais aussi à l’aide de tablettes et de smartphones. L’objectif final étant de pouvoir se retrouver « dans l’écran des publics existants ou à conquérir », quelle que soit la nature de cet écran.