N°9 juillet 2009

Sommaire - N°9, Juillet 2009

Comptes-rendus d'expériences :

Evénements :

Editorial no.9

Editorial no.9

Vous avez sous les yeux le numéro 9 de la Revue électronique suisse de science de l’information.

Dans ce numéro, vous pouvez lire un article proposé par Luc Jolidon, responsable de la Bibliothèque municipale de Morges : PMB à la Bibliothèque municipale de Morges. L’auteur nous fait part de son expérience d’implantation d’un nouveau logiciel Open source pour la gestion d’une bibliothèque comprenant 30’000 documents environ et 100’000 documents prêtés chaque année. Dans un article très complet, l’auteur nous relate les différentes phases qui ont présidé au choix du logiciel, les problèmes rencontrés et comment ils ont été surmontés. Séverine Dick nous propose ensuite un article sur Les seniors et la lecture. Il s’agit d’une réflexion menée à la Bibliothèque de la Ville de Delémont dans le cadre d’un travail de Bachelor pour la Haute école de gestion de Genève. Dans son article, l’auteur s’est attachée à définir son public cible, a connaître ses attentes et ses besoins mais a également cherché des informations sur des services existant en Europe et dans les pays anglo-saxons. L’article se termine par un catalogue de réalisations possibles. Aymon Othenin-Girard et Karine Pasquier, respectivement étudiant et assistante d’enseignement à la Haute école de gestion de Genève relatent un Voyage d’études à Londres des étudiants de deuxième année. Les étudiants ont pu visiter la British Library et l’Idea Store de Whitechapel avant de suivre les travaux du Congrès Online Information 2008. Les commentaires de ces jeunes gens, bientôt professionnels, nous montrent leur enthousiasme et leur intérêt à la fois pour des institutions prestigieuses et parfois centenaires et pour les nouvelles technologies et les dernières tendances en la matière. Les photos d’Estelle Beck apportent à cet article un intérêt supplémentaire.

En ces temps de transformations technologiques, sociales et culturelles, il est plus que jamais important que les chercheurs en science de l’information, ceux qui sont engagés dans l’éducation des futurs professionnels, mais aussi les professionnels actifs dans les services d’information documentaires, fassent part de leurs réflexions et montrent le dynamisme des institutions. La revue suisse de science de l’information s’efforce de promouvoir les travaux de recherche menés en Suisse tout en restant toujours ouverte aux travaux de collègues étrangers.
Nous remercions les auteurs qui ont contribué à ce numéro et nous comptons sur vous, lecteurs et auteurs, pour continuer à assurer la publication de RESSI.

Le Comité de rédaction

PMB à la Bibliothèque municipale de Morges

Luc Jolidon, responsable de la Bibliothèque municipale de Morges

PMB à la Bibliothèque municipale de Morges

1. Les raisons de notre choix

1.1. Présentation de la bibliothèque et contexte du projet

A fin 2006 notre bibliothèque comprend environ 30'000 documents: livres et revues, CD et DVD. Ces collections sont réparties sur deux étages (Section adultes et Section jeunesse). Il y a environ 2'600 usagers actifs qui empruntent chaque année un peu plus de 100'000 documents. Nous disposons de 10 PC, dont 2 réservés à la consultation du catalogue en ligne par le public. Le serveur est installé au Service informatique communal. En cas de forte affluence, nous enregistrons jusqu'à 150 prêts par heure et par PC.
La première automatisation a eu lieu en 1993. Le choix s'était alors porté sur le logiciel OPSYS, dont la dernière mise à jour a été effectuée en 1999 (version 8.21). Ce logiciel fonctionnait correctement, mais:

  • il était installé sur un vieux serveur Windows NT 4.0 qui nous a posé quelques problèmes;
  • il ne permettait pas la consultation du catalogue via Internet, une fonction que nous souhaitions offrir à notre public.

Ce logiciel n'était plus développé par la société OPSYS, qui propose à ses clients de migrer sur son nouveau logiciel Aloès. Mais cette migration a un coût (installation, formation) non négligeable. Après l'acceptation du crédit de ré-informatisation par le Conseil communal, nous avons lancé un appel d'offre public sur invitation; en y incluant une offre "open source".

1.2. Préparation de l'appel d'offres

Le responsable du projet était Monsieur Philippe Broccard, Chef du Service informatique de la ville de Morges. Le soussigné, responsable de la Bibliothèque, a pu participer à toutes les étapes du projet. Nous avons notamment défini des critères d'évaluation avec pondérations:

# Critère Pondération en %
1 Montant et crédibilité du prix 20
2 Récupération des données existantes 17
3 Capacité du logiciel à répondre aux exigences techniques 19
4 Evaluation du logiciel 11
5 Compétence de la société dans le domaine 13
6 Qualité des prestations du service après-vente 9
7 Délais d'installation et de configuration 6
8 Organisation mise en place par le soumissionnaire pour l'exécution du marché 4
9 Présentation et qualité de l'appel d'offre et de la documentation technique 1
    100%

Chaque point, et en particulier le point 3 (exigences techniques), a été développé en une série de questions. L'ensemble de ces critères a été envoyé avec l'appel d'offres aux cinq fournisseurs suivants:

  • AGATE (logiciel Agate): cette société s'est retirée en cours de procédure par manque de disponibilité
  • ALCODA (logiciel Netbiblio)
  • ELSA (logiciel BiblioMaker)
  • EPSILON (représentant en Suisse la société OPSYS, logiciel Aloès)
  • PMB Services (logiciel open source PMB)

Il faut relever que c'est grâce à un article paru dans la revue RESSI ("Le pingouin bibliothécaire", RESSI no 2, août 2005) que notre pré-choix d'un logiciel libre s'est porté sur la société PMB.

1.3. Examen des offres reçues

Nous avons examiné en détail les 4 offres, sur la base des documents reçus. Chaque fournisseur est venu présenter une démonstration à Morges. Nous avons également pris contact avec d'autres utilisateurs de ces logiciels. M. Broccard a préparé un tableau comparatif très détaillé avec les différents critères et questions.
Le logiciel PMB est ressorti au premier rang du tableau comparatif. En effet:

  • D'un point de vue financier, ce logiciel est très nettement moins cher que les autres, puisqu'il n'y a aucune licence à payer. Les coûts ne concernent donc que des prestations de service (migration des données, installation et configuration du système, formation des utilisateurs).
  • La migration de la base de données comportait un risque plus élevé qu'avec la solution Aloès. Nous avons toutefois jugé que ce risque était acceptable du fait qu'une ancienne collaboratrice (formatrice) d'OPSYS travaille pour PMB; en outre ce logiciel utilise à la base le même format de données qu'OPSYS (norme UNIMARC).
  • Concernant les exigences techniques, nous avons jugé que PMB satisfaisait nos besoins, bien qu'il soit légèrement inférieur à la solution Aloès.
  • Lors de la démonstration, nous avons été séduits par la simplicité d'utilisation, l'aspect graphique très logique et convivial de la solution PMB. Nous ne sommes pas parvenus à "piéger" les représentants de cette société malgré nos questions très pointues sur certains aspects (notamment la structure notices/exemplaires et les cas de réservations avec plusieurs exemplaires et plusieurs réservants).
  • Le logiciel PMB est implanté dans environ 150 sites connus de PMB Services (donc non-compris les téléchargements libres), mais il n'y a que très peu d'utilisateurs en Suisse, et aucun comparable à notre bibliothèque: nous avons donc pris le risque d'être la première bibliothèque publique de cette importance à utiliser toutes les fonctions du logiciel. Nous avons pris contact notamment avec les bibliothèques suivantes (toutes en France):
    • Montereau-Fault-Yonne (Seine et Marne): environ 45'000 titres, sur deux sites, mais ils n'utilisaient pas encore les fonctions de prêt (1ère informatisation).
    • Eckbolsheim (banlieue de Strasbourg), commune de 5'900 habitants. La bibliothèque possédait à cette époque environ 28'000 titres, mais ne faisait pas autant de prêts que Morges.
    • Communauté de communes de Cognac (Charente): environ 10'000 documents répartis sur trois sites (Ars, Louzac et St-Brice).
    • Le CNL (Centre national du livre, à Paris), qui a réalisé avec succès une migration depuis OPSYS 8.21 (mais ce n'est pas une bibliothèque publique).

 

2. Mise en route du nouveau logiciel

2.1. Migration de la base de données et formation des utilisateurs

Le choix de PMB a été accepté par la Municipalité en octobre 2007. Dès cette date nous avons été en contact avec PMB pour la mise au point de la migration. Nous avons eu la chance de pouvoir tester le système sur un nouveau serveur, tout en gardant en exploitation OPSYS 8.21 sur l'ancien serveur (qui a été mis hors service plus tard).
La Bibliothèque a été fermée pendant une semaine, du 17 au 21 décembre 2007. Pendant ces cinq jours nous avons accueilli M. Didier Bellamy de PMB Services pour:

  • la formation de l'ensemble du personnel (sur une base de données de test);
  • le paramétrage détaillé (et la formation du soussigné à l'administration du système);
  • la préparation de la migration: plusieurs essais ont été effectués, et il s'agissait chaque fois pour nous de tester la qualité des données migrées et d'indiquer les corrections à apporter.

Après plusieurs tests suivis de corrections et adaptations, le système a été mis en exploitation le vendredi 11 janvier 2008.
Avec le recul, je pense que nous aurions dû consacrer plus de temps à cette phase délicate, et la séparer en deux phases distinctes:

  • premièrement le paramétrage et la préparation de la migration (pendant 3 à 5 jours; comme cette phase ne concerne pas l'ensemble du personnel, on aurait pu pendant ce temps garder la bibliothèque ouverte);
  • ensuite la formation du personnel pendant 3 à 5 jours (qui aurait été plus efficace sur une base de données provisoire mais avec nos données et "nos" paramètres).

2.2. Correction des problèmes créés par la migration

Pour différents problèmes "mineurs", nous avons estimé que les corrections pouvaient être apportées après la migration définitive. On trouvera ci-après la description des problèmes les plus importants.

Articles rejetés

Dans le système OPSYS, les articles rejetés étaient saisis entre parenthèses à la fin du sous-champ (titre propre, collection, etc.), et le logiciel les replaçait en tête dans les éditions ISBD. PMB fonctionne simplement avec une liste de mots-stop. PMB Services a pu adapter la base en remettant tous ces articles en tête des sous-champs. Quelques cas spéciaux ont dû être traités à la main, et nous avons dû renoncer à la subtile distinction entre "De" article ou préposition, mais il n'y a pas eu de réclamations ni du public ni des catalogueurs à ce sujet...

Plusieurs titres d'auteurs différents

Ce genre de cas, peu fréquent et utilisé surtout dans les documents sonores (différentes œuvres de différents compositeurs), était traité avec la fonction "tableau d'affectation" d'OPSYS, qui permettait de saisir en vrac tous les titres puis tous les auteurs, et de relier ensuite les bons auteurs aux bons titres dans les éditions ISBD. Ces cas n'ont pas pu être traités de manière 100% satisfaisante par PMB, qui prévoit dans ce genre de situation la création de notices filles. Nous devrons donc reprendre "à la main" 217 notices et les transformer en créant des notices filles.

Fonctions des auteurs secondaires

Les fonctions ("éd.", "réal.", "dir.", etc.) sont définies dans un fichier d'autorité avec un code UNIMARC et le libellé de la fonction. La migration a bien repris les codes UNIMARC (codes de 3 chiffres), mais nous n'avions pas les mêmes codes que PMB. Les codes PMB sont corrects, ce sont ceux qui continuent à être mis à jour par la Bibliothèque de France, gardienne de cette norme. Il s'est avéré que nous les avions un peu trop "bricolés"; d'autres codes manquent dans la liste UNIMARC, notamment pour les non-livres (instruments de musique, tessitures, fonctions du cinéma: réalisateur, etc.). Nous avons donc dû reprendre à la base cette liste de fonctions et PMB a pu adapter nos données selon nos souhaits; nous avons opté autant que possible pour les codes UNIMARC "officiels" et n'avons ajouté des codes personnalisés que si c'était impossible de faire autrement.

Vedettes matières et indexation décimale

Notre système de vedettes-matières ne rentrait pas dans le cadre standard de PMB, qui prévoit plutôt d'une part un système de mots-clés (non structurés et non contrôlés), et d'autre part des "catégories" et une indexation décimale structurées de manière hiérarchique. Nos vedettes-matières (de type Blanc-Montmayeur) n'étaient, pour des raisons historiques, que partiellement structurées en sous-champs (tête de vedette / sous-vedette). Nous avons finalement décidé de tout remettre "à plat" (sur un seul niveau), et nous avons perdu dans cette aventure quelques renvois "voir" ou "voir aussi".
Nous n'utilisons donc pas le champ des mots-clés. Nous avons créé trois "thésaurus" dans le champ des catégories, soit: les sujets, les centres d'intérêt et les genres (correspondant aux anciens champs 610, 901 et 902 d'OPSYS), sans utiliser la possibilité de créer des hiérarchies. Nous utilisons également le champ "Indexation décimale", également sans hiérarchie.
L'idéal serait bien entendu de verser toutes nos vedettes matières dans les mots-clés et de renoncer complètement au contrôle du vocabulaire. Mais pour cela il faudrait avoir une indexation décimale mieux structurée: nos indices n'ont jamais été définis dans le but d'être utilisés pour une recherche publique (indices différents d'une section à l'autre, pas de structure arborescente formalisée, pas d'index alphabétique). On s'y mettra peut-être le jour où nous n'aurons plus rien d'autre à faire...

2.3. Mise en route de l'OPAC

L'accès public au catalogue par Internet n'a pu être ouvert qu'en février 2009, plus d'une année après la migration. Ce retard est dû en partie aux difficultés rencontrées pour définir des règles d'accès au niveau du pare-feu communal. L'OPAC fonctionne bien et permet également aux usagers de consulter leur compte (liste des documents en prêt, etc.) et d'effectuer des réservations ou prolongations.

2.4. Adaptations demandées pour répondre à nos besoins

Plusieurs petits problèmes ont pu être réglés très rapidement. D'autres nous ont donné plus de fil à retordre mais sont maintenant résolus de manière satisfaisante.
Il faut relever que, de manière générale, nous devons toujours énormément insister et patienter pour obtenir du "sur-mesure". Nous n'avons pas le personnel disponible pour écrire nous-mêmes les requêtes SQL qui nous permettraient d'extraire des données selon des critères personnalisés: il faudrait pour cela maîtriser le langage SQL et surtout connaître toutes les tables de données, leur contenu et leurs liens.
Toutefois, étant donné les tarifs de maintenance très bas (moins de 1000 fr. par année), nous ne pouvons en aucun cas en vouloir à la société PMB Services. Ce serait vouloir le beurre et l'argent du beurre !

Confusion entre section et localisation

Au début de 2007, nous avons paramétré la base en ne créant que deux sections (adultes et jeunesse) et deux localisations (idem). Afin d'obtenir des statistiques détaillées de prêt et d'acquisition, nous avons constaté que ce n'était pas la bonne solution. PMB nous a écrit les requêtes nécessaires pour créer des sections plus détaillées en fonction du 1er caractère de la cote. Nous avons donc maintenant la situation suivante:

  • La "localisation" PMB correspond en fait à nos sections: adultes (1er étage) et jeunesse (2e étage).
  • La "section" PMB correspond à un "rayon" au sens large, un groupe de documents identifiés en gros par le début de la cote: les 9 classes de la CDU, les romans / romans policiers / romans fantastiques et de science-fiction, les documents sonores / audio-visuels, etc.

En partie à cause de cette confusion, nous avons eu beaucoup de peine à obtenir de PMB les requêtes nécessaires pour effectuer nos statistiques: ce n'est qu'après moult rapports, méls et téléphones que nous avons pu finalement (à fin décembre 2008 !) recevoir ce que nous voulions.

Cette structure localisation/section permet également d'utiliser la recherche arborescente de l'OPAC (on clique d'abord sur la localisation, puis sur la section).

Alertes sonores au prêt

OPSYS 8.21 n'émettait une alerte sonore qu'en cas de problème (exemplaires avec message, retours en retard, abonnements échus). Nous avons finalement renoncé à ces alertes sonores pour deux raisons:

  • PMB ne pouvait activer l'alerte sonore que dans certains cas: nous avions donc le choix entre une alerte sonore systématique pour chaque prêt ou retour (avec des sons différents selon la gravité des cas), ou alors le silence total... D'autre part, il semble que ces alertes ralentissaient un peu les temps de réponse. Nous avons donc préféré le silence !
  • Par contre le système affiche les messages d'alerte en gros et en rouge sur les écrans, et nous nous sommes plus ou moins habitués à ce système (mais il y a un risque d'erreur, par exemple pour les documents prêtés et qui comportent un message du type "annexe" ou "2 CD", etc.: dans ce genre de cas, si la personne au prêt ne regarde pas son écran et oublie de valider le message, le prêt n'est tout simplement pas enregistré).

Problèmes non résolus, adaptations non obtenues

Plusieurs problèmes ou adaptations demandés ne sont pas encore résolus à fin 2008:

  • Lenteur des temps de réponse: par rapport à OPSYS, nous constatons que les temps de réponse sont légèrement plus lents. Ceci est dû semble-t-il au fait que PMB ne peut pas accorder de priorité aux transactions de prêts (ce qui était possible avec OPSYS). Le problème des temps de réponse a peut-être été sous-estimé au moment de la comparaison des logiciels; il est cependant difficile à évaluer lors d'une simple démonstration.
  • Affichage de la localisation des exemplaires: dans les produits imprimés (lettres de rappel et de réservation), la localisation a pu être ajoutée suite à notre demande. Sur les écrans, elle est affichée aussi bien dans le catalogue (interne) que dans l'OPAC. Par contre elle n'apparaît pas dans la liste des prêts en cours (il faut cliquer sur le no d'exemplaire ou ouvrir une liste de prêts PDF pour la voir), ce qui est un peu gênant.
  • Nous n'avons pas encore pu obtenir toutes les éditions souhaitées. Nous souhaitions par exemple pouvoir extraire des données d'exemplaires et les exporter sous forme de tableaux Excel, avec des données qui ne sont actuellement pas accessibles par les instruments de recherche standards de PMB, notamment (pour les exemplaires): la date de création, la disponibilité (disponible / en prêt), la date du dernier prêt, le nombre de prêts. Ces extractions ne fonctionnent pas encore correctement.

 

3. Conclusion

De manière générale, on peut dire que le "noyau" du système (prêt, catalogage, recherche) fonctionne bien. Le personnel s'est très vite adapté au nouveau logiciel. Je pense que ce produit convient bien à notre type de bibliothèque: il répond parfaitement aux besoins d'une bibliothèque de lecture publique, et il faut relever son aspect convivial et sa simplicité d'utilisation.
Mais la mise en œuvre a été ardue: il a fallu (et il faudra encore) être persévérant et patient pour obtenir les indispensables adaptations (statistiques, produits imprimés, extraction et exportation de données). Nous regrettons donc (bien que nous le comprenions) le manque de disponibilité de la société PMB Services.
Par rapport à l'ancien logiciel OPSYS 8.21, il y a une réelle amélioration; le problème des temps de réponse, un peu plus lents, nous pose toutefois des problèmes en cas de forte affluence.
Par rapport au logiciel Aloès, PMB est certainement un peu moins complet, moins paramétrable. Mais la différence de prix est si importante que, même si ce critère ne comptait que pour 20% dans notre évaluation, elle a été rédhibitoire pour OPSYS. Et, après seize mois d'utilisation, nous ne pouvons que constater que le logiciel PMB répond assez bien à nos besoins.

 

4. Adresses

Ville de Morges - Case postale 272 - 1110 Morges 1 - http://www.morges.ch/

M. Philippe Broccard, responsable du Service informatique - philippe.broccard@morges.ch

Bibliothèque municipale de Morges - Place du Casino 1 - 1110 Morges
  - informations générales: http://www.morges.ch/biblio
  - catalogue en ligne (OPAC): http://biblio.morges.ch/

M. Luc Jolidon, responsable de la Bibliothèque - luc.jolidon@morges.ch

PMB Services - 24 & 26, place des Halles - F 72500 Château du Loir - http://www.sigb.net/

Les seniors et la lecture

Séverine Dick, Bibliothèque cantonale jurassienne

Les seniors et la lecture

Février 2008, lors de la réalisation de mon travail de Bachelor en information documentaire à la Haute École de Gestion de Genève, je suis partie à la découverte des personnes âgées en bibliothèque. Souhaitant créer de nouveaux services adaptés aux besoins des seniors, la Bibliothèque de la Ville de Delémont (1) m’a mandatée, afin de mener une réflexion sur cette tranche d’âge, son rapport avec la lecture et la bibliothèque mais également sur les meilleurs moyens de se mettre en contact avec ce public. Le résultat : une étude, une exposition et un catalogue contenant douze propositions concrètes. Présenté sous le titre « Les seniors et la lecture à Delémont », le travail a été couronné par le prix décerné par le Groupe romand de la Communauté de travail des bibliothèques suisses de lecture publique à un travail de Bachelor.

1. Définition du public concerné

La première difficulté de mon travail a été de parvenir à clarifier la notion de « personnes âgées ». Cette expression est employée si fréquemment qu’elle ne fait pas l’objet d’un questionnement spécifique. Pourtant, la définition précise de cette notion soulève bien des ambiguïtés par la difficulté de lui attribuer des contours clairs et par les représentations et les idées préconçues qui l’accompagnent.
Comment définir le terme « personne âgée » ? A quel âge correspond cette catégorie ? Quelques définitions de grandes institutions m’ont aidée à répondre à ces questions.
Par exemple, selon l’Organisation mondiale de la santé, le troisième âge correspond à l’âge de la retraite, soit 64 ans pour les femmes et 65 ans pour les hommes en Suisse. Le quatrième âge, quant à lui, coïncide avec l’apparition d’un handicap.
Senior Strategic, réseau international d’experts du marché des Seniors (2), définit également plusieurs catégories de personnes âgées ; les papy-boomers, âgés de 47 à 57 ans, puis, les jeunes seniors, de 57 à 67 ans, ensuite, les seniors, de 68 à 79 ans et pour terminer les grands seniors âgés de plus de 80 ans. Les jeunes seniors correspondent aux personnes qui entrent dans l’âge de la préretraite – retraite. La catégorie des seniors marque l’entrée dans la vieillesse. Les grands seniors représentent les personnes qui ont de plus en plus de difficultés à se déplacer et des problèmes de santé.
D’autre part, en Suisse, selon l’Office fédéral de la statistique, les personnes âgées sont les personnes de 65 ans et plus. L'OFS différencie les personnes de 65 ans à 79 ans et celles de 80 ans et plus.
Il est donc difficile de définir un âge auquel commence la vieillesse. L’âge légal d’entrée à la retraite ne peut pas être comparé à l’entrée dans la vieillesse. D’ailleurs, comme le dit Vincent Caradec (3) : « On est socialement vieux de plus en plus jeune et biologiquement vieux de plus en plus tard ; on peut être vieux à 30 ans et actif à 90 ans».
Pour analyser le public des utilisateurs seniors de la Bibliothèque de la Ville de Delémont (ci-après : BVD), j’ai décidé de retenir les classes d’âge suivantes : les 60-69 ans, représentant les personnes en âge de préretraite - retraite, qui sont encore très actives, ont des contacts avec leur profession et des pratiques culturelles variées et importantes ; les 70-79 ans sont les personnes à la retraite qui commencent à avoir des problèmes pour se déplacer, et les 80 ans et plus qui correspondent aux personnes du quatrième âge.
Ce choix de classes d’âge peut paraître arbitraire, mais pour le besoin de mon travail, j’ai dû définir précisément l’objet de mon étude. Il est vrai que ces catégories d’âge ne constituent pas un groupe de personnes homogènes. Elles n’ont sûrement pas les mêmes pratiques, ni les même hobbies, ni les mêmes attentes.
Un des buts de mon travail était de comprendre comment les personnes âgées sont perçues dans les bibliothèques. J’ai donc cherché les activités existantes dans les bibliothèques et homes du Jura et Jura bernois (partie francophone du canton de Berne). Pour réaliser au mieux cette recherche, j’ai privilégié différentes approches et outils : entretiens, enquêtes, recherches, visites et analyses. Cette étape m’a permis aussi d’avoir une approche pratique des services existant ailleurs qu’à Delémont et m’a inspirée pour choisir les propositions du catalogue.

2. Exemples d’activités dans le Jura et le Jura bernois

A Delémont, en 2000, une exposition a été réalisée sur les personnes âgées, suite à « l’Année de la personne âgée » organisée en 1999. Les locaux de la Bibliothèque de la Ville ont été animés par le « regard » des jeunes générations sur le troisième âge, qui ont écrit des textes sur leur perception des seniors. De plus, une lettre était envoyée à tous les nouveaux retraités chaque année, pour leur rappeler que la Bibliothèque est à leur disposition et leur offrir ses services. Cet envoi a cessé en 2002 lorsque l’inscription à la Bibliothèque est devenue gratuite pour les retraités de Delémont. La gratuité de l’inscription a été étendue en 2005 aux seniors des autres communes.
Quelques activités ont été menées ces dernières années en collaboration avec les seniors à la Bibliothèque des Jeunes de Delémont. A l’occasion de l’année de la personne âgée en 1999, un atelier d’écriture entre les grands-parents et leurs petits-enfants a débouché sur la création d’un conte. La Bibliothèque des Jeunes participe aussi au prix Chronos de Pro Senectute (4) par la mise à disposition des livres sélectionnés. 
Il y a également des activités en relation avec la lecture dans les homes du Jura et du Jura bernois. A la Fondation Clair-Logis à Delémont, un atelier de lecture a lieu deux fois par mois et est réalisé depuis quelques années. Pendant environ une heure, l’animatrice lit des contes, des poèmes et des fables. Le but est que les gens puissent vivre un moment d’échanges, de partage et parler de leur vie, de leurs souvenirs.
L’animatrice du Foyer Les Planchettes à Porrentruy m’a dit, lors d’un entretien, avoir développé l'animation « Moment de Lecture » depuis maintenant environ quatre ans. Cet atelier se déroule une fois par mois avec une quinzaine de résidants, elle leur lit des textes, des contes, des chroniques d'époque et des poèmes. En parallèle, elle met à disposition des personnes âgées « Les livres en ballade », en se rendant auprès des résidants dans leur chambre avec un chariot de livres.

3. Tour d’horizon des pratiques existantes pour les personnes âgées en Europe, Amérique du Nord et Australie

Suite aux informations recueillies sur les institutions du Jura et du Jura bernois offrant des activités pour les personnes âgées, j’ai cherché des pratiques originales qui existent en Suisse et dans le monde. J’ai orienté mes recherches surtout du côté de la France, des pays d’Amérique du Nord, et vers l’Australie, dont les services en bibliothèque sont très développés. Elles ne sont pas toujours de prime abord destinées aux personnes âgées, mais sont utilisées par de nombreux seniors.

3.1. Suisse

La Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel propose depuis 1999 un service de prêt à domicile en collaboration avec la « Croix-Rouge ». La bibliothécaire et les bénévoles assurent un service de prêt chez les personnes qui ne peuvent plus se déplacer, ainsi que dans les homes de la région qui en font la demande. Elle organise une animation lecture, une ronde autour des livres qu’elle apporte et effectue un prêt de longue durée sur 6 mois.
Il existe également un service de prêt à domicile créé en 1975 par les Bibliothèques municipales de Genève. Ce service s’adresse à toutes les personnes qui ne peuvent plus ou pas se déplacer et qui ne peuvent plus porter les documents. Le service est réservé exclusivement aux habitants de la Ville de Genève. Il touche environ 50 à 60 personnes. Une bibliothécaire s’occupe du service à domicile, cela représente environ 16 heures de travail par semaine.
La Bibliothèque-Médiathèque de Sierre (canton du Valais) a mis en place un service à domicile avec l’aide de bénévoles, cependant l’action n’a pas remporté le succès attendu. Aujourd’hui, le service fonctionne encore, mais seulement pour deux ou trois personnes. Les bibliothécaires travaillent également en collaboration avec le centre médico-social de la Ville de Sierre. Les infirmiers viennent chercher des livres pour certaines personnes vivant à domicile et qui ne peuvent pas se déplacer. La Bibliothèque a développé une large collection de livres en grands caractères, suite à l’exposition qu’elle avait réalisée sur les moyens auxiliaires de lecture.

3.2. France

Les bibliothèques en France ont développé de nombreuses actions en faveur des personnes âgées dans les dix dernières années.

La Bibliothèque départementale de l’Ardèche propose un service très intéressant à destination des personnes âgées : « Culture bleue ». Le projet, lancé en 1998, a pour but de fournir des prestations adaptées aux besoins des personnes âgées, qu’elles vivent à domicile ou dans les institutions d’hébergement.
« Culture Bleue installe dans les établissements de personnes âgées, des dessertes de bibliothèques spécialisées (350 documents env.) constituées de livres en gros caractères, de livres-cassettes, de beaux-livres, de vidéos, de disques-compacts... Qui plus est, le service apporte aussi une aide technique à la lecture, puisque le bibliobus mis à disposition est équipé de télé agrandisseurs (grossisseurs de caractères), et de casque audio permettant une lecture assistée en cas de perte de vue. A chaque passage dans un établissement, le bus s’installe pour la journée : la matinée est réservée à l'échange des ouvrages et à la manipulation des grossisseurs de caractères, l'après-midi quant à elle est consacrée à des ateliers autour de la lecture, de mise en valeur du fonds. » (5)
En Savoie, à la Bibliothèque départementale de prêt de Savoie et de Haute-Savoie, les bibliothécaires ont publié un fascicule s’intitulant : « Lecture & personnes âgées ». C’est un guide pratique destiné aux équipes des bibliothèques qui souhaitent mettre en place des actions pour les seniors. Ce fascicule parle de la présentation des livres et de l’accueil des personnes âgées à la bibliothèque. La Bibliothèque départementale de prêt de Savoie et de Haute-Savoie propose également pour les bibliothécaires de son réseau des cours pour apprendre à lire à voix haute auprès des personnes âgées.
Le Pôle mobile de la Bibliothèque municipale de Lyon se compose de trois bibliobus. Ils desservent 32 résidences pour personnes âgées (6). Les objectifs du Pôle sont d’aller vers les lecteurs ne disposant pas d’une Bibliothèque d’arrondissement, ainsi que vers les lecteurs dits « empêchés » ou « éloignés » de la lecture. Le Pôle mobile travaille en partenariat avec l’Education nationale, les services scolaires et sociaux de la Ville, le SPIP (Service pénitentiaire d’insertion et de probation) et l’ARALD (Agence Rhône-Alpes pour le livre et la documentation).
La Médiathèque Boris Vian de Port-de-Bouc a réalisé une expérience intergénérationnelle en partenariat avec la maison de retraite « La Presqu’île » et les adolescents des centres sociaux Nelson Mandela et Fabien Menot. Ce projet se nomme « Portraits d’anciens ». Cette activité a permis aux adolescents des centres sociaux d’être en contact avec les personnes âgées de la maison de retraite « La Presqu'île » et d’apprendre beaucoup sur leur vie passée. La Bibliothèque a mis en ligne les photos, ainsi que les résumés des entretiens (7).
La Médiathèque Jean-Jacques-Rousseau de Chambéry propose aux personnes déficientes visuelles un service d’accès à la lecture. Il s’agit de l’atelier « Médiavue » qui propose des outils adaptés, logiciels de lecture à haute voix, imprimante braille, loupe électronique. De plus, le personnel est formé pour que chaque personne puisse accéder à tous les services de la Médiathèque (8). Les éclairages et les mobiliers sont étudiés et les collections sont disposées de manière à être très visibles. Le public utilisant cet atelier vient d’horizons différents, les personnes âgées sont les plus nombreuses.

3.3. Australie

L’Association « FOLA » (Friends of Libraries Australia) a mené une enquête en 2005 auprès de toutes les bibliothèques publiques d’Australie (9). Le but de cette enquête était de déterminer l’offre actuelle pour les seniors et de connaître leurs expériences. Cette enquête a montré que la majorité des bibliothèques n’ont pas défini de standards ni de politique de développement de services spécifiques pour les seniors. Toutefois, 93% des bibliothèques interrogées proposent des services de prêt à domicile. Les services à domicile en Australie sont tout autant évolués que dans les pays d’Amérique du Nord.

3.4. Canada

Au Canada, les services pour les personnes âgées en bibliothèque sont fortement développés. L’Association canadienne des bibliothèques a rédigé sept lignes directrices pour aider les bibliothèques canadiennes à servir un public qui augmentent d’années en années (10).
Les résidants de la Ville d’Halifax au Canada (11) ont la possibilité, s’ils se trouvent dans l’incapacité de se rendre eux-mêmes à la Bibliothèque ou qu’ils ne peuvent pas porter leurs livres, de se faire livrer les documents à la maison.
La Bibliothèque publique d’Ottawa possède de nombreux services pour personnes handicapées : technologie d’aide ; livres à gros caractères ; livres parlés ; livres et revues au sujet de la vie avec un handicap ; aide à la lecture pour les clients de livres parlés ; livres Daisy ; cassettes audio ; équipement spécialisé, Zoom Text (appareil d’agrandissement de texte) ; postes de travail accessibles par chaise roulante. Un service à domicile est également disponible pour tous les résidants d’Ottawa qui sont incapables de se rendre à une succursale de la Bibliothèque. Elle offre aussi une collection mobile pour les résidences et logements pour personnes âgées (12).

3.5. Etats-Unis

Les Etats-Unis ont des services aussi développés que leur voisin le Canada. L’Association des bibliothèques américaines (The American Library Association, ALA) a également écrit sept lignes directrices, semblables à celles du Canada, que les bibliothèques devraient suivre afin d’offrir les meilleures conditions aux personnes âgées (13). L’ALA soutient les bibliothèques qui développent leurs services envers les personnes âgées et offre un prix de 1'000 dollars à l’institution qui aura mis en place un service original.
Une partie du site de la Bibliothèque publique de Cuyahoga County (14) est destinée aux personnes âgées. Il y a un lien vers la liste d’acquisitions des documents en grands caractères. De plus, des articles qui intéresseraient les seniors sont mis à disposition. On trouve également un service « Ask a librarian for seniors ». Ils ont la possibilité de s’inscrire à un fil RSS pour avoir les dernières informations figurant sur le site par courrier électronique. Aux Etats-Unis, les bibliothécaires ont trouvé un moyen original de réaliser des rencontres intergénérationnelles. La « Old Bridge Public Library » a instauré un programme où les adolescents apprennent aux personnes âgées à jouer à des jeux électroniques (15). On retrouve aussi les services de portage à domicile par la poste dans tous les coins du pays.
Suite aux recherches menées pour découvrir les pratiques existantes dans le monde à l’intention des personnes âgées, je me suis intéressée plus particulièrement aux seniors fréquentant la BVD, à leurs attentes et à leurs suggestions.

4. Sondage du public des seniors

J’ai en outre décidé de réaliser un questionnaire, afin de mieux connaître les personnes âgées inscrites à la BVD. Il avait pour but de définir ce public, d’aller à sa rencontre et d’évaluer ses pratiques. Cela m’a permis aussi de mesurer son usage de la Bibliothèque, de connaître son intensité de fréquentation de la BVD et d’établir son degré de satisfaction et ses attentes.
Le questionnaire a été partagé en quatre parties. La première concerne le profil des utilisateurs (sexe, année de naissance, lieu de résidence). Ce premier point m’a permis de comparer les résultats d’autres questions, telles que l’utilisation d’Internet avec l’âge des lecteurs.
La deuxième partie s’intitule « Vous et la Bibliothèque ». Elle regroupe les questions sur les années de fréquentation : est-ce que les seniors se rendent à la BVD depuis longtemps ? À quelle fréquence ? Ont-ils du temps seulement depuis leur retraite ?  Pourquoi se rendent-ils à la Bibliothèque ? Une question concerne également la fréquentation d’autres bibliothèques. Je voulais savoir, par cette question, si les personnes âgées habitant en dehors de la Ville de Delémont utilisent d'autres bibliothèques, comme par exemple le Bibliobus.
La troisième partie concerne l’avis des seniors sur la Bibliothèque, notamment sur l'accessibilité, les horaires et l'aménagement intérieur.
Le point quatre se nomme « Vos habitudes de lecture ». Les seniors devaient citer leurs genres de livres préférés. Les autres questions de ce point concernaient l’utilisation d’Internet : ont-ils une adresse e-mail ? La Bibliothèque aimerait mettre en place un système de réservation en ligne, ainsi que la gestion du compte pour les prolongations. La dernière question concerne le téléchargement de documents écrits ou audiovisuels par Internet lors de difficultés de lecture, afin de prendre en compte les nouvelles technologies disponibles pour améliorer la lecture.

4.1. Résultats du sondage

J’ai reçu un total de 146 questionnaires valables. Les 146 réponses représentent un peu plus de 41% des personnes interrogées. Le taux de réponses à ce questionnaire constitue donc un réel succès.

Age, sexe et lieu de résidence des seniors

J’ai recensé 87 enregistrements féminins contre 58 masculins. Cela montre que mon échantillon est représentatif de la vie réelle. Cela correspond aux chiffres de l’Office fédéral de la statistique selon lesquels les femmes sont plus nombreuses chez les personnes âgées et ont une espérance de vie plus longue. La plupart des réponses proviennent de personnes qui habitent à Delémont (98 personnes), soit 67,1%. Cela explique peut-être le succès de mon questionnaire.

Fréquentation de la BVD

Les seniors fréquentant la Bibliothèque dans la classe d’âge des 60 à 69 ans forment un groupe de 74 personnes. Cela correspond aux années des « Baby boomers », époque où les personnes ont eu une meilleure éducation et ont pu plus facilement continuer des études. On trouve aussi 50 personnes entre 70 et 79 ans. Toutefois, seules 9 personnes sur les 40 interrogées se situent dans la tranche d’âge des 80 et plus, soit 22% (trois personnes n’ont pas cité leur date de naissance dans le questionnaire).

Accès à la BVD

La question suivante s’intéressait à l’accessibilité de la Bibliothèque. 140 personnes ont répondu avoir facilement accès à la BVD, une seule personne a dit avoir des difficultés à se déplacer, car elle habite à Courroux et serait favorable à un service à domicile. 12 autres personnes, même si elles ont dit n’avoir pas de problèmes pour se déplacer à la BVD, seraient intéressées par un service à domicile, et 3 personnes souhaiteraient éventuellement bénéficier d’un tel service. 5 personnes disent aussi avoir des problèmes de parcage.

Jours et horaires d’ouverture

Les personnes âgées se sont aussi exprimées sur les horaires. Pour la majorité (132 personnes), les horaires conviennent tout à fait. Seules 10 personnes éprouvent d’autres besoins par rapport aux heures d’ouverture actuelles (ouverture entre midi et 13h, samedi après-midi, etc).

Aménagement intérieur

L’aménagement intérieur est très satisfaisant pour les seniors, seules 3 personnes le trouvent peu satisfaisant. Un monsieur dit avoir « des problèmes avec les livres en position basse, car je ne peux lire ni les titres ni les auteurs ». Une dame a du mal à s’y retrouver, car elle doit tirer les livres pour en voir la couverture. Six seniors se sont aussi plaints de l’emplacement des livres trop bas. Une personne aimerait un plan d’accès à l’entrée de la Bibliothèque, pour situer les genres de documents. Deux personnes âgées souhaiteraient une meilleure lumière pour lire. Une autre aimerait plus de places assises et plus d’espace entre les étagères et un monsieur aimerait disposer d'un service d’information pour consulter les livres disponibles au rayon et voir leur emplacement sans avoir recours au personnel. Il ne connaît donc pas le catalogue et son utilité. Ces remarques, qui ne reflètent pas l’avis général, peuvent être précieuses pour la réflexion autour d’un aménagement « idéal » de la Bibliothèque.

Attentes générales

130 seniors estiment que la BVD répond de manière adéquate à leurs attentes, soit plus de 88%. Globalement, peu de remarques négatives ont donc été émises, les seniors ont, à de nombreuses reprises, mentionné leur plaisir de venir à la BVD.
Suite à l’analyse des attentes des seniors, leurs suggestions sur les rencontres intergénérationnelles, l’atelier de lecture, le groupe bénévole de lecture, l’offre plus variée de documents à grands caractères et la présentation du futur catalogue sont des idées à retenir pour le catalogue de propositions.

Habitudes de lecture

On remarque lors de l’analyse de la fréquence des emprunts par genres de livres que les témoignages sont très appréciés par les seniors en général. Puis on retrouve la même proportion de réponses entre les romans historiques, les romans du terroir, les policiers et la littérature classique. Les livres pratiques (cuisine, jardinage, guides de voyage) ont aussi été désignés par 33% des sondés.
En fin de classement arrivent les livres audio, très peu demandés. Il est intéressant de constater que, contrairement à la situation qui prévaut en Suisse romande, les livres audio connaissent un réel succès en Suisse alémanique. Pour terminer, 11% des seniors lisent des livres à grands caractères.

Usage d’Internet

Suite à la question « Utilisez-vous Internet à la maison ?», 72 seniors ont répondu avoir accès à Internet, soit 49,3%, dont 48 personnes se situent dans la catégorie des 60-69 ans, 20 dans celle des 70-79 ans et une seule personne pour les 80 ans et plus. Trois personnes n’ont pas cité leur date de naissance. Ces résultats sont réjouissants. On remarque qu’il y a une réelle envie des seniors d’utiliser les nouvelles technologies.
L’avant-dernière question portait sur l’usage d’un courriel. 72 personnes y ont répondu positivement. C’est le même nombre que ceux qui utilisent Internet. Ils emploient cette technologie comme moyen de contact et pas seulement pour surfer et chercher des informations. La dernière question, quant à elle, concerne le téléchargement de documents audiovisuels et écrits par Internet, en cas de difficultés de lecture. 41 personnes y sont intéressées contre 79. Toutefois, 26 personnes n’ont pas répondu à cette question, sans doute par manque de compréhension du sujet.

5. Catalogue de propositions

Les précédentes phases de mon travail (état des lieux, questionnaire) m’ont permis de définir des propositions en relation avec l’environnement de la Bibliothèque de Delémont (16). J’ai retenu douze propositions, qui touchent différents domaines. Deux projets concernent l’amélioration de l’accès extérieur et intérieur. Il est important que les personnes âgées n’aient aucune difficulté à se rendre à la Bibliothèque, mais aussi qu’elles aient un accès facilité aux collections (rayonnages accessibles et espaces suffisants entre les travées). Les objectifs sont d’attirer le public qui ne vient pas à la BVD par manque de places de parcs et par l’insécurité due aux pavés menant à la BVD, particulièrement glissants en hiver ; d’élargir l’offre des places de parc à tous les usagers ; de mettre à disposition une place de parc pour les personnes à mobilité réduite et aussi d’optimiser l’espace intérieur pour une meilleure organisation des rayonnages.
Afin de promouvoir les collections de la BVD, deux projets ont été réalisés autour de la mise en valeur d’ouvrages. Il s’agit du projet « développement de livres en grands caractères » et du projet « mise en valeur d’ouvrages à l’intention des personnes âgées ». Ces deux projets intéresseront aussi les résidants des homes et les animateurs socioculturels. La BVD a une réelle envie d’améliorer ses services auprès des personnes atteintes de déficience visuelle. La collection des grands caractères disponibles à la BVD n’a pas été renouvelée depuis 2000. Il faut donc procurer davantage de documents facilitant la lecture. De plus, la modernisation de l’offre par les maisons d’édition rendent les collections en grands caractères accessibles à tous et sont souvent demandées par le tout public. On pourrait aussi développer la collection par un prêt d’ouvrages à Bibliomedia (17). Une demande de subvention est aussi à envisager auprès d’institutions spécialisées.
Comme les seniors de la BVD utilisent Internet, ont des ordinateurs à la maison et afin d’adapter la collection aux nouvelles technologies, le projet « Accès au contenu numérisé » a été développé. Son but est de fournir des accès aux documents électroniques à domicile pour donner une alternative à la lecture traditionnelle et d’inviter les personnes âgées à se familiariser aux nouvelles technologies. Les personnes âgées auront donc ainsi la possibilité de télécharger des documents sur leur ordinateur et d’agrandir la police, mais aussi d’écouter des livres audio numérisés. Il sera nécessaire de définir une politique (contrat, budget, acquisition de documents, politique de prêt), de rechercher et choisir un fournisseur (créer un partenariat avec un agrégateur de contenu), puis de former le personnel de la bibliothèque.
Un autre projet, quant à lui, permettra d’initier les seniors aux futurs services en ligne de la Bibliothèque dans l’objectif d’innover et d’offrir des services originaux, mais aussi d’amener les personnes âgées à gérer leur compte personnel. Une des perspectives de développement à long terme serait d’initier les personnes âgées à partager leurs lectures sur un blog et à mettre à disposition des utilisateurs des « podcast » d’émissions culturelles.
Les seniors aiment être en contact avec des personnes de leur génération, mais aussi avec des gens de tous âges. Pour cela, deux projets ont été développés. Il s’agit des projets « atelier de lecture » et « activités intergénérationnelles », afin de favoriser un moment de partage et de rencontre avec des personnes de différentes générations. Un des objectifs serait aussi d’organiser une semaine dédiée aux personnes âgées afin de concevoir différentes activités avec cette tranche d’âge et de valoriser les services qui auront été développés.
De plus, certaines personnes ne peuvent plus se déplacer. Il est important qu’elles ne se retrouvent pas exclues de la bibliothèque et de la lecture. Le rôle des bibliothécaires est d’aller vers ce public empêché, afin de lui offrir des services de portage à domicile et de lecture à domicile. Aucun service de ce type n’existe dans la région. Il serait également possible de collaborer avec des structures existantes (par exemple, avec la « Croix-Rouge, section de Delémont »). L’objectif est d’atteindre aussi de nouveaux lecteurs qui ne fréquentent pas la BVD.
L’avant-dernier projet permettra d’élargir les horaires de la Bibliothèque. L’impact de cette proposition est d’attirer plus de personnes et de satisfaire leurs demandes.
Pour terminer, le dernier projet consiste à concevoir un plan marketing, afin de réaliser de la publicité hors les murs des services qu’offre la Bibliothèque.
Les douze projets sont présentés dans une grille identique (18). Elle permet de décrire en quelques phrases précises le but de chaque projet, son impact, ses avantages et ses obstacles, mais aussi sa mise en œuvre. La rubrique « ressources » contient des pistes sur le coût probable du projet, ainsi que des estimations en heures de travail.
Suite à l’élaboration des douze propositions, une phase pratique a eu lieu. Elle a permis l’achat de nouveaux documents en grands caractères, ainsi que la mise en valeur d’ouvrages sur la vieillesse par le biais d’une bibliographie intitulée « Regards sur la vieillesse ».
En cours de travail, nous avons décidé de réaliser une exposition sur la lecture et les seniors, afin de créer une dynamique autour de mon travail et de remercier les seniors d’y avoir participé. Pour la réaliser, j’ai choisi des personnes de plus de 70 ans et fréquentant régulièrement la Bibliothèque. Quatorze personnes y ont participé et ont répondu à quelques questions concernant leurs pratiques de lecture, leurs coups de cœur et leur première rencontre avec la BVD. Cette exposition a rencontré un énorme succès auprès de la population jurassienne.

6. Conclusion

Ce travail a permis de constater que les personnes âgées, inscrites dans des bibliothèques, les fréquentent souvent. Depuis le début de leur retraite, elles disposent de plus de temps pour vaquer à leurs occupations, se rendre dans les bibliothèques et lire. Les seniors qui auront lu toute leur vie continueront à lire après la retraite, sauf en cas de problèmes de santé. Les pratiques culturelles sont en grande partie le fruit d’un héritage transgénérationnel transmis au sein des familles et des groupes sociaux. Les personnes âgées développent de plus en plus l’habitude d’utiliser les bibliothèques, de les considérer comme un élément constitutif de leur environnement culturel et, donc de les fréquenter.
Le travail a également permis de remarquer un usage croissant des nouvelles technologies (Internet, par exemple). En effet, la tranche d’âge des 60–69 ans pratique assidûment l’usage de l’informatique et d’Internet.
De plus, les usages et attentes des personnes âgées sont tout aussi divers et variés que ceux des autres usagers. Ce public apparaît donc disparate et non catégorisable.
Il est donc important de se pencher sur ce public, tout en gardant à l’esprit qu’il est aussi complexe à analyser que les autres usagers. Le nombre de personnes âgées augmentera sensiblement au fil des années. Les bibliothèques se doivent donc d’adapter leur environnement à leurs attentes.

7. Notes

(1) Capitale du Canton du Jura, 11 198 habitants (1er janvier 2007)
(2) RESEAU SENIOR STRATEGIC. Le marketing générationnel : pour comprendre les plus de 50 ans [en ligne]. 2005. P. 5. http://www.lemarchedesseniors.com/Strategie_Marketing/documents/marketing_generationnel.pdf (consulté le 15.02.2009)
(3) CARADEC, Vincent. Sociologie de la vieillesse et du vieillissement. Paris : Nathan, 2001. P. 47
(4) Le « Prix Chronos » de littérature a été créé en 1996 par la Fondation nationale de Gérontologie et repris en Suisse romande par « Pro Senectute Suisse ». Ce projet propose aux participants de lire des ouvrages ayant pour thème les relations entre les générations, la transmission du savoir, le parcours de vie, la vieillesse et la mort. Les objectifs de ce prix sont de permettre à des personnes de tous les âges de réfléchir sur la valeur des étapes du parcours de vie, de primer les meilleurs albums et romans traitant des relations entre les générations, de la vieillesse, et de développer le goût de la lecture chez les jeunes.
(5) BOUISSET, Hélène. Culture bleue : une offre de lecture pour les personnes âgées en Ardèche. In : Site de l’Association des directeurs de Bibliothèques départementales de prêt [en ligne]. Publié le 15 août 2005. http://www.adbdp.asso.fr/spip.php?article525 (consulté le 15.02.2009)
(6) LUCIDO EL HARRAG, Aurélia. L’offre de services en direction des personnes âgées «empêchées» : l’exemple de la bibliothèque municipale de Lyon [en ligne]. Mémoire d’étude : Diplôme de conservateur de bibliothèques : ENSSIB : 2006. P. 5. http://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/document-554 (consulté le 15.02.2009)
(7) Portraits d’anciens, rencontres inter-générations à Port-de-Bouc. In : Site de la médiathèque Boris-Vian, Port-de-Bouc [en ligne]. Modifié le 22 mai 2007. http://mediathequeborisvian.mabulle.com/index.php/Portraits-d-anciens/ (consulté le 15.02.2009)
(8) CRABIERES, Yasmina. Chambéry adapte ses outils. Bibliothèques (s) : revue de l’Association des bibliothécaires français ABF. 2004, n°16. P. 34-35
(9) BUNDY, Alan. Community critical : Australian public libraries serving seniors : a report to the nation by Friends of Libraries Australia (FOLA) [en ligne]. Melbourne, 2005. 17 p. http://www.thefreelibrary.com/Community+critical:+Australian+public+libraries+serving+seniors-a0140410662 (consulté le 15.02.2009)
(10) CANADIAN LIBRARY ASSOCIATION. Canadian Guidelines on Library and Information Services for Older Adults [en ligne]. 2002. http://www.cla.ca/AM/Template.cfm?Section=Position_Statements&Template=/CM/ContentDisplay.cfm&ContentID=3029 (consulté le 15.02.2009)
(11) Halifax public library. Website of the Halifax Public Library [en ligne]. 2008. http://www.halifaxpubliclibraries.ca/infodesk/ca_seniors.html (consulté le 15.02.2009)
(12) Services spéciaux. In : Site de la Bibliothèque publique d’Ottowa [en ligne]. http://www.biblioottawalibrary.ca/experience/specialized/special_f.html (consulté le 15.02.2009)
(13) ALA (American Library Association). Guidelines for Library Services to Older Adults [en ligne]. 1999. 4 p. http://www.ala.org/ala/aboutala/offices/olos/outreachresource/docs/elderly.pdf (consulté le 15.02.2009)
(14) Senior spaces. In: Cuyahoga County Public Library [en ligne]. Modifié le 5 juin 2008. http://www.cuyahogalibrary.org/SeniorSpace.aspx (consulté le 15.02.2009)
(15) OLD BRIDGE PUBLIC LIBRARY. Senior spaces. [en ligne]. http://infolink.org/seniorspaces/index.htm (consulté le 15.02.2009)
(16) DICK, Séverine. Les seniors et la lecture à Delémont : travail de Bachelor réalisé en vue de l’obtention du Bachelor HES [en ligne]. Genève, 2008, p. 51-65 (consulté le 15.02.2009) http://doc.rero.ch/lm.php?url=1000,41,9,20090119144830-EK/Seniors_Lecture_Dick_Severine_0908.pdf
(17) Bibliomedia Suisse est une fondation de droit public active dans le développement des bibliothèques et la promotion de la lecture. Elle est en quelque sorte la « bibliothèque des bibliothèques ». Les trois bibliocentres de Lausanne, Soleure et Biasca proposent un large fonds de livres actuels pour tous les âges, dans toutes les langues nationales et dans plusieurs langues étrangères et un fonds d'autres médias (CD musicaux, DVD, livres audio). Définition tirée du site www.bibliomedia.ch.
(18) Librement inspiré de FORNEROD, Elisabeth ; RAIS HUGI, Aline ; RERAT-OEUVRAY, Géraldine. Regards croisés sur les bibliothèques jurassiennes : propositions pour un espace des savoirs partagés. Certificat de formation continue universitaire : Université de Fribourg, 2007. P. 29.

Voyage à Londres 2008 : Retour d’expérience des étudiants de 2ème année

Aymon Othenin Girard

Karine Pasquier, article rédigé sur la base des résumés des participants au voyage.

Photographies d'Estelle Beck

Voyage à Londres 2008 : Retour d’expérience des étudiants de 2ème année

1. Visite de la British Library

British Library Malgré un réveil aux aurores, nous sommes très enthousiasmé-e-s à l’idée de visiter enfin la bibliothèque nationale du Royaume-Uni, l’une des plus prestigieuses bibliothèques au monde. Arrivé-e-s sur le site de St Pancras, nous franchissons l’imposant portique d’entrée pour découvrir le bâtiment principal de la BL, dont la forme fait penser à un paquebot. Nous découvrirons que l’analogie n’est pas seulement esthétique. La BL est effectivement un immense navire de neuf étages (au-dessus du sol) dont toutes les caractéristiques sont impressionnantes : plus de 150 millions de références dans ses catalogues (dont 25 millions de livres), des milliers de visiteurs chaque jours, des trésors inestimables (notamment un original de la Magna Carta, les carnets de notes de Léonard de Vinci, les enregistrements originaux des Beatles), des documents de toutes les époques, sur divers supports(1) . Dans le hall d’entrée, nous remarquons deux choses inhabituelles dans un SID: un service d’adoption de livre, pour recueillir des dons en faveur de la conservation des documents, et une boutique de souvenirs. Au rez supérieur, la bibliothèque du roi Georges III, conservée dans une tour de verre, symbolise la vocation patrimoniale de la BL qui gère le dépôt légal national. La visite guidée commence par le bureau d’inscription des lecteurs, passage obligé pour avoir accès aux ressources de la bibliothèque. En effet, la BL se veut une bibliothèque de recherches approfondies. Ainsi, une carte de lecteur ne s’obtient qu’après un entretien avec un-e bibliothécaire, qui permet de déterminer si une recherche à la BL est utile. L’accès aux salles de lecture et la durée de la carte délivrée dépendent des besoins en matière de recherche. La visite se poursuit dans les entrailles du paquebot, à travers les dédales des innombrables couloirs. Nous découvrons le fonctionnement du système qui permet d’acheminer les documents demandés par les lecteurs, depuis leur lieu de stockage dans des magasins fermés jusqu’aux différentes salles de lecture. En effet, la plupart des documents ne sont pas en libre accès, à l’exception de quelques ouvrages de références. Notre guide nous explique ensuite le fonctionnement des salles de lecture : conditions strictes, par exemple concernant le matériel de travail autorisé, modalités de consultation des ouvrages, etc. La visite se termine dans une des salles d’exposition de la BL, la Sir John Ritblat Gallery où nous avons pu admirer quelques-uns des trésors de la BL, notamment de nombreux manuscrits magnifiquement enluminés. Une borne avec écran tactile permet de feuilleter des manuscrits numérisés, surprenant mariage entre documents anciens et technologies ultramodernes.

2. Visite de l’Idea Store de Whitechapel (2)

l’Idea Store de Whitechapel Notre deuxième visite nous amène à découvrir un « OVNI documentaire ». En effet, l’Idea Store n’est pas une bibliothèque comme les autres : la conception du service aux usagers y est particulièrement étendue. Ainsi, en plus des services habituels fournis par une bibliothèque publique, l’Idea Store est un lieu de formation offrant une large palette de cours (arts visuels, danse, langues, informatique, etc.). Ces formations sont conçues à la fois comme compléments aux recherches d’information et comme outils d’intégration sociale. En effet, les Idea Store sont situés dans des quartiers populaires, voire défavorisés, de Londres avec une population aux origines très diverses. Les usagers peuvent même y recevoir un soutien dans leurs démarches administratives. Tout est fait pour faciliter l’accès des utilisateurs au monde de l’information. Ainsi, la localisation des bâtiments dans des endroits facilement accessibles, à proximité de lieux très fréquentés comme les supermarchés. L’architecture elle-même se veut accueillante, le bâtiment ressemblant à un magasin et donne envie d’y entrer. Les horaires d’ouverture sont très étendus et flexibles. Les employés sont plutôt jeunes et de toutes nationalités, facilitant le contact avec les usagers. Les ressources documentaires sont disponibles dans toutes les langues des communautés étrangères vivant à Londres. Crèche, cafétéria, aménagement des espaces et mobilier en font un lieu très convivial. Au cours de la visite guidée, conduite par le directeur lui-même, nous découvrons tout cela avec émerveillement. Le dynamisme et l’enthousiasme du directeur des lieux achèvent de nous convaincre : nous sommes toutes et tous séduit-e-s par le concept de l’Idea Store !

3. Online Information 2008

Online Information 2008 Le lendemain, nous nous rendons à la 33ème édition du congrès Online Information 2008 (3). Le hall, qui ressemble fortement au salon du livre de Genève, fourmille de différents stands tenus par les grands acteurs du monde actuel de l’information : Proquest, Ebsco, Springer, Information today, Elsevier, Exalead, Google, et même Oracle.

Plus de 200 acteurs en information y présentent leurs nouveautés et leurs projets au public venu en nombre. Un public essentiellement formé de bibliothécaires, documentalistes, éditeurs, webmaster, spécialistes des nouvelles technologies ou du knowledge management, etc.

Nous avons la responsabilité de nous intéresser tout spécialement à deux stands spécifiques chacun. Nous nous dispersons donc entre les allées à la recherche de Dow Jones, Encyclopedia Britannica, Information World Review, Ingenta, Lexis Nexis, Special Libraries Association, etc. Que ces acteurs proposent des supports papiers ou informatiques, c’est avant tout la nouveauté qui les caractérisent.

Nous nous rendons mieux compte à quel point les acteurs de l’information modulent notre univers de travail. S’intéresser à leurs produits et leurs stratégies nous permet donc de mieux appréhender nos futures carrières. Nous en profitons également pour discuter avec les responsables des stands, ainsi qu’avec les visiteurs. Nous enrichissons donc à la fois notre anglais et nos carnets d’adresses professionnelles.

Nous devons également suivre des « masterclasses » d’une demi-heure environ, sur différents sujets d’actualité. Nous nous partageons les conférences sur les avantages des nouvelles technologies, comme le web 2.0, la compétitivité des ressources web gratuites face aux ressources payantes, les outils de visualisation permettant de valoriser l’information, ou encore les usages, opportunités et défauts des réseaux sociaux pour le monde de l’information, et celles qui s’intéressent au marketing en bibliothèques. Les nouvelles technologies sont spécialement mises en avant pour une meilleure gestion et valorisation de l’information.

C’est les bras chargés de documents et la tête pleine de nouveautés et d’information que nous partons du congrès pour rejoindre l’hôtel, avant de nous rendre à l’aéroport.

4. Conclusion

Ce fut un voyage d’étude éclectique et enrichissant. De la visite d’une institution prestigieuse à un congrès pour les professionnels de l’information, en passant par la visite d’un genre nouveau de « bibliothèque-centre de formation », nous avons pu découvrir des situations très variées et surtout nous familiariser avec les nouvelles tendances dans le domaine de l’information documentaire. Un tel voyage permet aussi de confronter nos connaissances acquises à la Haute école avec les réalités du monde de l’information en mutation permanente. Nous pouvons donc être reconnaissants à la HEG de nous avoir permis de faire ce voyage et souhaiter que ce genre d’expérience se renouvelle à l’avenir.

Aymon Othenin-Girard et Karine Pasquier
Article rédigé sur la base des résumés des participants au voyage

Photographies : Estelle Beck

 

ONLINE INFORMATION 2008
Your connection to the future of Information

Welcome Online Information 2008

02-04 décembre 2008
LONDON (United Kingdom)
http://www.online-information.co.uk/

5. Une sélection de stands

5.1. Elsevier - http://www.elsevier.com/

ElsevierCette année, Elsevier a lancé plusieurs nouveaux produits dont entre autres, un supplément à Scopus (http://info.scopus.com/), sa base de données de citations et d’extraits dans la littérature scientifique et les sources web de qualité, le Scopus h-index.

Ce nouvel outil permet de mesurer l’indice d’impact d’un auteur scientifique en fonction du nombre de fois où un de ses articles est cité.

Il fonctionne de la manière suivante : il considère le nombre d’articles publiés par une personne, le nombre d’articles publiés sur un certain nombre d’année, et le nombre de citations pour chaque papier. La moyenne de ces trois nombres donne le résultat de l’h-index.
Ces citations sont utiles pour l’évaluation de ces articles.

ei.orgElsevier nous a également présenté une de ses nouvelles créations : l’Engeneering Village (www.ei.org), une plateforme permettant de rechercher dans des banques de données spécialisées dans l’ingénierie.

Créée en 2008, cette plateforme s’est également affiliée à l’Institut Américain de Géologie pour proposer aux usagers le contenu de sa base de données. Pour compléter ces données, Google maps a fait un mash-up de ces données pour créer un unique résultat cartographié pour les chercheurs. Cela permet donc de rechercher des documents par lieux géographiques, ainsi que les aires géographiques affiliées à un sujet de recherche particulier.

Plus d’informations sont disponibles sur ce lien: www.engineeringvillage.com/georef.

5.2. Factiva - http://www.factiva.fr/fr/

standsSur le stand de Factiva, nous avons découvert leur nouvel outil : Factiva Search 2.0, que nous avons pu tester. Cet outil, différent de la recherche traditionnelle (Factiva Intelligent Indexing), a l’avantage de proposer une interface simple et de prise en main facile.

FactivaAvec Factiva Search 2.0, il est possible de faire une recherche intuitive pour permettre d’aborder un sujet peu connu, puisqu’il regroupe son contenu en facettes et en diagrammes d’activités du domaine, et qu’il permet de filtrer à l’aide d’onglets le contenu officiel, provenant du web ainsi que les images et le multimédia.

Cet outil, très riche en fonctionnalités, est utile pour des non-professionnels de l’information, et permet d’ouvrir le contenu de Factiva à un plus large public.

Toutefois son appellation 2.0 peut susciter des interrogations puisque les internautes n’ont pas réellement accès au contenu, ne peuvent pas partager les informations, ni ajouter des commentaires.

5.3. Exaleadwww.exalead.fr

exalead Cette année, le moteur de recherche francophone Exalead a présenté quelques nouveautés comme le nouvel outil de recherche de célébrités Miiget (http://miiget.labs.exalead.com/), ou le Restminder, trouvant des restaurants partout dans le monde, avec les prix, l’emplacement et l’avis de la clientèle.

wikifierNous ne retiendrons toutefois que le Wikifier (http://wikifier.labs.exalead.com/).

Cette application permet, en allant sur un site de notre choix, de faire ressortir les termes principaux de la page et d’y attribuer automatiquement des résumés tirés de sites tels que Wikipedia ou de l’Internet Movie Database.

En parcourant une page avec cet outil, il est donc possible d’avoir les biographies des personnes citées ou la présentation des lieux, ce qui évite de faire des recherches supplémentaires en parcourant tel ou tel site.

Il semble toutefois que ce site demande encore quelques améliorations, puisqu’il ne fonctionne qu’avec le navigateur Mozilla.

6. Les masterclasses

6.1. « Competitive Intelligence: can free Sources do the Biz? »
Karen Blakeman

conference Karen BlakemanLors d’une conférence donnée par Karen Blakeman, les avantages et limites de la recherche d'informations financières avec des outils gratuits ont été abordés.
Beaucoup d'éléments sont disponibles gratuitement dès lors que la compagnie a un certain poids économique.

Dans le cas d'entreprises plus modestes, la consultation d’annuaires nationaux ou régionaux d'entreprises s’avérera nécessaire.
Pour les informations boursières, il faut savoir que les sources gratuites ont généralement un délai de 30 à 50 minutes de mise à jour par rapport à la bourse, il est donc impératif de s'abonner à un service payant dans certains cas. Pour résumer, les ressources gratuites proposent des statistiques générales alors que les outils payants sont en mesure de proposer des classements précis, des analyses de marché plus pointues et une meilleures vue d'ensemble sur les relations entre marques et maison-mère; les outils payants sont donc beaucoup plus performants lorsqu'il s'agit d'une recherche très spécifique.

free-research.com Pendant sa présentation, l’auteure a présenté un grand nombre d’outils de recherche, dont le site http://www.free-research.com qui est un très moyen de débuter une recherche. Nous avons aussi vu le site http://www.researchwikis.com proposant une synthèse très complète sur la situation de nombreux marchés.
alacraElle souligne aussi l'utilité du site http://www.alacrawiki.com qui recense des ressources pour la recherche d'information. Pour retrouver des informations périmées, l'auteure rappelle l'existence du site http://www.archive.org et de sa « wayback machine » qui permet de faire une recherche sur les anciennes versions de sites Web.

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La présentation complète est disponible à cette adresse :
http://www.authorstream.com/Presentation/karenblakeman-117172-competitiv...

6.2. « An overview of social networking: uses, opportunities and pitfalls »
Arthur Weiss

facebookDans une conférence sur les réseaux sociaux, Arthur Weiss, manager pour la société AWARE, nous a présenté l’importance actuelle du web 2.0 et son apport pour les entreprises. M. Weiss a énuméré différents réseaux sociaux et leurs particularités : l’incontournable Facebook (www.facebook.com), mais également My Space (http://ch.myspace.com/), plus utilisé aux États-Unis, qui permet de retrouver des personnes et d’échanger des photos. Nous y avons également découvert Xing (http://www.xing.com/), un réseau ayant pour mission d’aider les entreprises à mieux communiquer.

linkedinD’autres réseaux, plus professionnels, comme Linkedln (http://www.linkedin.com/) proposent un accès à un grand nombre de profils et parcours professionnels d’employés et de cadres.

Ce nouveau moyen de communication, utilisé au départ uniquement à des fins de divertissement, entre peu à peu dans le monde professionnel pour améliorer la communication entre les entreprises et leurs clients, ou pour embaucher des nouveaux collaborateurs. Ces réseaux apportent l’opportunité de connaître les intérêts du public, ils deviennent alors un outil de marketing. L’outil peut être utilisé entre les entreprises à des fins de collaboration, de vente, de gestion etc.…

Dans le domaine du divertissement, les avantages sont évidents à savoir la communication, le partage et l’ouverture sociale tandis que les entreprises les envisagent dans un but d’utilité. Cependant, cette ouverture n’est pas sans risque: problème de protection des données personnelles, confidentialité, pérennité des informations…

Articles réalisés par les étudiants de 2ème année de la filière ID : Estelle Beck, Vanessa Bilvin, Alexandre Bourban, Marec Brunetti, Cristina Caron, Jean-Philippe Chassot, Nadia Chennaf, Christel Clerc, Martine Courvoisier, Sophie Detrey, Eva Dohrmann, Marylène Goulet, Jasmin Hügi, Nicolas Labat, Cédric Pella, Noémie Prod’Hom, Jean-Alfred Putallaz, Rossana Rattazzi, Nicole Scheurer, Sophie Schmutz, Sara Sincini, Cinthia Tagliaferri, Lucille Tissot, Angela Trummer, Maurizio Velletri

Participants au voyage

Coordonné par Aymon Othenin-Girard et Karine Pasquier
Photographies : Estelle Beck

Professeurs responsables du Voyage : Mme Ariane Rezzonico, Mme Hélène Madinier

7. Notes

(1) Voir la page Facts and Figures du site web de la British Library. URL : http://www.bl.uk/aboutus/quickinfo/facts/index.html (consulté le 17 mars 2009)
(2) http://www.ideastore.co.uk/ (page consultée le 21 avril 2009)
(3) http://www.online-information.co.uk/ (page consultée le 17 mars 2009)